Vous aviez fait tous les manèges déjà, sauf celui qui tourne trop vite sur lui-même et qui donne l’impression de ne plus respecter les lois de la gravité parce que ça te donne toujours trop mal au coeur et la dernière chose dont t’as envie ce soir, c’est d’être malade devant Rory. Tu avais crié comme une folle même dans les manèges qui n’allaient pas si vite, juste parce que ça te faisait du bien de ne plus ressentir ce besoin de mettre des barrières entre Rory et toi. Il y avait même tes doigts qui étaient venus enlacés les siens à quelques reprises, ici et là, parfois pour te donner du courage, d’autres fois parce que la tentation était simplement trop grande et que tu peinais de plus en plus à y résister. Vous n’aviez jamais reparlé de ce qui s’était passé cette nuit-là à Los Angeles et tu te demandais parfois si ce n’était pas un peu naïf de votre part de croire que vous pouviez tout simplement faire comme si de rien était et rester dans cette bulle qui vous entourait depuis. La proximité était à nouveau de mise entre vous toutefois et tu ne voulais rien faire qui pourrait risquer de mettre ça en péril. Les quelques semaines à Los Angeles où vous vous étiez ignorés plus longtemps qu’autrement avaient été tellement difficiles à vivre pour toi, tu n’avais ni la force ni l’envie que tout redevienne compliqué entre vous si tu tentais de mettre des mots trop rapidement sur ce qui avait été partagé cette nuit-là. Alors tu suivais le courant, prenait les choses tranquillement, comme elles venaient sans faire de vagues, sans faire d’éclats. Les dernières semaines de tournage avaient été mouvementé quoique bien plus facile à vivre puisque tu n’avais plus à éviter le regard de Rory entre chaque scène tournée. T’aurais voulu savoir pourtant, si son coeur s’accélérait comme le tien chaque vous que vous aviez dû jouer des rapprochements entre Jake et Annabel. T’aurais voulu savoir s’il avait lui aussi ses petits papillons dans le fond de son estomac chaque fois que ta main venait frôler la sienne, aussi innocent que cela pouvait être. Il y avait tant de questions dont tu ne connaissais pas les réponses et qui brûlaient la langue jour après jour, mais tu étais devenue une pro dans l’art de prendre ça simple, de prendre ça comme ça vient et de ne pas forcer les choses, malgré tes pensées qui devenaient parfois obsessives, malgré tout.

Le soleil était doucement en train de laisser place à la lune et tu ne pouvais t’empêcher de penser que la nuit vous réussissait bien mieux que le jour alors que tous vos rapprochements, quels qu’ils soient semblaient se faire sous la lueur de la lune. La fête foraine était toujours aussi bondée, bien qu’elle laissait maintenant place à une foule composée majoritairement d’adultes alors que les familles reprenaient comme tu t’en doutais le chemin du retour à la maison pour mettre les enfants au lit. Toi, t’avais pas la moindre envie que le moment ne s’arrête. Dans quelques jours la fête foraine ne serait plus en ville et vous alliez déjà tourné la page sur le premier mois de l’année qui avait filé à une vitesse complètement folle. Tu voulais profiter de la soirée. Des cris dans les manèges, de toutes les collations trop sucrées qui s’offraient à vous de stands en stands, de tous les jeux à la con bien trop cher payer pour gagner une petite peluche de rien du tout et surtout tu voulais profiter de tout ça avec Rory sans avoir à te soucier de ce qui te pendait au bout du nez. « Prend une bouchée je te dis, ça vaut la peine. » que tu dis d’un ton amusé au brun alors que tu lui mets un hot-dog tout ce qu’il y a de plus faux et de plus chimique sous le nez. Jamais au grand jamais que Rory ne va prendre une bouchée, mais tu continues d’insister avec ce sourire qui lui seul est capable de mettre sur ton visage. Tu échappes un énième rire avant de croquer à pleine dent dans le pain sucré, mâchant de manière trop dramatique et probablement pas le moins du monde attirant alors que tu avales difficilement ta bouchée, passant proche de t’étouffer ce qui te fait rire davantage. « Tu sais pas ce que tu manques. » que tu parviens difficilement à dire entre deux toussotements et c’est sans même lui demander la permission que tu attrapes le verre dans ses mains pour prendre une longue gorgée de son breuvage. « Merci. » que tu lâches quand même après coup, un sourire sur les lèvres avant de lui rendre son verre. C’est cette simplicité que tu avais peur de briser si tu disais quelque chose au sujet de l’autre nuit, si tu retentais l’expérience ratée (entièrement par ta faute, il te fallait prendre le blâme) de lui avouer tes sentiments comme tu l’avais fait pendant la nuit de Noël. Alors tu te tournes plutôt vers un sujet de conversation qui a déjà été revisité des dizaines de fois depuis votre retour à Brisbane mais dont tu ne te remettais toujours pas. « J’arrive pas à croire que Netflix a non seulement décidé d’aller de l’avant avec la série, mais qu’en plus ils ont adoré. » Tu entends encore les mots de la réalisatrice dans tes oreilles, disant que la production allait bel et bien se faire et qu’il y aurait un maximum de publicité pour la série en temps et lieu. « Et j’arrive pas à croire que t’étais pas là. T’aurais dû être là. » Tu devrais toujours être là.

La journée avait filé à toute vitesse et Rory avait même perdu le compte des heures que Penny et lui avaient déjà passé à cette fête foraine. Ce qu'il savait, en revanche, c'est qu'il s'était rarement senti aussi serein qu'à ses cotés, ce soir, à l'instar de ce moment passé sur une plage californienne il y a quelques jours. Changement de décor aujourd'hui, mais sa complicité avec la jeune femme n'avait jamais paru si forte que depuis qu'ils étaient revenus de Los Angeles avec chacun le cœur plus léger d'avoir pu mettre derrière eux les dernières semaines. Tout paraissait plus simple et c'était peut être la raison inconsciente au fait que ni elle ni lui n'ait trop osé reparler de ce soir-là sur la plage, en risquant de mettre des mots sur ce qui paraissait bien plus évident à gérer lorsqu'ils chérissaient ces souvenirs communs sans s'interroger davantage sur le sens que tout ça avait bien pu avoir. Rory avait passé des mois à se poser des questions sur tout et son contraire, à se torturer pour savoir ce qui clochait chez lui pour que tout ce qu'il ait réussi à bâtir s'effondre à nouveau sous ses pieds comme un château de cartes. Aujourd'hui il aimait mieux se laisser porter et laisser la vie le surprendre sans se demander constamment s'il empruntait le chemin le plus sûr, celui à plus long terme susceptible de le rendre heureux. Pour la première fois depuis des mois, n'avoir aucune idée de ce que l'avenir lui réservait ne l'angoissait plus. Seul comptait ce moment et de voir ce sourire immense sur le visage de Penny. Dieu sait qu'elle avait mérité elle aussi de ne plus penser à rien d'autre qu'aux tours de manèges où elle insisterait pour le traîner ou au nombre de pommes d'amour qu'elle ingurgiterait avant d'avoir mal au cœur. C'était là tout ce qui avait son importance aujourd'hui et le reste, à nouveau, pouvait bien attendre un autre jour.

La nuit, elle, tombait doucement sur la fête dont les stands s'illuminaient un à un et Rory songea à combien l'air était finalement plus doux encore qu'à Los Angeles. Si ce tournage était sûrement arrivé au meilleur moment pour lui, la perspective de passer à l'avenir un peu plus de temps à Brisbane et un peu moins entre deux avions l'enchantait plus encore lorsque Penny et lui pouvaient décider de fêter leur retour en dévalisant des stands de sucreries. Et si la jeune femme pouvait aujourd'hui se vanter de le connaître mieux que bien des gens, elle savait aussi comment lui tirer une grimace en lui mettant un hot dog sous le nez. Rory n'avait rien mangé de tel depuis assez d'années pour qu'il en ait oublié le goût que ça pouvait avoir, mais rien de ce que renfermaient ces tranches de pain n'avait la plus petite chance d'éveiller son appétit. Mais son insistance lui arrachait un rire, comme toujours. « Demande-moi de rester une heure suspendu la tête en bas et t'obtiendras la même réponse. » Un sourire amusé sur les lèvres, il esquissa quand même un léger mouvement de recul, pour la forme. Il y avait en vérité toutes les chances pour que la perspective d'être suspendu par les pieds pendant soixante minutes le charme plus que l'idée d'avaler un hot dog chimique, mais il avait beau regarder autour d'eux aucune de ces attractions ne semblait remplir des conditions aussi extrêmes, pas même celles qu'ils avaient convenu d'éviter lorsque leur estomac avait commencé à se remplir. « Et toi tu vas terminer aux urgences si tu continues de manger aussi vite. » La scène avait tout de cocasse mais pour de vrai, Rory se tenait déjà prêt à intervenir au cas où Penny avalerait sa bouchée de travers. « Remarque, le moindre coup de pub est bon à prendre en attendant le lancement de la série. » Qui ne sortirait sur Netflix que pour les fêtes de cette année, autant dire qu'ils avaient le temps de gérer une véritable campagne de promotion parallèle en s'y prenant bien. Ce qu'il pensait encore nécessaire lorsque le script originel sentait bon le gui et les bonhommes en pain d'épice et pas vraiment le succès commercial. Mais ça, c'était avant que Netflix semble tellement emballé par le résultat que tout le monde semblait maintenant vouloir mettre un maximum de moyens pour que la série rencontre le succès. Le regard de Rory se fit plus rieur et il nota à peine la tentative de Penny pour garder le ton de la conversation aussi léger que possible, quand le simple fait qu'ils aient mis derrière eux les tensions des dernières semaines tendait à faire de cette soirée un écrin de douceur. « Quand je pense que j'aurais sûrement hésité à le faire si vous aviez pas été là, Chloe et toi. J'ai jamais été aussi heureux d'avoir sous-estimé le potentiel d'un projet. » Dieu sait qu'il y avait surtout vu une occasion de faire de nouveau parler de lui pour ce qu'il aimait faire et ce qui aurait toujours du compter plus que le reste. Aujourd'hui, la réalisatrice et les producteurs semblaient ravis et un éventuel succès pourrait réellement donner un second souffle à leur carrière. « Tu plaisantes, ça avait bien trop matché entre les producteurs et vous la première fois. » Ses paroles ponctuées d'un sourire complice, c'était là sa manière de lui assurer que ni Chloe ni elle n'avaient eu besoin de lui, qui avait été tout aussi heureux d'avoir droit à leur résumé lorsqu'elles lui avaient tout raconté sans oublier aucun détail. « Ils t'ont dit si tu devrais redevenir brune lorsqu'on commencera la promo ? J'imagine que pour qu'on t'associe à Anabel, ce sera indispensable. » Et pour le coup, ça l'arrangeait pas mal de n'avoir pas subi de transformation physique particulière pour ce rôle. Il avait bien été question de lui éclaircir les cheveux au départ, mais l'idée avait vite été abandonnée. « A moins que t'aimes tellement ta nouvelle couleur que t'envisages plus de retourner au blond. » Une pointe d'amusement au fond des yeux, Rory la fixa comme si lui-même commençait à se faire à l'idée que Penny puisse rester brune. En réalité, une partie de lui était impatiente de la voir retrouver les mèches claires qui illuminaient son visage.

Il y a ton rire qui résonne encore et encore alors que les moments s’enchaînent avec une simplicité déconcertante et cette impression que rien n’a véritablement changé entre vous. Vous êtes toujours Penny et Rory, soutien infaillible de l’autre, confidents et présence rassurante. C’est d’ailleurs tellement facile, peut-être même un peu trop facile de te perdre à nouveau dans ce rôle que tu as si longtemps joué auprès du jeune homme. Rôle que tu connais trop bien, chaque réplique coulant parfaitement entre tes lèvres, chaque sourire bien placé et chaque geste naturellement posé. Pourtant, l’année avait vu cette ligne fine entre l’amitié et plus brouillée et si tu jouais encore parfaitement du côté safe de la ligne, tu te retrouvais parfois à te demander si certains gestes étaient maintenant trompeurs dans ses intentions. Tu ne savais même plus toi-même parfois, quelle signification pouvait avoir certains de tes faits et gestes, certaines de tes paroles alors que tu appréciais plus que jamais la présence de Rory dans ton quotidien, bien que profondément troublée de vivre dans cet entre-deux. Pour le bien de la cause, tu avances dans le déni, tu dis ces répliques que tu connais par coeur et joue le rôle qui te colle le mieux à la peau. Tu ne fais pas de faux-pas, tu n’évoques pas la ligne brouillée ni autre sujet délicat et potentiel de créer des flammèches à nouveau. Tu te poses des dizaines, des centaines de questions par jour, mais tu n’en laisses aucune franchir la barrière de tes lèvres. Tu attends, sans savoir quoi exactement et surtout, surtout, tu profites de peur que tout ça ne soit qu’éphémère avant la prochaine tempête. Et elle viendrait, la tempête. Tu pouvais la sentir et tu te demandais si lui aussi pouvait la voir venir. « Demande-moi de rester une heure suspendu la tête en bas et t’obtiendras la même réponse. » « T’es pas drôle! » que tu te plains alors qu’il se recule légèrement comme si tu tenais quelque chose de toxique entre les doigts, ce qui sûrement pas complètement faux au fond. Ça ne t’empêche pas d’en prendre d’énorme bouché sous les yeux amusés du Craine alors que tu mets quand même une main devant ton visage pour essayer de camoufler un tant soit peu ton manque flagrant de grâce et de classe. « Et toi tu vas terminer aux urgences si tu continues de manger aussi vite. » T’es tentée de lui répondre avec la bouche encore pleine, mais te ravise alors que tu t’étouffes légèrement entre deux rires. Une fois que tu parviens à reprendre ton souffle, tu secoues légèrement la tête, prétendant que tu ne venais pas passer proche de t’étouffer avant ton hot-dog. « Tu me sous-estimes tellement Craine. » Tu n’en avais pas l’air vu ton petit gabarit, mais tu avais toujours été un estomac sur deux pattes, te laissant un peu trop souvent tentée par tout ce qui était considéré mauvais, sans jamais tombée dans l’abus. Sauf peut-être ce soir, bien que ce soit pour la bonne cause. « Remarque, le moindre coup de pub est bon à prendre en attendant le lancement de la série. » « C’est bon, je note que tu es prêt à m’envoyer à l’hôpital pour le bien de la série. » Tu le regardes avec des gros yeux alors qu’il y a un sourire toujours aussi grand de collé sur tes lèvres, un petit rire qui siffle entre tes lèvres entre deux bouchées plus raisonnables de ton hot-dog qui est rapidement souvenir du passé.

« Quand je pense que j’aurais sûrement hésité à le faire si vous aviez pas été là, Chloe et toi. J’ai jamais été aussi heureux d’avoir sous-estimé le potentiel d’un projet. » Tu te souvenais encore trop bien de cette audition un peu particulière qui vous avait valu les rôles de cette série pour laquelle vous n’étiez pas le moins du monde emballé, mais qui avait fini par vous surprendre de par son résultat final et de l’excitation que l’équipe de Netflix pouvait avoir face aux potentielles retombées. C’était évidemment si tout se passait bien d’ici le temps des fêtes, quand la série allait finalement être disponible sur Netflix. Il y avait tellement de choses qui pouvaient changer en un an, et si certaines étaient complètement hors de votre contrôle, tu savais qu’il y avait un gros obstacle qui se dressait entre vous et le succès, la parution même de cette série. « Tu plaisantes, ça avait trop bien matché entre les producteurs et vous la première fois. » « Tout le crédit revient à Chloe. » Chloe et ses talents d’improvisations hors pair et cette façon bien à elle de charmer quiconque posait les yeux sur elle. « Ils t’ont dit si tu devais redevenir brune lorsqu’on commencera la promo? J’imagine que pour qu’on t’associe à Annabel, ce sera indispensable. » Tu emmènes une mèche de tes cheveux encore foncés devant tes yeux. T’es presque certaine qu’il y a une clause dans ton contrat qui dit que tu dois être brune pour tout le matériel promotionnel en lien avec la série. Tu n’avais pas prévu que ça dure aussi longtemps d’ailleurs. Tu hésites encore entre l’envie de rester brune jusqu’à la fin de l’année ou redevenir blonde comme tu l’avais prévu dans les prochains jours et refaire la teinture vers la fin de l’année, quand ce sera vraiment nécessaire, selon ton contrat. « À moins que t’aimes tellement ta nouvelle couleur que t’envisages plus de retourner au blond. » « J’ai même pas encore décidé de ce que je faisais maintenant. Je te plais pas en brune? » que tu demandes en battant les cils de manière exagérée, repoussant ta mèche brune derrière ton oreille. Ta voix se veut légère et pleine d’humour, comme si tu posais la question sans vraiment te soucier de la réponse, même si t’es plus curieuse que tu n’oses l’admettre de connaître son opinion à ce sujet. « Encore faut-il que la série sorte officiellement de toute façon. » Tu échappes un léger soupir alors que ton visage se durcit légèrement, malgré toi et que le nœud dans le fond de ton estomac se fait ressentir et non, ce n’est pas juste dû à ton hot-dog trop rapidement mangé. « On dirait que j’ai du mal à ne pas penser que ça pourrait encore mal-tourner. » Comme la dernière fois. Quand on est passé si proche toi et moi. « Et j’ai peur que de tout avouer sur… tu-sais-quoi puisse tout gâcher. » Ce n’est probablement pas le moment, ni l’endroit idéal pour parler de ça, entre un manège et un stand de barbe-à-papa mais tu sais que l’abcès devait être crever tôt ou tard et valait peut-être mieux le faire dans un endroit ou vous ne pouviez vous permettre des réactions excessives. « Je veux pas manquer notre chance, encore. » Et ruiner tes rêves encore plus que je ne l’ai déjà fait.  

Elle disait ne pas le trouver drôle et un immense sourire rieur éclaira le visage de Rory en même temps que son regard s'habilla d'une lueur vive. C'était ces moments-là qui lui avaient tant manqué, durant les quelques semaines où ses rapport avec Penny s'étaient dégradés sans qu'aucun d'eux ne semble savoir comment revenir à ce qu'ils avaient toujours été. Ces moments et leur naturel, et cette façon si limpide qu'il avait toujours eu de lire en elle. S'il y avait bien eu quelques secrets pour m’immiscer entre eux, et si ces dernières semaines certains gestes avaient pu rester partiellement inexpliqués et certaines questions demeurer pigées au fond de leurs cœurs, ils n'en étaient pas moins capables de se comprendre mieux que personne lorsqu'ils se retrouvaient comme aujourd'hui. Certaines choses étaient pourtant différentes, depuis Los Angeles et cette soirée dont une partie de lui peinait encore à savoir si elle s'était réellement déroulée dans cette même réalité que Penny et lui avaient retrouvé à leur retour à Brisbane. Certaines choses qu'ils ne nommaient pas, sans doute de peur que l'équilibre qu'ils avaient retrouvé ensemble ne se fragilise à nouveau s'ils se posaient davantage de questions quand tout ce qu'ils partageaient aujourd'hui, pourtant, devrait déjà faire leur bonheur. Après tout, ils étaient passés proches de tout perdre. Leur carrière, leur intimité, leur réputation. Et même ce lien si particulier qui les unissait depuis un an et qu'ils avaient failli gâcher, pour quelques histoires qui n'auraient peut être plus la moindre importance dans quelques mois. Ils étaient passés proches de tout perdre, mais les voilà qui riaient de nouveau au cœur d'une fête foraine, le cœur plus léger de s'être retrouvés l'un-l'autre et de continuer à faire ce qu'ils aimaient. Ce tournage avait bien failli leur coûter ce qui comptait le plus, mais au lieu de ça c'est ensemble qu'ils goûtaient au plaisir de retrouver un peu de la vie qu'ils avaient perdu. Ainsi il secoua la tête lorsqu'elle affirma qu'il la sous-estimait, la fixant de ses deux yeux clairs en soufflant. « C'est ça, en attendant je vais quand même regarder quel est l'itinéraire le plus court jusqu'à l'hôpital. » Et sur ces mots évidemment dénué de sérieux, Rory poussa le vice jusqu'à dégainer son smartphone et étudier les itinéraires qui leur permettraient d'arriver le plus rapidement à St Vincent. D'accord, il y avait résolument peu de risques que Penny s’étouffe en mangeant un hot dog, mais dans un duo comme le leur il valait toujours mieux que l'un d'eux pare à toute éventualité. Penny, elle, s'offusqua de l'idée d'un coup de pub sur fond d'hospitalisation et Rory haussa les épaules d'un air faussement détaché. « Il faut ce qu'il faut pour que ça marche, on voudrait pas être obligés de tourner deux années de suite dans un téléfilm de Noël. Y'a des limites au nombre de balades en calèche sur de la fausse neige que je peux endurer. » Son sérieux ne résista pas à cette seule image et il se mit à rire de plus belle.

L'idée que la série soit en passe de sortir et d'être promue par Netflix d'ici une poignée de mois était d'autant plus jouissive qu'au départ, ni Penny ni lui ne croyait à ce projet. Le script avait tout de cliché et, c'est vrai, la plupart des scènes lui paraissaient grotesques avant même qu'ils n'investissent le plateau de tournage. Sans compter que recréer l'ambiance de Noël en plein Los Angeles n'était pas chose aisée, sur le papier. Finalement, chacun avait donné le meilleur de lui-même et Rory en était sûr : il aurait eu des regrets de ne pas l'avoir fait. « Vous savez vous montrer aussi persuasives l'une que l'autre. » Chloe et elle, si on les mettait ensemble dans une pièce remplie de producteurs, pouvaient vous renverser n'importe quelle situation en un claquement de doigts. Difficile après ça de leur refuser quoi que ce soit et elles le savaient, il leur était profondément reconnaissant de leur avoir offert l'occasion de revenir sur le devant de la scène. Même si c'était pour une série de Noël. Et même si Penny avait du se teindre en brune pour coller à son personnage. A ce propos, les lèvres de Rory se parurent cette fois d'un rictus mutin tandis qu'il ménageait un certain suspense quant à sa préférence. Brune ou blonde ? La vérité, c'est que Penny était ravissante peu importe sa couleur, tandis que lui ne pourrait sans doute pas en dire autant s'il se teignait en blond. « A vrai dire, si. Je me suis habitué à te voir comme ça et je dois admettre que le brun te va à ravir. » C'était juste différent, et ça avait même le mérite de la rendre un peu moins reconnaissable aux yeux du public. « Mais pour être tout à fait franc, j'ai quand même du mal à me défaire de l'image de toi en blonde. » Et s'il aurait juste pu le dire pour la taquiner, son sourire au contraire avait tout de sincère. Il l'avait connue blonde, ça n'était pas une image dont il pouvait se détacher facilement et quelque part, il avait sans doute hâte de retrouver ce qui avait toujours fait que Penny était Penny, à ses yeux. La jeune femme garda une certaine réserve quant aux chances pour que la série rencontre bel et bien le succès, et Rory comprit qu'elle se faisait du souci pour la suite. C'était normal, et le contraire qui l'aurait davantage étonné. Alors, rendant son regard aussi rassurant que possible au moment de le reposer dans le sien, il souffla. « Je sais à quel point ça t'angoisse, et c'est normal. Ça fait bientôt un an que tu vis avec l'idée que tu auras à en parler tôt ou tard, et en ce moment tu y penses de plus en plus alors c'est naturel que tu t'inquiètes. » Quoi qu'elle décide, ils savaient tous les deux qu'ils se rapprochaient chaque fois un peu plus du moment où elle trouverait la force de parler, et pour ça il était normal qu'elle peine à se sentir sereine. « Je suis là, Penny. Et j'irai nulle part, tu te souviens ? » Il le lui avait promis et n'avait pas l'intention de revenir dessus. « Et on va pas manquer notre chance, parce qu'on n'a certainement pas enduré tout ça pour rien. » Tout ça, et tout ce qu'ils auraient eu à traverser après cette soirée. Dieu sait qu'ils y avaient bien plus perdu que Byers à ce jour, mais Rory refusait de croire qu'il n'y avait pas quelque part une justice pour rétablir l'ordre des choses. C'était à lui de payer pour tout le mal qu'il avait fait et ils veilleraient ensemble à ce que ce soit le cas. « Et là, je parle pas seulement des pulls de Noël horribles. » Son sourire s'étira un peu plus et il soutint son regard juste pour s'assurer d'arriver à lui communiquer un peu de sa positivité. Il voulait lui changer les idées, lui rappeler qu'elle n'était pas seule et que même si les prochains mois étaient encore difficiles, ils affronteraient ça ensemble. Une notification venant de son téléphone attira soudain son attention. « Merde, on vient d'être identifiés dans une story instagram. Quelqu'un nous a apparemment reconnus. » Quelqu'un qui les avait pris en photo un peu plus tôt, à croire que la couleur de cheveux de Penny n'aidait pas tant que ça finalement. « On fait quoi, on se sauve en courant ou on se faufile jusqu'au prochain stand et on se la joue incognito ? » Son regard complice l'interrogeait : est-ce qu'ils renonçaient à cette journée pour un fan ou est-ce qu'ils profitaient sans plus s'empêcher de vivre ?

L’ambiance de la fête foraine bat son plein et c’est avec une facilité déconcertante que tu te perds dans le moment aux côtés du Craine. Il y a beau avoir foule partout autour de vous, tu pourrais facilement prétendre qu’il n’y a que vous deux entre le stand de hot-dogs et celui de barbe-à-papa. C’est cette simplicité et cette complicité entre vous qui t’avaient manqué le plus pendant ces longues semaines conflictuelles. C’est sans trop de difficultés que vous semblez avoir mis ces semaines derrière vous, passant par le fait même par-dessus cette nuit de janvier, sur une plage de Los Angeles. Il y a des centaines de questions qui te gardent encore réveillé la nuit suite à cette soirée, mais c’est d’un jeu parfait que vous agissez comme si rien n’avait changé. Même s’il y a encore le goût de ses lèvres sur les tiennes, même si l’envie d’enfin mettre des mots sur ce qui est resté inexpliqué te perturbe plus que tu n’as envie de l’admettre. Tu sais aussi que tant et aussi longtemps que les choses ne sont pas réglées et terminées avec Giovanni, tu n’as pas l’intention de risquer l’équilibre fragile que tu reviens de retrouver avec Rory. Tu refuses toutefois de te perdre dans ce train de pensées, voulant profiter pleinement de chaque minute de cette soirée d’été. « C’est ça, en attendant je vais quand même regarder quel est l’itinéraire le plus court jusqu’à l’hôpital. » Tu lui offres une moue offusquée alors que tu finis d’engloutir ton hot-dog, hochant légèrement de la tête alors qu’il sort vraiment son téléphone et tu ne peux t’empêcher de rire, allant même jusqu’à tenter de lui enlever des mains, bien qu’il esquisse rapidement la manigance. Il faut avouer qu’il a un net avantage de grandeur et qu’il ne se prive pas de l’utiliser aussi souvent que possible. « Si tu continues comme ça, c’est moi qui vais trouver un moyen de t’envoyer à l’hôpital! » que tu lui lances entre deux rires sur le ton le moins menaçant du monde. Tu es loin d’être une menace à côté d’un Rory qui fait facilement deux fois ta taille et deux fois ton poids, mais ça ne t’empêche pas de te croire plus invincible que tu ne l’es réellement. « Il faut ce qu’il faut pour que ça marche, on voudrait pas être obligés de tourner deux années de suite dans un téléfilm de Noël. Y’a des limites au nombre de balades en calèche dans la fausse neige que je peux endurer. » « Oh arrête, c’était notre plus belle scène. » que tu renchéris, ton rire joignant si aisément le sien alors que les souvenirs de ces dernières semaines de tournage sont encore frais dans vos esprits. Il n’y avait pas à dire que le script avait été au bout de bien des clichés et tu demeurais éternellement surprise que Netflix y voit tant de potentiels. « De toute façon, j’ai déjà reçu un appel pour un nouveau rôle donc faudra que tu te contentes de Chloe pour le prochain téléfilm si celui-là n’aboutit à rien. » Tu t’efforces de rester positive tout en te moquant continuellement de Rory qui, tu le sais trop bien, aura lui aussi de bien plus belles et grandes opportunités devant lui. Tu avais beau ne pas être certaine de l’avenir du film de Noël donc la promotion commencerait dans quelques mois, tu n’avais pas l’intention d’attendre de voir. Tu avais l’impression d’être sur une lancée nouvelle pour la première fois depuis les évènements de février 2020 et tu ne voulais pas perdre ton momentum, même si ça voulait dire jouer dans un film pour lequel tu n’étais pas certaine d’avoir toutes les qualifications nécessaires.

« Vous savez vous montrer aussi persuasives l’une que l’autre. » Tu ne pus t’empêcher de sourire davantage à ce commentaire parce que s’il y avait bien quelqu’un qui avait trop souvent fait les frais de vos fameux pouvoirs de persuasion, c’est bien Rory. « C’est un talent naturel pour nous, que veux-tu. » que tu lances avec une fierté bien prononcée dans la voix. Il suffisait que toi ou Chloe décide de quelque chose et que l’autre l’a suive pour que ce soit complètement impossible de vous faire changer d’idées, quand bien même cela venait déroger des plans toujours bien plus sensés d’un Craine qui s’était vu entraîné dans des aventures toutes plus rocambolesques les unes des autres dans les rares moments libres que vous aviez tous les trois en dehors du plateau. « À vrai dire, si. Je me suis habitué à te voir comme ça et je dois admettre que le brun te va à ravir. » Tu reprends doucement ton sérieux, cessant de battre des cils alors qu’un sourire presque gêné vient habiter tes lèvres, se mêlant au teint déjà plus rougis de tes joues. « Mais pour être tout à fait franc, j’ai quand même du mal à me défaire de l’image de toi en blonde. » C’est ainsi qu’il t’avait connu après tout, cette première rencontre officielle lors d’un call back pour The Trail’s End ou vous aviez été amené à lire quelques lignes ensemble, le choix tombant alors peu longtemps après comme quoi vous aviez été choisi pour les fameux rôle de Bonnie & Clyde. Le souvenir te fait sourire autant qu’il te pèse, sachant que sans ce tournage et tout ce qui en est découlé, tu ne serais pas là aujourd’hui avec Rory et la simple idée de ne pas avoir le Craine dans ton entourage te donne le tournis. « Fallait le dire si ça te trouble autant! » que tu lances, toujours aussi peu sérieuse. Tu avais bel et bien l’intention de vivre à nouveau une vie de blonde, prête à laisser le brun à une Annabel qui elle avait trouvé son happy ending alors que le tien semblait encore planer dans les airs entre deux questions que vous n’osiez pas vous poser. Tu oses lui partager quelques unes de tes inquiétudes face à la série et à la suite de cette année en général, laissant légèrement de côté ce ton léger et le déni dans lequel tu plonges corps et âme depuis quelques semaines. Tout de suite, il t’offre son sourire le plus réconfortant et tu ne peux t’empêcher de vouloir croire que pour une fois, tout ne peut que bien aller. « Je sais à quel point ça t’angoisse, et c’est normal. Ça fait bientôt un an que tu vis avec l’idée que tu auras à en parler tôt ou tard, et en ce moment tu y penses de plus en plus alors c’est naturel que tu t’inquiètes. » Un an déjà. Tu peines à réaliser qu’autant de temps ait filé depuis cette fameuse soirée qui aura tout changé autant pour toi que pour Rory qui pourtant n’a jamais cherché à se faire victime des évènements. Tu échappes un léger soupir, tente de répondre au sourire du Craine même si l’inquiétude se lit facilement sur ton visage. « Je suis là, Penny. Et j’irai nulle part, tu te souviens? » Tu hoches légèrement la tête. « Je sais... » Tu voudrais pouvoir prendre sa main, sentir ce contact rassurant comme tu l’avais fait des centaines de fois par le passé, mais vous êtes en public et il suffirait d’une seule photo à un moment inopportun pour faire renaître des rumeurs qui viennent à peine de mourir. « Et on va pas manquer notre chance, parce qu’on n’a certainement pas enduré tout ça pour rien. »  Tout ça résumant autant les centaines de prises pour des scènes toutes plus clichées les unes des autres, tout comme ça pouvait être aussi les mois de douleur, à tenter chacun de votre côté de vous reconstruire, autant en tant que personne qu’en tant qu’acteur. « Et là je parle pas seulement des pulls de Noël horribles. » Il y a un léger rire qui siffle entre tes lèvres alors que tu te souviens avec horreur des dits pulls. « Comment tu peux en être aussi certain? » que tu lui demandes tout de même à demi-voix alors que tu voudrais pouvoir y croire autant que lui.

Tu es rapidement tirée de toutes tes pensées anxiogènes alors que Rory retourne son attention sur son téléphone. « Merde, on vient d’être identifiés dans une story instagram. Quelqu’un nous a apparemment reconnus. » Tu roules des yeux légèrement, pas réellement surprise par la tournure de cette soirée. C’est pratiquement un miracle que ça ne soit pas arrivé plus tôt dans la journée. « Ou est la veste magique quand on en a besoin? » que tu lances sur un ton déjà beaucoup plus léger, faisant référence à cette veste que tu avais enfilé cette dite nuit à Los Angeles. Veste que tu ne lui avais toujours pas rendu d’ailleurs, qui traînait quelque part dans ton loft au travers de tes valises encore bien loin d’être défaites. Tu attrapes son téléphone pour regarder la dite story et tu ne peux t’empêcher de faire une grimace devant la photo qui date de quelques minutes à peine puisque tu avais encore ton hot-dog dans les mains. « Tu peux m’expliquer pourquoi j’ai l’air d’avoir mal quelque part quand je ris? » Ton visage est tordu en une drôle d’expression sur la photo, même si tu devines par le sourire parfait qu’affiche Rory qu’il s’agit seulement d’un fou rire de ta part. S’il fut un temps ou tu aurais sans doute paniquer à la simple idée que vous soyez vus ensemble aujourd’hui, tu décidais de prendre le tout sur une note moins dramatique. Après tout, vous veniez de tourner ensemble pour une deuxième fois en un an, personne ne viendrait dire qu’il y a quelque chose d’étonnant à ce que vous soyez proches suite à ça. « On fait quoi, on se sauve en courant ou on se faufile jusqu’au prochain stand et on se la joue incognito? » « Crois-moi, ça va bien plus faire jaser si on se sauve en courant que si on continue comme si de rien était. Ils vont croire qu’on a quelque chose à cacher. » Et ça ne prendrait que ça pour que les rumeurs repartent de plus belles. « Faut simplement arrêter de sourire et avoir l’air de se détester, ça devrait les empêcher de croire n’importe quoi. » Mais tu ne fais que sourire de plus belle, toujours incapable de faire autrement quand tu es avec Rory. Et puis tu aperçois la grande roue à quelques pas de là et tu te dis que ça pourrait faire un bel échappatoire, ou du moins, vous offrir quelques minutes de répit avant que vous ne décidiez vraiment s’il fallait mieux prendre le risque que certains fans partent à votre recherche et crée un mouvement ou s’il était plus raisonnable de rentrer après ce qui aura été une belle journée. « On peut faire un tour de grande roue. Si on est chanceux, elle va même tomber en panne pendant qu’on va être en haut, ça donnerait le temps au curieux de nous chercher sans nous trouver. » Et puis ça promettait d’être un meilleur moment passé que lorsque tu t’étais retrouvée coincée là avec Halsey quelques jours auparavant.  

Il fit d'abord semblant de ne pas avoir entendu ses menaces à peine voilées, mais bien vite le sourire amusé sur ses lèvres trahit le fond de sa pensée. Et plus le regard de Penny se voulait faussement menaçant, plus Rory avait du mal à conserver son sérieux. Elle tenta même de lui prendre son téléphone des mains, mais le brun joua habilement de sa taille plus qu'avantageuse dans ce genre de situations. Dieu sait qu'à une époque, il aurait facilement pu complexer d'être le garçon le plus grand de sa classe, celui qui dépassait déjà son père et son grand-frère à peine atteinte sa majorité. Mais il y avait eu le football, ses premiers émois, et finalement tant de raisons de voir de bons cotés à ce que la nature lui avait offert. Et tout ça, bien avant qu'il ne commence même à éprouver l'envie de monter sur une scène puis de jouer devant la caméra. Ici pourtant, Penny et lui ne se donnaient pas la réplique comme ils l'avaient si souvent fait, c'était même ce qu'il appréciait tout particulièrement dans cette journée. Elle était mieux placée que quiconque pour savoir combien il aimait tourner avec elle, mais ils avaient tous les deux besoin d'un break bienvenu après Los Angeles et ici, au cœur de cette normalité si colorée et si bruyante, Rory se sentait plus que jamais dans son élément. « Wow. T'es tellement impressionnante que si on était dans un slasher movie je te soupçonnerais d'être la fille qui liquide tout le monde. Tu devrais songer à tester ce registre, tu serais géniale. » D'accord, aussi géniale était-elle peu importe le rôle, Penny n'avait pas le physique d'une tueuse sanguinaire et lui, il n'était définitivement pas beaucoup plus crédible quand il tentait de rester sérieux. Ses rires se joignirent aux siens et bientôt, c'est leur dernier tournage qu'ils se remémorèrent avec cette même légèreté qui décidément avait manqué à Rory ces dernières semaines. « Après celle où on gagne le concours du plus beau bonhomme de neige. Ça, ça devrait nous valoir toutes les nominations imaginables. » Le fruit d'un dur labeur, réellement. Et une scène parmi tant d'autres qui paraîtrait sans doute un peu grotesque et clichée – à l'image du reste de la série – mais qu'ils auraient sûrement pris plaisir à tourner si les choses n'étaient pas encore un peu compliquées entre Penny et lui à ce moment-là du tournage. Finalement, là où ils avaient été les plus convaincants, c'était probablement en feignant une entente parfaite devant la caméra. « Moi j'ai envie de croire que ce projet et tous les suivants aboutiront. Que la série aura du succès, et que ton prochain film battra tous les records de recettes. Et vu que Donna m'a parlé de plusieurs scripts à me faire lire, on aura peut être même bientôt tous les deux quelque chose à fêter. » Penny connaissait le besoin qu'il avait d'y croire après plusieurs mois de doutes et d'incertitudes, il n'y avait donc rien de très étonnant à ce que Rory se raccroche à cette idée. Si les scripts ne venaient pas à lui, de toute façon, il irait les chercher lui-même.

Personne mieux que lui ne savait aussi à quel point Penny et Chloe savaient être redoutables, quand elles étaient toutes les deux. Leur don pour charmer leur auditoire et convaincre n'importe quels producteurs n'était qu'une des nombreuses choses qu'il aimait chez elles, quand bien même leur complicité lui valait parfois de se retrouver à un contre deux et de saisir toutes les nuances de la solidarité féminine. Rory n'essayait jamais de lutter, ou que très peu, dans ces cas-là. Et si la couleur de cheveux de Penny n'était en soi qu'un détail à ses yeux – elle était actrice, elle aurait souvent à se métamorphoser pour entrer dans la peau d'un personnage et ce serait aussi son cas, bien qu'il ait été relativement épargné jusque-là – il est vrai qu'il se surprenait à regretter le temps où ses mèches blondes étaient la première chose qu'il voyait d'elle à plusieurs centaines de mètres. Il l'avait toujours connue blonde, et l'année passée Penny et lui avaient passé tellement de temps ensemble qu'il pourrait précisément décrire l'odeur du shampoing qu'elle utilisait et les nuances que prenaient ses cheveux dorés lorsque le soleil s'y reflétait. Il n'était pas troublé, pas comme il l'aurait du moins été si Penny s'était rasée la tête et qu'il avait du s'habituer à l'idée de ne plus voir ses mèches lui tomber de chaque coté du visage. Mais c'est vrai, à force de passer du temps avec elle il s'était attaché à certains détails sans tellement s'en être aperçu. « J'ai pas dit ça. Mais admettons que demain je me retrouve avec les cheveux teints en blond, tu serais pas rien qu'un petit peu perturbée ? » Son regard empreint de malice, il ne lui précisa pas que Chloe avait déjà émis l'idée de lui éclaircir les cheveux. Il va de soi qu'il avait refusé, trop conscient que sa couleur naturelle était la seule susceptible de lui aller. Son sourire se fit plus doux et rassurant lorsqu'il éprouva le besoin d'apaiser les craintes qui habitaient Penny. Des craintes naturelles, alors que plus que jamais elle devait penser au moment où elle prendrait la parole pour dénoncer les agissements de Byers. La dynamique entre eux avaient peut être légèrement changé ces dernières semaines et à plus d'un égard, mais une chose n'avait pas changé en revanche : il était là pour elle et il le serait toujours. Quoi qu'elle décide de faire et aussi difficiles seraient peut être les mois à venir. Il voulait croire que tout se passerait bien, pourtant, et pas seulement avec la série. Parce qu'il voulait croire qu'ils avaient largement eu leur compte de souffrances, qu'enfin la vie était prête à leur sourire un peu plus et qu'ils resteraient unis pour le meilleur comme ils l'avaient été pour le pire. « Parce que c'est pour ça que moi je m'accroche depuis des mois. Parce que j'aime penser que le pire est derrière nous. » Parce que si tout n'avait du être qu'une suite de fatalités, alors il aurait sûrement lâché prise. Mais il s'était battu, même dans les moments où tout lui paraissait injuste et finalement interminable. S'il acceptait – quoi que péniblement – l'idée d'avoir tant perdu en si peu de temps, c'est parce qu'au fond de lui une lueur optimiste avait toujours brillé plus que tout le reste. Il n'était peut être pas certain que tout irait pour le mieux, mais il était prêt à lui faire ici et maintenant la promesse que les choses s'arrangeraient, tôt ou tard.

Le calme de l'instant fut troublé lorsqu'il s'aperçut qu'un fan avait diffusé un cliché de Penny et lui sur les réseaux sociaux. Un cliché anodin, mais qui pourrait potentiellement compromettre la tranquillité qu'ils avaient venus trouver ici. « Dans tes affaires ? J'ai déjà accepté l'idée que je la récupérerai pas. » Il parvint à garder toute sa légèreté malgré les circonstances, après tout s'il y a bien une chose à laquelle ils étaient habitués, c'était à ce que leur intimité soit compromise. Elle l'avait été des mois durant, et d'une manière bien plus désagréable qu'aujourd'hui, notamment à la parution de ces photos à Torquay ou lorsqu'un article était venu en rajouter. « Arrête, t’exagère, t'as pas l'air... » Il fit mine de regarder la photo de plus près et se pinça les lèvres. « Oh, okay. C'est vrai, t'as un peu la tête de quelqu'un qui viendrait de marcher sur un lego. Mais tu restes adorable même comme ça. » Ses lèvres se retroussèrent de plus belle, Rory ayant la ferme intention de lui changer les idées coûte que coûte. Elle en avait besoin, il l'avait constaté il y a encore quelques minutes et cette sortie était là pour ça. Ça n'était pas un fan qui les empêcherait d'en profiter, et sur ce point Penny et lui semblaient plutôt d'accord. S'ils s'enfuyaient en courant, on les remarquerait d'autant plus et ils pourraient dire adieu à leur après-midi à la fête foraine. Faire profil bas et éviter de trop attirer l'attention, par contre, était un exercice qu'elle et lui commençaient à bien maîtriser. « A part ton amour pour les hot dogs industriels, on a strictement rien à cacher. » D'accord, Penny risquait de lui dire que cette blague-là n'était plus drôle à partir de la quinzième fois où il la faisait. « Avec le monde qu'il y a, c'est l'endroit parfait pour se fondre parmi la foule sans trop d'efforts. Et au pire, on sera prêts pour auditionner pour un film d'espionnage. » Cette seule idée suffit à faire briller ses yeux et Rory regarda autour d'eux l'air de chercher leur ennemi parmi la foule. Il suivit ensuite le regard de Penny jusqu'à la grande roue, devinant ce qu'elle avait en tête avant même qu'elle n'ait le temps de le proposer. Aussitôt, il retrouva un franc sourire et acquiesça sans attendre. « J'adore l'idée. Qu'est-ce qu'on attend ? » Sûrement pas que leur admirateur d'un jour les rattrape pour les photographier à nouveau. Ainsi ils marchèrent jusqu'au pied de la grande roue, constatant après s'être rapprochés qu'elle paraissait encore plus haute et majestueuse vue d'en dessous. Rory gérait plutôt bien l'altitude, il s'était retrouvé dans des situations bien plus impressionnantes sur certains tournages et c'était aussi le cas de Penny. « Y'a pas trop de monde, ça devrait être... » « Oh, je suis vraiment désolée. » Rory s'interrompit subitement lorsqu'une jeune femme arrivant à contre-sens lui rentra dedans sans qu'il n'ait eu le temps de l'éviter, valant au brun d'esquisser un léger sourire confus en se retournant vers la blonde. « C'est rien, je faisais pas attention moi non plus. » Et vu leurs deux gabarits, ce n'est pas lui qui risquait de s'être fait mal, la collision n'ayant de toute façon pas été violente. Fort heureusement, ça n'était pas non plus ce genre de scène où l'un des deux protagonistes finissait avec son haut tâché de soda. Dans le genre, il avait déjà donné. « Oh ! Vous comptez faire un tour de grande roue ? J'en viens justement et c'est vraiment époustouflant vu de là-haut, je vous le conseille. » Un sourire teinté de surprise étira cette fois ses lèvres et son regard croisa silencieusement celui de Penny. Cette jeune femme n'avait pas l'air d'une fan hystérique et elle semblait parfaitement inoffensive, à tel point qu'elle n'avait même pas de téléphone dans les mains. Elle n'avait d'ailleurs rien laissé paraître qui laisse penser qu'elle les avait reconnus. Non, c'était assurément une rencontre fortuite, rien d'autre.

« Wow, t’es tellement impressionnante que si on était dans un slasher movie je te soupçonnerais d’être la fille qui liquide tout le monde. Tu devrais songer à tester ce registre, tu serais géniale. » Tu ne peux t’empêcher d’éclater de rire à nouveau devant la remarque de Rory parce que s’il y a bien un genre dans lequel tu ne penses jamais t’abandonner, c’est l’horreur. Et si tu te fis au sarcasme qui découle du commentaire du Craine, t’es pas mal certaine de ne pas être la seule à penser que tu ne serais pas très crédible dans le rôle d’une tueuse sanguinaire. Ça ne t’empêche pas toutefois de pousser la blague à l’extrême, pour le simple plaisir de profiter plus longtemps du sourire qui habite les lèvres de Rory, pour profiter plus longtemps de ce rire que tu n’as pas entendu assez souvent le mois dernier. « Je t’ai pas dit? Mon nouveau rôle c’est une killer dancing queen. J’ai jamais eu un rôle plus fait sur mesure pour moi que celui-là. » Tu ris parce que ce serait vraiment pire que tout comme rôle pour toi alors que tu as tendance à faire bien plus souvent dans un registre complètement opposé. Même si tu n’es pas certaine du tout d’être le choix idéal pour ton nouveau rôle vu la composante de danse importante, tu dois avouer que tu te réjouis de ce nouveau défi, d’être emmené à explorer quelque chose qui t’est complètement inconnu et qui te sort de ta zone de confort. Tu te dis qu’après tout ce qui s’est passé l’an dernier, c’est exactement ce dont tu as besoin : te plonger complètement dans un projet qui te challenge, un projet qui a du coeur, un projet qui te permettra de grandir. Et même si tourner avec Rory et Chloe avaient été (en partie du moins) exactement ce dont tu avais besoin à la fin de la dernière année, tu savais que le personnage d’Annabel n’avait pas été un défi en soit. « Après celle ou on gagne le concours du plus beau bonhomme de neige. Ça, ça devrait nous valoir toutes les nominations imaginables. » Tu secoues la tête, riant de plus belle alors que le souvenir de ce bonhomme de neige te hante encore. « Non mais dans quel monde ils ont cru que c’était une bonne idée de nous faire faire un bonhomme de neige en fausse neige? » Si la situation avec Rory n’était pas encore à son meilleur à ce moment-là, ça ne vous avait toutefois pas empêcher d’échanger quelques fous rires pendant ses prises, ce qui avait sans doute contribuer à faire naître sincèrement la chimie entre Jake et Annabel qui n’ont pas eu le plus facile des départs. « Moi j’ai envie de croire que ce projet et tous les prochains aboutiront. Que la série aura du succès, et que ton prochain film battra tous les records de recettes. Et vu que Donna m’a parlé de plusieurs scripts à me faire lire, on aura peut être même bientôt tous les deux quelque chose à fêter. » Ton fou rire laisse désormais place à un sourire sincère alors que tu prends chacune des paroles de Rory et tu décides d’y croire, toi aussi. Tu pourrais lui dire qu’il sonne un brin naïf d’avoir une confiance aveugle pour le futur alors qu’il sait mieux que personne combien un seul évènement peut tout bousculer, mais tu n’en fais rien, préférant cette fois te nourrir de son positivisme plutôt que d’essayer de le combattre. « Tu me diras si t’as besoin de quelqu’un pour pratiquer tes lignes quand t’auras décroché un rôle dans ton prochain blockbuster. » Toi aussi, t’étais capable de rêver grand après tout et Rory méritait plus que quiconque de réaliser tous ses rêves les plus fous, quels qu’ils soient.

Tu ne sais pas trop à quel moment il a été décrété que tes changements capillaires pouvaient être un élément perturbateur dans la vie du Craine, mais tu le taquines bien qu’il t’assure s’être habitué à ta chevelure brune. Si le blond est la couleur à laquelle tu reviens sans cesse, ça ne t’a jamais empêcher d’expérimenter dans les différents teintes de bruns, et même dans les teintes de roux à une époque. T’es le genre de fille qui se lasse rapidement et qui est toujours éprise d’une envie folle de changement et tes cheveux sont souvent ceux qui en payent le prix parce qu’il n’y a rien qu’un tour chez le coiffeur ne peut pas régler. « J’ai pas dit ça. Mais admettons que demain je me retrouve avec les cheveux teints en blond, tu serais pas rien qu’un petit peu perturbée? » Tu viens te mettre devant lui et arrête de marcher soudainement, ton regard analysant son visage et tentant d’imaginer de quoi il pourrait avoir l’air le Craine, sans ses cheveux foncés. Le visuel est particulièrement étrange et tu secoues rapidement la tête avant de reprendre ta place à côté de lui. « Je serais extrêmement perturbée. » que tu avoues alors d’un rire, préférant croire que personne ne viendrait lui demander de faire une telle chose pour un rôle. « Je crois pas que t’as assez de bitchy en toi pour pouvoir être blond, désolée. » Rory n’avait absolument rien d’une bitch et ce n’était un secret pour personne. Il était le genre de garçon avec le coeur sur la main à toujours vouloir le mieux pour tous, même quand ce n’était pas forcément à son avantage. Tu avais beau dire ça sur un ton moqueur, c’est quelque chose que tu appréciais, que tu aimais même chez Rory, cette douceur et cette candeur que tu ne retrouvais chez personne d’autre. Et puis il te rassure le Craine, comme lui seul sait le faire alors que les doutes te pèsent et que t’en oublierais presque l’ambiance autour de vous. Mais il te garde les deux pieds sur terre Rory, dans le moment et la légèreté alors qu’il sait exactement quoi dire pour t’empêcher de spiraler, comme il l’a fait des centaines de fois dans la dernière année. « Parce que c’est pour ça que moi je m’accroche depuis des mois. Parce que j’aime penser que le pire est derrière nous. » Tu hoches légèrement la tête, tente de te convaincre qu’il a peut-être raison même si tu peines vraiment à y croire. Parce que tu as la conviction que tu n’es pas au bout de tes peines dans l’histoire Byers, que la prochaine étape s’annonce tout aussi douloureuse, voir pire encore que ce que tu as vécu dans les derniers mois. Mais tu t’es accrochée à Rory au moment de te reconstruire, à chaque tournant et à chaque difficulté qui a parsemé votre chemin dans les onze derniers mois et il n’y a aucune raison que tu ne puisses pas en faire de même dans les mois à venir, pas vrai? « Le pire est derrière nous. » que tu te contentes alors de répéter, comme si de ce simple fait, tu refusais que la suite soit fait d’autre chose que du mieux. Du mieux pour lui, pour toi, pour vous deux ensemble aussi, peut-être. Si seulement les questions n’étaient pas si difficiles à poser.

Tu n’as pas le temps de te plonger plus longuement dans tous ces questionnements alors que Rory t’annonce que vous avez été repéré et tagué sur une story instagram. Rien en somme que vous n’avez pas déjà vécu auparavant dans les rares fois ou vous décidiez de sortir en public ensemble. Tu avais espéré que la foule vous rendrait plus invisible, mais c’était chose ratée évidemment. « Dans tes affaires? J’ai déjà accepté que je la récupérerai pas. » « C’est pas de ma faute si elle me va mieux qu’à toi. » Et puis autant l’avouer, tu n’avais jamais vraiment eu l’intention de la lui rendre, gardant plutôt cette dernière comme un souvenir qui te rappelait sans l’ombre d’un doute possible que cette nuit sur la plage à Los Angeles, les mots qui ont été dit et les baisers échangés avaient bel et bien eu lieu. « Arrête, t’as pas l’air... » C’est à son tour de reprendre le téléphone alors qu’il observe la photo de plus près et tu hoches déjà la tête alors qu’il ferait presque une grimace en analysant ta tête, le Craine. « Oh, okay. C’est vrai que t’as un peu la tête de quelqu’un qui viendrait de marcher sur un lego. Mais tu restes adorable, même comme ça. » « Toujours les bons mots pour flatter mon égo. » que tu dis légèrement sarcastique malgré le rire qui suit qui vient trahir ce que tu penses réellement. S’il pouvait sembler plus judicieux de quitter les lieux avant que foule ne se crée autour de vous, tu n’as pas particulièrement envie de couper le moment simplement parce que quelqu’un vous a vu et reconnu. Tu veux profiter du reste de cette journée ou vous avez été en mesure d’éviter presque tous les sujets fâcheux et ou être ensemble semblait encore être la chose la plus naturelle du monde. « À part ton amour pour les hot dogs industriel, on a strictement rien à cacher. » C’est vrai Rory? Qu’on a absolument rien à cacher? Parce que j’ai pas l’impression, moi. Tu te contentes de sourire à sa remarque alors que ton attention est porté sur la grande roue qui semble être l’endroit parfait pour vous cacher pendant quelques minutes, juste assez longtemps pour que l’on vous croit parti de cette fête foraine tu espères et ainsi pouvoir profiter du reste du temps que vous avez devant vous avant que la réalité ne reprenne de plus belle dès le lendemain. « Avec le monde qu’il y a, c’est l’endroit parfait pour se fondre parmi la foule sans trop d’efforts. Et au pire, on sera prêts pour auditionner pour un film d’espionnage. » Il fait semblant de regarder furtivement tout autour de lui et tu ne peux t’empêcher de rire doucement devant son improvisation. « C’est que tu ferais un sacré James Bond quand j’y pense. Tu devrais demander à Donna qu’elle te mette sur la liste pour être le prochain. » Après tout, le thème de l’année c’était bien de viser pour plus grand que nature, non?

« J’adore l’idée. Qu’est-ce qu’on attend? » « Que tu accélères le pas! » Même si la vérité était plutôt que tu devais faire trois pas juste pour compenser un seul pas de Rory. Si ce n’est pas ton premier tour de grande roue depuis que la fête foraine est en ville, tu es contente à l’idée d’en refaire un tour avec Rory. « Y’a pas trop de monde, ça devrait... » « Oh, je suis vraiment désolée. » Tu n’as pas vu ce qui s’est passé alors que t’avais le regard rivé sur la grande roue devant vous qui semblait tellement majestueuse vu d’en dessous. Tu mets quelques secondes d’ailleurs à comprendre qu’il semble y avoir eu une légère collision entre Rory et la blonde qui lui offre déjà un sourire éclatant, son regard ne lâchant pas le Craine une seule seconde. De ton côté, tes yeux passent rapidement de la blonde jusqu’à Rory pour s’arrêter sur la jeune femme à nouveau que tu juges du regard malgré toi. « C’est rien, je faisais pas attention moi non plus. » Et il s’excuserait presque même quand c’est lui qui se fait rentrer dedans le Craine et ça t’amuse légèrement alors que tu restes silencieuse, attendant que la blonde se bouge du chemin, chose qu’elle ne semble pas pressée de faire. « Oh! Vous comptez faire un tour de grande roue? J’en viens justement et c’est vraiment époustouflant vu de là-haut, je vous le conseille. » Elle dit vous mais elle ne t’a même pas accordé un seul regard depuis le début de cet échange, ce qui n’a vraiment rien de surprenant quand on y pense bien. Ce n’est pas la première fois que tu vois une fille être complètement obnubilée devant Rory et ce n’est certainement pas la dernière, même si tu dois avouer que c’est la première fois que tu ressens ce brin de jalousie dont tu te serais bien passée. « Oui, la ville est vraiment belle vue en hauteur. » que tu dis finalement, te demandant si ce sera suffisant pour attirer l’attention de la blonde qui semble toujours à peine enregistrer que t’es là. Et puis elle se tasse enfin, offre un léger signe de main alors qu’elle reprend sa route en sens inverse et tu attends quelques secondes avant de te tourner et c’est sans surprise qu’elle aussi, elle a la tête tourné, les yeux toujours rivés sur Rory. Elle tourne la tête rapidement quand elle voit que tu l’observes toutefois, et tu décides à ton tour de te retourner vers Rory et d’oublier tout de cette blonde. « Tu disais? » Tu pourrais lui dire qu’elle avait l’air louche, la blonde avec ses grands yeux de biche et son sourire Colgate, à battre des cils devant un Rory qui n’a probablement rien remarqué, mais tu gardes les commentaires pour toi, ne souhaitant pas avoir l’air de la copine jalouse alors que c’est clairement pas ton rôle. La file pour embarquer dans la grande roue n’est pas longue et ce n’est qu’une question de minutes avant que ne vous soyez assis côte à côte, loin des regards curieux et sans aucune chance de vous faire voir d’où vous êtes. « Qu’est-ce qui te manque le plus de LA? » que tu lui demandes sans préambule et sans réelle raison, curieuse de savoir ce qu’il retient de ce voyage qui n’aura pas été comme vous vous l’étiez imaginé quand vous avez su pour les rôles, mais qui au final, n’aura pas été si pire que ça, tout compte fait. Et puis plus vous gagnez en hauteur, plus tu admires cette ville qui est devenue la maison au fil des années, Brisbane que tu appréhendais de retrouver mais qui ne t’avait pas si mal traitée, jusqu’à maintenant.  

Un slasher movie qui prendrait place au beau milieu d'une foire et dont Penny serait l'héroïne sanguinaire ? Rory ne pouvait pas croire que personne n'y ait jamais pensé. Après tout, n'importe quel acteur aspirait aussi à autre chose qu'à incarner le gentil de l'histoire, celui qui juste avant le générique de fin dispensait le public d'une morale bien-pensante. Lui, il avait toujours eu à cœur de faire passer le bonheur de ses proches avant le sien et s'il avait pu nuire à qui que ce soit au cours de sa vie, ça avait sans doute été bien involontairement – exception faite à Byers, qui tiendrait sûrement un autre discourd. Alors pour sûr que si on lui proposait un jour de camper un personnage beaucoup plus sombre, avec son lot d'ambivalences, il n'hésiterait pas à accepter de s'essayer à un registre différent. Et avec l'immense talent qui était celui de Penny, elle serait véritablement crédible dans n'importe quel rôle, peu importe à quel point elle pouvait sembler frêle et innocente au premier regard. Elle avait aussi une rage de vivre et une détermination rares, qu'aucun Byers au monde ne pourrait jamais lui enlever. « Un pas de danse endiablé et tous tes adversaires meurent terrassés, oui, ça c'est tout toi. » Il articula entre deux rires, l'image étant malgré tout particulièrement drôle quand on savait que la première chose dont Penny se soit inquiétée quand ce nouveau rôle lui avait été offert, c'était son absence de compétences en danse. Et il aurait nourri les mêmes craintes à sa place, quand bien même c'était de devoir un jour possiblement chanter pour décrocher un rôle qui lui l'avait toujours le plus inquiété. Pour autant il en était certain, Penny serait parfaitement à l'aise une fois que son professeur de danse aurait su lui faire prendre confiance en ses futures capacités, et ce rôle était plus que jamais une chance pour elle d'aller de l'avant après une année éprouvante. C'était déjà le cas ces dernières semaines, pendant leur tournage à Los Angeles, mais Rory était assez conscient pour savoir qu'ils avaient aussi besoin de tracer leur propre route et de construire leurs propres réussites. Il aimerait toujours tourner avec Penny et Chloe, mais il serait bien trop fier de découvrir leur travail, assis au premier rang d'une salle obscure. « Dans un monde où les téléfilms de Noël se tournent sous 25°C en Californie. Faut croire que tout le budget était passé dans les costumes, même si j'ai du mal à le croire. » Et pour cause, les pulls qu'ils leur avaient fait enfiler rivalisaient de mauvais goût et seules les scènes tournées en extérieur sauvaient les meubles. Au fond, Rory ne voulait garder de ce tournage que ses meilleurs moments et laisser derrière eux les moins agréables. Tout ça semblait loin, maintenant que Penny et lui étaient redevenus aussi proches qu'avant toute cette histoire de faux-couple, et de ça comme du reste il s'en moquerait pour encore une poignée de minutes. « Nouvelle coqueluche de Netflix, future star du parquet et maintenant coach ? J'ai toujours su que t'avais tous les talents. » Il glissa avec malice, reprenant cette fois avec plus de sérieux. « Mais je prends note de ta proposition, Blockbuster ou pas. » Parce qu'il serait bien trop impatient de partager ça avec elle, peu importe qu'il lui faille peut être encore gagner en expérience pour prétendre à un rôle de grande envergure. L'important, ici, c'était que Penny semblait enfin vouloir voir le verre à moitié plein et croire de nouveau en l'avenir. Et de ça, il s'en réjouissait réellement.

Il y a peu de choses que Rory ne serait pas prêt à faire pour décrocher un rôle – tant qu'il n'était pas question de donner de sa personne autrement que de manière strictement professionnelle – et si se teindre les cheveux n'avait jamais fait partie de ses projets, il pourrait concevoir une transformation physique si une opportunité l'exigeait. Pour autant, si le brun comme le blond réussissaient à Penny, il n'était pas sûr de pouvoir en dire autant. D'ailleurs, Rory était au fond de lui persuadé que Penny serait bien trop perturbée de le voir renoncer à sa couleur naturelle. Contrairement à lui qui avait eu plusieurs semaines pour se faire à l'idée de la voir en brune et commençait doucement à s'y habituer, elle n'avait que son imagination pour se faire une idée du rendu et définitivement, Rory était né brun pour le rester. « J'en étais sûr. » Mais c'est ce qu'elle ajouta ensuite, sous le regard rieur du brun, qui valut à ses lèvres de s'étirer dans un sourire intrigué. « J'ignorais que c'était une condition sine qua non. Mais maintenant je suis curieux, quels conseils tu me donnerais pour avoir une chance de remplir ces conditions ? » Arrêter de saluer ses voisins ou insulter tout son répertoire téléphonique ? Pas vraiment son genre quand on le connaissait, mais sa curiosité était définitivement piquée. Il est certain que Rory ne pouvait pas complètement encenser cette théorie, mais il reconnaissait bien là l'humour de Penny et le seul fait qu'elle semble pleinement détendue le rassurait. Comme le fait qu'elle semble à son tour capable d'entrevoir du mieux, après tout ça, peu importe qu'il ne puisse théoriquement lui faire aucune promesse sur l'avenir. Quand il regardait l'horizon, Rory s'efforçait comme souvent de voir poindre un rayon de soleil.

« Définitivement mieux, c'est clair. Et au bout de quelques lavages, tu verras, elle sera parfaitement à ta taille. » Il la taquina dans un rire, au sujet de cette veste qu'il ne s'était jamais vraiment attendu à récupérer depuis cette soirée à Los Angeles où il l'avait glissée sur les épaules de la brune. A défaut d'avoir su mettre des mots sur ce que Penny et lui y avaient partagé, ce souvenir était à l'image de ceux qu'il voudrait finalement retenir de ce voyage : doux et bien moins douloureux que ceux qui l'avaient précédé. Alors jamais il n'irait plus réclamer après cette veste et probablement même qu'il n'y aurait rien de plus naturel que de voir Penny l'arborer à l'avenir. Ainsi, peut être n'oublierait-elle jamais qu'il serait toujours là pour veiller sur elle, peu importe ce que l'avenir leur réservait ensemble comme séparément. « Ça, c'est pour que t'oublies jamais que je te manquerais, si j'existais pas. » Un sourire complice ponctua ses propos et si Rory se retint de passer un bras autour de ses épaules dans un geste qui aurait paru naturel mais qui risquait de leur valoir d'attirer plus encore l'attention, son regard se voulut suffisamment parlant que n'importe quelle étreinte. Parce que si Penny était bien capable d'une chose, c'était de lire en lui comme peu de personnes sans doute en étaient capables aujourd'hui. C'est en ça qu'elle savait qu'il n'avait pas plus envie qu'elle de se cacher alors qu'ils profitaient de leur retour à Brisbane pour passer du temps ensemble loin des plateaux, ce qu'ils n'auraient de toute façon pas à faire s'ils se faufilaient parmi la foule. La foire était bondée, il leur suffirait d'à peine quelques efforts pour avoir l'air de deux individus on ne peut plus ordinaires, et ça aurait même un petit coté amusant. Tout ce que Rory voulait, c'était se créer des souvenirs avec elle pour mettre derrière eux les dernières semaines et ce début de tournage compliqué. Son rire se joignit bientôt au sien, et il répondit à sa plaisanterie par un plissement d'yeux énigmatique. « Je l'ai déjà fait, mais elle dit qu'ils ont toujours sélectionné que des anglais pour le rôle. Wendy dit que la question serait réglée si j'épousais une ressortissante britannique, mais y'a quand même des limites à ce que je suis prêt à faire. » Les idées de sa sœur étaient le plus souvent fantasques, et c'est sans doute pour ça qu'elle n'avait pas vu la tristesse qui avait recouvert son regard lorsqu'il s'était malgré lui replongé quelques années en arrière, au jour où pas même ses propres craintes n'auraient pu l'empêcher de demander Swann en mariage. Un mariage d'amour, c'est ce à quoi il aspirait secrètement, il n'y avait donc rien d'étonnant à ce que celui qu'il avait aimé plus que tout lui ait inspiré cette envie. Un sourire retrouva malgré tout le chemin de ses lèvres, les idées de sa cadette l'amusant toujours.

Ils accélérèrent le pas, se rapprochèrent de la grande roue et patientèrent en attendant leur tour. Là-haut, les yeux des plus curieux se tourneraient vers la vue et c'est exactement ce qu'ils voulaient : passer les plus inaperçus possible. Ce que Rory n'avait pas prévu, cependant, c'est à ce qu'une jeune femme assez distraite le bouscule sans qu'il n'ait eu le temps de l'éviter. Elle se confondit en excuses, il fit de même, et la scène eut finalement quelque chose d'assez cliché pour quiconque avait déjà vu ce genre de séquences dans n'importe quelle comédie romantique dépourvue d'originalité. Pourtant, le brun ne s'en formalisa pas une seconde et eut vite fait d'oublier cet incident. Pas une seconde il ne remarqua la manière dont le regard de la blonde avait évité de croiser celui de Penny pour se concentrer sur le sien, tout comme il ne prit pas la peine de considérer qu'elle puisse juste être une fan prête à n'importe quel subterfuge pour les approcher. Ça n'était pas l'impression qu'elle lui avait donné, et c'est de son propre chef qu'elle finit par repartir non sans leur avoir glissé un dernier regard – à lui, en réalité, mais Rory ne voyait pas le mal dans son attitude et encore moins qu'elle aurait sûrement préféré qu'il soit seul pour l'apostropher. Son regard se reposa sur Penny et il lui fallut une demi-seconde pour retrouver le fil de ses pensées, au moins soulagé que cet épisode ne lui ait pas valu d'attirer l'attention sur leur présence. « Je disais qu'on avait bien choisi notre moment, à cette heure-ci la plupart des gens sont partis déjeuner. » A croire que de toujours nager à contre-courant des autres avait ses avantages, c'est sa famille qui serait sûrement ravie de l'apprendre. « J'ai eu de la chance qu'elle ait pas renversé son soda sur mon t-shirt, d'ailleurs. En plus, elle était plutôt sympa. » Et plutôt jolie, aussi, mais il ne l'avait en réalité qu'à peine regardée et était bien plus subtil que ça en général. Il espérait tout au fond de lui que Penny n'avait pas été gênée par cette intrusion dans leur bulle et qu'ils sauraient l'un et l'autre oublier cet incident pour penser à ce qui importait le plus. Et justement, ce fut bientôt à leur tour de monter dans la nacelle, celle-ci ne tardant pas à gagner en hauteur. Son regard se porta sur le paysage et la question de Penny, elle, étira un sourire sur les lèvres du brun. « Des tas de choses, mais je crois que ça me manque tout particulièrement de plus partager un loft avec vous. » Oui, c'était tout sauf la réponse à laquelle elle devait s'attendre mais c'était de loin la plus safe et finalement la plus logique qu'il puisse lui donner. Parce que ça englobait un millier d'autres choses que seulement un loft partagé avec Penny, Chloe et Victor. (Jet aussi de temps en temps.) « T'es pas d'accord ? » Il lui glissa un regard amusé. « Je sais, c'était pas gagné d'avance, mais en fin de compte on prend goût au fait de manger des céréales à tous les repas et de se battre pour pas avoir à faire le ménage. » Largement même, et bien que ce ne soit pas la vraie raison pour laquelle il avait pris goût au fait de partager son quotidien avec eux même en dehors du plateau. C'était comme retourner à l'adolescence, à l'époque où on rêvait de vivre un jour avec ses amis. « C'est pas à toi que je vais l'apprendre, de nous deux c'est toi qui vis en colloc' à l'année. J'espère qu'ils sont aussi fun et attentionnés que nous. Et qu'ils cuisinent mieux que moi. » Et parce que ça n'était pas encore assez de conditions pour juger que ses colocataires étaient dignes de confiance, il ajouta. « Et que leurs goûts en matière de films tiennent la route. » Et que s'ils lui disaient qu'ils avaient vus tous ses films, c'était pas juste pour lui faire plaisir mais parce qu'ils avaient conscience que la filmographie de Penny gagnait vraiment à être vue. Et elle à être connue, sans le moindre doute.

« Un pas de danse endiablé et tous tes adversaires meurent terrassés, oui, ça c’est tout toi. » Tu ris de plus belle à l’image proposée par Rory. Ce serait en effet un drôle de mix de genres, entre le film de danse et le film d’horreur, mais dit ainsi t’aurais presque envie de regarder ce genre de films. Tu n’avais jamais eu plus grande opportunité que celle donnée par Byers, tu ne te faisais pas d’illusions à ce sujet, mais vu comment tout s’était déroulé ensuite, tu ne parvenais pas à garder un souvenir particulièrement bon de tes jours sur un plateau de tournage imposant. Tourné pour Netflix avait été une autre expérience complètement et cela t’avait permis (étonnamment) de renouer avec ta passion malgré le scénario pleins de clichés et le personnage d’Annabel qui n’avait rien d’un défi en soi, pas comme semblait déjà l’être ton nouveau rôle. Mais tu garderais toujours une place particulière pour Annabel dans ton coeur car elle aura été celle qui t’a permise de te retrouver, celle qui t’a rappelé que tu étais encore capable de te glisser dans la peau de personnages, que le feu n’était pas mort et qu’il y avait encore de l’espoir pour toi, pour ta carrière. Il serait mentir de dire que tu n’avais plus aucun doute vis à vis de ta place en tant qu’actrice, que tu ne redoutais pas les représailles de cette plainte que tu allais déposer dans les semaines à venir, mais aujourd’hui, accompagnée de Rory, tu te permettais de te concentrer sur le positif autant que possible. Sur les bons souvenirs, sur les grands rêves, sur les moments et les fous rires partagés avec le Craine au travers des tempêtes que vous aviez finalement été en mesure de surmontés ensemble. Si tu avais eu peur de ne jamais être en mesure de surmonter le fossé creuser entre vous à la fin de 2020, tu avais désormais l’impression plus que jamais que rien ne pouvait être à votre épreuve. En tant qu’amis. Pouvait-il en être de même si tu osais lui dire, ou plutôt lui rappeler, les sentiments qui t’habitaient réellement lorsque ton regard se posait sur lui? Lorsque tu le savais près de toi? Lorsque sa main venait trouvé la sienne, lorsqu’il te serrait dans ses bras? Rien n’était moins sûr, mais ça, tu décidais de le garder un peu plus dans un coin reculé de tes pensées, préférant profiter du moment avec le moins d’ambiguïté possible, sachant que tôt ou tard, le moment des questions viendraient. « Dans un monde ou les téléfilms de Noël se tournent sous 25°C en Californie. Faut croire que tout le budget était passé dans les costumes, même si j’ai du mal à y croire. » « Je pense plutôt que le budget est passé dans nos chèques de paye. » que tu rajoutes un léger rire dans la voix alors que tu peines encore à croire les montants qui ont été versés dans vos comptes à la fin du tournage, tout en sachant que ce n’était pas la fin et que si la série réussissait bien, il y a encore bien plus qui vous serait remis éventuellement. Tu n’étais pas le genre à t’en faire avec l’argent, ça faisait longtemps que tu en avais bien plus que tu ne pouvais en dépenser vu ton nombre d’années passé dans le monde de la télévision, mais tu n’en demeurais pas moins impressionnée de voir tous les 0 sur ce chèque et tu avais envie de te gâter. Tu ne savais pas encore comment, mais le moment viendrait, tu n’en doutais pas. « Nouvelle coqueluche de Netflix, future star du parquet et maintenant coach? J’ai toujours su que t’avais tous les talents. » Tu lui offres un grand sourire en penchant ta tête légèrement sur le côté et puis tu fais virevolter quelques mèches de tes cheveux dans un geste un peu prétentieux. « Que veux-tu, il n’y a rien à mon épreuve. » Oh combien tu voulais y croire. Pour la première fois depuis tellement longtemps, tu voyais le lendemain avec un positivisme nouveau, et non cette négativité et cette douleur qui t’avait habité pendant trop longtemps. « Mais je prends note de ta proposition. Blockbuster ou pas. » Le temps de tourné ensemble était peut-être révolu pour l’instant, mais tu savais que même sans ça, rien ne pourrait jamais plus t’éloigner de Rory.

Si tu t’ennuyais de ta chevelure blonde, comme Rory, tu t’étais toi aussi habituée à te voir dans le miroir avec tes cheveux bruns. Tu avais mis plusieurs semaines avant d’être complètement confortable avec le changement, bien que ce n’était pas ton premier et que ce ne serait sans doute pas ton dernier. Tu étais de celle qui avait dans l’idée que des cheveux, ça repousse et de celle qui n’hésitait pas les changements capillaires si c’était nécessaire pour tes rôles offerts. Elsie, ton rôle joué le plus longtemps à ce jour, était sans doute celle qui physiquement parlant se rapprochait le plus de ton style de tous les jours. Tu avais à l’époque gardé tes longues mèches blondes, ces mêmes mèches auxquelles Rory était tellement habitué, bien que tu avais les cheveux plus courts lorsque tu t’étais glissée dans la peau de Bonnie Parker. Les longs cheveux bruns étaient automatiquement associés à Annabel dans ton esprit et maintenant que tu avais un nouveau tournage de prévu pour la mi-mars, tu étais encore indécise face au changement capillaire qui marquerait le début de cette nouvelle aventure. Tu n’avais pas encore reçu de direction à ce sujet, parfois tu ne l’apprenais que quelques jours avant le tournage s’il y avait des exigences physique mais dans tous les cas, tu te sentais prête. Brune ou blonde, Rory disait te trouver ravissante dans les deux cas ce qui te fit rougir légèrement, même si Rory ne sembla pas le remarquer. « J’en étais sûr. » Lui toutefois, avait toujours gardé ses boucles brunes dans tout ce que tu avais vu de lui, et la seule chose qui changeait au fil des années étaient la longueur des dites boucles. Imaginer le Craine en blond t’arracha un fou rire automatiquement et s’il te fallait avouer être curieuse de le voir vraiment changé ses boucles brunes pour du blond, tu préférais de loin qu’il garde sa couleur naturelle. « J’ignorais que c’était une condition sine qua non. Mais maintenant je suis curieux, quels conseils tu me donnerais pour avoir une chance de remplir ces conditions? » Sa question te fait rire, évidemment qu’il voudrait savoir comment faire pour avoir ne serait-ce qu’une chance de rejoindre le club des bitch blondes. Mais Rory n’avait pas le tempérament d’une bitch. Même au pire de votre dispute, jamais qu’il n’avait usé d’argument déplorable pour te faire du mal parce que ce n’était tout simplement pas dans sa nature, de vouloir volontairement blessé quelqu’un, toujours prêt à prendre le blâme plutôt que de devenir lui-même tyran. Tu fais mine de réfléchir pendant quelques secondes avant de secouer doucement la tête. « J’te dis pas. J’te préfère de loin comme ça, je n’aurais pas envie que tu changes par ma faute. » Et tu lui offres un sourire sincère avant d’échapper un léger rire, préférant rester dans la comédie malgré le fait que tu ne pouvais pas être plus vraie dans ce que tu venais de lui dire. C’était facile avec Rory, de ne pas trop te prendre au sérieux et de voir l’avenir sur une note plus positive. Auprès de lui, tu avais l’impression de retrouver des morceaux de la Penny d’avant et c’était une sensation qui te faisait du bien et tu ne pouvais t’empêcher de te demander s’il le voyait Rory, à quel point il t’était bénéfique, au travers de tout ça.

« Définitivement mieux, c’est clair. Et au bout de quelques lavages, tu verras, elle sera parfaitement à ta taille. » « Si je la lave à chaque jour pendant un an peut-être. » La veste ne serait jamais à ta taille et c’est probablement pour ça que tu ne voulais pas vraiment la lui rendre. Si elle aurait été utile pour passer incognito aujourd’hui, tu étais contente de savoir qu’elle reposait quelque part chez toi, l’odeur de Rory imprégné dans le tissus alors qu’elle représenterait éternellement cette nuit volée sur la plage de Los Angeles, cette nuit ou tout était redevenu comme avant, allant même jusqu’à transgressé cette ligne embrouillée depuis. Tu ne peux t’empêcher de sourire doucement au souvenir et tu te demandes s’il y pense, lui aussi. T’as jamais eu de mal à lire et à comprendre Rory par le passé, mais à ce niveau-là, t’as l’impression d’être dans le néant total. Serait-ce simplement parce que tu refuses de comprendre et de voir que tes sentiments ne sont pas réciproques? Possible après tout, c’est une réalité qui serait difficile à accepter même si tu t’y préparais depuis le moment même ou tu avais compris que tes sentiments avaient changé. Tu te concentrais sur l’essentiel : Rory faisait parti de ta vie. Et juste ça, c’était suffisant pour toi. « Ça, c’est pour que t’oublies jamais que je te manquerais, si j’existais pas. » Et puis il te dit des choses comme ça et ça te chavire complètement alors que tes yeux viennent trouver les siens dans un regard complice et tu en oublies tout de ce qui vous entoure. C’est déstabilisant, mais tu es rapidement forcée de te souvenir qu’on vous a vu et que l’heure est critique (ou pas vraiment, mais jouons le jeu.) La décision est prise de se rendre à la grande roue en espérant que le tour de quelques minutes suffisent à ce qu’on vous cherche sans vous trouver et que vous puissiez profiter du reste de cette journée sans avoir à constamment regarder par dessus votre épaule pour être sûrs de ne pas être suivis ou photographiés. Rory se prend au jeu de l’espion et tu ris de plus belle. « Je l’ai déjà fait, mais elle dit qu’ils ont toujours sélectionné que des anglais pour le rôle. Wendy dit que la question serait réglée si j’épousais une ressortissante britannique, mais y’a quand même des limites à ce que je suis prêt à faire. » Tu secoues la tête, toujours en fou rire devant l’anecdote raconté par Rory. Tu ne connaissais pas beaucoup la jeune sœur de Rory, bien que tu en avais beaucoup entendu parlé dans la dernière année, mais elle semblait être le genre de personnes avec une personnalité haute en couleurs et des idées bien farfelues. « Je comprends pas pourquoi tu ne trouves pas son idée alléchante. » que tu finis par dire entre deux fous rires alors que vos pas vous mènent jusqu’à la grande roue.

Tout va vite ensuite. La collision avec la blonde, les échanges multiples de regards entre elle et Rory, la jalousie qui pointe le bout de son nez malgré tout alors que tu fais de ton mieux pour paraître le plus neutre et le plus détendu possible. L’interaction n’est pas longue, une minute ou deux tout au plus, mais ça te paraît éternel alors que les yeux de la blonde ne quitte pas Rory un seul instant et cette impression de devenir invisible pendant quelques secondes te déplaît au plus haut point. Mais elle s’éclipse et c’est de nouveau Rory et toi seulement et tu respires un peu mieux quand ses yeux se posent à nouveau sur toi, un léger sourire vient habiter tes lèvres. « Je disais qu’on avait bien choisi notre moment, à cette heure-ci la plupart des gens sont partis déjeuner. » Tu hoches doucement la tête alors que vous arrivez à la très courte file de la grande roue. « J’ai eu de la chance qu’elle ait pas renversé son soda sur mon t-shirt, d’ailleurs. En plus, elle était plutôt sympa. » « Ça aurait été le meet-cute le plus cliché de l’univers, pire encore que la rencontre entre Annabel et Jake. » Tu tentes d’en rire. T’as pas envie qu’il l’a trouve sympa. T’as pas envie de savoir s’il l’a trouve jolie. T’as pas envie de savoir s’il pense à elle. T’as pas envie qu’il pense à elle tout court. Alors tu évites de commenter plus longuement à ce sujet, préférant laisser la blonde là ou elle est maintenant, loin derrière et i Ce n’est qu’une question de minute avant que vous ne soyez assis côte à côte dans la nacelle et bientôt, le sol se fait long alors que la vue sur la fête foraine se fait majestueuse. Tu n’avais pas vraiment eu l’occasion d’apprécier la vue lorsque tu t’étais retrouvée au sommet de la grande roue avec Halsey quelques jours plus tôt, mais tu avais bien l’intention d’en profiter aujourd’hui avec Rory. La guerre d’insultes n’était pas au programme, fort heureusement. Tu lui parles de Los Angeles, tâte un peu maladroitement le sujet alors que la réponse que t’offre Rory te surprend. « Des tas de choses, mais je crois que ça me manque tout particulièrement de plus partager un loft avec vous. » Ça te surprend d’autant plus parce que le premier mois n’a pas été de tout repos et que l’ambiance au loft n’avait rien de bien joviale à cause des frictions entre vous. Mais si tu devais te baser seulement sur les dernières semaines à Los Angeles, tu n’aurais d’autres choix que d’être d’accord avec lui. D’avoir Chloe, Victor et Rory sous le même toit, ça avait quelque chose de convivial, mais de rassurant surtout alors qu’il arrivait encore trop souvent que tes nuits soient parsemées de cauchemar tous reliées à Byers. « T’es pas d’accord? Je sais que c’était pas gagné d’avance, mais en fin de compte on prend goût au fait de manger des céréales à tous les repas et de se battre pour pas avoir à faire le ménage. » « J’te rappelle que Victoir et toi, vous nous devez toujours un repas. » Tu souris en repensant à cette discussion et cette proposition qui était un peu restée dans les airs sur la plage mais que tu n’avais pas oublié pour autant, même si tu doutais vraiment du jour ou Rory et Victor cuisineraient pour Chloe et toi. « C’est pas à toi que je vais l’apprendre, de nous deux c’est toi qui vis en colloc’ à l’année. J’espère qu’ils sont aussi fun et attentionnés que nous. Et qu’ils cuisinent mieux que moi. » « C’est pas très difficile ça. » que tu réponds en référence à sa dernière remarque. T’as jamais vu Yelahiah cuisiner jusqu’à maintenant, mais Haley est plutôt douée derrière les fourneaux. « Et que leurs goûts en matière de films tiennent la route. » « T’inquiète pas, je me charge de leur faire une éducation digne de ce nom. » Avec Haley du moins, qui se fait toujours un plaisir de faire une soirée cinéma avec toi. Il t’est impossible de parler pour le Parker de qui tu ne connais toujours pas grand-chose, sauf pour le fait qu’il semble extrêmement secret et qu’il n’est pas souvent là de ce que la rouquine t’a raconté. « Mais j’avais vraiment les meilleurs colocs à Los Angeles. » que tu rajoutes sans aucune subtilement alors que tu offres un énième sourire à Rory avant de reporter ton attention sur la ville qui s’étend sous tes yeux. Ce que tu as dis à la blonde était vrai après tout : Brisbane était vraiment belle vue de haut. Et encore plus belle avec Rory à tes côtés.