Pour la énième fois, Geo jeta un oeil à la corde épaisse qui entourait le mat du voilier. Elle était parfaitement attachée. Avec une telle mémoire, il n’avait rien oublié des gestes de son père lorsqu’ils partaient en mer. Geo avait craint, en mettant les pieds sur le bateau, de ne plus se souvenir. Ses doutes furent bien vite dissipés à mesure qu’il s’affairait. Ce soir, c’était le trente-et-un décembre. On fête la nouvelle année, à ce qu’il paraît. Geo n’avait rien à fêter. A l’inverse, il préférait fuir. Il devait faire attention à ce que cela ne devienne pas une mauvaise habitude. Ce soir toutefois, il ne faisait pas que fuir sa montagne de problèmes. Non, il avait laissé une porte ouverte pour qu’on le rejoigne. Car s’il voulait fuir, il ne voulait pas pour autant être seul. Il y avait une compagnie qu’il était prêt à tolérer. Plutôt, il y en avait une qu’il souhaitait à ses côtés.
Quelques jours plus tôt, au pub, il avait trouvé le carnet rouge d’Erin. Il fut d’abord surpris de l’initiative, avant de se dire qu’après tout, ça collait bien à la demoiselle. Il avait commandé un whisky et avait passé un long moment à fixer la couverture. Il ne savait pas vraiment ce qu’il allait y trouver. Il avait quelques craintes, au fond. Il avait prit son temps pour lire la lettre d’Erin. Il se surprit à sourire. Lorsqu’il eut terminé sa lecture, il commanda un nouveau verre. Là, de longues minutes s’égrenèrent sans qu’il ne puisse noircir la page. L’exercice était compliqué, mais il s’y prêta. Lorsqu’il eut terminé, il referma le carnet et le rangea précautionneusement. Il quitta ensuite le pub sans même finir son verre. Sur le chemin du retour, il ne pu se sortir Erin de la tête. Il se demanda s’il avait bien fait de s’aventurer là-dedans, avant de se dire que de toute façon, il était bien trop enlisé pour faire machine arrière.
Alors sur une idée un peu folle, il lui avait proposé de le rejoindre, ce soir du trente-et-un décembre, au port, pour passer la soirée ensemble. Il était nerveux. C’était la première fois qu’ils se retrouveraient tous les deux volontairement. Jusque là, toutes leurs rencontres étaient dues au hasard. En l’invitant ce soir, ce n’était pas une simple balade en mer qu’il lui proposait. Il en était conscient, et c’est aussi ce qui l’effrayait. Erin n’était pas une femme comme les autres. Elle était dans ses pensées bien trop souvent. C’est pour cela qu’il ne pouvait pas prendre le risque de tout bousiller. Geo ne savait pas vraiment ce qui se passait entre eux. Tout ce qu’il savait, c’est que la sentir près de lui suffisait à effacer ses douleurs et à ramener un peu de vie dans son coeur. Il ne savait pas si elle passerait au pub avant ce soir. Il ne savait pas si elle aurait son mot à temps. Il ne savait pas si elle accepterait de venir, quand bien même elle aurait eu toutes les cartes en mains.
Tout ce qu’il pouvait faire, en attendant d’être fixé, c’était vérifier pour la énième fois que tout était prêt. Il avait apporté du champagne et deux flûtes, au cas où elle pointerait le bout de son nez. Dans le cas contraire, il avait prévu une bouteille de whisky supplémentaire. Ses vieux démons n’étaient jamais loin, et ceci était d’autant plus vrai ces dernières semaines. Le moteur était prêt, les cordages également. Caulfield, par contre, n’était pas prêt du tout. Il retournait leur dernière rencontre sous toutes les coutures. Ils s’étaient embrassés, il avait aimé ça, elle aussi, ils voulaient se revoir. Et si elle avait prit peur ? Si elle s’était rendue compte qu’une jeune femme avait mieux à faire que de batifoler avec un ronchon de presque deux fois son âge ? Caulfield n’avait pas toutes les réponses. Il ne pouvait qu’attendre. Son stupide coeur s’emballait un peu chaque fois qu’une silhouette ressemblant à la sienne tournait en direction du port. Il allait devenir fou, il devait bouger. Alors il se leva, s’étira, lissa sa chemise du plat de la main. « Tu es ridicule, Caulfield. » pesta-t-il contre lui-même en se rendant compte de ce qu’il venait de faire. Il se dirigea vers l’arrière du navire. Il jeta un oeil à sa montre, il était presque vingt-deux heures. Au loin, la lune déjà haute dans le ciel faisait refléter sa lumière sur un océan huileux. Tout était calme. Tout, sauf Geo Caulfield.
✩ Flash-back du 30 décembre 2020 → Ce petit carnet rouge devait les aider à communiquer. Un genre de journal intime, mais qu'ils écrivent à deux. Nel étant plutôt mystérieux et peu bavard, Erin c'était dit que ça l'aiderait peut-être à se confier à elle. En tout cas elle avait écrit la première page. Au plus profond d'elle, Sanders espérait une réponse. Elle se re pointe au Mctavish le vingt-six décembre aux alentours de dix-huit heures. Discrètement, elle va contrôler le carnet, voir s'il n'a pas répondu. Mais rien … Comme s'il n'avait bougé depuis la dernière fois qu'elle l'avait cacher là. Déçue, elle repart. Pour revenir le jour suivant. Mais la page après la sienne demeure toujours blanche. Agacée, elle s'adresse au barman en lui demandant s'il a bien compris qu'il devait donner les instructions à un brun un peu bourru et au regard bleu intense. Elle pourrait devenir violente la blonde. Mais il soutient qu'il n'a pas eu de client de ce type ces derniers jours. Erin quitte le bar en claquant la porte les yeux brillants. Elle a l'impression que tout lui échappe. Ça fait quelques jours qu'elle était sur son petit nuage mais là elle a clairement l'impression de faire une chute libre et de s'écraser lamentablement au sol. Les jours passent. Son humeur est à la fois maussade et triste. Les gens n'osent même plus s'adresser à elle. On ne cesse de lui demander ce qu'elle a prévue comme folle soirée pour le nouvel an. Mais Sanders répond sèchement qu'elle n'était pas d'humeur à faire la fête. Son entourage reste sans voix. Ça ne lui ressemble pas du tout. Mais la blondinette se renferme sur elle-même et ne confiera à quiconque ce qui la rend si mal. Elle est là, debout devant le Mctavish à se demander si ça vaut encore la peine d’espérer un retour de la part de Nel. D'un pas timide, Erin pousse la porte du pub en se disant que c'est la dernière fois qu'elle le fera. Les gens se bousculent à l'intérieur. Si bien qu'on la percute plusieurs fois. Des hommes un peu grossiers la siffle. Les bras en croix, elle garde les yeux baisser en se dirigeant droit vers le fauteuil en cuir. Malheureusement, quelqu'un est déjà assit. Elle s'accoude au mur en surveillant que la place se libère. L'occupant la remarque. En même temps une petite blonde comme elle dans un établissement pareil ça se remarque. « Assit toi sur mes genoux si tu veux » Mais Sanders n'est pas d'humeur. Elle ose carrément lui faire un geste du doigt pas très amical en soit. Mais le mec n'a pas dit son dernier mot. Il revient à la charge en lui disant qu'elle est mignonne et qu'ils pourraient faire bien des choses ensemble. « Oui bon t'as fini ? J'suis pas intéressée. » Le gars tend le bras pour la tirer vers lui. Elle lui fout carrément une baigne. « Putain qu'est-ce que tu comprends pas dans JE SUIS PAS INTERESSER CONNARD » * SILENCE * Les gens se retournent sur la demoiselle en ayant presque de l'admiration devant sa ténacité. Le mec se lève, blasé d'avoir prit un râteau. De suite, elle s’assoit et s'empresse de chercher le carnet. La couverture rouge est sous ses yeux. C'est à peine si elle ose l'ouvrir. Elle ferme les yeux un instant en prenant une grande aspiration. - S'il vous plaît faite qu'il ait répondu, faite qu'il ait répondu – murmure t-elle pour elle-même. Non sans stress, elle tourne les pages. Un sourire illumine son visage en découvrant pour la première fois son écriture. Son doigt caresse l'encre de sa plume alors qu'elle lit ses premières lignes. « Ca ne veut pas dire que je reste insensible à ce que tu écris, à ce que tu dis. Là, c’est toi qui souris. Tu pensais m’avoir ? » En effet, elle sourit et elle en oublie même qu'une bonne cinquantaine de personnes l'entoure. Elle est dans sa bulle Sanders. « Je crois que j’ai peur » Mais elle aussi est morte de trouille. « Parce que je me surprends à penser à toi, parfois. Souvent. » Sa main se met à trembler. « Parce que je ne comprends pas ce qui nous lie. » Son cœur s'emballe. Elle prend peur et referme le carnet sans lire la suite. « Ça ne va pas ? » Lui demande un employé du bar qui passe au même moment. Incapable de répondre. Elle hoche la tête et évite son regard en ravalant difficilement. Machinalement elle vient prendre son médaillon pour le porter à ses lèvres. Ce qu'elle vient de lire l'effraie. Erin a l'impression de ne rien maîtriser de ce qui est en train d'arriver. Pourtant elle fait le choix de reprendre sa lecture non sans appréhension. « D’ici là, j’aimerais prétendre que toi et moi, on puisse être quelque chose. Ce que tu voudras, je m’en fou. Peu importe combien de temps ça durera. » Il est en train de tomber amoureux … et elle a peur de ne pas pourvoir lui offrir ce don elle n'a jamais était capable d'offrir à qui que s soit. Pourtant l'envie d'être avec lui est toujours aussi forte et si tenace. Elle sourit en lisant qu'il a réellement apprécié l'entendre chanter. Encore plus quand il lui propose de le rejoindre le trente et un décembre pour célébrer la nouvelle année avec lui. Son cœur palpite. Elle a hâte, elle a peur. En guise de réponse elle griffonne l'ancre d'un bateau sur la page d'à côté puis referme le carnet. Discrètement, Erin le glisse à l'arrière du dossier pour que Nel puisse le retrouver. C'est le cœur léger qu'elle ressort du pub.
♡ 31 décembre → Le stress monte. Sanders a passé sa journée à la clinique. Les urgences se sont enchaînées et ses collègues lui ont demandé du renfort. Elle ne cesse de surveiller l'heure. Nel n'avait pas fixé de créneau horaire mais elle se devait d'arriver avant minuit. Bien avant même. A croire que tous les chiens et chats de Brisbane se sont passer le mot pour venir aujourd'hui. Vingt-heure. Elle s'apprête à partir. Exténuée de sa journée. Pourtant elle était loin d'être terminée. Sauf qu'au moment de passer les portes, une femme arrive paniqué avec un chien à bout de bras. Elle venait de le renverser et il fallait s'en occuper en urgence. Erin ne réfléchit pas. Elle court prévenir ses collègues. Tout le monde s'active autour de la pauvre bête. Son pouls est faible. Ses chances de survie sont infimes. « Bat-toi mon beau » Une caresse sur sa tête. Erin lui soufflera plusieurs fois de ne pas lâcher prise. Après s'être acharné à vouloir le sauver, l'animal s'en sort. Heureuse d'avoir accompli sa tâche, elle lève les yeux sur l'horloge et panique. Vingt et une heure trente. « Je dois y aller désoler » Sanders traverse la clinique à la vitesse de l'éclair. Elle n'a jamais grimpé les marches de son appartement aussi vite. Il fallait absolument qu'elle se fasse jolie. Elle ne pouvait pas se pointer comme ça. Une douche rapide. Erin prend quand même le temps de se coiffer et de trouver une jolie tenue. Elle se voulait être jolie sans être vulgaire. C'est donc sur sa robe préférée qu'elle mise. Toute en dentelle est d'un blanc immaculé, Nel ne pouvait qu'apprécier. Un peu de parfum. Un rouge vif sur ses lèvres, la voilà partie aussi vite qu'elle est venue. C'est une course contre la montre qui commence. Vingt-deux heures. La peur qu'il prenne le large sans elle l'inquiète de plus en plus. Il va finir par croire qu'elle ne souhaite pas le rejoindre. Pourtant il n'en est rien. Le seul port aux environs c'était celui de Bayside. La Volkswagen prend place sur le parking. Elle claque la porte et court. - Mais quelle idée d'avoir foutu des talons si hauts. - Erin n'a pas honte de se déchausser pour courir plus vite, pied nu sur le macadam. « NEELLLLL » Qu'elle crie désespérée, presque à bout de souffle. Il y a des bateaux à perte de vue. Comment savoir lequel est le bon ? Erin s'engage sur le ponton et cherche du regard le brun. Elle vient d'enchaîner une bonne dizaines d'embarcations sans jamais tomber sur lui. Son espoir s'amenuise. Vu l'heure, il a certainement déjà mis les voiles. Alors qu'elle croyait que c'était vraiment foutu, elle plisse les yeux en apercevant une silhouette vérifier ses cordages. C'est lui. Elle en est quasi certaine. Sanders meurt d'envie de le rejoindre mais le stress l'empêche d'accélérer le pas. Chaque mètre parcouru la rend plus vulnérable. Elle ne sait pas si c'est bien. Encore moins si c'est raisonnable. Pourtant elle se sent incapable de faire demi-tour. Un magnifique voilier se dresse devant elle. Erin profite qu'il ai le dos tourné pour monter à bord non sans sourire. Elle pose ses chaussures dans un coin et vient glisser ses mains devant ses yeux. « Bonsoir Nel » Qu'elle murmure à son oreille. Ses craintes se sont envolées à la seconde où elle a posé les mains sur lui. Elle était tout à lui et elle n'avait vraiment aucune envie de lui résister.
C’est ce que se répétait Caulfield depuis de longues minutes. Anticiper la non-venue d’Erin, cela lui permettait de se protéger. Il se disait que, peut-être, il avait mit trop de temps avant de lui répondre dans ce carnet rouge. Il se disait aussi qu’elle avait dû se raisonner. Ou qu’il avait dû l’effrayer. Il se disait tant et tant de choses, à mesure que le temps passait, que cela en était désespérant. Il faisait les cent pas, sur le pont, comme un animal en cage. « Elle ne viendra pas », se répétait-il, s’assurant d’étouffer proprement la part de lui qui le poussait à croire en l’inverse. C’était un mécanisme de défense, couplé à une habitude profondément ancrée. Une de celles qui débarque sans crier gare, une de celles dont on se passerait bien, mais qui est là et qui résiste. Une de celles rendue vivante par toutes ces fois où on lui avait dit « Tu finiras seul, Caulfield. » Et ça lui allait très bien, au fond. Ca lui avait toujours été égal, toutes ces années. Mais à bientôt cinquante ans, il aspirait à autre chose, désormais. Il avait bien roulé sa bosse Caulfield. Il pensait, depuis quelques temps maintenant, que l’herbe était sans doute plus verte ailleurs. Que lui aussi, malgré tout ses défauts, ses mauvais choix, aspirait à une certaine quiétude. Il n’en était pas certain, mais il lui semblait avoir entrevu cela avec Bonnie. Ce fut bref, imprécis, mais il s’y accrochait. Car il avait beau retourner l’histoire dans tous les sens, il ne parvenait pas à une autre conclusion. Alors même si cela l’effrayait, il avançait, un pas après l’autre. Il tâtonnait et, comme ce soir, il lui arrivait d’avoir quelques pensées contradictoires. Un pas en avant, deux en arrière. Faire et défaire, un véritable travail de Pénélope.
Les minutes puis les heures passèrent. Il ne savait pas à quoi se rattacher, Caulfield. Il vérifiait tous les cordages, tous les noeuds, tous les indicateurs des tas de fois. Comme un rituel réalisé quand on est gosse, une « pensée magique » pour certains, il passait en revu chacun des instruments. Il cherchait à retrouver un peu de contenance dans des gestes anodins. Mais chaque minute qui passait lui faisait perdre un peu plus pied. Il n’était pas complètement fou, Geo. Il se rendait bien compte qu’il n’était pas comme d’habitude. Alors il se leva, fit de nouveau les cents pas avant de rejoindre la poupe. Là, il s’assied de nouveau. Il était presque vingt-deux heures et la lune était bien haute dans le ciel. Un temps parfait pour naviguer, un ciel étoilé et un horizon dégagé. Reste à savoir s’il s’y adonnerait seul ou accompagné.
Tourner le dos au port, littéralement, était un peu plus simple pour Caulfield. Il lui semblait avoir passé trop de temps à chercher Erin en chaque silhouette. Il allait finir chèvre, à force. Au moins, installé ici, il ne risquait pas grand chose. Les jambes suspendues dans le vide, il se pinçait les lèvres, nerveusement. Vingt-deux heures quinze et toujours personne sur le pont. Enfin, ça, c’est ce qu'il croyait, Geo. S’il avait été un peu moins perdu dans ses pensées, il aurait sans doute remarqué les pas feutrés qui se rapprochaient. Ils aurait aussi remarqué la paire d’escarpins, si hauts et petits à la fois, qui avaient été posés à la hâte à côté du banc en teck. Il aurait également pu sentir le parfum délicat d’Erin avant que celle-ci ne pose ses mains sur ses yeux. Là, Geo se figea. Il ne parvint pas à sourire. Etait-ce réel ? Il effleura sa main de la sienne. C’était bien réel. « Bonsoir Erin. » répondit-il en retour en parvenant miraculeusement à aligner deux mots. Il se leva puis se retourna. C’était elle, c’était vraiment elle qui se tenait face à lui. C’était peut-être à cause de la pleine lune, ou bien parce qu’il avait ardemment attendu cet instant, mais quoi qu’il en soit, elle lui sembla encore plus jolie que la dernière fois qu’il l’avait vu. La robe qu’elle portait était raffinée, ses lèvres mises en valeur par une teinte carmin. Oui, on pouvait dire sans prendre de risque qu’elle était magnifique. « C’est une très jolie robe. » lâcha-t-il maladroitement. Il le regretta aussitôt. Pour preuve, il serra les dents. Il n’avait pas osé la complimenter ouvertement, comme si cela pouvait la faire fuir. Comme si elle avait pu changer d’état d’esprit depuis leur dernière rencontre. Mais maintenant, il se sentait un peu stupide. « C’est une très jolie robe » répéta-t-il en son for intérieur. Crétin. Cela lui fit prendre conscience qu’il devait avoir l’air un peu ridicule, à côté d’elle. Il avait bien sûr fait l’effort de sortir de ses habitudes vestimentaires, en portant une chemise à col mao blanche et un pantalon noir. A s’être tant et tant affairé autour du bateau, celle-ci était toutefois couverte de plis. Comme à l’accoutumée, ses cheveux étaient désordonnés et lui tombaient sur le visage. Il devait avoir l’air d’un clown, ou d’un chat auquel on ferait porter des chaussons. Bon sang, pourquoi se mettait-il à tergiverser là-dessus ? « Je ne pensais pas que tu viendrais. » ajouta-t-il. Nouvelle bourde. C’est curieux comme ses paroles prenaient une toute autre tournure dès lors qu’il les prononçait. Crétin. « Je veux dire… Je suis content que tu aies décidé de venir. » rectifia-t-il tant bien que mal. Ce n’était pas parfait, mais c’était un début. Elle était à tout juste un pas de lui, mais il n’osait pas l’approcher. Il avait la sensation que, s’il se montrait trop avenant, elle prendrait peur et s’enfuirait. « Il me semble que tu souhaitais faire un tour de bateau, la dernière fois qu’on est venu ici. » ajouta-t-il après s’être éclairci la voix. Il regarda autour de lui. Pour l’occasion, il voulait faire les choses correctement. Voler un bateau, très peu pour lui. S’ils devaient partir en mer, ce serait en toute légalité. Alors il avait loué un voilier à moteur. Il aurait été peu dire qu’il était joli, avec ses boiseries et ses voiles blanches. Elle avait voulu un navire, il lui en offrait un beau. « J’ai hésité avec une barque, mais celui-ci me semblait plus approprié. » lança-t-il, se risquant à un trait d’humour. A nouveau, son regard se posa sur elle. Il peinait encore à croire qu’elle était là. Et puis il finit par se dire qu’il devrait plutôt en profiter. Après tout, rien n’est jamais acquis, rien n’est jamais figé.
Elle n'y croyait plus Erin. Pourtant, elle eue l'agréable surprise de le lire enfin. Ces quelques lignes ne l'ont pas laisser indemne. Elle sentait bien que l'homme qui tenait cette plume n'était pas aussi insensible que cela. Sous ses airs un peu revêche, Nel a un cœur gros comme ça. Et ce cœur, il était en train doucement de le déposer dans ses mains. Ça l'effraie. Sanders n'a jamais était capable de conjuguer le verbe aimer au présent et encore moins au futur. C'est un choix. Son choix. Il suffit qu'un homme la réclame un peu trop. Pire, qu'il lui glisse qu'il a des sentiments, pour que madame se volatilise aussi vite qu'un cheval au galop. La peur qu'on l'abandonne est trop forte. Alors elle préfère prendre les devants plutôt que de souffrir pour rien. Pourtant, elle brise un peu ses règles en venant au port ce soir. Elle aurait pu s'effacer et éviter de s'enfoncer dans une histoire qu'elle a peur de ne pas savoir écrire. Mais non, elle est là, le regard perdu sur tous ces bateaux en se demandant lequel est le bon. Ses boucles retombent sur ses joues tandis que le voile de sa robe danse avec la brise. Les lampadaires éclairent son chemin jusqu'au ponton. Elle accélère le pas jusqu'à courir à petit pas le souffle haletant. Le claquement de ses talons sur le sol vient briser le silence qui règne au port. Elle crie son nom, presque désespéré d'être arrivée si tard. Mais elle se devait d'accomplir son devoir. Pourtant, pour rien au monde elle ne voudrait rater cette virée en bateau avec lui. Ses talons la gênent. Erin n'hésite pas à les retirer pour courir pied nu. « Attends moi ... » Supplie t-elle en silence. Des gens se retournent sur elle en se demandant bien ce qui lui prend de se presser comme ça. Mais elle n'en a que faire de leurs jugements. C'est impossible de la rater avec sa longue robe finement brodée main. Le clair de lune semble même la rendre encore plus blanche. Au bout de quelques pas, la plante de ses pieds atteints le bois marin. Erin ralentit et observe minutieusement chaque bateau. La tâche s'annonce hasardeuse au vu du nombre d'embarcations. Il y en a à perte de vue. Mais le temps lui manque. Elle ne s'attarde donc pas sur leur beauté comme elle aurait pu le faire en temps normal. Le monde marin est inconnu pour elle. Mais elle sait apprécier quelque chose de beau.
Apparemment, d'autres gens se sont passé le mot pour fêter la nouvelle année sur leur bateau. Elle se penche mais Sanders doute fortement que ce gros yacht soit le sien. La musique est trop forte, l'ambiance trop festive pour que cela ressemble à Nel. « Heyyy !! Grimpe ma belle » Et elle a confirmation en voyant un jeune de quelques années de plus qu'elle lui tendre une coupe de champagne. Mais ce n'est pas lui qu'elle cherche. Erin trace son chemin sans s'intéresser à lui. Celui qu'elle veut est bien différent. Pour ne pas dire ...Unique. Elle s'enfonce un peu plus sur le ponton en n'ayant plus vraiment espoir de le trouver. Encore plus quand elle voit des bateaux prendre le large. Et si c'était lui là-bas ? Tristement, elle serre son médaillon dans le creux de sa main en regardant les yachts devenir de minuscules silhouettes au loin. - T'as pas était assez rapide Sanders … À trop douter, tu l'as laisser filer – Elle s'apprête à faire demi-tour. À quoi bon s'acharner sur un mirage. De la fumée comme il disait si bien. - Tu croyais quoi ? - La brise vient souffler dans ses cheveux. Elle en perd un peu le nord. Machinalement, Erin se recoiffe. Son regard est attiré par un homme seul sur un voilier. Il est de dos mais son cœur s'emballe sans crier gare. Il fait sombre. C'est tout juste si elle peut la distinguer sa corpulence. Pourtant, elle est en persuadée. C'est lui. C'est Nel. Soulagée, elle sourit et s'avance vers lui d'un pas feutré. Comme si elle avait peur qu'il la voit arriver. Timidement, elle pose un pied à bord, puis deux en espérant ne pas faire balancer la coque avec ses cinquante-cinq kilos. Son sourire s'élargis au fur et à mesure qu'elle s'avance. Ses chaussures sont déposées sur un petit banc tandis qu'elle est à deux doigts de l'atteindre. Les battements de son cœur résonnent dans sa tête. Il pourrait presque les entendre. Timidement, elle ose poser ses mains devant ses yeux en lui soufflant un bonsoir. « Bonsoir Erin. » Le timbre de sa voix la fait vibrer. Il se lève et elle découvre un Nel presque apprêté avec sa chemise et son pantalon noir. Mais ses cheveux demeurent toujours indomptables. « C’est une très jolie robe. » Sanders sourit devant un tel compliment. Venant de sa part c'était presque un miracle. Elle défroisse sa chemise en riant. « Je te trouve très séduisant aussi matelot » Et elle ne mâche pas ses mots en disant cela. Nel lui plaisait. Que se soit physique ou mental. Cet homme ne la laisse pas indifférente elle doit l'avouer. Il a quelque chose que les autres n'ont pas. « Je ne pensais pas que tu viendrais. » Erin se mordille la lèvre nerveusement. Elle s'en veut un peu d'être venue si tard. « J'ai... » Mais le brun se montre très bavard ce soir. Elle n'a pas le temps de finir sa phrase qu'il enchaîne sur une autre. « Je veux dire… Je suis content que tu aies décidé de venir. » Nel semblait nerveux. Mais elle n'en menait pas large non plus Sanders. Autant la dernière fois elle avait oser l'embrasser, autant là c'est tout juste si elle ose le toucher. « Merci à toi de m'avoir invité. Je m’excuse d'être en retard. J'ai eu un contretemps. Mais j'avais très envie de venir. De te retrouver ... » Surtout de le retrouver et de ressentir à nouveau cette vague de papillon au plus profond de son être. « Il me semble que tu souhaitais faire un tour de bateau, la dernière fois qu’on est venu ici. » Ses lèvres s'étirent à nouveau quand il évoque les souvenirs d'une soirée qu'ils ont passés ensemble. Pas forcément la meilleure, certes. Mais Nel se souvenait de ce qu'elle lui avait dit ce soir-là. Et ça, ça prenait toute son importance à ses yeux. « Tu as bonne mémoire. Et moi je me souviens que tu as le pied marin. Ce voilier est magnifique. C'est le tien ? » Demande t'elle en levant la main sur le mât pour caresser les cordes. Erin se souvenait qu'il lui avait avoué avoir grandi parmi les bateaux et la pêche. Cette embarcation pourrait être la sienne ou un héritage de sa famille. Peu importe. Elle n'était pas là pour son compte en banque mais pour lui. « J’ai hésité avec une barque, mais celui-ci me semblait plus approprié. » Un rire s'échappe d'entre ses lèvres. C'est vrai que la dernière fois elle n'avait rien trouver de mieux que de grimper dans une barque un peu branlante. Le choix n'était pas le plus génial. Mais elle n'avait vraiment pas réfléchi sur le moment. « J'avoue, je préfère celui-là. » Elle ose un pas vers lui en posant ses mains à sa taille. Le menton levé, elle pose ses émeraudes dans son regard océan. « Et tu m'amènes où comme ça capitaine Clyde? » Ses fossettes se creusent alors qu'elle lui sourit tendrement. L'envie de l'embrasser lui fait tambouriner son petit cœur. Il ne sait pas ce qu'ils sont. Elle non plus … pourtant il avait envie d'essayer. Le temps qu'elle voudra … Aujourd'hui ? Demain ? « Parfois…Faut prendre des risques pour qu’il en ressorte des bonnes choses » La phrase de son meilleur ami résonne dans sa tête. Et si le risque c'était d'arrêter de se poser des questions et de joindre ses lèvres aux siennes ? Elle en mourrait d'envie depuis tout à l'heure. Elle le regarde son rien dire. Sa main glisse délicatement dans sa nuque. « Tu m'as manqué » Et c'est peu de le dire. Erin ne pensait qu'a lui. Tout le temps. C'est toujours son visage qui apparaissait. La moindre moto lui donner des frissons. Les textes qu'elle écrit pour ses chansons sont autant impacté. - Bordel ouvre les yeux Bonnie – son regard se pose sur sa bouche. Elle profite des remous provoqués par un bateau qui quitte le port ; pour se hisser sur la pointe de ses pieds et atteindre ses lèvres. Erin lui offre un tendre baiser. Aussi doux et savoureux que le premier qu'ils avaient échangé à la patinoire tout en laissant sa main caresser sa nuque. Son cœur bat tellement fort qu'il pourrait traverser sa poitrine pour aller se loger entre les mains du brun. Car oui … sans le vouloir, sans s'en rendre compte … Erin tombe amoureuse de son matelot.
Une part de lui n’osait plus l’attendre. Pourtant, c’était bien elle qui venait de surgir dans son dos. Erin avait décidé de se joindre à lui, sur le ponton du navire. Il avait d’abord eu du mal à y croire. Il avait fallu qu’il effleure sa main pour prendre conscience de ce qui était en train de se passer. Et là encore, il peinait à réaliser. Comme si tout ceci était interdit, trop beau pour être vrai. Voilà qu’il glissait lentement sur la pente de ceux qui rêvent les yeux grands ouverts. Ces mêmes personnes que Geo ignorait, voire méprisait. Sans doute par jalousie, au fond.
Alors forcément, il s’emmêlait un peu les pinceaux, pour amorcer cette conversation. Parce que c’était nouveau, presque irréel et un peu fou. Lorsqu’il complimenta la blonde sur sa robe, celle-ci afficha un large sourire. Elle ne se priva pas d’ajuster sa propre tenue, la lissant du plat de la main avec attention. Dans un rire, elle lui lâcha qu’elle aussi, le trouvait séduisant. Visiblement, Erin avait su traduire ses paroles sans mal. Il faut dire qu’il n’était pas très finaud dans ses propos, Geo. Ce qu’il retint, c’est le mot « séduisant ». Il leva instinctivement son regard vers elle, croisa ses grands yeux verts. Il lui accorda un petit sourire. Il ne devait pas aller trop vite en besogne. Pourtant, c’était tentant. Goûter à la quiétude, c’était aussi enivrant qu’addictif. Alors il laissa échapper qu’il ne croyait pas vraiment en sa venue. Son coeur parlait avant son esprit et trahissait une inquiétude déjà bien présente. Geo s’en rendit bien vite compte, et pour ne pas que la blonde se méprenne, il tâcha de rectifier le tir immédiatement, tant et si bien qu’il lui coupa la parole sans le vouloir. Respire, Caulfield, tu sues la nervosité par tous les pores.
Heureusement, il ne la froissa pas. Sans doute était-elle aussi nerveuse que lui. Cela expliquerait qu’elle lise si bien entre les lignes. Cela expliquerait aussi pourquoi elle lui présentait des excuses pour être arrivée en retard. Il ne lui avait pas donné d’heure de rendez-vous, alors, l’était-elle vraiment ? Certes, il l’avait attendue. Mais ce n’était pas une attente ordinaire, du genre irritante. C’était plutôt de l'impatience, au fond. Comme celle des premières amours, qui prennent aux tripes et prennent le pas sur le bon sens. « Tu es arrivée pile à l’heure. » la rassura-t-il. Il ne rebondit pas sur le fait qu’elle avait très envie de le retrouver. En lieu et place, un sourire un peu plus assuré s’afficha sur son visage, bien que tout aussi discret. Et s’il ne se leurrait pas totalement sur les sentiments de la blonde à son égard ? Patience. Un pas après l’autre.
Et il lui expliqua qu’il avait finalement opté pour le voilier plutôt que la barque. Ces paroles légères eurent pour effet de le rassurer un peu, de lui redonner un peu de contenance. Il lui arrivait, comme tout un chacun, de ne pas être maître d’une situation. D’ordinaire, cela lui allait, il se laissait porter et finissait toujours par retomber sur ses pattes. Mais ce soir, la gros matou avait besoin de plus d’assurance pour ne tomber à la renverse. L’idée semblait plaire à Erin, tout cas. « Il est à moi… Pour la soirée. » expliqua-t-il. Un jour, peut-être, il se poserait quelque part et s’offrirait le luxe de voguer quand bon lui semble. Il en avait largement les moyens, lui qui ne vivait que modestement. Enfin, c’était sans compter sur les litres de whisky qu’il ingurgitait, qui lui revenaient rapidement pour un bras. En effet, il n’était amateur que de bonne boisson. Quoi qu’il en soit, même avec un tel vice, il avait encore largement de côté pour tout plaquer et se retirer dans un coin perdu avec une maison, une moto flambant neuve et même un voilier. Là encore, il n’aurait pas dilapidé sa fortune. Cette pensée lui fit tout drôle. Pour quoi économisait-il tant, au juste, maintenant qu’il ne versait plus de rente à sa mère ? Il dégagea cette idée bien vite. Ce soir, les idées noires n’avaient pas leur place ici.
Les mains d’Erin qui se posèrent sur sa taille eurent bien vite raison de ses dernières rêveries. Curieuse, elle lui demanda où il comptait les emmener, ce soir. « Tu es bien curieuse, Bonnie. » siffla-t-il. Il ne comptait pas lui révéler leur destination. En fait, il n’avait pas prévu de destination particulière. Il comptait simplement lever l’ancre et naviguer dans la baie, pourquoi pas jusqu’à Moreton Island. Plus que la destination, c’était le voyage qui lui importait. Bonnie serait-elle déçue si Clyde lui révélait ceci ? Elle profita de ce silence pour remonter sa main sur sa nuque. Geo fut prit d’une irrépressible envie de l’embrasser. Le temps sembla soudainement s’égrener lentement. Lorsqu’elle l’embrassa, il s’arrêta net. Il aurait pu rester indéfiniment ainsi. Tout pouvait bien s’écrouler autour de lui, il tiendrait bon. Il lui avait manqué. Et lui ? Quand sait-on que quelqu’un vous manque ? Il était trop tôt pour en être entièrement sûr. Pourtant, il s’était bien rendu compte qu’elle occupait une grande place dans son esprit. Suffisamment pour qu’il lève le pied sur l’alcool, pour ne rien oublier de leurs moments partagés. Il l’embrassa donc en retour avec la même tendresse. Quel que soit ce qui les unissait, elle était la bouffée d’air frais qu’il attendait depuis si longtemps. C’est donc un peu à contre coeur qu’il se détacha d’elle. « Allons nous-en. » souffla-t-il, impatient. Quittons Brisbane et ces emmerdes, juste pour ce soir, juste pour quelques heures. Il se surprit à penser, à nouveau, qu’il cherchait à marchander. Quand trouverait-il le courage d’être honnête avec lui-même, avec elle ? Il s’éloigna en direction du moteur avant de rebrousser chemin. Il attrapa la main d’Erin, son regard à la recherche du sien. « Tu vas m’aider. » lui lança-t-il, ne lui laissant nul autre choix que de le suivre. Il vérifia le point mort et se dirigea vers le treuil. Là, il l’actionna et remonta l’ancre avec un peu d’huile de coude. Il retourna dans la cabine pour qu’ils puissent quitter le port. Il posa la clé sur le contact et se prépara à démarrer. Il changea subitement d’idée. « Tu sais quoi ? Vas-y. » lui lança-t-il, de but en blanc. C’était elle qui leur ferait quitter le port. Enfin, elle allait au moins faire démarrer l’engin. Geo se chargerait du reste. Il prit sa main et la posa doucement sur la barre. « C’est comme une voiture. Enfin, à peu près. Il te suffit d’abaisser doucement ce levier lorsque j’aurais démarré le moteur. Prête ? » Lui demanda-t-il. De toute façon, il ne lui laissait guère le choix. Il ne la laisserait pas se débrouiller seule, qu’elle se rassure. Enfin, la connaissant, il y avait fort à parier que l’exercice l’amuserait plus qu’autre chose. Il prit place à ses côtés, prêt à diriger le navire correctement.
L'anxiété de Nel se ressent dans chacun de ses mots, ses gestes. Il semble hésitant, parfois. Erin le remarque et ça la fait sourire. Encore plus quand il ose la complimenter sur sa robe. Il change … Peu à peu, il sort le nez de sa carapace pour laisser entrevoir un homme bon et sincère. Plus elle le découvre plus il lui plait. Lorsqu'elle avait aperçu sa silhouette dans la pénombre, Erin s'était senti soulagée et à la fois pleine de stress de le retrouver. Est-ce qu'elle va lui plaire ? Est-ce qu'elle sera à la hauteur de ce qu'il attend d'elle ? Adriel lui remonterait sûrement les bretelles de la voir ici ce soir. Quand elle lui avait avoué qu'elle était montée sur la moto du brun, il a failli faire un malaise. Alors sur un bateau ... Elle s'apprête à prendre le large avec lui. Et ce n'est pas seulement physique à ce stade. Sanders est en train de se jeter à corps perdu dans ses bras sans réfléchir aux conséquences que cela pourrait avoir. Parce que c'est trop tentant de picorer dans sa main. Elle a l'impression qu'elle peut prendre son envole à tout le moment. Nel pourrait facilement refermer sa paume et la garder avec lui. Mais le petit colibri se pose doucement derrière lui et chante sa présence pour le plus grand plaisir de son matelot. À chacun leur tour, ils se complimentent timidement. S'en est presque mignon. Son sourire la trahit. Sanders est complètement sous le charme. Elle s’excuse de son potentiel retard. Nel n'avait pas préciser d'horaire, mais il est vingt-deux heures passé. Elle a l'impression qu'il l'attend depuis trop longtemps. Elle avait eu si peur qu'il parte sans lui. « Tu es arrivée pile à l’heure. » Rassurée, elle relâche un peu la pression. Le principal, c'est qu'ils soient là, tous les deux. Pour une soirée qui cette fois est préméditée et voulue des deux côtés. Le hasard n'a plus sa place. Ce voilier est magnifique. Erin s’interroge sur sa provenance. Nel lui avait révélé que la mer était un peu son milieu pour ne pas dire sa deuxième maison. Ce bateau pourrait très bien lui appartenir. Et c'est sans aucune arrière-pensée qu'elle pose la question. « Il est à moi… Pour la soirée. » Sa réponse avait laissé planer le doute quelques instants. Puis elle comprend que ce n'est qu'un prêt temporaire. « Juste pour la soirée ? Je pensais découvrir le monde moi ! » Dit-elle sans se prendre au sérieux. Elle rit. Mais ce qu'elle va découvrir ce soir est bien plus somptueux que le monde qui les entoure. Il lui tarde de voguer avec lui. Curieuse, Sanders lui demande la destination. Nel peut bien l'amener où il veux, du moment qu'elle est avec lui, elle est comblée. « Tu es bien curieuse, Bonnie. » Elle sourit lorsqu'il répond en utilisant son surnom. Il est le seul à l'appeler comme ça. Elle a l'impression de lui appartenir. D'un sourire attendris, elle le contemple et s'avance pour venir oser un contact. Ce besoin de le sentir corps contre corps se fait oppressent depuis tout à l'heure. Alors elle se loge contre son torse. Sa main vient glisser sur sa nuque. Dans un murmure, Erin lui souffle qu'il lui a manqué. Et elle est sincère en disant cela. Ses émeraudes se mélangent au bleu de ses yeux. Elle a le cœur qui s'emballe. Le souffle qui saccade un peu. Aucun homme ne l'avait rendu si vulnérable. D'habitude c'est elle qui tient les commandes. Et elle la toujours fait d'une main de maître. Mais là, Sanders avec l'impression d'être une marionnette. Nel tient les ficelles mais il semble encore avoir peur d'en prendre possession. Erin provoque un peu le destin en venant l'embrasser. La mer semble vouloir l'aider en s'agitant de quelques clapotis sur la coque. C'est son corps qui bascule sur le sien pour un baiser d'une infinie tendresse. La chaleur de ses lèvres émane sur les siennes. C'est exquis, délicieux. Il y répond avec son savoir-faire. Elle est aux anges Bonnie. « Allons nous-en. » Elle est encore toute émoustillée. Nel aurait pu lui dire dégage qu'elle aurait toujours souri de la même manière. L'amour vous rend … Tout chose. Rien ne semble pouvoir vous atteindre si ce n'est la flèche de Cupidon qui vient de la viser en plein cœur. « Barrons-nous ! » Comme Parker et Barrow l'auraient fait. Un large sourire prend place sur ses lèvres. Elle était prête à le suivre partout. Nel s'éloigne pour faire ses petites affaires mais il revient bien vite en lui agrippant la main. Son cœur fait un bond. D'habitude c'est elle qui lui attrape la main. Il va falloir qu'elle s'habitue sinon elle risque de faire une syncope avec la fin de soirée. « Tu vas m’aider. » Erin le regarde un peu dubitative. Elle a l'impression de ne être pas le bon bras droit pour ce qui est de naviguer. C'est à peine si elle arrive à pagayer droit avec un canoë alors un voilier … « Heu... t'es sûr ? J'y connais rien moi, à ces trucs-là » Mais il ne lui laisse guère le choix. Nel est dans son monde. Elle le regarde s'affairer à remonter l'ancre. La vue est agréable. Il serait presque sexy, là, à forcer sur ses muscles pour atteindre ses objectifs. - On la perd - « Tu sais quoi ? Vas-y. » Elle sort bien vite de ses rêveries. Sanders ne réalise pas tout de suite. Est-ce qu'il est en train de lui proposer de tenir la barre ? « Sérieux ? MAIS !! J'ai jamais conduit de bateau hann ! » l'euphorie s'empare d'elle. Erin ne se fait pas prier pour prendre place aux commandes. La curiosité la pique. Elle a les yeux émerveillés devant tant de bouton et de commande. L'envie de toucher à tout la démange. - Zen, fait pas ta folle. Respire - Nel lui prend la main pour la poser sur la barre. Elle se laisse guider et tente de se calmer. « Putain j'en reviens pas. T'es complètement fou. » Le mot est faible... Sanders conduire un bateau. Il faut être barge pour tenter l'expérience. « C’est comme une voiture. Enfin, à peu près. Il te suffit d’abaisser doucement ce levier lorsque j’aurais démarré le moteur. Prête ? » Elle hoche la tête en essayant de se retenir de sourire, mais c'est tout bonnement impossible. « Prête capitaine Barrow » Qu'elle répond d'un air amusé. Erin patiente qu'il démarre. Le moteur se fait enfin entendre. Hésitante, elle garde sa main suspend au-dessus du levier. - Tu peux le faire – C'est parti. Ses doigts fins s'enroulent sur la manette pour ensuite l'abaisser doucement. Le voilier commence à avancer, c'est surréaliste. « Wouahhh je conduis un bateau !!! J'en reviens pas c'est complètement dingue. » Leur embarcation s'éloigne peu à peu du port. Elle s'autorise une petite accélération. La coque vient briser les vagues avec ferveur. Plus ils s'éloignent de Brisbane plus elle se sent proche de lui. Le vent s'engouffre dans ses cheveux et sa robe. Erin a l'impression qu'il suffirait qu'elle lève les bras pour s'envoler. Elle quitte l'horizon des yeux pour tourner sa tête vers lui et le contempler. Un sourire s'étire sur ses lèvres. Oui, il est bien là. Elle la atteint son fameux mirage. Elle se concentre de nouveau sur sa mission. La vue est magnifique. Les reflets de la pleine lune donnent de l'éclat à l'océan. C'est presque romantique tout ça. Si elle n'avait pas les mains bloquer sur la barre, elle serait surement en train de l'enlacer pour s'assurer qu'il ne lui échappe pas. La brise caresse son visage. Elle ferme les yeux en prenant une grande aspiration. Puis elle se libère en fredonnant une chanson qui lui semble opportun pour l'occasion. Elle murmure. Parfois elle se contente de reproduire uniquement la mélodie. Sanders se révèle peu à peu à lui sans crainte d'être jugé. Elle lui accorde sa confiance et se laisse dompter.
Si Geo était charmé par l’idée de voguer avec Erin loin de Brisbane, la blonde le semblait également. Il n’y avait qu’à voir le large sourire qui s’afficha sur son visage dès lors que Geo lui annonça qu’ils quittaient les lieux. Ca, et son « barrons-nous ! » qui semblait défier jusqu’à l’horizon. C’était con, terriblement con, mais ça le fit sourire, Geo. Il lâcha même un ricanement. Il l’avait déjà vu enthousiaste, mais jamais aussi déterminée. Alors il lui prit la main, pour qu’elle le suive dans l’aventure. Plus que ça, il comptait sur elle pour lui donner un coup de main. Mais d’abord, il devait se charger de l’ancre, qui pesait un âne mort. « Tu vas y arriver. T’as pas le choix. La caution m’a coûté un rein. » lâcha-t-il en s’échinant à remonter l’ancre. Bon, évidemment, Geo n’était pas sérieux lorsqu’il lui lança qu'elle n'avait d'autre choix que d'y arriver. Ca faisait un moment qu’il n’avait pas été taquin avec elle. C’était de bonne guerre, n’est-ce pas ? La voir plonger était chaque fois un régal. Enfin, il termina de remonter la lourd poids d’acier. Pour ce job là, il ne pouvait pas compter sur Erin. L’ancre était presque aussi lourde qu’elle. Si elle s’y essayait, elle se retrouverait probablement à la baille en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Le job fait, il se frotta les mains de satisfaction. Maintenant, Erin allait pouvoir briller.
En effet, ils prirent la direction de la barre. Comme il s’y attendait, Erin se montra très enthousiaste. Devant les commandes, ses yeux se mirent à briller comme ceux d’un gosse devant ses cadeaux de Noël. Pour éviter qu’elle ne fasse la moindre gaffe, il prit sa main pour la poser délicatement sur la barre. Bon, peut-être était-ce également un prétexte pour la toucher de nouveau. Voilà qu’elle déclarait qu’il était fou. Sans doute. Elle n’était pas la première à lui sortir ça. « Je crois. Ne me le fait pas regretter, ok ? » ajouta-t-il, comme si la première couche n’avait pas suffit. Depuis le début, ils n’avaient eu de cesse de se provoquer mutuellement. Cela convenait bien à Geo. Il n’était pas capable de s’abandonner complètement. Pas maintenant, du moins. Peut-être qu’un jour, cela changerait. Mais au fond, les gens changent-ils vraiment ? Il lui donna quelques indications supplémentaires. Démarrer n’était pas le plus compliqué. Il n’était pas fou, Caulfield. Et en cas de besoin, il était prêt à intervenir. Erin sembla avoir écouté attentivement ses instructions. Si bien que lorsqu’il démarra, elle hésita un instant, témoignage d’une réelle envie de bien faire. Allez, Bonnie.
Le moteur se mit à gronder davantage. L’eau s’agita autour de la coque et après un instant, le voilier se mit à avancer. Un nouveau sourire s’afficha sur le visage de la jeune femme. La trajectoire était dégagée, les laissant à l’abri d’une éventuelle collision. Erin dû s’en rendre compte puisqu’elle tenta une pointe de vitesse. Venant d’un voilier à moteur, elle ne put pousser bien loin. Un sourire moqueur s’épingla sur les lèvres de Caulfield. Ils ne devaient pas dépasser les six, voire huit kilomètres heures tout au plus. A mesure que les minutes s'écoulaient, le port se changea doucement en une tâche lumineuse. Devant eux, un océan paisible, le vent, la lune. Une nuit entière.
Erin se mit à fredonner un air inconnu. Elle semblait ailleurs, mais le sourire qui flottait sur son visage ne trompait pas. Elle autant que lui appréciait le début de cette soirée en tête à tête. « Bien capitaine, on a assez frôlé la mort pour ce soir. » lança-t-il. Jamais deux sans trois. « Tu t’en es pas trop mal tirée. » ajouta-t-il. Après tout, elle allait finir par se vexer, à force. Il se dirigea vers le mât principal, dénouant le cordage. Ils allaient maintenant adopter leur allure de croisière puisqu’ils avaient quitté la zone portuaire. Pour cela, il fallait sortir la voile. Au loin, on apercevait quelques bateaux de personnes qui, comme eux, réveillonnaient sur la mer de corail. « Alors, ça fait quoi de commettre un délit ? A moins que tu aies le permis bateau. » siffla-t-il. Après tout, la puissance du moteur du voilier exigeait la possession d’un permis en bonne et due forme. S’affairant à dénouer le cordage, Geo prit ensuite l’initiative d’arranger la voile. Ils allaient pouvoir voguer tranquillement en maintenant une allure douce. « Je parie qu’en ce moment même, on met tout en oeuvre pour te coffrer à ton retour, Parker. » ajouta-t-il, moqueur. Allons Caulfield, en voilà des manières.
Le voilier avançait lentement sur la mer calme. Geo n’avait que rarement connu de moment aussi paisible, ces derniers temps. Il prit place non loin d’Erin, s’appuyant contre le garde-fou chromé. Il ferma les yeux l’espace d’un instant. Juste le temps d’emplir ses poumons du parfum des vagues. Juste le temps d’apprécier le goût iodé sur ses lèvres. Juste le temps d’apprécier ce sentiment divin de sérénité qui le parcourait. Et puis sans se retourner, il ouvrit de nouveau les yeux. Il repensa au carnet rouge, le regard posé sur ses mains. Il avait mit le temps, pour lui répondre, à la jolie blonde. Parce qu’il avait eu la frousse de se rendre au bar, de lire la lettre. Il n’avait pas su vraiment ordonner ses idées, ni les interpréter. Au fond, sa réponse, elle fut un peu à son image. En tous les cas, il se dit que ce n’était pas une si mauvaise idée.
Geo se dirigea vers la poupe, ouvrit la glacière. Il en sortit une bouteille de champagne. D’un coffret noir posé à côté, il en sortit deux flûtes. La soirée était belle, la présence d’Erin la rendait plus douce encore. Alors Geo se dit qu’ils devaient bien trinquer à ça. Il retourna à la proue retrouver la blonde, les flûtes dans une main, la bouteille dans l’autre. « Et si on trinquait ? » demanda-t-il. A cette soirée, à la quiétude, au carnet rouge, à ce qu’elle voudrait. Il s’avança vers elle, lui tendant une flûte.
Erin est plus que prête pour prendre le large avec lui. Surtout après un baiser comme celui-là. La demoiselle à l'impression de se sentir pousser des ailes. C'est comme si elle faisait un gros fuck à ce qui pourrait leur barrer la route. Pour après aller vivre son idylle avec son Clyde, sur une île perdue. Noix de coco et plage dorée. Ils vivraient les pieds en éventail comme deux pachas. Sanders retrouve vite ses esprits quand il lui attrape sa main pour lui demander de l'aide. Elle se sent un peu conne sur le moment car elle n'y connaît strictement rien en bateau. « Tu vas y arriver. T’as pas le choix. La caution m’a coûté un rein. » En plus c'était un ordre. Non mais il savait-il au moins à qui il s'adressait? Erin n'est pas du genre à se plier aux règles si facilement. Elias peinait à obtenir quelque chose de sa sœur. La plupart du temps elle l'envoyait sur les roses. « On vit très bien avec un seul rein tu sais ? » Dit-elle non sans sourire. Elle le regarde remonter l'ancre et se perd vite face à la vue. Il est séduisant avec sa chemise entrebâillé. Elle s'en mord la lèvre Sanders. Nel se redresse. Elle fait un petit pas en arrière presque confuse d'avoir osé le mater de la sorte. - Coquine – Une pointe d'euphorie la prend quand le brun lui annonce que se sera elle qui tiendra la barre. Son enthousiasme est débordant. Jamais on ne lui avait proposé une telle chose. En même temps, Erin ne connaissait personne qui possédait un bateau. Face au poste de commande, elle ne sait même pas par quoi commencer. L'envie de toucher à tout lui brûle les doigts. Mais Nel calme bien vite ses ardeurs en venant poser ses mimines sur le volant. Elle le traite de barge d'oser la laisser faire une telle chose. Ça se voit qu'il n'était jamais monté en voiture avec la demoiselle. Disons que sa conduite est maladroite. Tête en l'air, madame oublie l'essentiel, se concentrer sur sa route. La plupart du temps, elle chante à tue-tête en roulant trop vite pour son degré de concentration. L'avantage-là, c'est qu'il n'y a pas grand chose qui lui fera obstacle. Ni même un gamin qui pourrait traverser sans crier gare. « Je crois. Ne me le fais pas regretter, ok ? » Elle glousse en repensant à leur virée à la fête foraine. Des regrets, Nel en avait eu au début mais aujourd'hui elle est sûr qu'il remonterait dans ce manège juste pour être avec elle. « Est-ce que tu as déjà eu des regrets avec moi ? » Erin le regarde fièrement tout en ayant un petit sourire aux coins des lèvres. Elle connaissait plus ou moins la réponse. Mais l'entendre de sa bouche était plus jouissif. Encore faut-il qu'il admette. Monsieur est tellement fier. C'est presque une colle qu'elle vient de lui poser. - Gare à ce que tu dis toi -
Après quelques secondes d'hésitation, Erin attrape la manette pour la pousser vers l'avant. Le voilier se met à avancer timidement. Sa joie ne demande qu'a exploser. Elle sourit tellement que même Miss France peut aller se rhabiller. Le port s'éloigne et c'est tout un océan qui s'offre à elle à perte de vue. L'envie de se taper une pointe la titille. Elle pense pouvoir dépasser le mur du son et les coller au tapis en poussant le levier au maximum. Mais elle est bien vite déçue par les performances de l'engin. Elle lève discrètement les yeux vers Nel et c'est là qu'elle le voit sourire d'un air moqueur. Le bougre. Vexée, la demoiselle lui donne un coup de coude dans les cotes en faisant mine de n'avoir jamais quitté l'océan des yeux. Elle aimait bien se chamailler avec lui. Et ce n'était que le début. Le brun n'en avait pas fini avec elle. Sanders rigole en silence. Puis la sérénité s'empare d'elle. Si bien qu'elle se mette à chanter sans crainte. En général quand elle le fait c'est qu'elle se sent en confiance. Et là c'est totalement le cas. Plus la chanson progresse, plus sa voix s'élève. Ce moment devient encore plus agréable à son goût. En si bonne compagnie comment ne pourrait-il pas l'être ? « Bien capitaine, on a assez frôlé la mort pour ce soir. » Erin prend une mine faussement outrée. « Tu sais qu'a me chercher comme ça tu vas finir par me trouver » Dit-elle en pinçant la langue entre ses dents tout en lui souriant d'un air malicieux. La soirée ne faisait que commencer … « Tu t’en es pas trop mal tirée. » « Ouais c'est ça rattrape toi » Elle est blonde mais pas stupide Sanders. Évidemment qu'elle s'en est bien tirée. Il avait juste envie de la faire chier. Et ça fonctionne du feu de Dieu. Elle le voit libérer la voile de son cordage. Ses gestes sont précis et sûrs. On voit bien qu'il sait ce qu'il fait. Ça a un côté rassurant tout de même. Erin ne voudrait pas finir étaler sur une planche à attendre les secours suite à leur naufrage. Le risque de croiser un iceberg en Australie est quasi nul mais sait-on jamais. « Alors, ça fait quoi de commettre un délit ? À moins que tu aies le permis bateau. » Un délit ? Elle le regarde dubitative « Délit? » Jusqu'à ce qu'il termine sa phrase. Elle n'avait pas vu les choses comme ça. Mais maintenant qu'il lui avait précisé ça avait son petit côté fun. « Que serait Bonnie and Clyde s'ils n'enfreignaient pas un peu les lois ? » Erin lui fait un petit clin d'œil en lui souriant d'un air taquin. C'était amusant. Il y n'avait pas de quoi la coffrer non plus. « Je parie qu’en ce moment même, on met tout en œuvre pour te coffrer à ton retour, Parker. » Et il en rajoute. S'il continue comme ça, il va finir par-dessus bord. « Tu m'aideras à m'enfuir je n'en doute pas » Tout ça n'est que fiction et baliverne.
Le voilier prend son rythme de croisière. Un moment de sérénité s'offre à eux. Nel s'en va s'appuyer sur le garde-fou et ferme ses yeux en savourant la brise qui caresse son visage. Erin en profite pour s'approcher et venir lui offrir un chaste baiser. C'est devenu presque banal et normal de se montrer tendre avec lui. « Tu penses à quoi ? » Murmure telle à son oreille alors qu'il a toujours les yeux clos. Elle laisse volontairement traîner ses lèvres sur sa joue en fermant les yeux à son tour. Cette proximité lui plaisait tellement. Sanders voulait en savourer chaque instant. Doucement elle recule pour se diriger vers la proue du bateau. Ses deux mains agrippent au garde-fou. Elle penche son menton vers l'avant. Les yeux clos, elle affiche un large sourire en prenant une grande aspiration. Tout ça c'est tellement parfait qu'elle a l'impression de vivre un rêve éveillé. « Et si on trinquait ? » Erin se retourne en lui souriant. Nel avait tout prévu, même le champagne. Elle tend la main pour récupérer sa flûte. « Trinquons à … n … à ce premier chapitre » Elle avait eu un moment d'hésitation avant de se raccrocher aux branches extrémiste. Son verre vient s'entrechoquer avec le sien. Elle boit une première gorgée de ce succulent breuvage. Il ne s'était pas foutu de sa gueule. « Hmm ! Délicieux » Sa langue fait un allé simple sur sa lèvre supérieure pour ne perdre aucune saveur. « Tu ne m'a pas dit. Ton cadeau de Noël t'a plu ? Ce n'est pas grand chose mais … j'avais envie de marquer le coup. Ça sera notre petit truc à nous. » C'était un peu un cadeau pour les deux d'ailleurs. Car autant l'un que l'autre pouvait en tirer bénéfice. D'ailleurs elle avait osé un nous alors que juste avant elle n'avait pas eu le courage de le prononcer. « J'ai beaucoup aimé ta lettre. » Elle devient un peu nerveuse en repensant à ce qu'il avait écrit. Mais les paroles d'Adriel viennent prendre le dessus. - Arrête de réfléchir – Elle reprend une gorgée tout en le fixant avec ses émeraudes. « Je n'ai pas envie d'oublier non plus nos moments ensemble. Et j'aimerai même qu'il en ai d'autres ... » Son cœur tambourine dans sa cage thoracique. Nel ne le sait peut-être pas mais elle venait de faire un sacré pas en avant en lui avouant cela. En temps normal elle aurait juste précisé que c'était bien et qu'il y aurait une infime probabilité pour que ça se renouvelle. S'attacher à quelqu'un ça ne faisait pas parti de ses plans. Mais avec cette nouvelle année qui se profile, il se pourrait qu'elle prenne de bonnes résolutions. Du moins, elle essaye
Il avait tenté de la charrier un peu, la jolie blonde. Après tout, c’est ainsi qu’is fonctionnaient ensemble. Ils n’avaient de cesse de se chercher tous les deux. Dernièrement, cela s’était un peu adoucit. Un peu trop, peut-être. Si Caulfield appréciait la tournure des évènements, il avait du mal à lâcher totalement prise. Il craignait de dériver, se heurter à un quelconque obstacle et de finir dans les abysses. Alors certes, d’une certaine manière, on n’est jamais vraiment maître de rien, dans la vie. Vous pourriez traverser la rue et vous faire renverser par un fou furieux. Mais Geo avait ce besoin de réassurance qui le poussait à taquiner Erin. Parce qu’au fond, ce n’était pas seulement eux, qui se cherchaient. Lui aussi se cherchait encore, même à presque cinquante berges. Alors il lui avait dit qu’elle ferait mieux de bien naviguer, car la caution du voilier lui avait coûté un rein. Comme il s’y attendait, la demoiselle répliqua sur le même ton. « Quelle perspicacité. » persiffla-t-il.
L’ancre remontée, l’heure était désormais à la mise en route du moteur. Et comme Geo l’avait souligné, c’est Erin qui s’en chargerait. Comme il s’y attendait, elle fut enchanté par l’idée. Enfin, elle fut enchanté mais un peu inquiète également. Cela ne prenait pas le dessus, mais tout de même. Elle le qualifia de fou, il lui répondit que c’était peut-être en vrai. Quoi qu’il en soit, il ne souhaitait pas avoir à regretter ce choix. Un petit peu de pression supplémentaire pour la douze, s’il vous plaît. Coup de pression qui lui revint bien vite au visage. La question de la demoiselle était sans doute innocente, mais elle provoqua un petit court circuit chez Geo. Est-ce qu’il avait déjà eu des regrets avec elle ? Voyons voir… Se retrouver avec l’estomac dans la gorge à cause d’un stupide manège à sensation pour ensuite renvoyer l'intégralité de son contenu, ça compte ? Jouons franc-jeu, si ce souvenir n’enchantait pas Geo, il avait su se venger derrière. Non, ce qui le faisait bloquer, c’était ses propres choix. Comme cette soirée où il avait dit à Erin de dégager. De ne plus l’approcher. Qu’il était mauvais. Mais qu’est-ce qu’il croyait au juste, en se tenant là, ce soir ? Que tout ceci s’était évaporé ? Il secoua négativement la tête, un semblant de sourire flou faiblement épinglé aux lèvres. Il n’avait pas de regret avec elle. Uniquement vis-à-vis de lui. Il savait qu’il reculait pour mieux sauter. Il avait beau s’efforcer de profiter de cet instant partagé avec sa Bonnie, il savait que tôt ou tard, Clyde finirait seul à nouveau. Mais pour le moment, il ne laissait plus rien paraître. Concentrés sur les manoeuvres d’Erin, il suivait d’un oeil attentif ses faits et gestes. Sans crier gare, elle lui assena un coup de coude directement dans les côtes. Quelle mouche l’avait piquée, encore ? « Tu vas le regretter. » répondit-il. Mais elle n’en ferait pas les frais maintenant. Non, la vengeance est un plat qui se mange froid.
Ainsi, ils finirent par quitter la zone portuaire. La ville s’éloignait lentement, réduisant le port à une tâche lumineuse à l’horizon. La soirée était belle et sans doute dans l’euphorie du moment, Erin se mit à chanter. Elle était radieuse. Geo profita de tout cela l’espace de quelques instants, avant de retirer à Erin sa casquette de capitaine. Voilà qu’elle jouait les Denis la Malice en herbe. La trouver ? C’était un peu fort de café. Qu’avait-il à craindre d’un brin de femme de moins de soixante kilos et un mètre soixante cinq les bras tendus ? Bon, c’était peut-être mentir que de dire ça. Après tout, elle avait une détermination telle qu’elle l’avait fait tourner en bourrique plus d’une fois. « Arrête, je pourrais y croire. » répondit-il du tac au tac. Il ne comptait pas laisser la blonde obtenir le dernier mot. Elle se vengerait probablement à son tour, mais pour l’heure, ils se dirigeaient lentement au large de la mer de corail. Il s’affaira à dénouer le cordage qui maintenait la voile pliée. Une fois que cela fut chose faite, il ne put s’empêcher de revenir à la charge. Erin ne sembla pas comprendre immédiatement ce qu’il entendait par là. Elle avait décidément réponse à tout. « Tu diras ça à ton avocat. » répondit-il, le visage sérieux au possible. S’il voulait que Bonnie y croit, il devait s’en donner un minimum les moyens. « Je serai plutôt du genre à te livrer pour toucher la récompense. » rectifia-t-il. Quoique, pour Bonnie, sans doute ferait-il une exception. Elle n’était pas ordinaire, cette femme.
Lorsque tout fut en place, il prit appui contre le garde-fou. Se laisser flotter était plutôt doux. Pas de bruit ou de pensées parasites. Erin vint se placer à ses côtés, déposa un fugace baiser sur ses lèvres. Il ouvrit un oeil, le referma. « A rien, justement. » souffla-t-il. Pour une fois, il avait l’esprit léger. Il avait rangé dans une boîte toutes ses idées noires, ses angoisses, ses peurs. Pour le moment, tout ce joyeux bordel lui foutait la paix, et c’était vraiment agréable. Des pas feutrés s’éloignèrent doucement. Erin avait rejoint la proue. Geo en profita pour s’éclipser et aller chercher de quoi célébrer dignement ce trente-et-un décembre. Erin accepta sa proposition, proposant un toast. Là, Caulfield lui décocha un furtif regard. Elle avait buté sur le « nous ». Il aurait surement fait la même chose. Après tout, il était encore trop tôt pour cela. Alors Geo se contenta de hocher la tête. Ce premier chapitre, cela lui convenait. Il espérait simplement qu’il aurait l’occasion d’en écrire d’autres avec elle. Mais avait-il le droit de rêver à cela ? Qu’importe. Pas ce soir. Il aurait tout le temps de ruminer en revenant sur la terre ferme. Ce soir, il était libre. Leurs flûtes s’entrechoquèrent en un tintement cristallin. Geo porta le champagne à ses lèvres en même temps qu’Erin. D’ailleurs, elle semblait apprécier. Juste après cela, elle lui demanda si l’apparition du petit carnet rouge lui avait plu. Cette fois-ci, elle ne buta pas sur le « nous ». Un petit laps de temps s‘écoula avant que Geo ne lui réponde. Oui, ça lui avait plu. Parce qu’il allait pouvoir, sans doute, se confier sur plus de choses. Lui parler sans crainte, sans détour. Mais une part de lui continuait de s’inquiéter sur les répercutions de tout cela. Rien à faire. Même en les repoussant, ses craintes revenaient toujours au triple galop. « Je ne suis pas très doué en cadeaux de Noël. Mais… Le tiens sort du lot. » admit-il. Il avait prit son temps pour lire la lettre d’Erin. Il avait prit le temps d’imprimer chaque mot. Avec sa mémoire eidétique, cela n’avait pas été bien laborieux. Au moins, il pourrait la relire quand il le souhaitait, même au milieu de la nuit. Il se demanda alors, en repensant à la lettre, ce qu’il avait bien pu faire pour qu’une telle bénédiction croise sa route.
A son tour, Erin lui avoua avoir beaucoup aimé sa lettre. Il avait ramé pour l’écrire, Geo. Il faut dire qu’il n’avait pas trouvé l’exercice simple, ou courant. Mais c’était ça aussi qu’il aimait chez la blonde. Elle était pleine de surprise et voyait le monde sous un regard aux antipodes du sien. Pas sur tous les plans, mais sur une large majorité. Il repensa à ce qu’il avait écrit. Il avait mit le temps, pour répondre. Et pour cause, ce n’était pas simple de mettre des mots sur ce qu’il ressentait. Ce n’était pas simple non plus de se dévoiler, de briser sa carapace. Mais il avait essayé, juste un peu. Alors il adressa un mince sourire à Erin. Parce que ce carnet était leur passerelle. A cet instant, il se dit que certaines choses étaient faites pour être écrites et non dites. Cela changerait peut-être un jour, mais pour l’heure, il n’avait pas suffisamment de cartes en main. Il retenait toutefois qu’Erin avait aimé sa lettre. Il n’était donc pas impossible qu’elle souhaite passer davantage de temps avec lui. Après tout, elle le lui avait déjà montré ce soir, n’est-ce pas ? Caulfield tentait d’assembler correctement les pièces du puzzle. Il n’était pas très doué, avec tout cela.
Nouvelle gorgée de champagne, nouvelle confidence de la part d'Erin. Geo lui avait sous-entendu, dans sa lettre, le fait qu’il buvait un peu trop, parfois. Enfin, d’ordinaire, il était parfaitement maître de sa consommation. Mais dernièrement, une telle avalanche de ténèbres lui était tombée dessus qu’il s’était laissé submerger par ce flot de pensée. Et par le whisky. Pour elle, il pourrait envisager de lever le pied, pour ne rien oublier des moments partagés. La vérité, c'est que tout cela était bien plus facile à dire qu'à faire. « Et j’aimerai qu’il y en est d’autres », lui avait-elle glissé. Lui aussi, il le voulait. « A tous nos autres moments. » osa-t-il, levant son verre. Il souhaitait lui aussi porter un toast. Il bu une nouvelle gorgée de son champagne. S’il osait, il l’embrasserait. C’était peu dire qu’il en mourrait d’envie, présentement. Il était déjà bien éprit de la jolie blonde. Un baiser supplémentaire y changerait-il quelque chose ? Qu’importe. Il fit un signe de tête à Erin pour qu’elle le suive. A la proue du voilier, ils avaient une vue imprenable sur l’immensité d’un bleue d’ancre qui s’étendait devant eux. Il s’appuya contre le garde-fou, jetant un oeil à la demoiselle. « Parle-moi de toi. » lui souffla-t-il. Il savait qu’elle aimait chanter. Il avait cru comprendre que les relations avec son père étaient délicates. Il savait aussi qu’elle avait un frère et qu’elle faisait partie d’une association caritative. Mais qu’est-ce qu’elle aimait faire le week-end ? Qu’est-ce qui lui remontait le moral à tous les coups ? Il ne savait pas grand chose d’elle. Et ça lui avait suffit, jusque là. Mais à présent, il ne voulait pas simplement être spectateur. Non, il voulait apprendre à la connaître.
Leur complicité évolue. Ils se taquinent. Ils se cherchent à coup pique à coup de regard. Erin n'hésite même plus à planter son coude dans ses côtes quand il la cherche un peu trop. « Tu vas le regretter. » Elle lève les yeux sur lui, les sourcils arqués. Osait-il la menacer ? « Tu comptes me jeter par-dessus bord ? » Son regard se plisse. Comme si ça allait l'aider à lire à travers lui. Mais Nel est une vraie tombe. Il ne laisse rien transparaître. S'en est presque perturbant. Elle tient la barre d'une main de maître. On pourrait presque croire qu'elle a fait ça toute sa vie. Le brun décide de lui rendre sa liberté pour lui permettre de savourer ce voyage d'une autre manière. Mais il ne peut pas s'empêcher de la taquiner encore un peu. À croire que ça lui plaît de la provoquer. Sanders le met en garde en disant qu'il ferait bien de se calmer sinon il pourrait lui arriver des bricoles. Et Dieu sait de quoi elle est capable la blonde. « Arrête, je pourrais y croire. » Elle a un petit sourire au coin des lèvres qui ne présage rien de bon pour lui. Pour l'heure, il s'occupe de dénouer les cordages et de libérer la grande voile blanche de leur embarcation. Erin se surprend encore à l'admirer. Elle a même la chance d'entrevoir son bas-ventre à découvert quand il lève les bras un peu haut pour atteindre le mat. Nerveusement, elle mordille son doigt tout en ayant un sourire coquin. Mais elle dévie très vite son regard lorsqu'il se rapproche.- Mon dieu, elle vient d'avoir un coup de chaud. - « Le ciel est superbe ce soir » Les yeux rivés sur le ciel, elle sourit et se retient de glousser devant tant de bêtise. - Oui parlons en du ciel – Il lui parle d'avocat et de délit. Ça lui passe au dessus Sanders. « Je serai plutôt du genre à te livrer pour toucher la récompense. » Elle roule des yeux en prenant un air hautain. « Mon frère est flic, jamais il laissera sa sœur derrière les barreaux. » Et il fera sûrement la peau à Nel après. Mais elle ne voulait pas trop l'effrayer. Il aura l'occasion de le rencontrer. Et plus tard sera le mieux ! Pas sûr qu'Elias apprécie la blague. Il lui avait déjà fait capoter des flirts alors là … non, elle ne préfère même pas l'imaginer.
Nel s'accorde un petit moment d'apaisement en venant s'appuyer dos au garde-fou. En le voyant, les yeux clos, Erin se mordille la lèvre. L'envie est trop forte pour rester planter là les bras croisés. Elle a envie de papouille avec lui. D'un pas feutré, Sanders s'avance pour lui déposer un chaste baiser sur ses lèvres. Elle aurait pu lui offrir bien plus mais elle lui laisse la possibilité d'être avenant avec elle. Nel semblait s'en priver et c'est bien dommage. Elle le questionne pour savoir ce qui le rend si serein. « A rien, justement. » < T'aurais pu dire que tu pensais à moi et à cette soirée qui se profile > Elle lui tire la langue d'un air taquin puis s'éloigne vers l'avant du bateau. D'ici, la vue est sympa. Elle s'agrippe à la barre pour se pencher vers avant et regarder la coque du bateau fendre les vagues. Ses cheveux se mettent à danser un peu n'importe comment. Nel revient avec deux coupes de champagne. Le moment est parfaitement choisi. Elle trinque en lui souriant. À cette nouvelle année qui s'offre à eux. À ce premier chapitre avec lui. Les bulles lui chatouillent le palais. C'est exquis. Erin lui demande ce qu'il pense de l'idée du carnet. Il avait peut-être trouver ça ringard ou nul. Sanders avait besoin de pouvoir communiquer avec lui. Elle n'avait trouvé que cela. « Je ne suis pas très doué en cadeaux de Noël. Mais… Le tien sort du lot. » Soulagée, Erin affiche un sourire radieux. Elle est ravie de voir que l'idée lui plaît. Adriel avait trouvé ça fun en tout cas. < J'aime sortir du lot > Ajoute telle en lui faisant un clin d'oeil.
Plus son verre descend, plus la demoiselle se livre à lui. Erin ose même lui avouer qu'elle voudrait encore pleins de moments comme celui là avec lui. Chose plutôt surprenante quand on la connaît suffisamment. « A tous nos autres moments. » Ses joues s'enflamment. Elle ravale avant de pencher son verre en direction du sien. Elle n'avait pas l'habitude de tout ça. Elle était comme un poulain à qui il fallait tout apprendre. Mais Dieu que c'était bon et agréable. Nel lui fait signe de le suivre vers la proue du bateau. Elle s'avance alors avec lui en glissant sa main dans son dos. Il vient appuyer contre le garde-fou tout en la fixant. « Parle-moi de toi. » Rien ne lui ferait plus plaisir que de se confier à lui. Encore plus maintenant qu'il est prêt à l'entendre. Erin se positionne face à lui, toujours sa flûte à la main. « Qu'est-ce que tu veux savoir ? » Elle lui sourit puis enchaîne « Je suis né à Brisbane. J'ai un grand frère un peu chiant et trop protecteur. Il a tendance à oublier que je n'ai pas plus quatre ans … C'est ma mère qui nous élever seule. Mon père à foutu le camp alors que je n'étais qu'une gosse. Il a choisi son boulot plutôt que sa famille. J'adore chanter. Mais ça tu le sais déjà. C'est ma manière à moi de m'exprimer. Mon journal intime, se sont mes chansons … J'écris et je chante ce que j'ai sur le cœur. Rare sont ceux qui connaissent mes textes. Seul mon meilleur ami les connaît tous. On chante souvent ensemble. J'ai toujours admiré les chevaux. Mais je n'ai pas eu l'occasion d'apprendre à les monter. Ça coûte un bras. Je n'ai pas les moyens. Je suis encore étudiante dans une école vétérinaire. J'ai fait le choix de soigner ceux qui m'offrent le plus de sincérité et d'amour. D'ailleurs j'ai un chien. Il s'appelle Burton. Il vient du refuge dans lequel je suis bénévole. C'est un amour. » Elle vient chasser ses mèches rebelles de devant ses yeux en le regardant amoureusement. Sa main sur sa joue, elle le fixe en restant quelques secondes silencieuse. « Je me suis interdit d'aimer jusqu'à maintenant parce que ce sentiment me fait peur. » Mais avec lui elle a envie d'essayer malgré ses craintes. Doucement, elle lui caresse le visage avec son pouce. « Et toi ? Parle-moi un peu de toi ?J'ai envie de savoir qui se cache derrière cette carapace » Elle sentait bien qu'il ne se confiait pas totalement. Mais Sanders n'avait pas l'intention de le brusquer. S'il ne voulait pas parler de ça ce soir, ça sera une autre fois. Là, elle voulait profiter pleinement de cette soirée avec lui. Et pourquoi ne pas laisser ressortir ce qu'elle ressent pour lui une bonne fois pour toute.
Bien sûr qu’il aurait pu la jeter par dessus bord. En fait, c’est précisément ce qu’il envisageait. Il n’en avait rien laissé paraître mais en mer, il n’y a pas trente-six façons de se venger. Du moins, Geo avait pensé à la plus évidente d’entres elles, tout comme Erin. Il en serait presque déçu. Qu’importe, tout vient à point à qui sait attendre. Alors il ne lui répondit pas, levant les épaules comme pour éluder la question. Ils tracèrent leur chemin comme ça pendant un moment. Lorsqu’ils furent suffisamment loin du port, Geo entreprit de déployer la voile. La chose faite, c’est une Erin un peu curieuse qu’il retrouva. Le ciel ? Geo leva le regard vers les étoiles. Effectivement, il était plutôt joli. « Hm. » marmonna-t-il dans un énième élan d’éloquence. Lui, ce qu’il trouvait vraiment superbe, c’était la jeune femme qui se tenait à quelques pas de lui. Mais ça, il se garda bien de le dire. Son coeur manqua un battement lorsque, en pleine discussion sur le futur carcéral de la blonde, celle-ci mentionna que son frangin était flic. Fantastique. Non seulement Geo s’était entiché d’une femme qui avait la moitié de son âge, mais en plus, son frère était dans la police. Quel running gag. Il espérait qu’une caméra cachée soit révélée d’un instant l’autre, mais force est de constater que tout ceci était bien vrai. Eh bien Caulfied, tu t’es encore foutu dans un beau merdier. « Dans ce cas… » commença-t-il. Il ne savait quoi répondre à ça. Peut-être parce qu’au fond, il n’y avait rien à répondre.
C’était le genre de rappel dont il se serait bien passé. Le genre qui lui disait gentiment qu’il n’avait rien à faire avec Bonnie. Qu’il en ferait les frais tôt ou tard. Reposant sur le garde-fou, il laissa aller ses pensées pour se vider l’esprit. Cela fonctionna plutôt bien. Un baiser lui fit ouvrir un oeil. Erin se demandait à quoi il pouvait bien penser. La réponse sembla ne pas être celle qu’elle attendait. Cela eut au moins le mérite d’amuser Caulfield. « Erin, Erin… » murmura-t-il en se redressant alors qu’elle avait tourné les talons. Elle se dirigea vers la proue d’une démarche féline, regardant par-dessus bord. Geo en profita pour s’éclipser et en revenant, ils trinquèrent. Plus précisément, ils trinquèrent à tous leurs autres moments. Il voulait y croire. Il y aurait un lendemain. Ceci en partie grâce au carnet rouge d’Erin. Il leur permettait de se confier, d’apprendre à se connaître, sans avoir à parler ou à se voir. Non pas qu’il n’appréciait pas la compagnie de Bonnie, bien sûr. Toutefois, certaines choses étaient, pour le moment, plus simple à écrire qu’à formuler à haute voix.
Ce soir, il voulait en apprendre plus sur elle. C’est pourquoi, alors que leurs verres diminuaient lentement, il lui posa ouvertement la question. Elle se prêta au jeu, demandant ce qu’il désirait apprendre. Là, Geo haussa les épaules. Qu’importe, tout et n’importe quoi. Ce qu’elle aimait, ce qu’elle détestait. Sa couleur préféré ou le nom de son chat. Elle se posa une seconde et enchaîna. Geo tourna son visage vers le sien, l’écoutant attentivement. Il apprit ainsi qu’elle était née à Brisbane et qu’elle y avait grandi avec son frère et sa mère. Son père, comme Geo s’en doutait, ce n’était pas la même chanson. Il l’avait entrevu, ce fameux soir où il s’étaient retrouvés coincés sous le labyrinthe de maïs. Ce soir là aussi, elle avait parlé de ses chansons. Alors Geo ne fut pas vraiment surpris lorsqu’elle lui avoua que le chant, c’était plus qu’une passion pour elle. C’était son catalyseur, la pièce clé qui lui permettait de ne pas céder à la décadence du monde. Elle lui parla aussi de son meilleur ami, de son attrait pour le monde hippique. Lorsqu’elle lui avoua qu’elle était apprentie vétérinaire, Geo n’y vit nulle surprise. D’autant plus lorsqu’elle ajouta que les bêtes étaient plus honnêtes que les Hommes. Ah, la revoilà, cette vile pique. Sournoise, elle se glissait insidieusement dans l’esprit de Geo. S’il parvenait simplement à l’en dégager ce soir, par la simple présence d’Erin, il y avait fort à parier qu’elle ne le lâcherait pas de si tôt. Elle termina en parlant de son chien, Burton. Curieusement, Geo l’imaginait plutôt avec un chat. Essaye encore, Caulfield.
D’un geste tendre, elle posa sa main sur sa joue. Ce geste pouvait sembler anodin, mais pour notre homme, ce n’était pas monnaie courante. D’autant plus en prenant en considération les derniers mots de la blonde. Elle avouait timidement qu’elle l’aimait. Là, ce n’était pas de lui, dont il souhaitait lui parler. Non, il aurait préféré lui dire que lui aussi, il avait peur. Une peur qui le prenait aux tripes, semblable à une infection et qui, à mesure que la contamination s’élevait, s’insinuait dans chaque recoin de son corps, paralysait ses mains, ses lèvres, son souffle. Comme une houle incessante, ses peurs affluaient et se fracassaient dans son corps. Aucun brise-lame n’aurait su y mettre fin. Il aurait préféré parler encore d’elle, de ses chansons, de Burton, plutôt que de parler de lui. Mais il se devait de lui apporter quelques réponses. De briser un peu cette carapace, comme le soulignait justement la belle Bonnie. Il pinça ses lèvres, tiraillé par l’envie de s’allumer une cigarette, comme si cela pouvait l’aider à organiser ce fouillis monstrueux qu’il avait dans sa caboche. « Te parler de moi… » commença-t-il. Il marqua une pause. Pas de mensonge, c’était certain. Mais il ne se voyait pas lui avouer qu’il était le chauffeur du Club pour autant. « Je suis né à Bandon, dans l’Oregon. J’ai grandi au bord de la mer, mon père était pêcheur. Ma mère était infirmière à l’hôpital de la ville. J’adore la mer. Je finirais surement mes jours là-bas. Je suis fils unique. Mon père… » il s’interrompit. Il réalisait qu’il n’avait parlé de ceci qu’à son meilleur ami, Andrew, il y a des années. « Il nous a quitté quand j’étais gosse. J’avais six ans. Mes parents se sont disputés, je me suis brûlé le bras, on a filé à l’hôpital avec ma mère. A notre retour, il n’était plus là.» Nouvelle pause, le temps d'ordonner son esprit. « J’étais un excellent élève. Avoir une mémoire eidétique, ça aide. En gros, je suis capable de me souvenir parfaitement de certaines choses. Mon point fort, c’est la cartographie. » Il s’interrompit à nouveau. C’était pour ça qu’il avait vite été surnommé « Geo ». Ce surnom ne l’avait plus quitté depuis. En même temps, dans le milieu criminel, mieux vaut ne pas toujours révéler sa véritable identité. « Je sais, il y a surement mieux que de connaître le fonctionnement de tout une ville à la seconde près. Bref. J’adore conduire, les voitures, les motos. J’ai fait quelques courses, pas toujours vraiment légales. Ca m’a aussi amené à voyage un peu partout dans le monde. Je suis arrivé à Brisbane cette année, en Juillet. Je n’ai pas de chien, pas de chat. J’habite une maison, pas très loin de la côte. Surprenant, hein ? » Un mince rictus étira ses lèvres. Il termina son verre, le posa à côté de lui. « Concernant mon emploi… Je t’avais expliqué que ce n’était pas vraiment simple. Ce n’est pas quelque chose que je peux dire librement. » souffla-t-il. Il se remémorait cette soirée, non loin du pub, où ils étaient vite monté dans les tours, tous les deux. Il se tourna vers Erin, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. Son sourire s’estompa.
« J’ai toujours fait le choix de rester seul. Ma vie n’est pas compatible avec une véritable relation. » à nouveau, il s’interrompit. Il buta sur ses propres paroles. Il réalisait qu’il venait à son tour d’avouer que ce qu’il y avait entre eux, ce n’était pas qu’un jeu. Mais comment diable était-il censé s’y prendre ? Il ne pouvait pas sortir librement qu’il était le chauffeur d’un gang de la ville, après tout. « Ce n’est pas vraiment le genre d’emploi qui ravirait ton frère. » avoua-t-il. Il espérait au fond que Bonnie se contenterait de cette réponse, au moins pour ce soir. Il craignait de l’avoir effrayée, sa petite musaraigne. « Je ne te ferai aucun mal. » souffla-t-il. Je n’ai pas envie de te mentir. Je n’ai pas envie de te perdre. se dit-il. S’il baignait dans la criminalité, il était toutefois loin d’être un gangster de série télévisée. Mais qu’allait bien pouvoir imaginer Erin ? Il n’en savait rien. En avait-il trop dit ? Voilà qu’à son tour, il prenait peur. Qui était l’ours et qui était la musaraigne, à présent ?
Erin se surprend à trouver le brun de plus en plus attirant. Son regard change. Et ses joues s'enflamment aussi. Elle avait manqué de peu de se faire surprendre. La demoiselle tente une feinte en parlant de la beauté du ciel. Elle lève donc les yeux et essaye de retenir son sourire. Sanders est radieuse ce soir. Elle a les yeux qui pétillent, le cœur qui palpite. Son matelot l'embellit un peu plus à chaque minute qu'elle passe à ses côtés. Jamais elle ne s'était sentie si bien en compagnie d'un homme. Il la comble d'une certaine manière. Pour changer, Nel la taquine en disant qu'il la balancera aux flics pour avoir sa récompense. Mais il était loin de se douter que le frère de madame faisait partit du poulailler. S'en est presque jouissif pour la blonde. « Dans ce cas… » Elle le regarde et pouffe de rire en voyant la mine défaite du brun. Il semblait au bout de sa vie. Sanders s'approche alors de lui pour lui pincer la joue affectueusement « T'en fais pas. C'est moi qui le mène à la baguette. Il ne posera pas ses sales pattes sur toi. Et il ferait n'importe quoi pour ne pas perdre sa petite sœur chérie. » Erin l'avait déjà menacé de quitter l'appartement. Et Elias flippait à chaque fois qu'elle parte. Elle est bien consciente que cette colocation c'est juste une excuse pour garder un œil sur elle. Il a toujours était très protecteur avec elle. Encore plus quand leur patriarche s'est volatilisé. Cette idylle avec Nel va faire sûrement faire jaser. Encore une épreuve qu'ils devront surmonter à deux. Erin n'a pas l'intention de baisser les bras. Plus elle passait du temps avec lui, plus elle se sentait forte, voir invincible. On dit que l'amour donne des ailes. Elle veut voler avec lui Sanders.
Nel s'accoude sur le garde-fou en fermant les yeux. Elle lui vole un baiser avant de lui chuchoter à l'oreille. « Erin, Erin… » Qu'il répond pour se rattraper. Elle s'éloigne et se retourne en lui souriant. « Nel, Nel ... » Rétorque Erin d'un ton enjoué. Elle était fière de connaître son prénom. D'ailleurs, elle ne l'avait révélé à personne. Comme si c'était un secret d'état. Le brun ne tarde pas à la rejoindre avec deux coupes de champagne à la main. Ils trinquent et c'est le moment des confidences qui commence. Il lui demande de se confier. Erin ne sait pas trop par quoi commencer puis finalement tout s'enchaîne. Elle lui parle de ce père absent, de son frère trop envahissant. Puis de son amour pour la musique, son admiration pour les chevaux. Naturellement, elle parle de sa passion pour les animaux et de son futur métier. Pour finir par Burton, son nouveau compagnon. Il y a encore énormément de choses à dire. Mais Nel aura l'occasion de le découvrir de lui-même plus tard. En toute logique, Erin lui retourne la question. Elle aussi voulait en apprendre d'avantage sur lui. « Te parler de moi… » Le brun semble un peu hésitant. Sanders vient alors glisser sa main dans la sienne en laissant ses doigts s'entrelacer avec les siens. Une manière à elle de lui donner le courage de se confier. « Je suis né à Bandon, dans l’Oregon. J’ai grandi au bord de la mer, mon père était pêcheur. Ma mère était infirmière à l’hôpital de la ville. J’adore la mer. Je finirais sûrement mes jours là-bas. Je suis fils unique. Mon père… » Il parlait de déjà de repartir... Elle avait envie de croire qu'il l'amènera peut-être avec elle. La vie sans lui semblait de moins en moins envisageable à ses yeux. La mer est un élément important dans sa vie. Un peu comme elle est le chant. Elle le voit marquer une pause quand il évoque son père. Erin se pince les lèvres et lui caresse le dos de sa main avec son pouce. Elle a le pressentiment que c'est un sujet compliqué pour lui aussi … « Il nous a quittées quand j’étais gosse. J’avais six ans. Mes parents se sont disputés, je me suis brûlé le bras, on a filé à l’hôpital avec ma mère. À notre retour, il n’était plus là.» Encore un lâche… Un abrutis qui n'est pas capable d'assumer son rôle de père. Il était donc bien placé pour comprendre ce qu'elle avait vécue. Ils avaient ce malheureux point un commun. « J’étais un excellent élève. Avoir une mémoire eidétique, ça aide. En gros, je suis capable de me souvenir parfaitement de certaines choses. Mon point fort, c’est la cartographie. » Sanders n'en a jamais douté. Nel avait la tête sur les épaules. Il parlait bien. Pour ce qui est du sens de l'orientation c'est une autre histoire. La bonde n'a jamais su lire une carte. L'avantage c'est qu'avec lui elle ne se perdra pas, si ce n'est dans ses bras … « Je sais, il y a sûrement mieux que de connaître le fonctionnement de toute une ville à la seconde près. Bref. J’adore conduire, les voitures, les motos. J’ai fait quelques courses, pas toujours vraiment légales. Ca m’a aussi amené à voyage un peu partout dans le monde. Je suis arrivé à Brisbane cette année, en Juillet. Je n’ai pas de chien, pas de chat. J’habite une maison, pas très loin de la côte. Surprenant, hein ? » Nel ne lui donnait pas l'adresse mais elle savait maintenant qu'il habitait proche de la mer dans une petite maison. Pour ce qui est de ses courses illégales, elle mettra ça sur le coup des erreurs de jeunesse. « Au moins je sais qu'avec toi je me perdrais pas. Je n'ai jamais su m'orienter. » Elle arrivait à se perdre dans les rues de Brisbane alors bon … « Une maison pas loin de côte ? Hmmm.... » Un jour il l'invitera peut-être. Il l'aura son chien à défaut d'avoir le chat. « Concernant mon emploi… Je t’avais expliqué que ce n’était pas vraiment simple. Ce n’est pas quelque chose que je peux dire librement. » Il vient lui replacer une mèche de cheveux derrière l'oreille. Il perd son sourire mais elle retrouve le sien nerveusement. « Je vais finir par croire que tu es un agent secret. » Erin a un léger rictus. Sur le moment elle ne savait pas si elle devait trouver ça amusant ou au contraire inquiétant. « J’ai toujours fait le choix de rester seul. Ma vie n’est pas compatible avec une véritable relation. » Sa main se resserre sur la sienne. Il était hors de question pour elle de renoncer à tout ça. « Et si on s'en donner les moyens ? Moi aussi j'avais fait le choix de rester seule avant de te connaître … » Nel est le premier pour qui elle a envie de se laisser perdre dans les sentiments. C'est nouveau et effrayant à la fois. Mais dans la vie on a rien sans rien. « Ce n’est pas vraiment le genre d’emploi qui ravirait ton frère. » Elle plisse légèrement les yeux en le fixant. Que diable cachait-il ?! « Nan mais je te rassure. Même si tu étais le grand directeur de l'Interlude il trouverait que c'est pas assez bien. Et je m'en fous un peu de ce qu'il pourrait penser. Il n'a plus son mot à dire. » Et cette fois, Sanders avait bien l'intention de défendre son « couple » contre vents et marées. Surtout contre le tsunami qui se prépare. « Je ne te ferai aucun mal. » Ses émeraudes se plantent dans ses yeux océan. Elle s'agrippe à sa chemise tout en le fixant. Son verre termine à coté du sien. « Je n'en ai jamais douté Nel. » Elle se rapproche pour venir ensuite se retrouver à quelques millimètres de son visage. « Je suis prête à tout affronter pour être avec toi » Leurs souffles se mélangent. Sa main glisse sous sa chemise pour une caresse. Ses lèvres finissent par se déposer sur les siennes pour un tendre baiser. Sa bouche se presse un peu plus sur la sienne tandis que sa langue se fraye un chemin pour venir danser avec la sienne. C'est divin et très agréable. Sa main remonte le long de ses pectoraux. Elle sent les battements de son cœur s’emballer sous sa main. Chose qui la fait sourire. Elle recule son visage tout en conservant cette proximité. « On t'as déjà dit que tu embrasser divinement bien ? » Erin lui sourit avec tendresse avant d'attraper sa lèvre inférieure avec ses dents pour ensuite chevaucher ses lèvres de nouveau avec plus de sensualité. « J'ai envie de me baigner » Qu'elle murmure entre deux baisers. Elle relâche son étreinte en souriant malicieusement. Elle aurait pu prolonger ce baiser toute la soirée mais elle sentait le feu monter en elle. Il fallait qu'elle fasse redescendre la température sinon … ça pourrait faire des ravages. Erin s'approche des commandes mais elle n'ose pas vraiment y toucher de peur de mal faire. Prise au piège, elle regarde Nel en se mordillant la lèvre. Si elle rapproche de lui à nouveau elle n'est pas sûr de pouvoir se contenir. Elle se penche hors du bateau pour effleurer l'eau du bout des doigts mais la coque est trop haute, l'océan trop bas. L'envie de se jeter à l'eau était très forte. Elle avait surtout envie de fuir avant de se jeter sur lui pour une étreinte qui sera forcément plus endiablé que toutes les précédentes. Elle en avait très envie mais en même temps ça l'effrayait.
Elle pouvait bien chercher à rassurer Geo, Erin. Mais Il n’aimait pas particulièrement la flicaille, quoi qu’elle dise, même si celui-ci était son frère. Il n’avait pas vraiment eu de déboires avec eux, encore moins à Brisbane. Mais Geo était de ceux qui, en leur présence, rasait les murs. Le genre de personne invisible, qui disparaît avant même d’être vue. Enfin, d’ordinaire, du moins. Ces derniers temps, il jouait avec le feu, Caulfield. Et à trop jouer, on finit par se brûler. Et puis, surtout, il y avait le Club. Un excès de vitesse, c’était de la rigolade à côté de tout ça. Il se devait de préserver Erin de tout ça. Il se devait de s’en préserver aussi. Si la belle blonde ne faisait qu’entrevoir tout cela, il y avait fort à parier qu’elle filerait en un instant. Et comment lui en vouloir ? Geo ne répondit pas. Il ne fit que hocher la tête, comme s’il approuvait ses dires. Il ne pouvait rien ajouter. C’était bien trop tôt pour cela.
Heureusement, la demoiselle revint vite sur le devant de la scène. Geo lui demanda de lui parler d’elle. N’importe quoi, pourvu que ce soit elle. Elle se prêta au jeu et évidemment, elle lui retourna la question. C’était de bonne guerre. Et puis, cela ne dérangea pas Caulfield tant que ça. Il réalisait doucement qu’à ses côtés, si certaines choses étaient plus complexes, d’autres devenaient plus simples. Mais aussi, il y avait une certaine libération. Lorsque Erin lui avait demandé son prénom, il lui avait répondu « Nel ». Il avait hésité, bien sûr. D’une part parce qu’il n’avait jamais révélé sa véritable identité par sécurité. Il était intraçable, ou presque. Après tout, lorsqu’on veut, on peut, il paraît. Mais surtout, il s’y était tant et tant habitué qu’aujourd’hui, il était devenu Geo Caulfield. Au fil du temps, la place laissée à Nel était de plus en plus étriquée. En trois lettres, Erin lui avait rendu un peu de place. La libération qu’il avait alors ressenti était indéfinissable. Le sentiment laissé était nouveau mais appréciable. Geo en voulait davantage. Alors en s’ouvrant un peu ce soir, il avait retrouvé un peu de ce sentiment. Bien entendu, il se bridait dans ses propos, délibérément. Leur protection à l’un et à l’autre revenait sans arrêt sur le tapis. Mais le peu qu’il partagea, il le fit sans artifices. La légèreté des propos d’Erin ne fit qu’accentuer son soulagement. Cette petite était vraiment la bouffée d’air frais dont il avait besoin. Plus que ça, elle était un second souffle.
« J’ai bien vu ça, lorsque tu m’as embarqué dans ce labyrinthe. Dire que je pensais que c’était à cause de l’alcool… J’aurais peut-être dû te laisser aux griffes de ce clown. » siffla-t-il, taquin. Il la revoyait encore tétanisée face à l’acteur du labyrinthe. Il avait un peu joué avec ses limites, puisqu’elle avait joué avec les siennes. Elle s’était retrouvée pétrifiée sur place. Elle releva ensuite que sa maison se trouvait non loin de la côte. Elle sembla pensive, soudainement. « Elle n’est pas très grande. Je ne sais pas si tu apprécierais la déco. Mais j’ai du bon café. Peut-être que tu pourrais venir me donner ton avis, un de ces jours. » lança-t-il, un peu timidement. Il avait lâché son regard. Certaines choses étaient simples à dire. Pour d’autres, il valait mieux les écrire. Entre les deux, il y avait les paroles un peu hésitantes, celles qui font détourner le regard et allument un feu dans les tripes. Sa dernière phrase était l’une de celles-ci. « Je veux te revoir » traduisait-elle.
Geo toussota pour se redonner une contenance. Il dévoilait quelques informations sur sa vie professionnelle. Erin lança qu’elle finirait par le prendre par un agent secret. Ah, si seulement. Eux au moins jouent du côté lumineux de la Force, n’est-ce pas ? « D’où penses-tu que je tire ce magnifique costume ? » Répondit-il, tentant une pointe d’humour. Bon, à ceci près que sa chemise était froissée et que son pantalon n’avait rien d’extraordinaire. C’était un banal pantalon noir. A côté d’Erin qui était finement apprêtée, il faisait presque tâche. Le ton redevint sérieux lorsqu’il évoqua les amours. Evidemment, impossible de parler boulot sans faire le parallèle avec sa vie sentimentale. Celle-ci était terriblement bancale. Il courait après la compagnie des dames pour remplir ce vide qu’il ressentait. Force est de constater que cela ne fonctionnait pas vraiment. Il s’était fait une raison, au fil du temps. Il avait finit par comprendre qu’il resterait seul, et on lui avait assez fait remarquer. Geo repensa alors aux mots d’Andrew. Ceux qu’il avait tenu il y a quelques semaines, au début de ce merdier innommable. « Tu n’as pas d’enfants, et tu n’en auras probablement jamais si tu trahis les gens comme tu viens de le faire avec moi » Ah pour sûr, il n’avait pas mâché ses mots, Andrew. Et il avait raison. Le mensonge appelait le mensonge. La vie de couple et de famille, il ne pouvait pas y prétendre, Caulfield. Pourtant, il s’y accrochait. Parce que la blonde, aussi fou que cela pouvait paraître, lui donnait envie de croire que quelqu’un pouvait l’aimer. Elle lui donnait envie de croire en quelque chose. Quel que soit le temps que cela durerait, il savait que ce qu’il recevrait serait inestimable. Il le voyait déjà, aujourd’hui. Alors lorsque Bonnie évoqua qu’ils pouvaient s’en donner les moyens, son regard croisa de nouveau le sien. Il le voulait, irrémédiablement.
Il craignait de ne pas être assez jeune, pas être assez bon, pas être assez bien pour elle. Elle balayait chacune de ses suppositions aussi vite qu’il les formulait. Elle était déterminée. Rien, pas même son frère, ne l’empêcherait de poursuivre son aventure à ses côtés. Cela le ravissait, Geo. Il ne demandait que ça. « Il n’a plus son mot à dire. » conclut-elle. Tacitement, la jeune femme venait d’acter leurs propos, leur relation, quelle qu’elle soit, aussi fragile et jeune soit-elle. S’il n’ajouta rien à ce sujet, les paroles de sa belle étaient ancrées en lui. « Il n’a plus son mot à dire. »
Comme un idiot, il lui lança qu’il ne lui ferait jamais de mal. Son intention, en disant cela, était de la rassurer. Il avait conscience que ses révélations pouvaient être un peu froides. Mais évidemment, comme souvent avec Erin, les paroles qu’il pensait prenaient une tout autre tournure dès lors qu’elles franchissaient ses lèvres. Il le regretta instantanément. Par on ne sait quel miracle, Erin ne sembla pas buter là-dessus. Au contraire, elle le rassura sur le sujet. Elle n’en doutait pas. Comme elle se rapprochait de lui, Geo plaça sa main sur son bras, le caressant doucement. Avant qu’elle ne l’embrasse à nouveau, elle lui glissa qu’elle serait prête à tout affronter pour être avec lui. Geo sentait l’air devenir plus chaud, presque palpable, comme si on l’entourait de coton. Il souhaitait que cet instant dure toujours. La main d’Erin glissa sur son torse. Le contact de sa peau sur la sienne l’électrisa. Un frisson lui parcouru l’échine. Elle termina sa course contre son coeur. C’était comme s’il se retrouvait dans une bulle. Protectrice, hors du temps, avec Erin pour seule compagnie. Il la sentit sourire contre ses lèvres. Il sourit légèrement, par mimétisme. « Quoi ? » demanda-t-il. Elle lui demanda si on lui avait déjà dit qu’il embrassait divinement bien. « Attend… » il fit mine de réfléchir. Il ne pu garder son sérieux bien longtemps. « Laisse-moi réfléchir. » ajouta-t-il à mi-voix, sa main sur sa joue pour mieux apprécier le baiser qu’il lui donnait. Après un instant, Erin décréta qu’elle souhaitait se baigner. Il n’en fallut pas davantage pour qu’un sourire malicieux s’épingle sur les lèvres de Caulfield. « On devrait pouvoir arranger ça. » Il la regarda s’éloigner vers le tableau de bord. Elle revint presque aussi vite qu’elle était partie. Visiblement, elle avait besoin d’un coup de main. Elle se mordit la lèvre, Geo réfréna un nouveau sourire de malice. Cette jeune femme l’attirait et l’amusait irrésistiblement. Elle était à la fois sa proie et la chose la plus fragile au monde, tant et si bien qu’il craignait de la briser. A quoi jouait-elle, à se pencher de la sorte par-dessus bord ? Il s’approcha d’elle, la saisissant par la taille pour qu’elle descende. « A quoi tu joues, au juste ? » Lança-t-il en tapant son index sur son nez. Sans même attendre sa réponse, il s’éloigna vers les commandes. Il mit le bateau au point mort, coupa le contact. Il largua l’ancre et s’assura qu’elle était convenablement placée avant de revenir vers Erin. « Tu veux te baigner, c’est ça ? » Répéta-t-il, se mettant à sa hauteur pour la fixer des les yeux. Les siens pétillaient d'avance en pensant au tour qu’il allait lui faire. Un sourire joueur étira sa bouche pour dessiner un sourire en coin malicieux. Il fit lentement le tour de la jeune femme, déplaçant ses cheveux sur son épaule. Il aurait pu couvrir sa peau délicate de baisers, en embrasser la moindre partie. Il pinça ses lèvres, se rassérénant. Il posa ses mains sur sa taille. « Alors, allons-y. » Murmura-t-il à son oreille. Il la souleva et en un geste, il la bascula dans ses bras. Voilà qu’elle se retrouvait le ventre contre son épaule, à voler comme un oiseau. Il ricana, se déplaçant sur le pont. Il ne se priva pas de tourner quelques fois sur lui-même. Un rire le prit lorsqu’il leva ses yeux sur la belle blonde. Il pinça ses lèvres puis se rapprocha de la balustrade. Il mima de basculer en avant. « Tu plonges ? » Il revint sur ses pas pour qu’ils s’éloignent tous deux du bord… Avant de s’en approcher et de répéter l’opération à nouveau. Il riait de bon coeur. Il se sentait libre et léger. Lorsqu’il jugea que la demoiselle en eu avait suffisamment, ou plutôt, pour éviter qu’elle ne fasse une syncope, il la reposa sur le pont. Une lueur de défi étincelait dans son regard. Il en voulait plus. Jouer avec elle était bien trop tentant pour ne pas succomber. Il fit un pas en arrière, puis deux, trois. Plus il reculait, plus il se rapprochait de la poupe. Lentement, sans quitter la belle blonde des yeux. Sans crier gare, il pressa le pas et se mit à courir vers la cabine. Il dévala les quelques marches, éclairées au sol par des spots. Il se glissa à l’intérieur, persuadé que d’ici quelques instants, la jeune blonde le rattraperait. Alors il resta patiemment caché derrière la porte, guettant des bruits de pas.
Cette croisière prenait des airs de doux rêves. À peine croyable et pourtant. Erin sentait l’embrun se déposer sur les pores de sa peau. Ses lèvres avaient une saveur un peu salée. Plusieurs éléments étaient là pour lui rappeler qu’elle ne rêvait pas. Nel n’était plus ce mirage hors d’atteinte. Elle n’avait qu’a tendre la main pour se rassurer que ce n’est pas son imagination qui lui jouait des tours. « J’ai bien vu ça, lorsque tu m’as embarqué dans ce labyrinthe. Dire que je pensais que c’était à cause de l’alcool… J’aurais peut-être dû te laisser aux griffes de ce clown. » Il avait cette manière très subtile de la faire sortir de ses gonds. À croire qu’il jubilait de la voir réagir du tac au tac. Elle avait une peur bleue des clowns. Ça l’a toujours fait flipper. Gamine, elle pleurait à chaude larme quand elle en croisait un. Longtemps, elle a refusait d’aller chez l’oncle Ronald pour manger un burger. C’était un peu pénible. Surtout pour son grand frère qui lui rêvait de frites et de mal bouffe. Lors d’une fête de rue, un homme déguisé avait voulu lui offrir un ballon. La gamine lui avait écrasé le pied violemment avant de crever son ballon et crier très fort. Elias avait aussitôt placé sa main devant sa bouche pour la faire taire avant de la porter de force comme un sac vulgaire sac à patates. Erin balançait ses pieds dans le vide en gueulant pour qu’il la lâche. Il n’y a donc rien d’étonnant qu’elle le fixe avec ce regard de tueuse en série. « T’es vraiment vilain ! » Elle prend une mine boudeuse en faisant mine d’éviter son regard. Trop fière. « Tu m’aurais laissé avec ce clown je ne serais pas là ce soir. Je n’aurai pas insisté pour rester sur ta moto, on n’aurait jamais eu cette soirée. Estime toi heureux en fait » Ouais parce que finalement tout ça c’est un peu grâce à elle. C’est aussi grâce à ce carnet qu’ils étaient réunis sur ce bateau ce soir. Il lui parle de cette maison qui borde la côte. Elle est curieuse Sanders. Elle aimerait lui quémander une invitation. Mais elle reste évasive sur ce point. « Elle n’est pas très grande. Je ne sais pas si tu apprécierais la déco. Mais j’ai du bon café. Peut-être que tu pourrais venir me donner ton avis, un de ces jours. » On ne dit pas non à un bon café. C’est surtout la bonne excuse pour s’incruster chez lui et s’immiscer un peu plus dans sa vie. « Peut-être bien que j’aie envie de goûter à ce succulent café » Et pas qu’un peu ! Réponds telle d’une voix presque féline. Regard séducteur, elle lui sourit subtilement en laissant entrevoir ses fossettes. Pas sûr qu'elle parle réellement du café ...
Nel reste évasif sur son métier. À chaque fois, il tourne autour du pot sans vraiment lui dévoiler quoi que se soit. À croire que c’est un secret d’état. Elle insinue même que c’est un agent du FBI avec un brin d’humour. « D’où penses-tu que je tire ce magnifique costume ? » La blonde se mordille la lèvre tout en lui en poignant le col de sa chemise pour l’attirer vers elle. « Je vous trouve très séduisant Clyde » Erin profite de cette proximité pour souffler sur le visage du brun et chasser ses cheveux indomptables. Il lui cachait ses yeux perçant et ça l’agaçait un peu Sanders. Un jour, elle va lui faire une couette ou un truc du genre. Elle est sûre qu’il appréciera. Plus sérieusement, Erin s’engage dans une conversation qu’elle n’a jamais eu avec aucun homme. Pour la première fois de sa vie, l’étudiante parlait d’engagement. Du moins, elle se disait prête à tenter quelque chose avec lui. Avec ses mots à elle, Erin lui confiait timidement son cœur. Leurs regards se croisent pour conclure qu’ils tombent d'accord sur ce point encore fragile et pourtant déjà si présent. L’avis de son frère n’aura aucune incidence sur leur relation. Erin est déterminée à protéger bec et ongle leur union encore toute fraîche. Elle sait que ça sera compliqué … Elle sait qu’elle devra traverser des tempêtes pour faire accepter cette idylle à son entourage. Pour le moment, elle voulait profiter de cette soirée avec lui. La confrontation a encore le temps de venir.
L’envie de l’embrasser se fait trop forte. Ils parlent ils parlent, mais là, l’étudiante avait envie de consommer ce fruit défendu. Elle est jeune. Son corps bouillonne d’envie. La chemise du brun est un peu débrayée. Si bien qu’elle laisse entrevoir son torse qu’elle n’a encore jamais vu à découvert. Il lui tarde de voir la bête. En attendant, elle se contente d’approcher et de s’emparer de ses lèvres pour l’embrasser une première fois avec tendresse. Dans un murmure elle lui avoue qu’elle est prête à tout affronter pour lui. Sa main se faufile sous sa chemise. Sentir sa peau sous ses doigts, c’est déjà très enivrant. Elle revient à la charge mais cette fois le baiser se fait plus langoureux, plus … sauvage. Leurs langues s'entremêlent pour un ballet-pantomime. Ils écrivent l’histoire avec leur danse enivrante. Entre deux coups de langue, elle lui souffle qu’il embrasse divinement bien. « Quoi ? » Il sourit à son tour sans lâcher ses lèvres. « Attends… » Erin sourit d’avantage en venant se caler un peu plus contre lui. Elle avait envie de fondre dans ses bras et ne faire qu’un avec lui. « Laisse-moi réfléchir. »La chaleur de sa main vient rejoindre sa joue. La sienne caresse tendrement la nuque de son séducteur. « Ne réfléchis pas trop je pourrais me montrer impatiente » Qu’elle chuchote. Son cœur palpite. Son souffle devient tout juste suffisant. Sa main se perd sur ses pectoraux qu’elle pince pour s'agripper un peu plus à lui. La température monte d’un cran. Elle n’est pourtant pas très habillée, mais là, Erin à l'impression d’étouffer. D’ailleurs elle propose l’air de rien d’aller piquer une tête. « On devrait pouvoir arranger ça. » L’étudiante se détache bien vite avant de devoir lui arracher sa chemise et de faire quelque chose qu’elle pourrait regretter. Ou pas … Instinctivement, Erin s’approche du poste de conduite comme si elle allait maîtriser l’arrêt de l’engin. Mais quand elle se retrouve face aux commandes, elle se sent vite inutile. Nel la regarde d’un air presque moqueur. « Fait pas le malin » Elle grimace en plissant son nez tout en le fixant. Puis elle s’avance vers le bord. La main tendue, elle aimerait effleurer la mer du bout des doigts; juste pour le plaisir de sentir la fraîcheur de l’eau sur sa peau.« A quoi tu joues, au juste ? » Il l’agrippe pas la taille pour la redresser. « Mais ! » Pas le temps de finir d’en rajouter, voilà qu’il pose son index sur le bout de son nez. Elle le regarde avec tendresse tout en lui souriant. De suite il s’éloigne en direction des commandes. Dans un enchaînement rapide, Nel coupe le moteur, jette l’ancre et revient vers elle d’un pas déterminé. « Tu veux te baigner, c’est ça ? » Elle le regarde en arquant un sourcil. Cette question ne lui dit rien qui vaille. « Hm…oui… » Qu’elle répond un poil hésitante. Nel s’avance dans sa direction. Il fait le tour. Se place prés d’elle pour lui dégager les cheveux de son épaule. L’étudiante frissonne. Elle s’imagine qu’il va lui ôter sa robe ou l’enrober de ses baisers délicieux. « Alors, allons-y. » Mais elle redescend vite sur terre, ou plutôt elle la quitte lorsqu’il la bascule vulgairement sur l’épaule. « QU’EST CE QUE TU FAIIIISSSS??? » Aussitôt elle s’agite en riant malgré elle. « Neeeeellll si tu fais ça je te jure que …!!! » Mais elle rit beaucoup trop pour finir sa phrase. Le brun s’amuse à tourner sur lui-même pour donner le tournis. Elle remue et lui tape le dos pour qu’il cède à la poser au sol. « Tu plonges ? » Elle relève aussitôt la tête et tente de se retourner pour voir où il l’amène. « Je plonge tu plonges je te préviens » Elle s’agrippera tellement à lui qu’il sera obliger de tomber avec sa victime. Voilà qu’il feinte deux trois fois « Neeeeelll je te préviens ça va mal finirrrrr » Elle pousse quelques cris de stupeur avant qu’il ne se décide enfin à la reposer au sol. « C’est pas trop tôt. TU VAS OÙ ? » Le brun s’en va d’un pas rapide à l’intérieur de la cabine. Sourire au coin des lèvres, Erin s’avance à l’intérieur en marchant sur la pointe des pieds « où te cache tu vilain ? » Elle découvre les coulisses de l'embarcation par la même occasion. C’est beau. Presque trop luxueux. Le bois est omniprésent. Sa main caresse l’encadrement de la porte. Sanders ne le voit pas mais elle sent sa présence. D’un geste vif, elle passe sa tête l’intérieur et le grille presque trop facilement. « BOUUUUUWWWW !!! » Un rire s’échappe de ses lèvres. Elle se hisse sur la pointe des ses pieds pour attendre son oreille. « Le dernier à l’eau est une poule mouillée » Elle provoque en venant lui mordiller le lobe. Mais elle s’éloigne bien vite la blonde. Elle a bien l’intention de gagner la partie. Sans la moindre hésitation, Erin défait sa robe. Le tissu glisse le long de corps pour dévoiler une silhouette toute frêle avec ses formes féminines, joliment mise en valeur avec sa dentelle rouge ocre. Sanders se retourne pour regarder le brun non sa sourire avec malice. « Un homme à la mer capitaineeeeee!!!! » Erin s’approche de la poupe du bateau pour enjamber les gardes corps. Elle a un moment d’hésitation. Mais en voyant Nel s’approcher, elle se jette à l’eau en poussant un cri « Youuhhhouu ». La voilà qui disparaît dans les profondeurs de l’océan. L’espace d’un instant tout paraît si calme. C’est comme si elle n’avait jamais existé. Les minutes sont presque trop longues. Elle nage sous l’eau encore un moment avant de se décider à remonter à la surface en jetant ses cheveux en arrière d’un mouvement de tête. « Elle est délicieuse !!! Qu'est-ce que t'attends ? Trouillard » Fallait qu’elle en rajoute. C’était plus fort qu’elle. « Attrape-moi si tu peux !!! »[/color] Sans attendre sa réponse, Erin s’éloigne un peu plus du bateau pour nager sous la lueur de la pleine lune.
Erin, pour Geo, était avant tout sa Bonnie. Comme ils ne connaissaient initialement pas leur prénom respectif, Erin avait décidé qu’ils serait Bonnie et Clyde. Ca lui allait, à Geo. Moins il parlait de lui, mieux il se portait, d’ordinaire. Et puis surtout, il était partit du principe qu’il ne reverrait jamais la jeune blonde après l’épisode du labyrinthe de maïs. Mais les choses ne se déroulent pas toujours comme on le prévoit. Bien rapidement, elle l’avait affublé du surnom d’ours mal léché. Il avait bien entendu ronchonné, le père Caulfield. Cela n’avait fait que conforter la blonde dans son idée. Mais s’il était un ours, alors elle était une musaraigne. Un minuscule rongeur qui prend plaisir à courir dans tous les sens, s’agitant plus que de raison. Entre eux, ce n’était pas un jeu du chat et la souris classique. Non, c’était celui de l’ours et de la musaraigne. Et ce soir encore, l’ours jouait, et la musaraigne plongeait tête baissée dans son piège. S’en était presque trop simple. Lorsque Geo souligna le fait qu’il aurait dû la laisser aux griffes du clown, dans le labyrinthe quelques semaines plus tôt, elle s’offusqua. Son regard changea du tout au tout, et elle le qualifia de « vilain ». Un peu plus et il se mettrait à trembler, Caulfield. Un sourire moqueur étira un coin de ses lèvres. Et comme toujours, elle retourna la situation à son avantage. La demoiselle semblait savoir tirer parti de tout éventualité. Ou était-ce la répartie de Geo qui déteignait sur-elle ? « Je vois que tu apprends vite. » siffla-t-il, ébouriffant sa chevelure dorée. Et puis il lui parla de sa maison, lançant une vague invitation. Mais cela fut suffisant pour que la belle y réponde, pour le plus grand bonheur de Geo. Enfin, il aurait intérêt à organiser un peu ce taudis, avant. S’il avait prétendu avoir une décoration approximative, minimaliste aurait été plus juste, voire inexistante. Il n’y avait pas de photos, chez lui. Si ce n’est une aux côtés d’Andrew, prise lors d’une virée à moto dans le Texas, et une aux côtés de Mia, prise lors de leurs retrouvailles en juillet dernier. Pas un seul bibelot ne trônait sur les étagères. Quelques magazines sur la moto se battaient en duel, déposés sur la table basse du salon. Pas une seule plante verte, pas de tableau, de sculpture ou d’affiches. La maison de l’homme invisible ou plutôt, celle d’un homme sans attaches. Mais il ne reviendrait pas sur sa décision. Et puis, à en juger par la réponse de sa Bonnie, il y a fort à parier que ce n’était pas tant la décoration qui l’intéressait. Le regard de Geo se fit immédiatement plus chaud, pour toute réponse. S’il s’écoutait, il pourrait la dévorer juste ici, sa petite musaraigne.
Mais l’heure n’était pas encore venue. Le sujet de son travail vint sur la table et il resta bien sûr évasif là-dessus. En tentant une pointe d’humour, il éludait davantage. Au moins, cela lui valut un compliment de sa belle. Elle se permit même de le recoiffer un peu. Enfin, recoiffer, elle souffla sur une mèche qui lui barrait le regard. Geo fronça un peu les sourcils. C’est que mine de rien, ses cheveux longs, il les aimait bien ainsi. On lui avait dit plus d’une fois qu’il n’avait pas l’air commode, coiffé ainsi. Enfin, coiffé, c’est un bien grand mot. Peut-être qu’un jour, il couperait littéralement court à tout ça. Mais pour l’heure, être un ours chevelu lui convenait parfaitement. Et à Erin aussi, visiblement. Ils s’embrassèrent à nouveau, une main se glissant sous sa chemise, la sienne parcourant le dos dénudé de la demoiselle. Il pouvait la sentir frissonner sous ses doigts lorsqu’il l’effleurait. Il la désirait, terriblement. Une brève plaisanterai calma un peu ses ardeurs. Il faut dire que la belle avait déclaré vouloir se baigner. Il n’en fallut pas davantage à Caulfield pour qu’il la prenne au mot. Ni une, ni deux, il lui fit cesser ses galipettes sur le garde-fou, pour la balancer sur son épaule, comme un sac de pommes de terres. Enfin, celui-ci avait le mérite d’être bien plus attirant, quoique plus dynamique. Il la transbahuta ainsi sur le pont, de long en large, mimant de la faire tomber par-dessus bord. Elle se mit à crier, à le menacer, mais à rire, aussi. Alors Geo rit de bon coeur tout en poursuivant son petit numéro. La taquiner, c’était bien trop tentant pour y résister.
Il finit par la reposer sur le pont. Il ne s’était jamais autant amusé avec des bêtises pareilles. Il adorait ce sentiment de renouveau qui l’envahissait. Peu à peu, une certaine béatitude s’installait dans son corps, et il l’accueillait à bras ouverts. Visiblement, la demoiselle était heureuse de reposer ses pieds au sol. Mais Caulfield n’en avait pas fini. Sans attendre son reste, il s’éloigna d’elle doucement, sans la quitter des yeux. Subitement, il pressa le pas pour se retrouver dans la cabine. Il n’attendait qu’une chose, que la blonde le rejoigne, ce qui ne tarda pas à se produire. Il pouvait l’entendre l’appeler, ses pas légers se rapprocher. Bien entendu, elle le débusqua en un instant. Elle rit et le mit au défi de se jeter à l’eau avant elle. Il voulut lui saisir le bras, mais elle détala si vite qu’il l’effleura à peine. Il lui emboîta alors le pas, la retrouvant sur le pont. Sa robe était à ses pieds, sa peau de porcelaine dévoilée sous les rayons de lune. Ses cheveux blonds tombaient en cascade sur son dos. Seule une lingerie rouge raffinée avait le privilège de caresser sa peau. La voir ainsi le laissa sans voix. Il en avait vu pourtant, de belles jeunes femmes à ses côtés, Caulfield. Mais le désir qu’il éprouvait envers Erin était incomparable à ce qu’il avait connu jusqu’alors. C’est sans doute pour cela qu’il ne parvint pas à détacher immédiatement son regard d’elle. C’est sans doute pour cela aussi qu’il s’efforça de masquer ses joues empourprées lorsque Erin se jeta à l’eau. « Ressaisis-toi, Caulfield. » s’intima-t-il à voix basse. Geo se rapprocha du garde-corps, cherchant la silhouette de la jeune femme. Ce n’est qu’après quelques instants qu’elle ressortit la tête de l’eau. Il n’en fallut pas davantage pour qu’elle le provoque. Lui, un trouillard ? Il était un véritable poisson. Il avait fait ses premiers pas sur le sable et son enfance avait un parfum d’iode. Si elle pensait pouvoir le battre sur son propre terrain, elle se trompait lourdement. « Attends de voir ce qu’il te dit, le trouillard. Pousse-toi ! » répliqua-t-il. Il retira sa chemise, son pantalon. Il recula de quelques pas et s’élança. Il atterrit dans l’eau en rassemblant ses jambes contre lui, éclaboussant généreusement Erin au passage. Lorsqu’il sortit la tête de l’eau, il secoua vivement la tête. « Tu sais qu’on a recensé quelques requins, par ici ? » lança-t-il. Bon, ceci était tout sauf vrai, évidemment. Il attendit un instant en s’éloignant, puis repartit sous l’eau. Il se rapprocha d’Erin, passant derrière elle. Il la saisit alors par la taille tout en remontant à la surface. Il lui mordilla rapidement le cou. Plus le temps passait, plus il cherchait à créer un contact physique avec elle. Il la désirait plus que de raison. Il s'éloigna de nouveau. Il était rapide, dans l’eau. Il avait toujours aimé la flotte et était un excellent nageur. « Alors la musaraigne, on a du mal à nager ? » siffla-t-il. Ce bain de minuit était le plus agréable qu’il n’avait jamais prit. Il faut dire qu’il avait avec lui une compagnie particulière…