Noël, les fêtes, la nouvelle année, Erin avait finit deux mille vingt sous les chapeaux de roues. La blonde flottait sur son petit nuage depuis plusieurs semaines déjà. Brun, les cheveux mi-long. Un regard bleu océan. Un sale caractère, mystérieux, taquin, attachant. Voilà à quoi ressemblait le bonheur pour Sanders. Depuis peu, la demoiselle goûtait aux saveurs de l’amour. Et ça la rendait toute joyeuse. Un peu niaise aussi, faut l’avouer. Elle souriait pour un oui, pour non. Et il suffisait qu’elle le voie pour que sa journée soit parfaite. Oui, Erin est amoureuse. C’est Adriel qui lui avait ouvert les yeux sur le sujet. Il s’était abstenu de le chanter mais c’était moins une. Ils avaient passé Noël ensemble. C’était parfait comme toujours. Avec Addie, Sanders était rarement déçu, pour ne pas dire jamais. D’ailleurs, Mayers lui avait balancer que Tessa était en couple. Ce n'était pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Erin avait fait un blocage sur le mot ‘couple’ Tessa. D’autant plus que Adriel n’était pas dans l’équation. Elles avaient l'habitude de tout se dire. Mais dernièrement elles ne s’étaient pas trop vu. Et Tessa a eu son opération. Bref, la blonde avait bien l’intention de se rattraper aujourd’hui. Elles avaient trop de choses à se dire pour ne pas se voir. Elle ouvre le frigo et attrape la bouteille d’Oasis à moitié vide. Le goulot de la bouteille à la bouche, Erin boit cul sec ce qui reste. « Tu peux pas prendre un verre ? » Elle regarde son frère tout en continuant de boire le jus de fruit. « De un c’est ma bouteille. De deux je l’ai fini, de trois … Cherche pas t'as tort » Elle lui fait une grimace pour le provoquer avant de tenter de l’assommer avec la bouteille vide. Mais le plastique à tout juste le temps de frôler la tête d’Elias que déjà il attrape la bouteille pour la retourner contre sa sœur. « Eliassss nonnnn nonnnnnn !!! » La blonde se met à courir autour de l’îlot de la cuisine pour échapper à son bourreau de frangin. Elle rit tellement que ça la ralentit dans son élan. Erin se met à courir dans tout l’appartement. Ava manque de peu de se faire renverser par les deux autres. Et comme si ça ne suffisait pas, Burton s’y met en coursant le brun. « Attrape Burton Attrape » Le pire c’est que le berger allemand s’exécute en attrapant le mollet du flic. Sanders se tort de rire en voyant son frère dans le pétrin. « Hahahaha MAIS HAAAA j’en peux plus. » Elias peste contre sa soeur. Mais Erin se met à pleurer de rire. S’en est trop pour le brun. Il l’attrape comme un vulgaire sac à patate pour l’amener jusqu’à la salle de bain. « Lâchheeeeee moiiiiiii » Connaissant Elias, elle craint le pire. Bingo. Il la fout tout habillé sous la douche, et il active l’eau tout en la maintenant à l’intérieur. « Elle est froideeeeee. Je te détesteeee » Mais elle peut râler, son frère en a fichtrement rien à foutre. Elias la laisse en plan non sa sourire. Il était fier de son coup. La blonde essore ses fringues du mieux qu’elle peut avant de faire floque floque avec ses chaussons jusqu’a sa chambre.
« Je vais voir Tessa, à toute » Erin quitte l'appartement avec son chien. Elle avait prit soin de se changer avec des vêtements sec et propre. Burton prend place sur la banquette de sa coccinelle. C’était l’occasion de présenter les deux toutous en plus de refaire le monde entre nanas. Sur la route elle s’arrête à un Sushi shop. « Tu gardes la voiture mon gros » Elle lui gratouille la tête avec ses ongles avant de fermer la portière. Dix minutes après elle revient avec un sac plein de sushis et de makis délicieux. Le canin commence déjà à se lécher les babines. « Nan mais tu rêves les yeux ouvert, je t’annonce » Le sac est posé sur le plancher côté passager. C’est plus sûr. Surtout avec le morfale qui bave sur son épaule. Les voilà enfin arrivés à Bayside. Sanders n’a pas prit le temps de prévenir son amie. De toute façon elle sait qu’elle ne bosse pas actuellement. Et Tessa est un peu casanière sur les bords. Son chien la suit au pied. Le sac en papier dans sa main droite, Erin marche d ‘un pas enjoué jusqu’a l'appartement de Mulligan. Elle connaît le chemin par cœur pour être venue ici un million de fois. Sanders prend le soin de frapper à sa porte et patiente qu’elle lui ouvre. C’est déjà arriver qu’elle n’attende pas son accord. Mais il y avait un garçon dans l’histoire. Erin ne voulait pas voir des horreurs. Lorsque Tessa lui ouvre Erin lui agite le sac de sushi sous les yeux en affichant un large sourire « Prête à te gaver Sushis et de me raconter tous tes malheurs ? » La blonde ne lui laisse pas le temps de répondre. Elle vient aussitôt enrouler ses bras autour d’elle pour un câlin. « Comment tu vas poulette ? » Son opération s'est apparemment bien passé mais elle la sentait un peu fatiguée, mais surtout contrariée . A cause de ce gars ? Ou d’autre chose ? Erin a bien l’intention de repartir d’ici avec toutes les informations en mains. Burton entre dans l’appartement pour faire la fête à Jay. Deux chiens de quarante kilos qui jouent dans un soixante mètres carré c’est un peu la cohues. Erin regarde par-dessus l’épaule de Tessa en souriant. « Je suis pas venue seule, Tu ne m’en voudra pas ? » Elle lui fait une petite tape amical sur l’épaule avant de rentrer à son tour. Le sac termine son voyage sur la table basse tandis qu’elle se retourne vers Tessa. « Bon ! Je cois qu’on a des choses à se dire. Comment ça va toi ? » Elle ne rentrait pas direct dans le vif du sujet tout de suite Mais ça ne serait tarder.
Je me remettais doucement de mon opération, remettant ainsi mes projets au goût du jour. J’avais bien tenté de me lancer de nouveau dans la création de mon cabinet, mais j’avais du lever un peu le pied, reprendre vraiment doucement, ne pas recommencer à jouer les acharnées du travail du jour au lendemain. J’étais toujours aussi emballée, mais j’étais surtout encore très fatiguée et il fallait que j’élimine un maximum tout ce qui pouvait être une source de stress, ce qui n’avait rien d’aisé, en vérité. Au niveau du stress, il était difficile pour moi de l’éviter, surtout depuis que Peter était passé à l’hôpital, sous la contrainte de Lawrence, bien évidemment. La discussion s’était rapidement envenimée et j’avais balancé quelques vérités que j’aurais dû garder pour moi. J’étais en colère contre mon frère, en colère qu'il m'ait ainsi oubliée, qu'il m'ait causé autant de souci dans un moment pendant lequel je n’aurais dû penser qu’à moi et à mon rétablissement, qui allait s’avérer être long et douloureux. J’allais mieux, je m’étais partiellement remise de cet épisode, mais je n’avais toujours pas cherché à revoir Peter. Bien évidemment, je pensais à lui, constamment. Bien évidemment, je me faisais toujours autant de souci pour lui. Bien évidemment, j’étais trop fière, trop en colère pour faire un pas vers mon aîné, pour tenter de lui pardonner et de repartir à zéro. Je restais persuadée qu’il était en train de gâcher sa vie et je lui en voulais d’avoir cherché à juger la mienne, au vu de sa position du moment. Il était clairement mal placé pour me faire une quelconque leçon de moral pour une simple histoire de différence d’âge, parce que clairement, il n’avait rien à me reprocher, moi en revanche, je continuais à considérer sa façon d’agir comme étant purement égoïste. Après cette prise de tête avec Peter, j’avais décidé d’arrêter de parler d’Andrew, du moins, pas aux personnes qui ne connaissait rien de notre idylle, contrairement à quelques un mes proches qui l’avaient croisé à l’hôpital et qui avait vite compris les raisons de la présence du père de famille. Non pas que je n’assumais pas la situation, bien au contraire, mais j’étais simplement lassée des prises de tête, de devoir me justifier et de me sentir perpétuellement jugée. Après tout, nous avions peut-être une grande différence d’âge, mais nous savions tous deux ce que nous faisions et nous étions heureux ensemble. Où était le problème en fin de compte ? Il n’y en n’avait pas, à part peut-être le regard des autres et cela, malheureusement, j’avais beau détester les jugements hâtifs, je ne pouvais que constater qu’ils étaient perpétuels et que je ne pouvais me battre contre cela.
Alors que je me levais de mon canapé, le dos endoloris à rester trop longtemps sans bouger, Jay, mon golden retriever, vint se poser à mes pieds et me donner la patte, ne manquant pas d’ajouter à tout cela une bouille de chien battu, afin d’attirer mon attention. Depuis que j’étais revenue de l’hôpital, mon chien était devenu beaucoup plus doux, ne me sautant même plus dessus pour me faire la fête, se contentant de se faire comprendre de façon moins brusque. J’avais toujours été persuadée que les animaux avaient un sixième sens et j’avais vite compris que Jay avait immédiatement compris mon état, se montrant ainsi très compréhensif et d’une douceur que je ne lui soupçonnais pas. « T’as faim mon gros bébé ? » Lui lançais-je, en me penchant en avant pour lui faire une caresse, alors que mon compagnon finissait rapidement sur le dos, en me présentant son ventre, dans l’espoir que je passerais les prochaines heures à le câliner. Après quelques gratouilles, je me dirigeais vers sa gamelle que je remplissais et lui déposais sur le sol. Cette dernière fut vidée à une vitesse impressionnante, ce qui n’avait rien d’étonnant fut l’appétit de mon compagnon à quatre pattes. Alors que j’allais reprendre place sur mon canapé (ce qui était ma principale occupation depuis mon retour de l’hôpital), j’entendis frapper à la porte. Il me fallut une seconde pour réfléchir à savoir si j’attendais quelqu’un dont j’aurais oublié la venue, mais de toute évidence, ce n’était pas le cas. Andrew avait déjà passé une partie de l’après-midi avec moi et Adriel comptait venir dès le lendemain matin. Non, mes seuls compagnons pour ma soirée étaient bel et bien censés être ma télécommande, ma télé et Netflix. Je m’approchais de la porte, que j’ouvrais rapidement, surprise de découvrir cette visite imprévue. « Erin ? » Lançais-je, non sans un effet de surprise présent sur mon visage, qui fut rapidement transformé en un sourire rayonnant. J’avais toujours apprécié la jeune fille, même si ces derniers temps, je ne l’avais que trop peu vue. Je regardais le chien de la blondinette faire irruption dans mon appartement, provocant l’excitation de Jay et un vrai mouvement de manique entre mes quatre murs. Moi qui trouvais que mon lieu d’habitation était trop calme depuis quelques temps, j’étais plutôt servie. « Prête à te gaver Sushis et de me raconter tous tes malheurs ? » Mon regard se posa sur le sac que la jeune file agita sous mon nez, avant de rentrer chez moi, sans me laisser le temps de réagir. « Oui bien sûr que je le suis, mais… » Je n’eus pas le temps de finir, de lui affirmer que je n’avais pas vraiment de malheurs à lui raconter qu’elle me serra dans ses bras. J’étais heureuse de la voir et de passer cette soirée avec elle, surprise, mais vraiment heureuse. « Comment tu vas poulette ? » Je haussais les épaules, que répondre à cette question ? « Je suis fatiguée, je m’ennuie à mourir, j’ai envie de travailler, mais on va dire que ça pourrait être pire. » Lâchais-je, sans pour autant laisser apparaître un quelconque air blasé sur mon visage. L’énergie et la positivité d’Erin étaient pour le moins très, voir trop efficace. « Je suis pas venue seule, Tu ne m’en voudra pas ? » Je laissais échapper un petit rire. « J’ai cru remarquer oui, il y en a un qui est content, il s’ennuie en ce moment, je n’ai pas beaucoup l’occasion de le sortir. » Répondis-je, en faisant allusion à Jay, bien évidemment. Je me laissais tomber sur le canapé, gardant un œil sur le sac de sushis, au cas où l’une de nos boules de poils aurait une soudaine fringale, puis mon regard se posa de nouveau sur Erin. « Bon ! Je crois qu’on a des choses à se dire. Comment ça va toi ? » Malgré moi, je ne pouvais m’empêcher de me poser quelques questions. L’arrivée soudaine d’Erin sans qu’elle me prévienne au préalable, suivi de cette réplique, je me demandais si elle n’avait pas eu mot de quelque chose qui s’était passé dans ma vie et dont j’avais omis de lui parler. Peu importe après tout, la connaissant, je serais rapidement mise au courant. « Ben écoute, si on enlève le fait que je fuis à tout prix les miroirs de peur d’y voir ma tête de zombi, j’ai déjà vécu pire. Et toi alors, quoi de neuf depuis le temps ? Ça fait un moment qu’on n’a pas eu l’occasion de passer une soirée ensemble, ça me manquait je t’avoue. » J’avais retrouvé passablement un peu d’énergie, ce qui était une très bonne chose et qui annonçais une soirée bien plus intéressante que celle que je m’étais préparé à passer.
D’un pas enjoué, Erin s’avance vers l’appartement de son amie. Elle veut s’assurer que Mulligan aille bien. Même si on lui a passé le message comme quoi c’était le cas, Sanders veut le voir de ses propres yeux. Et puis ça fait super longtemps qu’elles ont passé un moment entre filles, ça lui manque. En plus elle a quelqu’un à lui présenter. D’ailleurs Burton tire sur sa laisse pour changer. À croire qu’il est content de rendre visite à la jeune femme lui aussi. Elle frappe et découvre un visage familier. « Erin ? » La blonde affiche un sourire rayonnant « Tessa » Qu’elle répond du tac au tac avant d’agiter le sac de sushi devant ses yeux. Elle se retient de lui sauter dessus. Elle est un peu trop expressive Sanders. Tactile aussi. Le berger allemand se faufile à l’intérieur pour saluer son nouvel ami. Il manque presque de bousculer les deux jeunes femmes. Une vraie tornade celui-là - Tel maître, tel chien …- La blonde est déjà toute excité de cette soirée entre nanas. Elle lui demande si elle est prête pour tout ça « Oui bien sûr que je le suis, mais… » Il n’en fallait pas plus pour qu’Erin vienne la serrer dans ses bras. Elle avait besoin d’un gros câlin de sa Tessa. Elle finit par la lâcher. Manquerait plus qu’elle l’étouffe dans son étreinte - elle en serait capable - Puis elle pose l’éternelle question. « Je suis fatiguée, je m’ennuie à mourir, j’ai envie de travailler, mais on va dire que ça pourrait être pire. » Pour la fatigue, elle ne pourra pas y faire grand chose si ce n’est la fatiguer encore plus … Mais de la bonne fatigue ! Pas de la fatigue, genre elle est chiante. Enfin, elle espère. Pour rompre l’ennuie, Tessa ne pouvait pas mieux tomber ! Erin va lui changer les idées sans problèmes ! Et le reste, Mulligan devra se montrer patiente. La blonde lui annonce qu’elle n’est pas venue seule. Même si le canin n’est clairement pas discret à se jeter sur le Golden retriever pour jouer. « J’ai cru remarquer oui, il y en a un qui est content, il s’ennuie en ce moment, je n’ai pas beaucoup l’occasion de le sortir. » Erin regarde les deux molosses chahuter ensemble. Elle est bien contente qu’ils s’entendent bien ces deux là. En même temps Jay est un amour de chien. Et Burton n’est pas mal non plus dans son genre. « Pourquoi tu ne m’a pas appelé ? Je m’en serais occupé moi. Maintenant que j’ai un chien j’ai pris le pli pour les balades », c’est tout son emploi du temps qui est chamboulé depuis l’arrivée de Burt’ à la maison. Erin a dû s’habituer à devoir le sortir régulièrement. Mais elle prenait plaisir à le faire. Une bonne excuse pour échappé au ménage de la colocation ou fuir une discussion. ‘Je vais sortir le chien’ qu’elle siffle quand ça l’arrange. La phrase joker. Elias est heureux comme un pape ! (Ironique) Tessa se dirige vers le canapé dans lequel elle se laisse lourdement tombée. Erin suit le même chemin en prenant place à ses côtés. De suite elle oriente plus ou moins la conversation. Elle n’oublie pas sa mission ! Son frère est flic, elle a forcément des facultés à faire parler les gens elle aussi. Non ? « Ben écoute, si on enlève le fait que je fuis à tout prix les miroirs de peur d’y voir ma tête de zombi, j’ai déjà vécu pire. Et toi alors, quoi de neuf depuis le temps ? Ça fait un moment qu’on n’a pas eu l’occasion de passer une soirée ensemble, ça me manquait je t’avoue. » Sanders examine le visage de Tessa. C’est vrai que ses traits sont un peu tirés, mais elle ne reste pas moins jolie. Et si elle voulait une touche de maquillage, Erin s’en occuperait avec joie. « Mais ouais trop !! C’est ce que je me disais. Il c’est passé tellement de choses depuis … » Elle marque un blanc en repensant à sa propre situation. Le retour de Maxence à Brisbane. L’arrivée de Burton. Mais surtout un certain monsieur au regard bleu océan qui la rend complètement niaise. « J’ai plein de trucs à te raconter. Je ne sais même pas par quoi commencer en vrai ! » Elle se passe une main dans les cheveux en souriant à son amie. Jay vient la saluer en s’approchant d’elle, la langue bien pendue. Erin lui grattouille la tête en souriant. « Déjà bah y a Burton que j’ai adopté il y a peu. Ça faisait un moment qu’il était au refuge. Il me faisait de la peine. C’est un amour. Un peu brute, mais un amour quand même » En parlant du loup, il s’approche de sa maîtresse en posant ses deux grosses pattes sur ses cuisses. « Espèce de gros jaloux » Elle enroule ses deux bras autour de son encolure pour un gros câlin. Avant qu’elle ne passe le cap de l’adoption, ces deux là se fréquentaient déjà lors des visites de la demoiselle en tant que bénévole. Burton finit par descendre pour retrouver son copain canin. Erin se penche sur la table pour étaler les sushis sur la table basse. Elle donne une paire de baguettes à Tessa en souriant. Ça lui faisait vraiment plaisir d’être là. Ce n’était pas sans lui rappeler ces moments filles, à refaire le monde avec des si et des peut-être. « Tu prévois toujours d’ouvrir ton cabinet ? Moi je finis mon année et ensuite le cabinet où je bosse, ils vont peut-être me faire un contrat. » Elle se penche et attrape un maki qu’elle trempe dans la sauce sucrée. Elle le gobe en le savourant les yeux mi-clos. « Et les amours ? Raconte ? T’en est où de ce côté-là ? » Subtile non ? Elle pose la question comme ça l’air de rien entre deux sushis. Erin ne précise pas que c’est Adriel qui lui a soufflé cette info. Non, elle préfère avoir la version de Tessa. D’habitude elles se disent tout. Elle prend donc le risque que Mulligan lui pose la même question en retour. C’est le jeu. De toute façon Sanders semble assumer sa relation avec Nel. Peut importe ce que les gens penseront. Elle est déterminée à l’aimer. Erin est loin de se douter que son idylle a de nombreux points communs avec celle de Tessa. Et à mille lieues de savoir que les deux hommes sont copains comme cochon ...
J’avais toujours considéré Erin comme un véritable petit rayon de soleil, qui savait me faire retrouver le sourire en toutes circonstances. Elle m’avait toujours beaucoup soutenue dans mes projets, allant même jusqu’à passer des heures à m’aider dans ma paperasse, permettant ainsi de passer des journées qui promettaient d’être longues et désagréables en moments de joie et éclats de rire en tout genre. J’avais toujours pu compter sur elle, au même titre qu’Adriel et c’était toujours un plaisir de la voir débarquer à l’improviste, même dans l’état dans lequel je me trouvais à cet instant. « Pourquoi tu ne m’a pas appelé ? Je m’en serais occupé moi. Maintenant que j’ai un chien j’ai pris le pli pour les balades » Je haussais les épaules. J’étais censée être alitée et aussi bien avant qu’après mon opération, il avait été celui qui m’avait reboostée et donné un but dans ma journée, même si j’étais censée rester allongée, devoir m’en occuper m’aidait à garder le moral. « Peut-être parce que c’est le prétexte parfait pour que je puisse prendre l’air. Si je reste enfermée, je vais finir par devoir être internée, j’en peux plus de rester entre quatre murs. » Lançais-je, avec une certaine sincérité. Mon séjour à l’hôpital avait été assez long et déprimant pour que je remette ça chez moi, c’était certain. « Mais ouais trop !! C’est ce que je me disais. Il c’est passé tellement de choses depuis … » Beaucoup trop de choses oui, je n’avais pas eu l’occasion de parler beaucoup à Erin depuis que j’avais appris mes problèmes cardiaques et que je n’avais pu sortir que très peu. Nous avions indéniablement beaucoup de temps à rattraper toutes les deux. « J’ai plein de trucs à te raconter. Je ne sais même pas par quoi commencer en vrai ! » Comme moi, je ne le savais pas réellement, il y avait Peter, Andrew et tout ce qui s’en suivait… Il y avait aussi ce petit quelque chose que je ressentais lorsque j’étais en présence d’Adriel, mais était-il bien sage de l’énoncer ? Je culpabilisais suffisamment, en sachant que j’étais très heureuse en couple et qu’Andrew me comblait de bonheur, je n’étais très certainement pas à plaindre sur ce point, je n’avais donc aucune raison de flancher, mais seulement… Tout ne se passait pas toujours comme nous l’espérions. « Déjà bah y a Burton que j’ai adopté il y a peu. Ça faisait un moment qu’il était au refuge. Il me faisait de la peine. C’est un amour. Un peu brute, mais un amour quand même » Il alla poser ses deux pattes sur sa maîtresse, je m’approchais alors pour lui gratouiller la tête avec un sourire attendrit. « Il est trop mignon. Tu t’es trouvé un Jay bis finalement, j’ai vécu exactement la même chose il y a un an avec lui, tu verras que tous les jours tu te répéteras que tu as fait le bon choix. » Mon histoire avec Jay était une histoire particulière, tout comme l’amour que je portais à mon chien. Alors que j’étais assise dans le canapé, il arriva d’ailleurs pour sauter directement les deux pattes avant sur moi, tout en réclamant des caresses, comme si je n’avais pas déjà fait cela toute la journée. Je finissais par le forcer à redescendre et mon compagnie à quatre pattes repartit jouer avec son nouveau copain. « Tu prévois toujours d’ouvrir ton cabinet ? Moi je finis mon année et ensuite le cabinet où je bosse, ils vont peut-être me faire un contrat. » Je lui souriais, soudainement un peu pensive. J’avais pensé à de nombreuses reprises à m’associer avec Erin. Elle était très douée, aussi passionnée que moi et surtout, elle s’était investie dans mon projet sans ne rien attendre en retour. Dans ma tête, si je devais avoir une associée, cela ne pouvait être qu’elle, seulement, je n’avais pas encore eu l’occasion de lui en toucher un mot, sans doute était-ce le temps de le faire après tout. Ma décision était mûrement réfléchie et je lui faisais une confiance aveugle, je savais que je ne prenais aucun risque en lui faisant une telle proposition. « Oui, quand je pourrais me lancer de nouveau pleinement dans mon projet, ce sera plus simple. » Commençais-je, avant de reprendre, innocemment. « C’est dommage que tu comptes retourner là-bas, tu aurais peut-être pu trouver encore mieux ailleurs… » Je souriais en coin, me retenant intérieurement pour laisser encore durer le suspense. Une proposition pareille ne se faisait pas n’importe comment et surtout, au fond de moi, je craignais fortement qu’elle ne refuse mon offre. Peut-être n’avait-elle pas envie d’avoir tant de responsabilités alors qu’elle finissait à peine ses études. « Et les amours ? Raconte ? T’en est où de ce côté-là ? » Je laissais échapper un rire à sa remarque qui était tout sauf innocente. Erin était très proche d’Adriel, Adri avait toujours évité un maximum de me poser des questions, il faut dire que le sujet Andrew était plutôt tabou pour nous deux, comme s’il pouvait créer un certain malaise dans notre relation… Mais je ne doutais pas que le jeune homme devait se poser tout un tas de question qu’il n’osait pas m’adresser directement. « Ne me mens pas, ne fais pas comme si Adri ne t’en avais pas parlé, je vous connais tous les deux. » Je prenais un sushi, cherchant mes mots avant de me lancer. J’avais eu énormément de réactions négatives concernant ma relation avec Andrew et même si je savais qu’Erin n’était pas du genre à juger sans savoir, j’étais un peu lassée de n’entendre que des désapprobations concernant mes choix. « Il se trouve que j’ai quelqu’un, avec qui ça se passe très bien, même si pour ma famille… C’est un peu compliqué, même très compliqué… » Peter ne me parlait plus, mes parents désapprouvaient totalement cette relation, ce qui n’avait rien d’étonnant puisqu’ils étaient amis de longue date avec Andrew… Seul Link semblait essayer de comprendre et ne pas juger. Heureusement qu’il était là d’ailleurs. « Je sais qu’ils n’accepteront jamais notre relation, à Andrew et moi, ni mes parents, ni Peter, je vais devoir m’y faire… » J’avais lâché son nom, comme pour vérifier si elle pouvait éventuellement le connaître, avant de partir dans d’avantages d’explications. Je tâtonnais, comme je le faisais souvent lorsque j’abordais ce sujet. Je n’avais pas honte, évidemment, je préférais juste y aller par étapes. J’avais appris, à mes dépens, que balancer la vérité trop brusquement n’était pas toujours une bonne chose, ma dispute avec Peter pouvant en attester.
Elles se connaissent depuis plusieurs années maintenant. C’est comme si Tessa faisait partie de la famille. Tout comme son frère, Link. Erin a tissé un lien très fort avec lui. Ils ont d’ailleurs partagés leur première fois. C’était comme un accord. Pas d’entourloupe. Pas de … Comment ça s’appelle déjà ? Sentiments …! Juste un échange de bon procédé. Il voulait essayer avec une fille. Elle voulait le faire avec quelqu’un de confiance. Quelqu’un avec qui elle ne le regretterait pas. Link était parfait pour ça. Il s’est montré doux et très respectueux avec la blondinette. (On vous épargne les détails). Un secret bien enfoui. D’ailleurs c’est très surprenant que Sanders n’a pas balancé ce scoop depuis le temps. C’est reine des gaffes. Pas sûr que Tessa saute de joie si elle l’apprenait. Et pour Adriel…hm… le moment des révélations n’a pas sonné. Du moins pas tout de suite. Là elle a juste envie de profiter de son amie. Erin va donc éviter de parler des choses angoissantes. Tessa l’invite à entrer ou plutôt Erin s’invite à le faire. Tout comme son chien qui joue déjà comme un fou avec Jay. Une vraie tornade ambulante. D’ailleurs Sanders lui propose ses services en tant que Dogsitter. Mais Tessa refuse poliment. Gardant son chien comme bon prétexte pour mettre le nez dehors. « Peut-être parce que c’est le prétexte parfait pour que je puisse prendre l’air. Si je reste enfermée, je vais finir par devoir être internée, j’en peux plus de rester entre quatre murs. » C’est vrai que Mulligan semblait au bout de sa vie. Erin la regarde un peu perplexe en se mordillant la lèvre inférieure. « Je t’aurai bien amené faire des folies de ton corps mais je voudrais pas t’achever » Boite de nuit, bain de minuit, fête foraine ...etc Rien qu’en se pointant ici c’était un risque. La blonde est un vrai boute-en-train. C’est pas toujours facile de la suivre. Mais de toute manière elle compte bien se rattraper. D’ici vingt-quatre heure à peine, un anniversaire surprise va lui tomber dessus sans crier gare. Là oui, Erin va l’achever. C’est donc plus sage qu’elles restent sages ce soir. Elle aurait dû injecter de la vitamine C à gogo dans ses sushis. Trop tard. Red bull donne des ailes ! Ouais mais nan … Avec son problème cardiaque c’est pas génial. — Pas de conneries Sanders — « Nan mais ce soir on reste cool. On se rattrapera, t’inquiéteeeeeee » Justement, le "t’inquiète" n’a rien de rassurant. Ça sonne comme un -> Ton heure viendra sous peu. Et Tessa connait assez Erin pour savoir que ça craint. Elle lui fait son sourire malicieux qui l’enfonce un peu plus dans sa connerie.
Erin lui fait un récap’ de tout ce qu’elle a raté. Et ça commence par l’adoption de Burton. « Il est trop mignon. Tu t’es trouvé un Jay bis finalement, j’ai vécu exactement la même chose il y a un an avec lui, tu verras que tous les jours tu te répéteras que tu as fait le bon choix. » Sanders gratouille son chien affectueusement. Elle n’a aucuns regrets c’est certain. Depuis le temps qu’elle en voulait un. Elle n’avait juste pas oser franchir le pas. Peur de ne pas assumer son train de vie et la responsabilité d’un animal. L’avantage c’est qu’elle peut l’amener avec elle au cabinet. Burton sait se faire discret. Il reste sagement couché dans son panier le temps que sa maîtresse occulte ses amis à quatre pattes. Par contre quand elle est en cours ça se corse. Le berger Allemand trouve les journées longues, et il n’a rien trouver de mieux que mâchouiller les chaussures d’Elias pour tuer le temps. Son frère poussait sa gueulante un bon coup. Puis ça passait jusqu'à la prochaine bêtises. Bizarrement il ne touchait pas aux escarpins d'Erin. « Ça faisait déjà un moment qu’il patientait au refuge. Personne ne voulait l’adopter car il va sur ses sept ans. Sérieux les gens sont stupides. » Elle mâche ses mots. Mais elle n’en pense pas moins. Erin est souvent confrontée à des comportements ignobles quand elle donne de son temps au refuge. Ce qui la chagrine le plus ce sont tous ces animaux lâchement abandonnés sans raison valable. Trop gros … trop petit, trop poilus, trop bruyant. Les gens ont tendance à oublier que ce ne sont pas des objets qu’on range dans un coin de la maison juste pour faire bien. Pire, qu’on peut les jeter comme un vulgaire article à la consommation. Burt’ et Jay sont bien tombés, c’est certain. D’autant plus que leurs maîtresses sont toutes les deux vétérinaires. Quelle aubaine ! Ou pas … Le golden vient faire son jaloux en s’approchant de Tessa. Et ça ne manque pas d’attirer l’intention de Burton qui le provoque pour aller jouer plus loin. Ils s’entendent bien c’est une bonne chose. Son amie lui avait parlé de son projet d’ouvrir un cabinet. D’ailleurs Erin l’avait aidé à monter le dossier. Ça semblait évident de venir en aide à Tessa. La question ne se pose même pas. Il manquait juste sont plan de financement et l'autorisation de la banque pour réellement se lancer. Mais son amie est tout à fait apte à procurer des soins de façon autonome. « Oui, quand je pourrais me lancer de nouveau pleinement dans mon projet, ce sera plus simple. » Et ce n'est qu’une question de temps pour que son projet aboutisse. « Tu vas vite te remettre sur pied je m’en fais pas » Rajoute Erin sans l’once d’une hésitation. « C’est dommage que tu comptes retourner là-bas, tu aurais peut-être pu trouver encore mieux ailleurs… » Elle hausse les épaules sans trop capter la perche que lui tend Tessa. « Ailleurs ? » S'interroge t-elle en fixant son amie. Jusqu’à ce qu’elle percute enfin. « HAN ? SÉRIEUX ? MAIS ?! » Son enthousiasme est beaucoup trop grand pour qu’elle reste là, assise sagement sur le canapé. Erin lui saute au cou pour un câlin à la Sanders. « Tu me fais trop plaisir Tessa » Elle la serre dans ses bras affectueusement puis elle se recule pour ne pas l’étouffer avec son étreinte. « OUI OUI OUI ! J’accepte ! Le cabinet hmmmm… SANDIGAN HAHA pour vous servir ou le Pet’s Family ? On fera la déco. Les gars monteront les meubles, c’est mieux. Jay et Burton feront la sécurité. » Elle regarde les deux loustics perplexe. « Hm… je crois que Yoda fera un meilleur chat de garde » Elle rit aux éclats. Beaucoup trop heureuse de cette proposition. Maintenant elle n’a qu’une hâte c’est de décrocher son diplôme. Erin enchaîne illico en posant LA question qui lui brûle les lèvres depuis des jours. A savoir, QUI rôde autour de Tessa. « Ne me mens pas, ne fais pas comme si Adri ne t’en avait pas parlé, je vous connais tous les deux. » Elle lève les yeux au ciel à la recherche de son auréole, mais elle reste définitivement absente. Son sourire est difficile à camouflé. D’autant plus que Sanders a hérité des fossettes de sa mère. Non vraiment, ça va être difficile de faire croire à Tessa le contraire. « Bon…Il se pourrait qu’il m’ait soufflé que t’avais quelqu’un. J’étais la première surprise. Rassure moi. C’est pas …Shephard ? » Elle prie intérieurement pour que ce ne soit pas lui. Ce gars ne méritait pas d’être avec Tessa. De toute manière aux yeux Sanders il n’y avait que Adriel qui était assez bien pour elle. Pour être sortie avec lui, elle le savait que trop bien. Il est adorable, affectueux, respectueux, séduisant, parfait sur tous les points — On se calme ! — « Il se trouve que j’ai quelqu’un, avec qui ça se passe très bien, même si pour ma famille… C’est un peu compliqué, même très compliqué… » Erin tente de trouver qui sait. Elle pioche un maki qu’elle trempe dans sa sauce sucrée. Avec un peu de chance ça va peut-être l’aider à réfléchir. « Compliqué pour quoi ? Ne me dis pas que c’est un mec marié ? » Ça serait le comble. Mais elle imaginait mal Tessa faire ce genre de choses. « Je sais qu’ils n’accepteront jamais notre relation, à Andrew et moi, ni mes parents, ni Peter, je vais devoir m’y faire… » « Andrew ? » Qu’elle répète mécaniquement. Mais se prénom ne lui dit rien pour le moment. Elle a beau chercher, ça ne vient pas. « Pourquoi ta famille le renierait si t’es bien avec lui ? C’est quoi le problème ? Je comprend pas ? » Même si Erin aimerait que Tessa jette son dévolue sur Adriel, elle accepte que le coeur de son amie balance pour un autre homme. L’amour ça ne se choisit pas. Hein Sanders ?! Si seulement elle savait qu’elles étaient plus ou moins dans la même situation. Ça ne serait tarder !
Le seul vrai moment pendant lequel j’avais confié mes animaux était lors de mon hospitalisation. Plus d’excuses, plus de faux prétextes, j’avais dû passer la main, tout aussi difficile qu’avait été cette épreuve. Par chance, Adriel avait répondu présent, une fois encore et avait pris soin de mes animaux au même titre que les siens. Même si je tenais énormément à Jay et Yoda, je n’avais absolument aucune raison de douter d’Adriel, je lui faisais une confiance aveugle. « Je t’aurai bien amené faire des folies de ton corps mais je voudrais pas t’achever » Je prenais un air désespéré. Je n’avais jamais été du genre à sortir beaucoup, à courir les boîtes de nuits et à boire plus que de raison, mais je devais avouer qu’avec toutes les épreuves que j’avais traversé ces derniers mois, je n’attendais que ça, quitte à devoir le regretter le lendemain. Devoir être sans cesse au repos, ne pouvoir voir mes amis qu’entre quatre murs, c’était on ne peut plus compliqué à gérer, mais pour le moment, je n’avais pas réellement le choix, même si la tentation était grande, il fallait que je reste prudente, un maximum… Du moins, jusqu’à ce que je craque, chaque jour était une petite victoire en soit. Erin, c’était typiquement le genre d’amies à éviter dans une situation telle que la mienne, par chance, elle était consciente de la situation et j’étais plutôt rassurées… Frustrée, mais rassurée. « Je ne pensais pas dire ça un jour… Mais je pense que je vais vraiment me sentir revivre à ma prochaine cuite… » Je ne buvais que rarement de l’alcool, du moins pas à excès, mais je manquais clairement de libertés depuis que j’étais suivie pour mes problèmes de cœur et le jour où vraiment, je pourrais me lâcher à nouveau, serait aussi une petite victoire en soit, le début d’un renouveau. « Mais c’est pas sage, on est d’accord ? » Demandais-je à Erin, presque suppliante. Je doutais que mon amie me soutienne sur cette réflexion, j’avais même peur que cela ne l’encourage dans des projets qui étaient tout sauf sérieux. « Nan mais ce soir on reste cool. On se rattrapera, t’inquiéteeeeeee » Je haussais les sourcils et la regardais, suspicieuse. Si pour une personne qui connaitrait moins Erin, cette réplique aurait pu paraître rassurante, dans mes oreilles elle sonnait plutôt comme un avertissement sur ce qui risquait d’arriver par la suite. J’étais plutôt très calme et très sage par rapport à Erin, qui se plaisait pour m’entraîner dans un plan foireux. « Hum… Erin, je ne sais pas à quoi tu penses, mais chasse toi cette idée de la tête, par pitié. » Lançais-je, non sans humour. En réalité, j’étais plutôt prise entre la tentation et la sagesse. Je n’aurais sûrement pas de mal à être convaincue et c’était, sans conteste, ce qui m’effrayait le plus.
Le chien qu’avait adopté Erin semblait tout aussi adorable que mon gros nounours qui partageait mon quotidien. J’espérais profondément qu’il apporterait autant de bonheur à Erin que Jay m’en apportait à moi. « Ça faisait déjà un moment qu’il patientait au refuge. Personne ne voulait l’adopter car il va sur ses sept ans. Sérieux les gens sont stupides. » Je secouais la tête, désespérée d’entendre de telles choses. Pourtant, c’était monnaie courante dans les refuges, les petits chiots partaient à vitesse grand V, alors que les chiens adultes avaient tendance à rester pendant de longues années enfermés dans des box. Tous les prétextes étaient bons pour le pas franchir le cap, trop petit, trop gros, un passé trop lourd, pas assez mignon, il risque de faire des dégâts chez moi… C’était affligeant de constater à quel point les gens pouvaient être idiots parfois et totalement primaires dans leurs façons de réagir. « Ça fait longtemps que je suis consternée par les réactions de certaines personnes… Comme le fait que beaucoup de personnes préfèrent débourser des sommes folles dans des élevages, pour un chiot de race, quand on pense au nombre d’animaux qui attendent juste un peu d’amour… » Quand j’avais décidé d’adopter mon compagnon, jamais un autre choix que celui de le prendre dans un refuge ne s’était présenté à moi. Nous en venions finalement à parler du futur boulot d’Erin, ce à quoi je ne manquais pas de sous-entendre mes projets à venir. Je savais que j’avais besoin d’une associée de confiance et surtout, de quelqu’un d’aussi passionnée que moi pour se lancer dans cette grande aventure. Je n’avais aucun doute quant à notre réussite future, si Erin et moi devenions associés, c’était juste impossible, dans mon esprit, que notre cabinet ne se fasse pas rapidement un nom. Sans grande surprise, Erin n’eut pas besoin se paroles supplémentaires pour comprendre où je voulais en venir. « Ailleurs ? » Je la regardais avec insistance, silencieuse, un petit sourire au coin des lèvres. « HAN ? SÉRIEUX ? MAIS ?! » Sans qu’elle ne me laisse le temps de réagir, elle me sauta immédiatement au cou, provoquant mon hilarité. Je resserrais mes bras autour d’elle, ravie de la voir aussi heureuse à cette idée. « Tu me fais trop plaisir Tessa » Elle lâcha son accolade, je haussais les épaules, toujours avec le sourire. « Quelle meilleure associée j’aurais pu trouver que toi ? Tu t’es tellement investie dans mes projets et… je suis certaine que toutes les deux, on va cartonner, c’est impossible qu’il en soit autrement. » Erin ne tenait plus en place, ce qui ne m’étonnait absolument pas de sa part. D’ailleurs, si elle avait gardé son calme, je me serais très sérieusement fait du souci pour son état de santé. « OUI OUI OUI ! J’accepte ! Le cabinet hmmmm… SANDIGAN HAHA pour vous servir ou le Pet’s Family ? On fera la déco. Les gars monteront les meubles, c’est mieux. Jay et Burton feront la sécurité. » J’éclatais de rire. Si je n’avais pas pu me projeter depuis que j’étais alitée, j’étais heureuse de pouvoir le faire aux côtés de la jeune fille à présent, je ne doutais pas que notre cabinet ouvrirait dans des délais records. « On trouvera un nom rapidement, je n’en doute pas. Je vais tout de suite préparer ma caisse à outils pour la filer à Adri, il sera ravi de monter les meubles, j’en suis certaine ! » Quant à Jay et Burton… « Hm… je crois que Yoda fera un meilleur chat de garde » J’acquissais dans un rire franc. « Oui, j’en suis persuadé, c’est qu’il est plus coriace qu’on pourrait le croire ce chat ! » Sans surprise, la conversation dévia sur Andrew. Dès le départ, je savais très bien qu’Adriel y était pour quelque chose dans cette histoire. Si j’avais évité un maximum le sujet avec le jeune homme, c’était tout simplement parce que… Je n’étais pas vraiment à l’aise pour parler de ce genre de choses au jeune homme. En réalité, je ne savais pas vraiment pourquoi… Ou si, peut-être un peu, mais toujours est-il que je préférais amplement sortir le jeune homme de cette histoire. Depuis que la relation que je partageais avec Andrew commençait à se savoir, notre vie de couple était devenue plus que compliquée à gérer. Mes problèmes de santé m’avaient rapproché d’Adriel, plus que de raison et depuis que mon père avait appris pour Andrew, il avait tout bonnement décidé de m’ignorer… Sans compter le fait que je savais, au fond de moi, que même si Peter m’avait pardonné, il n’accepterait jamais la relation que je partageais avec le père de famille. « Bon…Il se pourrait qu’il m’ait soufflé que t’avais quelqu’un. J’étais la première surprise. Rassure moi. C’est pas …Shephard ? » Je secouais la tête, en prenant un air étonné. Non, jamais de la vie je n’aurais tenté de me remettre avec Ash, plutôt rentrer au couvent directement. « Non, je n’adresse plus la parole à Ash depuis notre rupture et ce n’est pas plus mal. » Lorsque nous avions rompu, j’avais eu beaucoup de mal à m’en remettre, je préférais donc clairement l’ignorer que de revenir sur ce qui s’était passé. C’était peut-être lâche, soit, mais c’était le meilleur moyen que j’avais trouvé pour me protéger. « Compliqué pour quoi ? Ne me dis pas que c’est un mec marié ? » Je pinçais légèrement les lèvres en lui indiquant que non, d’un signe de tête. « Andrew ? » Rapidement, je comprenais qu’elle ne le connaissait pas, ce qui m’arrangeait en réalité, je préférais largement avoir un point de vue extérieur… « Pourquoi ta famille le renierait si t’es bien avec lui ? C’est quoi le problème ? Je comprend pas ? » Je poussais un long soupir, désespérée. « Parce qu’il est beaucoup plus âgé que moi… Parce que je le connais depuis que je suis enfant et parce qu’à la base, il était un ami de mon père… » Nouveau soupir. « Oui je sais, je cumule… » Je lui adressais un petit sourir qui se voulait rassurant, m’efforçant à ne pas plomber l’ambiance. « Tout est devenu si compliqué depuis que notre relation a été révélée au grand jour, je commence sérieusement à me demander si un futur serein est envisageable entre nous… » Je restais silencieuse un instant, avant de reprendre : « Et puis, il y a Adri… » Totalement perdue dans mes pensées, j’avais lassé échapper son nom, qui résonnait incontestablement dans ma tête à cet instant. « Enfin, oublie pour Adri. Disons juste que tout est compliqué en ce moment et que ce n’est pas près de s’arranger… »
Sanders est toujours la première pour faire la bringue. Pleine de vie, elle est dure à suivre parfois. Une vraie boule de nerfs. Gamine, elle avait déjà beaucoup de mal rester assise sur sa chaise. En vieillissant, elle s’est assagie. Un peu. En voyant Tessa toute mollassonne, Erin a presque envie de la secouer pour aller s’amuser avec elle. « Je ne pensais pas dire ça un jour… Mais je pense que je vais vraiment me sentir revivre à ma prochaine cuite… » Le sourire de la blonde laisse apparaître toutes ses dents. Ça sonnait comme une mission pour elle. Pour ce qui est de prendre des cuites, Sanders est championne dans le domaine. Elle boit plus que de raison alors qu’elle tient très mal l’alcool. Sans parler de son amour pour l’absinthe. Non vraiment, c’est n’importe quoi. « Tu peux compter sur moi » Dit-elle sournoisement avec ses petits yeux pleins de malice. « Mais c’est pas sage, on est d’accord ? » Erin fait rouler ses yeux en prenant un air innocent. Être sage ce n’est pas vraiment dans ses cordes. Il faut toujours qu’elle fasse les choses avec excès. Mais là pour le moment elle fait le choix de rester tranquille. Tessa a besoin de se remettre de son opération. Pas question de mettre en danger son amie. Par contre elle a bien l’intention de marquer au fer rouge son prochain anniversaire et là ça va être quelque chose. Avec Adriel ils ont déjà plus ou moins parler de l’organisation. Une chose est sûre, Tessa et Link vont prendre une méga cuite. Ce n’est pas possible autrement. Et les organisateurs ne seront pas en reste. « Hum… Erin, je ne sais pas à quoi tu penses, mais chasse toi cette idée de la tête, par pitié. » La blonde place une main devant sa bouche et se met à glousser malgré elle. Mulligan voyait clair dans son jeu. En même temps elles sont amies depuis des lustres. C’est presque comme une sœur à ses yeux. « Sorry not sorry. Tu sauras quand … tu sauras. Mais pas ce soir. Là tu te reposes. Tu vas en avoir besoin » Elle persiste à retenir son sourire mais en vain. Il ne fallait pas qu’elle vende la mèche avant de l’avoir allumée. Ça serait dommage. Cet anniversaire, elle le voulait festif avec son quatuor préféré. Si en plus l’effet de surprise fonctionne c’est encore mieux.
Elle lui parle de Burton. Son fidèle compagnon qui à rejoint la famille grâce à Ava. Erin passait déjà beaucoup de temps avec lui quand elle allait au refuge. Le voir là, en dehors de sa cage, c’est que du bonheur à ses yeux. Si elle pouvait tous les adopter et leur offrir l’amour qu’ils méritent, Sanders le ferait. Mais ce n’est pas dans son petit 80m2 qu’elle va pouvoir tous les accueillir. Elle devait déjà gérer son berger allemand. Avec son train de vie c’est bien suffisant. « Ça fait longtemps que je suis consternée par les réactions de certaines personnes… Comme le fait que beaucoup de personnes préfèrent débourser des sommes folles dans des élevages, pour un chiot de race, quand on pense au nombre d’animaux qui attendent juste un peu d’amour… » Erin laisse échapper un soupir. Sur ce point, elles avaient le même raisonnement. « La réglementation est mal faite. Un animal ne devait pas être considéré comme un « objet » à la consommation. Les gens sont irresponsables. On devrait leur faire passer des tests d’aptitudes » Ça baisserait sûrement de moitié les abandons. Sans parler de tous ces élevages intensifs qui devaient être rayés de la carte. « Stérilisation obligatoire ! » Stop le business facile sur le dos des animaux. Assise sagement sur le canapé, Erin continue de parler de tout ce que Tessa a pu manquer depuis leur dernière entrevue. Notamment cette possibilité d’intégrer les rangs de la clinique où elle exerce en ce moment. Mais son amie fait des sous-entendus qui lui mettent la puce à l’oreille. Erin ne met pas bien longtemps à capter. De suite elle lui saute au cou pour une étreinte évidente. Ouvrir un cabinet vétérinaire avec Tessa c’est ce qu’elle pouvait espérer de mieux. « Quelle meilleure associée j’aurais pu trouver que toi ? Tu t’es tellement investie dans mes projets et… je suis certaine que toutes les deux, on va cartonner, c’est impossible qu’il en soit autrement. » Sur ses belles paroles, Erin resserre un peu plus ses bras. La confiance que lui accordait Mulligan lui va droit au coeur. Sanders manque cruellement d’assurance à cause de son père. Il l’a toujours sous estimé. Si bien qu’elle avait même perdu le goût à chanter. Heureusement, Adriel est passé par là. Aujourd’hui c’est Tessa qui prend le relais. Erin s’emballe en cherchant un nom pour l’enseigne. Elle mélange leurs nom de famille. Ce qui donne Sandigan. Pour ensuite parler déco. Elle s’y voit déjà. « On trouvera un nom rapidement, je n’en doute pas. Je vais tout de suite préparer ma caisse à outils pour la filer à Adri, il sera ravi de monter les meubles, j’en suis certaine ! » Elle ne peut pas s’empêcher de pouffer de rire en imaginant Adriel avec des outils dans les mains. C’est pas vraiment son domaine. Il serait capable de monter le meuble à l’envers. Heureusement Link sera de la partie pour rattraper tout ça. « Donne-la plutôt à ton frère. On dira à Adriel de nous créer un site avec des photos » Elle affiche un sourire radieux.
L’heure de vérité. Erin cherche à en savoir un peu plus sur cette mystérieuse idylle. Tessa ne lui a encore rien dit à ce sujet. Elle veut s’assurer que le mystérieux jeune homme ne soit pas l’un de ses ex, qu’elle n’affectionne pas du tout. « Non, je n’adresse plus la parole à Ash depuis notre rupture et ce n’est pas plus mal. » Elle pouvait déjà rayer Shephard de la liste et c’est tant mieux. Sanders n’a jamais réussi à cerner ce mec et elle n’a pas vraiment envie de s’y intéresser. Tessa lui sort un nom qu’elle ne connaît pas. Un certain Andrew qui rend leur union compliquée apparemment. Erin tente de comprendre pourquoi. « Parce qu’il est beaucoup plus âgé que moi… Parce que je le connais depuis que je suis enfant et parce qu’à la base, il était un ami de mon père… » « Hoooo » Ça ne fait qu’un tour dans la tête de la blonde. Elle pense immédiatement à son histoire avec Nel. « La différence d’âge te dérange ? » Erin ne sait jamais vraiment poser la question. Ses sentiments ont parlé pour elle. C’était lui, peu importe son âge. Elle l’aimait. « Oui je sais, je cumule… » Elle vient poser sa main sur son épaule en lui offrant à son tour un sourire compatissant. « On ne choisit pas de tomber amoureuse » Qu’elle répond simplement. « Tout est devenu si compliqué depuis que notre relation a été révélée au grand jour, je commence sérieusement à me demander si un futur serein est envisageable entre nous… » Elle sent le doute s’immiscer. « Qu’est-ce qui te dérange le plus au final ? La différence d’âge ? Le regard des gens ? Est-ce que tu l’aimes ? » Elle est la vraie question. Sortir avec quelqu’un ça ne veut pas forcément dire que c’est le bon. Tout le monde peut se tromper. « Et puis, il y a Adri… » Adriel … le seul qu’elle n’a jamais aimé. C’est évident. Erin l’a toujours su. Ces deux-là sont fait pour finir ensemble. Même s’ils ont été séparés à l’époque, deux âmes soeurs finissent toujours par se retrouver. Peu importe le temps que ça prend. « Enfin, oublie pour Adri. Disons juste que tout est compliqué en ce moment et que ce n’est pas près de s’arranger… » Elle passe sa main sous le menton de Tessa pour lui relever le visage et croiser son regard. « Tessa … ouvre les yeux. Tu as toujours des sentiments pour Adriel n’est-ce pas ? J’ai envie de dire que ta relation avec Andrew t’a permit d’y voir plus clair. Et ce n’est pas une question d’âge ou quoi. Car si tu l’aimais vraiment, tu serais passé au dessus de ça. Crois moi … » Elle lève les yeux en ciel en se tordant la bouche. Est-ce qu’elle venait de se griller toute seule ? « Hm…il se pourrait que j’ai rencontré quelqu’un moi aussi. Et .. il est plus vieux que moi. » Le sourire niait, les yeux qui pétillent. Sanders est amoureuse rien qu’en pensant à lui c’est fou. « Je crois que je suis amoureuse. Même moi j’ai dû mal à réaliser. MOI ? Amoureuse … Rahh la la la. Tout ça pour dire que l’âge hein, balek » Elle accompagne ses paroles d’un geste de la main. « Tessa Mulligan vous êtes amoureuse de mon meilleur ami ! » Elle penche son visage vers celui de son amie en la fixant droit dans les yeux. « Dit MOI PAS QUE C’EST PAS VRAI » Un large sourire vient fendre ses lèvres alors qu’elle pousse un cri de joie en levant les bras en l’air. « JE LE SAVAIS !!!! Je l’ai toujours su. » Elle tente de calmer sa joie mais ce n'est pas facile. Trop de fun d’un coup. Et Erin a dû mal retenir ses émotions. Elle est du genre très … « expressive » « Tessa, y a rien de compliqué. T’es amoureuse d’Adriel. Tu t’es en couple avec Andrew… bon… Si ton Andrew est un minimum mature. J’en doute pas si tu me dis qu’il est plus âgé. Quoi parfois ça veut rien dire… breffff. On va dire qu’il est mature. » -Respireeeeee - Elle pose ses deux mains sur les épaules de Tessa en la regardant droit dans les yeux. « Tu peux pas rester avec lui. Il faut que tu le quittes. Ça ne vous empêche pas de rester de bons amis hein. Mais il faut arrêter de se voiler la face. J’en connais un qui n’attends que ça. Il n’a jamais cessait t’aimer tu sais. Quand il me parle de toi il a des gros cœurs dans les yeux. J’ai presque envie de le baffer » Elle glousse. « Nan mais moi je veux vous voir ensemble y a pas moyen. » Erin ne lui laissait pas vraiment le choix. Pour faire l'entremetteuse entre les deux elle dit oui oui oui.
J’avais clairement besoin de me vider la tête, depuis le temps que j’étais contrainte de me tenir tranquille, quel meilleur moyen que de rattraper le temps perdu en se prenant une bonne cuite entre amis ? Ce n’était habituellement clairement pas mon genre, mais pour le coup, c’était presque devenu vital. J’avais tellement galéré ces derniers mois que j’avais réellement besoin de lâcher prise, une bonne fois pour toute. Je n’étais pas vraiment certaine que confier une telle chose à Erin était réellement une bonne idée, étant donné que la demoiselle n’était pas la dernière pour m’entraîner dans des plans que je regrettais rapidement, mais je ne pouvais plus revenir en arrière et je n’avais plus qu’à assumer mes propos. Heureusement que ce soir, elle avait décidé de me laisser un peu de répit, ce qui lui permettait de me préparer quelque chose d’encore plus fou… Non, clairement, ce n’était finalement pas une bonne idée de lui en avoir parlé, surtout si l’idée lui venait de mettre d’autres personnes dans la confidence et pas n’importe qui. « Tu peux compter sur moi » Est-ce que j’en avais douté une seule seconde ? Non, bien sûr que non, je parlais à Erin Sanders après tout et je la connaissais assez pour savoir qu’elle était bien souvent à la tête de toutes les emmerdes que j’avais pu avoir (Link n’était pas en reste non plus d’ailleurs.) « Je n’en doute pas une seule seconde te connaissant… » C’était bien ça le problème, je ne doutais pas une seule seconde du fait que mes quelques mots allaient provoquer une hystérie non contrôlable chez la demoiselle et qu’au lieu de chercher à commencer par une petite soirée soft, elle allait clairement partir dans tous les sens. Rapidement, je lui priais de s’enlever toutes les idées qui devaient déjà lui trotter dans la tête. Sa réponse ne me rassura aucunement, bien évidemment. « Sorry not sorry. Tu sauras quand … tu sauras. Mais pas ce soir. Là tu te reposes. Tu vas en avoir besoin » Je secouais la tête, amusée et exaspérée à la fois. « Hum… Merci ? Merci de me laisser un peu de répit, histoire de m’achever totalement un peu plus tard. C’est trop gentil, vraiment. » Je ne pensais même pas à mon anniversaire ou à un quelconque évènement en particulier, j’appréhendais juste déjà la gueule de bois du lendemain. Je n’étais pas du genre à boire souvent habituellement, mais là, clairement, mon corps risquait d’avoir perdu l’habitude et ce n’était sûrement pas une bonne chose.
Si j’avais depuis longtemps songé à Erin pour être mon associée, c’était aussi parce que nous avions exactement le même point de vue quand cela concernait les animaux. J’étais affligée du nombre d’animaux abandonnés et de cas de mauvais traitements, c’était sans doute le sujet qui avait tendance à me faire sortir de mes gonds le plus rapidement. J’avais eu un cas, un jour, d’une dame qui était venu à la clinique dans laquelle je travaillais pour euthanasier son chien. Après quelques questions posées à cette fameuse dame, qui possédait un chien âgé, certes, j’avais rapidement compris que si elle comptait le faire piquer, c’était simplement parce qu’elle désirait s’en débarrasser. J’avais du prendre énormément sur moi pour ne pas la faire sortir à coups de pieds aux fesses et j’avais réussi à négocier pour récupérer son animal, qui avait fini ses jours dans un doux foyer aimant. C’était typiquement le genre de cas que notre métier nous amenait à côtoyer et cela ne m’aidait pas à atténuer la colère contre l’humain qui pouvait parfois se montrer aussi insensible face à des animaux qui ne demandaient qu’à être aimés. A ma proposition, Erin sauta de joie et accepta immédiatement. Si j’étais motivée dès que le projet avait germé dans ma tête, voir mon amie dans cet état d’excitation décuplait encore d’avantage mon enthousiasme à l’idée que mon, ou plutôt notre, projet aboutisse. Maintenant que mon opération était terminée, j’avais tout le loisir de me replonger dans la paperasse et la recherche de locaux, je commençais enfin à voir le bout du tunnel et je ne doutais pas que bientôt, nous pourrions fêter l’ouverture de notre cabinet et surtout, sa réussite future. Lorsqu’elle aborda le sujet du montage de meubles, je suggérais l’idée que Link et Adri s’en chargent. « Donne-la plutôt à ton frère. On dira à Adriel de nous créer un site avec des photos » Je haussais les épaules, un sourire au bord des lèvres. « Dis tout de suite qu’il ne sait pas bricoler… » Petit moment de flottement, je secouais la tête. « Bon, ok, il fera des photos. » Ce n’était pas que je doutais des talents de bricoleur d’Adriel mais… Non, clairement j’en doutais réellement.
J’avais commencé à me confier à Erin par rapport à ma relation avec Andrew. Après tout, c’était l’occasion d’avoir enfin un avis extérieur à notre couple, puisque les seules personnes à qui j’en avais parlé jusqu’à maintenant faisaient parti de ma famille, ou de celle du père de famille. « La différence d’âge te dérange ? » Je secouais vivement la tête, sûre de moi. « Non, absolument pas, ce n’est pas à moi que ça dérange… » Non, c’était plutôt à Peter, à mon père, majoritairement et sûrement à un bon nombre de personnes dont je me fichais totalement puisque je n’avais rien à leur devoir. « On ne choisit pas de tomber amoureuse » Je poussais un profond soupir. Je savais que notre relation ne serait pas toute rose, bien évidemment, mais jamais je n’aurais cru que les complications arriveraient si rapidement et surtout en si grand nombre. « Qu’est-ce qui te dérange le plus au final ? La différence d’âge ? Le regard des gens ? Est-ce que tu l’aimes ? » Moi-même, je ne le savais pas réellement. J’étais du genre à tout assumer, à réussir à passer au-dessus des on-dit, mais lorsque cela touchait ma famille, c’était une toute autre histoire. « Je ne sais pas… La différence d’âge, je ne la vois même pas, tout comme le regard des autres… Mais ma famille… et tout ce qui se passe autour… Je doute clairement que notre couple soit assez solide pour affronter tout cela… » Et il y avait eu ce moment que j’avais passé avec Adriel et cet instant où nos lèvres avaient manqué de se toucher, de justesse. Si j’avais toujours été persuadée de l’attachement que j’avais pour Andrew, j’avais commencé à me poser des questions à la suite de cet épisode. Ce n’était pas le genre de choses que je croyais être capable de faire et si je m’étais laissée aller dans les bras de mon ex, ce n’était sans doute pas pour rien. Quant à savoir si je l’aimais… « Je suis très attachée à lui… » Me contentais-je de répondre. Je ne savais pas si c’était de l’amour, je ne savais pas réellement si j’étais capable d’aimer quelqu’un d’autre qu’Adriel, mais cela, c’était une autre histoire. « Tessa … ouvre les yeux. Tu as toujours des sentiments pour Adriel n’est-ce pas ? J’ai envie de dire que ta relation avec Andrew t’a permit d’y voir plus clair. Et ce n’est pas une question d’âge ou quoi. Car si tu l’aimais vraiment, tu serais passé au dessus de ça. Crois moi … » Je me mordillais la lèvre, soudainement pensive. Elle avait sûrement raison, si notre couple avait été suffisamment solide, si nos sentiments avaient été assez forts, sans doute aurions nous réussit à passer au-delà de tout cela. Si ma famille n’avait pas accepté Adriel, au moment de notre relation, j’étais intimement persuadée que cela ne nous aurait pas éloignés l’un de l’autre, bien au contraire. « Hm…il se pourrait que j’ai rencontré quelqu’un moi aussi. Et .. il est plus vieux que moi. » Un sourire vint immédiatement refaire son apparition sur mon visage, soudainement enthousiaste à cette nouvelle. « Je crois que je suis amoureuse. Même moi j’ai dû mal à réaliser. MOI ? Amoureuse … Rahh la la la. Tout ça pour dire que l’âge hein, balek » J’ouvrais de grands yeux face à l’enthousiasme de mon amie, je ne lavais jamais vu parler d’un homme de la sorte dans le passé, j’en venais presque à l’envier d’avoir une relation aussi épanouissante, ce que je n’avais pas vécu depuis bien longtemps. « Vraiment ? Il s’appelle comment ? Il fait quoi dans la vie ? Tu vas me le présenter hein ? Dis oui, dis oui, dis oui ! » Lançais-je, ne tenant plus en place à mon tour. « Tessa Mulligan vous êtes amoureuse de mon meilleur ami ! » J’essayais d’effacer ce sourire radieux qui prenait place sur mon visage à la simple évocation d’Adriel, en vain, alors qu’elle analysait la moindre de mes réactions. « JE LE SAVAIS !!!! Je l’ai toujours su. » J’essayais de lui faire signe de se calmer, de lui couper la parole, d’essayer d’éviter qu’elle ne laisse son enthousiasme l’emporter davantage, mais en vain. En réalité, j’essayais encore de me voiler la face, alors que cela sautait aux yeux, c’était certain. « Tessa, y a rien de compliqué. T’es amoureuse d’Adriel. Tu t’es en couple avec Andrew… bon… Si ton Andrew est un minimum mature. J’en doute pas si tu me dis qu’il est plus âgé. Quoi parfois ça veut rien dire… breffff. On va dire qu’il est mature. » Je me levais et prenais une inspiration, essayant de la stopper de nouveau. « Erin, calme t… » « Tu peux pas rester avec lui. Il faut que tu le quittes. Ça ne vous empêche pas de rester de bons amis hein. Mais il faut arrêter de se voiler la face. J’en connais un qui n’attends que ça. Il n’a jamais cessait t’aimer tu sais. Quand il me parle de toi il a des gros cœurs dans les yeux. J’ai presque envie de le baffer » Je ne pouvais contenir un rire face à la réaction d’Erin. Je n’avais pourtant rien dit d’explicite, mais une fois encore, elle avait tout compris et je savais qu’elle ne lâcherait pas l’affaire avant que ma relation avec Adriel se concrétise, seulement… « Erin, c’est plus compliqué que ça… » Je me laissais tomber dans le canapé. « Tu peux pas rester avec lui. Il faut que tu le quittes. Ça ne vous empêche pas de rester de bons amis hein. Mais il faut arrêter de se voiler la face. J’en connais un qui n’attends que ça. Il n’a jamais cessait t’aimer tu sais. Quand il me parle de toi il a des gros cœurs dans les yeux. J’ai presque envie de le baffer » Mon regard se posa dans celui d’Erin et une pensée me fit retrouver peu à peu mon éclat. « Tu crois vraiment qu’Adriel ressent encore quelque chose pour moi.. ? Après tout ce temps.. ? » Cela aurait sauté aux yeux de tout le monde, mais une fois encore, je me voilais la face, parce que j’avais peur d’échouer, peur de souffrir une nouvelle fois, même si je savais au fond de moi qu’aucun homme ne pourrait jamais me rendre heureuse comme pouvait le faire Adriel, comme il l’avait fait dans le passé. « Nan mais moi je veux vous voir ensemble y a pas moyen. » Encore une fois, j’étais partagée entre l’envie de suivre mon cœur et la peur d’échouer. Notre première rupture avait été si difficile à affronter… « J’aimerais que ce soit aussi simple, mais j’ai peur Erin… Je ne pourrais pas me relever si… Quelque chose venait à nous séparer, une nouvelle fois… Et il y a Andrew… » Intérieurement, j’avais moi-même envie de me baffer de réfléchir autant, j’avais clairement perdu l’innocence de ma jeunesse, à trop vouloir me préserver, j’étais peut-être en train de passer à côté de tout ce dont j’avais toujours rêvé.
Une belle amitié, c’est penser à l’autre avant de penser à sois. S’il fallait faire des pieds et des mains pour que Tessa aille mieux psychologiquement, Erin fera tout son possible. Elle est assez douée pour mettre un peu soleil dans le cœur de ceux qui l’entoure. Elle est bien consciente que pour le moment son amie est en convalescence. C’est d’ailleurs la raison qui la pousse à lui laisser un peu répit pour ce soir. Demain est un autre jour … « Je n’en doute pas une seule seconde te connaissant… » Erin la regarde en essayant de rester sérieuse. Mais elle pouffe de rire malgré elle. Une main devant la bouche, elle tente de cacher son sourire. Le problème c’est qu’il est tellement large que sa main n’est pas assez grande. Ne parlons pas de ses yeux rieurs. Chipie à souhait. Sanders lui conseille de rester tranquille ce soir. Histoire d’être en forme quand le jour viendra. « Hum… Merci ? Merci de me laisser un peu de répit, histoire de m’achever totalement un peu plus tard. C’est trop gentil, vraiment. »Jambes croisées, elle tortille une mèche de cheveux tout en fixant son amie. Quand il s’agissait de faire la fête, Sanders a du mal à se contenir. Elle voit toujours les choses en grand. Parce qu’elle pense que la vie est trop imprévisible pour se poser des questions. En plus c’est bientôt son anniversaire. En toute logique celui de Link aussi. Avec Addie, ils trouveront bien le moyen de fêter ça dignement. Dans un hochement de tête, elle plussoie
Si y a bien quelque chose à laquelle Erin ne s’attendait pas c’était que Tessa lui propose d’ouvrir ce cabinet avec elle. Quand son amie lui avait demander de l’aide pour la paperasse, Sanders c’était proposé spontanément. Mais sans aucune arrière-pensée. Elle accepte sans l’once d’une hésitation. C’est une belle opportunité qui s’offre à elle, comment la refuser ? Erin pensait intégrer l’équipe dont elle fait déjà plus ou moins partie en ce moment. Son travail est plus que satisfaisant. Ils voulaient la garder dans leur rang. C’est très flatteur. Mais à choisir, Erin préfère aboutir ce projet avec Tessa. Main dans la main pour sur qu’elle formeront une fine équipe. Et rien que l’idée d’imaginer une clinique portant leurs noms, ça la rendait toute joyeuse. D’ailleurs, elle s’exprime à sa manière. A coup d’étreinte et de câlins, Sanders ne cesse de la remercier de lui faire confiance. Elles commencent à se faire des plans sur la comète en s’imaginant déjà l’agencement de leur futur établissement. Tessa propose qu’Adriel monte le mobilier mais Erin réfute bien vite cette idée en suggérant plutôt Link pour cette tâche. Pas qu'Adriel ne sache pas monter un meuble. Mais disons que le bricolage ce n’est pas vraiment son domaine de prédilection. « Dis tout de suite qu’il ne sait pas bricoler… »Sanders hoche vivement la tête « Il ne sait pas bricoler. Soyons franches » Elle assume totalement. Bon … ça l’arrangeait bien que premier concerné ne soit pas dans les parages. Sinon il aurait encore boudé mille ans. « Bon, ok, il fera des photos. » Sa main vient aussitôt devant sa bouche pour glousser.
Le sujet de conversation se fait plus délicat … Tessa se confie à Erin à propos de son nouveau compagnon. La blonde est sur le cul quand elle lui précise qu’il est beaucoup plus âgé. De suite ça lui rappel sa propre relation avec Nel. Sanders ne s’était pas vraiment posé la question de l’âge. Elle n’a pas eu à subir le jugement de ses proches. Cette idylle reste pour le moment secrète. Pas qu’elle n’assume pas, mais c’est relativement récent. Pourquoi brûler les étapes ? Erin lui demande ouvertement si l’âge est un problème pour elle. « Non, absolument pas, ce n’est pas à moi que ça dérange… » Ses lèvres se pincent. Elle comprend alors que son couple a été injustement jugé. La main d’Erin vient se poser sur son épaule pour témoigner de sa compassion. Aujourd’hui c’est Tessa, demain ça sera elle ? La blonde se doute bien qu’elle devra y passer un jour ou l’autre. « Rah… je suis désolée Tess’. Les gens sont bêtes de s’arrêter sur des stéréotypes pré-définis. C’est stupide. L’amour n’a pas d’âge » Et même si ce sont ses proches qui ont porté de tels jugements, Sanders gardera le même opinion face à eux. Le soupir de Tessa laisse entrevoir un profond désespoir. Elle semble totalement perdue. L’étudiante cherche alors à l’aider à y voir plus clair en lui demandant ouvertement si ses sentiments sont bien réels. Car Erin estime que lorsqu’on aime réellement quelqu’un, le doute de subsiste pas. « Je ne sais pas… La différence d’âge, je ne la vois même pas, tout comme le regard des autres… Mais ma famille… et tout ce qui se passe autour… Je doute clairement que notre couple soit assez solide pour affronter tout cela… » Le doute …Elle avait visé juste. « Je suis très attachée à lui… » « Attachée mais pas amoureuse …. » Elle se mordille la lèvre en espérant ne pas avoir blessé son amie. Mais la vérité semblait toute proche. Erin part alors dans un monologue essayant de lui ouvrir les yeux sur ses sentiments amoureux. Qui d’ailleurs ne sont pas destiné à ce Andrew mais à son Best best best (best) friend qu’elle aime tant elle aussi. Les deux sont destinés à finir ensemble. C’est évident comme le nez au milieu de la figure. Le brun lui parle de Mulligan avec des gros coeur dans les yeux. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Et Tess’ perd presque ses moyens quand on évoque Mayers. L’amour rend aveugle mais là on frôle des sommets. En parlant d’amour, Erin lui avoue avoir rencontré quelqu’un. Chose extrêmement rare quand on la connaît. C’est simple, elle ne parle jamais de ses conquêtes en temps normal. Car elle estime que ça n’en vaut pas la peine. Et elle n’a jamais prétendu être amoureuse avant aujourd'hui. Tessa peut aller faire une croix sur son calendrier. « Vraiment ? Il s’appelle comment ? Il fait quoi dans la vie ? … » Bonne question ! Elle n’en savait rien. Ce n’est pas faute d’avoir posé la question mais son matelot c’est montré mystérieux à ce sujet. « C’est à dire que… » Mulligan fait sa curieuse. Les questions s’enchaînent à une vitesse vertigineuse. C’est tout juste si Sanders peut en placer une. « …Tu vas me le présenter hein ? Dis oui, dis oui, dis oui ! » Elle est trop mignonne avec ses petits yeux suppliants. Erin lâche un rire affectueux. « Il s’appelle Nel. Je te le présenterai avec grand plaisir » Au moins elle sait qu’avec Tessa elle n’aura pas à subir de mauvais jugements sur leur différence d’âge. L’étudiante ne perd pas le nord pour autant. Le sujet Mayers revient sur le tapis illico. De but en blanc elle lui dit qu’elle est amoureuse d’Adriel. « Erin, calme t… » Mais elle n’est pas calme du tout la blonde. Elle enchaîne en lui conseillant d’être honnête avec elle-même. Les sentiments qu’elle porte pour son premier véritable amour sont évidents. « Erin, c’est plus compliqué que ça… » « Non, c’est pas compliqué Tessa ! Tu es amoureuse d’Adriel mais tu choisis de rester avec ce mec parce que … parce que quoi d’ailleurs ??? Soit sincère avec lui et avec toi-même. » Et c’est bien pour ça que Erin c’est abstenue de se mettre en couple avec la plupart de ces prétendants. Ils sont rares sur cette listes. D’ailleurs …. Adriel figure sur cette fameuse liste. Mais ça c’est une autre histoire ^^ Ce n’est pas le moment opportun pour avouer avoir eu une belle histoire avec l’homme que son amie convoite. Non vraiment. Ça serait mal vu. « Tu crois vraiment qu’Adriel ressent encore quelque chose pour moi.. ? Après tout ce temps.. ? » Erin roule des yeux en souriant avec malice. « Je le connais mieux que personne. Quand il est amoureux il agit différemment. Il suffit que je prononce ton nom pour qu’il s’affole. Alors oui, je peux te confirmer qu’il t’aime toujours autant. Voir plus. Il n'attend que ton feu vert en fait ». Adriel est très respectueux. Un peu trop peut-être. Elle s’étonne toujours qu’il ai osé lui proposer un rencard sous un faux nom, juste pour avoir le bonheur de passer une soirée en sa compagnie. Ils auraient louper quelque chose de vraiment beau s’il n’avait pas eu ce courage. Erin souligne haut et fort qu’elle veut les voir ensemble. « J’aimerais que ce soit aussi simple, mais j’ai peur Erin… Je ne pourrais pas me relever si… Quelque chose venait à nous séparer, une nouvelle fois… Et il y a Andrew… » Ses deux mains viennent se poser sur celles de Tessa. « Déjà, il faut que tu fasses les choses dans les règles. » Faire les choses bien, c’est le maître mot. « Etape 1 : Tu explique à Andrew que tu l’apprécies beaucoup, mais que tu te rends compte que les sentiments ne sont pas là. Ça ne vous empêche pas de rester de bons amis hein. » Elle hausse les épaules. « Etape 2 : Tu vas voir Adriel. Il va probablement te réchauffer un plat de lasagne … » Elle lève les yeux au ciel en souriant d’un air amusé. Erin n’en pouvait plus de ses lasagnes. « Vous discutez gentiment. Vous essayez de ne pas vous sauter dessus le premier soir hummmm…… » Elle sifflote de manière innocente. « Etape 3 : Mariage, bébé, maison. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Blablabla » Dit-elle en balayant ses mains. « Alors par contre ! Je veux être demoiselle d’honneur et tata ! Ce n’est pas négociable. Et je veux aussi un double de clé. Tu peux pas me priver de mon meilleur ami. Promis, je me ferais toute petite » Erin se met à glousser en mettant son index face à ses lèvres. Mais elle commence à prendre conscience que son meilleur ami est sur le point de s’envoler sans elle et ça l’effraie un petit peu. Plutôt que de ruminer, elle attrape un sushi puis elle tend le plateau à Tessa. « Mange, il te faudra des forces pour surmonter tout ça » Elle se penche pour lui faire un bisou sur la joue « Stresse pas. Je te soutiendrais quoi qu’il arrive. Tu peux compter sur moi » Elle lui fait un clin d’oeil et gobe un autre maki. Les soirées filles lui avaient manqué. Elles venaient de rattraper plusieurs semaines d’abstinences en seulement quelques heures. Elle n’attendra pas si longtemps pour la prochaine, c'est certain.
C’était fou à quel point nous étions déjà en train de nous projeter dans notre future ouverture de cabinet alors que ce dernier n’était encore qu’au stade du projet. Maintenant que j’étais sortie de l’hôpital et qu’Erin était d’accord pour devenir mon associée, je ne doutais pas que les choses allaient s’accélérer de façon considérable et que les prochaines semaines/prochains mois, seraient grandement consacrés à notre projet commun. J’avais hâte, j’étais boostée comme jamais et prête à consacrer mes journées à des tâches pas spécialement évidentes, mais essentielles pour que notre projet aboutisse. J’avais déjà hâte de voir la devanture avec nos deux noms et d’avoir la fierté d’accueillir nos premiers clients, j’étais prête à tout pour cela. Quant à l’aide que pourrait nous apporter Adriel dans le futur… « Il ne sait pas bricoler. Soyons franches » Je secouais la tête en pinçant les lèvres d’un air sérieux, essayant de masquer le rictus qui s’affichait, malgré moi, sur mon visage. « Hum… Mais il est gentil, c’est le principal ? » Répondis-je, histoire de ne pas avouer directement que le bricolage n’était naturellement pas une compétence évidente du jeune homme et que, clairement, je préférais éviter de lui laisser un tournevis entre les mains. Le bougre serait capable de se blesser, ou si ce n’était pas le cas, je ne donnais pas une semaine (voire une journée), pour que le meuble en question ne s’effondre comme un château de cartes.
Ma relation avec Andrew était au cœur du sujet de conversation de cet instant. Erin était compréhensive et n’avait pas mal réagi lorsque j’étais entrée dans les détails de nos difficultés. En réalité, je n’en attendais pas moins d’elle et n’avais pas vraiment crains sa réaction, bien au contraire. « Rah… je suis désolée Tess’. Les gens sont bêtes de s’arrêter sur des stéréotypes prédéfinis. C’est stupide. L’amour n’a pas d’âge. » Mes plus grandes difficultés étaient liées à ma famille, mon père et Peter en premier lieu. Si la réaction de mon père n’était pas réellement une surprise puisqu’il avait été longuement un ami proche d’Andrew, je n’aurais pas cru que cette annonce causerait autant de difficultés pour mon frère aîné. « Concernant mon frère Peter, je comprends un peu, peu d’hommes qui ont pu partager ma vie ont vraiment trouvé grâce à ses yeux… » Commençais-je, songeuse. A chaque fois que j’avais présenté un homme à mon frangin, cela avait été plus ou moins délicat et non sans un certain stress de ma part. En réalité, un seul d’entre eux n’avait pas vraiment eu de problème avec ma famille… « Bon, seul Adriel a trouvé grâce à ses yeux en vérité, il est un peu trop… surprotecteur quand il s’y met, mais je ne m’attendais pas à une réaction aussi virulente de sa part, ni de la part de mes proches en règle générale. » Je savais que la réaction de base de Peter était plutôt bienveillante, mais je ne pensais malheureusement pas que celle-ci mettrait une telle barrière entre nous, j’en étais profondément malheureuse. « Mais bon, je m’y attendais un peu, Andrew et moi ON s’y attendait dès le début de notre relation, je n’avais pas le choix que d’assumer. » Lorsque notre relation avait pris un tout autre tournant, nous en avions beaucoup discuté Peter et moi et n’avions pas manqué de poser le pour et le contre. Nous en avions finalement conclut que nous étions tous deux aptes à assumer les conséquences que cela pourrait avoir, quitte à traverser une période particulièrement difficile. Je n’allais donc certainement pas m’en plaindre à ce jour, j’étais assez réfléchie pour avoir plus ou moins mesuré où notre relation pourrait nous mener. « Attachée mais pas amoureuse … » Je pinçais les lèvres, un peu nerveuse. Parfois, j’avais moi-même du mal à me comprendre, alors réussir à expliquer ce genre de choses à quelqu’un d’extérieur à l’histoire, c’était un sacré casse-tête. « Je ne sais pas Erin, je ne sais même pas si je suis encore capable de tomber réellement amoureuse depuis… depuis ma rupture avec Adriel… » Il y avait bien eu ma relation avec Théo qui avait eu une importance particulière, mais j’évitais d’en parler et encore moins de me la ressasser. J’avais été tellement blessée en apprenant que je n’avais été que sa maîtresse, que j’avais préféré faire comme si rien de tout cela ne s’était passé. Bien évidemment, cet échec supplémentaire m’avait rapidement renvoyé à la relation idéale que j’avais partagé avec Adriel et qui n’était malheureusement plus qu’un souvenir. « C’est à dire que… Il s’appelle Nel. Je te le présenterai avec grand plaisir » Je souriais, curieuse, mais je préférais ne pas lui demander trop de détails. J’aurais assez l’occasion de la harceler pour qu’elle tienne sa promesse, au vu du nombre d’heures que nous allions passer ensemble au cours de ces prochaines semaines. « Tu as plutôt intérêt ! » Le sujet Nel passé à la trappe, c’est tout naturellement que celui d’Adriel reprit le dessus. « Non, c’est pas compliqué Tessa ! Tu es amoureuse d’Adriel mais tu choisis de rester avec ce mec parce que … parce que quoi d’ailleurs ??? Soit sincère avec lui et avec toi-même. » Je secouais la tête, encore plus perdue que je ne l’étais auparavant. Il était parfois plus facile de se voiler la face que de s’avouer la vérité… Sauf qu’en matière de balancer des vérités parfois difficiles à entendre, Erin en avait fait sa spécialité et c’était aussi pour cela que je l’appréciais autant. « Parce que… Je sais pas ! J’ai tellement souffert de ma rupture avec Adri, je n’ai pas envie de prendre le risque de revivre la même chose, je ne le supporterais pas… Qui sait s’il ne va pas décider de repartir demain, dans une semaine ou dans un mois… » Si je n’avais pas aussi peur de revivre l’enfer qu’avait été notre relation, sans doute aurais-je fini dans ses bras dès son retour à Brisbane, seulement, j’étais totalement tétanisée à l’idée que tout recommence une autre fois. « Mon cœur me pousse sans cesse dans ses bras mais ma raison me force à ne pas écouter mon cœur… Je sais déjà ce que tu vas me dire, mais… J’ai si peur de souffrir à nouveau… » J’étais peut-être courageuse, sur ce point, j’avais préféré me protéger un maximum, parce que j’étais loin d’être sûre d’avoir la force d’affronter un nouvel échec avec le jeune homme. « Je le connais mieux que personne. Quand il est amoureux il agit différemment. Il suffit que je prononce ton nom pour qu’il s’affole. Alors oui, je peux te confirmer qu’il t’aime toujours autant. Voir plus. Il n'attend que ton feu vert en fait » Je restais quelques secondes à fixer Erin, le sourire aux lèvres. Dans un sens, j’étais profondément rassurée par son discours, dans un autre, j’avais bien peur que ces mots ne soient ceux qui devraient me pousser à franchir ce cap qui me faisait si peur. « Je pense qu’il y aura forcément un moment où je vais devoir baisser les armes et ne plus penser au passé… Je suppose ? » Je haussais les épaules avec le sourire. Bien sûr que je savais déjà qu’il faudrait forcément franchir le cap un jour ou l’autre, essayer enfin d’ouvrir mon cœur sans trop réfléchir. « Déjà, il faut que tu fasses les choses dans les règles. Etape 1 : Tu explique à Andrew que tu l’apprécies beaucoup, mais que tu te rends compte que les sentiments ne sont pas là. Ça ne vous empêche pas de rester de bons amis hein. Etape 2 : Tu vas voir Adriel. Il va probablement te réchauffer un plat de lasagne … Vous discutez gentiment. Vous essayez de ne pas vous sauter dessus le premier soir hummmm…… Etape 3 : Mariage, bébé, maison. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Blablabla. Alors par contre ! Je veux être demoiselle d’honneur et tata ! Ce n’est pas négociable. Et je veux aussi un double de clé. Tu peux pas me priver de mon meilleur ami. Promis, je me ferais toute petite. » J’explosais de rire à la suite de son monologue que je n’avais pas cherché à couper une seule fois. Erin était très emballée, bien trop emballée pour que j’y sois insensible, c’était certain. « Hum… Erin… Erin ? T’as pas l’impression que tu vas un peu vite ? » Un mariage, un bébé, une maison… Pas que je n’espérais pas vivre tout cela avec Adriel, mais c’était beaucoup trop tôt pour aborder le sijet, il fallait l’avouer, même si cela me rendait quelque peu pensive et rêveuse. « Tout paraît tellement simple dit comme ça, j’aimerais vraiment raisonner comme toi sur ce coup et ne pas me mettre de barrière pour X ou X raison. » Nouveau haussement d’épaule, j’observais mon amie un instant, sans ne rien dire, comme pour laisser durer un suspense que je rompais rapidement. « Mais je suppose que tu n’as pas tort et que je devrais écouter tes conseils, je vais essayer de parler avec Adriel et… voir ce que je vais faire avec Andrew, sans le blesser… Il ne mérite pas ça… » C’était aussi une partie qui ne me plaisait absolument pas, mais peut-être étais-je censée passer par là dans tous les cas…
« Mange, il te faudra des forces pour surmonter tout ça. » Je savourais ces succulents mets sans rien rajouter, peut-être un peu trop pensive tout à coup, ce qui ne manqua, apparemment, pas d’interpeller Erin. « Stresse pas. Je te soutiendrais quoi qu’il arrive. Tu peux compter sur moi » Je la serrais furtivement dans mes bras et déposais un baiser sur sa joue, soudainement rayonnante. Cette soirée me faisait un bien fou, bien plus que je n’aurais pu le croire auparavant. Erin avait toujours de bonnes idées et pour le coup, elle avait encore visé juste. « Merci Erin, ça me fait du bien d’entendre ça… » Quelques dizaines de minutes plus tard, le repas terminé, je commençais à sentir de nouveau la fatigue m’envahir et même si je luttais pour ne pas le montrer à mon amie, elle me proposa de s’éclipser pour la soirée, ce que je ne pus refuser au risque de m’endormir dans le canapé dans les minutes qui suivraient. « Bon, je suppose que dans quelques jours, on pourra de nouveau refaire le monde pendant toute une nuit, quand je n’aurais plus le métabolisme d’une mamie de 80 ans… » Lançais-je avec humour, non sans une certaine frustration de ne pas avoir tenu plus longtemps. « Merci pour cette soirée surprise, on se voit très bientôt, on a de la paperasse à faire, à ce qu’il paraît. » Rajoutais-je alors qu’Erin se dirigeait vers la porte, avec toujours autant d’enthousiasme et d’énergie que lors de son arrivée (il faudrait que je pense à lui demander son secret un jour). « Sois prudente sur la route, envoie-moi un message quand tu seras arrivée et blabla blabla, tu connais la chanson. » Sur le pas de la porte, je m’approchais d’elle une nouvelle fois, pour la serrer longuement dans mes bras. Je me détachais finalement et plongeais mon regard dans le sien. « Je t’appelle dès demain et on fait en sorte de se lancer pleinement dans la création du meilleur cabinet de la ville, ou même du pays. A demain ma belle ! » Puis je lui adressais un signe de main avant de refermer la porte derrière elle. J’étais épuisée mais heureuse, heureuse de voir nos projets se concrétiser, heureuse de savoir qu’Adriel était toujours autant attaché à moi et heureuse d’avoir pu oublier tous mes soucis le temps d’une soirée. Merci Erin, celle qui avait toujours le don d’être là quand il le fallait et de trouver les mots appropriés à chaque situation… Même si elle avait eu raison du peu d’énergie qu’il me restait pour la journée.