but now you're stuck inside a world that you hate.

@anastasia williams

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Elle n’avait pas voulu lui donner de précision sur les circonstances qui lui avaient valu de terminer dans un lit d’hôpital. Anastasia pouvait être la personne la plus têtue de la terre, et en même temps Damon n’avait pas tant insisté que ça. Il savait qu’il aurait plus de chances d’obtenir des réponses en allant directement la voir sur place plutôt qu’en venant la harceler de messages. De un, ce n’était pas légal, et de deux, il ne voulait pas non plus la déranger de trop si elle s’était retrouvée réellement dans un sale état. Et, pour juger de ce dernier point, il fallait qu’il la voit en face de lui.

C’était toujours assez amusant, d’analyser un minimum la relation entre Anastasia et Damon. Les deux jeunes gens étaient très proches en âges, et pourtant toute une génération au sein de la même famille les séparait. Là où lui était le rejeton d’une lignée plus récente des Williams, la jeune femme elle se trouvait être la soeur du père de Damon - lequel, la réponse restait au choix, il n’y en avait pas de mauvaise en réalité. La tante et le neveu, donc, se trouvaient à quelques années d’intervalle dans la chronologie Williams et cette petitesse dans leur écart leur avait toujours servi. Là où Damon s’était toujours rapidement retrouvé mis à l’écart d’être entouré de tellement d’adultes avait pu trouver en Ana une personne de confiance. Ensemble, ils avaient fait la misère à frères, soeurs, parents et grands-parents pendant les repas de famille. En grandissant, leurs chemins s’étaient quelque peu éloignés mais ils s’étaient toujours retrouvés avec plaisir.

Sauf pour les dernières aventures, où finalement Damon n’était plus si sur d’être heureux de croiser n’importe qui appartenant à leur famille. Anastasia arrivait à s’échapper tout de même entre les mailles du filet car elle semblait s’être faite autant berner que le jeune homme lui-même. Lors du dernier diner qui avait permis de mettre certaines cartes sur la table, Cosco s’était rendu-compte que la jeune femme avait été, à son image, tenue écartée de la vérité. C’était pour ça qu’il avait décidé de mettre de côté sa rancoeur et de se rendre jusqu’à la fameuse mentionnée dans leur échange de messages chambre 702.

« T’aurais pas pu me demander d’apporter quelque-chose qui fait pas de bruit dans un sac à dos ? » Le sourire qu’il abordait en venant refermer la porte de la chambre derrière lui était un brin amusé. Bien sûr qu’il se doutait que l’alcool n’était pas autorisé en guise de présent pour les personnes hospitalisées. Mais lorsqu’il était en contact d’Anastasia, ce n’était pas toujours le côté plus sage de sa personnalité qui venait à ressortir. Venant poser son sac à dos sur le lit de la lune femme, il vint rapidement se laisser tomber dans le fauteuil qui se trouvait aux côtés de ce dernier, prenant ses aises. Et enfin, son regard vint se poser sur la demoiselle. « T’as une sale tête. » Et c’était lui qui osait dire ça, les cernes tombant jusqu’à sa ceinture et les traits plus tirés qu’après une séance de Botox. « J’espère que l’autre à au moins autant de dégâts reçus que toi ? » Il serait prêt sinon à venir régler cette partie là de l’histoire, pour Ana, si elle le désirait - après tout, elle lui avait dit qu’il ne connaissait pas l’auteur de ces blessures.

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@anastasia williams

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« Uhrr... » Qu’elle vint dans un premier temps laisser échapper d’entre ses lèvres, alors que ces dernières venaient étirer un semblant de grimace plutôt qu’autre chose. Et en la voyant ainsi, Damon dut retenir un petit rire qui aurait été tout sauf poli. Il avait toujours été bien plus simple de venir jouer sur la légèreté et venir taquiner Anastasia plutôt que n’importe quel autre membre de la famille. Cela était sans en douter dû au faible écart d’âge entre les deux jeunes Williams. Une génération les séparait mais ils appartenaient à la même génération tout de même dans le monde extérieur. Ce n’était pas avec Savannah qu’il se verrait apporter des bières dans un hôpital - en l’occurence, s’il venait à blâmer Anastasia pour cette idée, tout le monde le croirait sans trop de soucis alors il profitait d’autant plus de cet avantage.

La jeune femme finit par venir désigner la poche de Damon, ayant elle-même son propre téléphone dans la main, et il ne fallut pas plus d’un quart de seconde supplémentaire à Damon pour comprendre que la parole ne serait pas présente du côté de la demoiselle pour la journée - et il pouvait tout à fait le comprendre sans avoir besoin de forcer. Il avait beau se moquer du fait qu’elle ne puisse pas faire autre chose qu’une grimace de ses lèvres, il n’était pas sans coeur au point de ne pas pouvoir comprendre qu’elle s’abstiendrait de formuler ses paroles et se contenterait de les écrire pour aujourd’hui.

ana
Je sais utiliser un miroir, Coco

Depuis quand n’avait-elle pas utilisé le surnom Coco en sa présence ? Assez longtemps pour que le jeune homme se rende compte qu’il n’avait surement pas passé assez de temps avec sa tante dernièrement - au delà des derniers jours chaotiques écoulés, il entendait par là. Assez longtemps pour que son sourire moqueur se change en sourire quelque peu attendri.

ana
T’inquiète pas, il est mort. Je fais les choses bien.

Là, il vint hausser un sourcil. Pourquoi n’était-il même pas étonné par ce type de réponse venant de la part de la jeune femme ? En réalité, il n’avait aucun mal à l’imaginer venant ruer quelqu’un de coups, à déchainer sa colère et sa frustration sur autrui, jusqu’à ne jamais s’arrêter. Les Williams étaient plutôt connus pour avoir le sang chaud, elle ne faisait pas partie des exceptions.

ana
Je peux pas parler, on m’a pété la mâchoire...

« J’avais vite compris cette partie là, crois moi. » Il n’avait en réalité pas besoin qu’elle vienne lui montrer les détails à l’intérieur de sa bouche, les fils et autre éléments lui clouant le bec n’étant pas son domaine de prédilection. Il vint même froncer légèrement le bout du nez en voyant tout ça, ne s’attardant pas sur les détails - ni sur l’idée que cela devait faire sacrement mal.

ana
Ça va ? Déso, j’ai pas mon matos pour les poupées vaudou sous la main du coup… Mais t’as les bières hein ?

Sans vraiment se retenir, aux derniers mots de la demoiselle, Damon vint laisser échapper un soupire d’entre ses lèvres alors qu’il s’enfonçant encore davantage dans le fauteuil inconfortable de la petite chambre d’hôpital. Dehors, le soleil commençait à décliner et atteindrait bientôt l’horizon; mais pour une fois, il n’avait aucune envie d’être dehors. Aussi étrange que cela pouvait lui paraitre, il se sentait pour une fois parfaitement à l’aise aux côtés d’Anastasia - aux côtés de quelqu’un de sa famille. L’air rafraichi de la fin de journée, et les soirées sur la plage s’en allant de paire avec, attendraient un autre jour. « T’en fais pas pour les poupées, on aura tout le temps quand tu sortiras d’ici. » Parce-que même si l’idée pouvait paraitre idiote à première vue, elle bottait réellement Damon. Il était tout à fait au courant que ces poupées n’auraient aucun effet sur le monde réel, mais l’idée de passer ses nerfs et ses frustrations sur son père, alors qu’elles étaient réellement dirigées vers lui, le tentait plus que de raison. A défaut de pouvoir s’exprimer réellement face à lui - ce dernier semblant avoir disparu de la surface de l’Australie et cette dernière idée étant surement vraie -, il se contenterait parfaitement de chiffons rapiécés.

« Mais oui j’ai bien les bières. J’ai fait ce qu’on m’a demandé, comme prévu. » Comme ça avait toujours été le cas dans toutes les situations avec lui, de toutes façons. Pour appliquer ce qu’on lui demandait, il était toujours le premier de la classe. Beaucoup de choses pouvaient être portées en blâme sur Saül et Elise, mais en rien la politesse et l’obligeance du jeun homme. Se penchant un peu en avant, il vint sortir les bières de son sac à dos, ainsi que le sachet de pailles sur lequel Anastasia avait insisté. « T’es sûre que tu veux une bière, hein ? Je veux pas que tu nous fasses je ne sais quelle complication parce-que j’ai aidé à te faire glisser en douce de l’alcool ici. » Il s’en voudrait jusqu’à la fin de ses jours, en plus de s’inquiéter pour les représailles qu’il pourrait potentiellement avoir ce type de comportement. Mais son appréhension portait surtout sur l’état de santé de sa tante - comme elle était venue demander comment il allait en retour, question qu’il avait sans aucun tour de passe-passe magique évitée car il savait très bien ce que ça voulait dire que de se lancer sur ce terrain là.

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Damon entre dans la chambre et le spectacle qui s’offre à ses yeux est loin d’être glorieux, sa jeune tante est défigurée et fait pâle figure, vidée de son charisme et de son énergie débordante. Elle communique avec lui uniquement par messages grâce à la magie des téléphones portables, elle retrouve sa voix. Elle taquine, revendique un assassinat en toute détente, puis finit par lui expliquer la raison pour laquelle son visage est si boursouflé : la mâchoire brisée. « J’avais vite compris cette partie là, crois moi. » Mais Ana lui prouve tout de même ses dires en exhibant presque fièrement sa muselière intégrée. Il faut bien ça, rien de moins, pour lui faire fermer la gueule et elle ne sait pas si Auden s’est renseigné sur son état mais elle est sûre que s’il sait, il est fier de son coup. Le froncement de sourcils de Damon la ferait bien rire si elle ne se retenait pas de laisser ses zygomatiques s’exprimer, sachant très bien que ça ne lui apportera qu’une douleur fulgurante. Elle relâche ses babines pour lui épargner cette vision d’horreur et lui demande plutôt des nouvelles, dont celles des bières. Elle ne perd pas le nord, Ana. « T’en fais pas pour les poupées, on aura tout le temps quand tu sortiras d’ici. » Lui non plus ne perd pas le Nord, il a parfaitement esquivé son « ça va ? », elle n’aurait pas fait mieux, Ana. Ils n’aiment pas bien s’épancher, ni même se pencher sur leurs sentiments les Williams et peu importe de qui il le tient, Damon, de son oncle-père ou de son père-oncle, il est aussi bloqué émotionnellement que toute la famille.

ana
Yes… Et tu veux commencer par qui ?

T’as revu quelqu’un depuis le repas de l’enfer ?

Il y en a eu tant de repas cauchemardesques de ce type, mais celui-ci a battu tous les records antérieurs. Ana sait que mettre ce sujet sur le tapis risque de braquer son neveu mais elle n’a pas l’intention de le laisser s’en sortir avec ses réponses vagues sans creuser un peu. Puis ça l’intéresse de savoir avec qui il a des contacts pour lui préciser à qui ne pas parler de sa présence à l’hôpital. « Mais oui j’ai bien les bières. J’ai fait ce qu’on m’a demandé, comme prévu. » Ah oui, le nerf de la guerre, les bières. Il dit ça avec son air contrit de petit garçon bien élevé qui a obéi aux ordres encore une fois.

ana
Fais pas genre qu’je t’ai forcé… C’est pas la classe de venir boire une bière en scred avec ta tatie préférée à l’hosto ?

La classe, c’est pas forcément le bon terme mais Ana est toujours contente de voir Damon, elle espère qu’il en est de même de son côté. Elle sait que tout le monde la déteste dans cette famille, que la plupart d’entre eux se portent bien mieux si elle n’est pas là, elle pense que c’en est autrement avec Damon pourtant. Ils sont si proches en âge, il est un peu son petit-frère, celui qu’elle n’a jamais eu, étant la benjamine de la fratrie. « T’es sûre que tu veux une bière, hein ? Je veux pas que tu nous fasses je ne sais quelle complication parce-que j’ai aidé à te faire glisser en douce de l’alcool ici. » Ana fronce les sourcils alors qu’elle tendait déjà ses mains pour réceptionner une des bouteilles de bière. Il va pas lui faire ça quand même, lui avoir porté les bières jusque là pour finalement repartir avec. L’avantage c’est qu’elle n’a que la gueule d’abîmée, elle peut très bien le poursuivre dans les couloirs. Elle lui jette un regard qui veut tout dire, il ne la fera pas changer d’avis et pianote aussitôt sur son téléphone :

ana
Fais pas ton rabat-joie, t’façons ils me donnent aucun anti-douleur ces chiens, on risque pas l’interaction foireuse… Au pire ça désinfectera la plaie

De toutes façons, pour le peu d’alcool qu’il y a là-dedans, ça devrait pas trop arracher si cela touche  les gencives recousues. Elle n’attend pas vraiment l’approbation de son neveu et se penche pour lui arracher la bière qu’il a entre les mains et elle tend la main pour qu’il lui délivre le décapsuleur et la paille. Il n’a pas oublié le décapsuleur au moins ? Elle patiente le temps qu’ils se retrouvent tous les deux avec une bière ouverte dans la main et lève sa bouteille vers Damon, tout en écrivant de l’autre main :

ana
A nous ! Et que les autres Williams aillent bien se faire foutre !

Puis, elle commence à aspirer laborieusement le liquide par sa paille après qu’ils aient trinqué. Finalement, elle sent le goût de la bière sur sa langue, dans son palais et c’est si réconfortant, ça lui change de leur soupe dégueulasse qu’elle va à tous les coups devoir se farcir pendant 15 jours. Le picotement sur les plaies n’est rien par rapport à la douleur provoquée quand elle force sur sa mâchoire ou se met à rire, ça en vaut clairement la chandelle. Elle scrute le visage de son neveu, elle aurait voulu faire bien plus que cette foutue bière tiède dans une chambre d’hosto pour lui changer les idées, mais ça aussi c’est encore un des frères Williams qui lui a retiré l’option.

Tu vas faire quoi maintenant ?

Pas la peine de préciser le vrai sens de sa question, il va faire quoi maintenant qu’il sait tout cela sur lui-même ? Damon comprendra la question, il pourra toujours feindre de ne pas l’avoir comprise mais il est clair qu’Ana s’interroge sur comment il compte réagir à tout cela. Il va rester à Brisbane ou quitter la ville, voir même le pays ? Il va emménager dans son propre appartement ? Décider de lâcher son école à la con sensée former les élites de demain et partir élever des chèvres dans le bush australien ? Elle plonge son regard dans le sien, elle ne le laissera pas esquiver ses questions indéfiniment.

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@anastasia williams

***

ana
Yes… Et tu veux commencer par qui ?
T’as revu quelqu’un depuis le repas de l’enfer ?

Il aurait peut-être préféré être apte à lui répondre que non, il n’avait revu personne et il n’allait pas changer les choses. Qu’il allait laisser le doute planer sur toutes les relations qu’il avait construit avec les proches de sa famille jusque maintenant, qu’il n’allait pas faire en sorte de dissiper les mésententes, et que rester vaguement dans le flou était une option tout à fait satisfaisante. Cependant, autant Anastasia que lui savait d’avance qu’il ne serait pas capable d’agir de la sorte et qu’il ferait en sorte de remettre les choses dans l’ordre, à leur place. « J’ai revu Auden, ouais. » Il vint dégager son regard de la blonde, le laissant s'échapper un instant par la fenêtre. Pourquoi cela lui semblait-il tant compliqué d’avouer qu’il avait revu son oncle - son père, surtout ? Venant fouler son palais, cela semblait même presque comme une trahison - envers qui, envers quoi ? « Mais on a discuté de rien du tout. » Parce-que la situation ne prêtait pas à ce type de conversation. Elle attendrait plus tard, un moment plus approprié, lorsqu’ils seraient tous les deux enclins et disponibles pour jouer cartes sur table; autant Auden que Damon, toujours en quelques sortes perdu dans la nouvelle réalité qui était sienne.

ana
Fais pas genre qu’je t’ai forcé… C’est pas la classe de venir boire une bière en scred avec ta tatie préférée à l’hosto ?
Fais pas ton rabat-joie, t’façons ils me donnent aucun anti-douleur ces chiens, on risque pas l’interaction foireuse… Au pire ça désinfectera la plaie

Cosimo était venu lever les yeux au ciel une fois de plus, comprenant tout de même avant de venir mettre le sujet sur le tapis qu’elle n’en ferait qu’à sa tête, Anastasia. Même si cela représentait un danger pour sa personne, elle ne changerait pas de cap et persisterait à venir boire une bière telle la parfaite rebelle qu’elle incarnait. Et, après un regard de plus dans sa direction, Damon finit par céder. L’instant après, elle détenait bouteille en verre, décapsuleur et paille - le parfait attirail pour venir se délecter d’une boisson à peine fraiche avec la chaleur encore bien présente en extérieur.

ana
A nous ! Et que les autres Williams aillent bien se faire foutre !

Il vint faire tinter sa bière contre celle de sa tante, alors qu’à la suite une longue goulée de boisson vint rouler le long de sa gorge. Il n’allait pas nier que l’idée était mauvaise, mais à la moindre personne d’autorité passant cette porte il ne se porterait plus garant de ce qu’il se passait; il voulait bien venir participer aux déboires de sa tante, mais elle garderait l’entière responsabilité sur son dos. Elle méritait de prendre soin d’elle, un peu; et pourtant elle préférait nier les avis des médecins et de ses proches pour continuer sur une pente qui ne menait pas toujours vers le chemin le plus agréable qui soit.

ana
Tu vas faire quoi maintenant ?

Ce fut en cet instant là qu’il échoua à venir esquiver le regard de la blonde. Ses yeux à elle étaient venus s’ancrer aux siens avant même qu’elle ait terminé de prononcer ses mots, pour s’assurer qu’il ne se défilerait pas. Damon avait rapidement compris qu’elle ne le laisserait pas tranquille, et qu’il ne repartirait pas d’ici sans lui donner un petit peu de contenu quant à la suite des événements liés au désastreux repas de famille. Cependant, il n’était pas sur de désirer lui en dire plus, l’italien. Les quelques jours qui s’étaient écoulés n’avaient pas constitué un recueil de ses états d’âme - pas à haute voix, en tous cas -, et il ne savait pas s’il était réellement prêt à agir contrairement à cette ligne de conduite. « Je sais même pas si je dois faire quelque-chose, en vrai. » Etirant ses lèvres en une moue en rien assurée, il vint hausser les épaules pour aller de paire. Il ne savait pas s’il était celui qui se devait de faire quelque-chose, où s’il serait plus sage plutôt d’attendre que les autres viennent vers lui. Après tout, de tout ce beau monde, il n’était pas celui faisant de la rétention d’informations et devant des explications à un tiers.

Son père aurait du venir vers lui pour discuter - il avait préféré fuir Dieu seul savait où, surement à un endroit de la planète où personne n’entendrait parler de lui avant quelques semaines, quelques mois.
Sa mère aurait du venir le voir - peut-être qu’elle avait essayé, ou au moins tenté l’initiative, mais s’était ravisée avant de venir marcher sur un terrain qui s’annonçait miné d’avance.
Son oncle aurait eu la possibilité d’engager la conversation - mais, comme déjà statué, là n’avait été ni l’instant, ni la bonne opportunité.
En dehors de ces trois personnes là, les autres n’étaient plus des acteurs principaux de cette hécatombe. Damon ne voyait donc aucune raison pour qu’il aille à la rencontre de ces dites personnes avant les trois mentionnées plus haut; pour lui, il était le triangle ayant le pouvoir de la suite des événements. Selon qui viendrait à lui parler de quoi, l’histoire - autant passée que future - pouvait changer du tout au tout. Selon qui faisait le premier pas, il n’aurait pas la même vision ancrée à tout jamais. Selon qui - et ce qu’il ne réalisait pas encore pleinement, le gamin à l’enfance remise en question, c’était que toute situation dont il suggérait l’existence dépendait de ses décisions à lui, plus qu’à n’importe qui d’autre. Il était celui qui se devrait d’engager la conversation et l’échange avec les autres protagonistes; l’inverse n’était vraie que dans un monde où les problèmes étaient laissés devant la porte d’entrée de la maison.

« Tu ferais quoi, à ma place ? A part des poupées vaudou, hein. » Il vint tenter un semblant de petit sourire en coin, même si le coeur n’y était pas. Damon ne savait pas si les conseils de sa tante pourraient réellement l’aider à avancer dans ce brouillard, mais au moins il aurait un avis extérieur - et en même temps, un avis de quelqu’un qui pourrait presque comprendre ce qu’il se passait. Presque. « Papa ne répond plus, donc c’est pas par lui que la solution peut commencer… » Même si le problème prenait presque sa source pourtant là. « Et je crois que maman me fuit… » Ou tentait-elle simplement de lui laisser l’espace nécessaire pour qu’il puisse reprendre son souffle entre deux vagues harassantes ? Souffle qui semblait faire des noeuds dans sa gorge, lorsque ce type de sujet était ramené sur le tapis, au centre de l’attention. Il n’était plus un enfant, et il savait encaisser des situations compliquées - pourquoi était-ce si complexe de faire ainsi ?

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Deux jours et deux nuits qu’Ana est à l’hôpital, l’opération est bien trop récente pour que son visage est désenflé et que sa rancœur envers Auden ait eu le temps de s’amenuiser. Il n’y a bien que son neveu, Damon, qu’elle a envie de voir parmi tous les Williams qu’elle hait pour des raisons bien diverses. Il est là et elle ne peut s’empêcher d’être contente de l’avoir à ses côtés, son neveu, son petit frère de cœur, l’autre floué de la famille, le bien plus floué qu’elle d’ailleurs… A moins qu’on lui apprenne demain qu’elle est la fille d’Auden aussi. Là ce serait la meilleure des raisons pour apprendre à faire un nœud coulant. Elle s’excuse de l’absence de poupée vaudou, surtout pour le faire parler un peu, savoir ce qu’il s’est passé pour lui depuis la révélation, s’il les a fuit comme la peste… C’est ce qu’elle aurait fait, elle. Enfin, hypothétiquement. Car dans les faits, Ana a traversé le globe pour rejoindre sa fratrie qu’elle répète tant haïr. « J’ai revu Auden, ouais. » Ana se crispe légèrement, bien entendu que c’est encore lui qui revient sur le tapis. Elle a envie de lui demander quand il l’a vu, car si c’était dans ces deux derniers jours, c’était après qu’il lui ait refait la face. Mais elle remarque le regard fuyant de son neveu qui se promène sur la vue peu réjouissante offerte par sa fenêtre donnant sur le parking de l’hôpital. « Mais on a discuté de rien du tout. »

ana
Tu vas m’dire que t’es tombé sur ton géniteur par hasard ? C’était quand ?

Elle ne prend pas de pincettes Ana, pas cette fois. Elle appelle un chat, un chat et un géniteur, un géniteur. Elle ne croit pas vraiment qu’ils se soient croisés sans raison et sans échanger un mot. Elle ne sait pas bien évidemment que Ginny a enfin éjecté un nouveau Williams par son utérus, un autre futur traumatisé de cette famille de merde. Elle ne le sait pas, car personne n’a daigné la mettre au courant. Finalement, Ana négocie avec son neveu qui a soudain quelques scrupules à fournir de l’alcool à sa tante en voyant l’état dans lequel elle se trouve. Mais il ne résiste pas bien longtemps, devant l’argumentation sans faille que lui présente sa tante amochée en pianotant sur son écran. Elle se retrouve avec la bière tiède dans les mains, décapsulée et après avoir trinqué, elle glisse la paille dans le maigre interstice prévu pour qu’elle puisse s’alimenter. Ils boivent leur bière en silence, seuls les glouglous de la paille viennent rompre le silence. Elle finit par lui demander ce qu’il compte faire maintenant, après tout ça, de sa vie en général, de ses liens familiaux en décomposition en particulier. Elle cherche son regard et elle sent, quand ils se croisent enfin, qu’il est probablement totalement perdu. « Je sais même pas si je dois faire quelque-chose, en vrai. » Bien sûr qu’il doit faire quelque chose, mais ce que lui suggère Ana, ce n’est pas de courir dans les jupes de sa mère ou d’aller supplier ses deux pères d’essayer d’être des humains décents pour une fois. Non, quand elle lui demande ce qu’il compte faire, elle veut surtout dire pour lui-même. « Tu ferais quoi, à ma place ? A part des poupées vaudou, hein. » Ana s’apprêtait bien à lui donner son avis sans qu’il ne soit sollicité mais qu’il cherche un conseil de sa part, stupéfait un peu la fausse blonde. Tellement qu’elle tape un truc assez bateau dans le sms qu’elle lui envoie.

ana
Fais juste c’que tu veux toi, arrête de penser aux autres...

« Papa ne répond plus, donc c’est pas par lui que la solution peut commencer… » Aucun doute que ce papa est pour Saül, celui qui a fui les lieux du crime avec la pire couardise après que son propre fils (sur le papier au moins) lui saute littéralement à la gorge. « Et je crois que maman me fuit… » Ça, ça étonne Ana, elle se serait plutôt attendue à ce qu’Elise harcèle son gamin, incapable de se passer de lui et de son attention pendant plus d’une journée après qu’une telle bombe ait fait exploser leur famille et s’être pris l’alliance de Saül en plein visage. Ana ne peut pas s’empêcher de jeter un regard un peu agacé à son neveu avant de se mettre à pianoter sur son téléphone à nouveau.

ana
Saül est un énorme connard qui assume rien et Elise l’a laissé faire… Et Auden, c’est un putain de danger public. Arrête de penser à eux et à ce qu’ils peuvent bien penser.

Tes études à la con que Saül t’a sûrement poussé à faire, ça te plaît cette merde ? Tu vas continuer ? Et tu vas vivre où maintenant, tu vas pas retourner chez ta mère, hein ?

Et tu vas choper qui ? Pense à ton cul, j’veux dire littéralement, pense à ton cul, ou avec ta bite comme on dit. Ça te changera les idées.

La voix de la sagesse. Ou pas. Ne parle pas à tes parents, abandonne tes études, va baiser tout ce qui bouge. Et encore, elle s’est abstenue de lui conseiller de sniffer tout ce qui pourrait lui passer sous la narine, comme quoi elle peut donner des conseils d’adulte relativement responsable parfois. Ana sirote sa bière à la paille, ça met une éternité à se boire comme ça, elle ne risque pas d’être bourrée bien rapidement à ce rythme là.

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@anastasia williams

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ana
Tu vas m’dire que t’es tombé sur ton géniteur par hasard ? C’était quand ?

Bien sur que Damon vint pincer un peu plus fort ses lèvres en une ligne fine en lisant les mots de sa tante, n’osant que trop peu laisser son regard venir s’ancrer dans le sien. La formulation qu’elle avait emprunté n’était pas fausse, mais elle était dérangeante sur bien des niveaux aux yeux du jeune homme. Auden était bien son géniteur, si la théorie était la seule chose sur laquelle s’appuyer, mais ce mot avait une connotation négative qui ne sonnait en rien comme une douce mélodie aux oreilles de l’italien. « C’était pas par hasard, je suis allé le voir. » Même s'il avait eu du mal à venir reprendre correctement la parole, même si toutes les informations n’étaient encore que trop vague dans sa tête, le ton qu’il vint employer pour répondre à Anastasia ne détenait pas la moindre trace de reproche. Parce-que même s’il n’approuvait pas sa façon de voir les choses, il pouvait entendre qu’entre la jeune femme et Auden, les choses n’avaient pas toujours été roses et surtout, cela ne le regardait pas - et, il ne sait surtout pas à quel point il pouvait avoir présentement raison, étant donné que le Williams était la raison pour que sa petite soeur se retrouve dans ce lit d’hôpital. « Je l’ai rejoint à la maternité il y a deux jours, pour voir le petit. » Et ce qu’il ignorait également, c’était que ses paroles faisaient l’effet d’une bombe étant donné que la jeune femme n’était pas encore au courant de la dernière nouvelle, pourtant bonne, de la naissance du petit de Ginny et d’Auden.

ana
Fais juste c’que tu veux toi, arrête de penser aux autres…

Le message qui vint s’afficher par la suite sur son écran, de la part de sa tante dont les mâchoires devaient être ménagées, vint lui tirer un petit regard de surprise. Elle venait de lui donner une solution qui, pour une fois, pouvait être réellement envisageable. Il savait à quel point elle avait une dent contre le reste de sa famille et à quel point il pouvait également être parfois compliqué d’obtenir une réponse pensée et réfléchie de sa part, le sang chaud italien parcourant parfaitement ses veines. Pourtant, elle venait de donner peut-être le meilleur des conseils que Damon pouvait présentement recevoir. La situation dans laquelle il se retrouvait plongé - dans laquelle tous les Williams se retrouvaient tous plongés en réalité, mais il était celui qui était le plus concerné par les retombées de la nouvelle - ne pouvait être plus désagréable que ça, mais elle le regardait uniquement lui. C’était son histoire qu’on venait de réécrire sans son autorisation, et pour une fois, s’il voulait que les choses retombent correctement en place, il se devait de s’écouter.

Cependant, c’était une pratique avec laquelle il n’était pas des plus familier, Cosimo. Toute sa vie, toute sa jeunesse, avait été façonnée afin de faire plaisir à d’autres, à répondre à des standards qui n’étaient pas les siens, à se fondre dans un moule qui n’était pas à sa convenance. Toutes les années qui s’étaient écoulées avant cette révélation, il les avait passé à faire plaisir à d’autres personnes que lui-même et même si dit de façon si simple semblait être la solution miracle et évitant souffrances inutiles cela ne lui semblait pas juste. Son coeur lui criait que d’autres choses que lui-même devaient être prises en considération, et ce n’était pas en suivant le conseil de Anastasia qu’il pourrait répondre à cette ligne de conduite.

ana
Saül est un énorme connard qui assume rien et Elise l’a laissé faire… Et Auden, c’est un putain de danger public. Arrête de penser à eux et à ce qu’ils peuvent bien penser.
Tes études à la con que Saül t’a sûrement poussé à faire, ça te plaît cette merde ? Tu vas continuer ? Et tu vas vivre où maintenant, tu vas pas retourner chez ta mère, hein ?
Et tu vas choper qui ? Pense à ton cul, j’veux dire littéralement, pense à ton cul, ou avec ta bite comme on dit. Ça te changera les idées.

Même si la première partie des mots de Anastasia ne lui donnait en rien envie de sourire, les derniers surent venir lui lever le coin des lèvres. Il vint même, légèrement, lever les yeux au ciel. « J’ai pas attendu que tu me soumettes l’idée, tu sais. » Oh, elle n’était encrine dupe et avait un âge particulièrement proche du sien. La jeune femme n’aurait pas besoin de beaucoup d’efforts pour comprendre la façon de réagir de Damon, puisqu’elle venait elle-même de lui soumettre une idée qu’il avait déjà eu. Et si effectivement, aller voir à gauche et à droite était une solution temporaire permettant de lui changer les idées, ce n’était pas la solution miracle non plus - tout comme venir en parler lui arrachait un petit sourire mais ne lui retirait pas ses pensées initiales qui étaient bien moins drôles. Alors, après un petit instant où sa conscience avait pu s’alléger, il vint laisser un soupire davantage chargé de mauvaises émotions s’échapper d’entre ses lèvres. « Et je sais pas, Ana. » Il ne revint pas sur la partie où elle avait accordé de jolis adjectifs à toutes les figures d’autorité de sa vie à lui. « Je vais pas rester vivre chez maman, non. Je sais pas encore où je vais aller, mais je peux pas rester à la maison. » Tout simplement parce-qu’il ne s’y sentait plus chez lui depuis ce jour là, ayant l’impression d’être un imposteur partout où il allait, de se sentir de trop là où pourtant les portes lui avaient été à un moment donné grandes ouvertes. « Je vais laisser passer Noël, et je verrai ensuite. J’ai une amie qui a une chambre de libre chez elle, je vais surement aller là-bas en attendant. » En attendant quoi, Cosimo ? Que les choses se réparent d’elles-mêmes là où elles n’avaient jamais été d’un seul morceau, beau, brillant ? Il vint soupirer de nouveau. Dès qu’il prononçait le moindre mot, il avait l’impression d’être un idiot, bercé d’illusions depuis tellement de temps que la réalité semblait bien fade en à-côté.

but now you're stuck inside a world that you hate (ft. @Damon Williams )

Ana n’avait aucune envie de parler d’Auden et pourtant elle voulait savoir où Damon l’avait vu, dans quel contexte, parce qu’elle a beau le détester un peu plus chaque jour où elle doit boire de la soupe à la paille pour survivre, elle veut savoir comment il vit avec ce qu’il lui a fait. Le fait qu’il n’en ai probablement absolument rien à faire ne change rien à cette curiosité morbide, elle voudrait le savoir en souffrance, tenaillé par les remords. Alors, elle questionne Damon, sans réaliser que son appellation d’Auden pouvait le froisser, après tout ce n’était rien d’autre que la vérité. « C’était pas par hasard, je suis allé le voir… Je l’ai rejoint à la maternité il y a deux jours, pour voir le petit. » Le petit. Les yeux d’Ana s’écarquillent de surprise en premier lieu. Merde, ce fou furieux a finalement son gosse, un fils à entendre Damon, l’autre fils... Il y a deux jours, il l’a vu. Il y a deux jours, il lui fendait le crâne, Auden. Est-ce qu’Auden est venu à l’appartement en sortant de la maternité, est-ce qu’il l’a vraiment laissée dans sa mare de sang avant de rejoindre Ginny et le bébé ? Depuis combien de jours est-il né ? Est-ce que toute la putain de famille est au courant de la naissance sauf elle ? La surprise laisse vite place à la colère et sa mâchoire se serre automatiquement sans qu’elle ne puisse le contrôler, la douleur lui vrille aussitôt le crâne et elle soupire de frustration, elle ne peut pas exprimer sa colère, elle ne peut pas parler, elle a envie de tuer Auden là, tout de suite maintenant. « u’ain ‘e co’ard... » grogne-t-elle entre ses dents, incapable d’articuler plus mais Damon n’aura pas de mal à comprendre qu’il s’agit d’insanités. Elle laisse retomber sa tête sur l’oreiller s’efforçant de se détendre, inspirant et expirant bruyamment devant un Damon qui ne doit rien comprendre à sa réaction. Finalement, elle reprend son téléphone et lui écrit :

ana
Il est né quand ? Putain j’hallucine, encore un putain de faire-part qui s’est perdu je suppose.

Il s’appelle comment le chiard ? En tous cas, encore un putain de Williams, encore un qui part mal dans la vie.

Avec un père pareil, avec une famille pareille pour être plus général. A ce compte-là autant pas faire de gosse si c’est pour les embarquer dans cette vie de merde faîte de mensonges, de secrets, de reproches, de hurlements et de violence. Auden a beau se croire bien mieux qu’Ana avec ses fameux principes de merde à ne pas boire, ne pas fumer, ne prendre aucune drogue, il est très loin d’être un exemple de stabilité et il suffit de voir le visage ravagé de sa sœur pour le savoir. Mais comme personne ne sait qu’il est le responsable de son séjour à l’hôpital, personne ne le verra comme cela, pas encore en tous cas. Pourtant, ça lui brûle les lèvres, ou plutôt les doigts en l’occurrence, de pianoter sur son écran tactile pour détruire une bonne fois pour toute l’image que Damon peut avoir de son géniteur. Mais elle ne le fait pas, un peu par décence car elle n’a pas envie de pousser son neveu dans un gouffre, mais aussi car elle sait maintenant que les secrets sont une monnaie d’échange et de pression dans cette famille. Alors Auden aura cela suspendu au dessus de sa tête et un jour, quand il s’y attendra le moins, elle leur dira à tous et ils verront son vrai visage. Ou alors, elle ne le dira jamais car une partie d’elle-même voudrait que ça n’ait jamais eu lieu et que leur relation fraternelle soit sauvable. Un putain de chien battu qui retourne, la truffe penaude, vers son maître.

Ana négocie la bière, elle en a besoin plus que jamais à présent, c’est probablement psychologique mais le simple fait de savoir qu’elle consomme de l’alcool, même si c’est une pauvre bière aux degrés d’alcool assez bas, la soulage, la détend légèrement. Et son neveu lui demande conseil, une responsabilité qu’Ana ne s’attendait pas à se voir confier, on est plutôt du genre à la donner en contre-exemple, en modèle à ne pas suivre plutôt qu’à lui demander son opinion. Et tout ce qu’elle lui dit à Damon, c’est de faire ce qu’il veut pour une fois. Parce qu’elle l’a vu tant de fois se décarcasser pour plaire à Saül et tenter de le rendre fier, se comporter en fils modèle et aimant pour rassurer les névroses d’Elise… A un moment donné, qu’il pense à lui, qu’il soit égoïste, qu’il fasse les pires conneries et arrête d’être un modèle de conduite, ça lui fera du bien. Damon a l’air surpris de ce conseil, mais agréablement surpris. Elle enchaîne en insultant toutes les figures parentales de Damon, histoire d’enfoncer le clou, de le pousser à s’en détacher. Puis elle lui conseille de lâcher ses études et d’aller baiser tout ce qui bouge. Ces dernières remarques lui arrachent un léger sourire. « J’ai pas attendu que tu me soumettes l’idée, tu sais. » Elle aurait bien souri, elle le tente d’ailleurs, les commissures de ses lèvres remontent pendant quelques secondes, mais elle ne force pas bien longtemps, sentant les points de sa joue tirer. Elle envoie un message aussitôt cependant :

ana
Vas-y raconte ! T’en es à combien ?

Allez, fais pas ton timide, dis-toi que vu ma tronche je risque pas choper prochainement. Laisse moi vivre ça par procuration !

Elle lui demanderait bien qui il s’est tapé aussi, mais il y a peu de chance qu’elle connaisse. A moins qu’il se soit tapé Ivy, oh non, ça serait dégueulasse, et peu probable de toutes façons. Puis, il finit par répondre à ses autres conseils/questions : ses études, où il va vivre. « Et je sais pas, Ana. Je vais pas rester vivre chez maman, non. Je sais pas encore où je vais aller, mais je peux pas rester à la maison. » Ana réalise que par habitude elle a écrit ta mère en parlant d’Elise, alors même qu’elle ne compte plus du tout se référer à elle comme la daronne de Damon, mais les habitudes ont la vie dure, un mensonge tenu si longtemps laisse des marques. Et elle sent que Damon a des guillemets dans la voix quand il dit maman. La situation est vraiment merdique pour lui et il est entouré d’adultes plus merdiques les uns que les autres, ça l’inclut probablement elle aussi. « Je vais laisser passer Noël, et je verrai ensuite. J’ai une amie qui a une chambre de libre chez elle, je vais sûrement aller là-bas en attendant. » Il veut attendre quoi le petit Damon ? Que Auden décide de l’adopter et qu’il s’installe avec Ginny, Auden et le chiard qui vient de naître ? Ou que Saül se fasse pardonner d’une manière grandiose ? Qu’Elise arrête de ne penser qu’à sa gueule et à son besoin d’avoir ce fils près d’elle pour se sentir aimée par au moins une personne sur cette planète ?

ana
Tu ferais mieux d’chercher une location. Un truc permanent, j’suis sûre que t’as un joli petit compte en banque à ton nom.

Parce que déso, mais tu vas pas trouver demain, dans une pochette surprise, un foyer aimant avec des parents potables

C’est peut-être un peu abrupte, un peu violent même, mais c’est la vérité. Il peut squatter sur un canapé s’il le veut mais qu’il ne se fasse pas d’illusion, même s’il n’est pas résigné encore, il le sera bientôt. Il est assez vieux pour avoir son appartement de toutes façons et après avoir été un gentil fils obéissant, il est temps qu’il fasse les conneries d’adolescence qu’il n’a pas fait jusqu’à présent. Elle a eu beau le coacher, elle est quasi sûre qu’il n’a jamais fait le mur, qu’il n’a jamais fait une nuit blanche pour arriver en cours encore saoul de la veille, ou même qu’il n’a séché aucun cours. Tout ça peut paraître le genre de choses que l’on ne conseillerait pas à un jeune homme mais Ana n’est pas n’importe qui. Il faut que jeunesse se fasse et même si elle est restée bloquée au même stade de connerie depuis sa pré-adolescence, elle sait que Damon ne deviendra jamais une ratée comme elle. Malgré ce qu’elle a pu dire à Auden pour l’énerver, avec succès d’ailleurs, un peu trop de succès.

ana
T’as l’droit d’pas être parfait 24h/24. Sèche des cours, vole un truc dans un magasin, fais un plan à trois et brûle une bible… J’en sais rien, mais vis un peu...

T’veux pas commencer maintenant d’ailleurs ? Le vieux dans la chambre d’en face me les brise à se promener en pleine nuit, il est putain de sénile et vient pisser dans mes chiottes toutes les putains de nuit depuis qu’j’suis là et il en fout partout le dégueulasse. Va lui chourrer sa canne !

Elle adresse un clin d’œil amusé à Damon, elle est quasi certaine qu’il va s’indigner et refuser, il respecte trop les croulants Damon. Ou alors que c’est peut-être seulement avec Elon et Lucrezia, ses bien-aimés grands-parents… Au moins, ça ne change pas ça pour le coup, il a toujours les mêmes grands-parents, quelle chance inestimable d’avoir des deux connards dans son arbre généalogique, mais au moins il y en a un qui arrive en bout de course, c’est déjà ça de gagné.

but now you're stuck inside a world that you hate.

@anastasia williams

***
Un « u’ain ‘e co’ard… » se fit entendre, qui vint faire hausser un sourcil a jeune homme, avant que son téléphone ne vienne vibrer de nouveau dans sa main.

ana
Il est né quand ? Putain j’hallucine, encore un putain de faire-part qui s’est perdu je suppose.
Il s’appelle comment le chiard ? En tous cas, encore un putain de Williams, encore un qui part mal dans la vie.

Il vint pincer fort ses lèvres l’une contre l’autre, Damon, comprenant qu’il avait peut-être fait une bêtise là. Peut-être n’était-il pas supposé donner ce type d’information à Anastasia - mais d’un autre côté, il ne comprenait pas pourquoi elle n’était pas déjà au courant de cette nouvelle là. « Il s’appelle Sloan. » Ne faisant aucun commentaire sur le reste de ce qu’elle venait de dire. Autant parce-qu’il était presque d’accord avec elle, que parce-qu’il ne voulait enfoncer aucun clou nulle part. Naitre dans la famille Williams n’était pas forcément bonne augure - les autres, et leur regard extérieur, auraient beau dire ce qu’ils voulaient Damon était bien placé pour dire une telle chose; et c’était justement pour cette raison là, et pour toutes celles qui étaient venues s’ajouter sur le dessus du tas ces derniers jours avec un soupçon de secrets dévoilés, qu’il ne pouvait venir contredire sa tante. Il préféra donc opter pour le silence.

Surtout qu’elle vint assez rapidement changer de sujet, partant sur quelque-chose de bien plus léger entre deux hors pistes un peu risqués. Alors bien sur que cela vint lui arracher un petit sourire, et bien sur qu’il vint lui répondre honnêtement. Il l’aurait peut-être tout autant fait avec les autres membres de sa famille, mais Anastasia était celle le mieux à même de le comprendre.

ana
Vas-y raconte ! T’en es à combien ?
Allez, fais pas ton timide, dis-toi que vu ma tronche je risque pas choper prochainement. Laisse moi vivre ça par procuration !

« Curieuse. » Qu’il vint d’abord répondre, avant de secouer d’amusement quelque peu sa tête. « Et je vois pas ce qui a changé avec ta tronche d’avant, moi. » Il vint y ajouter un petit clin d’oeil. Avec elle, Damon se comportait davantage comme l’aurait fait un petit frère, ou éventuellement un cousin, plutôt qu’un neveu. L’écart d’âge peu élevé entre les deux participait à ce phénomène; le jeune homme n'avait d’ailleurs aucun mal à se rappeler de quelques souvenirs d’eux deux petits, lorsqu’ils s’en allaient jouer sur la plage ou lorsqu’ils se mettaient à courir dans toute la maison familiale. Ils en avaient fait lever, des yeux au ciel, autant à Lucrezia et Elon qu’à Saül et Elise. Cosimo s’était fait reprendre plus d’une fois quant à son comportement, ce qui avait au fil des années fini par assagir complètement le petit garçon qu’il était. Il avait fini par regarder de loin la liberté dont jouissait Anastasia sans y toucher autant qu’il avait pu plus petit. Ensuite, ils étaient de toutes façons partie à l’autre bout de la planète, et les deux jeunes Williams avaient grandi d’un côté et de l’autre du même océan. « J’en suis peut-être à une demi-douzaine et le reste des détails, je les garde pour moi. » Il vint faire un petit clin d’oeil, de nouveau, à la jeune femme, avant de se recentrer sur les autres questions qu’elle lui avait adressé. Il se sentait en confiance, avec elle, mais elle restait la préférée de Saül - et il était hors de questions que trop de détails sur la vie privée de Damon ne circule au sein des membres de la famille Williams; trop de risques que cela remonte aux oreilles de ses parents.

ana
Tu ferais mieux d’chercher une location. Un truc permanent, j’suis sûre que t’as un joli petit compte en banque à ton nom.
Parce que déso, mais tu vas pas trouver demain, dans une pochette surprise, un foyer aimant avec des parents potables

Elle avait raison, Anastasia; mais ce n’était pas pour autant qu’il réussissait à la regarder dans les yeux lorsqu’elle venait avancer de telles vérités. Car elles faisaient mal, ces dernières, et s’il tentait d’avoir les épaules solides c’était loin d’être réellement le cas. Ca lui faisait mal à l’intérieur, à Cosimo, de se dire que même l’illusion de la parfaite petite famille s’était évanouie dans la nuit. « Je sais… » Qu’il laissa s’échapper entre deux inspirations, dans une expirations presque incontrôlée. Même s’il y avait cru longtemps, même s’il y avait mis tous ses efforts pour tenter d’ajouter sa part à l’illusion, il savait que rien ne serait plus jamais pareil.

ana
T’as l’droit d’pas être parfait 24h/24. Sèche des cours, vole un truc dans un magasin, fais un plan à trois et brûle une bible… J’en sais rien, mais vis un peu...
T’veux pas commencer maintenant d’ailleurs ? Le vieux dans la chambre d’en face me les brise à se promener en pleine nuit, il est putain de sénile et vient pisser dans mes chiottes toutes les putains de nuit depuis qu’j’suis là et il en fout partout le dégueulasse. Va lui chourrer sa canne !

Il n’était là en rien étonnant qu’elle tente de venir ajouter une petite touche d’humour, Anastasia. Il n’en aurait pas attendu moins, en réalité. Ce qui vint lui tirer un petit sourire en coin - il ne savait même pas si elle pouvait le voir d'où elle se tenait -, ce fut cependant l’idée que la jeune femme se faisait de son neveu. Il était sage, Cosimo, il l’avait toujours été de toutes façons. Mais il ne l’était plus autant qu’elle se le figurait, et ce depuis quelques années désormais. Sécher des cours, il l’avait fait - pas beaucoup, il n’était pas aliéné non plus, après tout il avait Saül comme père à ce moment là. Voler un truc dans un magasin - non, il était resté du bon côté de la ligne pour ça, en revanche. Faire un plan à  trois - ce ne serait que renouveler une expérience, mais il se garda bien de venir rectifier sa tante sur ce point là. Bruler une bible - il ne voyait pas en quoi cela pourrait lui faire du bien, étant donné qu’il s’était déjà appliqué à éviter saignement les messes du dimanche lorsque ses parents n’étaient plus à ses côtés pour le gérer. Pour ce qui était du vieux de la chambre d’à côté… « Si je lui vole sa canne, tu vas le frapper avec, et je défends pas ça moi. » Le petit sourire amusé qui vint orner ses lèvres à lui était en parfaite complémentarité avec le clin d’oeil que Anastasia venait de lui donner. Elle ne serait pas étonnée de sa réponse. « Ca doit vraiment t’emmerder de pas pouvoir dire ce que tu penses à qui tu veux, hein, et de pas l’envoyer bouler quand il débarque dans ta chambre. » Et voilà qu’il tentait de la taquiner un petit peu de nouveau. C’était facile, ça faisait du bien, ça changeait les idées.

but now you're stuck inside a world that you hate (ft. @Damon Williams )

« Il s’appelle Sloan. » lui apprend Damon qui vient visiblement de réaliser que sa tante n’avait pas été mise au courant et qui ne sait pas trop où se mettre. Elle lui adresse un regard insistant, il ne va donc pas répondre à sa question ? Est-ce qu’il croit vraiment qu’elle va le laisser s’en tirer comme ça ? Même muselée, Ana ne lâchera pas le morceau. Elle pianote donc ostensiblement sur son téléphone et fait signe à Damon de lire son message.

ana
Il est né quand ??? J’vais pas péter un plomb, pas la peine de te chier dessus comme ça...

Son regard est pourtant bien trop sérieux et énervé pour qu’il puisse la croire totalement. Elle pétera un plomb intérieurement, de toutes façons elle ne peut pas gueuler, elle ne peut pas péter des objets dans la pièce car chaque mouvement trop brusque lui donne le tournis et la douleur se répercute dans sa mâchoire. Elle veut savoir simplement parce qu’elle veut savoir si Auden a décidé de ne pas la prévenir de la naissance du gosse avant ou après de lui péter la gueule. Ça ne changera pas grand-chose, ou alors peut-être que ça changera tout, Ana n’est pas bien sûre mais elle veut savoir.

Puis après l’interrogatoire en bonne et due forme, Ana donne des conseils à son neveu. Des conseils qu’un adulte responsable aurait probablement trouvés très limites, mais Damon a l’air d’apprécier. Malgré qu’elle en rajoute une couche en insultant tous les Williams qui se retrouve mêlés à ses élucubrations, il se marre quand elle lui parle de multiplier les conquêtes. Il ne l’a pas attendue pour passer sa frustration dans les bras d’inconnu·e·s. « Curieuse. Et je vois pas ce qui a changé avec ta tronche d’avant, moi. » Ça c’est mon poulain, pense-t-elle avec fierté et elle lâche un genre de pouffement de gorge, le mieux qu’elle puisse faire en guise de rire actuellement. Puis elle brandit son fameux majeur à l’attention de Damon, juste pour la forme, par habitude aussi. Rien d’agressif dans ce geste, même une sorte de tendresse, un adoubement de l’élève qui a dépassé le maître pour une fois, elle n’a aucune répartie intéressante à lui renvoyer. Elle a l’impression de retrouver ce neveu qui avait été bien plus un petit-frère pour elle jusqu’à ce qu’il déménage avec ses « parents ». Ce neveu qui la suivait partout et imitait toutes ses bêtises avant qu’ils lui forcent la main, qu’ils le façonnent à l’image du fils modèle qu’ils voulaient. « J’en suis peut-être à une demi-douzaine et le reste des détails, je les garde pour moi. » Elle hausse les sourcils d’un air impressionné devant le chiffre, il ne s’est passé que quelques jours depuis le repas qui a fait exploser sa vie en éclat… Est-ce qu’il compte ses conquêtes antérieures ou est-ce qu’il a vraiment chopé douze personnes en une semaine ?!

ana
Ahahah mais c’est devenu un taf à plein temps ! Vas-y t’laisse pas abattre, t’as l’air d’pouvoir faire carrière !

J’verserais presque une larme d’émotion si j’avais un coeur

Après cela, Ana lui conseille un peu abruptement de se trouver une location au lieu de squatter temporairement chez des amis comme s’il allait retrouver le chemin de la maison familial après quelques semaines. Elle le voit prendre la violence des faits en plein visage et fuir à nouveau son regard. « Je sais… » soupire-t-il écrasé sous le poids de cette réalisation. Ana l’encourage en retour à faire ce qu’il veut, des conneries si possible. Elle reste soft cependant, évitant de lui proposer de tester dix drogues différentes dans une même soirée, d’entrer par effraction chez des gens ou d’aller exploser la voiture de son père (celui qu’il veut) à coups de batte de baseball. Elle n’a pas de pulsion de mort, enfin pas plus que d’habitude, et ne tient pas spécialement à voir Auden débarquer à l’hôpital pour l’étouffer avec un coussin parce qu’elle a rencardé Damon sur la meilleure manière de se défoncer la tronche. Puis, malgré ce qu’elle a pu lui dire à son frère, elle n’a pas envie que Damon finisse comme elle, il est mieux qu’il ne dépasse pas le maître dans un certain nombre de catégories. « Si je lui vole sa canne, tu vas le frapper avec, et je défends pas ça moi. » Il répond avec un sourire amusé et Ana feint un air indigné. Elle ne va pas dire qu’elle n’a pas pensé à lui décaniller les jambes d’un coup sec dans le genou, ça se casse en deux d’un rien à cet âge, mais en l’occurrence, elle voulait simplement lui enlever son moyen de transport, vu comme il galère déjà avec sa canne, sans c’est sûr qu’il ira pisser dans ses propres chiottes.

ana
Tu me prends pour qui enfin J’veux juste qu’il puisse pas se traîner hors de sa chambre...

Mais en vrai, j’avoue que lui péter les genoux, ça reste une solution tout aussi valable. Merci de ta contribution !

« Ca doit vraiment t’emmerder de pas pouvoir dire ce que tu penses à qui tu veux, hein, et de pas l’envoyer bouler quand il débarque dans ta chambre. » Il n’y a pas besoin de connaître Ana depuis le berceau pour savoir qu’elle est incapable de se taire, qu’elle adore parler pour ne rien dire et insulter, provoquer, râler à tors et à travers. Perdre la parole reste la plus frustrante des punitions pour elle. Elle finit sa bière dans un glouglou sonore provoqué par l’air dans la paille.

ana
C’est ça, moque-toi, p’tit merdeux. Balance une autre bière au lieu de te foutre de ta vieille tante.

Sans déconner, ceci dit, va lui chourer sa canne, c’est le seul moyen que j’aille pas l’étouffer dans son sommeil… Tu ferais une bonne action...

Elle insiste la « vieille tante » de pourtant seulement cinq ans son aînée, au moins ça aura le mérite de la distraire s’il se fait engueuler par le vieux sénile. Elle hausse les sourcils d’un air de défi après qu’il ait lu son message. Elle sait déjà comment elle se débarrassera de la canne pour que personne ne la retrouve. Mais à cet instant précis, la porte de la chambre s’ouvre.

Résultat du dé:

but now you're stuck inside a world that you hate.

@anastasia williams

***

ana
Il est né quand ??? J’vais pas péter un plomb, pas la peine de te chier dessus comme ça…

Ce n’était même pas une question de ça, en réalité. Damon n’avait en rien peur de la réaction de la jeune femme, il ne la comprenait juste pas. Il savait que les relations entre les différents Williams étaient compliquées, et que celle d’Anastasia et Auden l’était particulièrement. Il n’était pas plus étonné que cela que l’aîné n’ait pas pris le temps de prévenir la jeune femme de la naissance de son fils - un nouveau -, mais Damon ne comprenait juste pas pourquoi Anastasia s’énervait de la sorte. Ce n’était pas si grave, elle ne serait pas autorisée à aller voir le bambin dans cet état de toutes façons. « Il est né mercredi, t’énerves pas comme ça. » La voix du garçon n’était en rien reproche, en revanche, mais plutôt tendre envers la blonde. Il ne souhaitait pas, il était vrai, la froisser - surtout qu’il n’avait, lui, aucune raison valable d’en arriver à agir de la sorte.

ana
Ahahah mais c’est devenu un taf à plein temps ! Vas-y t’laisse pas abattre, t’as l’air d’pouvoir faire carrière ! 
J’verserais presque une larme d’émotion si j’avais un coeur

Il vint lever, à la suite de la lecture de ce message, les yeux aussi haut que le ciel de ses orbites lui permettait. « Si tu avais un coeur, effectivement. » Et il vint à la suite lui faire un clin d’oeil. Elle en avait un, mais il n’était pas le premier à être venu appuyer sur la question, alors il pouvait se permettre d’en rajouter une couche. Il savait d’avance qu’Ana viendrait, au pire, lever les yeux au ciel à son tour - elle ne pourrait pas réellement l’engueuler, de toutes façons; elle ne pouvait pas parler. Il ne comptait pas, de toutes façons, faire carrière de ses conquêtes nocturnes mais la jeune femme avait raison sur un point, il ne comptait pas se laisser abattre. Ou pas sur ce point là, en tous cas. Voir du monde permettait de se vider la tête et de penser à autre chose au moins le temps de quelques heures; et il mentirait s’il disait ne pas avoir besoin de distraction suite aux nouvelles familiales mises en avant ces derniers jours - que ce fusse sa filiation ou la naissance de Sloan.

ana
Tu me prends pour qui enfin  J’veux juste qu’il puisse pas se traîner hors de sa chambre...
Mais en vrai, j’avoue que lui péter les genoux, ça reste une solution tout aussi valable. Merci de ta contribution !

« Comme si t’avais vraiment eu besoin de moi pour penser comme ça ! » Cette fois ci, le rire qui vint s’échapper d’entre ses lèvres était sincère. Il ne croyait pas un instant que la jeune femme n’avait pas pensé elle-même récupérer la canne du vieux de la chambre d’à-côté pour venir lui casser, avec, les genoux - elle allait croire que Damon n’était pas si sage qu’il le paraissait, à lui donner des idées de la sorte.

ana
C’est ça, moque-toi, p’tit merdeux. Balance une autre bière au lieu de te foutre de ta vieille tante.
Sans déconner, ceci dit, va lui chourer sa canne, c’est le seul moyen que j’aille pas l’étouffer dans son sommeil… Tu ferais une bonne action...

Il vint lentement secouer la tête, un sourcil légèrement haussé sur son visage. « T’en serais pas capable. Et si t’es si veille que ça, je sais pas si deux bières d’un coup comme ça c’est raisonnable… » Oh, c’était lui qui finirait par se prendre des coups de canne s’il continuait sur cette pente glissante avec Anastasia - elle lui tendait si facilement la perche, il fallait dire, ce serait du gâchis que de ne pas les saisir de la sorte. Damon avait beau parler, cependant, il vint quand même sortir une seconde bière de son sac pour la tendre à la jeune femme. Il se mordrait les doigts s’il lui arrivait quelque-chose de grave suite à cette consommation d’alcool illicite, mais il se disait qu’Anastasia avait déjà du boire davantage au mois une fois dans sa vie, et que si elle pousser un peu le bouchon, c’était que cela devait rester un brin raisonnable tout de même - si seulement.

Ce fut les pensées de Damon jusqu’au moment où derrière eux, la porte de la chambre vint s’ouvrir à la volée. Le jeune italien vint faire un bond de six mètres de hauteur sur son siège, se retournant aussi vite vers la porte pour voir qui venait les déranger alors qu’ils n’étaient en rien sages. Il put cependant rapidement souffler en voyant qu’il s’agissait là seulement du dit-vieux de la chambre d’à côté, de nouveau perdu. Un rire non-retenu vint s’échapper d’entre les lèvres du garçon - quelque peu soulagé qu'il ne s’agisse pas ici d’un membre du personnel de l’hôpital. Le Williams n’eut cependant pas le temps de dire ouf à haute voix que déjà, Anastasia venait balancer son oreiller à travers la pièce ne direction du grand-père, ce qui ne fit qu’accentuer le rire du blond. « T’es pas bien, Ana, il est complètement perdu le pauvre ! » Ce ne fut pas pour autant qu’il s’arrêtait de rire en disant ça - ce qui lui coupa l’envie de continuer, cependant, ce fut le regard que la jeune femme vint lui lancer; il avait intérêt à faire quelque-chose s’il ne voulait pas périr sous sa main. « OK, je m’en occupe, j’ai compris. » Se relevant du fauteuil, il vint reprendre son sac à dos. Il en profiterait, en même temps qu’il donnerait un coup de main au vieil homme pour retourner dans sa chambre, pour rentrer chez lui. Se penchant doucement au dessus du lit, il vint déposer un baiser sur le front de sa vieille tante - à défaut de pouvoir l’embrasser sur la joue. « T’as intérêt à sortir rapidement d’ici. » Il lui tira un dernier petit sourire. « Merci, Ana. Pour… tout. » Pour l’oreille attentive qu’elle avait su, étrangement, être. Pour avoir pris de ses nouvelles, pour lui avoir donné des conseils, pour avoir été aussi et simplement elle-même en n’importe quelle circonstance. Damon vint finalement se tourner vers la sortie de la chambre, se mettant en route vers la sortie. « Monsieur, c’est pas ici ! » Il embarqua le vieux de la chambre d’à côté avec lui avant de fermer la porte de la chambre de sa tante - qu’elle puisse au moins terminer sa bière en paix.