Shocked. Only word I can say. That's it: shocked. -- @Stacey Gallagher
Quelques minutes seulement se sont écoulées depuis que je suis sortie de l’appartement de Danika après avoir posé mon regard sur Maddox pour la première fois. Le combat a tout d’abord été féroce, chacun de nous bien entêté à remporter son point. Plusieurs de mes questions sont demeurées sans réponses mais je ne compte pas lâcher le morceau. Danika connait mal son adversaire si elle croit que je ferai fi de ma paternité maintenant que je suis au courant. Même si les yeux et la petite voix de Maddox ont suffi à désamorcer le conflit pour le moment, je n’ai pas dit mon dernier mot. Assis dans ma voiture, je ne peux faire autrement que de fixer la porte de son appartement sans bouger, encore chamboulé par tout ce qui vient de se passer. Si ce n’était que de moi, j’irais me défouler dans un sac de frappe au dojo mais il est trop tard, le dojo est fermé à cette heure. Je sors donc mon téléphone de la poche de mon pantalon pour aller voir ma liste de contacts. Instinctivement, je clique sur le nom de Stacey et je fixe un moment sa photo en hésitant. Je me connais trop pour savoir que ce n’est pas une bonne idée que je rentre seul chez moi comme si rien ne venait de se passer. Toujours ébranlé, j’essuie le coin de mes yeux avant d’appuyer sur le bouton pour composer son numéro en espérant qu’elle ne travaille pas ce soir ou qu’elle n’est pas déjà au lit. Après quelques sonneries, elle décroche finalement. « Stace’? Est-ce que t’es occupée? » demandai-je d’une voix enrouée en reniflant. Je me râcle la gorge en jetant un énième coup d’œil en direction de l’appartement de Danika où, je sais, se trouve mon fils. « Est-ce qu’on peut se rejoindre chez moi? Je viens d’avoir une drôle de nouvelle, je ne me sens pas tellement bien. » Et pourtant, je suis capable d’encaisser beaucoup de choses sans broncher (ou presque). « Fais juste entrer quand tu seras là, la porte sera débarrée. » Stacey accepte de venir me rejoindre à mon appartement, je mets donc fin à notre appel pour ne pas qu’elle y arrive avant moi.
Je démarre sans plus attendre pour prendre la direction de mon appartement qui se trouve seulement à quelques minutes de route de chez Danika étant donné que nous habitons dans le même quartier. Lorsque j’arrive devant mon appartement, je ne vois aucune trace de ma sœur, je suis donc le premier arrivé sur les lieux. Je vais l’attendre à l’intérieur, dans mon appartement trop vide et trop silencieux à mon goût. À peine entré, mon regard s’arrête automatiquement sur le trou béant que j’ai fait plus tôt dans le mur de mon salon, vestige de la découverte de ma paternité. Je sors la lettre du père de Danika de la poche arrière de mon pantalon, puis je la laisse tomber sur la table basse devant le canapé pendant que je ramasse ma bière précédemment ouverte pour aller la vider dans l’évier. Quelques minutes plus tard, Stacey entre dans l’appartement pendant que je fais les cents pas en plein milieu du salon sur le point de devenir fou. « Enfin t’es là. » dis-je en soupirant d’impatience. Incapable de rester en place, mais surtout incapable de mettre des mots sur ce que je ressens, je pars rapidement vers la cuisine. « Tu veux quelque chose à boire? » Je n’attends pas sa réponse et j’ouvre le réfrigérateur dans le but de me prendre une bière. Pas assez fort que je me dis, je referme donc le réfrigérateur pour sortir une bouteille de vodka de mon armoire et deux verres sans oser la regarder une seconde. Ça devrait être tellement simple, pourtant, mais je ne sais pas par quoi commencer alors j’essaie de gagner du temps pour mettre un sens à tout ce qui se bouscule dans ma tête. Ou peut-être que je devrais laisser James Riley lui dire. Après tout, il a bien trouvé les mots pour me le dire. Après avoir calé un shooter de vodka, je soupire bruyamment en posant mes deux mains sur le comptoir de la cuisine devant moi. « Il y a une lettre sur la table du salon… » dis-je les yeux baissés vers mes mains, le regard évitant alors que, pourtant, je n’ai rien à me reprocher dans cette histoire.
Ce soir, il n’y a pas foule au bar. Disons que les éternels habitués sont plutôt calmes et que c’est limite si je ne reste pas assise à mon tour en train de boire un verre avec une de mes collègues au comptoir. Je sers encore quelques clients, souvent un peu lourdingues, mais je suis habituée. Je souris, sais aussi comment les repousser gentiment sans pour autant me montrer odieuse ou prendre le risque d’en froisser un en refusant ses avances. Ils se sont à leur tour habitués à moi, depuis trois ans que je travaille là, la petite blonde mignonne comme ils aiment me surnommer (entre autres que je préfère taire). Le gérant du bar finit par me dire que je peux rentrer chez moi et que je lui fais limite de la peine avec ma mine de déterrée. J’ai enchaîné ma journée de boulot qui a commencé très tôt à l’hôpital pour se finir juste avant mon service ici. Le service des urgences avait été pas mal animé en plus, en sachant que j’ai aussi travaillé très tard la nuit dernière au bar. Je roule alors des yeux, part récupérer mes affaires avant de sortir du Club par la porte dérobée à l’arrière. Alors que je cherche mes clés dans mon sac, je sens mon portable vibrer dans ma poche arrière. Je vois le nom de Lawrence et un coup de stress monte en moi. Comme si je craignais qu’à travers le téléphone, mon frère puisse démasquer mon secret, celui que je me garde bien de lui dire depuis ces trois dernières années : travailler pour un bar clandestin, géré par une organisation criminelle qui n’a plus sa réputation à refaire à Brisbane. Je sais comment il réagirait s’il venait à l’apprendre « Stace’ ? Est-ce que t’es occupée ? ». Il a cette voix tremblante qui m’inquiète, qui m’indique que quelque chose ne va pas « Non, je m’apprêtais à rentrer, je viens de finir à l’hôpital » Mensonge numéro un lancé, mais qui était plus que crédible, vu qu’il n’était pas rare que je travaille de nuit aux urgences « Est-ce qu’on peut se rejoindre chez moi ? Je viens d’avoir une drôle de nouvelle, je ne me sens pas tellement bien ». Mon cœur s’accélère, j’ai très bien senti rien qu’à l’intonation de sa voix que quelque chose n’allait pas. Je ne réfléchis pas une seule seconde « Bien sûr Law’, j’arrive dans une vingtaine de minutes ». Je n’en demanderai pas davantage, préférant me précipiter à rejoindre ma voiture pour me diriger vers l’habitation de mon frère à Redcliffe « Fais juste entrer quand tu seras là, la porte sera débarrée » « A tout de suite ». Je raccroche, prends tout de même le temps d’envoyer un texto à Mila pour lui dire que je rentrerais plus tard que prévu, allant voir Lawrence chez lui, avant de démarrer.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard j’arrive donc devant la résidence où se trouve l’appartement de Lawrence. Je cours un peu pour rejoindre la porte d’entrée, monte les escaliers d’un pas précipité et me retrouve rapidement devant sa porte. Je l’ouvre et je peux voir mon frère faire les cent pas dans son salon. Je dépose mon sac sur le pas de la porte et m’approche alors de lui « Enfin t’es là ». J’hausse les sourcils, il semblait s’impatienter mais en voyant sa mine, je comprends très vite qu’il va mal. Plus que je n’aurais pu le penser. « J’ai fait le plus vite que j’ai pu » je lance alors avec cet air inquiet que je porte sur lui, comme si je tentais de percevoir ce qui n’allait pas. Je n’ai pas vraiment le temps de m’approcher davantage de lui qu’il part en trombe dans la cuisine « Tu veux quelque chose à boire ». Je le vois s’afférer, sortant une bière qu’il repose aussitôt. Mon sourcil s’arque et alors que je le laisse décider à ma place, je peux voir ce trou dans le mur dans le salon. Mon regard se repose sur lui, l’observant silencieusement. Il a l’air à bout de nerf. Je reporte mon regard sur le trou à nouveau, m’approchant de celui-ci, passant mes doigts dessus « Il y a une lettre sur la table du salon… ». L’explication visiblement tiendrait sur ce bout de papier que je vois en effet à l’endroit qu’il m’indique. Je viens le saisir alors et m’assois sur le rebord du canapé pour le lire. Au fil de ma lecture, mes yeux s’écarquillent de plus en plus, ma mine devenant de plus en plus renfrognée. Je laisse retomber mon bras une fois que j’ai terminé, relevant doucement mon regard sur Lawrence « Tu es père ? ». C’est la première chose que je pose, parce que c’est clairement ce que la lettre indique. Papa, oui il semblait l’être. Mais ce n’est pas une naissance qui date d’hier « Pendant tout ce temps elle ne t’a jamais rien dit… Pourquoi ? Tu as été la voir ? ». Je me lève du canapé et le rejoint dans la cuisine, venant poser une main délicatement sur son épaule. Parce que je comprends bien que ce trou dans le mur est le fruit de sa colère après avoir appris cette nouvelle, et pourtant, je lui demande doucement « Comment tu te sens Law ? ».
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Lorsque Stacey entre finalement dans mon appartement, je suis soulagé de ne plus être seul pour gérer toutes les pensées qui se bousculent dans ma tête. Je me compte chanceux qu’elle soit aussi disponible quand j’en ai besoin parce que je ne sais pas ce que j’aurais fait si elle n’avait pas pu venir ce soir. « J’ai fait le plus vite que j’ai pu. » Je hoche la tête en partant en trombe dans la cuisine, bien conscient qu’elle n’aurait pas pu être là plus vite. Même si ça sonnait ainsi, mon commentaire n’était en rien un reproche.
J’ai un enfant. Ces mots paraissent si simple à prononcer mais pourtant, j’en suis incapable. J’indique donc à Stacey que la lettre du père de Danika se trouve sur la table basse du salon pendant que je reste près du lavabo et de la bouteille de vodka. J’attends impatiemment qu’elle brise le silence devenu lourd, malgré que je ne sois pas convaincu que la conversation sera plus agréable parce que je bouille de colère à l’intérieur. « Tu es père ? » Je lance un regard furtif dans sa direction pendant que je cale un autre shooter de vodka, déposant le verre vide bruyamment sur le comptoir ensuite. « Yep. » J’ai toujours pensé que cette nouvelle me rendrait incroyablement heureux, et je le suis, mais toutes les émotions négatives qui me traversent gâchent un peu la nouvelle. Le mensonge de Danika gâche ce moment qui serait supposé être heureux. « Pendant tout ce temps elle ne t’a jamais rien dit… Pourquoi ? Tu as été la voir ? » Je pousse un rire jaune en repensant aux paroles de mon ex, à toutes les excuses minables qu’elle m’a données. « Fuck oui, j’arrive de là-bas. » Impulsif, j’avais tout simplement été incapable de me retenir d’y aller. De toute façon, je préférais que Danika ne me voit pas venir et qu’elle doive me répondre sous le coup de la surprise plutôt qu’elle ait le temps de préparer un plus gros mensonge. Je cale un troisième shooter de vodka avant de répondre à ses questions. « Parce qu’on n’est plus ensemble et qu’elle ne me doit plus rien. Parce que ça aurait été l’enfer de devoir se voir je suppose. Parce que je ne suis visiblement pas bon pour lui. » Au fil de ma réponse, mon visage se crispe et mon regard se durcit.
Stacey s’approche lentement de moi et pose l’une de ses mains sur mon épaule tendue. « Comment tu te sens Law ? » Sa question me prend littéralement par surprise et je ne sais quoi y répondre, pris d’assaut par beaucoup trop d’émotions différentes et contradictoires pour pouvoir les exprimer avec des mots. Je hausse donc les épaules sans rien dire, le regard toujours rivé sur le fond du lavabo. « J’ai le goût d’une fucking cigarette. » dis-je en haussant les sourcils, regrettant visiblement de ne pas en avoir sous la main. Mais la présence de Stacey devrait suffire à me calmer et à ne pas saboter cinq années sans fumer. « J… » J’ouvre la bouche pour finalement répondre à sa question mais je n’arrive pas à trouver quoi dire. Je passe mes mains tremblantes dans mon visage en soupirant, me retournant pour accoter le bas de mon corps contre le comptoir derrière moi. « Je lui ai demandé quand elle était enceinte et elle a menti. Elle m’a menti pendant quatre fucking années! » En colère, je lève le ton et je fixe Stacey d’un regard rempli d’incompréhension. Je laisse la colère m’envahir parce que c’est une émotion qui m’est plus facile à exprimer que la tristesse alors que, pourtant, elle est bien là. Je la sens d’ailleurs qui gagne du terrain lorsque je revois le regard craintif de Maddox dans ma tête. « Il a trois ans et demi je suis juste un étranger pour lui Stace’… » dis-je d’une voix beaucoup plus douce en baissant mes yeux au sol. Dans un soupir, je laisse retomber mes épaules. « Quand il m’a vu, je pense qu’il avait peur… » Et à ces paroles mon visage se crispe de douleur parce que même si pour moi aussi il n’est qu’un étranger, il reste mon fils et j’ai déjà le désir de faire partie de sa vie.
La lecture de cette lettre me laisse perplexe. La signature qui est apposée est celle de James Riley. Il ne me faut que quelques secondes pour faire le rapprochement et comprendre qu’il s’agit du père de Danika Riley, ex-copine de mon frère. Il semblerait que Lawrence soit le père du petit de la jeune femme, que je ne côtoie plus vraiment depuis sa rupture avec lui. C’est l’incompréhension. Un peu abasourdie, je reste assise sur l’accoudoir du canapé et pose cette simple question qui ne compte que quelques mots à mon frère. « Yep ». Je l’observe et je le connais que trop bien pour savoir que ce n’est qu’un moment de calme passager. Que la tempête a déjà eu lieu, le trou dans le mur le démontrant parfaitement. Mais qu’elle n’est pas non plus très loin à ressortir, car je sais que Lawrence est, à cet instant, en train de se contrôler pour ne pas tout envoyer valdinguer à travers la pièce. Non, pour le moment, il se contente de descendre cette bouteille de vodka à coup de shot. « Fuck oui, j’arrive de là-bas ». Le contraire aurait été étonnant, je sais que Lawrence est impulsif, qu’en découvrant une telle vérité, c’est l’unique réaction qu’il aurait pu avoir. Et elle est totalement justifiée. Je me sens peinée pour lui, mes sourcils se froncent d’inquiétude, parce que je le sens à cran mais aussi à vif. Parce que je me doute qu’il y a plus que de la colère, que de la haine. Il y a aussi énormément de tristesse même s’il ne le montrera pas. « Parce qu’on n’est plus ensemble et qu’elle ne me doit plus rien. Parce que ça aurait été l’enfer de devoir se voir je suppose. Parce que je ne suis visiblement pas bon pour lui ». Les justifications qu’il me sort me font me lever de l’accoudoir, comme bondir même de celui-ci. Je ne sais pas s’il s’agit de simples suppositions de sa part ou s’il s’agit des explications qu’il a reçu de Danika. Mais je ne peux pas le laisser penser ça de lui, se dénigrer à ce point ou que la jeune femme le fasse « Le fait que vous n’êtes plus ensemble ne justifie en rien qu’elle t’ait menti pendant tout ce temps Law. C’est ton enfant ! ». Je marque une pause parce que je n’ai pas encore réalisé complètement que mon frère était père. Qu’il avait un enfant, un enfant dont on l’a privé. « C’est elle qui t’a dit que tu ne seras pas assez bon pour lui ? Ou c’est toi qui le dis ? ». Parce que ça change tout.
Je m’approche alors de mon frère, le rejoignant dans la cuisine, posant cette main qui se veut réconfortante sur son épaule, lui signifiant aussi qu’il n’était pas seul désormais pour affronter cette nouvelle compliquée à avaler. Je veux savoir comment il va, même si la réponse est limpide « J’ai le goût d’une fucking cigarette » il lance en haussant les épaules, fixant l’évier devant lui « J… ». Ma main quitte son épaule alors qu’il ne semble pas trouver les mots pour expliquer ce qu’il ressent. Je remarque ses mains tremblantes qui passent sur son visage, il n’a pas besoin de parler pour que je saisisse la réponse à ma question. Je me sers alors à mon tour un shot de vodka, allant m’assoir sur le plan de travail face à lui « Je lui ai demandé quand elle était enceinte et elle a menti. Elle m’a menti pendant quatre fucking années ! ». Sa voix prend plus d’ampleur alors que j’avale mon shot de vodka et son regard trahit à la fois sa stupéfaction face à cette nouvelle mais aussi la colère qui ne demande qu’à s’exprimer. « Je suis désolé Law qu’elle t’ai menti… » je lance dans un soupir, comme exaspéré par le comportement de la jeune femme. « Il a trois ans et demi je suis un étranger pour lui Stace’ ». Et là je reconnais dans sa voix une certaine détresse qui me fait poser doucement mon verre à côté de moi sur le plan de travail sans le quitter du regard « Quand il m’a vu, je pense qu’il avait peur… ». Je descends alors du comptoir pour venir à ses côtés « Et c’est normal… Il ne te connait pas. Mais maintenant que tu sais qui il est, elle n’a plus le droit de t’interdire de le voir. Et petit à petit, cet enfant apprendra à te connaitre, tout comme toi tu apprendras à le connaitre et je sais qu’il va t’adorer. Parce que tu en es parfaitement capable Lawrence d’endosser ce rôle de père ». Sur ces derniers mots, je lui attrape la main, lui serrant un peu plus fort, insistant aussi avec mon regard pour lui signifier que tout allait bien se passer.
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Stacey me demande pourquoi Danika m’a caché l’existence de Maddox pendant toutes ces années et, à vrai dire, j’aimerais bien le savoir moi aussi parce que les raisons qu’elle m’a données ne justifient en rien son mensonge. Parce que si la mère cachait la paternité du père chaque fois qu’un enfant naissait après la séparation de ses parents, il y aurait beaucoup de pères dans l’ignorance. Même si c’est elle qui l’a porté, c’est autant mon fils que le sien et ça m’enrage de penser qu’elle a réussi à me mentir pendant autant d’années aussi facilement et que j’ai été trop naïf pour remettre en question sa réponse lorsque je lui ai demandé. En attendant, je me contente de citer quelques-unes de ses paroles en guise de réponse, sentant la rage monter un peu plus à chaque phrase. J’essaie de me concentrer sur ma respiration pour me calmer mais je sens que la tâche est de plus en plus difficile alors que mes mains se serrent sur le bord du comptoir. « Le fait que vous n’êtes plus ensemble ne justifie en rien qu’elle t’ait menti pendant tout ce temps Law. C’est ton enfant ! » Un soupir s’échappe d’entre mes lèvres pendant que je relève la tête lentement vers elle alors qu’elle se lève de l’accoudoir en prononçant ces mots. « Je le sais Stace’. » répondis-je en haussant les sourcils d’un air énervé. Pas contre elle, évidemment, plutôt contre mon ex qui n’a pensé qu’à son propre nombril dans toute cette histoire. Danika qui n’a pas vu plus loin que son putain de nez, sans penser à toute la douleur que son mensonge infligerait aux concernés. « C’est elle qui t’a dit que tu ne seras pas assez bon pour lui ? Ou c’est toi qui le dis ? » Je détourne le regard, rebaissant la tête pour rapporter mon attention à l’évier devant moi en grommelant. « C’est elle… » Elle s’était fait plaisir de mettre l’état de mon poing sous mon nez, clairement fière d’avoir un argument contre moi pour m’empêcher de le voir même si jamais je n’oserais lever la main sur lui comme sur elle. Et si un juge se rangeait derrière Danika face à mon problème d’agressivité? Je n’aurais plus aucun recours… « Peut-être qu’elle a raison, je ne suis même pas capable de me gérer moi-même, comment tu veux que je gère un enfant. » Et pourtant face à Danika, j’étais persuadé du contraire. Maintenant, toutefois, ses paroles commencent à me jouer dans la tête et j’ai bien du mal à les ignorer. Parce que je me connais et j’ai tout sauf envie de transmettre à Maddox toute la colère que je tente tant bien que mal de refouler en-dedans de moi.
Du coin de l’œil je suis Stacey qui se sert un shot de vodka pour ensuite s’installer sur le plan de travail derrière moi, me retournant pour lui faire face avant de lui faire part de toute ma colère sur le fait que Danika m’ait caché l’existence de notre fils pendant quatre ans. Je ne peux m’empêcher de hausser le ton à ces paroles, incapable de garder mon calme alors qu’à l’intérieur je bouille. « Je suis désolé Law qu’elle t’ai menti… » Je hoche doucement la tête en fixant le sol, la mâchoire crispée. Ses mots me touchent mais ne m’apaisent en rien alors que les excuses devraient plutôt venir de la part Danika. Sauf que la connaissant, elle est bien trop fière pour exprimer la moindre once de regrets, elle défendra son point jusqu’au bout. En attendant, même si elle s’en fou probablement, c’est moi qui souffre d’avoir perdu toutes ces années avec mon petit bonhomme pour lequel je ne suis que l’ami du dojo de Danika. Parce que face à sa question, c’est à ça qu’elle m’a réduit et même si c’était évident qu’elle ne me présenterait pas à lui comme étant son père aujourd’hui, ça m’avait fait mal. Ça n’avait fait qu’enfoncer le clou un peu plus profondément. « Et c’est normal… Il ne te connait pas. Mais maintenant que tu sais qui il est, elle n’a plus le droit de t’interdire de le voir. Et petit à petit, cet enfant apprendra à te connaitre, tout comme toi tu apprendras à le connaitre et je sais qu’il va t’adorer. Parce que tu en es parfaitement capable Lawrence d’endosser ce rôle de père » Mon regard se baisse sur sa main qui prend la mienne, relevant les yeux vers les siens quelques secondes plus tard en silence en essayant de me convaincre qu’elle a raison. « Qu’est-ce qui l’en empêcherait tu crois? Elle a sûrement mis père inconnu sur le certificat de naissance. » dis-je incapable d’ignorer tous mes doutes et la bataille qui pourrait survenir entre mon ex et moi si elle ne change pas son fusil d’épaule. Je lui ai d’ailleurs passé ce commentaire auquel elle n’a rien dit. C’était peut-être mieux ainsi, ça ne ferait que faire encore plus mal même si ce n’était qu’un nom sur un fichu bout de papier. Je lâche la main de Stacey et je fais quelques pas vers le salon en désignant mon appartement d’une main. « Qu’est-ce que je vais faire? Je ne sais même pas ce que je dois acheter. Je ne sais même pas comment m’occuper d’un enfant. Y’a aucune chance qu’elle me laisse tout seul avec de toute façon, je le vois d’avance que je vais devoir endurer Danika pour le voir. Ah man… » dis-je en poussant un bruyant soupir aux derniers mots en posant mes deux mains derrière ma tête, les bras dans les airs. Ce n’est visiblement pas comment je prévoyais passer les prochains mois encore ce matin.
Je ne sais pas combien de temps il va falloir avant que Lawrence explose à nouveau. Mais je le sens que ça bouillonne de plus en plus au fond de lui, surtout quand je réponds que le fait que Danika et lui ne soient plus ensemble, ne justifiait en rien qu’elle ne ait pas dit la vérité sur sa paternité. Il le sait, il n’a pas besoin que je lui rappelle, mais pourtant je le fais parce que je ne veux pas qu’il en soit persuadé. Persuadé qu’elle a raison, persuadé que son choix de ne rien lui dire est justifié « Je le sais Stace’ ». Sa voix trahit son énervement qui me fait me stopper un peu lorsque je m’apprête à le rejoindre dans la cuisine. Quand il m’énumère les raisons pour lesquelles Danika ne lui a jamais rien dit, c’est la dernière raison donnée qui me fera me demander si ses paroles viennent de son ex ou de lui-même. « C’est elle… ». Et d’un côté ça me rassure dans le sens où je n’ai pas envie qu’il puisse penser ne pas être bon pour son enfant. Mais cette sorte de soulagement n’est que de courte durée « Peut-être qu’elle a raison, je ne suis même pas capable de me gérer moi-même, comment tu veux que je gère un enfant ». « Je t’interdis de penser ça Lawrence ! ». Ma voix est un peu plus ferme, mon ton s’élève un peu plus que d’habitude, ce qui n’est pas forcément quelque chose de commun chez moi. Je reprends sur un ton plus doux « Je ne veux pas te voir te dévaloriser ni que tu puisses penser une seule seconde qu’elle ait raison à ton sujet. Tu n’as pas à douter de toi ». Parce que pour moi, Lawrence était quelqu’un de bon et il le serait pour son fils sans l’once d’une hésitation.
Je sais qu’un simple désolé ne suffira pas à l’apaiser. Ne suffira pas à effacer la blessure qui est sûrement en train de se creuser au fond de lui en ayant appris l’existence de ce fils dont on l’a privé injustement. Mais c’est la seule chose que je trouve à lui dire quand il commence à déverser toute la colère et sûrement même la haine qu’il peut ressentir contre Danika. Quatre ans durant lesquels il a été dans l’ignorance, laissé volontairement dans celle-ci, préférant le mensonge en lui faisant croire que ce petit être n’était pas le sien plutôt que de lui dire la vérité. Mais cette colère laisse une nouvelle fois place au doute. Celui d’être à la hauteur pour cette enfant, pour qui il est finalement qu’un inconnu. Je tente de le rassurer, lui disant que, désormais qu’il connait son existence, il a la possibilité d’apprendre à le connaitre, parce qu’à mes yeux, la jeune femme n’a plus le droit de le priver de son fils. Ma main vient alors serrer la sienne pour appuyer mes paroles qui se veulent rassurantes, insistant avec mon regard pour les conforter. Pour le réconforter… « Qu’est-ce qui l’empêcherait tu crois ? Elle a sûrement mis père inconnu sur le certificat de naissance ». Mon regard se veut de plus en plus inquiet parce qu’il n’a pas tort et qu’elle peut très bien décidé de ne pas lui laisser la possibilité de le voir « C’est ton droit Lawrence. C’est ton droit d’être auprès de ton fils… Et tu es en droit, même si elle a écrit père inconnu, de le reconnaitre. Mais j’espère qu’elle aura l’intelligence de ne plus t’en priver, surtout après ce qu’elle a fait… » c’est-à-dire le priver de son fils pendant toutes ces années. A mon sens, elle n’a aucun intérêt à le faire et elle connait suffisamment Law’ aussi pour savoir qu’il ne se laissera pas faire et n’abandonnera pas. Il lâche alors ma main, se dirigeant vers le salon. Je le suis du regard « Qu’est-ce que je vais faire ? Je ne sais même pas ce que je dois acheter. Je ne sais même pas comment m’occuper d’un enfant. Y’a aucune chance qu’elle me laisse tout seul avec de toute façon, je le vois d’avance que je vais devoir endurer Danika pour le voir. Ah man… ». Je m’avance alors vers le salon pour l’y rejoindre, gardant une certaine distance alors que je vois sa panique dans ses yeux, toutes ses interrogations, ses craintes qu’il peut avoir. « Elle va certainement attendre que tu fasses tes preuves, même si tu n’as rien à lui prouver à elle. Mais tu vas y arriver Law’, tu en es parfaitement capable. Et je serai là pour t’aider, je serai là pour aller acheter ce qu’il faut pour que tu puisses recevoir ton fils comme il se doit chez toi. Mais je sais que tu t’en sortiras très bien, je n’en doute pas une seule seconde ». Je souris sur ces derniers mots parce que je me souvenais de ses débuts un peu maladroits avec ma petite sœur, Mila. Où il ne savait pas vraiment comment agir avec elle, surtout qu’elle lui avait donné du fil à retordre avant d’accepter qu’il fasse partie de nos vies. Et puis, au décès de notre mère, il a été encore plus présent pour nous, prenant encore plus Mila sous son aile. Alors pour son fils, je sais qu’il sera capable de décrocher la lune. « Tu as pu le voir ? » je demande alors prudemment. Je parle évidemment de ce fils dont il vient de découvrir l’existence. Parce que je suis tout autant curieuse d’en apprendre un peu plus sur celui qui, finalement, n’est autre que mon neveu.
Shocked. Only word I can say. That's it: shocked. -- @Stacey Gallagher
Au moment où j’ai appris l’existence de mon fils, sous aucun prétexte je ne voulais laisser Danika gagner, lui donner la satisfaction d’avoir raison de me tenir à l’écart de notre fils. J’avais tenu mon bout face à ses arguments douteux, prêt à me battre comme jamais pour qu’elle me laisse prendre la place qui aurait dû me revenir dès le début. Pourtant, maintenant qu’elle n’est plus devant moi, les doutes s’installent dans ma tête. Des doutes que j’aurais assurément éprouvés plus tôt si la colère n’avait pas pris toute la place à ce moment-là. Des doutes que je préfère largement avoir en l’absence de Danika qui en profiterait probablement pour proférer des insultes dans l’espoir de m’atteindre. Avec Stacey je suis suffisamment à l’aise pour lui exprimer ces fameux doutes qu’elle tente de faire disparaître en essayant de me convaincre qu’ils sont injustifiés. « Je t’interdis de penser ça Lawrence ! » s’exclame-t-elle d’un ton ferme ce qui me fait relever la tête vers elle. « Je ne veux pas te voir te dévaloriser ni que tu puisses penser une seule seconde qu’elle ait raison à ton sujet. Tu n’as pas à douter de toi. » À ça je ne sais pas quoi répondre par autre chose qu’un hochement de tête. Parce qu’au fil des années je me suis fait plus souvent insulter que complimenter et qu’à force de se faire dire les mêmes choses encore et encore ça finit par faire son chemin. Surtout quand les insultes proviennent de personnes qui ont comptées. Et Danika me connait suffisamment pour savoir où appuyer pour me faire réagir.
J’anticipe la suite des évènements parce que si Danika refuse de me laisser voir mon fils, la bataille s’annonce rude. Si en plus elle n’a pas mis mon nom sur le certificat de naissance, ce qui serait plus que logique dans les circonstances, je n’aurais d’autre choix que de me tourner vers le système de justice pour l’obliger à faire un test d’ADN pour prouver ma paternité. Ensuite nous devrions nous engager dans une bataille pour la garde du petit et rien que de penser qu’on pouvait en arriver là me décourageait d’avance même si je ne comptais pas lâcher le morceau. « C’est ton droit Lawrence. C’est ton droit d’être auprès de ton fils… Et tu es en droit, même si elle a écrit père inconnu, de le reconnaitre. Mais j’espère qu’elle aura l’intelligence de ne plus t’en priver, surtout après ce qu’elle a fait… » Je ris sarcastiquement en secouant la tête en signe de dénégation. « J’espère aussi mais la connaissant, je ne sais pas trop. Elle a une sacrée tête de cochon. Ça m’apprendra d’aimer les femmes avec du caractère. » Ça expliquait peut-être aussi pourquoi mes relations amoureuses se finissaient toutes de la même manière. Peut-être que je devrais me résoudre à m’essayer avec quelqu’un de complètement mon opposé et qui me calmerait. Rien que d’y penser ça me semble ennuyant. « J’espère vraiment qu’on n’aura pas à se rendre devant les tribunaux. C’est déjà assez tendu entre nous comme ça. » À part enfoncer leur décision de force dans la gorge de l’un de nous deux, les tribunaux ne feraient rien de bon dans notre conflit. Pour une fois dans notre vie, nous avions intérêt à être d’accord. Pour le petit. Et si nous arrivions finalement à un consensus, ou que le tribunal me laissait ma chance, il allait falloir que j’adapte mon appartement pour lui. Sauf que n’ayant jamais eu d’enfant dans mon entourage, je ne sais pas du tout ce qu’il me faut et rien que ça, ça me stresse. Alors je lâche la main de Stacey et je me dirige vers le salon pour lui désigner mon appartement et lui exprimer mes doutes. « Elle va certainement attendre que tu fasses tes preuves, même si tu n’as rien à lui prouver à elle. Mais tu vas y arriver Law’, tu en es parfaitement capable. Et je serai là pour t’aider, je serai là pour aller acheter ce qu’il faut pour que tu puisses recevoir ton fils comme il se doit chez toi. Mais je sais que tu t’en sortiras très bien, je n’en doute pas une seule seconde » Je ferme les yeux un instant en hochant la tête et je prends une grande inspiration pour me calmer avant de rouvrir les yeux en entendant sa question. « Tu as pu le voir ? » Les lèvres pincées, je plonge mon regard dans le sien tout en hochant la tête, m’assoyant finalement sur le canapé. « Oui, il s’est réveillé pendant qu’on se disputait. » Pendant qu’on criait, je me retiens de préciser. Et alors que je repense à notre rencontre riche en émotions, les traits de mon visage se détendent. « C’est tellement… étrange. Il arrive de nulle part, j’ai du mal à le réaliser. Pourtant il existe, je l’ai vu. » Pourtant j’ai presque le goût de me pincer le bras pour vérifier que je ne dors pas. Je m’avachis un peu dans le canapé pendant que je pense à son petit visage et au son de sa voix, ce qui m’arrache un petit sourire. « Et il me ressemble un peu. » Je n’avais aucun doute qu’il s’agissait réellement de mon fils après que nos regards se soient croisés. Ses yeux qui n’étaient que le reflet des miens. Maintenant plus calme, je relève la tête vers Stacey en lui souriant. « Merci Stace’. Je sais zéro ce que je ferais si t’étais pas là. » J’aurais clairement été incapable d’affronter tout ça si j’étais encore seul et que je ne l’avais pas retrouvée. Ou peut-être que je me serais résolu à demander de l’aide à mes parents adoptifs. Soudainement, une question me traverse l’esprit. Et quand je tourne la tête vers Stacey, j’ai presque l’air apeuré. « Tu penses qu’il est propre à 3 ans et demi? J’ai jamais changé de couche… » Et j’ai le haut-le-cœur rien que d'y penser.
L’information peine à faire tout son cheminement dans ma tête depuis que j’ai lu cette lettre adressée à mon frère lui annonçant qu’il était père. Père d’un enfant dont il ignorait l’existence. Ou plutôt, dont il connaissait l’existence mais dont il ignorait en être le père. Car son ex-petite amie, Danika Riley, s’est bien tenue de lui dire la vérité, préférant le mensonge pendant plus de trois ans. Et qui sait combien de temps encore aurait-elle pu continuer ainsi si son propre père n’aurait pas révélé la vérité à Lawrence… Si je ressens indéniablement de l’incompréhension à l’égard de la décision de la jeune femme, une certaine colère à peine camoufler, je peine encore à réaliser complètement la nouvelle. Lawrence, père d’un enfant. Une nouvelle qui lui tombe dessus du jour au lendemain sans crier gare. Une nouvelle qu’il semble accepter malgré la rancœur certaine à l’égard de Danika. Mais une nouvelle aussi qui le panique, car la bataille ne fait que commencer. « J’espère aussi mais la connaissant, je ne sais pas trop. Elle a une sacrée tête de cochon. Ça m’apprendra d’aimer les femmes avec du caractère ». Et c’est peut-être là que le bas blesse quand on sait qu’autant l’un que l’autre est borné et est connu pour leur excès de colère. Je grimace alors, m’abstenant de faire un quelconque commentaire sur les goûts de mon frère « J’espère vraiment qu’on n’aura pas à se rendre devant les tribunaux. C’est déjà assez tendu entre nous comme ça ». Et il valait mieux… pour lui, pour eux, pour l’enfant. Je resserre un peu plus sa main dans la mienne « je l’espère aussi Law’ » je lance alors doucement, mon regard sincère appuyant mes paroles. J’aimerai à ce moment même le rassurer davantage mais je ne savais pas comment cela allait se passer avec Danika, si elle et Lawrence allaient parvenir à trouver un chemin d’entente sans trop se tirailler… « Je serai là dans tous les cas » je murmure comme cherchant à l’apaiser, à apaiser cette colère qui le ronge un peu plus.
Il se dirige vers le living room, commence à paniquer sur ses capacités à accueillir l’enfant dans cet appartement. Je tente de le rassurer à nouveau, parce que c’est tout ce dont il a besoin présentement après avoir dû affronter cette nouvelle et de ce fait, faire face à son ex qui ne l’a pas aidé à dissiper les doutes. Mes mots n’amènent pas de réponse de sa part, un simple hochement de tête et un besoin de retrouver ses esprits. Je lui demande alors s’il a pu voir cet enfant, son enfant. Son regard trouve le mien alors que je m’avance un peu plus vers lui, le regardant s’assoir sur le canapé « Oui, il s’est réveillé pendant qu’on se disputait ». A ça, je grimace, imaginant la scène. « Il n’a pas été… effrayé ? » je demande alors en venant prendre place à ses côtés sur le canapé. De le voir lui, tout comme des cris échangés que j’imagine sans mal entre Danika et Law’ « Elle lui a dit ? Qui tu étais ? » j’ajoute en ne le quittant pas des yeux. « C’est tellement… étrange. Il arrive de nulle part, j’ai du mal à le réaliser. Pourtant il existe, je l’ai vu ». Cette dernière phrase me fait sourire car il semble avoir besoin de dire ça pour réaliser. Réaliser que le petit-être qu’il a vu est le sien. « C’est normal. J’ai moi-même du mal à réaliser que mon grand frère soit désormais papa… » Je me rends compte de la maladresse de mes mots et j’ajoute aussitôt « Non pas que je ne t’en juge pas capable mais… comme tu dis, c’est soudain et inattendu ». Il est décontenancé, ça se voit, ça se sent surtout lorsqu’il s’avachit dans le canapé, comme s’il avait besoin d’être bien plus qu’assis pour réaliser. « Et il me ressemble un peu ». Mon regard s’attendrit à ses mots, je viens aussi m’enfoncer un peu plus dans le canapé, posant mes deux mains sur mon ventre, tout en regardant devant moi « Un mini Law… J’ai hâte de le rencontrer ». Je ris doucement « Tu crois qu’il a ton tempérament ? ». Je le taquine gentiment, et tente peut-être aussi à l’aider à s’apaiser davantage en utilisant l’humour. « Merci Stace’. Je sais zéro ce que je ferais si t’étais pas là ». Je tourne alors doucement ma tête en sa direction « Ne me remercie pas Law’. Tu sais que je serai toujours là pour toi ». Je tends alors mon petit doigt vers lui pour qu’il vienne le saisir avec le sien, un sourire étirant mes lèvres. Une coutume instaurée par Mila, qui nous oblige toujours à réaliser ce petit geste pour tenir nos promesses. Nous restons ensuite quelques seconds silencieux avant que Law’ sorte de ses pensées « Tu penses qu’il est propre à 3 ans et demi ? J’ai jamais changé de couche… ». Mon regard revient immédiatement sur Lawrence avant que je n’éclate de rire « Rassure-toi, à cet âge-là, ils le sont généralement, mais ils peuvent encore avoir des accidents ». Je tente de tempérer mon rire parce que je sais que le regard noir de Lawrence n’est jamais trop loin. « Mais c’est une question que tu es tout à fait en droit de te poser, c’est légitime même », j’essaye de retenir un rire encore, mais il comprendra que, littéralement, à ce moment même, je ne peux m’empêcher de me moquer de lui, notamment en voyant sa mine dégoutée.
Shocked. Only word I can say. That's it: shocked. -- @Stacey Gallagher
Même si j’en veux toujours à Danika de m’avoir menti pendant toutes ces années, ma colère s’apaise un peu alors que Stacey me demande si j’ai pu voir Maddox. « Il n’a pas été… effrayé ? » Mon regard se baisse sur mes mains pendant que je hoche lentement la tête en repensant à la peur que j’ai vue dans son regard lorsqu’il a posé ses yeux sur moi. En même temps, je ne peux pas vraiment la blâmer alors qu’il s’était fait réveiller par les cris de sa mère et de ceux d’un inconnu. « Un peu au départ c’est sûr. Après un moment sa curiosité a pris le dessus. » Dès que nous l’avions aperçu nous nous étions tus. Danika avait pris la situation en main, habituée d’interagir avec lui depuis sa naissance, alors que moi j’avais figé sur place, incapable de prononcer le moindre mot ou de faire le moindre geste. « Elle lui a dit ? Qui tu étais ? » Les bras croisés sur mon torse, je lance un regard furtif en direction de Stacey. « Qu’est-ce que t’en penses? » Je rapporte mon attention sur mes bras croisés, un sourire triste sur les lèvres. « Elle m’a introduit comme un ami du dojo. On n’est même pas ça. » Voilà plusieurs années que nous ne sommes plus rien l’un pour l’autre, que de mauvais souvenirs. Que nous nous contentons de nous ignorer lorsque nous ne pouvons pas nous éviter au dojo. Il aurait été plutôt surprenant qu’elle dise au petit qui j’étais aujourd’hui, considérant qu’elle n’était pas du tout enchantée de me voir débarquer chez elle. Si elle avait pu, elle aurait probablement apporté ce secret dans sa tombe ou elle aurait fini par craquer à force que Maddox lui pose des questions en vieillissant. Et ça c’est si elle ne décidait pas de lui inventer un autre mensonge pour camoufler le premier. « C’est normal. J’ai moi-même du mal à réaliser que mon grand frère soit désormais papa… Non pas que je ne t’en juge pas capable mais… comme tu dis, c’est soudain et inattendu. » D’autant plus que le petit ne venait pas de naître, il sortait de nulle part comme une surprise d’un kinder surprise. Encore heureux que j’ai appris son existence avant qu’il entre à l’école… « J’avais compris. » dis-je en posant une main sur son bras en lui souriant. « En tout cas, laisse-moi te dire que je ne l’ai pas vu arriver celle-là. » Même si j’avais eu des doutes en apprenant qu’elle était enceinte, ils étaient disparus au moment même où je l’avais confrontée sur le sujet et qu’elle m’avait affirmé que ce n’était pas de moi. Quatre ans plus tard, je ne m’attendais définitivement plus à recevoir ce genre de nouvelles de sa part. Mes lèvres s’étirent en un sourire lorsque que je mentionne qu’il me ressemble un peu. Pour le moment, Maddox et moi ne nous connaissons pas du tout alors, bien que ça paraît sans doute insignifiant, je peux réjouis de partager avec lui certains traits physiques. « Un mini Law… J’ai hâte de le rencontrer. Tu crois qu’il a ton tempérament ? » Je ris silencieusement et je frappe le bras de Stacey du revers de la main. « Je ne sais pas… Après je ne suis pas sûr que ce soit mieux s’il a le tempérament de Danika. Fuck mais il n’a aucune chance ce gamin. » dis-je en riant, espérant qu’il ne retiendrait ni d’elle ni de moi ou il allait nous en faire baver. « Espère que non parce qu’il risque de t’en faire baver à toi aussi. T’es sa tante après tout. » Et je grimace en terminant de prononcer ces mots tellement ça me fait bizarre de les entendre de ma propre bouche. « Ne me remercie pas Law’. Tu sais que je serai toujours là pour toi » La tête appuyée contre le dossier du canapé, je pose mon regard sur le sien pendant que je saisis son petit doigt avec le mien en lui souriant. « Until the end. » Jusqu’à notre mort, plus question d’être séparés encore une fois. Soudainement, je réalise que je ne sais pas du tout si le petit est propre et mon visage change du tout au tout. Lorsque je demande à Stacey si elle croit qu’il est propre, elle se met à rire. « Rassure-toi, à cet âge-là, ils le sont généralement, mais ils peuvent encore avoir des accidents. » Le regard dans le vide, je grimace en pensant à ces possibles accidents. À son âge, ça doit être pas mal plus gros et dégoûtant qu’un bébé naissant. « Mais c’est une question que tu es tout à fait en droit de te poser, c’est légitime même. » J’entends dans sa voix qu’elle se retient de rire encore et, au final, c’est moi qui commence à rire au moment où je pose mes yeux sur son visage. « Mais arrête de rire de moi! » dis-je en commençant à enfoncer mon index dans ses côtes pour la chatouiller. Nous nous chamaillons un instant comme des enfants et, lorsque nous décrétons finalement la trêve, je me prends le visage à deux mains. « J’ai mal aux joues. » dis-je entre deux rires, le cœur beaucoup plus léger qu’au début de la soirée. Mon regard plongé dans le sien, je lui souris affectueusement. « T’es probablement fatiguée de ta journée de travail, tu peux y aller si tu veux. » Elle fronce les sourcils et m’interroge du regard, ce à quoi je réagis en posant ma main sur son bras pour la rassurer. « Je vais être correct, je me sens vraiment mieux. » Rassurée, Stacey se lève et quitte mon appartement.