La tristesse et, peut-être aussi, les remords étaient entrain de prendre le dessus. Jax pouvait le voir mais aussi l’entendre dans ma voix lorsqu’on vient à aborder ma relation actuelle avec Knox. Ce meilleur ami atteint d’une grave maladie et qui refuse de se faire soigner. Je ne peux me résoudre à le voir refuser les soins et donc me dire que son état va se dégrader jusqu’à qu’il ne puisse plus faire face. Jax sent bien ma détresse et il vient à m’attraper les mains, ce qui me fait rehausser mon regard sur lui. « Tu regretteras toute ta vie si tu ne profites pas de ces instants ». Il a raison, je le sais. Ses mots m’apaisent, ce geste à mon égard aussi. Je me contente d’acquiescer d’un signe de tête. « Mon père est mort deux ans après que je sois arrivé chez les Collins. La semaine avant sa mort, je lui ai fait la tête pour une broutille et je lui ai pas parlé pendant deux jours, j'ai refusé qu'il vienne me voir à mon compétition de judo. ». Il n’a jamais abordé ce sujet avec moi et je sens que ce n’est pas quelque chose dont il parle facilement. « Si j’avais su qu’il pouvait lui arriver quelque chose, j’aurais mis ma colère de côté pour profiter du temps avec lui ». Je sens les regrets dans sa voix, la tristesse aussi et instinctivement, mes mains viennent serrer un peu plus les siennes. « Mais je suis sûre que, quoi qu’il en soit, il est fier de toi Jax. Tu es un homme formidable, d’une gentillesse inégalable et, même si nous nous connaissons que depuis quelques mois, c’est un point sur lequel je n’ai aucun doute ». Et ses paroles laissent une empreinte indélébile dans un coin de ma tête… Que ce soit vis-à-vis de Knox, vis-à-vis de Pete ou vis-à-vis de mon père. Parce que je sais que les regrets peuvent vite arriver, et souvent, quand il est trop tard. Ma gorge se serre alors que mes yeux s’humidifient sans pour autant laisser échapper une larme. « Merci » je lance alors dans un murmure. Merci parce qu’il a accepté de me laisser entrer dans sa vie, merci parce qu’il est présent pour moi, comme je le serai désormais pour toujours, pour lui.
« Ce que je veux pas, c’est que tu en veuilles à ton père. Tu en as qu’un, tu étais proche de lui enfant et je veux pas que vous perdiez cela à cause de moi ». Même si j’ai montré un certain agacement lorsqu’il m’a reproché ma fierté, celle qui m’empêchait de faire un pas de plus vers mon père, de lui pardonner son départ, il a encore ce pouvoir fort sur moi que je ne saurais expliquer. Celui qui m’oblige immédiatement à me taire, à l’écouter et surtout à réfléchir à ce qu’il vient de me dire. « Ne pense pas que ce n’est qu’à cause de ce qu’il t’a fait subir. Il y a bien plus que ça, Jax ». Mon ton est plat, ne montrant aucune animosité cette fois. Je reste cependant surprise qu’il parvienne à pardonner à notre père, qu’il parvienne à pardonner son abandon, lui qui a du subir l’orphelinat, et la difficulté de trouver une famille qui l’accueillerai définitivement « Je vois les bonnes choses que cela m'a apporter. J'aurais jamais connu les Collins, je serais peut-être jamais devenu l'homme que je suis aujourd'hui, on aurait peut-être pas cette complicité ». C’était donc ça, son secret. Voir le positif. Voir le positif dans la pénombre, voir cette lueur, ces lueurs que cet abandon lui avait apporté. Oublier le négatif, ce qui aurait pu être et se concentrer sur ce qui a été. « J’aime ta façon de voir les choses Jax… je suppose que, si je devais voir du bon dans le départ de mon père, c’est que je suis devenue, depuis, une jeune femme forte et indépendante. J’ai réussi à m’en sortir malgré tout, à vivre des choses formidables, à poursuivre mes rêves… Et, surtout, j’ai pu me rendre compte de la chance que j’avais d’être aussi bien entourée ». Parce qu’il y avait des personnes qui étaient toujours là pour moi, avec qui rien n’a jamais changé. Adam, Knox, Pete, Dylane, Danika… Des disputes, certes, ont eu lieu avec mes amis proches. Mais notre amitié a toujours fini par reprendre le dessus, laissant notre rancœur de côté. Et même si j’étais fâchée actuellement avec deux d’entre eux, une lueur d’espoir renait, me disant que nous parviendrons à surmonter cette mauvaise passe. « Cela ne veut pas dire que je veux qu’il entre dans ma vie, que j’ai envie de parler de tout cela avec lui ». J’acquiesce doucement, « Quoi que tu décides, tu sais que je te soutiendrai coûte que coûte ». Parce que j’ai pu montrer un peu le contraire en m’emportant un peu plus tôt, lui reprochant notamment ma dispute avec Pete, des paroles encore prononcées sur le coup de la colère.
Parler de son père n'était pas un truc qu'il faisait souvent. En fait, il en parlait uniquement avec les personnes en qui il avait une confiance totale. Mia faisait partie de ces personnes là, il savait que quoi qu'il arrive la jeune femme ferait partie de sa vie, toujours et il voulait qu'elle connaisse les moindres détails de sa vie. Il avait déjà parlé de sa vie en orphelinat et maintenant, il avait abordé la mort de son père. C'était pour lui une énorme marque de confiance. Il ne savait pas si c'était ce lien du sang qu'il sentait malgré le fait qu'il ne se connaissent à peine mais il y avait comme une sorte de connexion entre eux. D'ailleurs, il avait réussi à se confier mais aussi il avait réussi à la calmer alors que la colère semblait bien présente lorsqu'elle avait passé le pas de la porte. Une autre ambien s'était installée entre eux. « Mais je suis sûre que, quoi qu’il en soit, il est fier de toi Jax. Tu es un homme formidable, d’une gentillesse inégalable et, même si nous nous connaissons que depuis quelques mois, c’est un point sur lequel je n’ai aucun doute » Il en était conscient, il en avait toujours été conscient mais cela lui faisait d'autant plus plaisir lorsqu'on le lui disait. Il avait toujours eu peur de ne pas être à la hauteur. Ses parents avaient pris un sacré engagement en l'adoptant alors qu'il avait déjà huit ans et il avait toujours voulu le leur rendre. Se dire que son père devait être fier de lui était tout ce qu'il espérait. Elle le remercia et il se contenta de lui adresser un sourire sincère tandis qu'il sentait que ses yeux s'étaient un peu humidifiés sans pour autant verser une larme.
La conversation tourna alors autant d'un autre père : Andrew. « Ne pense pas que ce n’est qu’à cause de ce qu’il t’a fait subir. Il y a bien plus que ça, Jax » Il ignorait beaucoup de choses de la vie de Mia et il apprendrait à connaître cela en temps et en heure. « En tout cas, s'il est parti c'est à cause de moi. Je sais pas ce qui a pu lui faire croire que j'étais à l'autre bout du monde mais c'est pour me retrouver et tu dois trouver la force de ne pas trop lui en vouloir. » De lui pardonner mais cela aurait peut-être été trop fort pour la demoiselle. Déjà de faire en sorte de ne pas lui en vouloir était déjà une bonne chose. Et elle semblait comprendre pourquoi lui n'en voulait jamais aux gens. Il préférait se consacrer sur le bon de chaque chose. « J’aime ta façon de voir les choses Jax… je suppose que, si je devais voir du bon dans le départ de mon père, c’est que je suis devenue, depuis, une jeune femme forte et indépendante. J’ai réussi à m’en sortir malgré tout, à vivre des choses formidables, à poursuivre mes rêves… Et, surtout, j’ai pu me rendre compte de la chance que j’avais d’être aussi bien entourée » Il lui adressa un sourire. Penser ainsi semblait l'apaiser et s'il avait pu y être un peu pour quelque chose, il ne pouvait qu'être ravi. « Tu ne serais peut-être pas celle que tu es aujourd'hui sans cela et c'est pourquoi il faut réussir à passer l'éponge. » Elle y arriverait certainement plus difficilement que lui mais en tout cas, il voulait qu'elle soit en bon terme avec son père. C'était tout ce qui importait pour lui car Andrew avait beau être un con, un nodocéphale, il ne méritait pas d'être en froid avec la jeune femme. « Quoi que tu décides, tu sais que je te soutiendrai coûte que coûte » Il le savait. Il se pencha alors vers elle pour la prendre dans ses bras. Le soutien était très important pour lui.
Je me rends compte que cette relation qui est entrain de naitre entre Jax et moi se fait naturellement. Aucun de nous deux ne se sent forcé à parler, à se livrer à l’autre. D’ouvrir ses blessures qui resteront sûrement à jamais graver en nous. La sienne, est celle de son père adoptif disparu bien trop tôt, à qui il est indéniablement attaché. Une personne qui lui a apporté une stabilité et une tranquillité d’esprit certaine. Le fait qu’il m’en parle montre qu’il me fait désormais confiance et cela me touche d’autant plus. J’aime ce lien qui est entrain de se construire entre nous, une chose que je n’aurai jamais pensé possible quelques mois plus tôt, quand il était hors de question pour lui de m’inclure dans sa vie.
« En tout cas, s’il est parti c’est à cause de moi. Je sais pas ce qui a pu lui faire croire que j’étais à l’autre bout du monde mais c’est pour me retrouver et tu dois trouver la force de ne pas trop lui en vouloir ». Il a toutes les raisons de détester cet homme, celui qui l’a abandonné à la naissance. Et pourtant, il a cette force de passer au-dessus, quand, moi, au contraire, j’ai eu droit, j’ai eu la chance de grandir avec mon père… notre père. Mais son départ à mes quinze ans, une période où j’avais le plus besoin de lui, est quelque chose sur laquelle je n’arrive pas à passer totalement. Oui, il est parti pour retrouver Jax, maintenant je le sais. Comme je sais aussi que Jax a raison. Maintenant, je connaissais les véritables raisons de son départ, je pouvais comprendre aussi les motivations de mon père pour l’avoir fait. Pourtant, son absence a laissé un trou béant tel, que je peine à faire ce pas en avant, celui de laisser ma rancœur de côté et profiter désormais de son retour… « Je comprends son choix, Jax. Cette motivation qu’il a eu de partir à l’autre bout du monde pour te retrouver. Mais, j’aurai préféré ne pas vivre dans le mensonge durant tout ce temps, qu’il ait le courage de me le dire, qu’il ne me laisse pas en dehors de tout ça, en me laissant croire que c’était moi, le problème… ». Parce que cette relation fusionnelle avec mon père était pour moi indestructible. Et bien sûr, lorsqu’il est parti, je me suis sentie délaissée, pas importante.
Jax me pousse néanmoins à voir le positif là-dedans, et j’énumère tout ce que cela a pu avoir de bon pour moi… « Tu ne serais peut-être pas celle que tu es aujourd’hui sans cela et c’est pourquoi il faut réussir à passer l’éponge ». J’acquiesce doucement d’un signe de tête. « Je sais… » je souffle alors en guise de réponse. « Ca viendra » j’ajoute alors en haussant les épaules. Il est certain que ce n’est pas ma prochaine rencontre avec mon père qui va nous mener sur le chemin de la totale réconciliation, surtout lorsque je vais lui balancer encore des choses qui, je sais, vont le blesser au plus profond. Mais des paroles que je ne pourrais retenir, notamment sous le coup de la colère. Peut-être est-ce finalement ça que je devrais tenter d’apprendre à canaliser ? En tout cas, une chose dont je suis certaine c’est que quelle que soit la décision de Jax à propos de mon père, je le soutiendrai toujours. Il vient alors me prendre dans ses bras et cette étreinte marque un pas de plus vers cette relation fraternelle qui s’établit entre nous. Mes bras s’enroulent autour de lui, le serrant un peu plus fort. « Je regrette qu’on ne nous ait pas laissé la possibilité de grandir ensemble. Mais je ne regrette pas cette possibilité qui nous est offerte désormais de rattraper le temps perdu ». Je me détache pour le regarder « Et je vais avoir définitivement besoin de toi pour apprendre à canaliser mes excès de colère » je lance alors en riant doucement.
« Je comprends son choix, Jax. Cette motivation qu’il a eu de partir à l’autre bout du monde pour te retrouver. Mais, j’aurai préféré ne pas vivre dans le mensonge durant tout ce temps, qu’il ait le courage de me le dire, qu’il ne me laisse pas en dehors de tout ça, en me laissant croire que c’était moi, le problème… » Il n'était pas à la place de la demoiselle et il ne sait pas comme il aurait réagit si son père, son modèle était parti loin de lui pendant des années sans nouvelles, s'il aurait été capable de pardonner facilement. Mais en tout cas, il n'avait vraiment pas envie que la jeune femme perde du temps avec son père. Elle semblait assez attentive à ce qu'il lui disait et tentait même de voir les choses de manière plus positive. Il n'y avait plus de colère chez la demoiselle mais simplement beaucoup de tristesse et il tentait de le dissiper comme il le pouvait. « Je sais… Ca viendra » Elle ne laissait pas la porte fermée et c'était une bonne chose. « Je regrette qu’on ne nous ait pas laissé la possibilité de grandir ensemble. Mais je ne regrette pas cette possibilité qui nous est offerte désormais de rattraper le temps perdu. Et je vais avoir définitivement besoin de toi pour apprendre à canaliser mes excès de colère » Elle s'éloigna quelque peu de lui mais il savait que maintenant, ce lien serait indéfectible. Il tenait déjà elle autant qu'il tenait à Jessica, Nyah, Nilaja et Harper. « Je serais toujours là pour toi » Il déposa un baiser sur son front. La suite de la soirée se fit dans une ambiance apaisée, conviviale et avec quelques éclats de rire.