Tradition is not the worship of ashes, but the preservation of fire.
Il y a des traditions qui ne se perdent pas. Il y a des traditions qui font une famille. Il y a des traditions qui ne doivent en aucun cas disparaître. Un brunch mensuel est une des traditions que Miles et Niamh ont décidé de ne pas perdre. Hors de question ! Évidemment, il se passe toujours chez Miles et non dans le minuscule appartement de Niamh. Un appartement d'étudiante du point de vue certains, son petit nid pour elle. Alors que certains sont en train de se remettre de la soirée du samedi, peut-être même avec une gueule de bois carabinée, Niamh est déjà en route vers chez son père. Vêtue d'un simple robe d'été et une paire de baskets blanche, elle a choisi l'outfit confortable, pratique mais féminin. Tout elle. Elle a opté pour son vélo en guise de moyen de transport juste parce qu'elle déteste conduire. Elle laisse son vélo devant la maison avant de frapper et d'entrer. Elle attend, par principe, quelques secondes avant d'ouvrir la porte. Pas de papa en vue, alors elle fait quelques pas jusqu'à ce qu'il apparaisse. Et elle rayonne aussitôt. «Salut papa. » dit-elle en écrasant ses lèvres contre sa joue pour produire un de ces bisous bruyants en guise de salutation. Encore une de ces traditions pas prête de disparaître. Elle lève le bras pour lui montrer un sachet en tissu duquel s'échappe un délicat parfum de pain. « Je nous ai fait du pain. Je peux te garantir que ça ne sent pas juste bon, ça va révolutionner ta vie. »
Une voix chantante et elle se fraye un chemin jusqu'à la cuisine de son père. Même si elle ne vit plus chez lui depuis quelques années maintenant, elle s'y sent toujours un peu chez elle. Ok, elle ne débarque pas à l'improviste – sauf en cas d'urgence – mais elle a ses marques et est naturellement dans son élément. «Je meurs de faim. Dis-moi qu'on peut tout de suite manger … Tu sais que je me transforme en Hulk quand je suis affamée. » Et, comme à son habitude, elle le bombarde de cette énergie débordante, sans limite.
Dimanche, mon deuxième jour off de la semaine et souvent celui ou je dois me faire violence pour en profiter pour me poser un peu. De nature, je ne suis pas quelqu’un qui aime se poser sur le canapé est passé des heures et des heures devant des films. Cela m’arrive des fois bien sûr, mais souvent je préfère m’occuper, faire des longueurs dans ma piscine, jardiner, ou même encore passer la journée derrière les fourneaux quitte à avoir bien trop de nourriture et a en apporter pour mes collègues au boulot. Mais dimanche veut aussi dire journée en famille. Des fois je vais chez mes parents, mais le plus souvent c’est Niamh qui vient chez moi. Il arrive parfois qu’Emma, mon ex femme, se joigne à nous. L’avantage d’avoir eu un divorce qui c’est bien passé, c’est qu’aujourd’hui Emma et moi sommes en excellent terme et continuons de nous voir assez souvent, surtout lorsque notre fille est dans les parages. Il m’arrive de me rendre compte à quel point les choses ont changé avec le temps, de voir à quel point Niamh a grandi. Elle n’est plus ma petite fille, plus du tout, elle est devenue une femme et je ne pourrais être plus fière d’elle que je ne le suis aujourd’hui.
Je n’entends même pas frapper, chantonnant devant le plat que j’ai cuisiné pour notre brunch. « Salut papa. » Un sourire vient immédiatement se placer sur mes lèvres en entendant ma petite fille débarquer dans ma cuisine. « Salut ma chérie ! » Elle vient plaquer un bisou sonore sur ma joue alors que je la serre rapidement dans mes bras. Niamh et moi avons toujours été proche, c’est comme ca que j’avais voulu l’éduquer. Elle sait qu’elle peut toujours compter sur moi ou sur sa mère, sans aucune hésitation. « Je nous ai fait du pain. Je peux te garantir que ça ne sent pas juste bon, ça va révolutionner ta vie. » « C’est parfait ! Ca ira à merveille avec le brunch que je nous ai fait. » Je lui réponds en lui jetant un coup d’œil pour essayer de deviner comment elle va. « Je meurs de faim. Dis-moi qu'on peut tout de suite manger … Tu sais que je me transforme en Hulk quand je suis affamée. » Je ris un peu, elle est autant un ventre sur patte que moi celle-ci. « C’est prêt dans 5 minutes. Tu peux nous sortir des assiettes et des couverts en attendant ? Juste pour deux, ta mère avait des trucs de prévus aujourd’hui donc elle ne pourra pas venir. »
Je me tourne vers les fourneaux, fini de faire cuire ce qu’il faut avant de venir tout poser sur la table. Je retire mon tablier et viens prendre place à la blonde. « Alors, comment tu vas ma puce ? » Je lui demande en lui servant son assiette.
Tradition is not the worship of ashes, but the preservation of fire.
« C’est parfait ! Ca ira à merveille avec le brunch que je nous ai fait. » « Ca sent bon en tout cas. » dit-elle en se hissant sur la pointe des pieds pour essayer de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule le contenu de sa poêle. La cuisine a toujours été leur moment. Le roi et la reine de la cuisine. Elle se souvient encore de la lourde main de son père se posant sur la sienne quand ils battaient des œufs en rythme. Elle devait avoir six ou sept ans. Elle se souvient encore de leurs fous rires dans la cuisine quand ils jouaient les comédiens de comédie romantique ringarde quand leurs yeux coulaient à cause des oignons. Bref, la cuisine a toujours été leur territoire, leur bulle. Rien qu’à eux. Il est d’ailleurs assez simple de se sentir de trop quand on est avec les deux énergumènes. Alors, Niamh ne se fait pas de souci : elle sait que peu importe ce qu’il a décidé de leur préparer, ce sera délicieux. Comme toujours. « C’est prêt dans 5 minutes. Tu peux nous sortir des assiettes et des couverts en attendant ? Juste pour deux, ta mère avait des trucs de prévus aujourd’hui donc elle ne pourra pas venir. » Alors qu’elle s’était déjà accolé au plan de travail, elle se redresse pour se diriger vers les armoires, sortir des assiettes et des couverts. « Oh dommage. » dit-elle tout en déposant les couverts sur la table de la cuisine. « Je l’appellerai ce soir pour me plaindre. » ajoute-t-elle d’une voix rieuse alors qu’elle finit par prendre place derrière son assiette. Evidemment, elle appellerait sa mère et lui raconterait tout ce qu’elle aura manqué … son petit festin. Et puis, elles finiront par parler de cette série télévisée qu’elles regardaient toutes les deux. Car n’allez pas croire que Niamh ne s’entend qu’avec son père … non, elle fait partie de ceux qui ont la chance d’avoir des parents unis, toujours présents pour elle.
D’ailleurs, son regard se leva vers son père qui lui remplit son assiette. Elle se frotta les mains avec gourmandise. « Maintenant que je m’apprête à manger … tout va bien. » répondit-elle du tac au tac. « Metro, boulot, dodo. La vie de mon chat est certainement plus passionnante que la mienne. Mais je ne m’en plains pas. » La normalité, son milieu. Elle l’aimait sa petite vie normale et banale. Elle y était heureuse comme un poisson dans l’eau. Pas de drame. Pas de problème. Une vie normale, quoi. « Bon app’. » Elle saisit sa fourchette et avant d’en avaler le contenu, elle retourna la question vers son père, qui avait lui certainement pas mal de choses à lui raconter. Après tout, il était celui dont la vie avait pris un tournant gigantesque. [color=indianred]« Parlons plutôt de toi. Quelles sont les nouvelles ? »[color] Et alors qu’elle machait, elle ferma les yeux en murmurant un « mmm » satisfait tout en agitant les mains, ravie.
« Ca sent bon en tout cas. » « Tu sais bien que ca sent toujours bon ici. Je suis un pro de la cuisine. » Je lui répond avant de rire un peu. Je ne suis pas un pro, mais j’adore cuisiner et en général je ne m’en sors pas trop mal quand il s’agit de faire de bons petits plats. C’est d’ailleurs notre truc à Niamh et à moi de cuisiner, de passer des heures aux fourneaux depuis qu’elle est toute petite. C’est l’une des choses qui nous a rapprocher avec le temps et que j’adore encore aujourd’hui partager avec elle. Je lui annonce alors que le repas sera prêt dans pas longtemps, mais aussi que sa mère ne se joindra pas à nous aujourd’hui. Malgré le divorce il y a maintenant dix ans, Emma et moi sommes resté en très bons termes et avoir des repas de famille tous les trois n’est pas quelque chose de rare. Bien sûr, il a fallu reconstruire un peu des choses, prendre de la distance pour se laisser le temps de guérir, mais nous avions réussi à faire cela sans drama. Emma reste l’une des personnes les plus importantes de ma vie et je ne lui souhaite que des bonnes choses. « Oh dommage. Je l’appellerai ce soir pour me plaindre. » Je ris un peu. « Je suis sur qu’elle en sera ravie. » Je viens déposer un baiser sur sa tempe en venant déposer le plat que je sors du four sur le dessous-de-plat.
Assis à table, je questionne alors ma fille sur comment elle va. Je prends une bouchée et l’écoute me répondre. « Maintenant que je m’apprête à manger … tout va bien. » « Un vrai ventre sur pattes. » Comme son père je devrais sûrement ajouter. « Metro, boulot, dodo. La vie de mon chat est certainement plus passionnante que la mienne. Mais je ne m’en plains pas. » Je lui adresse un sourire, et bien sur, en tant que papa je ne peux m’empêcher de poser des questions sur sa vie. « Personne de nouveau dans ta vie ? » Je lui demande. Je sais que Niamh n’a jamais trop eu de petit(e) ami(e) et même si en tant que père, cela me va bien, je veux la voir heureuse si un jour elle partage sa vie avec quelqu’un. Je prends une bouchée de mon repas alors qu’elle reprend la parole. « Parlons plutôt de toi. Quelles sont les nouvelles ? » L’espace que quelques secondes, comme un flash, le nom de Nick apparaît dans mon esprit, mais en disparaît aussi vite. « Oh ben tu sais, pas grand-chose. Le boulot aussi. Tu as le bonjour de Joanne d’ailleurs. Et j’ai vu Jessian et Morgane un peu avant Noël. » Jessian a toujours été un peu comme une seconde fille à mes yeux et passer du temps avec elle est important pour moi aussi.
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« Tu sais bien que ça sent toujours bon ici. Je suis un pro de la cuisine. » Le rire de la fille Reed se mêle à celui de son père alors qu'elle acquiesce d'un signe de tête. Évidemment qu'il est un pro de la cuisine ; elle a tout appris à ses côtés. Par conséquent, elle ne pouvait pas le contredire et n'en avait pas envie d'ailleurs. « Je suis sûre qu'elle en sera ravie. » Les paupières de Niamh se fermèrent quelques secondes sous le baiser de son père alors qu'elle étouffe un rire amusé en entendant la réponse de son père. « Bien sûr qu'elle sera ravie … entendre ma voix au téléphone est toujours une merveilleuse expérience. » dit-elle sur un ton amusé alors que son regard se pose sur le plat tout juste sorti du four. Un plaisir pour les yeux, pour le nez, pour tout. Un régal.
Assise face à son père, il allait être difficile d'obtenir son attention. Quoique ce sont également les meilleurs moments pour lui annoncer des mauvaises nouvelles. D'ailleurs certaines de ses amies avaient rapidement compris la stratégie et utilisaient des petits apéros, dîners pour lui annoncer les pires nouvelles. Sur le coup, cela faisait mal et puis après quelques bouchées, tout allait pour le mieux. Du moins, tout allait mieux. Haussement d'épaules innocent à la remarque du père quant à sa gourmandise : « Un vrai ventre sur pattes. » « Tel père, telle fille, pas vrai ? » répondit-elle avec fierté, le regard pétillant de malice. Nouvelle bouchée. « Personne de nouveau dans ta vie ? » Première réaction : elle écarquille les yeux, arrêtant de mâcher pendant deux, trois secondes. Deuxième réaction : elle continue de mâcher tout en reposant son regard sur son assiette. Ce n'est pas un secret. Niamh n'est pas douée en amour. Sa vie sentimentale est un mauvais remake de Bridget Jones. Pas de petit ami. Impossible. Elle a le chic pour se trouver des mecs chelous, débiles, machistes, homophobes, etc. Ses relations ne durent pas suffisamment longtemps. Pas suffisamment longtemps pour présenter un petit-ami efficace à sa famille. Niamh, c'est la bonne pote, celle qu'on met rapidement dans la catégorie friendzone, celle qu'on ne regarde pas mais qu'on veut connaître parce que sa pote est plutôt pas mal. Elle s'y est habituée à ce rôle même s'il commence lentement à lui peser sur la conscience. Soupir. «Une vraie catastrophe. Est-ce qu'on m'a jeté un sort quand j'étais gamine ? Je te jure que j'ai l'impression d'être complétement maudite … j'ai dû trinquer avec la moitié des tordus de Brisbane. Et, quand je dis la moitié, je suis super optimiste. » Même si ses propos sont cruels de vérité, elle le dit d'une voix rieuse et amusée.
«Oh ben tu sais, pas grand-chose. Le boulot aussi. Tu as le bonjour de Joanne d’ailleurs. Et j’ai vu Jessian et Morgane un peu avant Noël. » Nouvelle bouchée. Léger arquement de sourcil en entendant le pronom Jessian, réaction parfaitement habituelle pour Niamh. «Oh cool. Tu pourras le leur retourner.» Elle tapote son assiette du bout de sa fourchette. «C'est vraiment délicieux, papa! » Puis, elle étend son bras pour saisir un morceau de pain dont elle avale aussitôt une bouchée. Le coude posé sur la table, le menton posé sur le revers de la main, elle cesse de manger pour fixer son père.« Bon et sinon, est-ce que tu es sorti? Est-ce que tu vois quelqu'un? » La complicité de Niamh et son père peut paraître étrange mais elle a été élevé ainsi : elle n'a pas à avoir de secrets. Elle n'a pas à avoir honte. Elle peut tout lui dire, tout le temps, toujours. C'est comme ça. Alors, oui, ils n'iront pas jusqu'à parler des détails mais en savoir un peu plus sur la vie sentimentale de son père était tout de même intéressant, non ? Elle lève un sourcil. « J'ai rencontré un type la dernière fois qui me disait qu'à partir de quarante ans, on gagne des points dans le ranking gay. C'est vrai cette légende? » demande-t-elle de cette voix toujours aussi rieuse et amusée. L'art et la manière de charrier son petit papa préféré.
J’aime la dynamique que nous avons dans notre petite famille, le fait que malgré tout ce qui a bien pu se passer, malgré les périodes difficiles, Emma, Niamh et moi sommes toujours proches. Le divorce n’a pas été simple, vivre une vie complètement différente, sans Emma auprès de moi tous les jours n’a pas été évident, mais on a pris du temps, pour s’habituer, pour se reconstruire. Je suis celui qui a été le moins blessé par tout cela, parce que mon homosexualité à jouer à cet éloignement avec Emma, j’en suis conscient, mais ca n’en a pas été évident dès le premier jour non plus. Heureusement le temps a beaucoup fait et aujourd’hui nous sommes encore une famille, bien qu’un peu atypique. « Bien sûr qu'elle sera ravie … entendre ma voix au téléphone est toujours une merveilleuse expérience. » Me répond ma fille alors que je lui dis que sa mère serait sûrement contente de recevoir un appel de sa part. Je ris un peu en déposant le plat sur la table.
« Tel père, telle fille, pas vrai ? » « Il parait oui. » Je lui adresse un sourire tendre avant de lui servir une assiette. Niamh et moi avons toujours été gourmand, depuis toujours et nous prenons toujours plaisir à déguster de bons petits plats et de bonnes choses. Je prends une bouchée de mon assiette avant de lui demande ce qu’il se passe de nouveau dans sa vie. Cela me rend heureux de voir que ma fille se confie toujours assez facilement à moi, malgré le fait que je ne suis que son père. « Une vraie catastrophe. Est-ce qu'on m'a jeté un sort quand j'étais gamine ? Je te jure que j'ai l'impression d'être complétement maudite … j'ai dû trinquer avec la moitié des tordus de Brisbane. Et, quand je dis la moitié, je suis super optimiste. » Je secoue la tête et viens poser ma main sur la sienne. « C’est qu’il ne sont pas assez bien pour toi, c’est tout. Quand tu auras quelqu’un qui en vaux la peine, tu le sauras. » Et puis, il faudra surtout qu’il passe le test de moi. Je suis protecteur envers Niamh, je ne le nierais jamais et je pense toujours qu’elle mérite le mieux.
Elle me demande alors que mes nouvelles à moi et je lui parle rapidement de mon déjeuner avec Joanne, une amie à moi qu’elle connaît, et de Jessian et Morgane. Je sais que la relation entre les deux cousines n’est pas toujours facile mais je les aime toutes les deux. « Oh cool. Tu pourras le leur retourner. » Je lui adresse un sourire. « C'est vraiment délicieux, papa! » « Merci ma puce. » Je lui réponds en prenant une nouvelle bouchée à mon tour. « Bon et sinon, est-ce que tu es sorti? Est-ce que tu vois quelqu'un? » Finit-elle par demander. J’aurais du m’en douter que la question viendrait, parce qu’avec Niamh elle finit toujours par venir. « Non, je vois personne. J’ai pas mal de boulot en ce moment. » L’excuse du boulot me sert assez souvent ces derniers temps, ou plutôt ces dernières années. « J'ai rencontré un type la dernière fois qui me disait qu'à partir de quarante ans, on gagne des points dans le ranking gay. C'est vrai cette légende? » Je ris un peu. « J’en ai aucune idée à vrai dire. »
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« C'est qu'ils ne sont pas assez bien pour toi, c'est tout. Quand tu auras quelqu'un qui en vaut la peine, tu le sauras. » Les propos de son père pourraient avoir davantage de sens si elle ne les avait pas entendu un bon milliard de fois par une bonne centaine de personnes différentes. On lui répétait assez souvent : tu trouveras le bon, il te tombera dessus quand tu ne le chercheras pas, un de perdu dix de retrouvés, tu mérites mieux, ils ne valent pas le coup, etc... Loin d'être déprimée, la jeune femme était simplement lassée. « C'est gentil, 'pa. Gentil d'essayer de me remonter le moral mais crois-moi, j'ai des doutes. A croire que tous les gars intéressants sont soit pris, soit gay, soit pas intéressés. » Elle laissa échapper un long soupir avant d'avaler une nouvelle bouchée. La vie de célibataire à vingt ans est beaucoup plus fun que la vie de célibataire à trente ans. On ne lui en avait pas parlé à l'école. « Je me rends désormais compte combien les films sur les trentenaires sont une montagne de mensonges. C'est pas si fun que ça d'être célibataire. Au pire, promets-moi de me trouver un autre chat si je suis toujours célibataire à trente-cinq ans … un chat tous les cinq ans ... » Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres, fière de sa connerie.
« Non, je vois personne. J'ai pas mal de boulot en ce moment. » Elle roula des yeux, comme si elle était totalement ennuyée par cette remarque. L'excuse du boulot, elle connaissait cette technique d'esquive … elle utilisait sa thèse pour ne pas parler de sa vie sentimentale. Chacun sa stratégie. « Du boulot ? Hm … je ne veux pas vraiment rendre ton boulot moins important qu'il l'est … mais t’exagérerai rais pas un petit peu ? » Elle mima un minuscule espace entre son index et son pouce, la tête penchée sur le côté. « A ta place, je me concentrerai moins sur mon boulot et plus sur ma vie sentimentale. Je veux dire, tu peux finalement être toi-même, aimer qui tu le souhaites, dans un monde où ce n'est plus autant tabou que par le passé. C'est le moment de vivre … tu ne te fais plus tout jeune... » dit-elle sur un ton taquin. Et, amusée par sa provocation, elle avala une nouvelle bouchée.
« C'est gentil, 'pa. Gentil d'essayer de me remonter le moral mais crois-moi, j'ai des doutes. A croire que tous les gars intéressants sont soit pris, soit gay, soit pas intéressés. » Je secoue doucement la tête. Je suis persuadé que le jour ou quelqu’un d’assez bien pour Niamh arriveras dans sa vie, elle le saura. Mais si ces hommes qu’elles rencontrent ne restent pas, c’est qu’ils ne sont tout simplement pas assez bien pour ma petite fille. « Je me rends désormais compte combien les films sur les trentenaires sont une montagne de mensonges. C'est pas si fun que ça d'être célibataire. Au pire, promets-moi de me trouver un autre chat si je suis toujours célibataire à trente-cinq ans … un chat tous les cinq ans... » Je ris un peu. « Ca viendra, ne soit pas trop pressée ma puce. Les choses viendront quand quelqu’un en vaudra la peine. » Je serre doucement sa main dans la mienne avant de venir prendre une bouchée.
Mais bien sûr, à parler de ce sujet, nous en arrivons à parler de moi, ce que je n’ai jamais trop aimé. Je n’ai jamais été vraiment doué pour parler de ma vie amoureuse, que ce soit pendant mon mariage, avant ou même après. Avant, c’était simple, je ne parlais de personne. Pendant, je parlais d’Emma, même si les choses n’ont pas toujours été facile entre nous, nous avions toujours eu une connexion spéciale. Et puis depuis que je suis à nouveau célibataire, que je comprends bien que les femmes ne m’attirent pas, je me contente de simple connexion corporelle de temps en temps. Je découvre doucement le fait d’aimer être avec un homme mais je ne suis sur d’en être au point où je serais prêt à entrer dans une vraie relation. Alors l’excuse du boulot est la plus simple. « Du boulot ? Hm … je ne veux pas vraiment rendre ton boulot moins important qu'il l'est … mais t’exagérerai rais pas un petit peu ? » « J’exagère jamais, tu devrais le savoir. » Je lui réponds un peu sur un ton de plaisanterie avant de venir boire une gorgée de mon verre de vin. « A ta place, je me concentrerai moins sur mon boulot et plus sur ma vie sentimentale. Je veux dire, tu peux finalement être toi-même, aimer qui tu le souhaites, dans un monde où ce n'est plus autant tabou que par le passé. C'est le moment de vivre … tu ne te fais plus tout jeune... » Je lève les yeux au ciel quelques secondes. Je sais que Niamh me supporte, à deux cent pourcent, tout comme Emma, je l’ai bien compris, mais je n’aime pas trop l’idée que l’on me mette cette pression à trouver quelqu’un. « Mais tu sais, je suis bien seul aussi Yami. Je n’ai pour le moment pas vraiment envie de me trouver quelqu’un. Un jour, si ca arrive peut être, mais je ne suis pas pressé. » Je lui dis avec un sourire. « Et puis ne me traite pas de vieux. » J’ajoute en riant un peu. Il y a bien un homme qui me plaît, mais l’idée est tout simplement impossible.
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« Ca viendra, ne soit pas trop pressée ma puce. Les choses viendront quand quelqu’un en vaudra la peine. » Quand quelqu'un en vaudra la peine. Elle avait envie d'y croire, envie d'attendre. L'attendre ce quelqu'un. Mais en réalité, elle savait qu'avec les années, le choix et la chance de tomber sur le mâle adéquat diminuait. Les hommes finissaient par trouver une bonne femme. Ils se mariaient. Ils avaient des gosses. Ceux qui restaient allaient être ceux que personne ne veut. Génial. Ou alors, elle allait devoir attendre qu'ils divorcent. Alors là, peut-être qu'elle aurait plus de choix mais ils voudraient sans doute rien de sérieux, pas tout de suite. Et une fois de plus, elle ne serait pas la parfaite partenaire. Soupir. « Tu as sans doute raison, oui. » dit-elle pour ne pas inquiéter son père, posant son regard sur la main de celui-ci qui venait de se poser sur la sienne.
«Mais tu sais, je suis bien seul aussi Yami. Je n’ai pour le moment pas vraiment envie de me trouver quelqu’un. Un jour, si ca arrive peut être, mais je ne suis pas pressé. Et puis ne me traite pas de vieux. » Elle roula des yeux sans vraiment prendre la peine de le cacher. Le sourire trônant sur son visage candide trahissait le fait qu'elle le comprenait. Oui, il venait de se découvrir. Se découvrir, lui et un pan de sa vie. Elle ne voulait pas le brusquer. Elle avait d'ailleurs lu pas mal de bouquins sur le coming-out tardif. Elle savait qu'il allait avoir besoin de temps, qu'elle devait lui laisser le temps d'y voir clair, de comprendre. « C'est juste que je suis impatiente. Impatiente et curieuse de voir sur quel genre de type tu craques. » dit-elle d'une voix rieuse, la bouche à moitié pleine. Elle finit par avaler son morceau de pain avant de poursuivre, toujours aussi amusée. « Peut-être qu'on craque sur le même genre de type … imagine ! » Elle fit semblant d'écarquiller les yeux, amusée et but une gorgée de son café. A vrai dire, elle ne se posait pas du tout la question … mais tout était possible. Peut-être qu'ils avaient les mêmes goûts. Peut-être que même des potes de Niamh étaient du goût de son père. Pour elle, c'était si fou qu'impensable. La pauvre.
« Et non, tu n'es pas vieux. Tu es dans l'âge d'or. » dit-elle en lui décochant un clin d’œil complice.
Spoiler:
mon rp s'est perdu ou j'ai fait une fausse manip comme une trou duc', prise 2 voilà. ihihi
A mes yeux Niamh est encore ma petite fille et, des fois, l’idée qu’elle puisse se trouver un homme me fait un peu peur. J’ai peur qu’elle ne s’éloigner, qu’elle ne soit pas vraiment heureuse mais pourtant je sais aussi que cela arrivera un jour. Je sais qu’elle finira par se trouver un homme, qu’elle finira par tomber amoureuse et j’espère vraiment que ce quelqu’un sera une personne bien, j’espère vraiment qu’il rendra ma fille heureuse. Il ne faut cependant pas qu’elle se précipite dans ces choses-là, comme j’ai moi-même pu le faire avec Emma à l’époque de nos dix-huit ans. « Tu as sans doute raison, oui. » Bien sur que j’ai raison, qu’il faut qu’elle prenne son temps. Je lui offre un sourire tendre. « Ca ira. » Je lui dis une nouvelle fois avant de retirer ma main de la sienne pour venir prendre une bouchée de notre déjeuner.
Et puis à parler d’amour, de relation, Niamh vient forcément à me parler de moi. Elle me questionne savoir si un homme a réussi à se faire une place dans ma vie, parce qu’elle sait que je suis homosexuel Niamh, c’est l’une des rares personnes dans ma vie qui le sait. J’ai d’ailleurs eu peur pendant longtemps de lui avouer, mais elle l’avait accepté, sans que cela ne change rien entre nous et cela a été un gros soulagement, parce que l’idée de perdre ma fille aurait été insoutenable. « C'est juste que je suis impatiente. Impatiente et curieuse de voir sur quel genre de type tu craques. » Je lui adresse un sourire. Quel genre de type tu craques, cette phrase me tourne un peu dans la tête alors que mon esprit s’échapper quelques secondes vers Nick. L’ami de Niamh que je connais depuis des années mais qui dernièrement ne me laisse pas totalement indifférent. Je ne dis pas qu’il me fait craquer, parce qu’à vrai dire je n’en sais rien, mais il est définitivement très beau à mes yeux. « Peut-être qu'on craque sur le même genre de type … imagine ! » Les paroles ma fille me sortent de mes pensées et je ris légèrement. « Ca serait… Intéréssant. » Je lui réponds. J’espère bien qu’elle ne craquer pas sur le même type d’homme que moi, ca serait un peu bizarre quand même.
« Et non, tu n'es pas vieux. Tu es dans l'âge d'or. » « Exactement ! Et puis l’âge qui compte c’est celui dans la tête, et là haut j’en ai toujours à peine vingt-cinq. » Je lui dis en venant tapoter doucement ma tempe. Je laisse échapper un léger rire. « Tu veux faire quoi cette après-midi ? »
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« Ca serait… Intéréssant. » Elle mimait la surprise, ouvrant la bouche, écarquillant les yeux, plaquant la main contre sa poitrine. Sous le choc. Puis, elle ferma la bouche pour plisser les yeux, prenant un faux air méfiant. « Intéressant. Attention, je peux être une concurrente redoutable. » évidemment, elle plaisantait et son père la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle usait à nouveau de son humour … particulier. « Exactement ! Et puis l’âge qui compte c’est celui dans la tête, et là haut j’en ai toujours à peine vingt-cinq. » « Et tu es encore gentil avec vingt-cinq ans ... » plaisanta-t-elle avant de boire une gorgée. « Tu veux faire quoi cette après-midi ? » Elle se redressa, ravie de l'entendre lui poser cette question. « Ravie que tu poses la question. Alors, j'ai repéré un film pas mal au ciné si jamais ça te branchait d'aller faire un tour au ciné avec moi. » dit-elle en avalant une nouvelle bouchée. Puis, elle saisit un nouveau morceau de pain, le tenant du bout des doigts. Parler et manger, elle savait que cela ne se faisait pas. Surtout pas devant celui qui vous avez répété pendant des années que cela ne se faisait pas. « Ou alors on peut juste aller se vautrer sur la plage, refaire le monde ou quelque chose du genre... » Elle regardait son père en plissant les yeux, essayant de deviner ce qu'il allait choisir et avant qu'il ne réponde, elle s'exclamait : « Ok, je plaide coupable. En réalité, je vends mieux la sortie ciné car je veux absolument voir ce film et c'est un film d'horreur et je suis une mauviette … il faut que je le vois avec quelqu'un qui ne me jugera pas si je me mets à sursauter, ou à ne regarder que le coin droit de l'écran. » dit-elle dans la foulée tout en concluant par une moue boudeuse, enfantine.
Puis, elle avala finalement son morceau de pain, espérant fermement que son père cèdera à son caprice.
« Intéressant. Attention, je peux être une concurrente redoutable. » Je laisse échapper un rire aux paroles de ma fille. Même si cela arrivait un jour, ce que je doute vraiment, jamais je ne pourrais être en compétition avec ma fille. On est des fois en compétition pour savoir qui est le meilleur cuisinier ou le meilleur nageur, mais jamais pour ce genre de chose et heureusement d’ailleurs. Je souhaite vraiment que Niamh soit heureuse et jamais je ne viendrais en travers de cela. « Ca je n’en doute pas un seul instant. » Je lui réponds avec un léger rire. Je finis d’ailleurs par lui dire que dans ma tête j’ai encore vingt cinq ans et non cinquante lorsqu’elle me traite subtilement de vieux. « Et tu es encore gentil avec vingt-cinq ans ... » Je prends encore une fois un air offusqué avant de lui tirer la langue tel un gamin de cinq ans.
Je finis par lui demander ce qu’elle souhaite faire pour notre après midi ensemble. « Ravie que tu poses la question. Alors, j'ai repéré un film pas mal au ciné si jamais ça te branchait d'aller faire un tour au ciné avec moi. Ou alors on peut juste aller se vautrer sur la plage, refaire le monde ou quelque chose du genre... » Je viens empiler son assiette avec la mienne avant de me lever pour aller à la cuisine afin d’aller les mettre dans le lave-vaisselle. « Ok, je plaide coupable. En réalité, je vends mieux la sortie ciné car je veux absolument voir ce film et c'est un film d'horreur et je suis une mauviette … il faut que je le vois avec quelqu'un qui ne me jugera pas si je me mets à sursauter, ou à ne regarder que le coin droit de l'écran. » Je laisse échapper un rire avant de revenir m’asseoir face à ma fille avec deux tasses de café. « Alors va pour un cinema, je n’y ai pas mis les pieds depuis bientôt d’ailleurs. C’est quoi ce film que tu veux voir ? » Je lui demande en prenant une gorgée du liquide noir poser devant moi. « Je t’invite, mais à une condition. Il faut qu’on prenne du pop-corn. » J’ajoute avec un léger rire. Un cinéma sans pop-corn à mes yeux ce n’est pas une séance de cinéma réussi. « Et puis, on pourra toujours revenir se baigner à la maison après la séance. » Il fait toujours chaud à Brisbane l’été, alors la piscine sera un très bon endroit, même après le cinéma.
Tradition is not the worship of ashes, but the preservation of fire.
« Alors va pour un cinema, je n’y ai pas mis les pieds depuis bientôt d’ailleurs. C’est quoi ce film que tu veux voir ? » Elle se mit à se pincer les lèvres. « Je ne sais pas si c’est une bonne idée, si je te le dis tout de suite. Peut-être que tu n’auras plus du tout envie de m’accompagner une fois que tu sauras que … » Comme pour faire monter le suspens, ou alors pour le taquiner un peu, elle laissa sa phrase se terminer avec ces points de suspension. « Une comédie romantique débile. Mais je t’assure que cette fois-ci, ce ne sera pas complètement nulle. » Elle avait ajouté la seconde partie de sa phrase à la quatrième vitesse comme pour parer avec rapidité toute tentative d’échappatoire. Miles avait eu le droit à pas mal de situations dans ce genre au cours de l’adolescence de Niamh. Bien qu’elle soit proche de sa mère, son père avait toujours été son complice. Alors, il avait dû trainer les pieds pour l’accompagner à différents concerts de boys band à l’époque. Ou alors pour voir des films quelque fois ennuyants pour ne pas dire soporifique. Mais il avait toujours été là. Aujourd’hui, elle prenait conscience de la torture qu’elle avait pu lui infliger et lui qui souriait tout en lui offrant un tee-shirt de son groupe préféré à la fin du concert, les oreilles en sang, et des doutes quant aux goûts musicaux de l’adolescente. Dieu soit loué, les choses avaient changé. Du moins ses goûts en matière de musique. Elle porta la tasse à ses lèvres pour en boire une mince gorgée. « Je t’invite, mais à une condition. Il faut qu’on prenne du pop-corn. » Elle posa son regard sur son père en entendant le mot condition et ne put que se joindre à son rire. « Papa, tu te doutes bien qu’en tant que Reed, un cinéma sans pop-corn est pour moi une hérésie. Tu as fait du bon boulot en m’inculquant de bonnes valeurs. » Elle lui adressa un clin d’œil complice. « Et puis, on pourra toujours revenir se baigner à la maison après la séance. » Elle termina son café tout en répliquant « Les traditions, c’est important. »
Ils se mirent alors en chemin vers le cinéma après avoir déposé leurs tasses de café dans le lave-vaisselle. Bras-dessus, bras-dessous, ils marchaient au même rythme jusqu’à leur place au sein du cinéma. Pop-corn placé entre eux. Il roulait des yeux en entendant la musique du début du film et Niamh ne put s’empêcher de laisser échapper un rire amusé, avant de plaquer sa main contre ses lèvres … pour ne pas attirer les regards des gens présents dans la salle. « Je te réveille quand c’est fini si tu veux. » lui souffla-t-elle en se penchant au-dessus du pop-corn. Le film – niais au possible – était néanmoins passé rapidement. Les lumières se rallumaient. Le seau de pop-corn était vide. Elle s’en empara pour le jeter à la sortie de la salle. Et ils terminèrent leur journée dans la piscine, à discuter et débriefer le scénario tordu du film. Entre éclats de rire et discussions plus sérieuses, ils étaient hors du temps.