On a pas eu de prêtre, on a pas eu de trucs de merde genre "dans la santé et la maladie" et je bénis le type qui nous a marié pour la courtesse de son discours sur le mariage moderne. J'ai encore quelques souvenirs de la cérémonie qui s'est déroulée à la télé. Elle était bien différente de celle-ci - trop artificielle, trop millimétrée. Charlie porte sa robe comme le ferait une déesse. J'aurais aimé avoir le loisir de la dessiner ou au moins de la prendre en photo.

Ce devait être une petite cérémonie, suivie d'un petit buffet de rien du tout. Ensuite, je prévoyais de l'emmener à l'autre bout du monde, loin de tous nos ennuis. Malheureusement, la lune de miel attendra encore un peu. Nous n'avons pas encore parlé de l'appartement que nous allons habiter et je passe encore chez moi de temps en temps. Pour autant, rien ne m'y retient plus vraiment. Il y a un moment que je ne m'y sens plus chez moi et même si Molly en a retiré toutes ses affaires, je n'aime pas particulièrement le sentiment qui s'installe quand je constate le silence dans lequel sont plongées les pièces que j'habitais autrefois. « Ils vont demander un discours. Tu feras le discours. » que je souffle à mon épouse - c'est fou, non ? - alors que nos mains ne se quittent plus. La jolie petite salle louée face à l'océan est un vrai petit coin de paradis malgré la ville environnante.

Il y a tout un tas de gens, plutôt ses invités à elle que les miens. Des têtes que je connais, bien sûr. Des têtes que j'ai un jour eu envie d'arracher, bien sûr aussi. Je sais maintenant que les alliances qui nous lient valent plus que d'idiotes disputes - toutes déclenchées par mon manque de discernement. « Ta robe est vraiment magnifique. » que je glisse entre deux baisers. Je n'ai encore eu l'occasion de lui dire, trop ému et trop pressé de dire les mots qui allaient nous lier l'un à l'autre pour les années à venir - et j'espère que nous ne compterons jamais moins qu'en années. « Tu es vraiment magnifique. » Et je ferais peut-être bien de la laisser vaquer à ses occupations, elle doit avoir ses invités à rencontrer et des félicitations à recueillir. Moi, je ne lâcherai sa main que pour rejoindre le buffet.

liste des invités:

Elle rêvait d’un mariage de princesse. Elle voulait des ballons en forme de cœur, des roses blanches de partout, une traîne immense que ses enfants auraient tenue en l’air tout en essayant de ne pas marcher dessus. Elle rêvait de s’être entraînée à leur danse pendant des mois et des mois pour que tout soit parfait dans les moindres détails. Elle rêvait d’une vie que tout le monde semblait vivre à la télévision et dans les magazines, parce que c’est sûrement ce dont tout le monde a envie en réalité. Aujourd’hui, elle se rend compte que son mariage ne remplit aucun des critères mais qu’elle n’aurait pas pu être plus heureuse qu’en cet instant. Elle a enfin marié l’homme qui compte le plus à ses yeux depuis tant d’année et même s’il est aussi le plus horripilant des garçons, elle peut simplement se réjouir à l’idée qu’il soit aujourd’hui son mari. Charlie Ivywreath. Inattendu pour la majorité de la population mondiale, mais pas pour eux. Pas pour elle, en tout cas.

« Ils vont demander un discours. Tu feras le discours. » Il la sort de ses pensées et elle aurait presque envie de le lui reprocher, s’ils n’étaient pas trop occupés à profiter de l’instant présent - aussi communément appelé “leur mariage”. Elle a envie de jouer avec son anneau et elle ne se fait toujours pas à l’idée de le voir briller sur son doigt. Il est joli, pourtant, et celui de Léo est bien plus beau que celui que l’émission leur avait donné. Ce qui est normal, après tout, puisque son premier mariage n’était que des conneries. “Tu dois en faire un aussi. Surprise.” Elle parlera en première, cela ne la dérange pas et bien au contraire mais même si elle ne compte pas suivre l’immense majorité des coutumes liées au mariage, elle sait que leurs invités s’attendent à les entendre parler tous les deux. Au fond, aussi, elle a envie qu’il lui confirme que leur mariage n’a rien de blanc, de faux, d’arrangé. A ses yeux, ce n’est rien de tout cela. Elle dépose un baiser contre sa mâchoire pour adoucir ses paroles, y ajoute au passage un sourire au coin des lèvres.

Léo, lui, il est parfait. « Ta robe est vraiment magnifique. » Finalement une partie d’elle aurait voulu qu’ils n’aient aucun invité si ce ne sont ses enfants et son chien - et les chats de Léo, oui, d’accord. Tout ce dont elle a envie, c’est de rattraper le temps perdu à ses côtés et de profiter de ce droit de l’embrasser en public sans qu’ils ne soient ensuite gênés de ne pas pouvoir définir correctement leur relation. Aujourd’hui, ils n’ont qu’à montrer leurs alliances, ils n’ont qu’à poser sur la table les nouveaux papiers d’identités de Charlie pour lesquels elle s’est perdue dans la paperasse. How romantic. « Tu es vraiment magnifique. » La blonde sourit doucement et finit même par rigoler face à des compliments qu’elle n’aurait jamais cru entendre de sa bouche mais dont elle ne se lassera sûrement jamais. “T’es vraiment ridicule en costume.” Elle ment comme elle respire et personne n’a de mal à le comprendre, son sourire étant bien trop immense pour pouvoir cacher l’ironie derrière ses mots. “Mais t’es parfait.” Une main passée dans ses cheveux joue avec ses mèches rebelles, elle a toujours l’air d’une enfant qui ne comprend pas toute l’importance de la situation. Au contraire, ce n’est qu’un moyen de ne pas se stresser inutilement en ce jour supposé être le plus beau de sa vie - et il l’est, il l’est vraiment. “J’ai le droit à combien d’anecdotes gênantes à ton propos dans mon discours ?” Au moins, il n’y aura pas sa famille à lui, alors cela limite sans doute le nombre de personnes qui pourraient s’offenser. Depuis qu’ils se connaissent, ils en ont vécu bien plus qu’elle ne soit capable d’en compter.

Charlie se marie. CHARLIE SE MARIE ! Charlie Villannelle, la gamine que j'ai vu grandir s'est trouvé un homme qui la prendra comme épouse. Elle a décidé de dédier sa vie à un homme ! Franchement, lorsque j'ai reçu l'invitation, j'ai sauté sur le téléphone et j'ai composé son numéro dans le but de lui demandé si elle avait pas perdue la tête et de la dissuader de faire cette erreur. Mais ensuite j'ai pris deux secondes pour réfléchir et je me suis dit que je n'ai pas à intervenir dans sa vie. Si mes deux mariages ont raté en fin de compte, il ne faut pas que j'oublie à quel point ils m'ont rendu heureux et combien je fut comblé pendant plusieurs années (ou mois). Elle a bien le droit de le sentir ce bonheur, elle aussi, non ? Lorsque je l'ai appelé, c'était donc pour lui confirmer ma venue.

Connaissant ma nièce de cœur, je me doute qu'il n'y a pas forcément un dress code et qu'elle préfère sans doute quelque chose de moins formel. C'est donc vêtu d'une simple chemise et d'un pantalon beige foncé que je me pointe à la cérémonie et je m'installe à une place quelconque et j'apprécie tout ce qui se déroule face à moi. Charlie est magnifique, Léo est incroyablement stylé, le discours est cours, simple, bien ficelé et respire la joie de vivre. Comme tout le reste, finalement. L'endroit est décoré avec simplicité et goût. A dire vrai, je n'imaginais rien d'autre pour Charlie. Elle m'avait, certes, un jour expliquer le mariage de ses rêves -elle devait pas avoir plus de 8 ans à l'époque- mais vu son développement physique et moral ces dernières années, je me doute bien que ses rêves aient changés. Et puis finalement, je trouve que ce genre de mariage simple lui correspond bien mieux qu'un autre.

Une fois la cérémonie finie, je me retrouve à une table avec Cian et nous discutons joyeusement, nous remémorant surtout les années où Charlie était gamine. Comme deux vieux papy qui n'arrivent pas à croire que leur petite fille est aussi grande maintenant. Entre deux anecdotes, je relève mon regard vers Léo et Charlie qui se regardent avec tout l'amour du monde et je décide de gâcher un peu ce moment de compliciter.  « EH ! ON N'A PAS EU NOTRE DISCOURS !» m'exclamais-je subitement. Tout d'abord, le silence se fait au sein des convives et la plupart des regards se braquent sur moi, avant qu'une autre personne au bout de la salle est d'accord avec moi, puis une deuxième et finalement c'est toute la salle qui souhaite entendre l'éternel discours de la part des mariés. Lorsque je croise le regard de Charlie, je lève mon verre en sa direction avec un sourire malicieux, haussant en même temps les épaules, innocent, l'air de dire  « même pas désolé ma chérie »

Spoiler:

Quand Edge t’avait tendue une enveloppe, tu avais failli lui dire qu’il s’était forcément trompé. Tu recevais peu de courrier voire pas du tout et tu n’attendais rien cette semaine-là. C’est donc en fronçant les sourcils que tu avais ouvert le courrier pour y découvrir une invitation au mariage de Léo et Charlie. Le mot stupéfaction n’était pas suffisant pour décrire ce que tu ressentis sur le moment. Mais pas parce que Léo et Charlie se mariaient, non, juste d’avoir été invitée. Enfin, en discutant avec le marié, tu avais bien compris que sa relation avec Charlie était compliquée mais comme tu n’avais jamais trop eu les détails finalement, tu ne pouvais pas dire être surprise de ce mariage vu que tu ignorais ce qui se tramait entre les deux. Cela te paraissait un peu soudain mais qu’en savais-tu ? Le mariage n’était vraiment pas un but dans la vie pour toi et tu étais bien décidée à l’éviter le plus longtemps possible. L’idée de lier ton avenir pour toujours à une autre personne ne t’enchantait pas le moins du monde car ce n’était que des paroles finalement. Si quelqu’un doit rester, il reste qu’il y ait eu mariage ou non. Mais chacun ses choix et tu étais heureuse pour le couple si c’était ce qu’ils voulaient. Cela ne changeait rien au fait que tu ne t’attendais pas à être invitée à un tel évènement. Tu hésitais donc à t’y rendre pendant plusieurs jours jusque’à ce que finalement, tu décides d’y aller. Au pire, tu ne connaitrais personne et quelqu’un finira par avoir pitié de toi et viendra te sauver. Au mieux, tu croiseras quelqu’un que tu connaissais, quelqu’un d’autre que Léo bien entendu.

L’invitation mentionnant un mariage en petit comité, tu n’en fis pas trop sur ta tenue vestimentaire, profitant de l’occasion pour sortir une belle robe mais qui ne faisait pas trop habillée non plus. Tu t’apprêtais pour ne pas faire tâche au milieu des invités et tu te rendis sur les lieux de la cérémonie, arrivant avec un peu d’avance pour prendre ta place dans l’église. Il y avait des gens autour de toi, tout le monde semblait se connaître mais qu’importe ! Tu assistais à la cérémonie, un sourire aux lèvres. Surprise ou pas, il était évident que les deux mariés s’aimaient énormément et cela te rappela le mariage de ta mère et Nériah. Une fois la cérémonie terminée, tu suivis les invités vers le lieu où se tenait la réception. Ce n’est que là que ton regard se posa sur des visages connus. D’abord celui de Damon que tu n’avais pas croisé depuis votre première rencontre et puis celui d’Holden qui s’installa à la table des mariés. Tu vis aussi Enoch mais tout comme les autres, tu ne savais pas très bien leur lien avec les mariés. Décidant que tu aurais le temps de les saluer plus tard, tu t’installais à la table où se trouvait ton nom. Et puis les mariés firent leur entrée, toujours plus complices et amoureux que jamais. Alors qu’ils se parlaient, un homme dans l’assistance leur cria :  « EH ! ON N'A PAS EU NOTRE DISCOURS !» Un grand sourire se dessina sur ton visage. Le silence s’installe mais pas pour longtemps alors que tu es une des premières à reprendre en coeur le : « Le discours ! Le discours ! » qui est scandé par toute l’assistance. Il est temps de les entendre et puis de lever votre verre à leur bonheur qui, tu l’espères, durera le plus longtemps possible. Oui, tu n’as jamais été une grande croyante du forever and ever mais bon, tu essaies de te soigner.

Le problème d’avoir rempli la salle de ses connaissances à défaut de celles de Léo, c’est que beaucoup d’elles sont à son image : incapables de rester en place. Les murmures sont nombreux et les cris sortis de nulle part le sont tout autant. « EH ! ON N'A PAS EU NOTRE DISCOURS ! » Nul besoin de tourner la tête pour reconnaître la voix masculine derrière ces paroles, mais la jeune femme ne peut tout de même pas s’empêcher de glisser ses yeux en sa direction pour y ajouter un sourire. Venant de son oncle, cela n’a rien d’une surprise. L’absence de tout commentaire est ce qui l’aurait davantage étonné. Le verre du Beauregard s'élève ; elle se jure de le lui faire payer dès qu’elle en aura l’occasion. Pour l’heure, sa priorité reste d’empêcher Léo d’aller se réfugier près du buffet. L’absence d’un des deux mariés ne risque pas de pouvoir passer inaperçu, elle le retient donc du bout de ses doigts qu’elle noue aux siens sans un mot.

Ses mains se lèvent simplement pour signifier aux invités qu’ils peuvent s’arrêter de scander leur envie de discours : elle parlera. Ce n’est pas parce qu’ils sont loin d’organiser le mariage le plus traditionnel qui soit qu’elle est pourtant capable de passer outre un discours. Pour une jeune femme comme elle qui a pour habitude de toujours parler de ses sentiments, ce n’est pas un exercice difficile. “Si c’est demandé si subtilement.” Elle ironise et s’amuse avec la foule. La seule chose qui sera difficile, pour elle, sera de trouver les mots justes pour ne pas endormir la foule. Elle est sans doute bien plus impressionnée par le fait de parler devant eux plutôt que de se marier avec Léo. Après tout, le second fait l’étonne beaucoup moins et à ses yeux, il coule même de sens. Alors, difficilement, elle s’éclaircit la gorge et improvise quelques mots. “Vous avez raison de crier, parce que j’ai le mari le plus aveugle du monde.” Son sourire et ses yeux se déportent vers l’homme en question et même si ce n’est pas à lui qu’elle parle directement, il reste au coeur de ses mots et de ses pensées. En cette journée si spéciale, cela va de soi. “Pardon, j’ai pas reçu le mémo qui spécifiait que je devais chanter ses louanges.” Si elle se marie avec lui, pourtant, c’est qu’elle connaît bien toutes ses qualités et les maigres défauts qui pourraient même se faufiler dans sa façon d’être. “Ça serait ennuyant de dire qu’il est drôle, brillant, attentif, déterminé, passionné, créatif. Ça le serait encore plus si je disais qu’il est parfait, hein ? Imaginez la taille de ses chevilles après ça.”  Et pourtant. Elle en oublie ses amis et sa famille pour ne se préoccuper que de Léo, enfin. Son ton est plus bas, elle ne cherche plus à se faire entendre par tout le monde. Grand bien fasse à ceux qui sauront capter quelques mots, elle ne les cachera pas. “Mais c’est ce que tu es, à mes yeux. Même quand j’ai envie de jouer au lancer de couteaux avec toi, parfois, et que le reste du temps je rêve de t'étouffer avec tes propres chats, dans ton sommeil. Je l’ai encore jamais fait depuis qu’on se connaît, c’est sûrement un bon signe. Aujourd’hui aussi en est un. Tu vas me détester de parler autant, alors je veux simplement te dire que pour un meilleur ami aveugle et borné et stupide et vraiment, vraiment très borné, tu fais de moi la plus heureuse des femmes.” Il n’est pas adepte des longs discours et même si elle voudrait encore lui dire une infinité de choses, Charlie se retient. Les mots qui n’existeront finalement jamais prennent la forme de ses bras se plaçant autour de lui pour venir l’enlacer. Avant d’être son mari, il est et restera toujours son meilleur ami. “Je t’aime.” Cette fois-ci c’est certain, personne d’autre que lui ne pourrait l’entendre alors que ses lèvres peinent à se décoller de la base de son cou.

won’t you just shut up, know you’re my favorite (ft. @Charlie Ivywreath, @Léo Ivywreath, @Holden Atwood, @Thomas Beauregard, @Ilaria Mackenzie )

Un mariage, le dernier en date dans la famille c’était le sien, il y a de celui plus de quatre ans maintenant. Aujourd’hui c’est au tour de Charlie de se marier et si les cousines ne sont plus aussi proches qu’avant, Jean est tout de même invitée à ce mariage inattendu. Ainsi que Matthias. Charlie épouse Léo, celui que Jean connaissait comme son ami, son meilleur ami, mais rien de plus. Elles ne se racontent plus rien les cousines, elles ne s’appellent presque jamais, alors qu’est-ce qu’elle en sait de ce qu’il s’est tramé entre eux deux ? Jean a appelé sa cousine pour féliciter sa cousine et confirmer sa venue, tout en sobriété et elle s’est dit avec un pincement au cœur que des années plus tôt, elle aurait poussé des cris suraigus en apprenant la nouvelle et elle aurait demandé tous les détails à sa chère cousine. Mais elles ne sont plus les deux inséparables qu’elles ont été, la vie et le drame les a éloignées, séparées et Jean constate souvent avec amertume la relation privilégiée qu’elle entretient maintenant avec son jumeau. Elle s’est éloignée d’eux tous après l’accident, ils n’ont pas compris ce qui s’est passé dans sa tête et son cœur, c’est dommage mais c’est trop tard maintenant.

La cérémonie a été rapide et aussi simple que celle de son propre mariage, ça l’étonne de Charlie, elle se serait attendu à quelque chose de plus grandiose, de flamboyant et plein de paillettes avec elle, mais il faut croire qu’elle ne la connaît vraiment plus sa cousine. Holden évite son regard et va se faxer entre les parents, probablement pour être sûr qu’elle ne vienne pas l’importuner, mais il n’a pas de souci à se faire, elle est très bien assise entre Cìan et Matt, elle ne compte pas bouger. Ses doigts sont entrelacés à ceux de son mari et elle scrute les visages de Charlie et Léo, essayant d’y déchiffrer la recette secrète de l’amour, ils ont l’air de l’avoir trouvée, eux.

La suite du mariage se déroule dans une salle de réception face à la mer, tout est sobre mais pourtant parfait. Le couple cherche sa place et s’installe à la table face à leurs prénoms calligraphiés sur de jolies étiquettes, Jean constate avec contrariété qu’on l’a placée à côté d’Holden, probablement une nouvelle tentative familiale de les réconcilier. Jean est certaine que leur mère a glissé un mot à Charlie pour que le plan de table serve leurs espoirs de réunion des jumeaux. « Salut frangin. » lâche-t-elle seulement lorsqu’il prend place à sa gauche, elle a la voix timide réservée normalement aux inconnus, c’est un peu ce qu’ils sont devenus désormais. A coup sûr, il ne lui aurait même pas dit bonjour si elle n’avait pas pris les devants.

La foule réclame un discours et Jean rejoint machinalement la foule en scandant les mots également : « Un discours ! Un discours ! » Et le discours de sa cousine commence avec humour et dérive bien vite sur une déclaration d’amour magnifique à son mari, elle en oublie les invités et ce regard amoureux ne peut pas être feint. Jean et Matt vivent une mauvaise passe dans leur couple, les mauvaises langues diraient que leur mauvaise passe a débuté moins d’un mois après leur mariage et qu’elle n’a jamais pris fin depuis, qu’elle ne prendra probablement jamais fin… Le cœur de Jean se serre, est-ce qu’ils étaient aussi beaux à leur mariage, eux ? Elle jette un coup d’œil discret à son mari, il a l’air pensif, Jean est sûre qu’il pense à la même chose, alors elle se penche vers lui et dépose un baiser dans le creux de son cou tendrement, un baiser qui veut dire « on peut le faire nous aussi, on peut être amoureux à nouveau ». Elle y croit, il faut qu’elle y croit, elle ne veut pas envisager une autre issue à tout ceci de toutes façons.

Elle se détourne de Matt pour s’arracher à ses pensées douloureuses sur leur avenir ensemble et elle cherche quelqu’un du regard à leur table pour engager une conversation, quelque chose, n’importe quoi. Mais tout le monde est absorbé par quelqu’un ou quelque chose, Holden par sa coupe de champagne en l’occurrence. Elle soupire en attrapant sa propre flûte, quitte à être forcés de se côtoyer pendant quelques heures autant mettre fin tout de suite à ce jeu qu’ils adorent ces dernières années : le roi du silence. « Alors, comment va l’astronomie ? Aucune météorite ne fonce droit sur nous en ce moment-même ? » tente-t-elle, le lancer sur son domaine de prédilection c’est probablement le meilleur moyen de le faire parler sans qu’ils ne se mettent à s’écharper en un temps record.

« Tu dois en faire un aussi. Surprise. » « Oh. » Je n'ai pas envie de leur parler, à tous. Elle est meilleure que moi pour les discours, elle qui rayonne bien plus que je ne sais le faire. A qui parlerais-je, sinon à elle ? Mes invités n'ont pas répondu présents - ou alors, j'ai simplement oublié de les inviter, oops - et je suis assez mauvais pour trouver les mots justes dans toutes ces situations un peu mondaines, un peu gênantes. J'ai mis des mois avant de trouver les mots pour parler à Charlie de ce que je ressentais, comment les trouver en dix minutes pour décrire ce que je ressens là, tout de suite ? « T’es vraiment ridicule en costume. » Je secoue la tête, sourire aux lèvres. « Mais t’es parfait. » « Je ressemble à mon père, dedans. » Et ce n'est pas un essai d'auto-compliment. Il n'est pas là, d'ailleurs, puisque je n'ai pas informé mes parents de mon mariage. Ils n'étaient pas au courant non plus du premier. Si ma mère l'avait été, elle serait probablement littéralement morte de honte. Heureusement, j'arrive encore à l'épargner de mes frasques - parce que je ne suis pas suicidaire. « J’ai le droit à combien d’anecdotes gênantes à ton propos dans mon discours ? » Elle a le droit à tout, sauf si elles ne nous concernent pas directement. De toute façon, ce n'est pas moi qu'elle mettra mal à l'aise mais probablement ses invités, que j'achèverai avec plaisir à coups d'anecdotes pires au sujet de mon aimée. « Dis pas des trucs qui donneront à ton oncle une autre raison de me tuer. »

Je m'apprête à fuir du côté du banquet lorsque les invités de Charlie s'impatientent, réclamant un discours que je cherche encore moi-même dans ma tête. « EH ! ON N'A PAS EU NOTRE DISCOURS ! » « Le discours ! Le discours ! » Et mes doigts serrent ceux de Charlie. « Vous avez raison de crier, parce que j’ai le mari le plus aveugle du monde. » Je lève les yeux au ciel, sourire aux lèvres. Aveugles, je crois qu'on l'a été tous les deux. Moi plus qu'elle, peut-être. La suite se perd en envies de meurtres et combien je la comprends - combien je nous comprends. Je nous revois aussi le premier soir, c'est un détail que j'ai envie d'ajouter à mon petit discours, que j'imagine à toute allure. Pour l'heure, c'est sur les mots de Charlie que je me concentre. Mes yeux se sont accrochés à elle à l'instant où elle a passé la porte dans sa robe. Les envies de meurtres racontent d'où l'on vient, tout ce qu'on a traversé est dit en sourdine. Ils n'ont pas besoin d'entendre, pas besoin de comprends non plus même si je suis sûr que certains se demandent comment et pourquoi nous avons franchi l'étape du mariage.

J'aimerais lui dire que je suis certain n'avoir jamais tenu à personne comme je tiens à elle, que mes chats peuvent aller en enfer si elle ne les veut pas sous son toit, que je prendrai soin d'elle à défaut de prendre correctement soin de moi. J'aimerais qu'elle comprenne qu'il n'y a rien que j'effacerais volontiers de tout ce que nous avons vécu, pas même l'affreux canapé que j'ai fini par vendre pour lui faire plaisir et qu'il y a bien des dessins de mon carnet qui ne parlent que d'elle. D'elle encore sur mes notes en bas de page, d'elle encore au dos de mes partitions, d'elle encore partout où elle ne semblait pas avoir d'emprise. D'elle tout le temps et d'elle tout simplement, quelle que fut alors la forme de notre relation. Elle n'a pas beaucoup changé, au final et Charlie a raison : je suis un idiot d'aveugle borné.

« Je t’aime. » Mes doigts serrent sa taille quand je porte un discret baiser sur la peau de son cou. « Je dis quoi, moi, après tout ça ? » Ils ne sont pas obligés d'entendre les confidences, j'aimerais qu'elle soit seule pour les lui dire. Quand je me tourne vers le petit parterre d'invités, je refuse de m'imaginer la larme à l'œil et pourtant, ma vue est légèrement brouillée. « J'aurais des tonnes d'anecdotes à vous raconter à son sujet, mais elles m'incriminent trop pour être dites ici. Pardon, Cían. » Je n'ai envie de me souvenir qu'avec elle, je n'ai envie de me remémorer qu'une fois loin du monde. « J'ai fait un powerpoint pour expliquer pourquoi épouser Charlie est un choix intelligent, mais si après son discours je montre la seule slide qu'il contient et qui a pour titre "je voulais un vrai titre de séjour et des papiers", je crois qu'elle va demander le divorce sur-le-champ. » C'est pas vrai, il n'y a pas de powerpoint. Ou peut-être que si. « J'ai rien de bien intéressant à dire à part qu'elle ronfle la nuit et que c'est intéressant à savoir avant de se marier. » A mon tour de la prendre dans mes bras, un poil agacé par mon incapacité à trouver mieux. Elle sait.

Je ne l'ai pas lâchée, pas encore. « Viens on se tire. On prend des trucs à manger et on s'en va par le prochain avion. Où qu'il atterrisse. » On le faisait déjà avant, de s'enfuir des soirées étudiantes. Qu'est-ce qui a changé ? Est-ce que les gens ne se tirent pas de leur propre mariage ? Moi, je n'ai envie de partager ça qu'avec elle. Mais peut-être me faudrait-il retenir que je ne suis plus seul, désormais. Je ne le serai plus jamais, pas avec Charlie à mes côtés.

En silence, j’observe. Je la regarde la petite princesse devenue grande. Elle que j’avais choyée dès la première minute, elle qui m’a tant manqué lorsque les missions m’emmenaient loin de Brisbane, elle que j’ai toujours protégée contre vent et marée. Elle a grandi la petite fille, elle est devenue une femme, une maman. Elle a passé les épreuves terribles de la vie avant de se retrouver là, dans ce petit coin perdu au bord de l’Océan, aux bras de celui qui est devenu son mari. Elle fut immense la surprise de leur annonce et puis j’avais pris le temps de penser. Ils ont toujours eu leur propre dynamique, tous les deux, un monde qui n’appartenait qu’aux deux et que je n’avais jamais cherché à déchiffrer. Elles se sont étalé par milliers sous mon nez les explications à cette conclusion bienheureuse. Ils se sont marié les deux amis de toujours, les acolytes inséparables. Et dans tout cela, je ne retiens qu’une chose, alors que j’observe depuis le début de la journée : elle est heureuse ma nièce. Cette fois, rien n’est caché derrière un masque, transcender par des faux semblants pour rassurer mon cœur vieillissant d’oncle bien trop imposant. Ce sourire qui se dépeint sur ses lèvres, il éclate de mille feux, il est le témoignage le plus sincère de cette nouvelle union. Alors je n’ai pas joué au con, en imposant des discours à Léo, en lui faisant passer un interrogatoire des plus horribles. Je lui ai confié ma nièce sans vaciller quand il a fallu la conduire au pied de l’autel. C’était simple, c’était naturel. Il fait sens ce mariage dans le fond.

C’est la pause salvatrice qui me sauve du quotidien que d’être présent à cette cérémonie. Au milieu des autres, de mes proches, je prends toutes les bouffées d’air nécessaire pour affronter le lendemain. Je ris de Thomas qui leur impose un discours chacun, j’ai le cœur qui se serre à les entendre partager leur amour d’une unique manière. J’observe malgré tout Holden et Jean faire bonne figure, Charlie virevolter un temps auprès de ses invités avant de bien vite retourner se réfugier dans les bras de celui qui est devenu son époux. Perdus dans leur bulle dorée, ils ne me voient même pas approcher les tourtereaux. « Viens on se tire. On prend des trucs à manger et on s'en va par le prochain avion. Où qu'il atterrisse. » J’étouffe un rire préférant me racler la gorge pour signaler ma présence. « Avant que vous filiez en douce. » J’avais laissé la journée s’écouler sans m’imposer. Pourtant, je reste cet oncle un peu trop fier de sa nièce pour ne pas venir la voir dans un petit moment d’aparté. « Tu es magnifique. » que je souffle alors que mes bras viennent s’enrouler autour de ses épaules pour une étreinte emplie d’une émotion que je ne saurais pleinement définir. « Et toi… » que je commence en pointant Leo du doigt d’un air sérieux, avant de me fendre d’un sourire sincère. « Je te fais confiance pour faire attention à elle. » Je lui évite les grands discours et les menaces, il connaît tout cela, je le sais. Il a les antécédents, il a connu les pires et il sait que je suis capable de tout quand il s’agit de Charlie. « Ça, c’est pour vous. » D’une main, je fouille la poche intérieure de mon costume pour en sortir une enveloppe vierge. À l’intérieur, un chèque signé d’une somme que certains jugerait de folle. « Pour votre nouvelle vie ou pour le premier avion qui vous fera de l’œil. » que je glisse en référence aux envies du jeune homme. « Soyez heureux tous les deux, okay ? » Ils le méritent et sans m’élancer dans un discours flamboyant, je viens serrer la main de ma nièce. On se comprend tous les deux et elle sait déjà que je serais toujours là.



c'est si emo
@Léo Ivywreath @Charlie Ivywreath love uuuu

Sa façon d’être n’a rien à voir avec celle de Léo et ce n’est pas une surprise pour la jeune femme. Avant d’être son mari, il a toujours été son meilleur ami et ce dès le premier soir. Elle le connaît mieux qu'elle-même et savait pertinemment qu’en s’engageant dans un tel discours, elle ne devrait pas s’attendre à ce qu’il lui prononce de pareils mots en retour. En réalité, il n’y a même aucune amertume ni reproche dans le regard qu’elle lui rend, avant tout follement amoureux plutôt qu’autre chose. « Je dis quoi, moi, après tout ça ? » - “Tu veux la liste de mes qualités par ordre d’importance ou alphabétique ?” Elle rigole, se moque sans le penser, tente de détendre l’atmosphère et ses muscles crispés avec. “T’es pas obligé de dire quoi que ce soit.” Charlie assure et rassure enfin, ajoutant un hochement de tête et un sourire véritable à ces quelques mots. Rien ni personne ne pourrait gâcher cette journée et cet instant, il n’a pas à se faire le moindre souci et peu importe la façon dont il agit, le brun ne risque pas de commettre aucun faux pas. Ainsi, lorsqu’il se retourne vers les quelques invités, elle ne craint pas un retour de bâton de sa part. « J'aurais des tonnes d'anecdotes à vous raconter à son sujet, mais elles m'incriminent trop pour être dites ici. Pardon, Cían. » Il aura plus parlé de son oncle que d'elle-même durant cette journée, la blonde trouve l’idée plutôt ironique. Loin d’en être vexée, elle en est surtout amusée. Elle le lui fera remarquer plus tard ; aujourd’hui elle préfère encore continuer à tenir les comptes pour mieux le mettre devant le fait accompli. Il aime bien son oncle, au fond, et il sait qu’ils veulent tous deux la même chose. « J'ai fait un powerpoint pour expliquer pourquoi épouser Charlie est un choix intelligent, mais si après son discours je montre la seule slide qu'il contient et qui a pour titre "je voulais un vrai titre de séjour et des papiers", je crois qu'elle va demander le divorce sur-le-champ. » S’il n’avait pas été question de green card, elle ne l’aurait bien sûr jamais épousé. Ouais ouais, à d’autres. L’excuse était parfaite pour les pousser à enfin faire un pas l’un vers l’autre plutôt que d’éternellement se repousser et préférer se trouver des petits amis et autres femmes qui n’en ont jamais valu la peine. « J'ai rien de bien intéressant à dire à part qu'elle ronfle la nuit et que c'est intéressant à savoir avant de se marier. » - “Dans mon powerpoint à moi, j’ai marqué “parce qu’il est le plus romantique gars du monde” sur toutes les slides.” La phrase est dédiée aux invités ou à Léo seuls, elle ne le sait déjà plus. Ce n’est qu’au dernier qu’elle livre un baiser contre sa mâchoire, tentant de le rassurer sans un mot. Rien ne saurait la rendre plus heureuse que cette réunion entre ses amis les plus proches, sa famille, et celui qui restera à jamais son mari, même s’il veut un jour divorcer : elle le menace à grands coups de couteaux sous la gorge.

« Viens on se tire. On prend des trucs à manger et on s'en va par le prochain avion. Où qu'il atterrisse. » De tous les vœux de mariage qu’elle aurait souhaité entendre, ceux-ci font partie de son top trois et se trouvent à la première, seconde et troisième position. Si elle sera toujours heureuse de retrouver la compagnie de sa famille, elle sait qu’elle ne se sentira jamais aussi à l’aise qu’aux côtés de l’Ivywreath dont elle partage aujourd’hui le nom. “Si l’avion va à Paris on va partager nos premières dettes ensemble, si c’est pas romantique ça.” Où qu’il atterrisse, pourtant, elle ne sera pas celle qui le ramènera à la raison. Même si au final il ne se rend qu’à Perth ; ville moins rêvée mais tout autant intéressante à visiter, non ? Rappelant aux invités l’emplacement du buffet et la présence d’un certain nombre de bouteilles d’alcool en réserve ainsi qu’une playlist totalement modifiable selon leur envie - et le premier qui arrivera à mettre la main dessus -, elle n’a aucun remord à prendre congé de son propre mariage ensuite. Charlie sait bien que la cérémonie n’a eu lieu que pour lui faire plaisir et elle remercie déjà Léo d’avoir fait un tel effort pour elle ; un de plus.

La voix de son oncle la ramène à la raison une ultime fois et elle lève ses yeux bleus sur lui, amusée et intriguée. « Avant que vous filiez en douce. » L'étreinte qui s'ensuit lui est pleinement rendue alors qu'elle enfonce son visage contre son cou et passe à son tour ses mains dans son dos, profitant de l'instant le temps qu'il dure. « Je te fais confiance pour faire attention à elle. » Les mots destinés à son mari lui arrachent un sourire de plus alors qu'elle a perdu le compte depuis bien longtemps. Des deux, c'est sûrement elle qu'il devrait menacer bien plus que Léo ; mas Cian préférera toujours croire le contraire. Son sourire blêmit lorsqu'elle jette un coup d’œil au cadeau de son oncle, qu'elle même juge totalement fou, même après des années à avoir été le témoin et la première à recevoir toute la générosité et l'attention de son oncle. « Soyez heureux tous les deux, okay ? » L'étonnement se lit au fond de ses yeux qu'elle garde toujours aussi ouverts et ahuris. Après de longues secondes seulement, Charlie fait un pas en sa direction et le prend une dernière fois dans ses bras avec infiniment moins de délicatesse que lui. "Promis. Merci. Merci beaucoup." Pour tout ce qu'il a fait pour elle, aujourd'hui comme hier, et tout ce qu'il continuera toujours à faire pour sa nièce. Promis, ils seront heureux, bien plus qu'ils ne l'ont jamais été. Cette fois-ci, elle ne gâchera absolument rien.

“Tu penses qu’on ira au mariage de qui en février prochain ?” Swann chuchote et chahute déjà, ses lèvres pour ainsi dire collées à la joue de sa petite amie qu’il embrasse quand il n’est pas en train de lui parler sans discontinuer. Il a besoin de dire tout haut ce qu’il pense tout bas. Il commente la robe, il commente les invités, mais surtout, surtout, il commente le buffet. Autant dire qu’il n’attend que de pouvoir se jeter dessus, une fois les discours terminés et les dernières larmes versées - Lucia a déjà versé les siennes, c’est certain, et elle continuera sans doute sur sa lancée. La pièce montée est belle mais n’a que de place au fond de son estomac, c’est une certitude. L’anglais commence à s’habituer à cette tradition annuelle de mariages, il la trouve très bien trouvée et surtout très agréable dès lors qu’il est toujours présent aux côtés de Lucia. Elle a peut-être passé une éternité de plus à choisir ses habits pour la journée, mais il la trouve plus belle que jamais et il lui rappelle toutes les trois à quatre minutes, au cas où elle oublierait à quel point il l’aime.

Respectueux, il n’a pas dérangé la cérémonie. Il s’est pourtant rendu sur place bien plus pour Lucia que pour les mariés eux-mêmes, raison pour laquelle son attention est volatile et qu’il a presque envie de rejoindre les enfants jouant dans le fond de la salle. Il a eu trente et un ans mais il ne le sait même pas lui même, cela relève donc de l’exploit qu’il ait réussit à tenir assis tout du long. Dès lors que le marié propose de passer au buffet, pourtant, il est le premier à se lever et à emmener Lucia à sa suite, entremêlant ses doigts aux siens pour être certaine de ne pas la perdre dans la foule. Il exagère, ils ne sont que quelques dizaines, en réalité. Mais quand même. “Ils sont amusants. Je voudrais pas de ça pour mon mariage, mais ils ont l’air heureux.” Le mon est un notre dissimulé, cela va de soi, à tel point que Swann ne le précise pas et se contente de sourire de toutes ses dents, fier comme un paon. Déjà, il dérobe des choux d’une main et des macarons de l’autre, proposant le tout à Lucia telle une offrande. Pour son/leur mariage, il sait déjà qu’il sera bien trop attaché à de nombreuses traditions pour se permettre de tout organiser à la dernière minute et le faire de façon aussi détachée, entre amis. Il voudra que ce soit absolument parfait, comme n’importe quel aspect de sa vie qu’il essaye de contrôler. “Rory ?” L’étonnement se lit pleinement, autant dans son timbre de voix que dans ses yeux à l’air abasourdi. S’il y a bien un endroit où il n’aurait jamais cru croiser l’australien, c’est ici. Il ne savait même pas qu’il connaissait les mariés (ou est ce qu’il est le +1 de quelqu’un, lui aussi ?) et ce n’est finalement pas une question qu’il juge assez digne d’intérêt pour la poser.

Naïf et empli de bonne volonté, il avance en direction du brun dans le simple but de le saluer. Il sera toujours heureux de le voir, même s’il ne s’agit que de quelques minutes. Aujourd’hui plus que jamais, c’est surtout l’occasion pour l’anglais de lui présenter sa petite amie et d’enfin faire se rencontrer deux personnes aussi chères à son cœur. “Tu vas bien ? Je ne savais pas que tu venais.” Les questions volent sans qu’il ne sache réellement s’il s’attend à une réponse. “Je te présente Lucia. Et Lucia… c’est Rory.” Il se sent stupide à déjà répéter son prénom pour la seconde fois mais il se sentirait plus mal encore s’il avait à lui donner un quelconque titre. Chacun sait qui est l’autre à la simple énonciation de son prénom et il ne souhaite pas en dire davantage, se contentant de passer naturellement une main dans le dos de Lucia, remontée près de lui. Lui est simplement heureux de pouvoir les présenter l’un à l’autre et dans une vie faite de rêves en tout genre, il les imagine déjà devenir meilleurs amis pour la vie.

Spoiler:

won't you just shut up, know you're my favorite
@Swann McGrath @Rory Craine

« Tu penses qu’on ira au mariage de qui en février prochain ? » Je sais à quel mariage j’ai envie d’aller l’an prochain mais ce n’est pas la question que Swann me pose. Et puisque le nôtre n’est pas une réponse acceptable, je me creuse les méninges en dressant la liste de nos familles respectives. « De tous nos frères et soeurs à tous les deux, il reste que Hannah qui soit encore célibataire et, crois moi, c’est pas demain la veille qu’elle se mariera. Faut absolument qu’on élargisse notre cercle d’amis. » Matt et Lily se sont mariés un 14 février aussi. Ne serait-ce pas romantique qu’on choisisse aussi tous les deux cette date ? Mes joues prennent une jolie teinte rosée tandis que des souvenirs de l’an dernier me reviennent. La première fois qu’on a dansé ensemble, lorsqu’il m’a proposé de me ramener chez moi, la première fois que nous sommes allés ensemble au Betty’s à côté de chez nous et la façon dont nous nous sommes endormis devant une série sur mon canapé, ma tête posée sagement sur son épaule. Prise d’un élan de tendresse, je reproduis le geste en enroulant mes doigts autant de son bras.

Charlie est magnifique. Charlie est magnifique sans avoir trop besoin d’essayer de toute façon, avec ses grandes jambes, ses yeux bleus et ses longs cheveux blonds. Sa robe est simple mais met sa silhouette en valeur et je me demande si je serais aussi belle, le jour où ce sera mon tour. Si l’on prend en considération le temps qu’il m’a fallu aujourd’hui pour m’habiller et me décider pour une robe vaporeuse bleu pastel, il me faudra au moins une année toute entière pour choisir ma robe de mariée le jour venu. « T’es sur que la couronne de fleurs dans les cheveux c’est pas de trop ? » Je passe la main dans mes cheveux pour arranger ma coiffure en m’inquiétant, comme toujours, de me faire remarquer. Lui aussi est beau dans son costume. Je l’ai dévoré des yeux à chaque fois que je n’étais pas occupée à pleurer d’émotion en apercevant mon amie. « Ils sont amusants. Je voudrais pas de ça pour mon mariage, mais ils ont l’air heureux. » « Tu voudras quoi ? » Je parle un peu fort et me fait rappeler à l’ordre par la femme assise devant moi. Un ton plus bas, je rajoute. « Le jour où je me marierai, je veux avoir organisé tout dans le moindre détail. Avant de me juger, rappelle toi quel métier je fais. » Des mariages, j’en organise tous les jours avec, à chaque fois, la même envie : celle de prendre la place de la mariée.

Que Charlie et son nouveau mari disparaissent avant la fin de la soirée ne surprend personne et, de toute façon, c’est le buffet qui me fait de l'œil une fois la cérémonie terminée. « Regarde les feuilletés là bas, je suis presque sûr qu’ils sont au chèvre. » Mes yeux brillent : le voilà, le second meilleur moment dans un mariage. « Et t’as vu ceux-là ? Je crois que - » « Rory ? » Sentant l’attention de mon petit ami m’échapper, je tourne la tête dans sa direction et suit son regard, sans que le prénom qu’il vient de prononcer soit intégré et digéré par mon cerveau. Ma main dans la sienne, je suis le mouvement et me laisse porter alors qu’il décide visiblement de saluer une connaissance. Je pare mes lèvres d’un joli sourire, avant de reconnaître l’acteur et de comprendre ce que cela signifie. Mon sourire ne s’efface pas, lui reste collé sur mes lèvres en toutes circonstances mais, instinctivement, ma main serre un peu plus fort celle de Swann tandis qu’il pose sa main dans mon dos. « Tu vas bien ? Je ne savais pas que tu venais. » Pas politesse, je me retiens de le détailler de la tête aux pieds. Il y a de ça quelques semaines, j’aurais sauté partout comme une puce en lui demandant un selfie et un autographe. Aujourd’hui, je ne sais comment réagir face à la seule autre personne que Swann ait aimée. « Je te présente Lucia. Et Lucia… c’est Rory. » Je suis stressée et mon cœur se soulève alors que Swann fait les présentations. Pourtant, face à l’ex de mon petit ami, je tente de ne rien laisser paraître. Lorsque je m’adresse à lui, ma voix est douce, et mon sourire toujours fidèle au poste. Il ne m’a rien fait après tout. Et si Swann est tombé amoureux de lui à une époque, je suis sûre que c’est quelqu’un de bien. Le fait que j’ai mal au cœur ne devrait pas être en ligne de mire. « Bonjour Rory. Je suis contente de mettre un visage sur un prénom. Enfin, pas vraiment, je savais à quoi tu ressemblais mais... Tu vois ce que je veux dire. » Mon malaise est perceptible, mais je tente tant bien que mal de donner le change et de ne pas bégayer. Lui serrer la main me semble impersonnel et le prendre dans mes bras est au-dessus de mes forces alors je reste là, la main fermement serrée dans celle de Swann. « Tu connais le marié ? Tu es venu avec quelqu’un qui le connait ? » A aucun moment je n’imagine que la terre est si petite qu’il fait lui aussi partie des fréquentations de Charlie, ma Charlie, celle à côté de qui j’ai grandi.

La cérémonie était très réussie, l'ambiance se voulait plutôt informelle et c'était là un choix que Rory avait honoré en misant sur une tenue élégante mais pas démesurément habillée. Parmi les invités, ses yeux reconnaissaient plusieurs visages tandis que tous les regards se portaient sur les mariés, dont les discours furent très attendus. Ils lui arrachèrent l'un et l'autre un sourire, la sincérité de leurs sentiments transparaissant dans la façon que Charlie et Léo avaient de s'adresser l'un à l'autre. L'espace d'une seconde, Rory se prit à rêver du jour où sa sœur Rosalie épouserait elle aussi son fiancé, à l'issue d'une cérémonie où tout serait sans doute pensé et millimétré à la seconde près mais peu importe, seule importait à ses yeux l'idée de voir briller au fond de son regard le même bonheur que celui qu'il voyait dans ceux des mariés du jour. Ce qui devrait sans doute l'inquiéter, c'était d'être le troisième né et donc celui qu'on s'attendrait logiquement à marier après que ses aînés aient ouvert la marche. Mais en attendant d'en éprouver l'envie, il posait ce regard toujours un brin naïf sur Charlie et Léo. Rory avait besoin d'espoir, plus que jamais, et si Charlie lui en avait déjà donné la fois où elle avait accueilli ses confessions avec la sagesse et la compréhension d'une véritable amie, elle lui en donnait plus encore en épousant l'homme qu'elle aimait aujourd'hui.

Mais comme une manière de mettre son cœur à l'épreuve, le destin avait visiblement décidé que ce mariage serait la parfaite occasion de voir certaines blessures se rouvrir et la nostalgie secouer l'intérieur de sa poitrine. La plupart des invités s'étaient dispersés et Rory, lui, n'aurait jamais pensé entendre son prénom de la bouche de celui qu'il ne s'attendait pas un seul instant à croiser ici. Son souffle s'interrompit quand pourtant son cœur ne lui avait jamais paru battre aussi fort et aussi bruyamment. Lorsqu'il se retourna pour croiser le regard de Swann, son trouble fut plus flagrant encore mais pas un instant Rory ne pensa à fuir cette rencontre. Il lutta même contre l'envie de le prendre dans ses bras, parce qu'il était toujours heureux de voir l'anglais et qu'il n'avait jamais à feindre un sourire lorsque c'était le cas – du moins plus depuis qu'il avait du domestiquer la peine qui pressait son cœur pour qu'elle laisse place à d'autres choses. « Swann. » Il s'approcha de lui en même temps que lui apparut la silhouette d'une jeune femme aux cotés de l'anglais, jeune femme dont il ne mit qu'une seconde à comprendre qu'elle était sa petite amie. Il l'avait vue en photo sur la page instagram de l'anglais et alors qu'il se demandait si Swann lui avait parlé de lui et de leur histoire, le fait de les voir ensemble pour la première fois réveillait chez lui une peine inévitable. Rien n'était pourtant de leur faute, car peut être le poids pesant sur sa poitrine lui aurait semblé moins lourd si lui n'avait pas été seul, à cet instant. « Je pensais pas te... vous croiser ici non plus. Vous êtes très élégants tous les deux. » Vous formez un joli couple, bien assorti et visiblement aussi heureux qu'on puisse l'être. Ces mots-là, il n'était peut être pas encore capable de les prononcer, mais son regard laissait au moins paraître une sincérité qui n'avait rien de feinte.

Ses yeux se posèrent sur le visage de Lucia, qui comme il l'avait déjà noté auparavant renvoyait une authentique douceur. Elle semblait douce, oui, et il n'aurait pas voulu d'autre chose pour Swann. Si elle l'aimait et le rendait heureux, c'était tout ce qui comptait pour lui et rien de ce qu'il éprouvait face à cette rencontre inattendue ne l'empêcherait à cet instant de se réjouir pour eux. « Enchanté moi aussi de faire ta connaissance, Lucia. » Elle semblait mal à l'aise, il l'était aussi, pourtant l'un et l'autre semblaient désespérément vouloir que les choses se passent au mieux pour Swann. Alors il n'attendit pas pour reprendre, usant d'un peu de légèreté en espérant que ça aiderait à détendre l'atmosphère. « Et t'en fais pas, ici je passe inaperçu, personne ne peut voler la vedette aux mariés du jour. » Il n'était pas Rory Craine, juste Rory. Le Rory dans les yeux de qui brillait encore une lueur d'envie lorsque deux âmes se mariaient et se promettaient de s'aimer éternellement devant leurs proches. Le Rory qui se resservirait plusieurs fois au buffet parce que c'était bien connu, les mariages servaient aussi à ça. Le Rory qui finalement se retrouvait vulnérable face à celui qu'il avait aimé et celle qui partageait aujourd'hui sa vie, mais qui malgré ça était empli de bonne volonté pour ne pas céder à la peine. « Je connais Charlie, en vérité. C'est une amie. » Et c'était réellement ainsi qu'il la considérait, peu importe qu'ils ne se connaissent que depuis peu de temps. Les choses s'étaient faites si naturellement qu'elle en savait plus long sur lui que certaines personnes qu'il connaissait depuis des années. La faute à un secret longtemps gardé mais qui aujourd'hui, dans cette bulle qui les isolait tous les trois du reste des invités, semblait lointain. « Et vous, vous connaissez son mari ? Il a vraiment l'air amoureux. » Tout comme Charlie, et tous les deux semblaient parfaits l'un pour l'autre. L'évidence semblait partout. « Je dois être l'un des rares invités à être venu seul, j'ai eu de la chance qu'ils m'installent pas à la table des enfants. » Le pire étant qu'il aurait pris à cœur de les amuser pendant le repas, parce qu'il avait eu assez d’entraînement avec les enfants de son frère. Mais il le disait surtout avec l'espoir là aussi que ça rende les choses plus faciles, un sourire embarrassé mais doux sur les lèvres. Il faisait de son mieux, aussi maladroites soient peut être ses tentatives, pour que tout se passe aussi bien que possible.

Spoiler:

Promis, il fait vraiment attention à ce que lui dit Lucia. Le problème, c’est qu’il a trop de distractions. Il s’amuse d’un rien et s’extasie de tout aussi peu, il voit la beauté dans un macaron parfaitement rond et bien garni et ne peut donc s’empêcher de le commenter. Quand il s’agit de parler mariage, pourtant, il a l’oreille la plus attentive qui soit et le plus grand sourire allant avec. « T’es sur que la couronne de fleurs dans les cheveux c’est pas de trop ? » La couronne de fleurs est parfaite et Lucia avec, mais est-ce qu’il y a vraiment besoin de préciser de telles choses ? Il la trouve toujours belle, cela va de soi, aujourd’hui n’est qu’un jour plus particulier encore dans sa vie. La couronne est parfaite, elle l’a déposée avec amour au milieu de tout un tas de techniques capillaires que Swann l’a observée mener à bien, incrédule. Lui n’a eu qu’à passer une main dans ses cheveux - et encore, vous voyez, il a justement fait l’effort d’une telle chose, preuve de sa bonne foi. L’anglais n’a qu’un seul reproche à faire à propos de toute la cérémonie, lequel franchit brièvement la barrière de ses lèvres. Il n’est pas du genre à juger autrui et bien loin de là, il ne lui viendrait pas à l’idée de vouloir dénigrer le mariage de jeunes gens qu’il ne connaît même pas réellement. Encore plus, il s’en voudrait de gâcher sa journée à Lucia. « Tu voudras quoi ? » On les gronde et il fronce les sourcils, peu crédible. Elle enchaîne sur ce qu’elle aimerait connaître pour son mariage et Swann ne s’étonne d’aucun de ses mots : il sait qu’elle ne voudra que le mieux pour ce jour si unique et spécial. “Toi. Heureuse.” Le reste, il s’en moque. Tant qu’ils ont tout de même un buffet et que le premier impératif (Lucia heureuse, rappelez vous) est rempli, alors il sait qu’il pourra considérer ce jour comme le plus beau de toute son existence. Armé d’un sourire immuable, il l’embrasse une dernière avant de, promis, se concentrer sur la cérémonie en elle-même.

L’anglais prononçant le prénom de son ex-petit-ami est ce qui vient de nouveau troubler la conversation, mais cette fois-ci il ne pense pas un seul instant à s’en excuser auprès de qui qui que ce soit. « Swann. » Ils ont l’air de répéter des prénoms pour une nouvelle pièce, ou de jouer une scène de film vue et revue dans laquelle les deux protagonistes se retrouvent après des années et se sautent dans les bras l’un de l’autre. Ce n’est pas ce qui arrive, pourtant, et Swann se contente d’une accolade, sans même avoir à y penser. « Je pensais pas te... vous croiser ici non plus. Vous êtes très élégants tous les deux. » Il l’est aussi, mais il ne juge pas nécessaire de le souligner. L’anglais a un sourire naïf et béat, lui qui ne voit pas à quel point ses deux proches sont à mal à l’aise avec cette rencontre impromptue. Pourtant, il vaut sans doute mieux qu’ils se rencontrent une première fois de façon aussi fugace plutôt que Swann ait la fameuse idée de leur proposer une sortie au restaurant ou même Dieu ne sait où. Aveugle au possible, il aurait été capable d’une infinité de fausses bonnes idées.

Lucia fait la discussion pour deux et il laisse sa main glisser contre sa hanche plutôt que son dos, sans même s’en rendre compte. « Bonjour Rory. Je suis contente de mettre un visage sur un prénom. Enfin, pas vraiment, je savais à quoi tu ressemblais mais... Tu vois ce que je veux dire. » Fût un temps, c’est lui qui parlait à Rory de cette façon, sans jamais savoir où trouver sa place. La comparaison le fait sourire ; lui et seulement lui. « Enchanté moi aussi de faire ta connaissance, Lucia. » Une salutation et voilà déjà que l’acteur tente de minimiser sa popularité et tout ce qui va avec. Il essaye de mettre Lucia à l’aise et l’anglais ne peut que saluer l’initiative, toujours prêt à appuyer ses propos au besoin ou à déposer un baiser contre la joue de Lucia, si jamais elle en a vraiment besoin et qu’il s’y voit obligé.

« Je connais Charlie, en vérité. C'est une amie. »
“Vraiment ? Tu sais qu’elle a travaillé pour Matt ?”
« Et vous, vous connaissez son mari ? Il a vraiment l'air amoureux. »
“Oh, non, pas vraiment.”

Il échange un regard avec Lucia, amusé. Ils sont bien loin de connaître le marié et Swann, lui, ne connaît pas vraiment la mariée non plus mais les choses sont toutes autres pour Lucia. C’est grâce à elles qu’ils ont été invités et qu’ils ont tous pu se rencontrer, finalement. L’anglais reste simplement étonné qu’il connaisse Charlie et qu’il ne l’apprenne que maintenant mais après tout, il connaît beaucoup de personnes et il ne peut pas tenir une liste exhaustive, cela va de soi. Quoi qu’il en soi, ce ne sont plus ses affaires aujourd’hui. « Je dois être l'un des rares invités à être venu seul, j'ai eu de la chance qu'ils m'installent pas à la table des enfants. » - “Arrête, t’aurais sûrement adoré.” Eux aussi, d’ailleurs, maintenant qu’ils en parlent. Ils auraient fait de parfaits enfants et se seraient occupés des têtes blondes des invités avec brio. “Je pensais que tu serais venu avec Penny. C’est dommage, tu lui donneras le bonjour de ma part.” Il aurait aimé qu’il vienne avec l’actrice, peut-être. Tout aurait été équilibré, ainsi, et ce serait toujours bien plus souhaitable qu’une inconnue sortie de nulle part, avec laquelle il ne lui aurait bien sûr trouvé aucun point commun. “On pourrait sortir tous les quatre un jour, t’en penses quoi ? Si vous n’êtes pas en tournage, bien sûr.” Se retournant vers Lucia, il ajoute. “Et quand tu seras disponible aussi.” Il ne lui demande pas si elle en a envie elle aussi parce que ça lui semble couler de source.

Elle est belle Charlie, surtout quand elle rage comme une gamine sur les piques que lui envoie Léo devant tout le monde avec ses yeux brillants, ses pomettes avec. Ils sont beaux, tous les deux, c’est ça que j’aurais dû dire en commençant, bien plus que Dek qui a décidé de faire un concours de shots avec lui-même parce que je suis à l’eau plate citron concombre pour des raisons évidentes que pour moi - et Lily - . Ouais et sinon, personne ici pourra me tirer les vers du nez sauf si, sauf s’ils décortiquent l’air idiot que je peux bien avoir 24/7. Non, c’est ton air habituel Matt. Clairement, y'a rien qui change, même si tout change, et que rien n’est habituel depuis que y'avaient deux barres sur le test et pas juste une et - oh, Swann. Oh, Lucia. Oh - Rory?

« Dude, ça fait une vie! » en vrai tout le monde aurait pu penser que depuis les aveux de Swann revoir Rory dans les parages aurait été une cause de malaise constant sans explication aucune, juste une impression d'avoir mal fait les choses à l'époque qui se répercute à aujourd'hui. Pas le moins du monde. Leurs affaires ce sont les leurs, le secret de Swann qui a bien pu lui peser sur les épaules quinze fois trop fort sans que je sois autre chose qu’un idiot d’aveugle assistant à un mess qu’il n’a connu que des mois plus tard. M’enfin, bref. Le prendre dans mes bras suffit à enterrer ce qui n’a rien d’une hache de guerre, surtout pas quand par-dessus son épaule j’envoie un sourire confiant à Swann, un autre à une Lucia adorable comme tout, accrochée à mon frère au passage. « Avoue t’as pas goûté de meilleurs mojitos que les miens et là tu sais pas comment me supplier de remettre le Rory-to sur le menu. » c’est dit sur le ton du grand frère qui essaie vraiment de rendre le tout sympa, simple aussi. Même si j’arrive de nulle part et même si je coupe leur conversation sans la moindre excuse sans en ressentir seulement le besoin, même si je prends toute la place et même si je parle d’un passé parfois un peu trop censuré. C’est pas des mensonges, il m’a manqué le brun au sourire presque plus Colgate que le mien.

Quand Deklan m’hurle que c’est le moment où il part à la conquête de la fontaine de chocolat (y'a une fontaine de chocolat seulement?) je sais que c’est soit mon moment de briller par mon absence, soit de rester un peu à jouer les mecs qui discutent du bon comme du mauvais temps. Je verrais si quelqu'un remarque que je souris comme une imbécile heureux, et après, j'aviserai.

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