| | | (#)Jeu 14 Jan 2021 - 0:54 | |
| say anything. (ft. @archie kwanteen )
Il y avait cette tension constante chaque fois que tu venais voir tes parents. Tu arborais ton plus beau sourire forcé en faisant une accolade à ta mère qui attarda son regard derrière toi. Tu savais ce qu’elle cherchait, qui elle cherchait. « Il n’a pas pu venir aujourd’hui. » annonça-tu simplement. L’ancienne hocha brièvement la tête en prenant la veste et le sac de sa fille pour aller les accrocher. D’un côté, tu en voulais à Harry de ne pas être venue, tu n’avais pas très envie d’être seule ici. Mais de l’autre, tu étais contente qu’il ne soit pas là pour que vous ayez à subir les interminables questions sur votre avenir proche. La question n’a jamais été abordée encore, mais tu sens dans tes tripes que ton père ne tardera pas à demander si des fiançailles étaient envisagées. Et ça te faisait peur. Parce que tu ne voulais pas en parler, parce que ça te mettait mal à l’aise, parce que tu ne t’imaginais pas ce genre d’avenir bien rangé. Pas avec ton compagnon actuel en tout cas. Parce que oui, c’était forcément lui le problème, hein ? Enfin pas en tant que personne. Harry était quelqu’un de bien que tu appréciais (aimais ?) beaucoup. Et tu savais qu’il était attaché à toi. Un peu trop peut-être, ça te faisait redouter le jour où tu auras le courage de mettre un terme à toute cette mascarade. (Encore fallait-il que ça arrive un jour.) Pour l’heure, tu te contentais d’afficher des sourires vagues et de rester évasive au possible quand quelqu’un évoquait ce genre de sujet. Au moins, tu étais sûre de ne pas sortir de bêtise. Après de brèves salutations à l’adresse de ton père, tu allais aider ta mère à dresser la table et à terminer le repas. Les jours où tu venais déjeuner chez tes parents se faisaient de moins en moins présents et aujourd’hui, ton frère était supposé venir. Et ça, c’était une nouvelle qui te faisait vraiment sourire. Les moments passés en sa compagnie se faisaient rares ces derniers temps. Il était toujours trop pris par son travail et tu n’avais pas le coeur de le déranger plus que de raison. Peut-être que tu devrais. Après tout, tu étais certaine que ça lui ferait plaisir que pour une fois, ce soit toi qui aille vers lui en premier. Trop occupée à prêter main forte à ta mère dans la cuisine, tu n’avais pas entendu que le frangin était finalement arrivé à son tour. Ce n’est qu’en retournant au salon que tu entendis sa voix. Il discutait de tu ne savais trop quoi avec ton père, sûrement quelque chose d’important. Tu voulais pas vraiment t’en mêler, c’était sûrement pas tes affaires. Comme la gamine polie que tu étais, tu avais patiemment attendu qu’ils terminent leur conversation. Et alors que votre regard se croisait brièvement, c’est à ce moment-là que votre mère entra avec le repas. Tout sourire, elle invita tout le monde à se rejoindre autour de la table tandis qu’elle continuait à raconter une anecdote sur la pauvre mère d’un de ses élèves. Tu ne savais pas vraiment de quoi elle parlait, ce n’était pas comme si tu avais réellement suivi depuis le début. Mais ça avait l’air de lui faire plaisir d’en parler, alors tu faisais au moins semblant d’écouter, hochant parfois la tête ou haussant les épaules. Le repas se passa comme un million d'autres, les grands parlaient pendant que tu restais discrète à les écouter discuter de sujets qui ne te concernaient toujours pas. Par moments quand quelqu’un te posait une question directe, tu énonçais une brève réponse en ne prenant pas trop la peine d’élaborer. Ainsi, l’attention dirigée vers toi ne durait jamais bien longtemps et c’était très bien comme ça. Les hommes parlaient de finance, de gros chiffres d'affaires, ta mère assurait le service et toi tu étais là, à te demander pourquoi tu continuais à accepter ces invitations. L’attention dirigée vers le poste de télévision qui tournait discrètement en fond, tu ne prêtais déjà plus la moindre importance à ce que racontaient ton père et ton frère. Tout ce que tu savais, c’était qu’un spot publicitaire pour un site de rencontre en ligne mettant en scène des couples d’hommes ou de femmes (des gens qui avaient l’air heureux), attira l’attention du vieux. Tu fis de ton mieux pour réprimer une grimace face à son ricanement amer et sa façon d’en parler. « Vraiment, c’est n’importe quoi de montrer ça à la télévision. On n’a clairement pas besoin de voir ces gens là. » tu pouvais presque discerner le venin dans sa voix. Ces gens là. Bien entendu, ta mère s’était empressée d’acquiescer en validant les propos de son époux. Ton regard se porta sur tes parents, ne s’y attardant pas trop. C’est ensuite Archie que tu observais quelques instants, avant de finalement détourner les yeux bien vite. Toi, tu n’ajoutais rien, préférant garder le silence plutôt que d’exprimer ton malaise. Qu’y avait-il à dire de toute façon ? |
| | | | (#)Jeu 14 Jan 2021 - 4:29 | |
| say anything. (ft. @madison kwanteen )
Il n’a jamais pu refuser les dîners en famille, Archie, et il est très souvent le premier arrivé. Il apprécie de voir ses parents et ses sœurs de temps en temps, lui qui est parfois trop occupé le nez dans les chiffres et dans la paperasse administrative. Cette journée-là, il a contacté Madison, sa plus jeune sœur, pour savoir si elle avait besoin qu’elle vienne le chercher en bagnole. Elle avait répondu à la négative et il n’avait pas plus posé de questions. Elle se rendrait chez leurs parents en autobus, elle a l’habitude à force de repousser son examen pour recevoir le permis de conduire. Il faut dire que, dans la famille, les deux sœurs n’ont jamais eu besoin de se presser pour l’obtenir parce qu’Archie, l’ainé de la bande, a commencé les cours à quinze ans pour conduire à seize ans. Il était toujours là pour les reconduire partout dans la ville et il le faisait à cœur joie parce qu’il a toujours apprécié cette sensation de liberté que lui procure la vibration du moteur. « Quelle température de merde ! » S’exclame Archie quand Esmee vient lui ouvrir la porte avec un sourire accueillant sur les lèvres. Il retire rapidement sa veste pour l’accrocher à un cintre, ne souhaitant pas laisser les gouttes d’eau s’infiltrer dans le tissu et mouiller sa peau. « Salut maman, salut papa. » Il embrasse la joue de sa maternelle et envoie la main à son père qui soulève sa spatule en retour. Ce soir, c’est steak et légumes et, bien entendu, Charles ne manquera pas une occasion de cuire un morceau de vache dans une poêle brûlante : c’est bien la seule chose qu’il veut bien cuisiner. « Mad et Sad sont là ? » Le jeune homme interroge en retirant soigneusement ses chaussures qu’il vient poser contre le mur. « Saddie était occupée ce soir, elle voyait déjà des amis. » Répond sa mère en se dirigeant à nouveau vers la cuisine, laissant Madison se montrer d’elle-même à son frère qui vient lui offrir un large sourire. « Heeeey ! » Il souffle, glissant sa main dans sa large poche pour en sortir une petite boîte qu’il tend à sa sœur. Il s’agit de recharges pour son appareil photo polaroid. « Tu n’en auras jamais trop. » Il dit avant qu’elle ne l’interroge quant à la raison derrière ce cadeau. C’est sa façon de communiquer avec elle, de lui dire qu’il l’aime, parce qu’autrement les conversations sont plutôt rares entre eux. « Harry n’est pas là ? » Il demande, jetant un coup d’œil dans le salon comme si son copain allait apparaître à ce moment-même. Entre Charles et Archie, ce sont toujours les mêmes sujets qui sont abordés. Quand le fils approche son père avec un sourire légèrement forcé, ce dernier lui tape fortement l’épaule, comme il le fait à chaque fois. C’est comme s’il souhaitait s’assurer que sa progéniture était toujours aussi solide qu’avant afin d’assurer la survie de la famille, m’voyez. « Oui, les affaires vont bien. J’ai récemment investi dans une marque de fringues, je pense qu’elle a de l’avenir. Peut-être que tu connais, il s’agit de Weat… » « Oh, tu sais, Archie, les vêtements ce n’est pas trop mon truc alors je ne connais probablement pas. » Charles rigole sèchement avant de glisser sa spatule sous l’un des steaks cuits pour le poser dans une assiette. « Je ne penserais pas que ça serait ton truc à toi, par contre. C’est le domaine de la technologie qui rapporte le plus en ce moment. » Le jeune homme hoche la tête en se mordant la lèvre inférieure, conscient de ce fait. Pour éviter d’approfondir le sujet, il s’apprête à tendre le bras vers la casserole remplie de légumes mais sa mère l’intercepte : « Va t’asseoir, je m’occupe de tout ça ! » Il la remercie du regard et se dirige vers la salle à manger pour finalement s’attabler à droite de Madison lorsque le repas est apporté par Esmee. Évidemment, Charles s’installe à sa gauche parce qu’il veut parler chiffres, profit, statistiques, comme toujours. Il n’y a qu’Archie pour comprendre cet univers, sa sœur ne capte probablement pas un piètre mot, elle qui a toujours penché du côté des artistes. La télévision ouverte en fond, le garçon n’y prête pas vraiment attention jusqu’à ce qu’une publicité fait hausser le ton à Charles. Fronçant les sourcils, l’actionnaire légèrement perdu, relève ses yeux pour les poser sur l’écran. Aussitôt qu’il comprend la nature de son reproche, sa gorge se noue et il serre la main autour de sa fourchette pour cacher son malaise. « Je suis d’accord. » Répond sa mère, son visage tordu en une grimace. Archie est bien obligé de ravaler sa honte pour reprendre avec eux : « Complètement. » Et il force un rire moqueur. « Ils tentent de normaliser ça, c’est ridicule. » Il n’aurait probablement pas grincé autant des dents plusieurs années auparavant. Homophobe, il l’a été pour se protéger de lui-même, mais aujourd’hui les choses semblent différentes. « D’ailleurs, Archie, tu n’as toujours pas trouvé la bonne ? Je ne comprends toujours pas pourquoi tu ne vois plus Autumn, elle était charmante. » Se languit sa mère avant de mordre dans une carotte. « On est plus ensemble depuis quatre ans, maman. » Il réplique en esquissant un sourire, toujours aussi improvisé. « Et toi, ma belle ? Tu penses qu’Harry va bientôt… » Elle tente de lui faire comprendre ses intentions d’un signe de la main mais devant l’incompréhension de la jeune femme, elle explique le fond de sa pensée : « Faire sa demande en mariage ! » C’est là qu’Archie croise le regard de Madison, plus longuement, et capte dans son iris une sorte de malaise qu’il ressent lui aussi un peu trop. C’est étrange. Ils semblent s’échanger plus de mots en restant silencieux. |
| | | | (#)Jeu 14 Jan 2021 - 9:32 | |
| say anything. (ft. @archie kwanteen )
Tu avais toujours été gâtée par tes pairs, même par tes parents en vérité. Plus que les autres. Sûrement parce que tu étais la dernière, la plus petite. Ce n’était pas que ça te déplaisait, après tout, tu savais pourquoi ils le faisaient, mais ça avait toujours tendance à te gêner. Être le centre de l’attention n’était pas vraiment quelque chose que tu appréciais de manière générale. Pourtant, lorsqu’Archie te tendis les recharges pour ton polaroid, tu ne pus t’empêcher d’afficher un sourire discret, reconnaissante du geste. « Oh, merci. » tu n’avais jamais été du genre démonstrative. Pourtant, tu savais que ton frère saurait lire la reconnaissance dans ton sourire. Serrant la boîte qu’il venait de te donner contre toi, tu secouas la tête à la négative sur la question concernant Harry. « Non, il devait voir ses parents, il vous passe le bonjour. » la réponse fut accompagnée d’un hochement de tête. C’était donc juste vous quatre ce soir. Tout devrait bien se passer, hein ? T’assurant de ranger les recharges de polaroid avant d’aller aider ta mère, tu jetais un bref regard vers l’échange entre père et fils. L’habituelle tape un peu brusque, l’éternelle critique masquée par un prétendu conseil. Tu savais les discerner, ceux-là. Quoi qu’Archie fasse, quoi que vous fassiez tous, ce n’était que très rarement suffisant. L’excellence était épuisante. Dans ton cas, tu pouvais encore t’estimer heureuse. C’était ton frère qui avait la plus lourde charge sur les épaules, c’était lui le fils prodigue, l’héritier. Si Saddie et toi vous faisiez moins bien, ce n’était pas aussi grave. Tu ne t’attardais pas plus sur leur conversation, allant plutôt prêter main forte à Esmee. Une fois tout le monde attablé, c’était comme toujours. Les hommes parlaient, ta mère intervenait de temps à autre, toi tu te contentais d’être là. Physiquement du moins. Le repas se déroulait plutôt tranquillement. Tu ne prêtais pas trop attention aux discussions, et lorsque ton esprit semblait s’y intéresser, tu entendais quelque chose comme “Chiffre, chiffre, hahaha, statistiques, tableau excel et graphiques, argent” et tu décrochais aussitôt. Le fond de ton assiette semblait bien plus attractif. Tu n’avais même pas très faim, il restait encore la moitié de ton morceau de viande et la plupart de tes légumes étaient toujours intacts, baignant dans leur sauce. Par moment, tu acquiesçais à ce que ton père disait, faisant mine d’être d’accord avec lui ou d’avoir écouté. Si seulement tu avais eu la présence d’esprit de prendre la télécommande pour couper la télévision avant le début du repas… Le discours qu’ils avaient tous sur le sujet te donnait envie de crier. Comment en 2021, des gens pouvaient encore avoir ce genre d’idées ? Un peu malgré toi, tu serrais ta fourchette dans ta main. Personne ne semblait s’intéresser à toi, trop pris par la nouvelle discussion. Le regard d’Archie croisa le tiens, et t’avais juste envie de disparaître. Son rire moqueur résonnait dans tes oreilles, son opinion te coupait encore plus l’appétit. T’avais presque l’impression qu’il savait que quelque chose clochait chez toi. Tu préférais reporter ton attention sur ton assiette toujours à moitié pleine, te forçant presque à avaler quelques légumes. Pour faire comme si tout était normal, comme si tout allait bien et que tu n’étais pas profondément dérangée par la conversation. « Et toi, ma belle ? Tu penses qu’Harry va bientôt… » c’était à toi qu’on s’adressait. Pendant un instant, tu avais même eu peur que ton malaise n’ait été trop prononcé. Tu t’attendais presque à ce qu’elle te demande ton avis sur la question. Tu fronçais très légèrement les sourcils en levant les yeux vers elle, affichant une expression confuse sur le visage. Ta mère gesticulait les mains devant elle et la situation aurait pu être amusante si la suite n’était pas arrivée. « Faire sa demande en mariage ! » oh non. Voilà que ça arrivait finalement, cette question que tu redoutais. Au moins Harry n’était pas là pour réagir ou rebondir sur la question. Il aurait sûrement été capable de se lever dans la seconde et de faire sa demande. Tous les regards étaient à présent braqués sur toi et t’avais l’impression que le bout des tes oreilles brûlait, elles devaient être écarlates. « Oh, heu… Je ne sais pas vraiment, on n’est pas pressés, tu sais. » Tu forçais un bref rire gêné, essayant de masquer ta petite voix étranglée. Ca ne faisait qu’un an que vous étiez ensemble. Et même si tu appréciais sa compagnie, tu te ne voyais pas passer le restant de tes jours avec lui. « Peut-être d’ici quelques années. » Soudainement, tu avais peur de quelque chose. Est-ce qu’il avait parlé d'un quelconque projet du genre à tes parents ? A Archie ? A Saddie ? Pitié non. Attrapant ton verre d’eau pour boire une grande gorgée, tu souhaitais vraiment disparaître dedans, être emportée par les flots était un sort plus enviable que des questions sur ton avenir en tant que femme mariée. Ton regard croisa de nouveau celui de ton frère, il avait presque l’air désolé pour toi. |
| | | | (#)Mar 19 Jan 2021 - 8:51 | |
| say anything. (ft. @madison kwanteen )
Si Archie est toujours un peu appréhensif à l’idée de voir ses parents, il est toujours très heureux de passer du temps avec ses sœurs qu’il voit de moins en moins, la tête trop souvent plongée dans son travail – une mauvaise habitude que lui a inculqué son père, lui-même banquier et toujours occupé à vérifier qu’il n’a pas reçu de mails importants même lorsqu’il est de repos. Alors, Archie, quand il a l’occasion de voir Madison ou Sadie, il s’empresse à racheter son absence, en quelques sortes : il leur offre toujours des cadeaux, que ce soit des items inutiles qui traîneront dans leur armoire ou un trio au McDonald. Cette fois, il offre à la cadette un paquet de recharges pour son appareil photo polaroid, espérant qu’elle l’utilise encore régulièrement. « Oh, merci. » Elle n’est pas très bavarde, Mad, mais l’extraverti est habitué. Si parfois leurs différences l’empêchent de lui proposer de faire plus souvent des activités, il n’en est pas moins généreux avec celle-ci. Elle est coincée dans une petite bulle qu’il arrivera à percer un jour ou l’autre. Pas vrai ? « Non, il devait voir ses parents, il vous passe le bonjour. » Elle répond alors qu’Archie observe le salon à la recherche de son petit ami qu’il, visiblement, ne trouvera pas peu importe s’il soulève tous les tapis dans la maison. « Oh, d’accord. » Il sait déjà que leur mère s’est plainte d’avoir préparé trop de nourriture, elle qui s’attendait probablement à ce que le plus gourmand de la famille soit présent avec eux ce soir pour dévaliser leur réfrigérateur. Pour rapidement combler le silence et renverser le malaise qui veut s’installer entre eux (comme toujours, parce que Madison est incapable de lancer une conversation), il l’invite simplement à retrouver les parents dans la cuisine pour les aider à terminer de préparer le repas. C’est la plus jeune qui s’occupe de poser les assiettes et les couverts sur la table tandis qu’Archie se retrouve pris au piège entre les griffes de son père qui, sans surprise, l’interroge quant à ses projets futurs. Il veut que son fils lui rappelle pour la centième fois qu’il a réussi dans la vie, qu’il est riche en ayant pas encore atteint la trentaine et qu’il n’aura jamais à craindre les problèmes financiers. Parce que, tout ça, c’est probablement grâce à Charles. Il l’a bien élevé, son viril petit garçon. Les fourchettes et les couteaux claquent contre la porcelaine mais aucun bruit de mastication n’est percevable : tout le monde a appris à manger le plus discrètement possible. Archie ne manque pas d’appétit. Il dévore la pièce de viande sans compter les bouchées et écoute d’une oreille son père qui le couvre de renseignements inutiles, de faits qu’il connait déjà. Il n’a pas l’impression que le dîner sera différent des autres fois. Si seulement Saddie était présente pour raconter ses exploits au volley-ball. Quand le sujet est dévié à cause d’une publicité qui passe à la télévision, le jeune homme se referme sur lui-même parce que sa gorge se noue. Toute sa vie, il a ri aux blagues à caractère déplacé de son père, pensant qu’il possédait la raison absolue. Il a même détesté les arc-en-ciel pendant un moment parce qu’on lui avait dit que ses couleurs représentaient des gens qui ont un problème mental. Toutefois, aujourd’hui il est assez vieux pour se faire sa propre idée et, s’il a tendance a encore tendance à se moquer de ceux qui sont différents, il n’est pas aussi agressif qu’avant. Jamais il ne pourrait traiter James de tous les noms qu’il lui balançait entre les couloirs de l’école. Encore moins depuis qu’ils se voient plus souvent. « Et toi, ma belle ? Tu penses qu’Harry va bientôt… » Là, Archie remercie Esmee de changer le sujet. Il n’aurait pas pu cacher son malaise plus longtemps. « Oh, heu… Je ne sais pas vraiment, on n’est pas pressés, tu sais. » Le frère esquisse un sourire de compassion, empathique. Il connait la force de la pression qui s’exerce sur les épaules de Madison à cet instant-même. Ses parents lui ont déjà reproché les mêmes choses avant qu’il ne décide de rompre avec celle qu’il n’aimait pas de cette façon, finalement. « Peut-être d’ici quelques années. » Il n’a pas besoin de jeter un coup d’œil à sa mère qu’il sait que son visage affiche une moue déçue. Ils ont hâte de voir leurs enfants fonder une famille à leur tour. « Ne tardez pas trop, j’ai hâte d’être grand-maman ! » Elle soulève sa fourchette pour pointer Mad puis Archie, ses lèvres étirées en un sourire exagéré. Les regards des deux enfants se croisent encore un millième de seconde et Archie décide de secouer discrètement la tête de droite à gauche pour rassurer sa sœur : non, elle n’a pas besoin de se presser pour faire plaisir à leur maternelle. C’est sa vie, elle en fait ce qu’elle veut. Il lui glisse même un clin d’œil subtil avant de lancer : « Évidemment. Alors, maman, vous avez finalement appelé un plombier pour réparer le problème de la douche ? » Quel intérêt ? Aucun. Seulement, il veut éviter d’approfondir le sujet des relations sociales. La soirée se conclue deux heures après avec un gâteau à l’ananas. Alors qu’Archie avale la dernière bouchée de son dessert, il décide de faire quelque chose pour sauver sa sœur qui semble souffrir bien plus que lui dans sa bille antisociale. Il se lève de sa chaise et empile les assiettes sales de tout le monde pour les porter au lavabo. Le ton légèrement lunatique, il lance : « Je ne peux pas tarder, ce soir. Je dois me lever très tôt, demain, parce que j’ai une rencontre d’organisée avec ma nouvelle source de profit. » C’est ainsi qu’il appelle les clients avec lesquels il fait affaire, parce que ça fait marrer son père qui, encore une fois, tape la table avec sa paume, hilare. Il en faut peu pour faire rire un capitaliste. « Tu veux que je te reconduise chez toi Mad ou tu restes encore un peu ? » Il demande à l’intention de sa sœur en nettoyant grossièrement les miettes dans les assiettes avec le jet chaud du robinet. |
| | | | (#)Ven 22 Jan 2021 - 7:16 | |
| say anything. (ft. @archie kwanteen )
La panique commence légèrement à te gagner. Être le centre de l’attention, même le temps d’une simple conversation considérée comme banale, ça te met la pression. C’est idiot, juste des mots, des suggestions, il est en principe plutôt facile de les balayer d’un revers de main et de ne plus y penser. Mais agir de la sorte, ça veut dire qu’il faut s’imposer. Et c’est bien la dernière chose que tu as envie de faire. Tu préféres donc les réponses courtes et l’espoir que ça se passe vite. Le repas ressemble à beaucoup d’autres. La conversation semble être récurrente et chaque fois un peu plus oppressante. « Ne tardez pas trop, j’ai hâte d’être grand-maman ! » Et toi, veux-tu seulement avoir des enfants ? Ce n’est pas quelque chose que tu te demandes d’habitude. Tu ne prends pas le temps de considérer les réponses possibles. Tu es trop jeune pour penser à ça, fonder une famille maintenant, c’est faire une croix sur bien des choses. Et tu n’es pas prête à abandonner tes rêves de voyage pour faire plaisir à tes parents. Ton faciès se fend d’un bref sourire suivi d’un haussement d’épaules. Tu préfères éluder la question et passer à autre chose. Pourquoi ce genre de sujet est forcément évoqué lorsque Saddie n’est pas là ? Elle a toujours eu le don d’esquiver les moments gênants, celle-là. D’ailleurs plus tu y songes, plus tu es persuadée qu’elle faisait exprès de se rendre indisponible pour ces réunions de famille interminables. Et quand bien même elle aurait été présente, tu es sûre qu’elle aurait trouvé quoi répondre. Ou un moyen de complètement dévier la conversation vers un sujet bien plus agréable pour tout le monde. Toi, tu as encore du mal à agir aussi spontanément. Tu ne veux pas montrer ton malaise, mais tu ne veux pas non plus couper court à la conversation. Alors à chaque fois, tu t’enfonces un peu plus dans les mensonges dans lesquels tu vivais. Tout va bien. C’est relatif. Tu aimes Harry. Oui, mais pas comme lui t’aime. Pas comme tes parents veulent que tu l’aimes. Harry, c’est la sécurité, la présence rassurante lorsque tu rentres, le quotidien bien rangé. Mais ça reste loin de l’amour véritable, celui des contes de fées idiots auxquels plus personne ne croit. Ce que vous avez construit, c’est suffisant. Sur le papier, tout du moins. Mais dans le fond, tu sens que juste suffisant n’est pas assez. Et c’est terrible comme ressenti, il ne mérite pas ça. Le tout désormais, c’est de trouver le courage d’en parler. Peut-être que Craig saurait quoi faire. Peut-être qu’Archie aussi. Sortant de tes pensées, tu lèves les yeux vers lui et tu l'observes quelques instants pendant qu’il détourne adroitement le sujet sur une autre banalité. Esmée semble mordre à l’hameçon, tu peux souffler. Quelques autres sujets sont abordés, le travail, la santé, des choses auxquelles tu réponds bien plus volontiers. Toujours égale à toi-même; brièvement et sans trop détailler. Ils ont l’habitude, à force. Archi commence à débarrasser et c’est tout naturellement que tu lui prêtes main forte. « Je ne peux pas tarder, ce soir. Je dois me lever très tôt, demain, parce que j’ai une rencontre d’organisée avec ma nouvelle source de profit. » ton regard s’attarde sur lui tandis qu’il s'esclaffe au sujet de l’argent qu’il allait gagner le lendemain. « Tu veux que je te reconduise chez toi Mad ou tu restes encore un peu ? » la réflexion estde courte durée et la décision est déjà prise avant même qu’il n’ai terminé d’énoncer sa proposition. A force de fréquenter les bus, tu connais la plupart des horaires par cœur. Tu sais par conséquent que le prochain n’arrive pas avant une heure. Et tu ne tiens pas particulièrement à passer un autre long moment seule en compagnie de tes parents. Tu acquiesces en posant les verres sales sur le comptoir à côté de l’évier. « Oui j’arrive, je n’ai pas très envie de prendre le bus. » pas à cette heure-là en tout cas. Pour les raisons évoquées plus haut également. Terminant de nettoyer, tu enfiles ta veste pendant que ta mère te fait face, ajustant ton col et tes cheveux. Quelqu’un de normal aurait râlé, aurait affirmé pouvoir le faire seul. Pas toi, tu sais que c’est le genre de chose qui risquerait de lui faire de la peine. Alors encore une fois, tu la laisses faire. « Soyez prudents sur la route ! Tu embrasseras Harry de ma part. » elle dépose un baiser sur ton front et tu hoches la tête en guise de réponse. « A bientôt. » dis-tu en lui offrant un petit sourire avant de rattraper ton frère à sa voiture. Tu t'installes côté passager pendant qu’il prend place derrière le volant. Chaque fois que tu montes dans un engin pareil, tu te dis qu’il est plus que temps que tu passes ton permis. Là où ça risque d’être le plus utile pour toi, c’est dans le cadre de ton travail. Les compétitions ne sont pas toujours la porte à côté et devoir faire du covoiturage, ce n’est pas toujours très pratique. Archie démarre et il semble prendre la route habituelle. Plusieurs minutes se passent sans que tu ne dises rien, te contentant d’écouter distraitement la musique qui passe à la radio. Ce n’est pas un titre que tu connais, mais ce n’est pas très important. Ce qui t’intéresse vraiment, c’est cette question qui te brûle les lèvres depuis tout à l’heure. Tu pinces les lèvres, considérant toutes les réponses possibles de la part de ton frère. Tu le regardes en coin avant de reporter ton attention sur tes mains. « Tu le pensais vraiment ce que tu as dis concernant les gens de la publicité… ? » après de longues minutes de silence, la voix légèrement étranglée, tu as osé poser la question. Tu déglutis avant de reprendre. « Je veux dire, voir ça à la télé… Ce n’est pas si grave, si ? » tu ne peux retenir une légère grimace lorsque tu tournes la tête et que votre regard se croise l'espace d'un instant. Tu n’es même pas sûre de pourquoi ça te tracasse tant, cette histoire. Après tout, tu n’es pas concernée. Pas vraiment. |
| | | | (#)Mar 26 Jan 2021 - 7:10 | |
| say anything. (ft. @madison kwanteen )
Il aurait parié toute sa fortune que Madison choisirait de se joindre à son frère pour rentrer le plus rapidement possible chez elle. Ce n’est pas le fait qu’elle soit introvertie qui lui a mis la puce à l’oreille, mais plutôt ce malaise qu’elle semblait ressentir depuis qu’elle avait mis le pied dans la maison de leurs parents. Il la comprend, en un sens, parce que ces derniers ne sont pas les plus chaleureux. Ils semblent n’avoir jamais eu l’âge de leur fille pour comprendre qu’elle a encore envie de profiter de sa liberté avant d’être responsable d’un enfant. Les temps ont changé, il n’est plus question de repeupler le pays à tranches de dix gamins dans le but de recevoir une prime. Les jeunes ont des rêves de grandeur et Archie se considère encore comme l’un d’eux. Il n’a pas l’impression qu’il est né sur Terre pour rallonger l’arbre généalogique des Kwanteen. Secrètement, il compte sur Saddie pour faire perdurer la lignée – parce que ses espoirs envers Madison sont très bas de ce côté-là. Elle qui préfère la solitude, il l’imagine très mal supporter la présence d’un gosse à ses pattes à longueur de journée. « Oui j’arrive, je n’ai pas très envie de prendre le bus. » C’est un sourire amusé qui étire les lèvres d’Archie ; elle n’a plutôt pas très envie de se faire interroger plus longtemps sur son avenir sans que son complice ne soit là pour changer le sujet et la sauver comme à chaque fois. C’est un peu son rôle, après tout. Il l’a protégée toute sa vie quand Lola ne pouvait plus le faire. Quelques minutes plus tard, le voilà prêt à décoller, son trousseau de clefs entre les mains. Il prend son père dans ses bras, reçoit trois grosses tapes étouffantes dans le dos, ne laisse aucun inconfort s’afficher sur son visage quand il enlace ensuite sa mère. Cette dernière s’attaque par après à sa sœur pour répéter une scène à laquelle il assistait déjà quand il avait dix ans de moins. Esmee ne semble pas réaliser que ses enfants ne sont plus dépendants, ou alors c’est son instinct maternel qui ne s’estompera jamais même lorsqu’ils seront en âge de prendre leur retraite à leur tour. « Soyez prudents sur la route ! Tu embrasseras Harry de ma part. » « Toujours. » Il répond en premier, saluant ses parents d’un signe de la main avant de sortir en premier, laissant la porte ouverte derrière lui. Il attend l’arrivée de sa sœur pour glisser la clef dans le contact, réveillant le moteur silencieux de sa voiture électrique. « Oublie pas ta ceinture. » Il couine, le ton moqueur, comme s’il se prenait pour l’un de leurs parents. Amusé, il replace son rétroviseur et s’engage dans la rue passante une fois qu’elle est libérée. S’il était en train de reconduire Saddie chez elle, il saurait quoi dire. Avec elle, la discussion vient aussi naturellement que les oiseaux migrent en hiver. Pourtant, à cet instant, Archie reste muet et décide d’allumer la radio pour combattre ce silence oppressant dans l’habitacle. Il n’a pas besoin de son GPS pour se diriger à travers le quartier. Ses doigts tapotent le volant au rythme de la chanson qui envahi l’espace. Une dizaine de minutes plus tard, Mad décide enfin d’utiliser ses cordes vocales et, aussitôt, Archie baisse le son de la radio pour mieux l’entendre. Il ne peut pas louper une occasion de discuter avec elle ! « Tu le pensais vraiment ce que tu as dit concernant les gens de la publicité… ? » Lèvres pincées, il garde ses deux yeux rivés sur la route, faisant semblant de ne pas tout de suite comprendre ce qu’elle veut dire. Mais il a compris, évidemment, parce que cette publicité lui a fait souffler un énième mensonge pour satisfaire l’appétit mesquin de Charles. « Je veux dire, voir ça à la télé… Ce n’est pas si grave, si ? » Il s’humecte les lèvres, cherchant à la bonne chose à dire. Il ne comprend pas vraiment pourquoi sa sœur s’inquiète pour ça, à vrai dire. « J’ai dit ce que Charles voulait entendre. » Il finit par souffler en haussant les épaules. « Je ne suis pas aussi extrémiste, enfin… Plus aujourd’hui, je crois. » Parce qu’il a été un sale con dans le passé, à l’image de son père. « Mais pourquoi ça t’inquiète ? » Il finit par demander en la regardant du coin de l’œil une fois qu’ils sont arrêtés à un feu rouge. « Tu sais, si tu as des amis qui sont comme dans la publicité, ça ne me dérange pas. C’est à papa qu’il vaudrait mieux que tu le caches. » Comme lui il cachera James au monde entier. Parce qu’il a peur des moqueries depuis toujours, parce qu’il ne pense pas être assez fort pour être aussi libre que ceux qui acceptent leurs différences. |
| | | | (#)Ven 29 Jan 2021 - 11:01 | |
| say anything. (ft. @archie kwanteen )
Une chose est sûre, tu peux toujours compter sur ton grand frère pour te sortir des situations familiales délicates. Et tu ne te fais clairement pas prier pour suivre le mouvement lorsque l’opportunité se présente à toi. Tu aimes tes parents, là n’est pas la question. C’est juste que parfois (souvent), le comportement qu’ils adoptent avec vous est agaçant. Leurs questions souvent intrusives, leurs sous-entendus à peine voilés, leurs attentes toujours plus exigeantes, c’était vraiment épuisant à la longue. Ajoute à ça leurs opinions du siècle dernier et ça fait un sacré combo dont tu as hâte de te détacher. Les au revoir sont brefs et personne ne s’attarde. Ton frère aîné semble au moins aussi impatient que toi à l’idée de retrouver sa maison. Tu comprends. Une fois tout en ordre, tu rejoins ton frère à sa voiture, fermant la porte de la maison derrière toi. Tu imagines déjà Esmée parler de tous les grands projets qu’elle a pour l’organisation éventuelle du mariage d’un de ses enfants. Et ça te file un peu la nausée rien que d’y songer. Le fait que ta relation avec Harry dure rajoute une pression supplémentaire sur tes épaules et tu n’es pas tout à fait sûre de pouvoir supporter ça encore longtemps. S’il y a bien une chose que tu ne veux pas, c’est précipiter les choses. Alors chaque jour, chaque soir, tu pries pour qu’il n’ai pas l’idée saugrenue de faire sa demande. Le pire dans tout ça, c’est que bien que tu ne te sentes absolument pas prête, tu serais capable d’accepter pour ne pas le blesser dans sa fierté. Sauf qu’après, c’est toi qui va regretter la réponse et changer d’avis sera encore plus difficile. Et ça sera particulièrement humiliant pour lui. Tu t’installes dans la voiture et c’est la voix d’Archie qui te sort de ta rêverie. « Oublie pas ta ceinture. » tu roules des yeux en affichant un petit sourire en coin, t’exécutant tout de même. (Tu comptais le faire de toute façon.) Maintenant que vous n’êtes plus que tous les deux et que la voiture démarre, le silence retombe. C’est habituel et ce n’est pas vraiment inconfortable comme situation. Tous ceux qui te connaissent ont l’habitude de tes silences et du calme dont tu fais généralement preuve. Et pourtant, il se passe toujours beaucoup de choses dans ta tête. Tu as toujours des questions qui fusent et qui tourbillonnent. Ce n’est pourtant pas pour autant que tu les énonçes à voix haute. Ça arrive selon les sujets et les gens avec qui tu te trouves. Et ce qui te troubles ce soir, ce n’est pourtant pas une nouveauté. L’avis général sur la question a souvent été exprimé et d’habitude, tu laisses couler, tu ne t’interroges pas plus que ça. Mais ce soir, tu oses enfin. Pourquoi ? Aucune idée. Tu doutes même que ça soit une bonne idée de ramener ça sur le tapis. Tu aurais sûrement dû lui parler de totalement autre chose. Des dernières photos que tu as prises, par exemple. Ou de Pumpkin. Et te voilà à appréhender le discours d’Archie, sa position un peu plus tôt avait pourtant été plutôt claire. « J’ai dit ce que Charles voulait entendre. » tu fronces légèrement les sourcils, pas vraiment étonnée. Cet homme aime avoir raison. Il ne vit que pour avoir le dernier mot. En toute honnêteté, si il t’avais directement posé la question, tu aurais sûrement répondu à l’affirmative toi aussi. Et ça ne te réconforte pas vraiment. « Je ne suis pas aussi extrémiste, enfin… Plus aujourd’hui, je crois. » Je crois. Tu n’es pas sûre de bien comprendre. Tu glisses un regard vers lui alors que la voiture s’arrête. Sous la lumière rouge des feux, il te regarde et t’as jamais été aussi incertaine de ce que tu devais croire. « Mais pourquoi ça t’inquiète ? » à cet instant, tu es comme un animal face aux phares d’une voiture qui lui arrive en pleine face. Bien malgré toi, tes mains se crispent sur tes jambes et tu ne sais même pas pourquoi ça te travaille autant. (Bon, tu as bien une petite idée dans le fond, mais tu préfères ne pas trop y penser pour l’instant. Pas avant d’avoir fait le tri dans tes pensées.) Les lèvres pincées, tu tentes de faire le clair dans ton esprit et tu finis par baisser les yeux, ne sachant pas répondre tout de suite. « Tu sais, si tu as des amis qui sont comme dans la publicité, ça ne me dérange pas. C’est à papa qu’il vaudrait mieux que tu le caches. » ton regard se pose sur tes mains crispées, l’air légèrement contrariée par cette réponse. Tu ne l’exprimes pas clairement, bien sûr, tu préfères peser très soigneusement tes mots et l’impact qu’ils pourraient avoir. « Je ne sais pas... » ce n’est pas vraiment un mensonge. Mais ce n’est pas non plus la vérité. Tu cherches tes mots, c’est un sacré bordel dans ton crâne. « Je… C’est juste que je ne comprends pas ce qu’il y a de mal à ce que deux personnes s’aiment comme ça... » en 2021, c’est pourtant supposé être quelque chose de normal, non ? Tu vois la lumière passer au vert et tu oses enfin relever les yeux vers ton aîné. « Il y a quelques clients qui viennent parfois au studio qui sont... » c’est fou, alors que Charles est loin d’ici et qu’il ne peut pas vous entendre, tu n’arrives même pas à prononcer le mot. Tu n’évoques pas toutes tes connaissances de la fac, ça risque de faire beaucoup d’informations d’un coup. « Je ne comptais pas particulièrement en parler à papa de toute façon. Je sais comme il est sur ces sujets là… Mais je trouve ça triste, tu sais ? » tes doigts pianotent nerveusement sur tes jambes et tu continues doucement. « Juger les gens sur qui ils aiment, je trouve ça triste. » tu hausses les épaules en repensant à ces couples que tu as déjà pu croiser, souvent des amis de ton patron. Ils se sont toujours montrés particulièrement gentils avec toi, et à aucun moment tu ne comprends ce dégoût ou cette gêne que certains peuvent ressentir. « Tu en connais toi... ? » Légèrement anxieuse de savoir si ça ne le dérange pas vraiment de savoir que tu peux côtoyer des personnes de cette communauté, tu lui retournes la question. |
| | | | (#)Lun 1 Fév 2021 - 13:04 | |
| say anything. (ft. @madison kwanteen )
Même si Archie a toujours été très bavard, ça ne l’empêche pas de parfois aimer la sensation calmante que lui procure le silence. Il compte souvent sur sa sœur pour remédier à ce besoin, elle qui, au contraire de lui, préfère sans aucun doute la tranquillité. Ils sont le blanc et le noir, le yin et le yang, l’eau et le feu : ils se complètent dans leur différence. Cependant, la routine se fait chambouler lorsque la voix de Madison remplace la musique qui régnait jusqu’à présent dans la voiture. Aussitôt qu’elle prononce un seul mot, Archie baisse le volume de la radio pour mieux l’entendre et lui faire comprendre qu’il est à son écoute. Quand elle lui pose finalement une question plutôt taboue, il la ferme complètement pour mieux réfléchir à la question. Il n’y a plus que le tic-tac du clignotant qui est perceptible avant qu’il se décide finalement à répondre à sa question de la façon la plus sécuritaire possible. Ainsi, il explique qu’il a opté pour une attitude méprisante dans l’unique but de satisfaire leur père qui, depuis toujours, lui répète sans cesse que les gens différents sont malades. Que l’amour véritable n’existe qu’entre un homme et une femme et que ceux qui pensent le contraire, ne souhaitent que de se faire remarquer. C’est une opinion qu’il a longtemps partagée avant de prendre en maturité et de se faire ses propres idées. Seulement, parce qu’il a peur de trahir l’éducation de ses parents, il reste l’adolescent qu’il était en leur présence. Celui qui a grandi dans une petite bulle d’inacceptation et qui se pensait bien meilleur que les autres. Pourtant, plus les jours passent et plus il réalise qu’il était loin de comprendre le monde qui les entoure. C’est pour cette raison qu’il rassure sa sœur, peu importe la raison de ses inquiétudes, lui affirmant qu’il ne serait pas dérangé d’apprendre que quelques-uns de ses amis sont comme les gens de la publicité. Il l’écoute attentivement, se pinçant les lèvres au fur et à mesure qu’elle exprime ce qui pèse sur son cœur. « Je ne comptais pas particulièrement en parler à papa de toute façon. Je sais comme il est sur ces sujets là… Mais je trouve ça triste, tu sais ? » Il l’interroge du regard une seule seconde avant de reposer son attention sur sa conduite. « Juger les gens sur qui ils aiment, je trouve ça triste. » Sa gorge se noue instantanément, l’empêchant de répondre. Il est déstabilisé parce qu’il réalise que sa propre sœur aurait détesté le garçon qu’il était quand il voulait faire le grand, le fier. Ses yeux se gonflent légèrement mais il ravale sa peine en se raclant la gorge. « Tu as toujours pensé ça ? » Il réussit finalement à demander après s’être assuré que sa voix ne casserait pas sous l’émotion qui compresse ses poumons. Il a l’impression de ne plus réellement connaître sa propre sœur, elle qui se contentait habituellement d’approuver en hochant de la tête, le plus silencieuse possible. Il a été aveugle pendant vingt-six ans. « Tu en connais toi... ? » Il n’est pas prêt à aborder le sujet de façon personnelle. La nausée l’empêche d’y penser trop longtemps. Bien évidemment, qu’il en connait. Bien évidemment que c’est le visage de James qui apparaît dans le fond de son crâne. Bien évidemment qu’il l’a insulté, rabaissé et humilié pendant trop d’années dans le simple but d’honorer son éducation. Une éducation qui ne semble pas avoir marqué autant sa petite sœur, d’apparence bien plus ouverte. Il se sent soudainement minuscule devant elle et il doit ralentir sur le boulevard pour ne pas mettre en danger leur sécurité. « Pas vraiment. » Il commence, se mordant le bout de la langue pour se punir d’avoir menti ainsi à l’une des personnes les plus précieuses dans sa vie. Il finit par soupirer et à corriger ses torts. « Si, en fait. Mais je n’ai pas d’opinions sur lui. Je ne sais même pas s’il a quelqu’un dans sa vie. » Il le réalise en même temps qu’il prononce sa phrase. James et lui semblent tous les deux seuls. « J’essaye de ne pas trop y penser. Papa m’a mis certains trucs dans la tête et je regrette de l’avoir écouté jusqu’à récemment. » À un feu rouge, il regarde à nouveau Madison. « Ne l’écoute pas, d’accord ? Ça fait longtemps que j’ai compris que les adultes n’ont pas nécessairement raison. J’en suis un, il paraît, et je n’ai toujours pas les réponses à toutes les questions. Et, quant aux clients qui fréquentent le studio, tâche simplement de les traiter de la même façon que tu me traites moi, ou que tu traites Saddie. Ils font leurs choix et tu fais les tiens. » Parce qu’il continue de penser que l’homosexualité est un choix, comme lui a choisi de la renier, même si elle lui gratte le fond de la tête tous les jours pour lui rappeler sa présence. Elle ne l'a jamais laissé tranquille. |
| | | | (#)Mer 3 Fév 2021 - 10:57 | |
| say anything. (ft. @archie kwanteen )
En toute honnêteté, tu n’as aucune idée d’où t’es soudainement venu le courage d’aborder le sujet. Enfin si on peut appeler ça du courage. Toi tu n'appellerai pas ça comme ça en tout cas. De la curiosité mal placée peut-être. Un besoin sous-jacent de connaître l’avis de ton frère sur la question. Ce n’est pas pour autant que tu comptes énoncer tous tes doutes, loin de là. C’est d’ailleurs bien étonnant que tu réussisses à en parler aussi simplement et sans que ta voix ne te trahisse. « Tu as toujours pensé ça ? » tu distingues quelque chose dans le son de sa voix. Tu ne sais pas déterminer exactement quoi, mais ça t’inquiète. Est-ce qu’il sait quelque chose ou est-ce qu’il essaie toujours de te convaincre ? Légèrement crispée, tu te mords l’intérieur de la joue. Et sûrement, tu en as déjà trop dit en abordant le sujet. Malgré ce qu’il explique, tu as cette impression qu’il n’est pas tout à fait à l’aise avec l’idée. Tu déglutis en silence, pesant encore et toujours chacun de tes mots. « … Je crois ? Enfin je… » la question est pourtant simple. La réponse devrait l’être également. Oui ou non, tu n’es pas obligée de développer quoi que ce soit. Tu tournes la tête pour regarder les bâtiments illuminés qui défilent au dehors. « Ca ne m’a jamais vraiment dérangée... » ou en tout cas probablement pas de la même manière que ça importune tes parents. Non. Toi, ce qui t’as toujours gênée, c’est les émotions que ça pouvait te faire ressentir. Mais chaque fois que tu croises des couples dans la rue, tu les observes d’un oeil curieux, c'est plus fort que toi. Parce que tu ne comprenais pas pourquoi. Tu ne comprends toujours pas. Tu ne veux pas comprendre. Et vu la réaction de ton père face à un simple spot publicitaire, tu doutes très sincèrement de chercher à le faire un jour. « Pas vraiment. » tu es prête à le croire là-dessus et à ne pas insister. La conversation aurait d’ailleurs très bien pu se terminer là-dessus, mais il corrige le tir en continuant, offrant une version différente de sa réponse. « Si, en fait. Mais je n’ai pas d’opinions sur lui. Je ne sais même pas s’il a quelqu’un dans sa vie. » la forme que prend sa phrase t’interpelle un peu. Tu comprends qu’il tente de te rassurer sur le fait d’avoir des connaissances queer. Un peu comme toi vient de lui confier la même chose sur les clients qui passent au studio. En revanche, ce que tu as plus de mal à saisir, c’est la raison pour laquelle il précise son absence d’opinion mais surtout le statut de ladite personne. Ce n’est pourtant pas le genre de détail qui est censé changer une opinion, si ? Tu plisses légèrement les yeux avant de reporter ton attention sur ton frère qui semble concentré sur la route. « J’essaye de ne pas trop y penser. Papa m’a mis certains trucs dans la tête et je regrette de l’avoir écouté jusqu’à récemment. » nouveau feu rouge, vos regards se croisent encore une fois. « Ne l’écoute pas, d’accord ? Ça fait longtemps que j’ai compris que les adultes n’ont pas nécessairement raison. J’en suis un, il paraît, et je n’ai toujours pas les réponses à toutes les questions. Et, quant aux clients qui fréquentent le studio, tâche simplement de les traiter de la même façon que tu me traites moi, ou que tu traites Saddie. Ils font leurs choix et tu fais les tiens. » tu pinces les lèvres, détournant les yeux. C’est fou cette incapacité que tu as à maintenir un contact visuel direct. Pendant quelques secondes, tu ne dis rien. Jamais tu n’as pensé à traiter différemment quelqu’un pour ce qu’il peut se passer chez lui. Tu acquiesces néanmoins, confirmant silencieusement que les préjugés réfractaires de ton père n’étaient pas faits pour toi. Néanmoins, dans le discours de ton frère, tu retrouves quelques notions qu’il a sûrement absorbées à cause du vieux Charles. « Je suis pas sûre que… Que ça soit un choix... » si c’était le cas, tout serait bien plus simple. Si c’était le cas, et selon toute logique, tout le monde choisirait la facilité. A quoi bon prendre des risques lorsqu’il est si facile de préférer la sécurité ? Pourquoi choisir le rejet potentiel de ses proches plutôt que leur soutien inconditionnel ? Ça dépassait toute forme de bon sens. Tout ça, ce sont des choix que tu as fait avec Harry. Et pourtant, tu sais depuis toujours que quelque chose cloche dans votre relation. Il n’est sûrement pas le bon, après tout. (Au plus grand regret d’Esmée.) Tu te demandes si Archie ou Charles tiendraient le même discours si quelqu’un de proche venait un jour lâcher une telle bombe. « Il réagirait comment tu crois ? Si c’était l’un de nous je veux dire... » Ta gorge s’est serrée et la phrase s’en est presque retrouvée étranglée. C’est une question dangereuse et tu le sais. Tu sais que la réponse ne peut être bonne. Mais si ça se trouve, vous vous faites des fausses idées à son sujet depuis le début. Assez innocemment, tu as envie de croire ça. Que Charles se permette de juger et désapprouver l’attitude de parfaits inconnus, tu peux encore l’envisager (sans pour autant le cautionner). Mais ses propres enfants ? C’est plus difficile à concevoir dans ton esprit naïf et en plein déni de la situation. |
| | | | (#)Dim 7 Fév 2021 - 5:01 | |
| say anything. (ft. @madison kwanteen )
Ils ont été éduqués par les mêmes parents et, pourtant, Madison ne semble pas avoir hérité de la même opinion concernant les gens différents. Si Archie s’est fait un honneur de respecter les directives de Charles, il constate aujourd’hui qu’il est le seul à s’être modelé comme leur paternel a toujours voulu. Peut-être parce qu’il devait être le plus fort pour ses sœurs ? Pour les protéger en tout temps, mais si cela implique de ne pas être le plus empathique des garçons de la cour de récréation. « … Je crois ? Enfin je… » Elle hésite tellement, la jeune femme. Archie ne saurait dire si c’est la discussion qui la tétanise (alors qu’elle l’a elle-même proposé) ou si ce n’est que sa personnalité plus timide qui l’empêche de s’exprimer à un débit normal. Il a l’impression d’entendre toute la ponctuation dans ses phrases. « Ça ne m’a jamais vraiment dérangée... » Ses pensées sont confirmées : s’il n’était pas en train de conduire, il sortira son téléphone de sa poche pour téléphoner Saddie et l’interroger sur ce même sujet afin de savoir son avis, à elle. Il ne peut pas être le seul à avoir tout fait pour satisfaire Charles et ses préjugés ? « Je vois… » Il souffle, davantage pour lui faire comprendre qu’il n’est pas devenu aphone que pour participer à la discussion qui le rend terriblement mal à l’aise, soudainement. Malgré tout, il n’a pas le courage de changer de sujet parce qu’il ne veut pas lever les soupçons. Il essaye de se convaincre qu’il n’y a que sa plus jeune sœur, dans la famille, qui voit au-delà des idées préconçues. Est-ce que cela fait d’elle le vilain petit canard ou le pur génie ? Ça, ce n’est pas une question qu’il posera à voix haute. Alors c’est Madison qui le relance, voulant savoir si son frère connait lui aussi des gens qui pensent que l’amour n’a pas de genre. Il reste très vagues dans ses réponses parce qu’il n’a pas prêt de s’interroger davantage. Il aurait peur de gaspiller toutes ces années de sa vie durant lesquelles il se pinçait pour se ramener à l’ordre. « Je suis pas sûre que… Que ça soit un choix... » Ses dents se serrent légèrement mais il garde les deux yeux rivés vers l’avant, un peu plus fermé, soudainement. Comme si elle venait de lui piquer le bout du doigt avec une aiguille à coudre. Il est convaincu que, si lui a réussi à ne pas se laisser tenter par ses envies, tout le monde peut y arriver. Ce n’est qu’une question de volonté – quel naïf. Lui, il n’a pas voulu s’afficher ainsi en public et il continue de penser que les gens différents le sont simplement pour se faire remarquer. Parce qu’ils n’ont rien d’autre à offrir : une pensée qui date de l’époque médiévale, en effet. « Il réagirait comment tu crois ? Si c’était l’un de nous je veux dire... » Là, elle vient de franchir la limite. Le regard d’Archie devient un peu plus austère alors qu’il s’arrête devant l’appartement de sa sœur. Il éteint le moteur et tout devient silencieux. Il se tourne vers la jeune femme et, pensant qu’elle tente de le faire parler, de le faire avouer qu’il n’y a pas que les femmes qui l’ont intéressé durant sa puberté, il ne peut que se défendre. « Si c’était l’un de nous, ce qui n’est pas le cas, le fautif ne serait plus jamais invité aux dîners de famille. » Il est méchant, cru, mais jamais il ne dirait de telles sottises s’il avait compris que Madison doutait d’elle-même et non pas de son frère. Il ne veut pas qu’on lui arrache ce masque collé à son visage depuis vingt ans. « Nous n’avons pas été élevés comme ça. Ni toi, ni Saddie, ni moi. » Et il s’efforce de sourire pour se calmer et détendre l’atmosphère, même si sa tentative paraît complètement fausse. « Maintenant, arrête d’y penser, tu t’inquiètes pour rien. Tu ne vas pas nous perdre ou… ou… ou peu importe ce qui te fait peur. Harry doit t’attendre. » Il conclue en désignant son logement derrière la vitre, lèvres pincées. Il ne la regarde pas dans les yeux, contrairement à son habitude, parce qu’il est tétanisé à l’idée qu’elle arrive à lire derrière ses pupilles. Il se bat contre ses propres pensées à présent, le bien et le mal s’affrontant dans ses neurones, lui filant l’une de ces migraines. Le visage de James apparaît une seconde derrière ses paupières et il serre les dents avant de lancer : « Bonne soirée Mad, je t’aime. » dans le simple but de défaire le silence pour l’empêcher de le mener à réfléchir trop fort. |
| | | | (#)Dim 7 Fév 2021 - 23:12 | |
| say anything. (ft. @archie kwanteen )
Il a toujours eu la plus lourde charge, Archie. Les plus grandes attentes. Toute l’attention de Charles était en permanence portée vers lui et tu te doutes que ça n’a pas dû être facile à vivre au quotidien. Si on t’a toujours poussée à donner le meilleur de toi, ce n’était rien en comparaison. Le patriarche voulait le façonner à son image, fort et intransigeant. Pourtant, tu as toujours eu une relation de confiance avec lui et tu sais qu’en principe tu es supposée pouvoir tout lui dire. Et pourtant, tu as toujours cette appréhension latente. Parce que la personne avec qui tu pouvais tout partager n’était plus là depuis bien longtemps. Et c’est injuste pour Archie, même pour Saddie. En vérité, tu as juste trop peur d’avoir à affronter des copies de tes parents. Pourtant ce soir, tu t’aventures sur un terrain glissant. Le sujet fâche et tu ne sais pas trop où tu mets les pieds. A chaque question, tu sais que tu prends le risque de te dévoiler et ça t’opprime la poitrine chaque fois un peu plus. Et tu te retrouves là, à confesser que l’idée de côtoyer des gens queer ne te dérange pas plus que ça. Il y a quelques secondes de battement et finalement un simple « Je vois… » et tu ne sais pas quoi ajouter. Est-ce qu’il est en train de se rendre compte que toutes tes questions ont un but dissimulé ? Est-ce que tu es en train de foutre en l’air tous tes efforts de ces dernières années pour repousser l’évidence et la vérité en ce qui te concerne ? Ton poul s’accélère et tu oses une nouvelle interrogation. Alors que ta voix à moitié étranglée par l’angoisse, tu pries pour que tes espoirs soient fondés. Seulement, à l’instant où la question franchit tes lèvres, tu sais que tu en as trop dit, tu sais que tu n’aurais pas dû insister. Mais c’est trop tard. Le regard d’Archie change et ce que tu y discernes te fait peur. La voiture s’arrête devant chez toi et il coupe le moteur. Le silence qui suit est assourdissant. Bien malgré toi tu sens ton cœur s’emballer et tu es terrifiée à l’idée que ça ne soit lui qui te trahisse tant il est bruyant. Chaque battement, chaque pulsation te donne mal à la tête. Tu te sens presque nauséeuse et tout ce que tu veux maintenant, c’est sortir de là pour disparaître dans la nuit. Tu en as trop dit et tu n’as soudainement plus envie d’entendre ce qu’il a à répondre. « Si c’était l’un de nous, ce qui n’est pas le cas, le fautif ne serait plus jamais invité aux dîners de famille. » la boule qui s’est formée dans ta gorge t’empêche presque de respirer, en tout cas elle te rend incapable d’ajouter quoi que ce soit d’autre. Chaque mot qu’il vient de prononcer est une confirmation supplémentaire que la lâcheté dont tu as fait preuve jusqu’à maintenant n’était pas une si mauvaise chose. Ce qui n’est pas le cas. Le message est passé, clair comme du cristal. Ce n’est pas demain la veille que Charles, Esmee, ou leur progéniture seraient prêts à accepter ce genre de comportement au sein de la famille. Si tu avais eu un semblant d’espoir jusqu’à maintenant, ce n’était désormais plus le cas. Fautif. Ça veut tout dire. Lui aussi voit donc ça comme quelque chose de répréhensible. Finalement, Charles a plutôt réussi son bourrage de crâne. S’il prétend ne pas être dérangé par tes fréquentations, le discours n’est plus le même lorsqu’il te pense concernée. Tu te contentes d’un très léger hochement de tête à peine perceptible avant de baisser les yeux vers tes mains crispées sur ton jean. « Nous n’avons pas été élevés comme ça. Ni toi, ni Saddie, ni moi. » tu as l’impression qu’on vient encore de t’ajouter un poids sur le thorax, t’as l’impression d’étouffer. Tes épaules se voûtent légèrement alors que tu encaisses encore une fois les insinuations à peine voilées derrière ces quelques mots. L’éducation qui vous a été donnée a toujours eu pour objectif la perfection. Vous avez été façonnés pour rentrer dans les cases que la société voudra bien vous attribuer. Et il faut que rien ne dépasse. Sans relever les yeux, tu lèves la main pour la poser sur la poignée de porte, faisant au mieux pour dissimuler le tremblement. « Maintenant, arrête d’y penser, tu t’inquiètes pour rien. Tu ne vas pas nous perdre ou… ou… ou peu importe ce qui te fait peur. Harry doit t’attendre. » tu hoches de nouveau la tête, forçant un très bref sourire qui vient étirer le coin de tes lèvres. Si il se doute de quelque chose, il ne le mentionne pas directement. Sûrement pour te laisser une chance de te ressaisir et d’avoir à nouveau des pensées aussi formatées que les siennes. T’as voulu prendre des risques et tu t’es pris un revers de flamme, tu t’es exposée. Tu en as trop dit et tu sais maintenant que ça sera la dernière fois que tu évoques même l'existence de ce sujet. Tu sais comme ça va finir, le fautif sera renié et ça sera terminé. Finalement, tu ouvres la porte de la voiture et tu t’apprêtes à sortir. « Bonne soirée Mad, je t’aime. » il dit ça pour te rassurer, t’es pas vraiment sûre que ça fonctionne. Tu sors enfin. « Bonne soirée... » la suite reste coincée. Depuis tout ce temps, tu es toujours aussi incapable d’exprimer ton affection. Tu te contentes de lui offrir un nouveau sourire timide. Les murs que tu as érigé toutes ces années n’ont jamais été aussi hauts. |
| | | | | | | |
| |