J’étais allé à la salle de sport malgré la légère gueule de bois que j’avais. Je me disais que ça allait me changer les idées et au moins ça me permettrait peut-être de me sentir un peu mieux.
Je me suis laissé entraîner dans ses exercices, de la musique à fond dans les oreilles, enchaînant les répétitions sans réellement me rendre compte que la salle était de plus en plus vide, jusqu’à réellement le sentiment d’être l’unique personne dans la salle me fasse lever la tête. Mon regard s’attarde sur l’heure et je réalise avec horreur que la salle est sur le point de fermer et que son portable vient de s’éteindre n’ayant plus de batterie. Je me dirige vers les vestiaires, sort rapidement mes affaires pour la douche, mais je suis à peine sous l’eau que les lumières s’éteignent. « Et merde… » Une légère panique commence à se faire sentir. Je me rhabille comme je peux, boutonnant mal ma chemise, enfilant à la va vite mon pantalon, ne prenant pas la peine de mettre mes chaussures et laissant mes affaires en plan pour me diriger vers l’entrée. Je réalise son erreur en voyant les portes fermées, l’absence de personnel à l'accueil. Il est passé vingt-trois heures et la fermeture des portes est automatique.
Mais pourtant je ne semble pas être le seul, parce qu’une fille se trouve là devant les portes. Au moins je ne pas le seul dans ce merdier. Elle est toujours de dos pour l’instant. « Je crois qu’on est coincés… » Une évidence, merci Pete pour cette information. « J’ai pas vu l’heure… » Je me rapproche de l’accueil pour voir s’il y a un bouton qu’ils pourraient enclencher et c’est là que je vois enfin son visage. « Niamh ?! » Immédiatement mon sourire se transforme en grimace, je ne sais même pas depuis combien de temps je n’ai pas vu la jeune femme qui a été ma colocataire fut un temps.
Niamh a une petite vie routinière. Une petite vie de grand-mère, parfois. Elle le sait et elle s'en fout. Dans sa routine, il y a le sport. Depuis quelques années maintenant, elle a décidé de prendre soin de cette enveloppe charnelle. Apparemment, il y a pas moyen d'échanger la marchandise. Alors, c'est à elle de s'en occuper, histoire de tenir les longs kilomètres qui lui restent à faire. Normalement, sa routine est si bien huilée que tout est programmé. Il y a la salle d'entraînement, la douche, le passage vite fait dans ce restaurant vietnamésien où elle se prendra un plat à emporter, le petit bisous de Baloo, le pot de glace en guise de récompense pour les calories dépensées – ouais, c'est plutôt logique – puis la consultation de ses mails, le brossage des dents, son lit. Bref, tout est parfaitement huilé sauf que ce soir, son programme ne se passe pas comme prévu...
Enroulée autour de sa serviette, elle se tient devant le casier métallique dans lequel se trouve ses affaires quand les lumières s'éteignent, la faisant sursauter. Un froncement de sourcils et quelques jurons plus tard, elle est parvenue malgré tout à enfiler ses fringues. Un pantalon de jogging gigantesque, un tee shirt encore plus grand … parce que oui elle détestait devoir se coltiner des fringues étroits après l'entraînement. Et voilà qu'elle se dirigeait vers la sortie des vestiaires pour vérifier que tout était en ordre dans la salle. Une panne de courant. Un problème quelconque et inexpliqué. Normalement, elle s'entraînait au Dojo … et n'était pas habituée à ce genre de circonstances. Son regard balaya la salle. Vide. Vide intersidéral. Cela avait presque des côtés de films d'horreur grotestques. Un nouveau juron alors qu'elle se tenait devant les portes automatiques, désormais closes. Pas de doute là-dessus, elle avait merdé. Merdé sur toute la ligne. Reflexe humain, elle posa les mains sur ses poches vides... son portable était restée à la maison. Pourquoi ? Pour avoir l'esprit vide et tranquille. Comme quoi suivre les conseils des articles trouvés sur le web est une débilité. Cela devait l'aider contre le stress du flux d'informations … maintenant, elle se trouvait sans téléphone. „Je crois qu'on est coincés.“ Elle sursauta presque à cette voix pour faire volte-face, tombant nez à nez avec un fantôme du passé. „Niamh?!“ Elle soupira presque en reconnaissant les traits de son interlocuteur, ex colocataire chaotique.
„Peter, hey.“ dit-elle simplement en faisant un énorme effort pour être polie. Foutue éducation. Elle le suiva des yeux alors qu'il se dirigeait vers l'accueil. „T'as trouvé quelque chose ? Un bouton ou un truc du genre ? Doit y avoir une alarme, non ?“ Pas le temps ni l'envie de prendre de ses nouvelles, surement parce qu'elle n'était pas intéressée. Elle s'approcha alors de Peter comme pour vérifier par elle-même.
Sur toutes les personnes sur lesquelles j’aurais pu tomber il a fallu que je tombe sur elle. Sur toutes personnes avec qui j’aurais pu être enfermé dans une salle de sport il a fallu que cela tombe sur Niamh Reed, mon ancienne colocataire à l’époque de la fac. Colocataire avec qui je ne m’étais jamais entendu.
« Je savais pas que tu venais ici. » dis-je avec une grimace. Non je ne savais pas sinon je n’y aurais peut-être pas mis les pieds. Il faut dire que je ne fréquentais pas tous les jours non plus cette salle de sport. Je finis de boutonner ma chemise, me dirigeant vers l’accueil pour voir si je ne peux pas trouver un bouton quelconque pour ouvrir les portes. « T'as trouvé quelque chose ? Un bouton ou un truc du genre ? Doit y avoir une alarme, non ? » Je regarde le bureau, cherchant quoique ce soit qui pourrait aider. « Non il n’y a rien… » Elle s’approche pour vérifier elle-même et je ne peux m’empêcher de rouler les yeux. « Tu veux vérifier par toi-même ? Tu crois que je ne saurais pas trouvé un bouton ? » Je crois que le stress à l’idée d’être enfermé ici me rend un peu trop agressif et je décide de la laisser regarder, m’éloignant du bureau.
Je regarde autour de moi un peu désespéré, m’approchant des portes pour voir si elles pourraient s’ouvrir comme par magie. Sans succès. Je sors mon portable, il me reste 5% de batterie. On ne va pas aller loin. « T’as ton portable ? » Je ne sais pas ce qu’on va pouvoir faire. « J’crois qu’on va être coincés là pour la nuit si on trouve pas une solution. » j’annonce en grimaçant, n’ayant aucune envie de rester coincé dans cet endroit toute la nuit surtout en sa compagnie. « Sympa le jogging. » Je pointe du doigt le jogging dans le noir, ses formes ont l’air lâche et mon sourire est moqueur, car peu importe la situation e ne résiste pas à une petite pique.
« Je ne savais pas que tu venais ici. » lui dit-il et elle ne put s’empêcher de remarquer cette légère grimace, presque devenue une légende au cours de leurs échanges passés, présents et certainement futurs. Niamh hésita à répondre. Avec Peter, elle avait souvent dû tourner sa langue plusieurs fois dans la bouche avant de répondre, avant de mordre. Elle aurait aimé lui faire une réplique cinglante digne des plus grands films de mafieux, à la place, elle se contenta de hausser les épaules en agitant les mains comme pour démontrer que ce n’était pas le sujet brûlant de la situation. Il fallait mieux éviter de répondre. En situation de stress, elle pouvait être plutôt … comment dire … malpolie.
« Non, il n’y a rien. Tu veux vérifier par toi-même ? Tu crois que je ne saurais pas trouvé un bouton ? » Le voir irrité, l’entendre prononcer ce genre de propos, cela les replongeait directement quelques années dans le passé où ils partageaient le même appartement et se prenaient la tête sur tout, tout le temps. Elle soupira les bras ballants. « Je te rappelle que j’ai vécu avec toi suffisamment longtemps pour savoir qu’il est parfois indispensable de passer après toi. » ronchonna-t-elle, se rendant malheureusement compte qu’ils se comportaient comme un vieux couple. Sans doute faisait-elle allusion à des disputes banales concernant les tâches ménagères, les lendemains de soirée, le chaos, les factures à payer. Il avait été toujours été la nonchalance et elle l’excentrique niveau organisation. Un douloureux mélange. Ils n’étaient jamais parvenus à trouver leur équilibre. Elle jeta un coup d’œil tout en laissant ses mains se promener sur et sous le bureau, se rendant compte combien il était ridicule de s’attendre à ce genre de bouton vert pour ouvrir les portes. Elle n’était pas dans un de ces films d’action hollywoodiens où tout était toujours très clair. Soupir de désespoir. « T’as ton portable ? J’crois qu’on va être coincés là pour la nuit si on trouve pas une solution. » dit-il alors qu’elle le rejoignait près des portes. « Non, j’ai absolument rien sur moi. » Elle dit ses paroles tout en tapotant les poches de son jogging. « La nuit ici ? Ils ouvrent à quelle heure demain matin ? » demanda-t-elle avant d’ajouter : « T’as pas une super idée de génie pour nous sortir de là ? J’ai toujours cru que tu pourrais être capable de te sortir de ce genre de situations … »
Et elle lui adressa une grimace presque enfantine en entendant sa remarque. « Ah ah. Très drôle. » Elle se dirigea vers les portes automatiques à la recherche de quelque chose que Peter aurait manqué et en le voyant de nouveau rouler des yeux, elle leva les mains en innocente avant de les glisser dans les poches de son jogging. « Je vérifiais, c’est tout. Donc, on fait quoi là maintenant, on se pose dans un coin et on attend demain matin qu’ils rouvrent ? C’est ca le plan ? » demanda-t-elle en lui faisant face. Il fallait qu’il confirme. Qu’il lui confirme car elel ne parvenait toujours pas à y croire.
La grimace apparaît vite sur mon visage. Souvenir d’une colocation qui n’aurait pas été facile. L’idée de me retrouver enfermé dans une salle de sport avec Niamh Reed ne me fait pas avoir un grand sourire sur le visage. Non au contraire, cela rajoute une légère couche de stresse à cette situation.
« Je te rappelle que j’ai vécu avec toi suffisamment longtemps pour savoir qu’il est parfois indispensable de passer après toi. » Mes yeux roulent dans leurs orbites, comme ils ont dû le faire un million de fois par le passé. Elle n’a jamais compris que mes tas de croquis et carnets en tous genres, que mon bordel, en somme, était organisé. Je pourrais dire la même chose des bouteilles qui trainaient mais ça ne serait peut-être pas aussi véridique. Nous n’avions jamais été un bon mélange elle et moi, l’équilibre impossible à trouver, le vivre ensemble….compliqué. Je lui jette un coup un regard un peu mauvais alors qu’elle cherche encore ce bouton miracle qui n’existe pas. Il faudrait que nous appelions quelqu’un mais mon propre portable n’a quasiment plus de batterie. « Non, j’ai absolument rien sur moi. La nuit ici ? Ils ouvrent à quelle heure demain matin ? » Je réfléchis, haussant les épaules, ne m’y rendant jamais le matin, bien trop occupé à dormir. « J’sais pas, sept heures sûrement ? » je lance comme supposition.
« T’as pas une super idée de génie pour nous sortir de là ? J’ai toujours cru que tu pourrais être capable de te sortir de ce genre de situations … » Elle croit quoi, que je vais sortir les plans du bâtiment de mon chapeau ? « Ouais j’ai pas encore trop d’expertise pour sortir de prison. » je me moque, un sourire mutin sur le visage. On n’est pas encore au stade de la prison, mais la salle de sport fermée en a tout l’allure ce soir.
« Ah ah. Très drôle. » Ma blague sur le jogging ne fait pas son effet, dommage. « Je vérifiais, c’est tout. Donc, on fait quoi là maintenant, on se pose dans un coin et on attend demain matin qu’ils rouvrent ? C’est ca le plan ? » Je n’ai aucune envie de passer la nuit ici. Encore moins avec Niamh comme compagnie. Plus que tout je me dis que la nuit va être longue. Mon air est même un peu plus désespéré à cette idée. « Non, on va essayer de trouver une sortie. J’sais pas toi mais j’ai AUCUNE envie de passer la nuit ici. Faut juste que j’aille récupérer mes affaires déjà. Tu restes là ou tu viens ? » Après tout il fait noir et même si sa compagnie ne me plait pas particulièrement ça reste mieux que personne. « Il doit bien y avoir une sortie à l’arrière. Je viens pas des masses ici, tu connais un peu la salle ? »
«J’sais pas, sept heures sûrement ? » Bienvenue en Enfer. Rien que l'idée de passer plusieurs heures, voire toute la nuit en compagnie de ce trou du cul de fantôme du passé … était absolument un calvaire. Elle en avait presque la nausée. « Putain. » marmonna-t-elle simplement entre les dents. Bienvenue en Enfer. Oui, c'était certains. Elle avait dû merder quelque part avec le Karma pour que le Destin la mette, elle, dans ce genre de situation avec lui en prime. « Ouais j’ai pas encore trop d’expertise pour sortir de prison.» « Oh. Vraiment pas ? Comme quoi, tu peux encore me surprendre ... » ironisa-t-elle une fois de plus en répondant par mimétisme à son ton mutin. Au premier coup d'oeil, on pourrait penser qu'ils étaient frères et sœurs, à se tacler, à se balancer des piques, à se chamailler. Sauf que Niamh n'avait ni frère, ni sœur et l'aurait volontiers égorgé à l'époque où ils vivaient ensemble.
Elle avait presque envie de soupir de soulagement en voyant Peter reprendre du poil de la bête. Il était créatif. Quoiqu'elle pouvait dire sur lui, il avait toujours plus d'un tour dans son sac. Peut-être allaient-ils finalement trouver une solution pour sortir de là ? « Non, on va essayer de trouver une sortie. J’sais pas toi mais j’ai AUCUNE envie de passer la nuit ici. Faut juste que j’aille récupérer mes affaires déjà. Tu restes là ou tu viens ? » « Je viens. » répondit-elle aussitôt en secouant doucement la tête. Elle ne voulait pas rester seule. Et, elle avait des doutes. Si jamais il trouvait une sortie par lui-même, il était suffisamment couillon pour se barrer sans le lui dire. Mieux ne valait pas prendre de risques. Elle balança son sac sur son épaule avant de le rejoindre. « Je viens. » « Il doit bien y avoir une sortie à l’arrière. Je viens pas des masses ici, tu connais un peu la salle ? »
Elle lui avait emboîté le pas. « Non, je m'entraîne jamais ici … j'avais juste eu une offre pour quelques entraînements gratuits, envie de tester … Mais au pire, on peut toujours péter une vitre ou quelque chose comme ça … si jamais il y a une alarme, les flics viendraient … et on pourra leur expliquer » Elle se gratta la tempe. « Est-ce qu'on peut avoir des emmerdes avec la Police si jamais … ? » Sentant son regard … comme si elle le considérait comme un criminel, elle leva les mains d'un signe innocent. « Je demande, c'est tout. Peut-être que tu t'y connais en trucs illégaux ... » dit-elle d'une voix rieuse.
« Putain. » Au moins elle semble comprendre l’enfer qu’on va vivre. « Ouais comme tu dis. » Ni elle ni moi n’avions envie de passer toute une soirée ensemble, encore moins toute une nuit. Niamh semble persuader que je vais lui sortir une solution de mon chapeau, comme si j’étais un expert pour sorti d’immeubles dans lesquels on m’avait enfermé. « Oh. Vraiment pas ? Comme quoi, tu peux encore me surprendre ... » Son ton ironique, me fait rouler des yeux. « Ouais toi par contre c’est pas ce soir que tu me surprendras j’crois. » Je suis peut-être un peu mauvais, il faut dire que la situation ne m’aide pas spécialement à rester calme, l’idée d’être bloqué jusqu’au petit matin dans cette salle de sport peu alléchante.
Je ne pense pas pourquoi compter sur elle pour trouver une solution alors je me force à reprendre mes esprits. Déjà, première étape, récupérer mes affaires, je lui propose de rester là ou de m’accompagner.
« Je viens. » J’hoche la tête, me disant qu’on allait plus facilement trouver une solution à deux dans tous les cas. On prend la direction des vestiaires et j’en profite pour lui demander si elle n’a pas plus d’informations sur cette salle. « Non, je m'entraîne jamais ici … j'avais juste eu une offre pour quelques entraînements gratuits, envie de tester … Mais au pire, on peut toujours péter une vitre ou quelque chose comme ça … si jamais il y a une alarme, les flics viendraient … et on pourra leur expliquer » Mon regard devient un peu plus agacé. « Bah oui super idée et après on prétend quoi qu’on est pas là pour vandaliser une salle de sport ? » C’est sûr que les flics allaient les croire. « Est-ce qu'on peut avoir des emmerdes avec la Police si jamais … ? » Je n’avais pas envie que les flics viennent et s’ils testaient notre taux d’alcoolémie ils verraient sans doute mon taux un peu trop élevé. Avec un peu de chance les heures passées depuis mon dernier verre avaient considérablement réduit mon taux. Elle me lance un regard comme si j’étais un expert dans l’illégalité. « Je demande, c'est tout. Peut-être que tu t'y connais en trucs illégaux ... » « C’est sur que c’est pas sur toi qu’on va compter pour avoir des idées pour nous sortir de là ce soir. Quoique ta vie doit être un peu ennuyante dans ton musée, tu t’es jamais retrouvée coincée avec les dinosaures le soir ? » je lance moqueur. Je savais à peu près ce qu’elle faisait uniquement grâce aux réseaux sociaux et je prenais un malin plaisir à souligner à quel point sa vie devait être ennuyante. Mes affaires sont récupérées et je soupire. « Bon avant de nous résoudre à casser la vitre principale, on va déjà voir s’il n’y a pas une sortie de secours d’ouverte ! » C’est comme ça que je prends la direction de l’arrière du bâtiment.
« Ouais toi par contre, c'est ce soir que tu me surprendras, j'crois. » Et, elle brandit son majeur en guise de réponse.
« Bah oui super idée et après on prétend quoi, qu'on est pas là pour vandaliser une salle de sport ? » Un haussement d'épaules. Était-elle si candide de croire qu'elle aurait été persuasive et qu'elle aurait pu convaincre les flics de la situation ? Oui, elle le pensait. C'était être honnête. « C’est sur que c’est pas sur toi qu’on va compter pour avoir des idées pour nous sortir de là ce soir. Quoique ta vie doit être un peu ennuyante dans ton musée, tu t’es jamais retrouvée coincée avec les dinosaures le soir ? » Elle tourna la tête vers son interlocuteur, et compagnon de fortune avec une folle envie de lui arracher la tête. Pourquoi avait-elle une fois de plus eu le bonheur ultime de se retrouver sur son chemin ? Le regard noir, les sourcils froncés, les muscles de sa mâchoire jouaient du tambour contre ses joues. Oui, elle serrait bel et bien les dents. « Woh ! Je vois que tu as vraiment évolué depuis le temps … quelle maturité ! » marmonna-t-elle en roulant des yeux, désespérée à l'idée de devoir encore plus longtemps respirer le même air que ce dégénéré. « Ravie de voir que t'as rien à foutre de tes journées que de stalker ce que je deviens … Comme quoi, y'a des trucs qui changent pas. » Elle glissa les mains dans les poches de son jogging, juste pour s'empêcher de lui coller un coup droit bien placé sur le coin de la mâchoire. Ouais, en y regardant d'un peu plus près, elle avait la bonne position. Le parfait angle. Et pendant une seconde, elle se l'imaginait ce coup droit. Putain ce que ça lui aurait fait du bien.
« Bon avant de nous résoudre à casser la vitre principale, on va déjà voir s'il n'y a pas une sortie de secours d'ouverte ! » « C'est sûr que ça sonne totalement logique. Laisser une porte de secours, histoire d'être super en matière de sécurité. » Elle roula des yeux et s'arrêta en cours de route, s'adossant au mur, les bras désormais croisés. Il se dirigeait vers une des portes de secours. « Ces trous du cul ont tout bonnement tout fermé en oubliant de vérifier les vestiaires … » Elle jurait comme à chaque fois qu'elle commençait à s'énerver. Le regard rivé vers ses sneakers, elle priait tous les dieux de la mythologie et de la religion moderne pour que la porte de secours soit fermée … sinon elle l'entendrait se foutre de sa gueule sur plusieurs générations. C'était évident.
Son majeur fièrement pointé vers moi m’arrache un sourire narquois. Peut être que je pourrais être moins agressif. Peut être que je pourrais la provoquer un peu moins. Pourtant je ne peux pas m’en empêcher. Peut être parce que c’est trop tentant pour le fouteur de merde que je suis. Peut-être aussi que je suis sur les nerfs depuis plusieurs semaines sans m’en rendre compte, que l’alcool ne suffit plus à noyer mon angoisse.
« Woh ! Je vois que tu as vraiment évolué depuis le temps … quelle maturité ! » Elle roule des yeux et je fais une imitation grossière de l’expression de son visage. « Ravie de voir que t'as rien à foutre de tes journées que de stalker ce que je deviens … Comme quoi, y'a des trucs qui changent pas. » Bon, elle m’a eu cette fois ci. « C’pas toi qui m’intéresse, ce sont les dinosaures ! » Je lui dis avec mon plus beau sourire. Je n’avais même pas réellement cherché à savoir ce qu’elle devenait, elle était apparue dans mon fil d’actualité comme n’importe qui d’autre et..je m’étais quand même arrêté dessus pour savoir ce qu’elle devenait, je devais bien l’admettre.
On récupère mes affaires aux vestiaires avant de prendre la direction de l’arrière du bâtiment, Miss Parfaite ne semble pas enthousiaste. « C'est sûr que ça sonne totalement logique. Laisser une porte de secours, histoire d'être super en matière de sécurité. » Vraiment si elle roule des yeux encore une fois je vais la laisser se débrouiller toute de seule. Je croise les bras à mon tour le regard mauvais, Niamh avait vraiment le don de m’agacer plus que de raison. « T’as une meilleure idée peut être ? » Non parce qu’on avait établi que casser une fenêtre de l’était pas. Et avec quoi était la grande question. « Ces trous du cul ont tout bonnement tout fermé en oubliant de vérifier les vestiaires … » Bon pour une fois je suis d’accord avec elle, mais je ne dis rien, allant tenter d’ouvrir la porte. Bien sûr c’est un échec. Je lance un regard à Niamh, anticipant sa réaction. « OH ça va ! » Je finis par sortir mon téléphone. « Bon j’ia 3% de batterie, on a un appel à tenter avant que mon portable ne meurt. Des derniers mots à prononcer à un cher et tendre ? » dis-je avec ironie, tout en réfléchissant à qui on pourrait appeler. « On va pas appeler les pompiers quand même ? » On aurait l’air bien idiots tiens.
« C’pas toi qui m’intéresse, ce sont les dinosaures ! » En guise de réponse, une espèce de drôle de grimace. Un sourire un peu tordu.
« T’as une meilleure idée peut être ? » Il marquait un point alors elle se contenta de soupirer. Un long et lourd soupir qui voulait en dire pas mal. Silencieuse, adossé au mur, elle plongea les mains dans les poches tout en collant sa tête contre le mur, le regard rivé vers le plafond, dans le noir. Si l'enfer devait avoir des airs allégoriques, ce serait celui-ci. Peut-être était-elle morte en fin de compte et ici, c'était son enfer. Coincée à jamais avec un type comme Pete. Génial. Elle l'entendit essayer d'ouvrir la porte et se contenta de poser son regard sur lui, attendant une réaction … qu'elle obtint. Un sourire mauvais sur les lèvres, un partout, balle au centre. « Oh ca va ! » Elle se redressa pour s'approcher de lui quand il poursuivit « Bon j’ia 3% de batterie, on a un appel à tenter avant que mon portable ne meurt. Des derniers mots à prononcer à un cher et tendre ? On va pas appeler les pompiers quand même ? » Une main posée sur sa joue, elle la tapota du bout des doigts, à la recherche d'une bonne idée. 3% de batterie, cela pouvait être short et mieux valait miser sur le bon cheval. Elle haussa les épaules. « Si tu connais personne qui s'entraîne ici et qui pourrait appeler le propriétaire de la salle, jeter un coup sur le net pour voir s'il y a pas une hotline ou connerie du genre … reste qu'à appeler la police. Ils trouveront bien un truc ... » Non ?
Leurs regards étaient rivés sur l'appareil téléphonique. Objet de leur espoir. Elle plissa les yeux en le voyant prendre son téléphone pour composer un numéro quand un bruit se fit entendre … et que des lumières s'allumèrent. Les deux énergumènes sursautèrent presque par surprise tout en s'échangeant cette fois-ci un drôle de regard complice. Dans la même merde ensemble, après tout. Mais évidemment, la complicité ne dura pas très longtemps puisqu'ils se hâtèrent tous les deux de se diriger vers l'entrée de la salle de sport … où se tenait un homme, agent d'entretien, l'air surpris. « Vous nous sauvez la vie. Merci. » dit-elle aussitôt en coupant l'herbe sous le pied de Peter. Elle posa aussitôt une main sur le bras de l'homme toujours un peu surpris de voir débarquer des gens alors que cela devait être désert et fermé … « Ils ont fermé sans vraiment faire attention aux vestiaires … bref, longue histoire. » Elle esquissa un sourire poli et rassuré. « Bon bah on va sortir du coup … merci pour tout et bon courage. » « Heum – mais --- attendez --- euh. » « Désolée.... » Haussement d'épaules alors qu'elle poussait la porte, talonnée par Peter.
« Ce fut un plaisir. » cracha-t-elle avant de prendre la direction du parking où elle était garée. Leurs chemins se séparaient une fois de plus … espérons une fois pour toute. Du moins, c'est ce qu'elle espérait.