Le nez plongé dans un livre, Halsey vérifiait les détails d’une loi afin de trouver une faille qui permettrait de faire face aux accusations des autorités financières qui apportaient avec eux des preuves de blanchiment d’argent et de non-respect des lois contre le terrorisme. Autant dire que l’accusé, une célèbre banque, était dans la merde jusqu’au cou et que la brune s’attendait à tout moment de voir leur cabinet refuser de prendre l’affaire. Son ancien travail fermait les yeux un peu trop facilement sur les agissements de leurs clients, mais celui qu’elle avait récemment intégré se montrait bien plus regardant en la matière. La concernant, la brunette n’avait que peu de remords du moment que le chèque terminait au bon endroit, mais ce travail lui servait de couverture et de réputation, il était donc nécessaire qu’elle rentre dans les rangs et se montre aussi intransigeante que ses supérieurs. La plupart du temps, elle travaille en étroite collaboration avec la legal team de Saül, mais il arrivait régulièrement qu’on lui confie d’autres dossiers, plus ou moins importants. Et puisque que l’une de ses collègues s’était récemment fait porter pâle, elle se retrouvait avec davantage de travail que d’habitude, ce qui était loin de lui plaire. « Blackwell ? Je sais que ça fait beaucoup, mais on aurait besoin d’une copie du dossier Keynes, tu sais le divorce ? » Parce que la secrétaire était malade, elle aussi ? Halsey attendit que la porte se referme pour lever les yeux au ciel, soufflant légèrement avant de passer une main sur ses tempes, attendant quelques secondes avant de se lever et de s’emparer du dossier que son collègue avait déposé sur son bureau avant de repartir en courant, ce qui sous-entendait l’urgence de la demande. Probablement que l’un des deux clients était sur place et la brune dirigea donc vers l’étage du dessous, là où se trouvait la seule photocopieuse qui ne plantait jamais – elle n’avait pas de temps à perdre. Tapotant avec impatience sur la machine, elle jeta un coup d’œil à son téléphone afin d’être sûre que rien de sérieux ne se passait du côté de sa double-vie, mais c’était apparemment le calme plat. Clyde devait sans doute être plongé dans l’une ou l’autre affaire et aucune arnaque ne méritait qu’ils s’y attardent pour le moment, ce qui donnait définitivement la priorité du jour au cabinet et à la pile de dossiers qui traînait sur son bureau. La brune attrapa les copies et referma le contenu sans même s’y attarder, trop empressée de leur donner ce qu’ils voulaient avant de revenir à ses propres moutons. Peut-être aurait-elle l’occasion de caser une pause clope entre les deux ? Et même de manger ? Sa montre lui indiqua que l’heure du déjeuner était déjà passée depuis longtemps, ce qui n’avait rien d’étonnant puisqu’elle avait une grosse tendance à perdre la notion du temps lorsqu’elle se plongeait dans les livres à la recherche de l’une ou l’autre faille juridique ou autre vice de procédure. Si la vie avait tourné différemment, peut-être aurait-elle fini par passer le barreau afin de devenir avocate. Cette perspective lui arracha un sourire, persuadée de finir sa vie avec bien plus d’argent sur son compte en banque que la plupart de ses collègues en costume cravate. D’un pas rapide, elle se redirigea vers son étage afin de débarquer dans la salle de réunion où se trouvait son collègue, s’excusant de déranger avant de lui tendre ce qu’il avait réclamé quelques minutes plus tôt. « Merci Halsey. » La jeune femme lui adressa une moue qui signifiait de rien mais je suis pas ta secrétaire, connard avant de jeter un œil en direction de sa cliente. Cette dernière se tourna vers elle et le cœur de la brune manqua un battement alors qu’elle reconnaissait sans peine Joanne Prescott, que l’on pouvait aisément qualifier de fantôme du passé tant leur rencontre remontait à une période lointaine, presque volontairement oubliée. « J… Joanne ? » Erreur monumentale, elle n’aurait même pas dû lui adresser la parole. La brunette s’excusa rapidement avant de tourner les talons et de s’éloigner de la salle de réunion, passablement perturbée de revoir la blonde après autant d’années, ici à Brisbane. Sans réfléchir, elle se dirigea vers l’extérieur du bâtiment afin d’allumer une cigarette, tentant de se remémorer chaque détail la reliant à la jeune femme. Une chose était certaine, elle n’appréciait que moyennement l’idée qu’une personne la connaissant depuis aussi longtemps puisse se retrouver par mégarde sur son lieu de travail, ou même dans la même ville qu’elle, tout simplement.
En proie à une nouvelle insomnie, Joanne soupira et se débarrassa de la couette qui la recouvrait afin de se lever. Elle couvrit ses épaule de son kimono en satin et se rendit à pas feutré dans le séjour, s'arrêtant furtivement devant la chambre de chacun de ses deux enfants pour s'assurer qu'ils dormaient bien. Cela faisait un moment que Jamie et elle ne dormaient plus ensemble. Même si leur couple battait de l'aile depuis bien longtemps que ça, elle trouvait parfois cela étrange de ne pas se réveiller en sa compagnie et ne se croiser que dans la salle de bain ou les pièces de vie. Chaque rendez-vous prévu avec son avocat, à qui elle avait fait appel pour le divorce, la rendait particulièrement anxieuse. L'instance prenait du temps car le couple n'arrivait pas à se mettre d'accord sur plusieurs. L'angoisse du jugement planait aussi également. Elle espérait que Jamie ait le droit d'avoir ses enfants un weekend sur deux et que la garde ne lui soit pas accordé. Si ça ne tenait qu'à Joanne, elle proposerait que la garde soit moitié-moitié. Elle insistait sur ce point à chaque entrevue avec l'avocat. Histoire de faire passer le temps jusqu'au réveil des enfants, la petite blonde poursuivait ses recherches sur son doctorat, à prévoir également le voyage en Italie qui se profilait pour l'hiver. Et une fois le rituel matinal fait, Joanne se rendait au musée pour une réunion prévue à huit heures avant de se rendre au cabinet dans lequel son avocat travaillait. Toujours nerveuse, la boule au ventre. Quelque part, Joanne avait hâte que ce soit fait. Elle ne le dirait jamais à haute voix, mais être ainsi dans l'attente, au milieu de négociations qui n'en finissaient pas l'épuisait. Cela plongeait le reste dans l'incertitude et ne pas savoir vers où elle allait était particulièrement anxiogène pour elle. Quand elle ne se sentait pas à l'aise, Joanne avait la mauvaise habitude de jouer nerveusement avec ses doigts, qu'elle espérait réussir à dissimuler sous la table de la salle de réunion dans laquelle elle se trouvait avec son avocat. La jeune femme sursauta lorsqu'une autre apparut soudainement pour venir apporter d'autres papiers à son collègue. On ne saurait dire qui était la plus surprise des deux devant des retrouvailles inattendues. Une personne que Joanne n'avait plus vu depuis ses années au lycée à Perth. Et il fallait que leur chemin se recroiser à ce moment-là. Tout aurait pu s'arrêter à ce moment-là. Un simple échange de regard aurait suffi, à faire comment si de rien n'était. A jouer la carte d'adultes en se montrant courtoises, à prétendre ne pas se connaître malgré leur passif commun. Mais Halsey était la première à faire comprendre qu'elles s'étaient déjà vues auparavant, devant le regard soudainement interrogateur de son avocat. Joanne, quant à elle, restait interdite devant la situation, les yeux rivés sur la brune qui s'évapora aussitôt de la pièce. "Vous vous connaissez ?" se permit-il de demander, curieux. "C'était il y a longtemps." répondit-elle poliment après quelques secondes d'hésitation. Halsey n'avait pas été des plus tendres avec Joanne, durant les années lycée. Pourtant elle ne ressentait pas plus de rancoeur que cela. Elle avait appris quelle était la véritable qualité de vie de la brune, par pur hasard, et c'était un secret qu'elle avait précieusement conservé pendant tout ce temps. Elle n'était pas rancunière, pas au moins de ruiner la réputation ou la vie de quelqu'un en donnant ces informations aux mauvaises personnes. L'entrevue avec l'avocat touchait à sa fin et Joanne le salua en lui serrant poliment la main. En sortant, elle remarquait la présence d'Halsey, fumant une cigarette. Elle avait l'air un petit peu nerveuse, peut-être par la réapparition de ce fantôme du passé qu'était Joanne. Replaçant correctement l'anse de son sac à main sur son épaule, elle se décidé à s'approcher d'elle, muni d'un sourire timide. "Hey." souffla-t-elle afin d'avoir son attention. "Je suis sincèrement navrée si ma présence ici t'a... perturbée." Glissant une mèche de cheveux derrière son oreille, Joanne regardait les traits d'Halsey. Elle faisait plus femme, mais en dehors de ça, elle n'avait pas changé. Les souvenirs lui revenaient aussitôt. "Je peux comprendre combien ça puisse être perturbant de tomber sur une personne qu'on n'a plus vu depuis... seize ans, quasiment ?" Et elles n'étaient pas non plus les meilleures amies du monde à l'époque, loin de là. Il avait fallu un sacré coup de pouce du Destin pour que deux jeunes femmes, qui se sont connues au lycée à Perth, finissent par se recroiser des années plus tard dans une ville à l'opposé du pays. Joanne n'était pas vraiment du genre à croire au hasard. "Je suppose que nous serons menées à nous croiser quelques fois encore." ajoutait-elle d'un air navré. Joanne avait l'impression que sa présence l'importunait, et à raison. Le sourire pincé pendant quelques secondes, elle se sentait maladroite de lui avoir adressé la parole. Mais il lui avait semblé essentiel d'échanger ne serait-ce que quelques mots pour s'assurer que tout aille bien.
A Perth, Halsey avait pris soin de ne nouer aucune relation sérieuse sur le long terme, que cela soit en couple ou en amitié – à l’exception fait de ses deux ex-maris, mais les raisons étaient différentes – et seul Clyde demeurait être l’exception qui confirmait la règle. Parce qu’il savait qui elle était derrière le masque que la jeune femme affichait la journée, parce qu’il savait à quoi elle occupait réellement son temps libre et surtout, il ne se faisait aucune illusion à son sujet. Nul besoin de servir une enfance dorée à quelqu’un qui semblait avoir subi les mêmes galères dans son passé, et si aucun mot n’avait été posé sur les épreuves vécues, la jeune femme devinait sans peine que la réciproque était vraie entre eux. Et si la brune se targuait d’être parvenue à conserver le mirage intact auprès de tous ceux qu’elle avait été amenée à côtoyer, Joanne Prescott était la tâche venant gâcher son tableau immaculé. Ou était-ce Keynes à présent ? Plus pour longtemps si elle en croyait ce qu’elle avait pu déchiffrer du dossier au moment de le photocopier. Alors que la brune s’allumait une cigarette d’une main tremblante, son esprit se laissa aller à repenser à cette époque révolue qu’était le lycée, son premier terrain de jeu grandeur nature. Elle y avait passé des années correctes, sous couvert du mensonge et de la protection offerte par son bouche-trou de petit ami, mais la blonde avait fini par tout découvrir, au grand dam de Halsey. Prétendre une quelconque amitié entre elles aurait été un mensonge éhonté et pourtant, Joanne avait préféré garder cette information pour elle, en dépit de tout ce qu’elle avait pu lui faire subir au fil des années. Les moqueries, l’humiliation, autant de choses qui auraient poussé n’importe qui à agir sous couvert de la revanche, mais non. L’adolescente n’avait jamais parlé à qui que ce soit de ce qu’elle avait vu, de cet endroit sordide qui n’avait rien à voir avec ce que Halsey se plaisait à raconter à qui voulait l’entendre. La brunette n’avait jamais su pourquoi Joanne s’était retrouvé devant chez elle cette fois-là, et une fois rassurée sur ses intentions, elle n’avait pas cherché à le découvrir. Au fil du temps, son souvenir avait fini par s’évaporer, jusqu’à aujourd’hui. Est-ce que l’adulte se montrerait aussi conciliante que la jolie blonde de quinze ans qu’elle était à l’époque ? Elle ne tarderait pas à le savoir, même si elle se serait bien passée de ces retrouvailles. "Hey." La jeune femme apparu dans son champ de vision périphérique et la brunette tira une nouvelle bouffée avant de consentir à se tourner vers elle, hésitant entre prétendre un sourire ou conserver la froideur dont elle s’habillait lorsqu’elle était sur la défensive. L’option numéro deux s’imposa d’elle même et Halsey plissa les lèvres en la dévisageant, remarquant que les années l’avaient embellie. Joanne avait toujours été mignonne, mais elle dégageait une assurance qui était très loin d’exister à l’époque ; elle avait sans doute dû réussir dans la vie et ne pas connaître la moindre épreuve, cette privilégiée. Si la jalousie l’avait sans doute poussée à se montrer infecte envers la blonde des années auparavant, il lui était difficile de savoir ce qu’elle pouvait bien éprouver envers elle à présent. De la méfiance, pour commencer. "Je suis sincèrement navrée si ma présence ici t'a... perturbée." Le mot était faible, mais la surprise était désormais passée et Halsey avait repris contenance, du moins essayait-elle de s’en convaincre. « Ne t’excuse pas, j’ai été surprise c’est tout. » C’était loin d’être tout, mais lancer les hostilités aussi rapidement n’avait rien d’un plan ingénieux. La brune décida de la laisser venir afin de connaître ses intentions au plus vite, ensuite, elle aviserait. "Je peux comprendre combien ça puisse être perturbant de tomber sur une personne qu'on n'a plus vu depuis... seize ans, quasiment ?" Seize ans, déjà. La moitié de leur vie, à peu de chose près, un constat affligeant pour quelqu’un comme elle qui n’acceptait toujours pas d’avoir dépassé le cap de la trentaine. « Surtout en dehors de Perth. » Commenta-t-elle en laissant enfin un sourire étirer ses lèvres, même si son regard ne suivit pas le mouvement. "Je suppose que nous serons menées à nous croiser quelques fois encore." Le ton de sa voix indiqua que cette perspective ne l’enchantait pas, ou alors faisait-elle référence au divorce qui était en cours ? « J’ai cru comprendre que tu étais en instance de divorce, je suis désolée pour toi. » Pas vraiment en fait, mais c’était ce que l’usage voulait qu’elle dise, non ? De son côté, ses divorces avaient été le but à atteindre et non la fin à éviter à tout prix, ce qui la rendait insensible à ce que pouvait bien ressentir Joanne en ce moment. « Qu’est-ce que tu deviens ? Tu tiens le coup ? » Elle n’était pas entrain de pleurer toutes les larmes de son corps auprès de son collègue, ce qui démontrait une certaine résilience ou alors un déni profond, au choix. Halsey était loin de connaître les détails, mais nul doute qu’elle n’hésiterait pas à fourrer son nez dans le dossier Keynes une fois que la blonde aurait tourné les talons.
Joanne n'avait jamais été rancunière. Pourtant, elle aurait pu avoir des raisons de l'être. Surtout envers Halsey. Mais la blonde n'avait jamais été équipé d'un esprit revanchard. Elle était même dotée d'une tolérance et d'un pardon qui dépassaient tous deux l'entendement. Elle comprenait les excuses qu'on lui donnait, qu'ils soient vrais ou faux. Elle trouvait toujours une raison aux actions que l'on faisait. C'était grâce à cette bonté que sa relation avec Jamie avait peut-être tenu aussi longtemps. Elle l'avait toujours pardonné facilement, pour mieux reprendre leur relation. Il y avait eu de multiples séparations et ils s'étaient remis ensemble par la suite. Les raisons du divorce avaient été la goutte d'eau faisant déborder le vase. C'en était trop pour elle. Même si la brune n'avait jamais été très correcte avec Joanne durant leur scolarité, Joanne ne ressentait à ce jour aucune amertume. Elles étaient surtout bien surprise toutes les deux de se revoir après tant d'années écoulées, ça les avait prises de court. Joanne avait fini par s'approcher d'elle, à la sortie du cabinet d'avocats, afin de s'excuser. Elle avait l'impression que sa présence dérangeait, d'une façon ou d'une autre. Du moins, c'était l'aura qu'elle dégageait lorsqu'Halsey avait décidé de ne même pas échanger un sourire lorsque son interlocutrice l'avait interpellé. Joanne n'en était pas offusquée, loin de là. Elle venait à se demander ce qu'elle avait pu faire de mal pour que la brune se montre aussi froide avec elle. Néanmoins, le sourire discret qu'elle abordait ne se défaisait pas un seul instant. L'année 2020 lui avait permis d'apprendre ce genre de subterfuges. Car si ses sourires ne s'affichaient que lorsqu'elle avait des raisons d'être heureuse, on n'aurait pas vu l'ombre d'un rictus illuminer son visage depuis bien longtemps. "Le monde est bien petit." commentait-elle. Pour qu'elles se retrouvent ainsi à l'autre bout du pays, dans un même bâtiment à la même date, il devait y avoir un sacré concours de circonstances pour que cela arrive. Joanne ignorait tout d'elle. Même pendant leurs années au lycée, elle ne la connaissait que pour harceler et malmener les plus faibles qu'elle et qu'elle vivait dans des conditions précaires qu'elle dissimulait aux yeux de tous. Halsey avait probablement eu accès au dossier qu'elle avait du rapporté à l'avocat qui aidait Joanne dans ses démarches. Et donc, elle était informée de son divorce. "C'est gentil." lui répondit-elle à voix basse. "Celui-ci est plus compliqué que le premier alors..." Elle soupira. "Ca prendra du temps." Le couple Keynes n'était pas d'accord sur plusieurs points et leurs interminables argumentations ne leur permettaient pas, pour l'heure, de parvenir à un accord. Une histoire d'argent, avant tout. Une personne lambda pourrait trouver cela sidérant, que Joanne ne veuille pas empocher une partie de la fortune de Jamie, tout comme récupérer l'immense maison qu'ils avaient fait construire sur un terrain à faire plus d'un jaloux. Mais à ses yeux, elle avait déjà une maison pouvant allègrement la loger, elle et ses deux enfants, à Toowong et son salaire lui permettrait de vivre avec tout ce dont elle avait besoin. Le décalage entre le milieu dans lequel Jamie avait grandi et celui de Joanne était encore une fois mise en avant. Que pouvait bien faire Joanne d'une si grande maison, avec autant de pièces ? Avec autant d'investissement personnel que le couple avait mis pour chaque détail ? Mais Jamie ne semblait pas vouloir entendre ces arguments là. Elle haussa les épaules face aux questions d'Halsey. "Ce n'est jamais très plaisant d'être en instance de divorce alors,... on fait aller." dit-elle d'un ton détaché. Elle s'y accomodait, elle faisait avec. Joanne ne passait pas trop de temps à la maison ces derniers temps. Heureusement qu'il y avait son travail pour la tenir occupée. "Eh bien... J'ai quitté Perth juste après le lycée, je suis allée à l'université, ici." Brisbane lui avait beaucoup plu, elle avait rencontre Hassan, elle avait pu trouver un premier emploi assez rapidement grâce à l'un de ses stages de sa formation... Tout était là pour rester. Joanne ne se voyait pas partir pour une autre ville. "Je suis conservatrice, au QAGOMA." Joanne avait eu l'occasion de travailler dans d'autres musées mais cela faisait plusieurs qu'elle se trouvait là-bas et elle s'y plaisait énormément. "Et j'ai aussi commencé un doctorat l'année dernière." C'était ça, ce qui l'aidait à tenir le coup. Joanne se doutait que si elle se plongeait dans les détails de ses recherches, Halsey n'en serait absolument pas intéressée. Peu le peu qu'elle savait d'elle, elle se doutait qu'elles avaient toutes les deux rien en commun. Du moins, rien qui ne puisse aider à tenir une conversation relativement agréable. "Et toi ?" finit-elle par lui demander après un silence qui la rendait inconfortable. "Tu es à Brisbane depuis longtemps ?" En soi, Joanne était assez intéressée de savoir ce qu'Halsey était devenue, si tout allait bien. Ce n'était pas vraiment par inquiétude, mais... Elle serait contente d'apprendre que sa vie ait pris un autre tournant et qu'elle vive dans de meilleures conditions – celles dont elle donnait l'illusion quand elle était au lycée. La brune n'avait pas à s'inquiéter, Joanne savait garder un secret et ce qu'elle savait sur son ancienne camarade de Perth n'allait pas être révélé à qui que ce soit.
Joanne l’observait avec un sourire de circonstance que la brune savait faux, pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait pas la moindre raison de se montrer affable avec elle. La brune s’était montrée horrible à son égard durant leur adolescence et rien n’indiquait qu’elle ait changé depuis – spoiler alert : ça n’était pas le cas. Pourtant, la blonde semblait déterminée à conserver une attitude sympathique et un air poli en sa présence, signe qu’elle n’avait pas changé non plus, finalement. Halsey n’avait jamais compris pourquoi elle n’avait pas sauté sur l’occasion de lui rendre la monnaie de sa pièce à l’époque et même si elle en avait été ravie, la question se posait encore aujourd’hui. Joanne avait quitté ses pensées assez rapidement une fois le lycée derrière elles, mais la revoir ici poussait la jeune femme à s’interroger une fois de plus sur ses intentions qui étaient tout sauf claires à ses yeux. Il était évident que la blonde ne s’était pas débrouillée pour venir sciemment engager sa procédure de divorce dans le cabinet où travaillait Halsey, mais la brunette n’aimait pas ce genre de coïncidences et encore moins lorsqu’elles mettaient sur son chemin un fantôme de son passé qu’elle se serait bien passé de recroiser. "Le monde est bien petit." La brune hocha la tête, se demandant encore comment une telle rencontre était possible alors qu’elles venaient toutes les deux de Perth et que Brisbane n’était pas forcément une destination phare, en tout cas pas pour elle. A choisir, elle aurait préféré que Raelyn se trouve quelque part sur la Gold Coast plutôt qu’ici, mais ça aurait sans doute été trop beau. « Qu’est-ce qui t’a poussé à venir ici ? » Demanda-t-elle par réelle curiosité, puisqu’elle-même n’aurait jamais mis les pieds dans cette ville si ça n’avait pas été dans le but de retrouver sa chère demi-sœur. Et si elle avait laissé deux ex-maris derrière elle à Perth, Joanne semblait faire l’inverse en se retrouvant dans la même situation dans ce nouvel endroit où elle semblait avoir créé une vie parfaite, à son image. "C'est gentil. Celui-ci est plus compliqué que le premier alors... Ça prendra du temps." Plus compliqué que le premier ? Halsey fronça légèrement les sourcils, pas tout à fait certaine de comprendre là où elle voulait en venir. Cela voulait-il dire que la blonde vivait son deuxième divorce, amenant ainsi leur vécu en la matière à une égalité parfaite ? « Tu n’en es pas à ton premier divorce ? » La surprise était réelle, comme le montrait l’étonnement qui étirait désormais ses traits. Tous les divorces étaient compliqués par définition, mais connaissant la blonde, la jeune femme était étonnée d’apprendre que tout ne se passait pas comme sur des roulettes. Elle tira une nouvelle fois sur sa cigarette sans lâcher son interlocutrice des yeux, étudiant chaque trait de son visage lumineux en dépit des épreuves qu’elle semblait traverser. De son côté, obtenir le divorce avait relevé du challenge plus que du calvaire, mais sa situation était légèrement différente. "Ce n'est jamais très plaisant d'être en instance de divorce alors,... on fait aller." Le ton de Joanne était détaché mais quelque chose disait à la brune qu’elle était juste entrain de faire bonne figure ; à force de s’obliger à prétendre, on évitait de s’écrouler. « Je sais, je suis passée par là. » Elle sourit légèrement avec la fausse compassion qui s’imposait, partageant ainsi une expérience qui avait l’air similaire dans les faits mais qui ne l’était pourtant absolument pas. "Eh bien... J'ai quitté Perth juste après le lycée, je suis allée à l'université, ici." Alors que Halsey était restée dans les parages, ayant manipulé son petit-ami de l’époque afin qu’il convainque ses parents de lui payer ses études. Un véritable tour de force dont elle se félicitait encore aujourd’hui puisque cela lui avait permis d’obtenir un diplôme sans débourser le moindre penny. "Je suis conservatrice, au QAGOMA. Et j'ai aussi commencé un doctorat l'année dernière." Rien que ça. « Je t’aurais plutôt imaginée en mère au foyer, à cuisiner des cookies pour tes cinq enfants et leur club de scout. » Une lueur amusée s’alluma dans son regard alors qu’elle complimentait la jeune femme à sa façon ; par voie détournée. Le fait qu’elle se soit construit une carrière à elle et qu’elle continue avec un doctorat était remarquable et si elle en avait eu quelque chose à faire, elle aurait même été admirative. "Et toi ? Tu es à Brisbane depuis longtemps ?" Et elle… L’envie de livrer la vraie version de sa vie la démangeait parfois, mais il était évident qu’elle ne partagerait jamais les détails les plus sombres de son existence avec quelqu’un qu’elle connaissait à peine, même si la blonde lui avait déjà prouvé par le passé qu’elle était tout à fait capable de conserver les données sensibles pour elle. « Je suis arrivée il y a environ un an. Pour des raisons familiales. » Ajouta-t-elle en s’efforçant de retenir le sourire malicieux qui menaçait de pointer sur ses lèvres à chaque fois qu’elle faisait référence à Raelyn de la sorte. « Et j’ai trouvé du travail ici, comme tu l’as sûrement déjà compris. » Elle jeta un œil en direction du bâtiment d’où venait de sortir Joanne avant de tirer une dernière fois sur sa cigarette, l’écrasant à regret dans le cendrier qui se trouvait accroché au mur à côté d’elle. Son envie de nicotine était encore trop présente et sans hésiter, elle en alluma une deuxième dans la foulée sans quitter la blonde des yeux. A tous les coups, elle n’avait jamais tiré sur une cigarette de toute sa vie, elle.
"Je ne sais pas trop ce qui m'a vraiment attirée." lui répondit-elle avec un haussement d'épaules. Ou peut-être qu'elle ne s'en souvenait plus. "Tout le monde disait au lycée que l'université, c'était l'occasion de voir un peu autre chose. Je suppose que je recherchais mon indépendance et le programme universitaire proposé par l'université me convenait, alors... pourquoi pas." Joanne avait toujours été très, même trop, protégée par sa famille. Elle était la dernière de la famille, petite de taille, frêle d'apparence, avec une santé fragile. Une personnalité définie par sa douceur et sa naïveté. Le cocktail parfait pour avoir envie de l'enfermer dans un cocon. A ses dix huit ans, Joanne voulait en sortir. Vivre sa vie comme elle l'entendait, découvrir les choses sans l'influence de ses parents, de son frère et de sa soeur. Et voilà où elle en était; à l'aube de son deuxième divorce. Le regard surpris de la brune laissait son interlocutrice indifférente. En quoi cela pouvait-il surprendre, que son deuxième mariage soit un échec ? Elle ne dirait pas que le premier en était un. Ce n'était pas par manque d'amour ou discordance qu'Hassan et elle s'étaient séparés. C'était compliqué. Peut-être que l'on imaginait facilement que Joanne, sous son air angélique, mènerait une de ces vies parfaitement tissées. Cela aurait pu être le cas si Hassan n'était pas tombé malade et qu'il n'avait pas opté pour la séparation. Il préférait la savoir divorcée que veuve, sachant pertinemment qu'elle ne se serait jamais remise de la deuxième option. Et avec Jamie, peut-être que si son chemin n'avait pas croisé celui de Mina. "J'avais déjà été mariée une fois avant, oui." reconnut-elle avec un faible sourire. "Mais je m'entends bien avec mon ex-mari. Nous sommes devenus amis." Ils avaient eu besoin de temps et de beaucoup d'explications pour passer le cap et mettre une véritablement conclusion à leur relation amoureuse avant d'avoir des échanges plus sains. Elle ignorait si elle pouvait se permettre de le qualifier d'ami, mais il avait de toute évidence une place très chère à son coeur. "Tu es aussi divorcée ?" lui demanda-t-elle, étonnée. Elle imaginait mal Halsey mariée. Pour Joanne, la belle brune était très indépendante, n'ayant pas besoin de la moindre présence masculine dans son entourage pour s'épanouir. Mais elles se connaissaient si mal. Les idées reçues avaient bon train. Un sourire triste mais amusé marquait le visage de la blonde quand Halsey fit part de sa propre opinion. "J'ai essayé de rester à la maison, mais... Ce n'est pas vraiment pas fait pour moi." Durant cette période-là, Joanne n'avait pas non plus été dans les meilleures dispositions mentales pour cela. Elle doutait d'elle-même, de Jamie, elle broyait du noir à longueur de journée et n'arrivait pas à se définir autrement que par être mère. "J'aime énormément mes enfants et je ferai tout pour eux." admit-elle. "Mais, contre toute attente, j'ai eu besoin de me trouver un objectif vraiment pour moi." En soi, il était exceptionnel que Joanne ait réussi à penser à elle avant de penser aux autres. Elle faisait quelque chose qui lui plaisait, et non qui convenait aux autres. Elle avait choisi de faire un doctorat par envie et non parce qu'on l'y avait poussé. Pour certains, ce n'étaient que de simples détails. Mais dans son cas, il était important de le souligner. Halsey, quant à elle, était arrivée à Brisbane bien plus récemment. Elle restait très vague dans ses explications, très floue. Peut-être s'agissait-il d'un mensonge, peut-être pas. Joanne n'était pas du genre à forcer une conversation si elle sentait que la personne en face d'elle n'était pas encline à en partager davantage. Joanne l'observait se débarrasser de son mégot et s'allumer une deuxième cigarette. Elle était facilement incommodée par l'odeur de la nicotine mais elle ne le montrait pas. Quand Hassan, à l'époque, avait su que Joanne était assez contre les cigarettes, du fait d'un décès dans la famille d'un cancer de poumon, il avait arrêté. Elle ne le lui avait pas imposé, cela dit. "Et la vie à Brisbane te plaît ?" lui demanda-t-elle, alors bien curieuse. "Ton travail aussi ?" Au delà de la surprise partagée quand Halsey était passée au bureau de l'avocat de Joanne, la brune semblait un petit peu blasé. Mais peut-être que ce n'était qu'une fausse impression. "Maintenant que j'y suis, je ne me vois pas quitter Brisbane. Même pour Perth." La ville du Queensland l'avait accueillie à bras ouvert et elle était immédiatement tombée sous le charme. C'était chez elle. Même si la ville était actuellement le théâtre de sa tristesse, elle avait été aussi le témoin de tous ces moments de bonheur qu'elle essayait de se remémorer quand elle ne se sentait pas bien. Son quotidien était difficile à vivre, ces derniers temps. "Tu sais..." commença-t-elle après un instant d'hésitation. "Je n'ai jamais rien dit à qui que ce soit concernant ce que j'ai vu à Perth." Halsey savait de quoi elle parlait. La blonde esquissa un sourire gêné. "Jamais." répéta-t-elle. "Et tu n'as pas de quoi te méfier ou je ne sais quoi... Je ne compte pas en parler à qui que ce soit." Joanne était sincère. Halsey avait déjà pu constater que la blonde avait tenu parole toutes ces années et elle ne comptait en faire autrement prochainement. Elle n'était pas rancunière et n'avait aucun avantage à tirer à faire un quelconque chantage. D'ailleurs, ce genre d'idées ne lui avait jamais effleuré l'esprit et ça n'allait probablement jamais lui arriver.
"Je ne sais pas trop ce qui m'a vraiment attirée. Tout le monde disait au lycée que l'université, c'était l'occasion de voir un peu autre chose. Je suppose que je recherchais mon indépendance et le programme universitaire proposé par l'université me convenait, alors... pourquoi pas." L’ombre d’un sourire apparu sur les lèvres de la jeune femme qui réalisa à quel point les raisons qui les avaient poussées à entreprendre des études étaient différentes. De son côté, obtenir un diplôme s’était avéré presque vital pour pouvoir se sortir de la vie qui lui avait été tracée en naissant du mauvais côté de la barrière – et ce même si elle avait trouvé un moyen de contourner le système en manipulant les foules et en escroquant tous ceux qui avaient le malheur de croiser son chemin. Étudier le droit lui avait permis de connaître toutes les failles et d’obtenir par deux fois le divorce sans être inquiétée un seul instant, ce qui lui donnait désormais un confort de vie qu’elle n’aurait jamais imaginé obtenir lorsqu’elle était encore au lycée. Pour Joanne, l’université lui avait permis de changer d’air et de trouver ce dont elle avait manqué durant son adolescence, à savoir une liberté et une indépendance qui n’avait jamais fait défaut à Halsey, ironiquement. Elle en avait même eu un peu trop. Ainsi, la décision de vie de la blonde était basée sur un pourquoi pas là où la brunette avait bataillé sec pour obtenir un droit d’entrée dans un établissement qui était hors de portée pour elle et le manque de moyens financiers de sa mère. « Tu as quitté Perth pour voler de tes propres ailes en somme. Et ça t’a plutôt bien réussi, j’ai l’impression. » Bien entendu, elle n’avait pas tous les détails du passé de Joanne, mais en dépit de son divorce, elle avait l’air de s’en sortir plutôt bien. Et lorsqu’elle lui avoua ne pas en être à son premier round, Halsey eu du mal à cacher son incrédulité. "J'avais déjà été mariée une fois avant, oui. Mais je m'entends bien avec mon ex-mari. Nous sommes devenus amis." Voilà encore un détail qui ne manquait pas de marquer la différence entre les deux jeunes femmes puisque jamais la brune ne pourrait rester amie avec quelqu’un avec qui elle avait été mariée. Bien entendu, le fait que les sentiments n’aient jamais fait partie de l’équation était probablement à prendre en compte ; elle ne s’était jamais attachée à personne et par conséquent, ne trouvait aucun intérêt à créer des liens avec quelqu’un dont elle avait déjà obtenu ce qu’elle désirait. Seul Clyde menait sa barque et parvenait à l’adoucir à ce sujet, provoquant en elle des émotions qu’elle n’avait jamais éprouvées jusque-là. Mais toujours était-il que si leur relation venait à prendre fin pour une raison ou une autre, jamais elle ne pourrait partager une amitié avec lui. Plutôt mourir. « Ça existe vraiment ce genre d’amitié ? » Demanda-t-elle, son intérêt étant piqué pour cette façon de faire qui était aux antipodes de la sienne. Cela n’avait rien d’étonnant cela dit ; Joanne avait l’air du genre à créer des amitiés avec tout et tout le monde, c’était déjà le cas à l’époque du lycée. "Tu es aussi divorcée ?" Au tour de la blonde de paraître étonnée, ce qui amusa Halsey qui ne put retenir une moue en plongeant son regard dans le sien. « Deux fois, comme quoi on a peut-être un point en commun toi et moi. » Sans doute le seul avec ça, mais l’idée demeurait amusante malgré tout. « On n’est pas resté amis. » Ajouta-t-elle avec un brin d’ironie dans la voix, même si elle avait perdu de l’agressivité qui était la sienne au moment où Joanne était apparue dans son champ de vision. L’effet de surprise s’était dissipé et la jeune femme ne paraissait pas vouloir lui faire payer son attitude de peste, ce qui était rassurant – même si la brunette restait sur ses gardes, comme toujours. "J'ai essayé de rester à la maison, mais... Ce n'est pas vraiment pas fait pour moi. J'aime énormément mes enfants et je ferai tout pour eux. Mais, contre toute attente, j'ai eu besoin de me trouver un objectif vraiment pour moi." Ce discours parlait à la jeune femme et ce même si elle n’était pas mère et ne comptait surtout pas le devenir. Joanne n’avait rien de la fille banale qu’elle avait connu au lycée et même si elle ne l’exprimerait pas à voix haute, son parcours forçait le respect. Bien entendu, elle était loin de vivre la vie à laquelle Halsey prétendait, mais si les choses avaient été différentes pour elle, la brune aurait probablement voulu être un peu comme elle. Dans une autre dimension, donc. « Ça n’a rien d’étonnant, ce n’est pas parce qu’on devient mère qu’on cesse d’être une femme à part entière. » Halsey alluma une seconde cigarette en terminant sur ces paroles, ayant toujours prôné le féminisme dans tous les aspects de sa vie, surtout professionnelle. « Ils ont quel âge ? » Ses enfants. La brune se surprenait à s’intéresser de la sorte à Joanne, mais une part d’elle l’avait toujours vue comme celle qu’elle aurait pu être si les rôles avaient été inversés, si la vie lui avait offert une chance au lieu de la condamner à une vie de batailles en tout genre. Rien d’étonnant donc à ce qu’elle s’interroge, surtout après toutes ces années. "Et la vie à Brisbane te plaît ? Ton travail aussi ?" Halsey hocha la tête, étonnamment à l’aise de discuter de ça maintenant que la situation s’était stabilisée pour elle. « Oui, j’ai même acheté un appartement. J’ai décidé de m’y installer de façon permanente. » Lança-t-elle dans un sourire. « Ça paie les factures. » Rebondit-elle concernant le travail, toujours aussi amusée de jouer à madame tout le monde alors que ses activités extra-professionnelles étaient loin d’être anodines, elles. Les factures n’étaient plus un problème depuis longtemps maintenant, mais être assistante juridique ne vendait pas du rêve, alors elle n’allait pas jouer à celle qui vivait sa meilleure vie en évoluant dans une boîte comme celle-ci. D’autant qu’elle ne travaillait pas extension pour le futur-mari de sa meilleure amie, ce qui était loin d’être une situation idéale à ses yeux. Ariane avait jeté son dévolu sur un requin et Halsey n’était pas sûre de vouloir nager dans le même océan qu’eux, d’autant que son but premier avait toujours été d’obtenir des informations sur Saül afin de s’en servir contre lui. "Maintenant que j'y suis, je ne me vois pas quitter Brisbane. Même pour Perth." Halsey hocha la tête, étant assez d’accord avec ce constat puisqu’elle-même en était arrivé à cette conclusion et ce alors qu’elle était sur place depuis bien moins longtemps que son interlocutrice. "Tu sais... Je n'ai jamais rien dit à qui que ce soit concernant ce que j'ai vu à Perth." La brune plissa les lèvres en soupirant légèrement, n’appréciant que moyennement le fait que la discussion dérive sur ce qu’elle aurait préféré garder sous silence, surtout après tout ce temps. "Jamais. Et tu n'as pas de quoi te méfier ou je ne sais quoi... Je ne compte pas en parler à qui que ce soit." « Pourquoi tu n’as jamais rien dit ? » Autant obtenir des réponses, puisque Joanne avait fait le premier pas en orientant la conversation là-dessus. « J’ai été horrible avec toi durant toutes ces années. » Elle n’allait pas nier les faits, même si elle ne regrettait pas vraiment ; ce qui était fait était fait. « Ça aurait été un juste retour des choses. » Argua-t-elle en la fixant, crachant sa fumée sur le côté – les grimaces contenues de Joanne ne lui avaient pas échappées. Ses remerciements eux restèrent coincés entre ses lèvres ; on n’allait pas la refaire.
Halsey avait tout compris des motivations de la blonde à se rendre à l'autre bout du pays. Cette dernière n'avait même pas eu besoin d'argumenter davantage ou de défendre son point de vue pour être comprise. Elle le lui fit comprendre par un sourire ravi et reconnaissant. "C'est exactement ça. Il y a eu des hauts et des bas. Mais je ne me vois repartir pour Perth pour autant." Brisbane l'avait adopté rapidement, c'était sa maison. Elle ne se voyait pas la quitter pour quoi que ce soit. Joanne avait beaucoup évolué depuis le lycée, ces derniers années ayant été marquées par plusieurs événements, certains bien plus plaisants que d'autres. Ses divorces laissaient en elle une trace indélébile, une cicatrice encore bien saillante sur son âme peinée par la procédure en cours. Halsey semblait être surprise que la blonde soit en mesure d'entretenir une amitié avec son premier conjoint. "Apparemment, oui." lui répondit-elle avec un fin sourire. "Nous avons eu besoin de beaucoup de temps vu les circonstances du divorce. Mais nous y sommes parvenus." Bien sûr que son amitié avec Hassan était particulière, qu'elle ne serait jamais comme avec une personne lambda avec qui elle n'avait pas partagé sa vie pendant dix ans. Mais depuis qu'ils avaient su se dire tout ce qu'il y avait à se dire, se pardonner tout ce qu'il y avait à pardonner, ils passaient de bons moments ensemble. Ils étaient attentifs à l'un l'autre, se connaissant mieux que personne. Halsey était divorcée deux fois aussi. Drôle de point commun, surtout qu'elles avaient du séparer en des circonstances bien différentes. Et contrairement à la conservatrice, Halsey ne semblait pas avoir gardé de contact avec ses ex-maris. "Je suis désolée." Pour les divorce, pour... Elle-même ne savait pas trop. Peut-être que c’était Halsey qui avait préféré se séparer de son conjoint, après tout. Joanne l’ignorait et elle se trouverait bien indiscrète de lui demander plus de précisions à ce sujet. Il avait toujours été évident pour la blonde de prioriser avant tout sa famille. La voilà mère de deux enfants. Jongler entre ses projets, ses enfants et son travail relevaient d’un véritable parcours du combattant. Elle allait bientôt devoir apprendre à gérer le tout seule, coordonner les horaires de l’école, du périscolaire et de la crèche avec ses propres impératifs. Halsey se montra une nouvelle fois compréhensive face aux propos tenus de son interlocutrice. “C’est exactement ça, oui.” approuva-t-elle avec un signe de la tête. “Si on m’avait dit quelques années plus tôt que j’aurai des ambitions, je n’y aurai certainement pas cru.” avouait-elle avec un rire nerveux. Et pourtant, là voilà doctorante, avec une exposition à monter de toute pièce qui allait de pair avec la thèse qu’elle devait présenter. Joanne avait ressenti, dans les paroles de la belle brune, une implication certaine aux valeurs du féminisme. Elle n’avait pas fait les choses à moitié. “Mon fils aîné va bientôt avoir cinq ans et sa petite soeur a un peu plus de dix-huit mois.” Comme tout bon parent, Joanne trouvait qu’ils grandissaient à vive allure. Louise se promenait sur ses deux jambes, Daniel savait déjà écrire quelques mots. Elle adorait les voir gagner en autonomie. De son côté, Halsey s’était également installée de façon définitive au Queensland, représenté par l’achat d’un appartement. “Félicitations, pour ton appartement.” lui dit-elle avec sincérité. Et là, l’air de rien, la petite Joanne abordait un sujet qu’elle n’aurait peut-être jamais pensé remettre sur le tapis un jour. Mais ignorer totalement cette évidence, ce fait, lui semblait impossible. Cela faisait quelques semaines qu’elle préférait largement discuter de sujets tendus plutôt que d’ignorer l’éléphant dans la pièce. Elle était devenue lasse des non-dits et du manque de communication. Elle était cependant surprise qu’Halsey désire de explications à ce sujet. Joanne se sentit prise de cours. Elle bégayait furtivement avant de pouvoir aligner le moindre mot. “Pourquoi l’aurais-je fait ?” lui répondit-elle avec un haussement d’épaules. “Je ne suis pas vraiment rancunière. Alors se venger sous prétexte que tu n’as pas été des plus tendres...” Ce n'était tout simplement pas elle. “Ca ne m’a même pas effleurée l’esprit. Je ne sais pas… Ca n’aurait fait que plus de mal si je l’avais raconté à quelqu’un d’autre. Ca t’aurait porté préjudice. Et je sais que contrairement à d’autres, je ne me serai pas sentie mieux de l’avoir fait.” Au contrraire, Joanne ne se serait sentie que plus coupable des répercussions que cela aurait pu causer à la belle brune. “Est-ce si surprenant que ça ?” lui demanda-t-elle alors, bien perplexe. Halsey pouvait bien placer l’attitude de Joanne sous le couvert de la naïveté, de la gentillesse ou même de la stupidité. “J’ignore toujours pourquoi tu te comportais comme ça avec moi. Je n’ai pas souvenir de t’avoir causé du mal, sous n’importe quelle forme que ce soit.” Elle haussait les épaules. “Avec le temps, j’ai fini par me dire que tu avais peut-être des problèmes ailleurs, au point d’avoir besoin d’un bouc émissaire.” Joanne n’était pas psychologue. Peut-être qu’elle avait tort sur toute la ligne. “Et que c’est tombé sur moi.” Elle avait été une cible facile après tout : jamais Joanne ne s’énervait pas, elle ne contre-attaquait jamais. Elle pardonnait naïvement avant de reprendre le cours de sa vie, et ainsi de suite. Depuis, certaines choses avaient changé. Joanne s'affirmait un petit peu plus, elle pardonnait moins facilement, elle encaissait mieux. Elle avait appris à se défendre, ce qui n'empêchait pas que la douceur restait bien l'un des premiers qualificatifs qui venait en tête des personnes qui la connaissaient, pour la décrire.
"C'est exactement ça. Il y a eu des hauts et des bas. Mais je ne me vois repartir pour Perth pour autant." En laissant Perth derrière elle, Halsey avait abandonné un pan de sa vie auquel elle ne désirait pas retourner. Sa mère, ses deux ex-maris, ce petit-ami qu’elle avait quitté par message en prenant la tangente avec Clyde. Elle ne pouvait pas évoquer la moindre amitié puisque la seule qu’elle partageait vraiment était avec Ariane, mais cette dernière était déjà à Brisbane, ce qui était d’ailleurs le vrai premier point positif qu’elle avait trouvé en débarquant en ville. Et après un an, la brune avait désormais son propre appartement ainsi qu’une carrière de façade qui lui convenait plutôt bien. Les horaires étaient assez flexibles pour qu’elle puisse s’occuper de ses affaires extra-professionnelles et sans qu’elle ne s’en rende compte, Halsey s’était recréé une vie à Brisbane. Le fait que Clyde se soit lui aussi adapté de son côté n’avait fait que renforcer son envie de rester, une envie cristallisée par l’achat de son loft à Spring Hill. Tout ça était relativement récent, à l’inverse de Joanne qui avait déjà bâti énormément ces dernières années. Ses deux divorces étaient de vraies histoires, ce qui était loin d’être le cas de la brune qui n’avait fait que piéger ses prétendants pour obtenir une partie de leur patrimoine. « Je comprends, ta vie est ici maintenant. » Et c’était aussi son sentiment, en dépit du fait qu’elle venait à peine d’arriver en comparaison à la blonde. "Apparemment, oui." Qui aurait cru que ce genre de déboire se révèlerait être un de leur seul point en commun ? Beaucoup de choses pouvaient arriver en près de quinze ans, et ces similarités prêtaient à sourire. "Nous avons eu besoin de beaucoup de temps vu les circonstances du divorce. Mais nous y sommes parvenus." Vu les circonstances du divorce. La curiosité de Halsey fût piquée mais elle s’abstint de poser la moindre question. Elles n’étaient encore que des inconnues et même si la jeune femme n’éprouvait rien à son égard, elle avait suffisamment de savoir-vivre que pour garder sa curiosité pour elle. Face à Joanne tout du moins, car elle n’hésiterait pas à se plonger dans le dossier Keynes dès qu’elle en aurait l’occasion. « Je suis sincèrement impressionnée, je sais que je n’en serais pas capable. Peu importe les circonstances. » Précisa-t-elle, laissant tout de même la porte ouverte à une éventuelle confession à ce sujet de la part de Joanne. Savait-on jamais. "Je suis désolée." La brune retint une moue cynique et se contenta de hausser les épaules avec une fatalité déguisée, agissant comme la victime qu’elle avait prétendu être lorsqu’elle avait piégé le premier dans un adultère monté de toute pièce. « C’est la vie. Je pense que je ne suis pas faite pour le mariage. » Lança-t-elle dans un petit rire alors que sa phrase débordait de sincérité, même si elle ne serait pas interprétée de la bonne façon par Joanne. Comment le pourrait-elle après tout, elle ignorait ce qu’avait traversé la brune et ce qui l’avait façonnée jusqu’à devenir celle qu’elle était aujourd’hui. Seul Clyde avait quelques idées sur ce qui l’avait amenée à être ainsi, mais ça n’était principalement que des suppositions. “C’est exactement ça, oui. Si on m’avait dit quelques années plus tôt que j’aurai des ambitions, je n’y aurai certainement pas cru.” Un sourire étira les lèvres de la jeune femme qui n’était pas très étonnée par son discours, mais surprise de voir qu’elle avait trompé la vision qu’elle avait eût d’elle à l’époque du lycée. « Comme quoi, la vie est pleine de surprise. » Surtout la sienne, à commencer par cette sœur dont elle ignorait tout et que Clyde lui avait fait découvrir au travers d’une recherche menée derrière son dos. Pour Joanne, ces montagnes russes professionnelles et personnelles devaient se rapprocher d’un sentiment d’adrénaline que Halsey cherchait désespérément en se livrant à ces arnaques et à ce flirt avec l’illégalité. “Mon fils aîné va bientôt avoir cinq ans et sa petite soeur a un peu plus de dix-huit mois.” Dix-huit mois, et ses parents divorçaient. Une fois de plus, la brune se félicita de ne pas désirer connaître la maternité, persuadée qu’elle foutrait en l’air tout ce qui aurait de bon dans sa progéniture. Elle n’avait eu aucun exemple correct sur lequel s’appuyer et surtout, elle ne pensait qu’à elle. Il n’y avait donc pas de place pour un enfant dans son existence, et c’était probablement pour le mieux. “Félicitations, pour ton appartement.” « Merci. » Répliqua-t-elle entre deux taffes de cigarette, déjà concentrée sur la suite de la conversation qui prenait une tournure des plus intéressantes. En effet, elle n’avait jamais eu l’occasion – ni l’intention - de confronter Joanne le jour où elle avait découvert la supercherie. Et une fois la frayeur passée, Halsey avait laissé couler et avait cessé d’y penser, n’y accordant plus la moindre importance. Mais des années plus tard, le besoin de comprendre pourquoi la blonde n’avait rien dit la taraudait toujours autant, surtout après tout ce qu’elle lui avait fait subir durant leur adolescence. “Pourquoi l’aurais-je fait ?” La jeune femme avait une liste de raisons longue comme son bras à lui fournir si elle le désirait, mais elle s’abstint du moindre commentaire. Joanne était aussi vindicative qu’un moineau, à l’inverse de la brunette qui ne manquait pas de motivation pour faire payer tout ceux qui se dressaient sur sa route. “Je ne suis pas vraiment rancunière. Alors se venger sous prétexte que tu n’as pas été des plus tendres... Ca ne m’a même pas effleurée l’esprit. Je ne sais pas… Ca n’aurait fait que plus de mal si je l’avais raconté à quelqu’un d’autre. Ca t’aurait porté préjudice. Et je sais que contrairement à d’autres, je ne me serai pas sentie mieux de l’avoir fait. Est-ce si surprenant que ça ?” Oui ça l’était quand on s’appelait Halsey Blackwell, mais cette dernière n’était pas sans savoir que les autres n’étaient pas toujours fait du même bois qu’elle. « C’est surprenant si on considère que tu avais matière à vouloir te venger de moi. Mais je ne vais pas te cacher que ça m’ait arrangé que tu te sois abstenue de raconter ce que tu avais vu. » Même si ça n’était pas grand-chose, ça aurait suffit à la décrédibiliser aux yeux de tous ceux qui la voyaient comme une fille cool et populaire avec les moyens de vivre la vie qu’elle prétendait avoir. “J’ignore toujours pourquoi tu te comportais comme ça avec moi. Je n’ai pas souvenir de t’avoir causé du mal, sous n’importe quelle forme que ce soit.” Parce que Joanne représentait à l’époque tout ce qui était inaccessible à la brune, mais avouer cette jalousie était au-dessus de ses forces pour la femme fière qu’elle était désormais, même si une explication n’aurait pas été du luxe. “Avec le temps, j’ai fini par me dire que tu avais peut-être des problèmes ailleurs, au point d’avoir besoin d’un bouc émissaire. Et que c’est tombé sur moi.” La brune fronça légèrement le nez, amusée par cette façon qu’elle avait de lui trouver des excuses là où chaque comportement s’était avéré dénué de bon sens. Il n’y avait rien d’excusable finalement, elle avait été méchante, gratuitement. Et elle l’était encore aujourd’hui, même si Joanne lui attirait une étrange sympathie maintenant que les années s’étaient écoulées et qu’elle n’avait plus rien à lui envier. « Ça devait sans doute être ça. » Commenta-t-elle simplement, peu désireuse de se livrer à une quelconque confession sur ce qu’elle ressentait à cette époque. « Je suppose que je devrais te remercier finalement, ma vie aurait été un enfer si la rumeur s’était propagée. » Et cette phrase serait probablement la chose la plus proche d’un remerciement – ou d’excuses – que Joanne aurait de sa part ; on ne la referait pas. « Si tu as le temps un jour, je t’inviterai pour enterrer la hache de guerre. » Une hache de guerre inexistante à en croire ce que la blonde venait de lui dire, mais Halsey préparait déjà le terrain ; si son divorce avec le Keynes s’avérait juteux, sans doute y aurait-il le potentiel de glaner quelques informations pour ensuite s’en servir contre elle, ou contre lui. La brunette flairait l’argent chez la blonde et par conséquent, ne comptait pas la laisser filer aussi facilement après ces jolies retrouvailles.
Tout le monde n'était pas apte à comprendre les raisons du divorce avec Hassan. Ce n'était pas par manque de sentiments, ni par traîtrise, ni parce qu'ils avaient réalisé qu'ils se sentaient incapables de vivre le reste de leur vie ensemble. Aussi étrange cela pouvait-il paraître, c'était bel et bien par amour qu'Hassan avait demandé leur séparation. Il avait été malade, gravement, l'on pensait qu'il allait mourir dans les mois qui suivaient. Il savait qu'elle vivrait bien mieux (tout était relatif) un divorce plutôt qu'un veuvage, bien qu'il avait parfaitement conscience qu'elle aurait largement préféré être à ses côtés jusqu'à la fin. Les avis divergeaient sur la décision d'Hassan, mais la petite blonde s'y était résolue. Pendant si longtemps, tout avait été si simple, si évident. Il semblerait que, depuis quelques années, elle ne subisse le retour du bâton. Brisbane avait été la scène de nombreux drames de sa vie. Mais comme Halsey l'avait très bien compris, sa vie se trouvait ici désormais, qu'importe ce qu'il pouvait s'y passer. Elle acquiesça d'un simple signe de tête à la phrase de la belle brune, bien contente de réaliser qu'elles parvenaient au moins à se comprendre sur cette option. En revanche, elle s'était montrée bien plus dubitative en sachant que Joanne était restée en contact et en bons termes avec son ex-époux. "Je suppose que le fait que je ne suis vraiment pas à l'aise avec les situations conflictuelles à du me pousser à mettre à plat ce qui avait besoin de l'être." dit-elle avec un haussement d'épaules timide. Difficile pour elle d'admettre que l'on ne pouvait pas convenir à tout le monde. Elle vivait bien avec les relations les plus cordiales, mais pas avec les relations tendues. A ce stade, Joanne se demandait bien comment allait évoluer son lien avec Jamie. La date du divorce approchait et elle ressentait avant tout de l'appréhension. A se demander comment les enfants allaient le vivre au quotidien, si les échanges avec le britannique n'allaient plus se résumer qu'à des conversations tournant autour de leur progéniture. Et s'il n'y avait plus rien d'autre ? Elle se le demandait et mentirait si elle disait que ça ne l'angoissait pas un petit peu. "Il n'y a rien de mal à ne pas être faite pour le mariage. Tu dois avoir des ambitions ailleurs et je suis certaine que c'est tout aussi honorable, sinon plus." l'encourageait-elle. Joanne n'en avait pas encore conscience à ce stade, sa réflexion évoluerait bien plus tard, mais elle perdait peu à peu foi au mariage. Elle, la plus grande romantique qui pouvait exister, qui rêvait de robes blanches et d'échanges de voeux dans un cadre idéal, d'une vie de famille heureuse et bien rangée. De désillusion en désillusion, Joanne perdrait peu à peu foi ce en quoi elle croyait le plus. La chute allait être douloureuse. Halsey semblait avoir un train de vie tout à fait différent, une voie que Joanne ne pouvait que respecter et admirer. Elle demeurait cependant un mystère pour elle et qu'Halsey semblait tenir. La blonde en savait peut-être beaucoup plus que n'importe qui d'autre, ce pourquoi Halsey ne comprenait pas le fait qu'elle ne l'ait tout simplement pas dénoncé plus tôt. A charge de revanche. Son interlocutrice ne semblait pas foncièrement soulagée que Joanne se soit tue tout ce temps. Ca l'avait arrangé. La conservatrice aurait du se montrer suspecte à ce moment là, peut-être. Du moins, la tournure de cette phrase aurait du lui mettre la puce à l'oreille. Joanne avai trouvé sa propre explication au comportement passé d'Halsey. Donc non, pas de remords, pas de folie vengeresse. Elle avait écouté son argumentation et l'avait étrangement approuvé. "C'est peut-être parce que j'aime croire qu'il y a toujours des raisons même derrière les comportements inappropriés. L'enfer est pavé de bonnes intentions, ce n'est pas ça, ce que l'on se dit ?" demanda-t-elle de façon rhétorique, munie d'un sourire encourageant. Le regard de Joanne fut des plus surpris lorsque que la belle brune lui suggéra de venir un jour chez elle afin de mettre un terme à cette relation qui n'avait par le passé que reposer sur le harcèlement. Joanne en restait interdite pendant un long moment avant de laisser échapper un rire nerveux. "Oui, pourquoi pas." Seulement lui fallait-elle devoir se dégager du temps pour se permettre ce genre de fantaisies. A ce jour, elle ignorait encore comme elle allait agencer ses journées avec ses impératifs quotidiens. Mais le côté très naïf de Joanne la laissait croire que c'était une opportunité pour se créer de nouveaux liens, de se faire peut-être quelques nouvelles connaissances pour étoffer un entourage qu'elle pensait restreint. Une bonne partie des personnes qu'elle pouvait côtoyer, elle les connaissait grâce à Jamie, de près ou de loin. Et tout comme son premier divorce, rester en contact avec les personnes qui voyaient également son ex-mari, la mettait extrêmement mal à l'aise. Halsey faisait partie de l'enfance de Joanne. Pour cette dernière, l'eau avait coulé sous les ponts, elles avaient toutes deux gagné en maturité. Jamais n'aurait-elle pensé que l'assistante juridique n'avait d'intérêt pour Joanne que pour la taille du porte-monnaie qu'elle pensait qu'elle allait avoir une fois les papiers du divorce signé, et certainement pas pour sa sympathie. Et bien sûr, la doctorante n'y voyait que du feu.
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