Un kid et des jujubes

’est l’heure du lunch et mon estomac gronde si fort que je ne peux plus faire autre chose que de l’écouter gémir. Je n’arrive même pas à me concentrer sur la série que je viens de me mettre à la télé. Pas que j’arrive à tenir devant la télé bien longtemps de manière générale, non plus. Je me dirige d’un pas lasse vers le frigo, l’ouvre, observe Peter Quill Manders le Chat mettre ses deux pattes sur le bord. « T’as pas eu ta leçon la dernière fois? » je lui dis en roulant des yeux, franchement amusé. Il n’y a pas si longtemps, alors que je regardais tranquillement dans le frigo en quête d’un truc pour remplir mon estomac tragiquement vide, il est grimpé à l’intérieur et j’ai refermé la porte parce que je ne l’avais pas vu. Mais à peine cinq minutes plus tard, j’y suis retourné parce que j’avais envie de jus d’orange et j’ai eu la peur de ma vie en réalisant que le pauvre avait été enfermé dans le froid. S’il est au moins un tantinet comme moi, il n’a pas dû supporter. Depuis, je vérifie toujours avant de refermer la porte du frigo. Parlant de celui-ci, il est vide. Encore. Argh, la vie d’adulte, j’en peux pu. Je ne retournerais pas vivre chez mes parents vu toutes les règles qu’ils aiment mettre, mais avoir toujours quelque chose à manger  à portée de main me manque. Je suis tenté de sortir mon téléphone et d’ouvrir l’application Uber à la recherche d’un bon plat pas si bon pour la santé, mais je résiste. C’est samedi, je devrais sortir faire les courses, et au pire je me prendrai un take-out au passage. Ouais, bon plan. Très responsable, Adriel, bravo.

Je suis en train de gribouiller une liste de trucs à acheter à l’épicerie lorsqu’on sonne chez moi. Une fois, deux fois, trois fois. « J’arrive, j’arrive! » je soupire en me dirigeant vers la porte. C’est Emily, une amie de l’université, et à côté d’elle se tient… son fils Gab. Il se penche comme si ce simple geste lui permettait de mieux voir mon appartement derrière moi. « Adri, j’ai une interview de dernière minute, je trouve personne pour garder Gab… je t’en prie, tu peux, toi? » Emily a perdu son boulot il n’y a pas si longtemps et elle est mère monoparentale. (Je n’en reviens toujours pas; elle a le même âge que moi, mais pourtant, elle est déjà maman d’un petit garçon de quatre ans. Il me semble être très loin de cette réalité.) Avant même que je n’aie pu donner ma réponse, elle fait entrer le petit dans mon studio et le suit. « D’accord, mais je dois sortir faire des courses », je dis en haussant les épaules. Je n’ai pas gardé d’enfants si souvent que ça, mais ça ne devrait pas être compliqué, si? En plus, le gamin est propre depuis un bon moment déjà, je n’ai donc pas à dealer avec ce côté un peu moins fun. Emily se penche et me donner un bisou sur la joue. « Merci Adri, je t’en dois une! » Et en l’espace d’une fraction de seconde, elle est sortie. Je me tourne vers Gab, qui a déjà trouvé la cage de mon hérisson. « On peut le sortir? » Je m’approche de lui et jette un oeil à Rocket. « Non… plus tard, d’accord? Il dort, regarde. Et puis on doit sortir faire des courses. » « Mais moi je veux jouer avec ton hérisson », qu’il insiste. Je soupire. « Il ne faut pas le déranger, il dort, Gab. Viens, on s’en va à l’épicerie, je te paierai un truc si tu veux. » Les yeux du gamin s’agrandissent et brillent. Presque littéralement. « Pour de vrai? Je peux avoir des jujubes? » « Euh… oui, pourquoi pas. » Je croise les doigts pour qu’Emily ne m’en veuille pas. J’attrape mes clés de voiture et la petite main de Gab et nous sortons en direction de mon véhicule. Mais ce n’est qu’une fois arrivés devant celui-ci que je me rends compte que je n’ai pas le siège d’auto du petit. « On va y aller à pied, Gab, d’accord? C’est pas loin, promis. » Heureusement, il fait super beau aujourd’hui. Je ne sais pas pourquoi je m’entête à vouloir aller faire les courses alors que ce serait tellement plus simple de me faire venir quelque chose. En début d’année, même si je ne fais pas exactement de résolutions, je me suis donné pour objectif de manger plus santé et de cuisiner. Le plus souvent possible. Alors… autant le respecter. Pour l’instant.

La promenade dure une dizaine de minutes, une dizaine de minutes durant lesquelles Gab me passe son registre en entier de petites comptines, sa main toujours dans la mienne parce que c’est une rue ultra passante ici. Nous débarquons finalement dans l’épicerie et un courant d’air froid nous enveloppe tous les deux. « Brrr, j’ai froid, Adri », dit-il en passant ses bras autour de ses épaules. « On se dépêche, d’accord? » Après tout, j’ai juste besoin de quelques petits trucs; puisqu’on est à pied, ce ne serait pas très raisonnable de faire une épicerie complète. L’endroit est bondé, j’ai déjà hâte de sortir d’ici. Un peu plus tard, dans la rangée des pâtes, je me retourne vers les étagères des sauces, panier à la main, tendant la main pour en mettre quelques unes dedans. « Gaby, il nous reste une rangée à faire et après… » Mais lorsque je me retourne, l’enfant n’est plus là. « Gab? » Merde, merde, merde. Pris d’un élan de panique, je laisse tomber mon panier et je me mets à arpenter les rangées rapidement, jetant des coups d’oeil dans celles que je passe à toute allure, mais le petit n’est pas en vue. Merde, Emily va me tuer. Et avec raison. Ça m’apprendra à détourner les yeux une seconde de trop, à être trop… chill avec un enfant à m’occuper. Argh. Bordel, mais il commence vraiment à faire chaud ou quoi? Puis… « Adri est demandé au service à la clientèle, Adri est demandé au service à la clientèle, merci. » Je fronce les sourcils. Adri? C’est moi, ça? Je m’élance à toute allure vers ledit service à la clientèle. Gab ne m’a jamais appelé par mon prénom complet. Je tourne le dernier coin pour m’y rendre et je pousse le plus grand des soupirs lorsque je vois le fils d’Emily près du comptoir. « Gab! » je m’exclame en m’approchant, ne sachant pas trop si je dois le serrer dans mes bras ou quoi. Ah pis zut, je me penche et je le fais, je suis juste soulagé de le voir et mon coeur reprend un rythme normal. J’ai eu peur qu’il se soit fait enlever ou un truc du genre. « Dude, mais faut que tu restes avec moi, là, c’est important… » « Je voulais aller chercher les jujubes », répond-il le plus naturellement du monde. Il me tend le paquet qu’il a dans les mains et je ne peux m’empêcher de rire. Je lève les yeux sur les deux adultes qui se tiennent à côté, que je n’ai pas remarqués sur le coup tellement j’avais les yeux fixés sur Gab. Il y a d’abord une employée de l’épicerie, puis juste à côté… « Lawrence? » Si ça c’est pas une surprise… le meilleur ami de Tessa, dans la même épicerie que moi, au même moment. Tessa qui, justement, vient juste de se faire opérer pour son… coeur. Je compte aller la voir un peu plus tard dans la journée, justement. En tout cas, ça fait un moment que je n’ai pas vu Lawrence. « Le monsieur m’a amené à cette madame », m’explique l’enfant. « Merci infiniment », je dis autant à l’homme qu’à la femme — celle-ci me répond d’un hochement de tête et elle contourne le comptoir de nouveau pour retourner travailler. Je passe une main sur ma nuque, symptôme des dernières traces de panique qui m’ont habité (intensément) dans les dernières minutes. Je ne sais pas comment j’aurais expliqué ça à Emily. « Qu’est-ce que tu fais ici? » J’ai envie de me taper le front. Il fait son épicerie, sans doute, Adriel, voyons.  

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@Lawrence Cabbott  

Un kid et des jujubes. -- @Adriel Mayers

Aujourd’hui je suis en congé et je dois vraiment me botter le cul pour reprendre mes bonnes habitudes de vie. En effet, mon alimentation a laissé à désirer dans les derniers jours, trop occupé à me promener entre l’hôpital et le dojo pour prendre le temps de cuisiner quelque chose de potable. J’ai préféré me ramasser quelque chose à manger sur le pouce, ne venant à mon appartement que pour dormir ou prendre ma douche. Si je veux être top de ma forme pour ma compétition de février qui approche à grand pas, je dois vraiment me reprendre en main et tout ça commence par aller faire l’épicerie pour ravitailler mon réfrigérateur. Téléphone d’une main, je commence à noter certains articles à acheter jusqu’à ce que j’ouvre mon réfrigérateur duquel dégage une odeur nauséabonde qui me donne envie de vomir. En cherchant un peu, je trouve un restant abandonné à moitié décomposé dans le fond derrière d’autres articles. Je le jette et j’en profite pour entamer un petit ménage rapide de mon frigo, réalisant finalement que ce dernier est encore plus vide que je le pensais. Je termine ma liste avant de prendre mes sacs, mes clefs et mon portefeuille pour partir vers l’épicerie.

Lentement, je parcours les différentes rangées de l’épicerie pour remplir mon panier, résistant à toutes les variétés de céréales chocolatées de ce monde sans trop de difficultés. Toutefois, je ne parviens pas à m’empêcher de tourner dans la rangée des chips et des bonbons alors que je sais très bien que je dois me contenter d’une diète très stricte d’ici ma compétition. C’est alors que mon regard est attiré par un petit garçon plus loin qui semble seul, entouré de plein de sacs de bonbons par terre comme s’il n’arrivait pas à faire son choix. Lentement, je m’approche de lui pour ne lui faire peur, laissant mon panier derrière moi. « Hey little man, t’es perdu? » Le petit garçon lève à peine la tête, inspectant chaque sac de bonbons minutieusement comme s’il cherchait à prendre celui qui en contenait le plus. « Non, je veux des jujubes. » J’avance un peu plus pour le dépasser pour voir si un adulte se trouve au bout de la rangée en dehors de mon champ de vision mais je ne vois personne. Je reviens donc sur mes pas près de lui. « Et c’est quoi ton nom? » Je lui demande mal à l’aise, peu à l’aise en présence d’un enfant. Après tout, ça ne fait pas si longtemps que Maddox est dans ma vie et Danika ne me laisse pas encore seul en sa compagnie. Elle est donc toujours là pour m’aider si je ne fais pas les choses correctement. « Gab! » Il se redresse soudainement avec un sac orange fluo dans les mains, un sourire étiré jusqu’aux oreilles. Je ne sais pas il a quel âge mais si je me fie à sa grandeur, il ne doit pas être tellement plus vieux que mon fils. « Et tu es ici avec ta maman et ton papa Gab? » Une dame s’approche alors de nous et je lui demande si elle connait le petit garçon mais elle me répond négativement avant de poursuivre son chemin. « Non, avec Adri. » Il tente d’ouvrir son sac de jujubes sans attendre mais c’est beaucoup trop difficile pour ses petites mains délicates. Je lui tends alors ma main beaucoup trop grosse pour la sienne pour qu’il me suive. « Ok. Allez viens, on va essayer d’aller retrouver Adri ok? » Lentement, nous marchons devant les rangées à la recherche de l’adulte qui est responsable de lui mais sans succès. De toute façon, c’est toujours impossible de retrouver quelqu’un dans une épicerie, on a toujours l’impression de jouer au chat et à la souris et de se manquer d’un millième de seconde alors que l’un sort de la rangée et l’autre y rentre. Je l’amène donc au service à la clientèle pour que l’employée puisse appeler son gardien qui doit être en train de s’arracher les cheveux un peu plus loin. « Adri est demandé au service à la clientèle, Adri est demandé au service à la clientèle, merci. »

Quelques minutes plus tard, un homme s’approche visiblement paniqué et prend le petit garçon dans ses bras. « Dude, mais faut que tu restes avec moi, là, c’est important… » J’espérais pour lui que la mère de Gab était compréhensive. Je savais trop bien que si c’était moi qui m’étais retrouvé dans sa situation, Danika m’aurait probablement empêché de m’occuper de Maddox sans elle jusqu’à ce qu’il atteigne sa majorité. « Je voulais aller chercher les jujubes » Je m’apprêtais à retourner chercher mon panier lorsque le jeune homme se relève. « Lawrence? » Mon sourire s’étire alors que je comprends que Adri était pour Adriel. « Hey man. » Je lui donne une tape dans le dos en reconnaissant l’ex de Tessa. D’ailleurs, je n’avais jamais réellement compris pourquoi ces deux-là s’étaient séparés alors qu’ils s’aimaient visiblement encore et que tout allait bien entre eux. À mon avis, elle serait bien mieux avec lui qu’avec ce fameux Andrew qui a l’âge d’être son père mais hey, en quoi ça me regarde. « Le monsieur m’a amené à cette madame » « Merci infiniment » Je lui fais signe de la main que ce n’est rien. « N’importe quand. » lui dis-je en souriant. Adriel est l’ami Tessa et non le mien mais il n’a jamais été insupportable à mon avis, pas comme Peter. « Qu’est-ce que tu fais ici? » me demande-t-il. Sa question m’amuse et me fait sourire d’un air moqueur. « Je m’emmerdais tellement chez moi, je me suis dit que ça serait agréable de venir me promener ici pour récupérer des enfants perdus. » Je peux voir à son visage qu’il se trouve con de m’avoir posé la question alors je ne vois pas l’intérêt d’y répondre sérieusement. « As-tu été voir Tessa aujourd’hui? » Je lui demande en croisant mes bras contre mon torse. Je n’ai pas osé y remettre les pieds après avoir ramené Pete de force hier. Visiblement, ils ont besoin de passer un peu de temps en famille et j’aurai largement le temps de lui rendre visite pendant mes pauses demain.

Un kid et des jujubes

J’ai le coeur qui bat vite, les paumes moites. Je circule de rangée en rangée en essayant de repérer une petite tête blonde dans l’une d’elle, mais en vain. Gab n’est nulle part et je suis en train de m’imaginer les pires scénarios - genre qu’il se serait fait enlever ou qu’il serait sorti, aurait traversé la rue et… Bref, je n’arrive pas à réfléchir rationnellement et mes pensées sont interrompues par un appel à l’intercom. Adri, c’est moi, ça. En tout cas, j’espère que je suis l’Adri qu’ils cherchent et que c’est parce qu’ils ont l’enfant avec eux. Je presse le pas jusqu’au service à la clientèle et un peu plus quand j’aperçois Gaby qui m’attend sagement à côté de deux adultes. Je le serre dans mes bras et lui dit qu’il doit rester avec moi, que c’est important, et j’aimerais lui faire plus la morale, mais pour être franc je ne sais pas trop comment. Il n’y a pas beaucoup d’enfants dans mon entourage, mes amis les plus proches n’en ont pas encore — il me semble que ni Erin, ni Tessa, ni Link et ni Ava ne sont près de fonder une famille. Pour ma part, j’ai bien beau avoir presque trente ans, je me sens parfois comme si je venais tout juste d’atteindre ma majorité. Et sinon, il y a mon frère. Pas Maxence, non, quoi que peut-être? Ça fait quand même dix ans que je ne l’ai pas vu. Mais mes parents le sauraient et ils me l’auraient dit s’il avait un kid. J’espère, en tout cas. Non, bien entendu, c’est Alexis qui en a un, c’est évident; celui qui vit exactement la vie espérée par nos parents, et cette vie comprend au moins un héritier Mayers. Mais Louis est adorable, j’adore être son oncle, jouer à cache-cache avec lui juste pour le retrouver les yeux fermés derrière les rideaux parce qu’il est persuadé que de fermer les yeux le rend totalement invisible. Je n’ai pas à faire de discipline avec lui parce que je ne suis pas son père et ça me va très bien, mais ça veut donc dire que je n’ai pas vraiment d’expérience dans ce domaine. Alors je me contente de faire un câlin à Gab et de lui dire qu’il ne doit plus s’en aller juste comme ça. Lorsque je relève la tête pour voir qui est derrière lui, je me rends compte que l’homme est nul autre que le meilleur ami de mon ex copine et bonne amie. Je souris lorsqu’il me donne une tape dans le dos et Gab m’explique que c’est lui qui l’a ramené à « la madame ». Je le remercie, soulagé qu’il ait été là et aussi que ça soit lui et non un étranger, qui sait qui aurait pu tomber sur le fils de mon amie? Il banalise un peu sa bonne action avec un geste de la main. Un peu sous le choc de le voir complètement pas hasard comme ça et aussi qu’il soit celui qui ait empêché une catastrophe, je lui demande ce qu’il fait ici, avant de me rendre compte directement que duh, Adriel, une épicerie, c’est fait pour faire ses courses. Je m’en rends compte surtout à son sourire qui se fait moqueur, je me fais la réflexion que j’aurais peut-être dû prendre un troisième café aujourd’hui. « Je m’emmerdais tellement chez moi, je me suis dit que ça serait agréable de venir me promener ici pour récupérer des enfants perdus », répond-il et je lève les yeux au ciel en m’esclaffant de rire. Une question comme j’en ai posée ne mérite pas de réponse sérieuse, mais je trouve la situation plutôt amusante. Je tente de prendre de prendre la majorité des situations avec légèreté (s’entend, pas perdre de vue on enfant qu’on doit surveiller), je ne juge pas nécessaire de se stresser pour des riens ou juste parce qu’on a dit quelque chose de totalement stupide. Suffit de mettre ça sur le compte du manque de caféine et puis voilà. « Quelle chance que tu aies décidé de faire cette activité aujourd’hui, alors », je réplique dans un petit sourire. Lawrence me demande si j’ai été voir Tessa aujourd’hui, cette fille qui nous relie tous les deux. Je secoue la tête. « Je vais y aller un peu plus tard aujourd’hui, mais je dois d’abord attendre que la mère de celui-là » — je soulève la petite main de Gaby dans la mienne — « revienne le chercher, et je dois passer chez Tess nourrir Jay et Yoda. » Gab se tortille dans tous les sens pour regarder partout autour de nous. « Je peux manger mes bonbons? » Je baisse les yeux sur lui, lui offre un petit sourire. « Pas tout de suite, faut les payer avant. Ça ne sera pas long, promis. Dis, tu veux prendre des photos? » Je lui tends mon téléphone cellulaire et lui ouvre l’appareil, lui lâchant du même coup la main. Il le prend et se voit dans l’écran, se fait des grimaces et appuie sur le bouton, sachant déjà comment ça fonctionne. Je suis impressionné, pour être franc. « Adri, je peux jouer à un jeu? » « Hum… je suis désolé, j’en ai pas. » Il ne répond rien et continue de se prendre en photo, avant de tourner la caméra et de prendre les bonbons et ensuite les étalages en photo. Je le surveille du coin de l’oeil bien entendu, déterminé à ne pas le perdre une autre fois. J’aimerais avoir un jeu pour lui, mais je n’ai pas beaucoup d’applications sur mon téléphone par choix, en fait j’ai souvent tendance à l’oublier dans un coin de mon appart. « Et toi, tu as vu Tessa aujourd’hui? » Elle m’a dit qu’il est venu la voir souvent depuis son opération, en fait ils étaient ensemble la veille si j’ai bien compris. J’assume donc qu’il va la voir à peu près chaque jour, incluant aujourd’hui. « Une chance que tu étais là quand… elle a fait son malaise », je lâche soudainement, me rappelant que Tessa m’a raconté qu’il était présent quand elle a dû être transportée en urgence à l’hôpital. Je n’ose imaginer ce qui lui serait arrivé si elle avait été toute seule.

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@Lawrence Cabbott  

Un kid et des jujubes. -- @Adriel Mayers

Et si les rôles avaient été inversés, est-ce que j’aurais vraiment fait une meilleure job qu’Adriel? J’ai littéralement zéro expérience en gardiennage et mon ex ne me permet même pas encore de m’occuper seul de mon fils. Il faut dire aussi que je n’ai pas tendance à attirer la curiosité des enfants avec mon look, même mon fils s’est méfié de moi la première fois qu’il m’a vu. Et ça c’est sans parler la crise qu’il a piquée lorsque Danika lui a expliqué que je n’étais pas qu’un ami du dojo comme elle lui avait dit lorsque nous nous sommes rencontrés la première fois. Bref, tout ça pour dire qu’Adriel a foncièrement l’air plus sympathique du point de vue d’un enfant, qu’il fait probablement moins peur avec son air un peu niais que moi avec mon air de bœuf. Je dis ça mais je le connais, je sais qu’il est plus intelligent qu’il en a l’air pis c’est un bon gars. Même s’il me demande ce que je fais dans une épicerie alors que la réponse est plus qu’évidente mais il a au moins l’air de se rendre compte de l’absurdité de sa question avant que j’y réponde avec sarcasme. « Quelle chance que tu aies décidé de faire cette activité aujourd’hui, alors » Je ris silencieusement en hochant la tête, les bras croisés contre mon torse. « Il faut bien que je me rende utile de temps en temps. Je commence à me dire que je devrais demander une rémunération. » Entre ramasser Peter hier et Gabriel aujourd’hui, je pense que j’ai assez récupéré de gens en détresse pour le moment. Et le pire c’est que c’est pas l’adulte qui a été le plus mature et le plus coopératif entre les deux. Peter, prends-en de la graine. « Je vais y aller un peu plus tard aujourd’hui, mais je dois d’abord attendre que la mère de celui-là revienne le chercher, et je dois passer chez Tess nourrir Jay et Yoda. » Je hoche la tête lentement puis je lève les deux bras en l’air paumes vers le plafond. « Well, si jamais t’as besoin d’aide pour autre chose que récupérer des enfants perdus à l’épicerie, fais-moi signe. » dis-je même si je me doute bien que Tessa doit déjà avoir beaucoup d’aide, probablement de son frère. Évidemment je parle de son frère jumeau Link et non de Peter. Autant dire que si Peter avait été responsable de s’occuper de Jay et Yoda, l’appartement de Tessa serait probablement souillé à l’heure qu’il est et ses animaux seraient probablement en train de s’abreuver dans la cuvette de toilette. « Je peux manger mes bonbons? » demande Gab en se tortillant d’impatience. Les conversations d’adultes n’ont pas tellement l’air de l’intéresser disons. « Pas tout de suite, faut les payer avant. Ça ne sera pas long, promis. Dis, tu veux prendre des photos? » Le petit prend le téléphone d’Adriel et il commence à prendre plein de photos en se regardant lui-même dans la caméra. Ça semble l’amuser, un temps, mais il s’en lasse rapidement. « Adri, je peux jouer à un jeu? » « Hum… je suis désolé, j’en ai pas. » Je les regarde interagir avec amusement et je dois me rendre à l’évidence qu’Adriel ne se débrouille pas trop mal malgré qu’il n’a pas d’enfant. Peut-être en a-t-il dans son entourage, je ne le connais pas assez pour le savoir. « Et toi, tu as vu Tessa aujourd’hui? » Je décroise mes bras pour plutôt mettre mes mains dans les poches arrière de mon pantalon. « Non, je me suis dit que c’était probablement mieux de les laisser en famille après tout ce qui s’est passé hier. » Je scrute son visage pour voir s’il sait de quoi je parle mais je comprends à son expression faciale qu’il n’est pas du tout au courant de ce qui s’est passé la veille. « J’ai ramassé Peter dans une chambre d’hôtel. Si je me fie à la quantité de bouteilles de bière qui trainaient dans sa chambre, il a viré une sale brosse. » Je secoue la tête négativement, peu impressionné par les agissements de Peter. « Oublier l’opération de sa sœur, j’en reviens pas. Méchant sans-dessein. » Et pour une fois, Tessa n’a pas été trop patiente avec lui et c’est tant mieux. Tant qu’à moi, Peter avait besoin de se faire parler dans le blanc des yeux. « Ça va lui faire du bien que tu y ailles je pense, elle a eu une dure soirée hier. » Et Adriel allait probablement être plus doux dans ses propos que moi à l’égard des agissements de Peter. « Une chance que tu étais là quand… elle a fait son malaise » Je hausse les sourcils en soupirant, hochant la tête en signe d’approbation. Je préfère ne pas penser à ce qu’il serait advenu d’elle si elle avait été seule lors de son malaise. « En effet. Elle a été chanceuse de ne pas être seule, ça aurait pu être pire. » J’espère sincèrement qu’après cette opération elle pourra reprendre un rythme de vie normale et qu’elle ne rasera pas encore d’y passer dans mes bras. Ou dans les bras de quelqu’un d’autre.

Un kid et des jujubes

Bien sûr que Lawrence est à l’épicerie pour faire ses courses, duh Mayers. Il répond à ma question avec sarcasme et je ne peux que comprendre, je vais mettre ça sur le compte que j’ai vraiment eu peur d’avoir perdu le petit de mon amie et puis voilà. « Il faut bien que je me rende utile de temps en temps. Je commence à me dire que je devrais demander une rémunération. » Je ris à sa réponse, me demandant si ça arrive souvent qu’il sauve des enfants comme ça. « Eh bien, on peut dire que tu as fait ta BA de la journée, voir de la semaine », je réplique dans une grand sourire. Il me demande si j’ai vu Tessa, celle qui nous relie tous les deux. Je trouve ça étrange de penser qu’il s’agit de son meilleur ami et que je ne le connais pas plus que ça; bon, j’étais en voyage un bon bout de temps quand même, mais je me dis que ça pourrait être bien d’aller prendre une bière avec ou je sais pas. Je lui explique que je dois passer la voir plus tard, mais que je dois attendre que la maman de Gaby vienne le reprendre et que je dois passer nourrir ses animaux. J’observe Lawrence lever les deux bras en l’air, paumes vers le ciel. « Well, si jamais t’as besoin d’aide pour autre chose que récupérer des enfants perdus à l’épicerie, fais-moi signe. » Je lève les yeux au ciel en riant. « Sans vouloir te vexer, j’espère ne pas avoir à requérir de tes services de nouveau pour récupérer un enfant perdu », je dis en jetant un coup d’oeil du même coup à Gaby. « Mais je note pour le reste, merci. » L’enfant demande s’il peut manger ses bonbons, notre conversation n’a absolument aucun attrait pour lui, il faut dire. Il ne sait même pas qui est Tessa, je crois. Je tente de l’occuper avec mon téléphone, priant pour qu’il ne l’échappe pas par terre, mais ne m’en préoccupant pas plus que ça. Mais les photos ne l’amusent plus autant au bout de deux secondes et je suis contraint de lui répondre que je n’ai malheureusement pas de jeux. Pour moi, ils sont une distraction et je préfère m’occuper avec autre chose si j’ai du temps libre. Je sais comment ils peuvent devenir addictifs pour avoir joué à Dragon City un certain moment, alors je préfère ne pas en télécharger du tout. De toute manière, ça arrive très peu souvent que je garde des enfants; et mon neveu, lui, a le droit de jouer au iPad de sa mère une fois de temps à autre. Je finis par demander à Lawrence si lui a vu Tessa aujourd’hui et il enfouit ses mains dans les poches arrières de son pantalon. « Non, je me suis dit que c’était probablement mieux de les laisser en famille après tout ce qui s’est passé hier. » Je fronce les sourcils, trouvant que ça sonne un peu grave tout ça, et il semble voir mon air car il poursuit: « J’ai ramassé Peter dans une chambre d’hôtel. Si je me fie à la quantité de bouteilles de bière qui trainaient dans sa chambre, il a viré une sale brosse. » Je relâche mon souffle, gardant le silence un moment en réfléchissant à tout ça, imaginant comment Tessa doit se sentir en ce moment, prise dans son lit d’hôpital. Son inquiétude doit être au max; mais ce n’est pas tout, apparemment. « Oublier l’opération de sa sœur, j’en reviens pas. Méchant sans-dessein. » J’écarquille les yeux, ne m’attendant pas à ça, jetant un nouveau coup d’oeil à Gaby qui se penche à présent pour prendre une selfie la tête à l’envers. Je suis pris entre l’envie de rire et la réalisation de ce que Peter a fait. Il a oublié l’opération de Tess; celle-ci, en plus d’être morte d’inquiétude pour lui, doit lui en vouloir beaucoup. Et avec raison. « J’en reviens pas non plus, elle doit être dans un sale état », je murmure. Pourtant, il était au courant, il aurait dû être là. Il semble décidément s’enfoncer dans l’alcool… ça me rappelle drôlement ce que j’ai vécu il y a une dizaine d’années avec Maxence, et je ne le souhaite pas du tout à Tess. Je n’aimerais pas qu’elle se ramasse à ne plus parler à son frère du tout… « Ça va lui faire du bien que tu y ailles je pense, elle a eu une dure soirée hier. » Mon sourire se fait triste et je hoche doucement la tête. Déjà que j’avais hâte d’aller la voir parce que tout moment avec elle m’est agréable, je me sens encore plus pressé d’y aller parce que j’ai envie d’être là pour elle. Je suis également certain que de revoir Lawrence lui ferait tout autant du bien, sinon plus, car c’est son meilleur ami, après tout. « J’aimerais qu’elle ait pas à… vivre ça », je soupire, même si c’est une évidence. Lawrence le souhaite sans aucun doute aussi. Tout ça, avec son frère qui a des problèmes de substances illicites, entre autres. J’ajoute qu’elle a eu de la chance qu’il soit là lorsqu’elle a fait son malaise, je n’ose imaginer ce qui aurait pu arriver si elle s’était trouvée seule. « En effet. Elle a été chanceuse de ne pas être seule, ça aurait pu être pire. » [color:6a9d=#cornflower]« Vraiment… » Je frissonne rien qu’à imaginer qu’on aurait pu la perdre s’il n’avait pas été là; et pour ça, je lui serai éternellement reconnaissant. Elle est une des personnes les plus importantes dans ma vie et je n’imagine pas celle-ci sans elle. Le petit silence qui s’ensuit est brisé lorsque Gaby tire sur mon chandail. « Adriiiii, j’ai envie de pipi. » Il se tortille et je comprends que c’est plutôt urgent. Je sais pas depuis quel âge il est propre, mais je peux facilement m’imaginer qu’il est encore tout nouveau dans le monde de la propreté. « Je vais devoir y aller », j’annonce à Lawrence dans un sourire plein d’excuses. « Mais merci encore, vraiment, pour avoir retrouvé celui-là. » Pour appuyer mes propos, j’ébouriffe les cheveux de Gaby. « Je te le revaudrai! À plus », je dis avant d’entraîner le petit vers les toilettes. Sérieusement, je me sens vraiment chanceux aujourd’hui, mais bon, c’est une petite aventure que je ne tiens pas particulièrement à raconter à Emily. Et j’espère que Gaby en fera autant.

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@Lawrence Cabbott