@victoire laclos
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Si tout se passait plutôt bien depuis le début de l’année en dépit d’un temps des fêtes majoritairement désastreux, il demeurait toujours une ombre sur un tableau qui aurait autrement eu l’air d’une année s’annonçant parfaite. Tu venais de terminer le tournage d’une série sur laquelle un maximum de promotion allait être fait pour ouvrir autant de visibilité et (espérons-le) de popularité que possible. Série qui était venue avec un gros chèque et un renouveau de passion pour ton métier, tout qui était passé si près de jeter la serviette à la fin de l’année dernière. Ta relation avec Rory avait repris sa forme d’origine, ou du moins, aussi proche que possible après tout ce qui s’était passé et tu tentais tant que possible de te concentrer sur le fait que si tout n’était pas clair en ce moment entre vous, au moins vous étiez à nouveau en mesure de vous parler et ça, c’était la seule chose qui importait réellement pour toi. En plus de tout ça, tu avais reçu un appel comme quoi tu avais été retenu pour le premier rôle dans un téléfilm filmé à Brisbane dans les prochains mois, ce qui voulait dire que tu n’avais pas besoin de retourner dans le processus parfois long et interminable des auditions, ton prochain job déjà tout prêt pour toi dès le début du mois de février. Qu’aurais-tu pu demander de plus, si ce n’est que la disparation complète de ce gros nuage au dessus de ta tête?

Tu avais beau vivre dans le déni autant que possible depuis que 2020 avait laissé place à 2021, te concentrant majoritairement sur le beau à défaut d’avoir regardé trop longuement tout le laid dans les derniers douze mois, tu savais que tu ne pouvais pas tout simplement prétendre éternellement que tout allait bien. Ça aurait été si simple si tu avais pu faire comme si ce qui était arrivé avec Byers n’était jamais arrivé. Les rumeurs commençaient finalement à se tasser, tu voyais une lumière au bout du tunnel et tu pourrais tourner la page et ne jamais dévoiler la blessure au grand jour. Tu pourrais, mais tu n’allais pas le faire. Parce que tu avais besoin de justice, pour guérir complètement, pour accepter le pire moment de ta vie et apprendre à composer avec plutôt que de le laisser te consommer en entier. Tu avais besoin que Byers paie pour ce qu’il avait fait, pour ce qu’il avait pris, à toi et à d’autres avant toi, tu n’en doutais pas le moindrement. Tu avais déjà un semi-plan, une semi-idée de comment tu allais procédé. Si tu tentais d’y penser le moins possible, tu perdais souvent quelques heures de sommeil chaque soir à te ressasser le tout quand ton monde arrêtait de bouger à toute vitesse et que tu n’avais plus d’autre choix que d’y penser. D’un côté, il y avait Victoire, ou Juliette, cette ancienne mannequin française, survivante elle aussi qui faisait ses recherches et tentait de trouver d’autres victimes de ton agresseur. De l’autre, tu avais demandé à Clyde de fouiller dans les rumeurs te concernant et celles concernant Rory et Byers aussi pour voir s’il ne serait pas en mesure de faire le puzzle par lui-même et comprendre pourquoi tu l’avais rejeté si agressivement, cette nuit-là. Et tu allais lui donner la une, quand la plainte serait faite. Tu voulais qu’il soit celui à couvrir l’évènement, tu ne faisais confiance à personne d’autre. Mais ce soir, c’est la première que tu retrouvais après plus de deux mois depuis votre première rencontre. Vous étiez restées en contact via quelques messages textes échangées ici et là au cours des semaines, sans que jamais tu ne lui demandes comment allait ses recherches, ni qu’elle ne t’offre aucune information à ce sujet-là. Tu préférais en parler de vive voix et avoir le temps de le faire plutôt que d’échanger sur ce sujet sensible et lourd entre deux prises sur le tournage de ta dernière série. Si tu étais censée retrouvée l’ancienne mannequin, c’est finalement sur un coin reculé de la plage que tu lui donnais rendez-vous, ton nouveau colocataire ayant décidé de coller et décidant de ne pas comprendre tes messages pourtant peu subtiles voulant à lui faire comprendre que tu voulais un peu d’espace. Tant pis. Le bout de plage était inconnu de 95% de la population de Brisbane, un vrai petit trésor sur terre que tu conservais avec adoration. Il y a un sourire qui apparaît sur ton visage lorsque tu aperçois la silhouette de la française au loin, même si tu ressens aussi une montée de nervosité. T’as peur de ce qu’elle va dire presque autant que de ce qu’elle va dire. Tu marches lentement en sa direction, il n’y a que vous deux sur la plage, comme la dernière fois. « Hey. Thanks for meeting me here. I know it’s not what we agreed on but I had to make a last minute change » Tu ne sais pas trop si tu es censée lui faire une accolade, lui tendre la main ou ne rien faire pour la saluer et te décide finalement à briser la distance entre vous alors que tes bras passent autour d’elle pour deux-trois secondes à peine. Ça fait partie de tes résolutions, avoir moins peur de la proximité. C’est pas encore cent pour cent naturel comme avant, mais tu y travailles fort. Tu te recules légèrement alors que dans le ciel, le soleil commence tranquillement à descendre. « I heard there’s gonna be fireworks on tonight. We’ll have a killer view here. And I promise you, no one knows about this part of the beach. » Ou du moins, c’est ce dont tu te convaincs. Si jamais on vous dérange, il y a toujours moyen d’aller chez elle au besoin. « How have you been? It’s been a while. »

Lightning up the sky

Feat @Penny Stringer

Deux mois plus tôt, Victoire et Penelope se rencontraient pour la première fois sur la plage. Par un pur hasard, à cause de la bêtise de Vic partie courir pieds nus, à moins que. A moins que ce ne soit le destin qui les ai réunies. Deux femmes blessées par un homme, traumatisées par un prédateur, deux survivantes qui avaient fini dans les bras l’une de l’autre après seulement quelques minutes de conversation. Ce jour-là, Victoire s’était engagée à aider Penny, à trouver d’autres victimes de Byers pour étoffer le dossier avant qu’une plainte ne soit officiellement déposée. Elle avait même dû combattre la réticence de la jeune femme et lui assurer qu’elle faisait ça également pour elle-même. Elle le pensait vraiment quand elle l’a dit, elle se sentait comme une guerrière enfin prête à retourner sur le champs de bataille dix ans plus tard, avec une meilleure stratégie cette fois-ci, une stratégie qui garantirait la victoire à son camps. Elle était prête à en découdre enfin.

Puis, une fois chez elle, face à son ordinateur, elle avait réalisé qu’elle n’avait aucune stratégie. Aucune idée de comment contacter ces actrices, encore moins de comment elle allait s’y prendre pour les faire parler d’un sujet aussi tabou sans que cela ne revienne aux oreilles de Byers. S’il apprenait que quelqu’un fouinait, il risquait de trouver un moyen de faire taire ses précédentes victimes, en les payant, les intimidant ou que sais-je encore… Il pourrait aussi bien détruire des preuves en apprenant qu’il risquait des poursuites et Victoire ne voulait pas être responsable d’avoir sabordé les chances de Penny d’obtenir une condamnation. Alors elle avait paniqué pendant une semaine entière, avait perdu tout de sa posture guerrière et de la combativité qui était réapparu en elle sur la plage face à l’actrice. Elle avait eu très envie de chercher la réponse au fond d’une bouteille cette semaine-là et elle s’était rendu compte qu’elle se mettait en danger, qu’elle était à un pas de foutre en l’air tous les progrès qu’elle avait fait jusqu’à présent, y compris sa sobriété. Mais elle n’avait pas cédé à ses angoisses, elle était plus forte maintenant, de jour en jour, et elle savait que ce qu’elle faisait était important. Pour Penny, pour elle, pour toutes les autres. Finalement, Victoire allait enfin rejoindre le mouvement Me Too, discrètement si possible, dans l’ombre tant qu’elle le pourrait, mais elle mettrait sa pierre à l’édifice. Il n’est peut-être pas trop tard.

Les semaines suivantes ont été intenses, Vic n’était pas exemptée de se rendre au travail et elle avait elle-même insisté auparavant pour faire des heures supplémentaires à la pâtisserie afin de rembourser ses dettes. Pour mener à bien sa mission, elle a cependant du lever le pied sur les heures de bénévolat dans l’association de lutte contre les violences faites aux enfants où elle est engagée. Elle a commencé par faire une liste des actrices qui ont joué les rôles principaux sur les films que Byers a produit sur ces dix dernières années. Puis, en ne sachant toujours pas ce qu’elle allait leur dire, elle a commencé à récupérer leurs contacts. Autant dire qu’elle n’en a pas trouvé beaucoup, elle a fouillé internet, passé des coups de fil en se faisant passer pour une jeune scénariste voulant échanger avec l’actrice au sujet d’un projet de film, bien souvent elle n’obtenait rien, seulement qu’on lui raccroche au nez, au mieux un mail de contact, parfois le numéro de leur agent… Mais elle se serait fait griller en deux secondes par un agent au téléphone, elle n’y connaît rien aux scenarios, aux films, à l’industrie du cinéma de manière générale. Elle a bien posé quelques questions à Penny par sms, mais elle n’a pas voulu la mitrailler de messages au risque qu’elle regrette de lui avoir laissé une telle responsabilité, qu’elle se rende compte que Vic n’est capable de l’aider, qu’elle ne lui servira à rien. Alors entre deux moments de découragement et d’autodépréciation, Vic a fini par envoyer une vingtaine de mails en tout à ces actrices. En espérant que c’est elle qui consulteraient ces boîtes de messagerie et que son message serait lu un jour ou l’autre. Elle a longuement réfléchi à la façon d’aborder ces actrices, elle s’est imaginée recevant un mail à l’époque où elle n’avait pas dénoncé Riddle, elle essaya de se demander ce qui l’aurait convaincue de dire la vérité, de rejoindre un recours collectif, de sortir de son silence. Puis elle décida de ne pas citer Byers pour que cela ne lui revienne pas aux oreilles. Une fois une adresse e-mail anonyme créée, une protection probablement illusoire mais qui la rassura, elle envoya les mails un à un, en personnalisant l’entête. Elle rédigea le mail comme si c’était Penny qui parlait, elle utilisa la première personne du singulier afin d’essayer de toucher les lectrices, de les impliquer personnellement.

Le mail:

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Cela fait deux mois qu’elles ne se sont pas vues en personne, elles devaient se voir à l’abri du regard entre les murs de la maison de l’actrice mais c’est finalement sur la plage qu’elles se retrouvent à nouveau. Comme un clin d’œil à leur rencontre rocambolesque. Une rencontre qui, en plus d’avoir donné à Victoire une mission qui l’a autant stressée que stimulée, a laissé la Française rêveuse et troublée. Elle a de nombreuses fois souhaité sentir la peau douce de Penny contre elle, pouvoir enfouir son visage dans sa chevelure blonde, se retrouver contre elle à nouveau et se sentir capable d’être elle-même, d’être Juliette et Victoire à la fois, d’arrêter de se cacher et de mentir au monde entier. Alors, la voilà qui suit les indications que lui a données l’actrice pour rejoindre un coin reculé de la plage. Cette fois-ci, elle a des chaussures, une simple paire baskets blanches, elle porte un jean simple et un tee-shirt noir, elle n’a pas perdu l’habitude de toujours se vêtir de façon passe-partout. Même alors qu’elle voudrait séduire Penny, elle n’est toujours pas assez à l’aise pour sortir de chez elle en robe ou en décolleté révélateur. Dès qu’elle aperçoit Penny qui l’attend, le cœur de Vic s’emballe, elle sent sa gorge s’assécher et sa mâchoire se serrer de stress. Ce rendez-vous a été fixé pour que Victoire partage avec Penny les avancées de ses recherches mais pour l’ancienne mannequin cela ressemble bien plus à un rencard romantique sur la plage.

Penny s’approche et la remercie : « Hey. Thanks for meeting me here. I know it’s not what we agreed on but I had to make a last minute change » Le risque qu’elles soient poursuivies par des paparazzis ici paraît grand à Victoire, mais elle affiche un sourire légèrement crispé en faisant un geste désinvolte de la main : « Hey. No problem, it’s great here... » Et les voilà toutes deux face à face, Vic a envie de lui faire la bise, vieux réflexe de sa culture française qui lui donnerait une chance de sentir sa joue contre la sienne. Mais elle ne sait pas si leur relation est assez intime pour cela. Avant qu’elle n’ait eu le temps de prendre une décision, l’actrice l’entoure de ses bras et Vic est surprise mais comblée. Un vrai sourire s’affiche sur ses lèvres alors qu’elle se détend pendant les quelques secondes que cette accolade dure. Elles se séparent et Vic replace ses bras le long du corps en essayant d’avoir l’air naturelle. « I heard there’s gonna be fireworks on tonight. We’ll have a killer view here. And I promise you, no one knows about this part of the beach. » Des feux d’artifice sur la plage, elle l’a emmenée ici pour qu’elles regardent les feux d’artifice ensemble ? Le cœur de Victoire fait encore un bond dans sa poitrine et l’espoir de jours heureux l’étreint, et sa raison a beau lui hurler de ne pas s’emballer, Vic ne veut pas l’entendre. « Wow, yeah… It sure will be breathtaking from this point of view... » Son regard se perd un instant sur les flots sombres sur lesquels se reflète le soleil rouge qui disparaîtra d’ici quelques minutes. Un coucher de soleil sur la plage et des feux d’artifices, y a-t-il plus cliché en terme de romantisme ? Probablement pas, mais Vic en est toute émue, elle n’a jamais eu de véritable rendez-vous romantique, elle n’a jamais partagé un coucher de soleil sur une plage avec quelqu’un qui fait battre son coeur. Calm the fuck down, Juliette. She’s not your Romeo, it’s a regular meeting, nothing else. You’re here to bring her up to speed on your researchs, that’s all!. La voix dans son crâne essaye de la préserver, de lui éviter de voir ses espoirs réduits à néant, de faire taire ces sentiments qui finiront probablement par lui briser le cœur, comme toujours. Vic l’ignore mais essaye cependant de reprendre ses esprits en scrutant la plage dans ses moindres recoins en tournant sur elle-même : « You’re positive you’ve not been followed by paparazzis ? You’ve been cautious, right ? » Elle ne voit personne à l’horizon mais ces photographes sont de vrais serpents, ils savent se faire discret et bientôt la nuit rendra les environs  bien plus difficiles à surveiller. Vic a beau avoir plus ou moins consciemment accepté que tout ceci finira par lui faire perdre son anonymat tôt ou tard, elle n’est pas pressée que cela arrive.

« How have you been? It’s been a while. » « Busy mostly... » mais elle sait que ce n’est pas cela que lui demande la jeune femme, alors elle enchaîne avec un mince sourire : « I’m fine, don’t worry. And you ? Are you holding up ? » Elle a envie de lui dire qu’elle a l’air d’aller bien, qu’elle est belle avec sa nouvelle couleur de cheveux, mais elle ne dit rien de tout ça. A la place, elle observe le sable encore chaud de la journée et s’imagine s’y asseoir avec Penny épaule contre épaule et leurs doigts s’entrelacer sous les éclairs lumineux des feux d’artifices. Elle se sent obligée de rompre le silence comme si Penny risquait de lire dans ses pensées s’il n’y avait plus un bruit, elle commence à fouiller dans son grand sac à main rouge et en sort un foulard : « I nearly forgot to bring it back to you. It’s clean, thank you for... » Elle hésite un peu, sa voix tremble légèrement, elle ne sait pas vraiment de quoi elle doit la remercier, de l’avoir aidée avec son pied? De l’avoir libérée de son anonymat ? De lui avoir raconté son histoire ou d’avoir accueilli la sienne ? De l’avoir serrée dans ses bras ? De l’avoir comprise ? D’avoir réveillé en elle l’espoir et la combativité ? « … Well you know… Thanks for all of it. » Et elle lui tend son foulard qui était originellement plié mais qui a fini en boule dans le sac de la pâtissière. Cet énorme sac où se trouve également la chemise cartonnée contenant les imprimés des mails qu’elle veut montrer à l’actrice.

D’ailleurs, il est peut-être l’heure de rentrer dans le vif du sujet et Vic attrape la chemise en question qu’elle serre contre elle avec une montée de stress soudaine. Elle n’a pas obtenu grand-chose, rien qui ne va changer la donne en un claquement de doigt, peut-être que Penny va être déçue, elle n’aurait pas du lui dire qu’elle avait fait des progrès, qu’elle avait des choses à lui montrer. « Do we sit ? » Elle baisse les yeux et commence à se justifier, à minimiser ses découvertes : « I know I told you I’ve gotten some results... But I may have oversold it, it’s nothing really… I mostly failed... » Et elle lui tend le dossier en s’asseyant dans le sable, s’arrangeant pour s’installer proche de Penny, afin de lire par dessus son épaule, mais surtout de sentir la chaleur de sa présence irradier contre sa propre peau. « It starts with the list of actresses of which I tried to get the contact info. ». Presque une centaine de noms s’étalent sur le premier document que verra Penny quand elle ouvrira le dossier. A côté de chaque nom, des annotations faîtes à la main, avec les sites vérifiés, les annuaires consultés, les coups de fil passés et les informations obtenues. Le document d’en dessous réuni la vingtaine d’actrices contactées finalement par mail. Ensuite, il y a le modèle de mail qu’elle a envoyé, elle espère que Penny ne trouvera pas que sa formulation était inappropriée ou carrément inconsciente. Pour finir il y a les deux réponses qu’elle a reçues, Vic ne sait pas qui lui a répondu car les deux personnes qui lui ont écrit l’ont fait par une adresse anonyme également, elles font partie de la liste assurément, à moins qu’on leur ai transféré le mail, en tous cas, elles préfèrent pour l’instant rester dans l’ombre et Vic ne peut que les comprendre. Mais dans leurs mails, elles racontent ce qui leur ai arrivé, leur agression et l’une d’entre elles cite même Byers. Celle-ci est plus virulente dans ses mots, elle le dit : elle veut qu’il soit traîné dans la boue et que la justice le condamne pour ce qu’il lui a fait. C’est probablement la meilleure piste de Vic mais pour le moment elle n’a pas répondu au deuxième mail de Vic qui lui propose de participer à un recours collectif contre lui. Vic se dit qu’elle a peut-être été trop vite, qu’elle l’a peut-être effrayée pour toujours, qu’elle s’est emballée encore une fois et qu’elle a tout gâché. Elle retient sa respiration en attendant que Penelope consulte les documents et donne son avis. Peut-être qu’il était trop tôt pour convoquer cette réunion, mais elle n’avait pas pu résister, elle voulait lui raconter tout cela et par dessus tout, elle voulait la voir à nouveau.

Spoiler:

@victoire laclos
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Si tu sais que la plage n’est pas l’endroit le plus sûr pour ne pas être dérangé, il y a quand même quelque chose de calmant à avoir les pieds dans le sable alors que tu commences légèrement à stresser à l’idée de revoir Victoire. Tu stresses à l’idée de savoir ce qu’elle a pu trouver, ou pire encore, de savoir ce qu’elle n’a pas trouver. Tu as peur des histoires qu’elle va peut-être te raconter, nerveuse à l’idée qu’il puisse y avoir beaucoup de victimes avant toi, peut-être même quelques unes après toi. C’est que tu paniquerais presque rien qu’à l’idée que ton silence ait pu faire souffrir une autre fille, mais il y a le bruit des vagues qui t’apaise, le sable qui te ground alors que l’envie de fuir est éternellement présente. La vérité est dure à voir en pleine face et tu le sais que quand elle va arriver, la blonde, elle va t’en verser une grosse dose dessus et tu sais pas à quel point t’es prête à gérer avec tout ça. Tu sais que tu n’as pas d’autre choix toutefois, que le temps presse maintenant plus que jamais, que pour continuer d’avancer dans la bonne direction, pour continuer d’aller de l’avant, il te faut faire face à tous ses démons qui t’ont gardé paralysée trop longtemps. Tu souris quand elle arrive finalement, Victoire et tu te demandes si elle est nerveuse elle aussi, face à cette rencontre. « Hey. No problem, it’s great here... » Même si elle t’avait rassuré par message texte que le changement de location ne l’a gênait pas, tu es rassurée de l’entendre de sa bouche et tu fais ton possible pour rester calme après cette courte accolade qui semble bien reçue par l’ancienne mannequin. Tu te demandes si pour elle aussi, chaque main sur son corps est synonyme de douleur ou bien si ça s’est estompé, avec le temps. Tu ne lui demandes pas toutefois, préfère garder l’introduction aussi légère que possible sachant très bien que ça ne durerait pas bien longtemps. « Wow, yeah… It sure will be breathtaking from this point of view. » Tu souris, contente qu’elle semble apprécier l’endroit autant que toi. Tu ne réalises pas de quoi ça a vraiment l’air tout ça, la plage et les feux d’artifices, toujours trop concentrée sur le point central de ce rendez-vous clandestin. T’as l’esprit floué par Byers et les souvenirs encore trop vifs et douloureux dans ta tête. « You’re positive you’ve not been followed by paparazzis? You’ve been cautious, right? » T’es sur le point de lâcher un commentaire sarcastique comme quoi tu en es pas à ta première sortie que tu tentes de garder privée, mais tu te retiens, te souvenant que Victoire ne te connaît pas beaucoup et qu’au vu de son passé, il est normal qu’elle souhaite s’assurer de ta vigilance, ce soir plus que jamais. « Yes, I’ve taken every precaution possible. Don’t worry. » Tu te veux réconfortante, rassurante autant que possible parce que tu sais qu’elle aurait pu refuser Victoire, de te voir ici. Qu’elle joue beaucoup de te voir alors qu’elle sait que tu attires l’attention plus souvent qu’autrement. Mais pas ce soir, t’es confiante que tu as fait tout ce qu’il fallait pour éviter le pire. Vous seriez tranquilles.

« Busy, mostly... » Et tu ne peux t’empêcher de te demander si c’est une bonne ou une mauvaise chose, que la blonde ait été si occupée. Est-ce qu’elle a ressenti le besoin de s’activer plus que d’habitude à cause de toi, à cause de ce que tu as fait remonter à la surface? Est-ce que l’aide qu’elle t’a décidé de t’offrir lui a bouffé beaucoup de son temps et elle n’ose pas te le dire? « I’m fine, don’t worry. And you, are you holding up? » Tu souffles d’un léger soulagement alors qu’elle vient apporter cette précision et tu hoches la tête à ton tour. « I’ve been okay. Better, I think. » Du moins, depuis que la nouvelle année a commencé. Si tu sais que les prochains mois s’annoncent difficiles, tu te sens tout de même un peu plus légère de savoir que la vérité est bientôt sur le point de se faire savoir. Tu ne peux contrôler ce que les gens vont croire, tu ne peux contrôler ce que la justice va faire de ce cas, mais au moins, tu regagnes du contrôle là ou tu le peux en choisissant quand et comment la nouvelle sortirait dans les médias. Tu avais au moins réussi à garder un semblant de pouvoir sur ça pendant presque un an et même si les rumeurs se rapprochaient de plus en plus de la vérité, tu ne pouvais qu’être contente d’avoir encore ça pour toi. Victoire fouille dans son sac et tu souris tendrement lorsqu’elle te tend ton foulard, celui que tu as utilisé sur son pied deux mois plus tôt, lors de sa course improvisée sur la plage. « I nearly forgot to bring it back to you. It’s clean, thank you for... » Tes yeux passent du foulard que tu prends jusqu’à son visage alors qu’elle semble hésitante sur la fin de sa phrase. « .. Well you know… Thanks for all of it. » « You don’t have to thank me. » que tu lui rassures instantanément parce que t’as pas l’impression de l’avoir aidé à quoique ce soit, cette nuit-là, si ce n’est que d’éviter une infection pour sa coupure. Pour le reste, t’es encore en train de débattre si t’es en train de l’aider ou plutôt en train de lui dire. « You didn’t have to do that. » que tu dis alors que tu viens placer le foulard dont les tâches de sang ont complètement disparu dans ton sac. « I told you, I have like a dozen more at home. » Et encore, c’était sans doute bien plus même. « But thank you. »

Le soleil continue sa course contre lui-même dans le ciel dont les teintes semblent changées minute après minute, des tons tantôt orangés et tantôt rosés se font voir alors que Victoire et toi tentez doucement de vous mettre à l’aise l’une avec l’autre. Assez confortable pour finalement entrer dans le vif du sujet alors qu’elle sort une épaisse chemise de son sac que tu devines être le fruit de son travail des dernières semaines. Elle t’a dit avoir obtenu des résultats et tout de suite, tu sens la nervosité remontée en flèche. « Do we sit? » Oh. Oui, c’est sans doute une meilleure idée que de rester planter là l’une devant l’autre sans trop savoir quoi faire de vos corps. « Sure. » Tu sors de ton sac une longue et large serviette de plage qui devrait vous donner assez de place pour y être confortable toutes les deux. Tu l’étends devant toi et t’y installes, faisant signe à Victoire de venir s’asseoir à côté de toi. « I know I told you I’ve gotten some results… But I may have oversold it, it’s nothing really… I mostly failed... » Tu fronces des sourcils légèrement, tu n’as qu’à voir l’épaisseur de la chemise pour savoir qu’elle ne peut pas avoir complètement raté sa mission comme elle semble te le dire. Et puis tu n’avais pas d’attentes face à ça, face à ce qu’elle pourrait trouver donc pour toi, toute nouvelle information ne pouvait qu’être pertinente. « It looks like you’ve got a little more than nothing.. » que tu lui dis sur un ton que tu espères doux et taquin à la fois, qui saura lui faire comprendre que tu n’avais aucune attente que toute trouvaille saura te satisfaire. Elle te tend finalement la chemise et tu attends quelques secondes avant de l’ouvrir, laissant ton regard passé de la jeune femme jusqu’aux papiers entre des doigts à quelques reprises avant finalement laisser ton regard se perdre sur la chemise que tu découvres. « It starts with the list of actresses of which I tried to get the contact info... » Sur la première feuille se dresse une liste d’une centaine de noms, certains que tu reconnais avec facilité, d’autres qui te semblent familiers et puis ceux qui ne te disent pas grand-chose. Quelques uns ont des informations à côté, d’autres sont laisser blancs alors que les tentatives de les rejoindre n’ont sans doute pas été fructueuses pour l’ancienne mannequin. Ton coeur s’arrête quelques secondes à la simple idée que Byers ait pu faire du mal à chacune d’entre elles, ces actrices qui sont passées entre ces mains à un moment ou un autre. Tu tournes la page, voit une liste exhaustive de toutes celles dont elle a réussi à trouver les informations et le modèle de e-mail qu’elle leur a envoyé et c’est quand tu aperçois qu’elle a reçu des réponses que tu souffles finalement. Ça te brise le coeur et te soulage en même temps, dans un tourbillon d’émotions contradictoires que de réaliser qu’il y a des chances pour que ton histoire soit plus crédible si tu n’es pas la seule. « Vic, I... » Les mots te manquent alors que tu lis le second témoignage, celui dans lequel le nom de Byers est cité. « This is a lot more than nothing. This is huge. » Tu passes une main dans tes cheveux, tentant de contenir au mieux toutes les émotions et toutes les pensées qui s’empilaient dans ton coeur et dans ton esprit. « You must have spent days just trying to find all the contact info. This is incredible work Vic, really. » Et tu le penses sincèrement. T’es pas certaine que t’aurais eu la patience ni le courage de te lancer dans une telle tâche, alors qu’elle le fasse pour toi, alors que tu n’es rien de plus qu’une étrangère pour elle, ça te touche plus que tu n’es en mesure de lui faire comprendre. « I still can’t believe you would do all of that... » que tu souffles, déposant tout le dossier devant toi. « And I can’t believe there’s someone out there, with a story so similar to mine… » Tu pinces les lèvres, t’as pas envie de faire un remake de votre scène sur la plage la dernière fois, même si c’est plus difficile que tu ne le pensais de rester en contrôle de tes émotions. « I just hope this wasn’t too triggering.. for you. » Parce que juste de le voir, de le lire, ce l’est pour toi.

@victoire laclos
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Il n’existait pas vraiment de terme pour expliquer la relation qui t’unissait désormais à l’ancienne mannequin. Ce n’était que la deuxième fois que tu avais l’occasion de la voir en face à face et à l’exception de quelques messages envoyés dans le cours des derniers mois, tu n’avais pas eu la chance d’apprendre à la connaître bien plus que ce que tu avais lu sur elle lors de tes recherches, de longues semaines auparavant. Mais malgré le fait que tu ne savais pas grand-chose sur elle, vous étiez désormais liées de par vos secrets respectifs, de par ce passé commun et traumatique que vous portiez toutes les deux sur vos épaules. Elle te comprenait Victoire, et tu la comprenais en retour d’une manière dont peu de monde pouvait saisir la complexité. Tu demeurais nerveuse toutefois de la revoir, nerveuse de savoir ce qu’elle avait bien pu trouver comme informations sur Byers pendant les derniers mois, nerveuse que les larmes soient encore au rendez-vous ce soir, comme elles l’avaient maladroitement été lors de votre première rencontre. Si tu n’avais pas peur de te montrer à nouveau vulnérable devant la blonde, tu préférais toutefois éviter un surplus d’émotions que vous aviez toutes deux du mal à gérer, bien que ce soit complètement compréhensible de ton côté comme du sien. Mais elle est là devant toi et tu parviens à lui sourire sincèrement. Elle est là devant toi et tu aurais presque l’impression de retrouver une vieille amie. Peut-être que c’est de connaître sa vraie identité qui te donne l’impression que vous êtes plus proches que vous ne l’êtes vraiment, tu ne saurais dire. Ce serait mentir de dire qu’il n’y a pas une touche de malaise et d’insécurité entre vous deux alors que vous cherchez clairement toutes les deux la meilleure manière d’agir avec l’autre, mais tu oses vraiment croire que ça semblera plus naturel au cours de la soirée. Elle te rend ton foulard et tu le mets dans ton sac, surprise qu’elle se soit donnée tout ce trouble à faire partir les tâches de sang. « It’s yours. Maybe you’ll save someone else from bleeding out with this one… Who knows. » « Maybe I should always keep it close in case someone else decides to have a barefoot run in the middle of the night. » Tu ris doucement, tu ne crois pas vraiment que quelqu’un d’autre pourrait avoir une idée aussi farfelue que celle-là, même si tu te dis qu’au final, ce sera cette petite blessure qui aura permise une rencontre qui aura sans aucun doute une grande incidence sur la suite de l’affaire Byers.

Byers qui se fait rapidement une place entre vous deux alors que vous vous installez sur la serviette de plage, dossier dans les mains. Elle est nerveuse de te montrer son travail et tu es nerveuse de voir ce qu’elle a trouvé. Le dossier est épais toutefois et chaque nouvelle pièce d’information te coupe légèrement le souffle. Elle a fait un travail de fou et tu ne reviens pas de toutes les personnes qu’elle a tenté de contacter, de tous les noms qui s’étendent sur les feuilles. Tu restes choquée plus que tout qu’elle est reçue des réponses en retour. Des réponses anonymes certes, mais des réponses quand même. Des filles quelque part qui ont elle aussi vécu un abus de la part du réalisateur connu. Ton coeur se serre alors que tu assimiles lentement chaque nouveauté, encore sous le choc de réaliser l’ampleur de ce que Victoire a fait pendant les deux derniers mois. « Really? » Tu hoches la tête, les yeux qui ne quittent pas les différentes feuilles, le coeur qui cogne encore trop fort contre ta poitrine alors que tu tentes de penser à ce que tu dois faire de tout ça pour la suite. Le mieux est sans aucun doute de conserver le dossier et de tout rendre à Clyde, une fois que tu auras fait ta plainte en bonne et due forme et que tu seras prête à ce qu’il ait de l’avant avec la nouvelle. Tout approche à une vitesse folle et si tu sens la panique montée, tu décides de tourner ton regard vers Victoire et de te concentrer sur les traits de son visage pour ne pas laisser l’émotion t’envahir de manière trop brusque. « It was nothing really... » Tu secoues la tête. « This is everything. » It really is. Elle a peut-être l’impression de ne pas avoir obtenu beaucoup de retour pour tout ce qu’elle a dû envoyer, mais le simple fait d’avoir d’autres témoignages prouvent pour toi qu’une fois que tu vas avoir le premier pas, le plus dur, tu risques d’être suivie. Tu penses à Chloe d’ailleurs et tu te demandes si elle oserait le dénoncer Byers, si elle savait tout ce que tu prépares. « And actually… I don’t know who they are, this is probably useless… They didn’t respond to my second email, I may have ruined everything... » Ta main vient se poser instinctivement sur la sienne alors que tu tentes de l’arrêter dans sa dépréciation. « No, not at all. If anything, maybe it will make them more likely to come forward after I put in a formal complaint... » C’était la première fois que tu lui disais de manière claire et précise que tu avais l’intention de faire une plainte contre Byers. Tu voulais qu’elle sache à quel point tout ce qu’elle avait ne serait pas perdu, peu importe si c’est les seules réponses qu’elle reçoit ou non.

« You deserve it, Penelope. You shouldn’t go through this alone... » Tu n’étais pas seule, tu ne l’avais jamais vraiment été puisque Rory avait été là du début jusqu’à la fin, t’appuyant et te supportant comme personne d’autre. Mais Rory ne pouvait pas comprendre, pas comme Victoire et ta main qui est toujours sur la sienne vient légèrement serrée ses doigts alors que tu lui offres un autre sourire. Tu penses encore à ces deux témoignages anonymes, à ces filles quelque part qui elles aussi ont souffert et souffrent peut-être encore à cause de Byers et ça te chamboule complètement. Tu t’accroches à Victoire dans le moment, et elle le sent la française alors que sa main vient se poser sur ton épaule. « You’re not alone. » « Thank you. For everything. » Tu pinces les lèvres légèrement, te retient pour ne pas laisser ta vulnérabilité prendre le dessus alors que tes yeux ne lâchent pas les siens pendant quelques secondes, là ou tu trouves plus de courage que tu ne croyais possible. Elle est forte Victoire, tu te demandes si elle réalise à quel point tout ce qu’elle a pu faire pour toi jusqu’à maintenant démontre un courage incroyable, elle qui risque sa propre santé mentale pour toi, chose que tu peines à comprendre. « It was, but I’m managing it much better now. I finally found a good therapist, I’m getting better… And you will too. » Tu voulais y croire. Tu voulais croire qu’une fois la plainte et le procès derrière toi (même si ça risquait de prendre des mois, peut-être même des années), tu arriverais à finalement mettre Byers derrière toi tout en pouvant continuer de faire ce que tu aimes : être devant la caméra. Rien n’était sûr encore et si tu paniquais souvent à penser aux différents outcomes de ta plainte, tu avais envie de rester positive ce soir, face à tout ce que Victoire avait pu trouver. « I’m really happy to hear. It makes me feel a lot better knowing it wasn’t too much on you... » Tu t’en serais définitivement voulue si ça avait été difficile sur Victoire, mais elle semblait bien, réellement. Elle se retourne et sort quelque chose de son sac et il y a tout de suite un sourire qui se place quand tu remarques la boîte qu’elle tient entre ses mains. Tu reconnais d’ailleurs l’effigie d’une pâtisserie de la ville que tu adores. « I know you’re probably watching your weight, but there is no better comfort than food, trust me. » « Oh my god, is that where you work? I love this bakery! » que tu lui dis en pointant la boîte qu’elle ouvre finalement pour laisser voir quatre pâtisseries différentes. Tout à l’air délicieux, tu n’as jamais été la meilleure pour faire des choix. « Take your pick. » Tu hésites pendant quelques secondes avant de finalement choisir l’éclair. « Did you make these? » que tu lui demandes, même si tu es presque certaine de connaître la réponse à ta question. Tu prends une bouchée de l’éclair, surprise d’y découvrir le goût du café, ce qui ne rend la pâtisserie qu’encore meilleure à tes yeux. « This is amazing. » que tu soupires entre deux bouchées, plaçant une main devant ta bouche pour ne pas paraître malpolie à parler la bouche pleine. Tu finis d’ailleurs l’éclair en un temps record, la gourmandise ayant définitivement eu le meilleur de toi alors que la pression semble aussi retombée maintenant que le dossier a été vu. « I have such a sweet tooth. My trainer would probably kill me for even considering taking more. » Mais elle te fait de l’oeil, la tartelette. « What’s your favorite thing to bake? » que tu lui demandes, sincèrement curieuse. T’as pas vraiment envie de ressasser Byers et ton agression toute la soirée, préférant profiter du moment pour apprendre à connaître la blonde qui t’aura été d’une grande aide.

@victoire laclos
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Il n’y a pas d’endroit ou tu te sens mieux que la plage. C’est quelque chose de clair et précis dans ton esprit. Sur la plage, tous les maux semblent moins douloureux. Quand tu sens le sable sous tes pieds, t’es capable de te recentrer. Quand il y a l’odeur de la mer à proximité, t’es capable de te concentrer sur ça et seulement ça et tout le reste te semble éphémère et sans grande importance. Quand tu te retrouves porter par les vagues, t’oublies toutes les douleurs du monde tellement l’océan t’accueille avec douceur et facilité dans ses bras. C’est rassurant pour toi d’être ici ce soir alors que Victoire se prépare à te montrer tout le travail qu’elle a fait dans les deux derniers mois pour toi. Sur la plage, tu te sens confortable, assez pour faire face même aux pires nouvelles, non pas que tu penses qu’elle a de mauvaises nouvelles pour toi la française, au contraire. Elle semblait plutôt positive dans ses derniers messages textes et t’as espoir que tout va bien se passer ce soir, même si ce n’est pas exactement ce qui était prévu au départ. Tout coule aisément entre Victoire et toi, avec une facilité presque déconcertante alors que tu ne remarques pas que son regard a ton égard a changé légèrement, que ses yeux s’accrochent un peu plus longtemps au tien, que ses sourires sont plus doux que ceux que l’on réserve normalement à quelqu’un qu’on ne connaît presque pas. Tu ne vois pas Penny, simplement contente de te retrouver avec quelqu’un qui te comprend sans même te connaître, voyant ainsi cette opportunité comme une chance nouvelle de faire le point sur ses recherches oui, mais aussi d’apprendre à la connaître un peu plus, en dehors de votre traumatisme commun. Tu l’as taquine et si tu ne vois pas les regards, tu vois le rouge sur ses joues et tu ne peux t’empêcher de t’en vouloir un peu de la gênée ainsi. « Yes, I didn’t really think it through that night, right? » Tu secoues doucement la tête. « I’m just teasing.I love being barefoot on the beach too to be honest. » Tu en profites d’ailleurs pour enlever tes sandales, profitant à nouveau de cette sensation familière qu’est le sable entre tes orteils.

C’est léger encore, mais tu sais que ça ne peut le rester alors que vous vous installez l’une à côté de l’autre, prête à plonger dans les résultats. T’es nerveuse, elle semble l’être aussi et tu te demandes pourquoi. Tu espères que tu ne lui as pas donné l’impression que tu avais de grandes attentes face aux recherches. Tu es tellement reconnaissante que peu importe le résultat, tu veux vraiment qu’elle sache que chaque effort est apprécié et que chaque contact est un pas de plus vers la vérité. Tes yeux parcourent toutes les informations et c’est beaucoup à prendre d’un coup. Tu ne sais pas trop combien de temps vous restez là silencieuse, toi à lire tous les documents, elle à te regarder faire, mais chaque fois que tu te retournes vers elle, il y a un peu plus d’admiration dans ton regard alors que tu peines à croire qu’elle ait pu faire tout ça pour toi. Elle ne semble pas te croire quand tu lui confirmes à maintes reprises que tout ce travail est incroyable alors tu continues de lui dire et tu vas continuer de le faire jusqu’à ce qu’elle t’entende, jusqu’à ce qu’elle te croit. Tu lui parles de la plainte, elle ne semble pas vraiment comprendre ce que tu sous-entends, toujours peu convaincue que les multiples documents sous tes yeux puissent être utiles à quoique ce soit. « Maybe, I guess… » « Trust me. This will be useful I’m sure. I’m thinking of doing it soon... » La plainte. Tu reviens à la plainte à défaut de pouvoir parler plus en profondeur de ses recherches et des résultats. La plainte elle arrive. La plainte, elle va être le début de long mois. La balance qui peut partir d’un côté comme de l’autre. Tu as peur, tu es terrifiée d’aller au bout des choses mais tu sais que c’est la seule suite possible. Tu ne peux pas vivre plus longtemps avec le secret et surtout, tu ne peux pas vivre plus longtemps sans savoir si Byers est en train de faire du mal à une autre fille quelque part. Tu l’as remercies encore et encore. Tes doigts qui trouvent les siens dans un geste que tu souhaites aussi rassurant pour elle que pour toi. Si tu prenais deux secondes pour la regarder vraiment, peut-être que tu verrais. Si tu prenais deux secondes pour réaliser pleinement ce qui se passe, peut-être que tu comprendrais. Peut-être que tu sentirais le tremblement de ses doigts contre les tiens. Peut-être que tu verrais les étincelles dans ses yeux. Peut-être que si tu prenais le temps d’analyser la situation, tu réaliserais à quel point vous êtes proches, que ses yeux sont fixés sur tes lèvres. Mais tu ne vois rien Penny. T’as la tête complètement ailleurs. Tu penses encore à Byers. Tu penses encore à Rory. Tu ne vois pas ce qu’il y a sous tes yeux. Si tu savais, si tu voyais, qu’est-ce que tu ferais de différent? Peut-être que tu ne mettrais pas ta main sur la sienne. Peut-être que tu imposerais un peu de distance entre vous. Peut-être que tu dirais quelque chose, juste pour briser le silence. Mais tu ne vois rien Penny alors que tu te recules, impose une distance que tu ne savais même pas nécessaire entre vous deux et la conversation bifurque vers autre chose, naturellement tu penses. T’es aveugle Penny.

« Yes, it is! » C’est complètement fou de réaliser que depuis plusieurs mois déjà, tu manges les pâtisseries de Victoire sans même le savoir. Tu n’y vas pas souvent, mais chaque fois que tu y vas, tu mets de longues minutes à savoir ce que tu vas choisir comme dessert sucré. T’aurais envie de partir avec le présentoir au grand complet. Tout a toujours l’air si bon et tu penses exactement la même chose de tous les desserts que Victoire présentent devant toi en ce moment. « Yes, all of it, I’m the only baker there since april, 2018. » Tu souris, toujours en grande réflexion à savoir quelle pâtisserie tu vas choisir. Tu les mangerais toute, mais tu sais que ce ne serait pas très raisonnable et puis, il faut bien que tu en laisses au moins une à la française qui a eu la gentillesse d’amener quelque chose alors que toi, tu es venue les mains complètement vides. « That must keep you super busy. » que tu dis, toujours incapable de décrocher ton regard de l’éclair au café qui se fait rapidement un chemin jusqu’à tes lèvres. Chaque bouchée est délicieuse et tu t’empresses de le faire comprendre à la blonde qui ne t’a toujours pas quitter des yeux, l’as-tu seulement remarquer Penny? Tu ne mets pas longtemps à engloutir l’éclair et ça ne prend que quelques secondes avant que ton regard ne dérive vers un autre dessert. T’as envie de tout manger, tu ne penses qu’avec ton estomac en ce moment et elle semble le voir Victoire alors qu’elle pousse la boîte sous ton nez, comme une vilaine tentatrice. « I won’t tell him if you don’t. » « Deal. » Et ça ne t’en prends pas plus avant de te décider d’attraper la tartelette et de l’emmener à tes lèvres aussi rapidement que tu l’as fait avec l’éclair. Tu ne mets pas longtemps avant de tout dévorer et tu réalises que tu as mangé deux desserts mais qu’elle n’a rien pris la blonde. « You’re not having anything? You really should because if I eat it all I’m going to feel so guilty. » Tu ris doucement alors que tu te retournes légèrement, le regard soudainement tourné vers le ciel qui se fait de plus en plus sombre, la lune haute dans le ciel et tu te doutes que les feux d’artifices doivent être sur le point de commencer. « Sincerely? Everything. I just love starting with some flour, eggs, fruits and chocolate and ending up with this... » « I swear, this is like magic. » Et tu le penses sincèrement. T’es capable de faire des desserts basiques, mais rien d’aussi élégant et délicieux que ce que Victoire est en mesure de créer, définitivement.

Il y a les premiers feux d’artifices qui éclatent dans le ciel et ça te surprend sur le coup, mais tu es tout de suite enchantée par le spectacle de couleur qui se défile sous tes yeux. Tu lèves la tête légèrement, complètement obnubilée. « Waow. » Tu souris de plus belle lorsque tu entends sa voix s’élever entre deux éclats de feux d’artifices mais tu ne quittes pas le ciel illuminé des yeux. Tu ne vois pas qu’elle s’est rapprochée Victoire, tu ne vois pas que son corps a fait disparaître les quelques centimètres qui vous séparaient jusqu’à maintenant. Et puis il y a sa main qui vient se placer dans ton cou, le contact de sa peau te surprend alors que ses doigts filent jusque dans tes cheveux et tu mets quelques secondes à comprendre ce qui se passe alors que son visage se rapproche immanquablement du tien, jusqu’au moment ou tu sens son souffle sur ton visage. La surprise te fige, sur place et ce serait tellement facile de briser la minime distance qui existe encore entre vos lèvres. Ce serait tellement facile de l’embrasser là tout de suite, de te laisser porter par le moment et si la Penny d’avant aurait agi sans penser, la Penny d’aujourd’hui elle, n’est pas capable de simplement se laisser aller. Dans un mouvement brusque, tu brises l’étreinte amorcée par Victoire, imposant une distance plus grande entre vous. Ton coeur s’emballe dans ta poitrine parce que tu n’as rien vu venir, mais la scène est pourtant au maximum de son romantisme et tu réalises finalement ce que tu as fait, ce que tu n’aurais sans doute pas dû faire. « Oh my god Vic, I’m so sorry... » que tu souffles, soudainement incertaine de la manière d’agir face à la jeune française. « You caught me by surprise I… I… » Tu quoi, Penny? Tu ne sais pas. T’as pas de mots. Tu veux pas lui faire mal, mais t’as l’impression qu’il est déjà trop tard pour ça. « I can’t... » Pourquoi? Pourquoi tu peux pas? T’as jamais eu de mal, avant. Mais tout est différent maintenant.

@victoire laclos
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« You’re so brave. » Tout de suite, tu secoues la tête à ses mots. Tu étais brave, avant. Tu n’avais peur de rien, avant. Tu mordais dans la vie, tu osais, rien ne pouvait t’arrêter. Depuis l’agression, tu es terrifiée. Terrifiée d’avancer, terrifiée de respirer, terrifiée de ressentir quoique ce soit de trop grand, de trop gros. Terrifiée de la vérité et terrifiée du mensonge aussi. Terrifiée de faire un faux pas alors que tu en as fais cent et plus encore depuis. Tu ne te sens pas brave du tout parce qu’avoir été brave, tu n’aurais pas attendu pratiquement un an avant même de considérer porter plainte. Tu aurais dénoncé Byers le soir même. Tu aurais fais bouger les choses bien avant. Tu ne te serais pas terrée dans ce trou dont tu peines encore à ressortir le trois quart du temps. Tu vas mieux, t’as repris la route des plateaux, ta vie ressemble sensiblement à ce qu’elle était, avant, mais au fond tu sais que ce n’est que parade et apparence la majorité du temps. Parce que tu figes encore quand un homme s’approche de trop près, parce que t’as mal quand on te touche sans t’avertir, parce que ça fait un an depuis la dernière fois que t’as été intime avec quelqu’un et que même si ce genre de rapprochements te manque atrocement, la simple idée de te retrouver aussi vulnérable devant quelqu’un te fait paniquer intérieurement. Alors non, tu n’es pas brave. Pas du tout même, t’es tout le contraire de brave. Mais tu ne dis rien, tu ne fais que rejeter l’énoncé d’un mouvement vif de la tête. « And you’re doing the right thing. Whatever happens I will be there for you if you need anything… Support, help, a shoulder to cry on… Never doubt it, ok? » Elle avait déjà été toutes ces choses en si peu de temps et tu avais pour elle une confiance pratiquement aveugle considérant que tu ne l’as connaissais presque pas. Elle avait su faire ses preuves toutefois, dans son silence face à ton secret, dans cette quête qu’elle avait mené à terme pour t’aider à obtenir justice autant pour toi que pour toutes celles qui ont été victime de cet homme, dans sa manière qu’elle avait eu de te laisser pleurer sans jugement alors qu’elle ne te connaissait pas et qu’elle ne te devait pas cette patience qu’elle continuait pourtant de te montrer ce soir encore. « Thank you so much. I’m so lucky I met you. » Tu le pensais sincèrement. Ce n’était qu’un coup de chance après tout, que l’ancienne mannequin se retrouve sur ta route ce soir-là. Un coup de chance qui faisait du bien, autant à elle qu’à toi, du moins pour le moment.

« Busy is nice, it’s perfect even. It keeps my mind off of things... » Tu hoches doucement la tête parce que tu comprends parfaitement ce que Victoire sous-entend. Toi aussi, tu gères mieux avec la vie quand tout va trop vite. Quand les projets s’accumulent, quand tu n’as pas vraiment le temps de t’arrêter pour penser à tes démons, ceux qui te suivent comme une ombre dont tu n’arriveras probablement jamais à te débarrasser complètement. Mais tu y travaillais, à ta manière. Elle aussi, de ce que tu comprenais. La terre n’arrêtait pas de tourner. Il fallait avancer, continuer, d’une façon ou d’une autre. Et vous pouviez compter l’une sur l’autre quand le poids des secrets et des regrets deviendraient trop lourd. C’était précieux, ça aussi. Elle t’offre des pâtisseries et tu ne sais pas résister à la tentation. Ça te fait vraiment plaisir qu’elle ait pensé à apporter un petit quelque chose de sucré, c’est clairement une distraction nécessaire après tout ce qui a été dit sur Byers. Elle ne prend rien et tu te sens mal d’être toute seule à manger les pâtisseries. « Yeah, nope… I’m not hungry at all right now... » Tu hoches doucement la tête et n’insiste pas plus que ça alors que tu finis ton deuxième dessert, essuyant tes doigts collant contre la serviette sous tes fesses alors que ton regard se retourne automatiquement vers le ciel qui commence à s’illuminer à coup de bruits sourds et d’éclats de couleurs qui te font sourire. T’as toujours aimé les feux d’artifices, de voir l’immensité du ciel s’illuminer de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel en un spectacle aussi bruyant que fascinant.

T’aurais dû t’en rendre compte, mais tu n’as rien vu venir quand elle s’est approchée de toi Victoire, quand ses doigts se glissent dans tes cheveux et que son visage s’approche du tien, un peu trop. Quand tu peux sentir son souffle sur tes lèvres et que pendant une seconde, tu envisages de briser la distance pour poser tes lèvres sur les siennes. Tu ne le fais pas toutefois, c’est primal comme réaction alors que tu ressens le besoin soudain d’imposer une distance entre vous deux. C’était trop, trop vite et elle se retrouve poussée à quelques mètres de toi le temps que tu reprennes ton souffle, le temps que tu te remettes les idées en place. Tu n’as jamais eu l’intention d’être si brusque en la repoussant, t’as arrêter de réfléchir pendant quelques secondes, c’était instinctif. Ton visage se décompose quand tu vois le sien, elle est blessée, ça se lit partout sur ses traits et tu peines à trouver les bons mots pour la rassurer. La situation n’a absolument rien de rassurant soudainement, ni pour elle, ni pour toi. Pas de bons mots pour t’excuser, la surprise qui t’habite, l’envie de fuir autant que l’envie de retourner deux minutes en arrière avant que tout ne change. Mais il te faudrait revenir bien loin que deux minutes en arrière, pas vrai Penny? Qu’est-ce que tu peux être aveugle quand tu veux. « No… Don’t… It’s me… I’m sorry... » Tu voudrais lui dire que ce n’est pas elle, que ce n’est pas grave, que tout va bien, mais ils restent coincés dans le fond de ta gorge, tous les mots que tu pourrais dire comme une tentative d’adoucir une situation qui est pleine d’un malaise nouveau entre vous. « Stop. It’s me, I’m so stupid... » « You’re not stupid! I just... » T’as juste rien vu venir des dizaines de signes qu’elle t’a pourtant lancé depuis le début de cette soirée. Si quelqu’un est stupide ici ce soir, c’est toi, pas elle. « Stop talking please. » Tu t’exécutes à défaut de savoir comment réagir autrement, les lèvres pincées et le regard qui cherche celui de Victoire qu’elle ne t’accorde pas alors qu’elle se lève, prête à fuir la scène. « I’m sorry, I have to go... » Les feux d’artifices continuent d’éclater dans le ciel, mais tu ne vois plus rien des couleurs, tu n’as d’yeux que pour Victoire et la culpabilité que tu ressens d’avoir tout gâcher en la repoussant si brusquement. Elle fait quelques pas et puis tu te tends de nouveau lorsqu’elle revient et tu te demandes ce que tu pourrais bien lui dire pour ne pas qu’elle quitte sur cette note malhabile. Mais tu n’as pas le temps de formuler la moindre phrase qu’elle pointe son sac du doigt avant de l’attraper et tu sais qu’elle va filer à nouveau si tu ne dis rien. T’as toujours quelque chose à dire Penny alors pourquoi est-ce que tu n’arrives pas à trouver les moindres mots alors qu’elle en a besoin, que tu en as besoin aussi? Tu déglutis difficilement, les lèvres légèrement entrouvertes, mais tu ne trouves rien à dire. C’est le vide complet. « I’m sorry, I ruined everything… I wish you the best... » Et elle repart à nouveau et tu ne défiges pas, pas complètement tant qu’elle n’a pas quitté ce bout isolé de la plage, tant que sa silhouette n’est pas complètement disparue dans la pénombre. Ton coeur cogne encore trop fort dans ta poitrine, cette panique soudaine que tu as ressenti de la sentir si proche qui redescend tranquillement malgré le cruel rappel que la proximité te fait encore bien plus peur que tu ne te l’imaginais.