Je crois qu’il n’y aurait pas pu y avoir meilleur SMS que ceux que j’ai reçu de Victoire tout à l’heure. Une invitation pour manger une tonne de gâteaux fait maison par des vrais pâtissiers ? J’en ai déjà la bouche qui salive alors que j’ai aucune idée de ce qu’il y aura à manger. Je ne suis pas difficile du tout en nourriture, encore moins en sucré, encore moins si c’est fait pas des vrais cuisinier. J’ai jamais peur de tester même des trucs que j’aime pas d’habitude dans ces cas là parce qu’ils savent y faire eux. Pas comme moi qui ne cuisine jamais rien. Mes repas sont toujours très basique et répétitif. J’essaie de profiter à la caserne quand y’a des gens qui font des bons plats, et j’avoue, je vais quand même régulièrement chez ma mère. Je vais aussi sans honte chez ma soeur. Je m’occupe comme je peux sans pour autant sortir en bar et en boite et au resto. J’ai envie de garder mes sous pour moi et j’ai pas envie d’être si près de la tentation aussi. On est bientôt en février, ça fait presque la moitié de mon challenge passé. Je tiens bon. Je suis fier de moi. Je vais y arriver.

Le timing était parfait pour cette proposition de victoire. J’ai sauté dans ma voiture en moins de temps qu’il en a fallut pour le dire. J’ai même pas réfléchit à ma tenue ou quoi que ce soit. J’ai absolument personne à impressionner avec mon physique. Je ne veux pas qu’on s’intéresse à moi comme ça. Je cogite sur beaucoup de chose dans ma vie mais la façon dont je suis fringué n’en fait plus parti. C’est donc avec un short à l’effigie des pompiers du Queensland et un t-shirt du groupe Thousand Below que j’ai pris la route. Toujours avec mes légendaires Vans old skool noir aux pieds. Celles ci sont bien défoncé mais je suis trop à l’aise dedans pour vouloir les changer (et je suis en mode super économies aussi). J’ai aussi une casquette entièrement noire que j’ai mis à l’envers sur ma tête. Je me gare et arrive à l'adresse qu'elle m'a donné, espérant ne pas avoir compris de travers mais non, je relis les messages et elle m’a bien dit que c’était ok de venir tout de suite. Je suis soulagé quand elle ouvre la porte et qu’elle est là devant moi. « Hey… J’espère que t’as pas tout mangé déjà. » Je plaisante mais j’ai aucune idée de combien elle a réellement de pâtisseries avec elle. Peut être qu’elle a exagéré et qu’il n’y a plus rien. C’est pas grave je trouverai autre chose à manger mais là ça me fait très envie toutes ces pâtisseries que je me suis imaginé.

@Victoire Laclos

Le sourire sur le visage de Victoire me surprend, dans le bon sens. La dernière fois où on s’est vu l’humeur était plutôt sans dessus dessous. « Hey ! Non t’inquiète, j’ai même pas commencé. » Elle a l’air d’aller bien mieux mais en vrai ça m’étonne pas. On est sur le point de s’empiffrer de gâteaux. Je sais pas qui ne serait pas heureux de cette perspective. J’ai le droit du tour du propriétaire mais j’essaie de voir où sont les gâteaux surtout. Je salive et j’espère que je ne suis pas en train d’avoir de trop grandes attentes. Si ça fini avec juste un brownie c’est pas que ce sera nul, parce que je vais tout le manger, mais j’imagine plein de choses avec plein de crèmes. « Bon là c’est les vestiaires, la chambre froide et voilà où je passe le plus clair de mes journées ! » Pas dans la chambre froide j’espère. Mais non parce qu’on arrive dans la cuisine. « Ça va toi ? » J’hoche la tête machinalement, cherchant toujours la bouffe des yeux. « Ca va ouais. Toi ça a l’air d’aller. » Mon sourire qui se fait plus grand parce que ça fait du bien, ça fait plaisir.

« Ca te dérange pas si on se baffre dans la cuisine ? Ma collègue a nettoyé toute la boutique avant de partir... » Un léger rire sort de ma gorge. « Je peux même manger au dessus de l’évier ou dans les toilettes tant que je peux manger. » J’ai clairement l’air d’un mort de faim mais c’est aussi totalement ce que je suis là. Je suis encore en train de chercher les gâteaux bordels ils sont où ces gâteaux. J’ai pas faim mais je veux tout manger. Est-ce que je suis en train de perdre la tête ? Oui. Mais voilà qu’elle mène la route vers le chariot du bonheur et c’est comme si mes yeux s’étaient transformés en coeurs. « Prend place, le festin est servi ! » Et là j’hésite à sauter sur le chariot ou m’installer mais comme j’ai mis du temps à réagir, je vois qu’elle s’occupe d’apporter les gâteaux jusqu’à nous. omg omg omg omg omg omg omg omg omg omg. Alors je m’assois sur un des tabourets où je manque de tomber en premier parce que je regarde les gâteaux s’approcher de moi plutôt que le tabouret lui même. Mais je me reprends et m’assois correctement. « Alors ? Tu veux commencer par laquelle ? J’te dis rien sur le contenu, t’as qu’à deviner ! » Mes yeux vissés sur TOUT LE CHOIX qu’il y a.

« C’est trop beau j’ai envie de pleurer. » Je plaisante même pas. « On peut tout manger ?? Genre vraiment tout ? Et sans payer ? Je commence par lui. » J’attends pas qu’elle réponde à mes questions parce que ces gâteaux me font plus que de l’oeil, je suis en train de mourir intérieurement. Je commence par un truc qui ressemble à un Paris Brest parce que y’a l’air d’y avoir plein de crème. J’en mets bien trop dans ma bouche et j’en laisse s’en sortir un gémissement pas discret du tout. « HomHumHommm. » Parce que bien sûr j’ai la bouche pleine mais j’essaie de parler. Tout à fait logique. C’est surtout que je n’ai plus la capacité d’utiliser mon cerveau correctement parce que je suis dans la feels zone avec cette délicieuse pâtisserie qui est dans ma bouche. J’avale avant de formuler une phrase qui a du sens cette fois.« Je vais mourir c’est trop bon. C’est toi qui a tout fait ? Y’a quoi dans celui là ? J'aime trop la crème. Praliné ? Noisette ? » Que je demande alors que j’engloutis de nouveau la pâtisserie dans ma bouche. Vu la tonne de gémissement que je laisse s’échapper je crois que je vais finir par avoir un orgasme dans pas longtemps…

« Waow, t’as pas mangé depuis quatre mois ou quoi ? » Merde. J’ai été trop fort peut être. J’aime pas trop me sentir juger. Même si elle a l’air de plaisanter, je sais qu’il y a toujours une part de vérité dans les plaisanteries. Peut être que je vais pas tout manger du coup. J’ai pas envie de me prendre d’autres réflexions. Peut être que je vais oublier dès que les gâteaux seront devant moi parce que je veux réellement tous les manger. Et je n’y manque pas et elle est halluciné par mon comportement. Je crois que j’abuse. Je crois que je suis devenu un animal en fait là. Je crois qu’elle va me virer de sa cuisine.  « Mais ! Tu me tues ! T’étouffe pas quand même ! » Ou pas. J’y vais clairement trop fort mais c’est trop bon et j’ai besoin de compenser mon manque par la bouffe. De la très bonne bouffe gratuite en plus. Je suis faible. « Hum tu dois techter chelui là auchi ! » Mais ça va elle a l’air d’être aussi goinfre que moi au point de parler la bouche pleine. Alors je repars de bon train. Je vais tout goûter, qu’elle ne s’inquiète pas. Faudrait que ce soit elle qui prenne tout ce qu’elle veut en avance parce que je vais avoir du mal à m’arrêter. « Oui j’ai tout fait ! Prâliné-nougat et y a du citron vert dans la pâte mais c’est discret. » Je retiens un gémissement parce que ça me vient rien qu’en l’entendant dire ces mots. J’ai encore envie d’engloutir un deuxième comme ça mais il est déjà hors d’état de nuire. Dans mon ventre. « On pourrait presque l’utiliser sur le compte insta de la pâtisserie ! » Je suis tellement hypnotisé par les gâteaux que je ne remarque pas qu’elle prend une photo de moi. J’ai cru qu’elle était juste en train de pianoter sur son téléphone. « Je préfère pas. » J’ai abandonné de poster sur cette app, c’est pas pour que ma tête s’y retrouve, laissant une fenêtre ouverte sur ma vie. Nope.

« C’est quoi que t’aimes le plus dans les pâtisseries ? En terme de goût ? De texture ? Que je te recommande par lesquels commencer avant que tu sois rassasié. » Mes yeux s’ouvrent en grand et je sais même pas quoi lui répondre tellement j’aime tout. « Des trucs avec plein de crème. » Des trucs. Vraiment ça rend pas justice à ces délicieux gâteaux que j’ai le droit de manger. « Mais j’aime tout vraiment… C’est délicieux. T’es très doué. Merci. » Parce qu’elle me donne tout ça gratuitement. Oui je suis halluciné parce que ça coûte cher ces trucs là. Je viens jamais dans ce genre de boutiques parce que ce serait la fin de mon porte monnaie. « Et sinon, quoi de neuf à part un futur diabète ? » Faut que je me calme vu comme elle est en train de continuer de me juger dans ses plaisanteries. Je vais en manger juste deux de plus et j’arrête.

« Oh… Heu… Pas grand chose. Le boulot. Le sport. La bière aussi. » ‘Aussi’ pour pas dire ‘surtout’. Elle va me coller une cirrhose en plus du diabète sinon.  « Si j’étais riche j’aurai un cuisiner chez moi. Ce serait le premier truc de riche que je ferai. » J’hoche la tête alors que je mords dans une autre pâtisserie sans tout mettre d’un coup dans ma bouche cette fois. Du coup j’avale plus vite vu que y’a pas grand chose à manger. « Tu ferais quoi toi si t’étais riche ? Oh je ferai aussi des concerts privés dans mon jardin. Parce que j’aurai une maison avec un jardin. Ou peut être que je pourrais le faire dans celui de mes parents… Hmmm. » Parce que j’aime beaucoup mon nouvel appartement. « Enfin je veux dire ce serait pas moi qui jouerait. Je ferai venir mes groupes préférés pour des représentations pour mes amis et moi. Le rêve. » Je m’y vois tellement. « Mais d’abord le cuisinier. » Je reviens sur le truc important. La bouffe c’est important. La musique aussi en vrai. C’est ma thérapie. Je ferai les deux si j’étais riche.

« Pas de souci, je comprends. Je fuis les réseaux sociaux aussi… » Bon c’est cool si y’a pas besoin d’insister. J’aurai mis un veto très fort mais je sais pas pourquoi je suis encore en train de penser à ça alors que ça ne sert à rien. Overthinking : l’art de se créer des problèmes qui n’existent pas. Y’a vraiment aucun problème là, y’a que des win avec toutes ces pâtisseries gratuites. Oui je m’en remets pas que ce soit à moi qu’elle ait pensé pour manger tout ça. En tout cas c’était un bon choix car je peux si y’a besoin, tout faire disparaître. « Oh, t’es adorable… Mais c’est mon métier, c’est normal... » C’est normal de faire des trucs bons mais c’est extra ordinaire que je sois celui qui profite des invendus. J’ai plein d’amis dans des groupes de musique mais je pensais pas que j’aurai préféré qu’ils soient pâtissier finalement. Quoi que. Faudra que je vois si avec mon sport quotidien je peux gérer autant de sucre quotidiennement (oui direct je pense à manger tout ça tous les jours y’a pas de juste milieu chez moi). Je suis sûr que je peux en vrai. « Celui-là est probablement fait pour toi ! » Je lui fais confiance parce que au fond de moi je sais qu’ils sont tous fait pour moi. Je le prends et c’est vrai que de visu comme ça seulement, il a déjà beaucoup de gueule.

« J’en ai un moi ! Mon coloc est cuisinier… Autant te dire qu’entre ses plats et mes desserts, on fait du gras à la maison... » Putain ils doivent se faire des orgies tous les deux. Je crois que pour ma santé il vaut mieux pas que j’ai ce combo à disposition en fait. Je risque d’en mourir. « Tu y as bien réfléchi à ce que je vois ! Mais ça se fait vraiment des concerts privés comme ça ? Ça doit être dingue ! » Je fais oui de la tête. « Du moment que tu paies tout est possible. » Après il vaut clairement mieux avoir un jardin parce que dans un appartement c’est déjà plus propice à déranger des gens des logements à côté qui n’ont rien demandé. « Moi j’ouvrirais ma propre pâtisserie, je suis qu’une employée ici et même si j’ai assez de libertés, j’aimerais avoir ça à moi. » Elle est courageuse parce que moi je veux pas être mon propre patron. Je préfère suivre les ordres qu’en donner et puis toute la compta tout ça tout ça. Je pourrais pas. Je me mets à manger la nouvelle pâtisserie qu’elle m’a donné un peu plus tôt et je gémis doucement tout en l’écoutant toujours quand même.

« Je crois que je m’achèterais un bateau aussi, un truc ridiculement luxueux, pour changer d’air quand j’en ai besoin. J’aime tellement être en mer... » Ah ouais si elle aime être en mer ça fait du sens. « Moi j’achèterai une salle de concert. » On enchérit tous les deux sur nos rêves les plus fous. J’ai envie de pleurer un petit peu que ce soit que des rêves justement. « On fait un deal ? Si on devient riche, je t’invite sur mon bateau et toi tu m’invites à ces fameux concerts privés, ça te va ? » Ca fuse dans ma tête parce que je réponds aussitôt.

« Si tu deviens riche on fera les concerts privés sur ton bateau avec plein de gâteaux aussi. » Très important les gâteaux. D’ailleurs je prends une nouvelle bouchée que j’avale aussitôt. Clair que je mange plus rien du reste de la journée. Je me lèche les doigts avant de les essuyer sur mon short.  « Je ferai mon propre festival de musique avec tous mes groupes préférés. Enfin… Ce sera du style warped tour avec deux scènes côte à côte pour qu’il y ait zéro clash. » Je peux décemment pas payer mes groupes préférés pour qu’au final je les loupe ou que je doive faire des choix sur qui je vais voir. Nope. Je verrai tout le monde.

Heureusement j’ai fait quelques concerts récemment parce que ça me donne envie encore plus. J’en ai d’autres qui sont alignés pour février. Je vais trainer Isaac avec moi vu qu’on passe déjà la plupart de notre temps ensemble. Tiens d’ailleurs… « Tu crois que je peux prendre une pâtisserie à emporter? Je voudrais pouvoir faire goûter ces délices à un ami. » J’aimerai bien en prendre deux parce que ça va être difficile de le regarder manger un gâteau alors que j’en aurai zéro de mon côté, mais je l’aime bien trop fort et je saurai faire ce sacrifie. J’ai effectivement pensé qu’on pourrait le couper en deux et je suis sûr que Isaac voudra faire ça en vrai. Il ne me laissera pas les mains - la bouche - vident.

« C’est quoi le premier groupe que tu ferais venir ? »
« Trophy Eyes. »

La réponse la plus évidente qu’il soit en plus ils sont à Melbourne donc facile pour qu’ils viennent ici. Pas comme beaucoup d’autres de mes groupes préférés qui sont Américains ou Anglais. Là je reste dans le très faisable. Quelque chose me dit que je pourrais peut être même le faire pour du vrai là maintenant, même si je ne suis pas riche. Mais je n’ai pas encore osé demander à John. Je crois que je n’oserai jamais. C’est super fou comme idée en même temps. J’ai pas envie qu’il me unfollow de instagram parce qu’il se sera rendu compte que je suis bien trop fanatique. Il sait déjà. Mais je suis un gentil fanatique vu qu’il partage des bières avec moi - plus ou moins - régulièrement. « Et moi, une maison directement sur la plage... » On en a plein des idées, on s’arrêterait certainement jamais de trouver de nouvelles idées pour tout cet argent hypothétique. « Multimillionnaire et toujours aux fourneaux, ce sera le titre de mon autobiographie de riche ! » Elle me fait rire de penser direct à un bouquin sur sa vie. Faut au moins ça quand on est riche. Just because you can. « Ça a l’air génial tout ça… Mais et toi alors, ta musique ça en est où ? Tu as pondu d’autres chefs d’œuvre depuis ? » Ah oui ça. La réalité tout ça tout ça. C’est une autre paire de manche. Je suis toujours en réflexion et je préfère demander si je peux embarquer des gâteaux. « Bien sûr ! Tu peux même embarquer tout ce qu’il restera si tu veux. Mais il faut les manger ce soir... »

« Wow. Ok. Ouais on va tout manger ce soir. »
« Parce que demain, elles périment, tu sais... »
« Je vais aller directement chez mon ami en partant d’ici. »
« Tiens, fais ta sélection, moi j’en peux plus. »
« Cool. »

Je sais pas si elle se rend compte que c’est clairement comme Noël pour moi là. Je fais ma sélection et j’en prends une dizaine… Je sais que j’abuse un peu mais c’est elle qui a dit que je pouvais tout prendre. Je fais ça entre deux bouchée d’un autre gâteau. C’est tellement bon.

« J’ai mis quelques chansons sur ma chaîne youtube mais elles sont pas encore visible en public. » Que j’avoue enfin à propos de ma musique. « Je fais tourner à des proches pour le moment. C’est un premier pas je suppose… » J’hausse une épaule. « Ok j’ai juste donné à ma soeur et elle m’a encore rien dit, je crois qu’elle a pas encore eu le temps. Elle est chirurgien et elle a une femme et une fille, sa vie est bien remplie. » Je sors plein d’excuses même si au fond de moi, je suis un peu déçu qu’elle ne fasse pas passer ça en premier, ou ok, en deuxième. Ca fait tellement d’années que je bataille à créer cette chaîne youtube… Et bizarrement ça m’arrange qu’elle traine la patte. Je donnerai à Isaac ensuite. Je sais qu’il va écouter avec attention et me donner un feedback qui sera honnête. Peut être que je lui donnerai en même temps que ces gâteaux qui sait ?« Je t’enverrai le lien si tu veux. » Car je sens au fond de moi qu’elle n’aura rien de négatif à dire à ce propos. Je me souviens que trop bien de son enthousiasme à celle qu’elle a entendu à l’arcade de jeux. C’était si important comme flot de compliments que ça m’en a mis un peu mal à l’aise pour être honnête. Là au moins je ne serai pas à côté d’elle quand elle écoutera. Ca devrait mieux se passer.  « Tu fais quoi des invendus d’habitude ? T’as une liste de potes que tu contactes pour venir tout manger? Tu me dis quand tu veux que je m’en aille. T’as fini ta journée de boulot depuis un moment déjà… » Parce que je sens que je pars sur autre chose mais je sais aussi qu’elle a peut être autre chose à faire.

show me all the sugar I’ve been patient for (ft. @Kane Williamson )

« Trophy Eyes. » Bien évidemment, comme elle s’y attendait, elle ne connaît pas. Elle connaît le catalogue Netflix par cœur en revanche, mais sa culture musicale laisse clairement à désirer. Elle acquiesce comme si cela avait un quelconque sens pour elle et note mentalement d’aller écouter ce groupe plus tard. En attendant, ils enchaînent les plans sur la comète, les rêves inaccessibles de richesse et d’opulence. Jusqu’à ce que Victoire les fasse un peu retomber sur terre en évoquant la musique de Kane, ses projets, ses chansons top secrètes. Il élude un peu, tout intéressé qu’il est par les pâtisseries. Il lui demande s’il peut se servir et elle n’y voit aucun inconvénient, lui précise simplement de les consommer le soir-même. Elle lui glisse un grand carton pour qu’il puisse en emporter un maximum et il ne rigole pas, il en fait rentrer une dizaine, Vic espère que son ami sera partant pour un dîner 100 % pâtisserie parce que c’est ce qui l’attend.

Finalement, il revient sur la question antérieure de Vic, heureusement car elle commençait à se dire qu’elle aurait dû se taire et qu’il n’avait pas du tout envie de parler du sujet. « J’ai mis quelques chansons sur ma chaîne youtube mais elles sont pas encore visible en public. » Victoire lui adressa un sourire sincère : « Ah finalement tu l’as créé cette chaîne ! »  Elle est contente pour lui car la dernière fois il lui disait qu’il parlait de la créer depuis une éternité mais qu’il n’avait encore pas réussi à sauter le pas. « Je fais tourner à des proches pour le moment. C’est un premier pas je suppose… Ok j’ai juste donné à ma soeur et elle m’a encore rien dit, je crois qu’elle a pas encore eu le temps. Elle est chirurgien et elle a une femme et une fille, sa vie est bien remplie. » Victoire acquiesce et elle ne peut s’empêcher de bloquer sur l’information qu’il vient de lui donner, sa sœur est mariée à une femme et elles ont un enfant. Vic lui a dit qu’elle était lesbienne pour simplifier les choses quand ils se sont rencontrés mais en réalité elle est surtout assez perdue. Elle n’a jamais côtoyé un couple de femme tel qu’il le décrit et ça la fait rêver un peu. Elle laisse son esprit vagabonder un instant, s’imaginant en robe blanche tenant la main de sa future épouse, cette femme imaginaire qui prend pourtant les traits d’une personne bien réelle dans son esprit. Penny, qui occupe ses pensées depuis leur rencontre sans qu’elle ne puisse rien y faire pour l’en déloger. Il faut dire que l’aider pour ses recherches d’autres victimes afin de décider si elle va porter plainte lui prend beaucoup de temps. Elle le fait pour l’actrice, aussi pour elle-même, mais surtout pour Penny, il faut l’avouer… Perdue dans ses pensées, elle est ramenée à la réalité par Kane : « Je t’enverrai le lien si tu veux. » Elle relève son regard vers lui, l’air surpris, elle n’aurait pas osé demandé mais elle est ravie qu’il le propose lui-même : « Oh oui, avec plaisir ! Enfin, si ça te dérange pas... » Elle n’a pas envie de lui forcer le main, d’avoir l’air une groupie terrifiante et obsédée, mais elle serait ravie de découvrir de nouvelles chansons de lui, voir de pouvoir réécouter celle qu’elle a déjà entendue et dont le souvenir s’est déjà tristement estompé. « Tu fais quoi des invendus d’habitude ? T’as une liste de potes que tu contactes pour venir tout manger? Tu me dis quand tu veux que je m’en aille. T’as fini ta journée de boulot depuis un moment déjà… » Elle lâche un petit rire amusé : « Oh oui, il va falloir que je ferme à un moment donné mais je veux pas te mettre dehors… Après, ton pote t’attend peut-être ? » Elle n’a pas vraiment vie sociale en ce moment, chaque seconde qu’elle ne passe pas à la pâtisserie, elle la passe sur l’ordinateur ou au téléphone à essayer de joindre des actrices pour aider Penny. « Normalement y a pas autant d’invendus, la semaine a été plutôt mauvaise… Souvent j’en ramène pour Byron et moi – c’est mon coloc –, mes collègues aussi se servent, ceux qui bossent en salle, j’en apporte parfois à des amis puis sinon on jette malheureusement… » Elle se lève et commence à rassembler les quelques pâtisseries qui restent et à les emballer dans un autre carton, ce sera pour Byron s’il en veut. Elle passe un coup d’éponge sur le plan de travail et elle regarde le sol, elle a la flemme de balayer ce soir, elle fera ça demain. « Bon si j’ai bien compris, j’hésite pas à faire appel à toi s’il y a des pâtisseries à écouler. » dit-elle en se dirigeant vers la sortie avec Kane : « C’était sympa en tous cas, et n’oublie pas de m’envoyer ce lien que j’écoute ça, promis je te fais pas attendre mille ans pour te donner mon super avis professionnel. » s’amuse-t-elle en lui disant au revoir, elle n’aura probablement pas un avis très constructif mais si elle aime, elle lui dira et les compliments c’est toujours ça de pris, non ?  

« Ah finalement tu l’as créé cette chaîne ! » J’hoche la tête. Elle fait pas si bien dire. J’ai mis trois années à me lancer juste à la création de la chaine. J’ai mis plusieurs jours à me décider sur le nom que j’allais lui donner. Si je prends un nom d’artiste, mais comme j’étais indécis sur tout j’ai juste mis mon nom tel quelle. Même si c’est pas forcément la meilleure idée si je n’ai pas envie qu’on me trouve. Le but est quand même d’être écouté. Tellement de contradictions dans ma tête. Je me fatigue.

« Oh oui, avec plaisir ! Enfin, si ça te dérange pas... »
« Non avec plaisir. »

Car je me souviens combien elle avait aimé. Combien elle a été la première à me filer un coup de boost sur mes nouvelles chansons, même si elle ne le sait pas forcément. Elle sera toujours la première qui a écouté Slow Learner. D’ailleurs je n’ai pas encore mis celle là, il faut que je l’enregistre correctement en vidéo. « Oh oui, il va falloir que je ferme à un moment donné mais je veux pas te mettre dehors… Après, ton pote t’attend peut-être ? » « Peut être. Même moi je sais pas. Il a un double de mes clés. » Car ma maison est sa maison en ce moment plus que jamais. Je sais que ça l’arrange d’avoir un endroit où il peut venir sans préavis et moi ça me plaît de ne pas être seul. On est tous les deux gagnants. On se complète vraiment parfaitement Isaac et moi. C’est flagrant et c’est assez étrange, mais dans le bon sens. Ca fait du bien. « Normalement y a pas autant d’invendus, la semaine a été plutôt mauvaise… Souvent j’en ramène pour Byron et moi – c’est mon coloc –, mes collègues aussi se servent, ceux qui bossent en salle, j’en apporte parfois à des amis puis sinon on jette malheureusement… » J’hoche la tête, triste d’apprendre que certaines de ces délicieuses pâtisseries finissent parfois à la poubelle. D’un coup je ne me sens plus autant égoïste d’en avoir mangé autant et mis tout autant dans un carton qu’elle m’a donné. On va bien se remplir le ventre avec Isy ce soir. Ou demain. C’est vrai qu’elle a dit de les manger ce soir mais j’aime bien pendre des risques. Je mettrai au frigo s’il en reste.

« Bon si j’ai bien compris, j’hésite pas à faire appel à toi s’il y a des pâtisseries à écouler. » J’hoche vivement la tête avec un sourire sur mon visage. Je pense ne pas avoir à lui dire combien j’ai aimé tout ce que j’ai mangé. Qu’on peut carrément remettre ça, ou juste je passe pour prendre mon paquet à disposition. « Oui oui oui oui ! » Mais je ne peux pas m’empêcher de confirmer oralement car c’était vraiment trop bon. « C’était sympa en tous cas, et n’oublie pas de m’envoyer ce lien que j’écoute ça, promis je te fais pas attendre mille ans pour te donner mon super avis professionnel. » Elle me fait rire avec son avis professionnel. « J’ai l’impression d’être dans X Factor. » Que je dis pour plaisanter. La boite dans mes mains, je me dirige vers la sortie. « Merci encore pour tout c’était délicieux. Vraiment. » Ca m’a beaucoup touché et j’ai l’impression que ce sera la même dans l’autre sens quand je lui enverrai le lien de mes chansons. Encore un échange de bons procédés. J’aime quand tout s’emboîte parfaitement comme ça. C’est avec un immense sourire aux lèvres et un ventre bien rempli que je rentre chez moi. Prêt à mettre une ou deux chansons de plus sur ma chaîne, mais en privé toujours. J’avance, petit à petit.

@Victoire Laclos