| life was a willow and it bent right to your wind (sohan) |
| | (#)Jeu 7 Jan 2021 - 18:07 | |
| Jamais Charlie n’a été invitée aux séances de jogging matinales de son collègue. Par jamais, je veux dire absolument jamais. Peu importe la vitesse à laquelle ses yeux papillonnaient face à lui, Sohan ne lui a pas proposé qu’elle se joigne à ces instants et pourtant cela ne l’a pas non plus gênée pour qu’elle le fasse d’elle-même. Après l’avoir croisé une seule et unique fois sur la plage, il a scellé son destin et l’a aussitôt lié à celui de la blonde sans même le savoir. Ses calmes séances de sport en tête à tête avec l’océan sont devenues des courts instants de torture, Charlie et son flot ininterrompu de paroles venant le tirer de toutes les pensées qu’il aurait pu avoir. “Sohan je sais que tu m’as vue.” La voilà qui se plaint déjà dès le matin, elle qui n’a pas encore pipé mot si ce n’est pour parler à son Golden Retriever pour lui demandait quel genre de croquettes il voulait pour bien démarrer la journée. L’instant d’après, elle était déjà en train d’enfiler une tenue adéquate pour aller courir sur la plage et penser à autre chose. La vie seule ne lui convient pas, la vie sans sport lui convient tout aussi peu. Elle a un besoin viscéral de se défouler et de bouger en permanence et pour ne pas faire payer ses collègues pour la personne qu’elle est, autant qu’elle aille courir avant de se rendre au poste de police. “Sohan je sais que tu m’as entendue.” Elle reprend, faussement outrée, faussement étonnée. Elle accélère le pas, le sable vole doucement sur ses talons et ses cheveux noués en une queue de cheval tapent désormais contre sa nuque. Pour peu, ils ressembleraient à un vieux couple, capables de se disputer pour un rien et d’oublier ladite raison la seconde qui suit.
“So - haaan.” Ils sont un vieux couple et elle, elle est une enfant qui demande constamment de l’attention et hausse la voix pour se faire remarquer, au cas où elle ne criait pas assez, au cas où elle ne se doutait pas que son collègue continuait son chemin comme si de rien n’était en toutes connaissances de causes. En réalité, elle s’en amuse sûrement bien plus que lui encore et les mauvaises langues diraient que c’est parce que Sohan ne sait pas s’amuser. Elle leur donnerait volontiers tort mais ce n’est pas pour autant qu’elle voudrait changer de rôle dans toute cette histoire, déjà bien trop habituée à le faire sortir de sa zone de confort en chaque instant. Officiellement, c’est parce qu’elle est une emmerdeuse. Officieusement, c’est parce qu’elle a l’impression d’agir au mieux pour lui en faisant ainsi. “Tu cours plus vite mais je suis plus têtue, tu le sais.” Loin d’avoir une forme olympienne, elle préférerait pourtant faire un arrêt cardiaque plutôt que le laisser s’en aller sans qu’elle ait pu lui faire un compte rendu précis de tout ce qu’il s’est passé dans sa vie depuis la veille au soir, moment auquel ils se sont quittés. “Tu dois au moins faire semblant de m’écouter, tu vas en avoir besoin bientôt. C’est le moment de t’entraîner.” Ce qui est lancé comme une blague a pourtant un fond de vérité. Elle lui a assez rabâché qu’elle allait rentrer officiellement dans les forces de police d’ici la nouvelle année et il ne peut être passé à côté, ni lui ni personne d’autre au poste. Si la blonde sait qu’ils ne seront pas des collègues au jour le jour, elle se doute pourtant qu’ils auront à travailler ensemble et pour cela ils doivent s’entendre et accorder leurs violons et leur manière de faire. En réalité, avouons le, elle ne fait que chercher des excuses pour avoir l’opportunité de passer un peu de temps en sa compagnie, éternellement heureuse d’être aux côtés de personnes qu’elle apprécie.
@Sohan Khadji |
| | | | (#)Dim 10 Jan 2021 - 18:28 | |
| Son jogging matinal était sacré. C'était sa bouffée d'air frais, au sens propre comme au sens figuré. Il courait quasiment tous les jours avant d'aller au travail, mais aussi le weekend. Il courait seul la plupart du temps, même s'il lui arrivait de temps à autre de courir avec Yasmine, quand leurs emplois du temps respectifs correspondaient et qu'elle était disponible. Il n'avait pas particulièrement besoin de compagnie, mais avec sa sœur, c'était un moyen de passer du temps ensemble. Lui, il courait parce qu'il appréciait ça. Parce que ça faisait partie de sa routine depuis des années. Certains font du yoga, d'autres préfèrent dormir quarante-cinq minutes de plus avant de prendre leur café, lui, il courrait. Ça le réveillait, ça lui donnait de l'énergie pour la journée et en plus de cela, il avait l'impression d'être complètement ressourcé. Comme si c'était la recette imparable pour pouvoir passer une bonne journée. Un réveil aux aurores, la plage et un footing. C'était simple, mais pour lui ça fonctionnait plutôt bien. Ce matin, il n'avait pas dérogé à ses habitudes, il avait enfilé un short et un tee-shirt, chaussé ses baskets et il était parti avec son téléphone et ses clés pour aller courir avant d'aller travailler. Il avait l'habitude de courir en musique, abonné aux playlists feel good en tout genre, parfaite selon lui pour se donner la pêche et se motiver. Cependant, il ne mettait pas pour autant la musique trop fort. Juste assez pour l'entendre, mais être capable de discerner les bruits environnants. Avant de l'entendre, il l'avait donc vue, Charlie avec sa crinière blonde, immanquable sur la plage de sable fin qui était quasiment déserte à cette heure-ci. C'était de plus en plus récurrent. On aurait même pu croire qu'il lui avait donné rendez-vous là, qu'ils avaient convenus de courir ensemble, mais il n'en était rien. Elle l'avait vu une fois et depuis ce jour-là, elle apparaissait de plus en plus souvent. Ca le faisait sourire d'ailleurs, la persistance dont elle pouvait faire preuve. Elle lui rappelait Yasmine, en quelques sortes et c'était sans doute pour cela qu'il se laissait attendrir, même s'il ne le reconnaîtrait pas.
Il l'avait donc vue, c'était un fait. Il l'avait entendue aussi, dès la première fois où elle l'avait interpellé puisqu'à peine l'avait-il vu, qu'il avait coupé sa musique. Il l'avait aussi entendu l'appeler, faisant traîner les syllabes de son prénom. Un rictus s'était dessiné sur son visage. Il la laisse s'égosiller un peu plus, accélérant légèrement sa course, juste pour l'embêter un peu plus. "Mais, je t'écoute. J'ai juste choisi de pas te répondre. Ça reste dans mes droits non ?" demande-t-il en ralentissant enfin le pas, se tournant vers elle pour lui tirer la langue. Il avait comme l'impression que Charlie, c'était un peu comme un boulet accroché à sa cheville, qu'il devait traîner avec lui qu'il le veuille ou non. Secrètement, ou pas si secrètement que ça, ça dépendait où on se plaçait, ça l'amusait et ne le dérangeait pas plus que cela qu'elle se joigne de force à son footing matinal. A ça près que la Villanelle parlait beaucoup ... trop pour Sohan. Au travail, ça ne lui posait aucun problème, elle faisait ce qu'elle voulait. En revanche, ce qu'il cherchait lors de ses footings matinaux, c'était la sérénité dans un premier temps, mais surtout le calme. Le calme complet qui ne pouvait pas être obtenu avec une pipelette lui emboîtant le pas et débitant presque dix mots à la seconde. Cependant, il se dit que le destin a mis la jeune femme sur son chemin pour une raison et que cette raison ne peut pas seulement être de l'embêter. Il doit bien y avoir autre chose qui finirait par se révéler à un moment ou un autre. C'est donc pour cela que lorsqu'il estime l'avoir suffisamment fait trimer, il ralentit un peu sa cadence, laissant à Charlie tout le loisir de remonter à sa hauteur. "J'espère que tu le mettras sur ton CV que t'as des talents de stalkeuse invétérée, expliquant bien que tu t'étais donné comme objectif de pister ton collègue favori tous les matins." Lui lance-t-il en plaisantant avant d'ajouter. "Voilà ce que je te propose. Tu as exactement trente secondes pour ton monologue habituel, ça fait, on court en silence. Si t'y parvient, peut-être et je dis bien, peut-être que je t'inviterai formellement la prochaine fois." il ne sait pas si elle en est capable, trente secondes, c'est peu et il aurait peut-être pu lui accorder plus, mais il ne voulait pas non plus lui rendre la tâche trop simple. |
| | | | (#)Lun 1 Fév 2021 - 1:29 | |
| Ce qu’il y a d’énervant (amusant) chez Sohan c’est que le peu de fois où il parle, il trouve toujours le moyen de viser juste. Ce sont des instants dont elle sait profiter, ou presque, et pour lesquels elle prend des notes pour mieux agir ensuite (non, absolument pas, bien sûr qu’elle ne fait pas ça). Non, en réalité, elle ne fait que chercher comment le contredire pour la moindre parole qu’il aura avancée. "Mais, je t'écoute. J'ai juste choisi de pas te répondre. Ça reste dans mes droits non ?" Il lui tire la langue et elle en fait naturellement de même en retour, comme s’il n’y avait rien de plus à faire pour deux adultes en plein jogging. C’est la seule chose qui lui permet de ne pas laisser s’étendre son rire franc plus de temps qu’il n’en faut alors qu’elle est plutôt occupée à toujours tenter de réduire la distance entre eux, péniblement. “Non j’ai réécrit tes droits et tu le saurais si tu m’écoutais. Maintenant t’es interdit de m’ignorer.” En plus de n’avoir aucune autorité sur lui, elle n’a bien sûr encore moins de crédibilité. D’aucun dirait que le plus important reste de croire en soi et en ses rêves.
Lorsqu’il finit par réellement ralentir pour lui laisser le temps d’arriver à ses côtés, elle ne se fait pas attendre et saisit l’occasion sans même ajouter une mauvaise blague ou un commentaire inutile - est ce qu’il a vu le super beau coquillage devant lequel il est passé ? "J'espère que tu le mettras sur ton CV que t'as des talents de stalkeuse invétérée, expliquant bien que tu t'étais donné comme objectif de pister ton collègue favori tous les matins." Ainsi donc le voilà affublé du titre de collègue favori. Si elle ne s’attendait pas à une telle prise d’initiative de sa part, elle risque encore moins de le contredire à ce sujet. Il se pourrait bien qu’il n’ait pas si tort que ça, qui plus est. Elle a quelques affinités avec d’autres personnes au poste mais chacune est différente. Beaucoup s’estiment d’ailleurs heureux qu’elle ne tienne pas à leur faire constamment la discussion comme elle le fait avec Sohan. “Si avec ça on m’embauche pas sur le champ, je comprends pas.” Charlie prend la remarque au premier degré sans arriver à se défaire de la réponse ironique cette fois-ci. Après tout, elle n’est qu’encore stagiaire et personne ne l’a officiellement embauchée nulle part : toute compétence est bonne à prendre sur un CV. Elle pourra même ajouter qu’elle a vu tous les docu Netflix de meurtres et d’affaires criminelles, si jamais. "Voilà ce que je te propose. Tu as exactement trente secondes pour ton monologue habituel, ça fait, on court en silence. Si t'y parvient, peut-être et je dis bien, peut-être que je t'inviterai formellement la prochaine fois." Elle ouvre la bouche pour dire quelque chose mais force est de constater que cette fois-ci, il l’a réellement prise de court. Sa bouche se referme aussi et ses dents claquent, à peine agacée. La jeune femme se reprend bien vite, sa curiosité et son esprit pratique prenant le dessus avant tout le reste : “Ça commence quand le décompte ?” Rapidement, elle enchaîne et fronce les sourcils, préparant le terrain lorsqu’il dira que le temps est écoulé et qu’elle sera loin d’avoir dit tout ce qu’elle a à lui raconter. “Si tu l’as commencé avant de dire “3, 2, 1” alors t’es vraiment un tricheur.” Bientôt elle pourra lui dire qu’il est un “méchant”, ce qui finira d’achever son éternelle image d’enfant qui a oublié de grandir. Elle n’a de toute façon pas le temps de bouder, déjà bien consciente que le chronomètre a démarré et que ce n’est en rien pour arranger ses affaires de petite blonde qui pense toujours avoir le temps de tout puisque le monde tourne autour de sa petite personne - cela va de soi. “Non mais sinon vraiment, ta gentillesse et ta joie de vivre m’avaient tellement manqué, dans mes carnets de stalkeuse qui parlent de toi ton nom de code c’est “rayon de soleil” et je le trouve vraiment très approprié.” L’emphase se fait sur des adverbes, elle prend un plaisir disproportionné à mettre en avant le côté parfois un peu trop terre à terre de son collègue mais surtout son besoin (irrationnel, à ses yeux) de passer plus de temps seul qu’en groupe. Il est son parfait contraire et cela relève du miracle qu’il parvienne toujours à la supporter aujourd’hui alors qu’en retour la jeune femme le trouve fascinant. Le même fascinant que pour des chercheurs qui cherchent à comprendre le fonctionnement d’une chose ou d’un objet et en viennent donc à le démonter, ou le disséquer. Promis, elle n’ajoutera que “stalkeuse” sur son CV, “éventreuse” ferait sans doute un peu tâche. Et ne parlons même pas du sang qui, en effet, ferait encore plus de mauvais goût sur ses habits toujours parfaitement nettoyés. “Avoue, tu pensais pas que trente secondes c’était aussi long.” Parce qu’elle a enchaîné les paroles inutiles à propos de tout et de rien, prenant à peine le temps de reprendre sa respiration parce que respirer est de toute façon une perte de temps. Dormir aussi. Faire n’importe quoi qui ne soit pas utile à l’instant T est une perte de temps et là, pour le moment, elle raconte l’intégralité de sa soirée à son collègue (ami, c’est le terme qu’elle aurait plutôt employé) sans ne jamais omettre un seul détail, entre son four qui faisait un bruit “vraiment louche” et son doigt qui a bien failli rester coincé dans le broyeur de l’évier. “T’as un chien ? Tu devrais adopter un chien. Un chat ça t’irait pas, vous resteriez tous les deux d’un bout et de l’autre de la pièce. Mon invitation peut se transformer en tour gratuit au refuge, je m’en plaindrais même pas.” Pourtant, sa spécialité reste encore et toujours de passer du coq à l’âne et c’est ainsi qu’elle termine ses trente secondes accordées. Bien sûr qu’elle ne se plaindrait pas d’aller au refuge puisque l’idée vient d’elle ; mais puisqu’elle a compris que son temps est écoulé, elle se tait enfin et se contente de laisser parler les vagues remontant le long de la plage pour mieux s’en retirer ensuite. Charlie mime enfin une fermeture contre ses lèvres pour lui spécifier qu’elle respecte sa part du contrat. Rien ne l’empêche de répondre à sa question, pourtant. |
| | | | (#)Mer 3 Fév 2021 - 22:21 | |
| Il est vache avec elle. Il le sait. Si on lui faisait remarquer, il dirait que qui aime bien, châtie bien. Il n'avait rien contre Charlie. Bien au contraire, malgré les apparences, il la trouvait touchante comme fille. Agaçante, oui, mais touchante aussi. Il ne se permettrait jamais de faire cela avec quelqu'un qu'il n'appréciait pas ou qu'il ne connaissait pas vraiment. Principalement parce qu'il ne voudrait pas que ce soit interprété comme de la méchanceté pure et simple. Il la taquine, rien de plus. Il souligne sa manie à parler un peu trop sans laisser au silence l'occasion de se faire une petite place. Il ne peut s'empêcher de sourire, d'un sourire franc, satisfait quand il se rend compte qu'il lui a cloué le bec. Elle ne devait pas s'attendre à ça et visiblement, elle n'y était pas préparée non plus. Elle reste Charlie cependant et de son expérience à lui, Charlie ne reste jamais longtemps silencieuse, elle se remet bien vite en selle. Elle perd du temps cela dit, à se soucier de quand pourrait bien commencer le décompte. Trente secondes, ce n'est pas grand-chose. Surtout pour elle. Il sait qu'elle va devoir faire court et prendre quelques raccourcis pour dire tout ce qu'elle a envie de dire. "Le décompte commence quand tu commences à parler. Ca me paraissait logique." Qu'il lui déclare en haussant les épaules. Elle avait le temps de faire du tri dans sa tête entre les informations vitales qu'elle devait partager avec lui et celles qui, en y réfléchissant bien, n'étaient pas vraiment importantes. Il rit, quand elle lui dit qu'il est un tricheur. Elle a l'air bien jeune dans ces moments-là, elle qui semble vouloir avoir l'air si mature, tout le reste du temps. Il l'aime bien cela dit, c'est un fait. Alors, il est fair play. "Tricheur, tout de suite ... Pour te prouver ma bonne foi, voilà ton signal : la prochaine fois que tu parles, le décompte commence." Là au moins, elle est prévenue et ne pourra donc pas dire qu'il triche. Aucun moyen pour elle de contourner les règles ou de crier à la tricherie. Pourtant, elle ne semble pas vouloir prendre avantage de cette deuxième chance qu'il lui accorde, gâchant les premières précieuses secondes de son temps imparti. Pour ajouter à l'effet théâtral de la tirade de la jeune femme, il lève son poignet devant lui, prétendant regarder avec attention les secondes défiler sur sa montre. "Je suis content de savoir que tu as un joli surnom pour moi, mais tu perds du temps-là. Je croyais que t'étais plus douée que ça pour trier les informations intéressantes." Lui lance-t-il en plaisantant.
Finalement, il avait presque l'impression qu'avec cette contrainte de temps qu'il lui avait imposé, elle en perdait ce qu'elle voulait lui dire, bien trop occupée à râler. Classique. Il était habitué maintenant et même s'il prétendait que ça le dérangeait, la réalité en était toute autre. C'était sans doute pour ça que leur dynamique fonctionnait si bien. Dans le fond, Charlie n'était pas imbuvable ou fatigante comme il prenait plaisir à lui faire penser. Ou alors, elle l'était, mais elle avait simplement réussi à l'amadouer. Ce qui serait tout aussi probable. "Je savais que c'était long, mais c'est encore pire quand c'est toi qui parles." Lui répond-il du tac au tac, lui tirant la langue pour en rajouter une couche. "D'ailleurs, là, il t'en reste plus que quinze, fais-en bon usage." Annonce-t-il, lui donnant presque le top départ pour la deuxième moitié de son décompte. Il pourrait compter seconde après seconde, mais ça irait à l'encontre du jeu en lui-même. Elle avait trente secondes pour parler, il n'était pas question pour lui de la déconcentrer en la faisant perdre plus de temps qu'elle ne perdait déjà toute seule. Elle se déconcentrait suffisamment toute seule. Ou plutôt, elle avait cette aisance pour passer du coq à l'âne avec une facilité déconcertante. S'il ne l'écoutait pas attentivement, il pourrait croire qu'il avait manqué une partie de la conversation. Qu'il s'était endormi entre deux phrases et qu'il lui manquait quelques bribes. Il n'en était rien cela dit et c'était simplement Charlie, qui parlait au gré de ses pensées. "Déjà, qui es tu pour me dire qu'un chat ne m'irait pas ? Ma soeur a un chat et ça se passe très bien quand je vais la voir. Je suis pas associable hein." Lui lance-t-il en premier lieu, parce qu'il trouve important de le préciser. Un sourire se dessine ensuite sur son visage alors qu'il reprend la parole. "Mais pour répondre à ta question, non, j'ai pas de chien. Même si je suis sûr que tu le savais comme tu me stalke. Par contre, c'est marrant que tu mentionnes le refuge parce que j'ai discuté avec une fille dans le parc il y a quelques mois de ça, oui ça m'arrive, et sans me connaître, elle a suggéré la même chose." Pourtant, il n'avait toujours pas sauté le pas et se contentait de consulter les sites internet des refuges de la ville, hésitant chaque fois un peu plus à faire un pas en avant pour enfin passer à l'adoption. "Du coup j'crois qu'il faut que je me rende à l'évidence qu'il faut vraiment que j'adopte un chien. T'enflamme pas cela dit, c'est pas une invitation à y aller avec moi. D'abord, je veux voir si t'es capable de courir sans parler et après on pourra en reparler." Lui lance-t-il avec un clin d'œil. "Du coup, maintenant que t'es trente secondes sont finies, t'es prête pour la deuxième partie du deal ?" Deuxième partie, sans doute la plus compliquée, d'ailleurs. |
| | | | (#)Mer 10 Fév 2021 - 0:07 | |
| Sohan a un esprit pragmatique et reste toujours terre à terre en toutes circonstances. Autrement dit, il est le parfait opposé d’une Charlie qui ne comprend pas la logique qu’est la sienne et passe son temps à froncer des yeux quand elle n’essaye pas de le noyer sous un flot de paroles discontinues. Loin d’être bête, son esprit ne fonctionne tout simplement pas comme le sien. Cela ne l’empêche pas de parfois se reconnaître en ses mots ou ses attitudes et quand bien même ce n’est pas le cas, il reste une personne qu’elle estime et apprécie, même quand il ne cherche qu’à la faire taire par tous les moyens. Il lui dit que son temps est compté ; elle utilise ses précieuses et rares secondes pour lui faire part de son dernier surnom en date et ne jamais manquer une occasion de rire doucement de lui. Elle ne se moque pas, bien au contraire. A ses yeux, ce n’est qu’une façon maladroite de lui prouver qu’elle l’apprécie, même si elle ressemble au stéréotype de la petite sœur éternellement en quête d’attention de la part de ses aînés.
Il se fait chronomètre humain et lui précise qu’il lui reste moins de la moitié du temps qui lui avait été imparti et pourtant cela ne fait même pas ciller la blonde ou la faire accélérer. Elle ne sait que hausser les épaules et reprendre son discours comme si de rien n’était, comme si il était vital pour elle de parler de chien et de chat si tôt dans la journée, tout ça pour le couper dans son activité matinale. “Je te vois pas associable, je te vois achatsiable.” Et elle, elle pince déjà les lèvres alors qu’elle sait sa blague de bien mauvaise qualité, quand bien même elle en est fière au point de tout de même la lui raconter. En réalité, elle ne dirait jamais de lui qu’il est associable ou n’importe quelle autre variante pathétique inventée par ses soins. Si tel était le cas, elle ne serait plus dans son entourage depuis bien longtemps et même sans pouvoir être comptée dans ses proches, Charlie est à elle seule un test pour vérifier la capacité de chacun à accepter autrui près de soi. C’est ce qu’il fait au quotidien depuis de longs mois déjà, et certains jours il arrive même à ne pas s’en plaindre, c’est pour dire. “Tu devrais adopter un chien de berger. Tu as une tête à chien de berger.” Il tente de lui faire comprendre qu’il ne l’invite pas à venir l’aider à choisir un chien dans un refuge mais cela n’empêche pas la blonde de continuer à se prendre au jeu et à lui proposer des idées toujours plus approfondies à ce sujet. C’est vrai, quoi, il serait vraiment très heureux s’il avait un berger près de lui. Et inversement. Une chose est sûre : elle ne le voit pas avec un chihuahua qu’il trimbalerait dans son sac rose d’un endroit à un autre du poste de police. L’idée est pourtant très amusante.
Pourtant, pourtant, même s’il a d’abord rejeté en bloc l’idée qu’elle l’accompagne, le voilà qui s’ouvre à la discussion avec un simple “si”. Bien sûr qu’elle peut relever n’importe quel défi désormais, même celui de se taire alors qu’elle arbore le plus grand et immense sourire qui soit. Elle colle son index et son pouce pour venir mimer une fermeture contre ses lèvres et de là, Charlie n’attend pas son acolyte pour reprendre la course qu’il avait entamé quelques minutes auparavant. Le jeu en vaut la chandelle et une fois qu’ils auront couru suffisamment longtemps sur la plage, il n’aura plus aucun moyen de pression contre la jeune femme qui aura tout à y gagner : même un tour gratuit au refuge de la ville. Malheureusement pour lui, à défaut de se concentrer sur son souffle ou les bruits des vagues contre le sable, elle ne cesse de penser à tous les noms de chien qu’il pourrait avoir, à quelle couleur de pelage se fondrait le mieux dans son appartement (qu’elle n’a jamais visité mais imagine tout de même) et à tous les nouveaux arguments qu’elle pourrait utiliser pour le faire céder malgré toute la bougonnerie dont il est parfois capable. Il lui a laissé une once d’espoir et cela va le mener à sa perte. “Je mets un veto sur le prénom. T’as pas le droit de l’appeler comme moi.” Après de longues minutes, elle décide donc de la fin de la course. Sportive, elle est surtout très rapidement ennuyée de simplement courir sans but précis ni même musique dans les oreilles pour faire passer le temps d’une différente manière. “Quand est ce que t’es libre ? C’est décidé, tu vas devenir propriétaire.” Si personne ne lui met un coup de pied, elle craint qu’il ne le fasse jamais de lui même et que les choses ne changent jamais. Alors, elle se sacrifie, dans toute sa bonté, de toutes les dents montrées par son sourire aussi. |
| | | | (#)Dim 14 Fév 2021 - 23:21 | |
| Il pouffe de rire, Sohan quand Charlie lui dit qu'il est achatsiable. Il ne l'a pas vu venir celle-là et il s'est clairement fait prendre par surprise. C'est dans les moments comme celui-ci, où il ne peut rien faire d'autre que rire que sa façade du type complètement agacé dès que la jeune femme ouvre la bouche tombe totalement et qu'il n'est pas du tout crédible. Il n'y peut rien cela dit. Elle est drôle Charlie, quand elle n'est pas agaçante et qu'elle ne débite pas quarante mille mots à la seconde. Sans exagérer. Ca l'amuse lui, de jouer au dur, au coeur de pierre qui préfèrerait presque se pendre plutôt que de passer quelques instants seul avec elle. Il n'agirait pas de la sorte s'il s'en fichait. S'il n'avait pas d'affection pour la jeune australienne. Il était persuadé qu'elle le savait. Que même sans avoir à lui dire, elle savait qu'au fond, il l'appréciait et que pour lui c'était plutôt un moyen de la taquiner. Elle prenait un malin plaisir à s'immiscer dans sa bulle, lui prenait un malin plaisir à la taquiner à sa manière. C'était comme ça que ça fonctionnait entre eux. "J'avoue qu'elle est bonne celle-là. T'as vraiment fait des progrès à ce niveau." Lui répond-il, sourire aux lèvres. Elle a toujours été plutôt drôle de toute façon, du moins, de son point de vue à lui. C'était sans doute pour ça qu'il avait rapidement oublié qu'elle pouvait être embêtante et endosser le rôle cliché de la petite sœur terrible. Quelque chose qu'il n'avait jamais eu l'occasion de vivre avec Yasmine qui plutôt que de l'embêtait avait toujours voulu prendre part à ce qu'il faisait. Il se rendait donc un peu compte de ce qu'il avait raté et au final, il ne regrettait pas. Il n'échangerait sa sœur pour rien au monde. Encore moins pour une Charlie qui devait être bien pire étant plus jeune. En revanche, il était fair play et loin d'être de mauvaise foi, alors, quand elle dit quelque chose de drôle et qu'il ne peut pas le cacher, il trouve que c'est important de lui faire remarquer. Tout artiste méritant de la reconnaissance, quel qu'était son art. La plaisanterie et les jeux de mots en étant un à juste titre. Puis, elle dit des choses censées aussi de temps en temps, Charlie, il doit bien le reconnaître. Surtout quand elle mentionne le chien et l'adoption. Comme si elle lisait dans ses pensées, ou qu'elle avait hacké son ordinateur et avait donc accès à l'intégralité de son historique de recherches internet dans lequel elle aurait pu voir les nombreux clics vers les sites internet des différents refuges de la ville depuis quelques temps. Elle voit juste aussi quand elle mentionne le chien de berger. Pas vraiment pour la raison qu'elle utilise pour justifier ce choix, mais pour le choix en lui-même, elle tape droit dans le mil'. Il ne cherche pas une race de chien en particulier Sohan, il cherche surtout à changer la vie d'un animal dans un refuge, mais son attention se portera moins facilement sur un caniche ou un petit chien du même genre que sur un chien un peu plus gros, chien de berger ou chien ayant plus ou moins le même gabarit. "J'dois prendre ça comme un compliment ? Parce que soit tu insinues que j'ai une tête de chien, ce qui est peut-être pas super flatteur, parce que clairement je respire pas la bouche ouverte et la langue dehors." Lui répond-il en plaisantant. "Soit tu insinues que je suis mignon, ce qui serait vraiment très très gentil de ta part Charlie." ajoute-t-il.
Il est surpris quand Charlie reprend la course sans se plaindre, sans tenter d'obtenir quelques secondes de temps de parole en plus. Peut-être qu'après tout, elle a réellement envie de courir avec lui et son seul et unique but n'est pas de l'embêter dès les premières heures du jour. Il ne sait pas combien de temps ça va durer, mais pour lui, c'est un début prometteur et ça fait clairement pencher la balance en sa faveur sans qu'elle le sache. Il n'a pas prévu de durée précise pour cette course silencieuse à laquelle il a décidé de soumettre Charlie. Il attend surtout de voir quand elle décidera qu'elle en a eu assez, qu'elle a fait un effort assez long pour que ce soit acceptable de recommencer à parler. Pour lui finalement, le simple fait qu'elle respecte ce qu'il lui avait demandé, ne serait-ce que cinq minutes était bien assez. Il avait pour habitude de courir en silence, musique dans les oreilles quand il était seul, mais quand il courait avec James ou sa sœur quand elle était disponible, il prenait plaisir à bavasser en même temps. Il ne lui demandait donc pas un silence religieux digne du plus pieux monastère d'Australie. Il limitait simplement ses excès, à sa manière. En l'embêtant un petit peu, parce que ça ne pouvait pas être qu'à sens unique. C'est d'ailleurs un sourire narquois qui se dessine sur son visage quand elle reprend la parole. Lui, il prend son temps et fait mine de regarder sa montre, comme pour vérifier combien de temps elle a pu tenir. La vérité étant qu'il n'avait pas regardé l'heure au départ et n'en a donc aucune idée. Elle a joué le jeu, c'était tout ce qu'il lui demandait. "Je l'appellerai Charles si c'est un mâle, c'est pas grave, ça se rapproche tout autant et ça donne un petit côté BCBG. Si c'est une femelle, ce sera Villanelle. Original, mais sympa." Il plaisante, quoi que. Il se dit qu'il y a probablement plus d'un animal qui a été nommé sur le ton de la plaisanterie avant que ça finisse par être sérieux. Il ne fallait jamais dire jamais surtout quand ce matin en arrivant à la plage il n'avait pas prévu d'adopter de chien dans un futur proche et que même pas trente minutes plus tard, il était quasiment en train de fixer une date pour faire le tour des refuges avec la jeune femme. Il ne savait pas comment elle pouvait manipuler son esprit de la sorte, mais elle était douée. Parce que bien sûr, c'était complètement sa faute à elle. "J'suis jamais libre moi, j'ai une vie bien remplie qui se résume pas à coller aux baskets de mes collègues." Répond-il d'abord en lui tirant la langue avant d'y réfléchir un peu plus. "Tu fais quelque chose ce weekend ? J'dis pas que je repartirai avec un chien, mais on peut au moins aller voir un ou deux refuges et se renseigner sur ce qu'ils demandent comme papier puis voir les chiens accessoirement." Il ne savait pas comment ça fonctionnait, mais il pouvait facilement imaginer qu'on ne ressortait pas avec un chien comme on ressortirait du supermarché avec un sac de pommes de terre. Ca n'engageait donc à rien, si ce n'était de passer l'après-midi avec la jeune femme, ce qui était déjà pas mal. |
| | | | (#)Lun 15 Fév 2021 - 23:51 | |
| Elle ne prétendra jamais au rôle de sœur qui n’est pas le sien mais cela ne l’empêche pas d’en avoir tout le caractère, peu importe à quel point elle se rapproche des exécrables stéréotypes. Charlie est faite pour être une insupportable petite sœur et Solveig devrait s’estimer heureuse de ne pas avoir grandi à ses côtés - et c’est d’ailleurs le cas, elle en est ravie. Un Sohan qui la félicite sur le niveau de ses blagues est comme le plus beau des cadeaux sous le sapin, ou même à son anniversaire, et grâce à son rire elle n’a pas à repenser à ses propres souvenirs familiaux. Sans doute est-elle en train d’exagérer son caractère mais justement elle ne serait pas Charlie si elle ne faisait pas une telle chose à longueur de journée, sans même s’en rendre compte finalement. Il a appris à la supporter, c’est la plus grande force qu’elle lui concède bien volontiers. Ça, et le fait de toujours déformer la moindre de ses paroles pour qu’elle puisse ensuite mimer être outrée, choquée, déçue. Cochez la réponse que vous préférez. “Imagine si je te dis que tu as une tête de chien et que tu es mignon. T’as pas le droit de m’en vouloir, comme ça.” Fière, elle le prouve par son sourire qui occupe toute la place sur son visage. La jeune femme ne pensait à aucune de ces réponses mais puisque Sohan les lui propose sur un plateau d’argent, elle est tout à fait incapable de ne pas saisir l’opportunité et ainsi se moquer de lui avant de flatter son ego. Au moins, si elle ne pense réellement pas qu’il a une tête de chien, elle aurait réellement pu lui dire qu’elle le trouve mignon sans même que le contexte s’y porte. Cela n’aurait étonné personne venant d’elle, cela n’aurait rien sous-entendu non plus. Il ne s’agirait d’une fois de plus que de Charlie qui a bien du mal à tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. “Je retiens donc que je suis quelqu’un de très très gentil.” Il l’a dit lui-même et, cette fois-ci, elle n’a même pas eu besoin de lui placer un couteau sous la gorge ou de lui dicter ce qu’il avait à prononcer. Les choses s’améliorent, doucement mais sûrement, et pour fêter cela elle lui offre un jogging le long de la plage sans aucun mot de sa part, pas même un sifflement plaintif.
Impossible de dire lequel des deux est le plus étonné du silence qui a régné durant de longues minutes mais l’informaticien ne laisse rien paraître et, au contraire, trouve toujours à redire en observant sa montre. Charlie, elle, se prépare déjà à lui expliquer combien de secondes elle a tenu et à quel point c’est un supplice pour elle de ne pas faire fonctionner sa langue - est ce qu’il connaît cette maladie qui fait que si on utilise pas sa langue pendant cinq minutes de suite alors on meurt ? Non ? parce que c’est sûr et certain qu’elle a vu ça dans un film, ou un dessin animé, ou une bande dessinée. Bref, elle l’a vu.
Elle l’a vu, et maintenant elle est outrée à l’instant même où il commence à parler davantage qu’elle et, par extension, se moquer. Sa bouche forme un ‘o’, ses sourcils se froncent. Pourtant, Charlie ne ferait pas même peur à un enfant, même pas un des siens. “Charles c’est mon surnom, alors c’est interdit aussi. Tu veux pas l’appeler Alan, non ? Y’a qui d’autre comme informaticien célèbre ? Bill ? Steve ?” Sa connaissance du domaine n’est pas très développée, il faut bien l’avouer. Pourtant, elle le voit bien plus avec un chien au prénom standard plutôt que quelque chose de réellement recherché - et même si Charlie/Charles sont des prénoms standards, c’est toujours un non catégorique. Elle aime à penser que son avis compte réellement. “Tu vas te tromper avec le nombre de ‘l’ et de ‘n’ sur son passeport si tu choisis Villanelle, abandonne directement la mission.” Tous les arguments sont bons à prendre dès qu’ils penchent en sa faveur. Les autres sont simplement omis.
"J'suis jamais libre moi, j'ai une vie bien remplie qui se résume pas à coller aux baskets de mes collègues." Il tire la langue et elle en fait de même, le traitant intérieurement de menteur. Ils sont littéralement en train de coller les baskets l’un de l’autre en cet instant, il n’a pas le droit de nier ça. Lorsqu’il émet réellement l’hypothèse de libérer quelques heures de son précieux temps, pourtant, elle saute sur place telle une enfant et ne peut s’empêcher de lâcher un petit cri aigu. “Ce week-end, c’est parfait. Quand tu veux. On peut même faire un jogging jusqu’à un des refuges, comme ça tu pourras pas te plaindre d’avoir perdu ton temps.” La jeune femme anticipe toutes les possibilités et explore tous les scénarios parce qu’au déjà de la simple blague, elle sait bien qu’adopter un animal n’est pas une décision à prendre à la légère et elle ne peut que respecter son envie d’y aller pas à pas. Tant qu’il ne se met pas lui-même des barrières inutiles, elle ne se plaindra pas le moins du monde. En cet instant, elle sourit bien trop pour ajouter quoi que ce soit, désormais certaine qu’il finira par aller jusqu’au bout de cette idée. “Il pourra jouer avec mon chien, en plus. Je sais que tu ne me vois pas assez chaque semaine et que c’est un argument de poids.” En réalité, elle n’est même pas certaine de lui avoir déjà parlé de son chien et s’il ignorait encore son existence, alors elle est d’autant plus heureuse de la lui avouer en cet instant.
"Tu te sens seul, parfois ?” Puisque sa spécialité consiste à passer du coq à l’âne, elle en montre une fois de plus un exemple à Sohan. Des rires, elle passe à une attitude infiniment plus sérieuse, refermant son visage en même temps qu’elle arrête de gesticuler sur place et repose ses yeux sur son ami. |
| | | | (#)Sam 20 Fév 2021 - 22:24 | |
| Il prend plaisir à la taquiner. Il ne lui dirait pas. Il nierait même si elle lui disait que c'était ce qu'il était en train de faire. Il jouerait la carte du sérieux. Comme s'il pensait réellement à appeler son chien comme elle. Cela dit, ce serait un compliment quand on y pense. Ca voudrait dire qu'il l'apprécie suffisamment pour donner le même prénom à son chien. Prénom qu'il devra prononcer des dizaines de fois par jour pour appeler l'animal et qui lui rappellera sans l'ombre d'un doute sa jeune collègue. Elle devrait être flattée, il ne comprend vraiment pas pourquoi elle ne l'est pas. Il trouve même qu'elle abuse un petit peu avec sa mine outrée. "C'est ton surnom, donc c'est pas ton prénom. Si je veux l'appeler Charles comme le Prince Charles ou comme Charles Dickens, tu vas faire quoi ? T'as pas le monopole." Son surnom n'était pas breveté de ce qu'il savait. Ce n'était même pas son prénom. C'était son surnom. Surnom que lui n'utilisait pas et dont il pouvait totalement nier connaître l'existence. Après tout, sa relation avec Charlie était purement professionnelle et ils ne se croisaient jamais à l'extérieur, n'est-ce-pas ? "L'orthographe n'a pas d'importance tant que je le dis à voix haute et que ça sonne pareil." Il rit parce que ça aussi c'est probablement un peu idiot comme nom pour un chien et ça ne fait clairement pas partie de la liste non existante de prénoms potentiels pour son futur chien. C'est un peu trop long à son gout de toute façon, un peu trop compliqué à raccourcir aussi, mais les arguments de Charlie l'amuse. Ce n'était pas comme s'il pouvait accéder à ses informations sur les réseaux sociaux ou n'importe où sur la toile pour voir la bonne orthographe, c'était un jeu d'enfant pour lui. Il pourrait même pousser le vice jusqu'à hacker son ordinateur au bureau ou quelque chose du genre, mais il ne le ferait pas, parce que ce n'était pas le genre de choses qu'il faisait.
Il veut se montrer de bonne foi cela dit et c'est pour ça que même s'il plaisante au départ, il propose quand même à Charlie de venir avec lui ce weekend. C'est un peu sa récompense pour avoir réussi à courir en silence, comme il le lui avait demandé. Le petit cadeau supplémentaire qui n'était pas prévu dans le deal initial, mais qui montre vraiment qu'il a apprécié l'effort qu'elle avait fait. Sans se plaindre de trop, en plus de ça. Non, vraiment, quand elle voulait, elle pouvait faire des merveilles la petite. Puis comme il se sent l'âme généreuse aujourd'hui, il est même prêt à lui faire un deuxième cadeau. "C'est d'accord. Samedi, disons en début d'aprem' et on court jusqu'au refuge le plus proche. Je promets même de pas me plaindre, je peux être sympa quand même." Il fait oui de la tête, comme pour appuyer ses propres propos. Il sait que proposer à Charlie de passer autant de temps avec elle, c'est risquer de se retrouver cible de toutes les questions qui pourraient lui passer par la tête, mais aussi être l'interlocuteur de tout ce qui pourrait sortir de sa bouche. En une après-midi, ça pouvait s'accumuler à force, mais ce ne serait qu'un peu plus l'occasion de l'embêter un peu. Il avait toujours un moyen de pression en plus. Il pouvait la menacer de ne plus jamais courir avec elle, ce qui devrait suffire sans l'ombre d'un doute. "Je savais pas que t'avais un chien. Tu peux l'emmener samedi si tu veux. Il s'appelle comment ?" Il ne disait pas que son futur chien pourrait jouer avec régulièrement, mais il ne disait pas le contraire non plus, préférant s'intéresser à l'animal dont il venait d'apprendre l'existence.
Il hoche d'abord la tête de gauche à droite quand elle lui demande s'il se sent seul parfois. La réponse suit aussi rapidement. "Non. Je suis bien entouré tu sais ? J'ai une famille, des amis, certes pas des dizaines, mais ceux que j'ai sont de très bons amis sur qui je peux compter. Ça me suffit amplement." Malgré ses apparences un peu solitaire. Il n'était pas un ermite coupé du monde et des autres. Il n'était simplement pas mondain. Il se contentait d'être entouré de peu de monde du moment que ce monde était proche. Il n'était pas fermé aux relations. Quelles qu'elles pouvaient être, il ne s'encombrait simplement pas de relations superficielles et de personnes sur qui il ne pouvait pas compter. Peut-être qu'il y perdait et peut-être qu'il aurait beaucoup de choses à découvrir s'il s'ouvrait un peu plus, volant de groupe d'amis en groupe d'amis, mais ce n'était pas pour lui. La plupart de ses proches étaient des gens qu'ils connaissaient depuis des années et pour qui il n'avait plus aucun secret. Il s'agissait d'amitiés sincères qui avaient traversé les âges, à ça près. Il n'était cependant jamais complètement fermé quand il s'agissait de laisser quelqu'un de nouveau dans sa vie. Il faisait attention, se protégeait et n'aimait pas trop en révéler sans être certain des intentions de l'autre. Il n'était pas si différent de monsieur tout le monde, finalement. Il fonctionnait juste à sa manière. Charlie était différente de lui. A des années lumières de la timidité de Sohan. Il ne comptait plus le nombre d'amis qu'elle pouvait mentionner. Des prénoms de personnes qu'elle avait dans son entourage, il en avait entendu à la pelle et il était parfois compliqué pour lui de suivre tellement elle paraissait entourée, tout le temps. "Et toi ?" demande-t-il "C'est pas étouffant de toujours être entourée de plein de monde ? T'as jamais besoin de te retrouver un peu seule ?" Ou peut-être qu'elle n'aimait pas se retrouver seule, qu'elle préférait être entourée pour éviter de penser à elle. Il n'était pas psychologue, ne connaissait d'ailleurs rien du tout à la psychologie, mais était certain qu'il fallait un juste milieu, que quelqu'un de trop renfermé pouvait présenter un quelconque malaise, de la même manière que quelqu'un ayant besoin d'être constamment entouré pouvait en présenter un aussi. Il avait parfois du mal à la cerner Charlie, parce qu'elle lui donnait l'impression d'être partout à la fois, avec tout le monde, sans jamais s'arrêter et elle ne semblait pas s'en plaindre. "T'as pas besoin des autres pour être quelqu'un et exister." Il ajoute ça, doucement. Ce n'est ni un conseil ni un jugement de valeur, mais il a envie qu'elle le sache quand même, parce qu'il a l'impression qu'à être partout en même temps, elle pourrait finir par se perdre à un moment où un autre. |
| | | | (#)Lun 1 Mar 2021 - 3:04 | |
| "C'est ton surnom, donc c'est pas ton prénom. Si je veux l'appeler Charles comme le Prince Charles ou comme Charles Dickens, tu vas faire quoi ? T'as pas le monopole." - “Ça serait de la triche. Et t’es pas un tricheur, n’est-ce pas ?” Ce genre d’argument aurait fonctionné s’il avait été utilisé contre elle mais rien n’est moins sûr lorsqu’il s’agit de Sohan avec qui, finalement, elle ne partage que très peu de traits de caractère en commun. Elle se dit qu’elle aurait dû parler de code de triche ou filer la métaphore, cela aurait été plus adapté à l’homme ciblé. Plus marrant, aussi. Mince, l’occasion est manquée et la seule personne touchée dans toute cette histoire reste éternellement la blonde, elle qui ne s’attendait pas à ce qu’il riposte de façon aussi terre à terre. Le plus difficile à digérer pour elle, c’est qu’il a totalement raison - et qu’ils le savent tous les deux. Son prénom n’est pas breveté, son surnom l’est encore moins. Et elle, elle argumente autour d’un prénom hypothétique et d’un chien qui l’est bien plus encore. Charlie ne sait faire que des plans sur la comète sans jamais être certaine de l’atteindre un jour.
L’informaticien lui concède un peu plus de terrain à chacune de ses réponses, pour son plus grand plaisir. Elle ne cherche même pas à le cacher, elle qui arbore un sourire bien trop immense pour que qui que ce soit puisse penser une telle chose. Ce dernier ne faiblit pas lorsqu’il la relance au sujet de son chien et que l’animal a le don de lui remémorer des souvenirs qu’elle ne souhaite pas utiles de garder en mémoire. Pour autant, Sohan n’en est absolument pas au fait et elle serait stupide de lui en vouloir de quoi que ce soit alors qu’il ne fait que s’intéresser poliment à sa vie. “Hope. On peut faire un concours du nom le plus cliché, si tu veux.” La jeune femme n’hésite pas à se moquer d’elle-même lorsque l’occasion s’y prête et force est de constater que c’est le cas en cet instant. Pour autant, elle ne changerait son nom pour rien au monde, elle dont les émotions sont toujours changées pour le meilleur lorsqu’elle en vient à prononcer le nom de son animal à quatre pattes.
Pour autant, éternelle curieuse, elle ne peut s’empêcher de profiter d’une seconde de répit pour le relancer sur un sujet bien différent. La question est vague et peut amener à une infinité de réponses différentes, desquelles elle n’aurait jamais pu déduire les mots de son collègue. Charlie aura tôt fait de laisser reposer sa sagesse sur son âge avancé (quiconque étant plus vieux qu’elle étant “avancé”) plutôt que de penser à se remettre en question, elle ou ses a priori. "Non. Je suis bien entouré tu sais ? J'ai une famille, des amis, certes pas des dizaines, mais ceux que j'ai sont de très bons amis sur qui je peux compter. Ça me suffit amplement." De ça, elle n’a jamais douté. Ce n’est pas parce qu’elle l’assomme de questions à longueur de journée qu’elle connaît sa vie dans les moindres détails, loin de là, mais il ne lui a jamais laissé croire qu’il était seul. Il reçoit des sms de temps à autre, des appels aussi. Aucun des numéros enregistrés sur son téléphone ne comporte des dizaines de smileys de cœur et d’étoiles mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils ne comptent pas pour lui, c’est évident. Sohan ne le dira jamais de lui-même, mais Charlie n’en a jamais douté. Elle ne pense pas qu’il soit un robot, quand bien même il aime travailler autour de ce domaine ci ; elle trouve simplement qu’il devrait être plus ouvert à de nouvelles rencontres parce qu’il est quelqu’un de bien. Du genre vraiment bien. Étonnement silencieuse, elle hoche doucement de la tête, désormais calme au possible.
"Et toi ?" Est ce qu’elle se sent seule ou est ce qu’elle est bien entourée ? La distinction entre les deux questions est importante, parce que la réponse diffère du tout au tout. "C'est pas étouffant de toujours être entourée de plein de monde ? T'as jamais besoin de te retrouver un peu seule ?" Charlie n’avait bien sûr jamais prévu qu’il lui relance ses propres questions et surtout pas qu’il y aille de ses propres observations et indiscrétions. Elle ne lui en veut pas, bien sûr, mais elle est déstabilisée et tout se lit aisément dans son regard. Sa première réponse est d’hausser les épaules, comme si de rien n’était. En réalité, la jeune femme n’a tout simplement jamais abordé la question avec un tel point de vue et c’est à peine si elle l’a même abordée, cette fichue question. Ce n’est que maintenant qu’elle se rend compte à quel point la question posée à Sohan avait pu être stupide : c’est sa façon d’être, elle n’y est pour rien et lui non plus, ils ne peuvent pas trouver de raisons à cela. Elle est née ainsi, a grandi de la même façon. Il n’y a pas d’histoire dramatique qui pourrait expliquer une telle attitude aujourd’hui ; elle a toujours été une enfant adepte des goûters entre amis, plus tard devenus des soirées étudiantes en grand nombre. "T'as pas besoin des autres pour être quelqu'un et exister." Sa lippe se retrousse, sincèrement émue qu’il lui dise de telles choses sans qu’elle l’ait provoqué. “C’est comme quand on dit aux enfants que le regard des autres ne compte pas et qu’ils doivent toujours agir comme leur coeur le leur dicte de faire.” Sur la théorie, c’est vrai. Dans la pratique, personne ne l’applique jamais. Les enfants deviennent des adultes et à leur tour ils perpétuent ces éternels mensonges de grandes personnes dans lesquels elle a été bercé sûrement autant qu’il a pu l’être à son tour. Ils n’en tirent simplement pas les mêmes conclusions et elle, prise à son propre jeu, elle esquive la question qu’elle a elle-même provoquée. “On veut qu’ils le croient aussi longtemps que possible tout en sachant que c’est faux.” La jeune femme n’a plus ni le regard ni l’attitude d’une enfant. Elle a cessé de danser d’un pied à l’autre ou de jouer avec ses doigts. Désormais, seuls ses yeux sont occupés à scruter le regard du Khadji. “J’aime vraiment pas être seule. Tous les films d’horreur commencent quand le groupe décide de se séparer, tu vois, c’est un peu pareil dans la vraie vie.” Sa comparaison reste sujette à amélioration mais le coeur y est. En groupe, elle se sent bien plus forte, si ce n’est invincible. Elle n’est tout simplement pas très douée pour trouver les personnes avec lesquelles se lier, quand bien même certaines traversent les âges avec brio et qu’elle ne voudrait les perdre pour rien au monde. “Je pourrais être seule si je le voulais vraiment, c’est pas irréversible. J’imagine que c’est la même chose pour toi, non ? Si t’as envie de voir ou de parler à quelqu’un, t’as juste à envoyer un message ou peu importe.” A sa famille, à ses amis, cela ne la regarde pas. Là non plus, il n’y a rien d’irréversible. Ils évoluent dans deux mondes bien différents mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils ne peuvent pas se comprendre. Charlie doit redoubler d’efforts pour arriver à comprendre comment fonctionnent les humains qui ne lui ressemblent pas mais elle les trouve toujours d’intérêt. "Je le fais pour moi, tout ça, dans la police. C'est pas pour exister auprès de qui que ce soit, si ça peut te rassurer. Ça aurait été une raison trop bancale." Parce que s'il ne s'agit que d'elle-même, elle continuera de vouloir se prouver davantage et cela sera sans fin. Si c'était pour autrui, cependant, elle n'en aurait eu aucun contrôle et aurait pu tout laisser tomber du jour au lendemain sans raison apparente. Cela lui semble impossible. "T'aurais pu rentrer dans n'importe quelle boite tranquille de la ville et on aurait jamais entendu parler de toi, on t'aurait jamais emmerdé non plus." La question n'existe pas réellement mais est ô combien sous entendue : pourquoi t'es là, toi ? |
| | | | (#)Sam 6 Mar 2021 - 12:39 | |
| "C'est joli Hope. J'aime bien moi et je trouve pas que ce soit si cliché que ça." Lui répond-il quand elle évoque le nom de son chien avant d'y apporter un jugement de valeur. Il ne trouve pas ça cliché. Pas du tout. Pas plus cliché que ces parents qu'il avait croisés une fois dans un restaurant. Ils avaient trois filles et les avaient appelées Grace, Hope et Faith. Ca, pour lui, ça avait été un peu cliché, mais après tout, qui était-il pour juger ? Il n'avait pas d'enfant. Peut-être qu'il n'en aurait jamais. Peut-être qu'un jour il en aurait et leur donnerait les prénoms les plus clichés de l'histoire. Il n'y avait jamais vraiment pensé. Il se disait qu'il n'était finalement pas à l'abri. "Après peut-être que je suis un peu ringard et c'est pour ça. Cela dit, je ne suis pas en train de te donner le droit de dire que je suis hasbeen." Il précise. Parce qu'il commence à la connaître, Charlie. Il commence à comprendre qu'il ne faut pas lui tendre trop de perches. Parce qu'elle est du genre à les saisir sans se faire prier et que lui, il préfère l'arrêter avant. Cependant, ce serait réducteur de limiter la jeune femme à cela. Elle n'est pas qu'agaçante. Pas simplement cette jeune femme qui semble interférer plus que de raison avec son espace personnel sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Il l'avait cru, pendant un moment. Ce serait un mensonge de dire le contraire, mais avec le temps, il avait fini par se rendre compte qu'elle était bien plus que cela. Il avait découvert qu'elle pouvait être parfaitement sérieuse aussi et elle le démontrait une fois de plus avec la question qu'elle venait de lui adresser.
Il voyait bien qu'il n'y avait pas de plaisanterie. Qu'elle semblait vraiment curieuse de savoir s'il ne se sentait pas seul de temps à autre. Alors, il lui donne une réponse honnête. Aussi sérieuse que sa question parce qu'il sait faire la part des choses lui aussi. Même s'il la taquine et que ça l'amuse plus qu'il n'oserait l'admettre à voix haute, il n'est pas un tyran. Surtout pas envers elle et il ne tournerait pas en dérision une discussion qui se veut sérieuse. Il n'y aurait rien de plus vexant et blessant qu'une réaction pareille. Il lui répond donc simplement, sans trop d'explications. Il n'en a pas particulièrement. C'est compliqué d'expliquer plus que cela pour lui. Non, il ne se sent pas seul parce qu'il est entouré. C'est aussi simple que cela. Même si de son point de vue à elle, il peut paraître solitaire outre mesure. Elle n'aurait pas tort, dans un sens. Il n'a pas peur de la solitude. Ça ne le dérange pas de devoir rentrer chez lui après le travail et de s'enfermer dans sa maison jusqu'au lendemain matin où il se lèvera pour son footing quasi quotidien. Il n'a pas besoin d'avoir une vie sociale remplie à ne plus savoir où donner de la tête. Ca ne veut pour autant pas dire qu'il n'aime pas faire un crochet par un des bars du coin pour boire un verre avec ses collègues ou retrouver sa sœur pour aller dîner, ou n'importe quelle autre activité qui lui ferait voir du monde. C'était tout bonnement qu'il n'avait pas besoin de cela pour se sentir bien. Il n'avait pas l'impression d'avoir loupé sa journée ou d'être coincé dans la routine sous prétexte qu'il rentrait chez lui après le travail et se contentait de passer la soirée en tête-à-tête avec son ordinateur. Il lui retourne la question. A sa façon. Il se doit de le faire. Il sait qu'ils sont différents tous les deux, que leurs personnalités sont à des années lumières l'une de l'autre. Ca ne veut pourtant pas dire qu'il n'essaye pas de la comprendre. Alors, il lui demande, à sa façon si finalement, ce n'est pas un peu étouffant d'être toujours entourée comme elle a l'air de l'être. Elle ne serait pas moins elle si elle se retrouvait seule, vraiment seule, une fois de temps en temps. "C'est parce qu'on prend jamais vraiment le temps de montrer aux enfants comment faire. On leur balance la théorie sans leur montrer l'exemple." Il généralise avec le on, mais il s'inclût dedans sans l'ombre d'un doute. Il serait le premier à dire ce genre de choses, mais il sait aussi que la réalité est différente. Que lui-même, du haut de ses trente-sept ans à bien du mal des fois à ne pas redouter le regard des autres. Il n'est donc pas le mieux placé pour parler de ça, mais ce n'était pas vraiment là qu'il voulait en venir avec Charlie. "Tu sais que les films d'horreurs n'ont rien à voir avec la réalité. C'est de la fiction pour la plupart qui vise seulement à déclencher une émotion chez le spectateur. La peur, en l'occurrence." Oui parce que lui, il ne croyait pas à ces histoires de fantômes et d'exorcisme. Il était aussi persuadé qu'être seul chez lui n'allait pas faire débarquer un malade avec sa tronçonneuse prêt à en découdre. Bien sûr que ce genre de films n'étaient pas forcément rassurant, rendaient un peu paranoïaques aussi parce qu'on a toujours cette fâcheuse manie à les regarder quand on est seul chez soi, de préférence le soir dans le noir complet. Parce que c'est toute une ambiance qu'il faut recréer. Ça n'aurait aucun sens de regarder un film d'horreur en plein après-midi avec une dizaine d'amis. "Mais oui je suis d'accord avec toi sur ce point, c'est pas irréversible. Je suis jamais qu'à un sms de ne pas rentrer chez moi après le boulot pour aller voir quelqu'un. Ca m'arrive plutôt souvent d'ailleurs, tu serais surprise." Il dit ça en souriant. Il ne sait pas trop si elle est au courant qu'il est pas fermé à une sortie entre amis. "Ce que je voulais dire c'est que, de mon point de vue, t'as l'air d'être une fille qui est toujours entourée, toujours à droite ou à gauche, je juge pas, c'est pas là que je veux en venir, mais je me demande comment tu fais pour pas t'oublier un peu en quelques sortes. Comment tu fais pour ne pas perdre un peu celle que t'es quand t'es seule chez toi ? Ou alors t'es vraiment quelqu'un qui prend toute son énergie en côtoyant du monde ? C'est dur à expliquer. Je sais pas si tu comprends ce que je veux dire." Il demande, parce qu'il essaye de comprendre comment elle fonctionne. Bien conscient que ça n'ait rien à voir avec sa façon de faire à lui.
Il ne sait pas trop s'il est clair. Il fait cependant oui de la tête quand elle lui parle de sa présence au sein de la police. "Je sais bien. Pour tout te dire, j'crois que t'as choisi un des rares domaines dans lequel on ne peut se lancer que pour soi-même." Parce que bosser pour la police n'était pas facile tous les jours. Ça demandait des efforts considérables. Il fallait s'accrocher. Ce n'était pas le genre de choses que l'on pouvait faire pour les autres. "Tu serais déjà plus là si tu ne le faisais pas pour toi. J'en ai vu passer quelques-uns des jeunes qui faisaient ça pour leurs parents, leurs potes ou que sais-je, ils n'ont jamais fait long feu." Ils finissaient toujours par craquer. Parce que la charge de travail était importante. La charge morale tout autant. Son histoire à lui et sa présence est différente à ses yeux. "J'aurai pu oui. Pour te dire je suis arrivé par hasard dans la police. Je ne pensais pas y rester, ni même m'y plaire. Puis je sais pas, j'ai adoré l'esprit d'équipe. Même si je suis pas flic, j'ai quand même l'impression de faire partie de l'équipe à part entière. Puis c'est quand même plus gratifiant de contribuer au bon fonctionnement des enquêtes sur le plan informatique que d'aider Karen à la compta' dans une boite lambda parce qu'elle a encore appuyé sur la mauvaise touche de son clavier et tout fait planter pour la trente-troisième fois ce mois-ci." Karen à la compta, ça pouvait être n'importe quelle personne dans une boite lambda qui n'y connaissait rien en informatique finalement. Cela reflétait les tâches peu intéressantes qu'il serait amené à effectuer dans une entreprise quelconque. |
| | | | (#)Ven 2 Avr 2021 - 20:27 | |
| C’est d’accord, elle ne lui dira pas qu’il est hasbeen. Maintenant que le terme a été lancé, pourtant, elle est incapable de se le sortir de la tête et garde donc un petit sourire au coin des lèvres, avant qu’un sujet plus sérieux ne reprenne le dessus. Charlie n’avait pas vu venir le tournant qu’a pris leur discussion et si elle lui parlait jusque là à tout va, elle ne s’était jamais doutée qu’il allait réellement l’écouter et encore moins qu’il allait vouloir lui répondre convenablement. A vrai dire, elle a appris à se contenter du rôle de pipelette qui n’a pas vraiment d’importance et continuer dans cette voie ne l’aurait jamais ni dérangée ni vexée. Le contraire la rend pourtant on ne peut plus heureuse, quand bien même leur sujet ne porte pas réellement à sourire. Elle a arrêté de le faire, d’ailleurs, désormais concentrée sur ce qu’il lui dit bien plus que l’image qu’elle renvoie. “Il y a toujours des moments où je me retrouve seule. Je sais qu’ils ne sont pas nombreux mais justement ils sont suffisant pour que je me retrouve un peu, comme tu dis.” C’est le temps d’un trajet, le temps d’une nuit, le temps qui se passe entre Cian qui quitte son appartement et Léo qui y arrive - toujours en retard. Sohan et elle n’ont pas les mêmes besoins, c’est la seule conclusion qu’elle arrive à esquisser au milieu d’une foule d’incertitudes. Pour sa part, elle sait au moins qu’elle n’a ni envie et encore moins besoin de se retrouver face à elle-même. L’introspection est loin d’être sa spécialité, la blonde n’a sans doute pas envie de comprendre ce qu’il se passe dans son cerveau et sa vie. “J’ai l’impression que tu parles d’un vampire qui prend l’énergie des autres au lieu du sang.” Elle reprend, amusée, sans pour autant répondre à la question. Il a raison: elle prend son énergie en côtoyant les autres. Jusqu’à aujourd’hui, elle n’avait simplement jamais posé de mots là dessus et s’était contentée de le vivre. “Mais je comprnds ce que tu veux dire.” Dans un sourire assuré, Charlie conclut la première partie de leur discussion. Poser des mots sur ce qu’ils ressentent et la manière dont ils agissent est toujours compliqué mais au fond, elle n’a aucun mal à le comprendre et savoir où il veut en venir. A leur manière, ils se ressemblent au moins sur ça - et paradoxalement, j’entends surtout par là qu’ils ne se ressemblent surtout pas.
Curieuse, elle ne perd pas de temps avant de mêler leur discussion à leur vocation commune pour le milieu de la police. Son expérience dans le milieu et l’avis que Sohan apporte sur son arrivée au sein de la police a le mérite de la rassurer, quand bien même ce n’était pas ce qu’elle recherchait en premier lieu. Il a raison: elle ne s’est pas engagée pour personne et seule sa force de caractère la pousse à continuer dans ce milieu difficile avec des horaires qui le sont tout autant, sans même parler de l’influence sur son moral lors de certaines affaires qu’elle suit avec Olivia. Pourtant, elle est encore certaine que la plus âgée essaye de la préserver autant que possible de certains aspects de leur métier. Pour le moment, elle ne s’en plaint pas, même si la part rebelle de son esprit n’a pas envie d’être maternée. “Je crois que j’aurais pu parier que tu es arrivé par hasard.” Tout du moins, elle ne l’imagine certainement pas être capable de lui donner des histoires tantôt mielleuses tantôt dramatiques pour expliquer son arrivé au sein de la police. Elle ne l’imagine même pas raconter ce genre d’histoire tout court, mais après tout Charlie sait aussi qu’il est doué pour garder sa vie privée justement privée. A ce niveau-là, elle ne cherchera jamais à obtenir des informations qu’il veut garder pour lui: elle respecte totalement. “T’aurais sûrement été capable de renvoyer Karen de la compta’ de là d’où elle vient, pas vrai?” Il n’est pas question de dramatiser le sujet, Charlie reprend donc ses paroles avec un brin d’humour. Tout ça pour dire qu’elle l’imagine tout de même avoir son petit caractère lorsqu’il le faut et s’il est loin d’être belliqueux, il n’est sûrement pas du genre à se faire marcher dessus non plus. “Mais on est d’accord sur le fait qu’avoir un métier réellement utile a une saveur différente.” Par dessus tout, c’est ce qui peut aussi leur donner envie de continuer au jour le jour et de toujours avoir envie de se rendre au travail - sauf peut-être le lundi matin, tout le monde déteste le lundi matin. |
| | | | (#)Mar 6 Avr 2021 - 22:21 | |
| Il écoute Charlie avec attention. Il essaye de la comprendre. Ce qui n'est pas forcément chose aisée quand on a quelqu'un de si différent de soi en face. Pourtant, il arrive quand même à se mettre à sa place. Un petit peu, tout du moins. Il arrive à comprendre ce qu'elle veut dire. Elle n'a pas besoin d'être seule autant que lui pour se sentir bien, pour fonctionner correctement. Il y avait aussi fort à parier qu'en cherchant bien, il pourrait trouver quelqu'un ayant encore moins besoin de se retrouver seul que la jeune femme. Tout le monde était différent. Ca, il le comprenait parfaitement. Il ne peut d'ailleurs s'empêcher de rire quand elle parle de vampires. La comparaison étant plutôt cocasse aux yeux de Sohan. "Me fait pas dire des choses que j'ai pas dites. Quoi que pour une australienne t'as le teint plutôt pâle. Tant que tu ne prends le sang de personne, cela dit, j'ai pas trop à m'en soucier." Lui répond-il en souriant. C'était une façon de voir les choses après tout. Ca marchait comme comparaison, c'était imagé, mais ça marchait sans soucis. Son carburant était la présence d'autrui autour d'elle alors que Sohan, lui, était plutôt l'inverse. Il avait besoin de ses moments avec lui-même. Ces moments où il n'avait pas à se socialiser outre mesure. Où l'on n'attendait rien de particulier de sa part ce qui lui offrait une liberté dont il ne saurait se passer. Ils se nourrissaient de différentes choses. C'était simple. Tout comme l'était sa relation avec la jeune femme. Malgré leurs différences plus que flagrantes qu'un aveugle pourrait voir à des kilomètres. Les opposés s'attirent. Un dicton que l'on a tendance à balancer à tort et à travers quand il s'agit de relations amoureuses, mais qui fonctionne tout autant pour toutes les autres relations. Leurs différences font qu'ils doivent trouver des terrains d'entente. Ils doivent prendre la peine de comprendre l'autre et il n'est jamais question de prendre quoi que ce soit pour acquis. Leurs différences ne sont pas des freins, bien au contraire. Sohan serait bien ennuyé si du jour au lendemain elle n'était plus là pour venir l'embêter alors qu'il avait une montagne de travail à faire ou s'il avait décidé de s'accorder une heure de footing pour lui et lui tout seul le matin avant de se rendre au commissariat. La fougue de Charlie l'amusait plus qu'autre chose et il prenait plaisir à faire semblant d'être agacé dès que l'occasion se présentait.
Ce n'est pas parce qu'il l'apprécie qu'il lui dit ce qu'il pense de son rôle dans la police. Ce n'est pas non plus parce qu'il l'apprécie qu'il l'encourage. C'est parce qu'elle le mérite et qu'il trouve honnêtement qu'elle a sa place dans ce domaine. Il ne peut s'empêcher de rire quand elle n'a pas l'air surprise de son arrivée hasardeuse dans les rangs de la police de Brisbane plus de dix ans plus tôt alors qu'il était fraîchement diplômé. "J'ai un peu hésité au début, ça ne me parlait pas plus que ça, puis au final je me suis dit 'pourquoi pas ?' et puis voilà ou 'pourquoi pas' m'a mené." Ajoute-t-il en haussant les épaules. Il n'avait pas grand-chose à dire sur son parcours professionnel. Là où certains avaient des dizaines d'expériences desquelles ils pouvaient tirer autant d'enseignement bénéfique, ce n'était pas son cas à lui. Peut-être que c'était là que ressortait son côté un peu casanier. Que se soit dans sa vie personnelle ou professionnelle, il était du genre à se contenter de ce qu'il avait. S'il se plaisait dans ce qu'il faisait, il ne ressentait pas le besoin d'en changer pour peut-être découvrir quelque chose qui ne lui plaisait pas autant. "Moi ? Renvoyer Karen de la compta' ? Arrêtes tu sais très bien que je l'aurai aidée avec un grand sourire aux lèvres à chaque fois avant de pleurer des larmes de sang quand elle quitterait mon bureau. Je suis trop gentil, j'aurai jamais osé lui dire quoi que ce soit." Parce qu'il comprenait aussi que tout le monde n'était pas né avec une souris d'ordinateur dans la main et que pour certains, c'était loin, très loin d'être inné. Même au commissariat. Il lui arrivait parfois de devoir résoudre des problèmes que quelqu'un avec des connaissances basiques en informatique serait capable de résoudre. C'était le jeu et il le faisait dans la joie et la bonne humeur. "Je trouve aussi. Bon bien sûr t'auras toujours les irréductibles pour dire qu'il n'y a pas de métier inutile, mais je vois ce que tu veux dire." Acquiesce-t-il. Parce qu'il était vrai que se lever le matin en sachant pertinemment qu'on allait pouvoir contribuer à quelque chose d'important était une source de motivation inépuisable. "D'ailleurs, je crois pas t'avoir demandé ce qui t'avais donné envie de te lancer dans la police ? Parce que je suis certain que de ton côté, c'était pas un hasard." Surtout qu'il avait jeté un œil à son CV à une époque. Quand elle était arrivée et qu'elle s'était immiscée sans invitation dans son espace personnel. Il n'avait pu s'empêcher d'aller vérifier qu'elle n'était pas actrice, envoyée pour une caméra cachée ou quelque chose du genre. Il avait pu voir que son parcours n'avait visiblement pas toujours été destiné à cheminer vers la police. |
| | | | (#)Mer 7 Avr 2021 - 23:50 | |
| “Et ma jeunesse éternelle alors, je la trouve où si je suce le sang de personne?” Charlie reprend la même blague déjà reprise par Sohan, un simple sourire au bout des lèvres. Ces quelques mots ne veulent rien dire de particulier et elle se contente d’être heureuse de pouvoir avoir ce genre de discussion avec lui, passant du sérieux à l’amusant sans mal. Ils ne se connaissent finalement que peu mais elle a l’impression de pouvoir tout lui dire et espère simplement qu’elle sait que l’inverse est tout aussi vrai. La blonde se doute bien qu’elle serait bien la dernière à qui il voudrait raconter ses moindres secrets mais ce n’est pas pour autant qu’elle l’estime moins ou serait moins capable de garder ses confessions pour elle. En attendant, elle fait au mieux pour ne pas trop l’exaspérer, et c’est déjà une grande aventure alors qu’ils se contentent désormais d’arpenter la plage en marchant pour terminer leur entraînement sur une note plus calme.
Karen de la compta en prend pour son grade et même si elle n’existe pas, Charlie a envie de lui faire envoyer des fleurs et des chocolats pour se faire pardonner de leurs paroles acidulées. Sohan se montrant toujours égal à lui-même, il ne se moque pas bien longtemps d’elle et fait déjà machine arrière, précisant qu’il aurait été bien trop gentil pour oser lui dire quoi que ce soit. Si elle roule des yeux, elle n’a rien d’étonnée et ne lui en veut absolument pas, bien au contraire. Après tout, il aurait sans aucun doute rendu service à une personne en faisant cela, même s’il aurait perdu de son temps et aurait été peu passionné par son travail. “Ma fille pourra te faire un apprentissage express pour savoir comment dire “non” de 107 façons différentes.” Charlie ne parle pas souvent de ses enfants et cette fois encore, elle ne s’attardera pas sur le sujet. Siobhan est évoquée en même temps que son caractère bien trempé, lequel elle tient sans doute bien plus de sa mère que de son père, il faut bien l’avouer. Fière et amusée de sa réponse, elle offre à l’informaticien un sourire découvrant ses dents, comme l’aurait fait un enfant. Ce n’est pas lui qui en serait étonné. "Je trouve aussi. Bon bien sûr t'auras toujours les irréductibles pour dire qu'il n'y a pas de métier inutile, mais je vois ce que tu veux dire." Puisqu’ils travaillent tous les deux dans le même milieu, elle n’est pas étonnée qu’ils peuvent se comprendre sans mal, sur ce sujet au moins. A nouveau plus sérieuse, elle hoche de la tête. Elle ne vante pas les mérites de son métier simplement parce qu’elle l’a choisie mais il faut bien avouer qu’elle se sent plus utile à travailler dans la police plutôt que de trier des papiers Dieu ne sait où - ironique quand on sait que son premier poste au commissariat était celui d’adjoint administratif.
"D'ailleurs, je crois pas t'avoir demandé ce qui t'avais donné envie de te lancer dans la police ? Parce que je suis certain que de ton côté, c'était pas un hasard." Sa première réaction est de hausser les épaules comme le ferait un enfant en train de bouder qui n’a pas envie de répondre à la question posée. De sa part, ce n’est pas du tout l’impression qu’elle veut donner mais force est d’avouer qu’elle a largement été prise de court et ne sait pas par où commencer. Elle aurait aimé pouvoir lui dire que travailler dans la police était une vocation mais ce ne serait pas vrai: Sohan mérite la vérité pleine et entière. “Je me sentais perdue à étudier tout un tas de choses qui ne me menait nulle part. Et c’est en travaillant au poste que j’ai découvert tout ce que les gens faisaient.” Tout était loin d’être féerique et il y a eu des soirées bien plus difficiles que d’autres à vivre mais ce n’est pas ce qui a suffit à rebuter Charlie de s’engager dans une telle voie. “J’ai souvent défié l’autorité et les règles, aussi. J’avais besoin de me trouver une raison pour me canaliser.” Pour arrêter les drogues, pour ne plus jouer avec le feu. Ses enfants en ont déjà pâti et elle souhaite qu’ils soient fiers d’elle, non pas qu’ils aient des choses à lui reprocher. “C’est un peu un défi que je me suis lancé.” L’intitulé du défi en question c’est justement: ne pas merder. “Et jusque-là je crois que je m’en sors plutôt pas mal. Si je continue comme ça, je serai là pour me moquer de tes premiers cheveux gris. Ou même tes rides.” Elle reprend et termine, un brin plus amusée qu’au début de ses explications. |
| | | | (#)Lun 12 Avr 2021 - 21:49 | |
| Sohan n'était pas quelqu'un de méchant. Il ne l'avait jamais été. Bien au contraire. Il faisait de son mieux pour ne pas juger. Donnait le bénéfice du doute à tout le monde et n'avait sans doute pas une once de méchanceté en lui. Ce qui n'était pas toujours une bonne chose, finalement. Parce qu'il n'avait pas non plus le courage de dire non la plupart du temps, surtout quand on lui demandait quelque chose gentiment. Il pourrait donc user des conseils de n'importe qui pour lui apprendre à dire non. Même de la fille de Charlie qui était probablement haute comme trois pommes et même pas en âge de tenir une conversation. Si elle pouvait dire non, de cent sept façons différentes, Sohan pouvait au moins s'en approprier une. "Si t'as besoin d'une baby-sitter un soir pour garder les petits, appelle moi. Je crois que j'ai beaucoup à apprendre de ta fille." Qu'il déclare en souriant. "Je te ferai même pas payer et moi, ça me fera un cours gratuit." Tout le monde avait à y gagner. Lui peut-être plus que les autres s'il pouvait en ressortir avec une nouvelle aptitude. Pas des moindres en plus de cela. Une nouvelle corde qu'il pourrait ajouter à son arc et sortir une fois de temps en temps quand il ne se sentait vraiment pas de faire ce qu'on lui demandait ou de rendre le service qu'on lui demandait de rendre. Il ne l'utiliserait pas à outrance, c'était certain. Même s'il apprenait à dire non, il resterait lui-même et sa première réaction serait toujours de dire oui, mais c'était quelque chose qu'il pourrait utiliser, à bon escient, une fois de temps en temps. C'était toujours mieux que rien. Ca demandait cependant qu'il passe outre le fait qu'il allait vexer certaines personnes. Ceux qui ne sont pas habitués à ce qu'on leur dise non. Ceux qui ne sont pas habitués à ce qu'il dise non. L'effet de surprise serait garanti.
Il lui demande ce qui l'a poussée à se lancer dans une carrière dans la police. Ce qui l'a motivée à aller dans cette voie. Ce n'est pas un interrogatoire qu'il lui fait passer. Il est réellement intéressé de savoir comment elle était arrivée là, pour quelqu'un qui ne semblait pas se destiner à une carrière comme celle-ci de prime abord. Il ne remettait pas en cause sa présence au commissariat. Bien au contraire, il trouvait qu'elle y avait parfaitement sa place et il était facile de remarquer sa motivation. Il avait été surpris, cela dit, quand il l'avait vu pour la première fois et s'il avait jugé sans chercher plus loin, il n'aurait pas donné cher de sa longévité. Pourtant, elle était toujours là et elle s'en sortait à merveille à ses yeux. Il l'écoute avec attention. Hoche la tête pour acquiescer, signe qu'il comprend ce qu'elle veut dire. Travailler dans la police était concret, l'enseignement en lui-même l'était tout autant. Il n'y avait pas de cours de mathématiques dont l'utilité semblait plutôt lointaine. La police offrait un cadre que n'offrait pas tous les cursus qu'il était possible de suivre à l'université. C'était loin d'être facile, c'était un milieu qui demandait beaucoup de rigueur et une certaine force mentale pour ne pas se laisser submerger, c'était pour cela que ça ne pouvait pas être une voie dans laquelle on se lançait pour quelqu'un d'autre que soi-même. "Il y en a beaucoup au poste qui avaient pour habitude de défier l'autorité dans leur jeunesse. C'est en général les plus sérieux dans leur travail." Il ne saurait pas expliquer pourquoi, mais il en connaissait qui étaient passés d'enfants terribles à meilleurs éléments de la police de Brisbane. "Tu t'en sors vraiment bien. Tu peux être fière de toi. Même si mon avis ne compte pas forcément. Par contre, désolé de te décevoir, je n'aurai jamais de ride ou de cheveux blancs, ma jeunesse est éternelle." Qu’il déclare en souriant. "Allez, assez de compliments en ta faveur pour aujourd’hui. On courre encore un peu avant de s’avouer vaincus ?" Propose-t-il accélérant légèrement la cadence. |
| | | | | | | | life was a willow and it bent right to your wind (sohan) |
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