'Cause you and I, we're one of a kind unbreakable.

@SWANN MCGRATH & RORY

Il avait acheté une bague.

Un anneau en or blanc serti de fins diamants dont l'éclat l'avait appelé depuis la vitrine. Sa valeur, Rory ne l'avait même pas regardée. Tout ce qui comptait, c'était ce qu'il symbolisait à ses yeux et ça, ça n'avait jamais eu le moindre prix. Il l'avait imaginé à son doigt dès qu'il l'avait vu, et le vendeur n'avait pas eu à faire beaucoup d'efforts pour le convaincre que c'était la bague qu'il lui fallait. Sobre mais raffinée, de celles qui faisaient briller les yeux même des moins romantiques. Rory n'avait pas honte de l'avouer, il s'était toujours imaginé offrir la plus jolie bague du magasin à la personne avec qui il passerait le restant de ses jours. Il s'était toujours imaginé mettre un genou à terre et lui tendre un écrin qui contiendrait tout son amour. Et parce qu'il était même assez idéaliste pour ça, il s'était toujours imaginé que cette personne prononcerait ce oui qui scellerait leurs deux existences à jamais. Une vision qui s'était obscurcie au fil des années lorsqu'il était ressorti éprouvé de certaines histoires qu'il avait sans doute idéalisées. Mais une vision qu'il avait continué d'entretenir dans un coin de son cœur, jusqu'à finalement le rencontrer lui. Swann. Dès lors, il avait employé chaque instant à tenter de le rendre heureux, à faire qu'il n'ait jamais la moindre raison de douter de ses sentiments et de ce qu'il représentait à ses yeux. Et même lorsque tout n'était pas parfait, même lorsqu'ils se convainquaient de pouvoir vivre ce bonheur en secret mais que certains jours étaient plus difficiles que d'autres, il n'avait jamais douté. Ni de vouloir consacrer chaque minute de sa vie à l'aimer, ni de vouloir la passer auprès de lui. Et peu importe que la tendresse n'existe qu'entre les murs de ce loft, peu importe qu'ils n'aient le droit de s'aimer qu'une fois la porte refermée sur leurs secrets. Ça suffisait à faire son bonheur et si c'était aussi le cas pour Swann, alors pour rien au monde il ne voudrait changer quoi que ce soit à leur vie. Pour rien au monde il ne voudrait risquer de le perdre lui, quand il était le seul à l'avoir jamais rendu aussi heureux. Le seul auprès de qui il veuille tout vivre, pour toujours, même à ces conditions.

Il avait acheté une bague, et aujourd'hui il lui demanderait sa main.
Et parce que c'était l'évidence même, ça ne pouvait que bien se passer.
N'est-ce pas ?

La sortie d'aujourd'hui leur permettrait de voir autre chose que les murs de leur loft, et aussi attaché soit-il à cette intimité qu'ils y partageaient, Rory s'en faisait une véritable joie. Il ne pourrait peut être pas le tenir contre lui ni prendre sa main dans la sienne, mais il le verrait sourire et s'enthousiasmer chaque fois qu'ils passeraient devant un stand de nourriture ou lorsqu'ils croiseraient la route d'un animal à quatre pattes, et ça valait tous les baisers du monde. Rien ne comptait plus à ses yeux que de savoir l'anglais heureux et aujourd'hui, leurs regards étaient devenus si parlants qu'ils n'avaient plus besoin de mots, de gestes pour exprimer tout ce qu'ils représentaient l'un pour l'autre. C'est ce même regard empli de tendresse qu'il posa sur lui si tôt la porte de l'appartement refermée – il s'était promis de toujours respecter le besoin de Swann de faire un secret de leur relation, mais ça ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas le dévorer des yeux quand personne ne pouvait interpréter chacun de ses regards comme une authentique déclaration d'amour. « Je suis pas sûr d'avoir détesté me retrouver avec les fringues trempées la dernière fois, ceci dit. » Une lueur amusée passa dans son regard tandis qu'ils s'éloignèrent de l'immeuble et reprirent aussitôt leurs habitudes. Ils marcheraient côte à côte jusqu'au parc, mais ils respecteraient une distance de sécurité et ne se toucheraient pas à moins qu'il n'y ait plus personne pour risquer de les surprendre. Ce n'était plus si contraignant, à force ils prenaient l'habitude de faire attention et Rory préférait mille fois ça à l'éventualité de le perdre. Ils pourraient toujours s'aimer avec la passion qui les caractérisait une fois chez eux, ce soir, et en attendant ce bonheur demandait juste quelques sacrifices. Ça n'en était jamais vraiment quand c'était pour Swann, qui en valait la peine jour après jour. Et aujourd'hui, tandis qu'ils goûteraient à une normalité presque parfaite, il avait la ferme intention de lui prouver à quel point. La bague était rangée dans son écrin, dans la poche arrière de son jean, et Rory sentait les battements de son cœur s'accélérer à cette seule idée. Il n'avait pas vraiment décidé d'un moment en particulier, il savait juste qu'il ne pouvait plus attendre.

Le match d'aujourd'hui n'aurait rien d'ambitieux, et ils passeraient sûrement le plus clair de leur temps à profiter du moindre instant de solitude pour se sourire quelques secondes de trop. Swann savait pour son accident et cette opération du genou dont il gardait la trace aujourd'hui. Il savait pour son niveau bien moins impressionnant qu'à l'époque et son incapacité à maintenir une trop forte pression sur sa jambe gauche au risque sinon de réveiller une gêne inconfortable. Il savait tout ça, et il était comme chaque fois adorable à s'adapter même quand il lui suffirait d'un rien pour le battre et gagner de quoi fanfaronner pendant les deux prochaines semaines. Swann n'était pas comme ça, et Rory l'aimait encore un peu plus. « Dans ce cas je te conseille d'y réfléchir à deux fois avant de me laisser gagner, si tu veux pas avoir à engloutir un kilo de glace. » Son regard brillait de malice et son sourire se faisait l'écho du sien : peu importait de gagner ou de perdre et Swann était bien le seul capable de concurrencer son amour pour la crème glacée. Ils en avaient assez ri pour que l'anglais n'ait pas le moindre doute à ce sujet et Rory avait accepté depuis longtemps qu'il ne pourrait plus jouer au football comme il le faisait avant. Peu importe, pourvu qu'il soit là et qu'il puisse saisir n'importe quelle occasion pour l'approcher d'un peu plus près, aussi discrètement qu'il en avait l'habitude. Autrefois il aurait été prêt à tout pour briller avec un ballon entre les mains, mais aujourd'hui ça lui paraissait dérisoire quand il pouvait juste profiter d'une journée avec Swann, et nourrir pour un instant l'illusion qu'ils pouvaient être heureux en dehors de leur bulle. Peut être pas de la même façon que dans le loft, mais c'était déjà un bonheur inestimable. « Peur, moi ? » Ils furent l'espace d'un instant si proches l'un de l'autre qu'il dut refréner son envie de l'embrasser. Pas ici. Plus tard, il pourrait retrouver ses lèvres et décider de ne plus s'en détacher. « J'aurais peur si tu m'obligeais à jouer au football seulement avec les pieds, comme en Angleterre, mais je sais que t'oserais pas. » Il était bien trop fair-play mais surtout, bien trop charmant et adorable pour saisir la moindre occasion de le distancer. Quoi que, c'est bel et bien l'anglais qui lui déroba le ballon sous le regard rieur de Rory – il ne pourrait déjà pas lui en vouloir s'il faisait brûler leur loft par inadvertance, ça n'était pas une petite fourberie qui risquait de le rendre rancunier. Courant après lui, il le tâtonna en quelques enjambées et s'appuya davantage sur sa jambe droite au moment de récupérer le ballon et de lui sourire, ses doigts frôlant les siens et lui bien plus concentré sur le fait de partager ce moment avec l'anglais que sur l'issue du match. « Est-ce que je dois vous le dédicacer, jeune homme ? Je suis passé à ça d'être professionnel, vous savez. » Oh oui, à ça, et Swann en avait tellement entendu parler que c'était presque comme s'il était lui-même sur le terrain ce soir-là. Rory en parlait pour désacraliser cet événement et en faire quelque chose de positif, en témoignait le sourire sur ses lèvres qui n'avait rien de douloureux. Pas avec lui. Après tout, Swann était là, même s'il ne pouvait s'empêcher de regarder autour d'eux à la recherche d'un coin plus tranquille. Son autre main, elle, toucha discrètement l'écrin au fond de sa poche comme pour s'assurer qu'il était toujours là. Comme pour se donner du courage, aussi.

 

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Il pourrait rester ainsi des heures, à user avec l'anglais de n'importe quel prétexte pour passer autant de temps que possible avec lui, oublier le reste du monde juste assez longtemps pour plonger son regard dans le sien mais jamais trop pour ne pas risquer d'être vus. Le temps lui paraissait toujours disparaître à ses cotés et l'un des seuls moments où Rory y prêtait à nouveau attention, c'était lorsque la nuit tombait et que la perspective de passer une soirée de plus entre ses bras suffisait à plaquer un immense sourire troublé sur ses lèvres. Le temps n'était qu'un détail lorsqu'on prévoyait de passer le restant de ses jours auprès d'une personne, et si dans son cas ça faisait précisément deux ans qu'il se considérait comme l'homme le plus chanceux du monde, Rory comptait bien passer soixante autres années à respirer son odeur dans le creux de son cou, rire à ses blagues et se perdre de longues heures dans son regard. Tout comme il comptait jouer un millier d'autres matchs avec lui, s'amuser un million d'autres fois de sa propre obsession pour les glaces et lui répéter au moins autant de fois qu'il l'aimait et qu'il était tout ce dont il avait besoin pour être heureux. Pour lui, Rory rangeait bien volontiers son esprit de compétition et oubliait tout de ces années à courir derrière un ballon et à vouloir être le meilleur. Il n'aurait jamais plus le niveau qu'il avait à l'époque et ça n'avait aucune importance à ses yeux si ça n'en avait pas à ceux de Swann. Il avait passé assez de temps à vouloir rendre les autres fiers pour aujourd'hui savourer de se sentir aussi spécial dans le regard de l'anglais et c'était un sentiment dont Rory savait qu'il ne se lasserait jamais. Tout comme de voir les traits de son petit-ami se parer de malice lorsqu'il lui dérobait la balle sans que Rory ne pense même un seul instant à réagir et prendre le risque d'écourter cet instant où Swann était enfin aussi proche de lui qu'il aimerait toujours qu'il le soit. « Moi ? Oh, juste que je t'aime. » Les mots volèrent autour d'eux en même temps que ses lèvres étirèrent le plus doux des sourires, là, où personne n'était suffisamment proche pour l'entendre lui dire ce qu'il aurait accompagné d'un baiser s'ils avaient été au loft. « Et je jure que c'est pas une tentative pour te déconcentrer, même si je me plaindrais pas que ça marche. » Évidemment qu'il ne laisserait pas passer une occasion de rire avec lui de la tournure déjà légèrement improbable que prenait ce match : le ballon avait beau passer de mains en mains, ni Swann ni lui ne semblaient tellement concentrés sur l'idée de gagner et, étrangement, personne ne cherchait non plus à réduire leur proximité. A croire qu'ils étaient entrain de réécrire les règles, ce qui n'aurait rien d'une perspective déplaisante, bien au contraire.

Bien sûr qu'il profitait de l'occasion pour rappeler qu'il avait bien failli devenir joueur professionnel, parce qu'il y a longtemps que ces souvenirs n'étaient plus douloureux lorsqu'il les partageait avec Swann et que personne avant lui ne lui avait donné envie de s'ouvrir autant. Rory ne lui avait jamais rien caché, il en aurait été incapable, parce que si leur histoire demeurait un secret pour le reste du monde il n'avait jamais été question pour lui d'en avoir pour l'anglais. C'est ainsi qu'il lui avait raconté cette histoire un millier de fois au moins, le sourire du blond agissant toujours comme le plus doux des remèdes sur chaque fragment de doute ou de peine qu'il pouvait éprouver, parfois même inconsciemment, lorsque son cœur se remémorait cette époque. Son regard plongea dans le sien et la malice brilla au fond de ses yeux tant il s'étonnerait presque de pouvoir l'aimer infiniment plus encore qu'il y a une poignée de secondes. Presque seulement, parce que Swann méritait tout l'amour qu'un cœur pouvait contenir, et dieu sait que celui de Rory n'en avait jamais manqué. « Et je pourrais vous inviter à prendre un verre chez moi, pour faire plus ample connaissance. » Le sourire au coin de ses lèvres, lui, était évidemment on ne peut plus anodin tandis que ses joues, bien sûr, ne rougissaient en aucun cas sous le coup du baiser que l'anglais y déposa. « Là aussi de manière purement professionnelle. » Ça allait de soi. Son sourire se voulait en réalité parlant, comme chaque fois qu'avec Swann ils flirtaient avec les limites de ce qu'ils pouvaient se permettre de faire et de dire en public. Si ça ne tenait qu'à lui, ce n'est pas sa joue qu'il irait embrasser et il n'aurait pas non plus la moindre envie de parler quand il pourrait se contenter de le couvrir de baisers. Mais ces sacrifices en valaient la peine et Swann le lui rappelait chaque jour.

L'anglais récupéra le ballon mais les yeux de Rory, lui, se perdaient plus volontiers dans une contemplation silencieuse des traits de Swann. Comment ça, il le voyait tous les jours dès le réveil et n'avait pas le moindre risque d'oublier son visage ? Peu importe, on n'était jamais trop prudent. « Un test ? Bien sûr, je suis rassuré de voir que mon futur entraîneur est aussi consciencieux. » Et ils eurent à peine besoin d'échanger un nouveau regard pour se comprendre l'un-l'autre dans ce besoin commun de se trouver un coin tranquille pour profiter d'une proximité bienvenue à l'abri des regards. « Je crois que cet endroit, là-bas, serait parfait. » Pour le test, ou peu importe le nom qu'ils décidaient de lui donner, ce serait parfait pour se retrouver un instant seul avec lui et c'était tout ce qui comptait. Swann commença à reculer, Rory ne se fit pas prier pour le suivre et c'est à quelques centaines de mètres de là qu'ils dégotèrent enfin le coin idéal. Là, derrière ce muret invisible depuis l'autre bout du terrain, ils n'auraient pas à se soucier d'être aperçus. Ils n'auraient à se soucier de rien. « En fait, je me disais qu'on pourrait peut être remettre le test à plus tard... » Il se laissa à peine le temps de terminer sa phrase qu'il l'attira contre lui pour l'embrasser, ce dont il rêvait depuis déjà de longues minutes – quand bien même les mauvaises langues diraient que leur dernier baiser ne remontait pas à si longtemps que ça. Le ballon chuta à leur pied, plus un bruit ne retentit aux alentours en dehors de leurs battements de cœurs effrénés, ainsi plus rien ne se dressait plus entre eux. C'était le moment qu'il devrait préférer, le moment qu'il devrait vouloir éterniser, mais déjà Rory pensait à la suite. Pas à l'instant où ils seraient forcés de reprendre le match, non, mais à ce qui trônait toujours au fond de sa poche. La bague, sa signification et l'imminence de ce moment qu'il avait fantasmé des dizaines de fois rien que depuis qu'ils avaient foulé ce terrain, tout à l'heure. Cette fois, son cœur s'emballa pour de bon et ça n'était plus uniquement dû à ce baiser auquel il dut mettre fin. Rory était nerveux, pourtant pas une seconde il ne pensait à faire marche arrière. En fait, il n'avait jamais été aussi sûr de lui. « Swann, je... » Il souffla tout bas, ses yeux toujours emplis d'un amour infini accrochant les siens. « Bon sang. » Il rit, d'un rire qui cherchait quelque par dans les yeux de son petit-ami le courage de poursuivre. « J'aurais jamais pensé que ça me rendrait aussi nerveux... » Il était sur le point de sauter sans parachute du haut d'un immeuble de cinq étages, il n'y avait aucune raison pour qu'il soit nerveux, n'est-ce pas ? « Je crois que mon cœur va exploser. » Et Swann, qui n'avait que ces propos obscures et le sourire nerveux de l'australien pour reconstituer le puzzle qu'il agitait sous ses yeux, ne devait pas comprendre où il voulait en venir ni pourquoi l'atmosphère se faisait subitement aussi solennelle. C'était idiot, parce qu'il était sur le point de demander à l'homme qu'il aimait de l'épouser et que rien au monde ne lui paraissait à cet instant plus naturel. « Swann. » Ses mains glissèrent jusqu'aux siennes, son sourire s'étirant un peu plus et son regard, lui, brillant d'une émotion sans pareil. « Quand je t'ai dit que je t'aimais tout à l'heure, tu sais à quel point je le pensais. Mais ce que j'aurais du ajouter, c'est que tu es absolument tout pour moi. Que chaque journée passée auprès de toi me remplie de bonheur, peu importe ce qu'on doit parfois inventer pour voler ces instants rien qu'à nous. Je me sens déjà comme le plus chanceux au monde lorsque tu me regardes comme tu le fais maintenant. » D'accord, Swann semblait surtout perdu mais Rory ne cessait de lire tout l'amour qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre dans son regard, et en plus de faire fleurir le plus doux des sourires sur ses lèvres, c'est ce qui lui donnait la force de se lancer aujourd'hui. « J'ai eu peur durant des années de jamais suffire aux personnes qui comptent pour moi. Mais tu es entré dans ma vie, tu m'as aimé comme personne ne l'avait jamais fait et pour la première fois j'ai eu l'impression de mériter ce qu'on me donnait. Quand bien même il m'arrive encore de douter de te mériter, toi. » Et l'inverse aurait été étonnant, tant Rory voyait toujours en lui le meilleur, toutes ces choses que Swann oubliait parfois lui-même de voir. Savoir que l'anglais n'avait pas toujours confiance en lui le poussait depuis le premier jour à vouloir lui faire voir quelle personne formidable il était, quel petit-ami attentionné et aimant il avait été pour lui dès les premiers instants de leur histoire. « Aujourd'hui, la seule chose dont j'ai peur, c'est de me réveiller un matin sans plus voir ton sourire ni entendre le son de ta voix. Parce que je t'aime, Swann. Je t'aime et je crois que je tombe chaque jour un peu plus amoureux de toi. Et je te promets qu'aussi longtemps que tu me voudras à tes cotés, tu seras plus jamais seul. » Parce qu'il n'irait nulle part, et surtout pas loin de lui. Ses mains n'avaient pas quitté les siens et son cœur, lui, n'avait jamais battu aussi fort de toute sa vie. « Et... mon dieu, j'avais rien préparé, je voulais pas faire si long. » C'était maintenant qu'il s'armait de tout son courage, maintenant qu'il prenait son véritable élan. « Je t'aime et je veux passer ma vie auprès de toi. » Maintenant, qu'il s'agenouillait face à l'anglais, sortait d'une main tremblante l'écrin rangé au fond de sa poche et l'ouvrait, enfin, pour lui tendre la bague qu'il avait choisie pour lui. « Swann, est-ce que tu veux m'épouser ? » Parce que tu ferais de moi le plus heureux du monde. Et ce bonheur, c'est toute sa vie qu'il voulait le partager avec lui. Ce diamant scintillait peut être à la lumière du soleil, mais Swann était de loin tout ce qu'il avait jamais eu de plus précieux.

“Rory.”
“Rory.”
“Rory...”

Ses mots se glissent entre les déclarations du brun, supplications à peine audibles pour qu’il n’aille pas au bout de ses pensées et ne fasse pas réellement ce que Swann pense qu’il s’apprête à demander. Tant de mots pour dire qu’il ne veut pas qu’il le demande en mariage, simplement parce qu’il ne connaît que trop bien la seule réponse qu’il peut apporter à une question d’une telle envergure. Il aurait voulu continuer à l’embrasser amoureusement jusqu’à la fin des temps, caché derrière le muret, sans ne plus jamais se soucier de rien. A défaut de pouvoir rattraper le ballon perdu pour rejouer la scène, l’anglais laisse tomber ses deux genoux au sol pour venir entourer de ses mains l’écrin et le refermer doucement. Dans ses yeux brillants se lisent toute l’émotion de l’instant mais ils se font davantage le témoin de sa tristesse que de son euphorie. Il intime les gestes de Rory sans un mot, lui faisant reposer la bague et son écrin sur le sol pour qu’ils puissent l’occulter autant que possible. La seule mission de ses mains consiste ensuite à se poser contre ses joues et les caresser doucement pour l’embrasser de nouveau, avec plus de douceur encore qu’au premier jour. L’amour qu’il lui porte n’est pas remis en question, il ne le sera jamais et l’anglais souhaite qu’il le comprenne bien avant tout le reste. Il a le souffle court de sa tirade, Rory, et il l’a plus encore à cause de toute l’émotion de l’instant et du véritable ascenseur émotionnel qu’il lui inflige. L’anglais peut observer son cœur battre contre sa gorge, il sent ses joues brûlantes contre les paumes de sa main. Tout ce qu’il désire en retour, c’est que cela ne se passe pas aussi mal que tous les scénarios catastrophes qui se dessinent désormais dans son esprit. Difficilement, enfin, il détache ses lèvres des siennes avec l’amer goût d’un adieu en bouche. Il n’a jamais autant espéré avoir tort de toute son existence. “Je t’aime et je veux passer ma vie auprès de toi aussi, Rory.” Mais pas comme ça. Pas officiellement, pas après être passé devant le maire, pas après avoir signé des papiers. Pas parce que depuis peu le mariage homosexuel est toléré dans le Queensland, alors que dans les mœurs et les cœurs ce n’est certainement pas le cas de toute la population. Son ton ne laisse pas de place au doute, le souffle désolé qu’il y ajoute non plus.

Ses mains glissent contre son visage, elles se posent contre sa nuque et tentent d’y démêler des nerfs pour lesquels il est le seul responsable de leur forme. Il est le seul à lui faire du mal et il en est désolé, tellement désolé. A son tour, il peine à trouver des mots mais ce n’est pas parce qu’il ne sait pas comment formuler tout l’amour qu’il lui porte (il y a de ça, pourtant), c’est surtout parce qu’il ne sait pas encore comment explicitement lui dire qu’il refuse de se marier avec celui qu’il considère pourtant comme sa moitié. “Tu es la personne que j’aime le plus au monde. Je compte les jours pour savoir quand est-ce que je pourrai te revoir à chaque fois et y’a qu’avec toi que je me sens vraiment heureux. T’as changé ma vie, tu sais, de la plus belle des manières.” Ces mots auraient pu être utilisés en retour pour le demander en mariage, si seulement ils ne représentaient pas les prémices d’un tonitruant “mais”. L’anglais se sent fébrile à son tour, son cœur s’emballe pour des raisons différentes, ses doigts s’accrochent aux mèches de l’homme qu’il aime bien plus que lui-même. “J’ai jamais rêvé d’une relation comme ça parce que je savais pas qu’on pouvait autant aimer quelqu’un et autant se sentir à sa place auprès d’une personne.” Il serait prêt à tout pour lui, absolument tout, mais ironiquement c’est la seule chose qu’il lui refuse. ll pourrait donner sa vie, son âme, son corps ; mais pas sa main. Cela leur ferait plus de mal que de bien, il le sait. Il se le répète assez pour s’en convaincre, en tout cas.

Et ses mots, oh, ces mots. Même dans ses rêves les plus doux, personne ne lui parlait ainsi. Il ne savait même pas avoir besoin d’entendre de telles choses avant que tout ne franchisse les lèvres de l’australien qu’il rêve de dérober une fois de plus comme preuve ultime et irréfutable de son amour pour lui. “Je veux me réveiller à tes côtés tous les matins, je veux passer toutes mes journées avec toi, je veux vraiment pouvoir m’endormir à tes côtés aussi souvent que possible, aussi.” Ce n’est pas parce qu’il ne veut pas se marier qu’il veut tout arrêter, bien loin de là. Il souhaite que Rory comprenne ça bien plus que toute autre chose, il veut réellement qu’il sache que son amour n’a d’égal que celui de l’acteur et qu’il n’est en rien ébranlé par cette journée. “Tu m’as appris à ne plus avoir peur de beaucoup de choses, mais ça…” Pas ça, pas encore. Il a moins peur de l’engagement aujourd’hui, c’est un fait, mais pas à ce point là. Toujours incapable de simplement frôler son épaule en public, il ne peut décemment pas envisager de l’épouser. Ce n’est pas qu’il n’en serait pas heureux, bien au contraire. Il en est tout simplement incapable, preuve de plus qu’il ne mérite évidemment pas tout l’amour que cet être si pur continue de lui porter. “Je suis désolé. Je t’aime trop pour risquer de te faire souffrir.” Les histoires d’amour finissent toujours mal, c’est ce qu’on lui a appris, mais il se doute bien que les histoires de mariage finissent plus mal encore. Pourtant, la bague était magnifique et il l’avait choisie avec soin. Dans une autre vie, il se serait appelé Swann Craine et il l’aurait portée comme étant sa plus grande fierté. A ce jour, c’est Rory qui représente sa plus grande fierté, sa seule aussi. C’est Rory aussi qu’il est terrifié de perdre en cet instant, raison pour laquelle ses incisives martyrisent sa lèvre inférieure et qu’il en a le regard tremblant.

Version alternative:

 

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@SWANN MCGRATH & RORY

Quel idiot. Cette idée de demande en mariage avait tout de mauvaise, et c'est seulement maintenant qu'il voyait la confusion s'installer dans le regard de Swann que Rory en prenait conscience. Les mots de l'anglais auraient du lui faire le plus grand bien, répandre en lui ce bonheur indescriptible qu'il ressentait toujours à ses cotés, mais aujourd'hui chaque syllabe martelait son cœur d'un coup supplémentaire. Rory hochait la tête en silence, incapable de ne pas se détester de les avoir placés dans cette situation. Pourquoi avait-il fallu qu'il lui demande sa main ? Parce que le mariage homosexuel était depuis peu accepté dans l'état du Queensland et que naïvement, il s'était pris à rêver au jour où il épouserait lui aussi l'homme qu'il aimait ? Parce que l'espace d'un instant tout lui avait paru possible et qu'il en avait oublié le reste ? Rory n'avait pas réfléchi au-delà du moment où il symboliserait l'amour qu'il portait à Swann à travers cette demande qui représentait tant à ses yeux. Il n'avait pas réfléchi, et il en payait le prix maintenant qu'il pouvait voir au fond des yeux brillants de son petit-ami qu'il cherchait le moyen le plus doux et le moins douloureux de refuser sa demande. Rory le connaissait par cœur, c'était pour Swann un déchirement de lui refuser ce qui suffirait à faire son bonheur éternel, et la profonde tristesse sur les traits de l'acteur n'aidait sûrement en rien. Il n'aurait jamais pensé qu'il aurait aussi mal de voir Swann écarter cette bague qui semblait à cet instant symboliser un millier de complications dont il ne voulait pas pour eux. C'était bien différent pour Rory et pourtant, à son tour, il ne pouvait pas regarder à l'intérieur de cet écrin sans sentir son cœur se serrer au fond de sa poitrine. Et là où le goût des lèvres de Swann avait toujours été le plus doux des remèdes, ici ce baiser se voulait plus douloureux qu'il ne le voudrait. Il le prolongea un instant, pourtant, parce qu'il avait sans doute autant besoin que lui de s'assurer qu'ils n'étaient pas entrain de se dire adieu. « Tu m'aimes mais tu veux pas m'épouser. » Rory souffla, aussi doucement qu'une pensée qu'il n'aurait pas su retenir, là, dans l'intimité de leur étreinte. Il baissa les yeux, tenta de composer avec cette douleur sourde qui lui secouait le cœur et que les paroles de Swann n’apaisaient qu'en partie. Swann l'aimait malgré tout et c'était tout ce qui devrait importer, pourtant son esprit cherchait un moyen de rejeter cette réalité trop éprouvante à cet instant où tout ce à quoi il avait rêvé pendant des semaines s'écroulait comme un château de cartes. « Parce que je... » Il chercha ses mots, fébrile et à bout de souffle. « … ça a pas besoin d'être quelque chose d'énorme, on n'est même pas forcés d'inviter qui que ce soit. On peut juste... faire ça rien que nous deux, sans cérémonie ni banquet, sans toast ni haie d'honneur. On peut juste... » On peut juste décider qu'on n'a besoin de personne pour être les plus heureux, parce que moi j'ai besoin de personne d'autre que toi pour l'être. Mais les mots restèrent coincés au fond de sa gorge en même temps que ses yeux, eux, se remplissaient de larmes. L'une d'entre elles coula silencieusement le long de sa joue et il n'eut pas le réflexe de l'en chasser. Comme si une partie de lui peinait à se raccrocher à ce moment qu'il réécrirait d'un millier de manières différentes juste pour éviter d'en arriver à cette issue-là. Jusqu'ici Swann et lui avaient toujours voulu les mêmes choses, et c'est ensemble qu'ils avaient fait des projets au fil des années. Ils avaient parlé d'emménager ensemble et c'est ce qu'ils avaient fait, au moins officieusement, lorsque l'anglais s'était installé presque à temps plein dans son loft. Ils avaient parlé d'un avenir à deux, ils avaient même déjà effleuré l'idée de fonder une famille ensemble parce que jusqu'ici rien ne semblait trop grand, trop inatteignable, trop hors de leur portée. Pourtant les rêves avaient leurs limites et la réalité le rattrapait aujourd'hui.

Pour Swann il pourrait faire n'importe quoi, y compris donner sa vie pour la sienne. Mais son cœur se brisait à la seule idée d'avoir passé des journées entières à s'imaginer le moment où il lui demanderait de l'épouser quand il paraissait évident que c'était la limite à ce dont ils pouvaient se permettre de rêver ensemble. De tous les deuils qu'il avait du faire depuis le début de leur histoire, c'était probablement le plus douloureux de tous. Parce que lui se moquait bien du reste, en réalité, là où seule comptait l'idée de passer le restant de ses jours auprès de lui. Pour Swann c'était différent et s'il l'aimerait toujours autant et n'imaginait pas qu'il puisse en être autrement, ça n'était pas de tristesse que Rory s'imaginait pleurer au moment où il lui avait tendu cette bague. « C'est pas grave. » Il finit par souffler, ses yeux se détachant des siens après de longues secondes à s'y être raccroché avec le besoin d'y lire que ça ne changeait rien à l'amour qu'ils se portaient, que ça n'était pas la fin de quoi que ce soit. Ou juste de ses illusions. « Toi aussi tu es la personne que j'aime le plus au monde. » Il l'aimait tant qu'il voudrait pouvoir gommer ce chapitre et ne jamais lui poser la question qui avait franchi la barrière de ses lèvres quelques minutes plus tôt. Il l'aimait tant qu'il était prêt à ne plus jamais y faire allusion, peu importe à quel point il avait mal. « C'est pas grave. » Il répéta, sans même savoir à ce stade s'il le disait plus pour s'en convaincre lui ou pour rassurer l'anglais. Il n'avait aucune envie que Swann se sente coupable quand c'était lui, de toute évidence, qui avait rêvé trop grand. Il n'avait aucune envie que Swann s'en veuille alors que c'était lui qui en achetant cette bague n'avait pas pris le temps de réfléchir à ce qu'impliquerait réellement un mariage, pour eux. Il s'était contenté de foncer tête baissée parce qu'il ne voyait les choses qu'à travers le prisme de ses sentiments pour lui : il l'aimait tant qu'il avait imaginé cette bague à son doigt dès l'instant où il l'avait vu. Aujourd'hui, il savait que c'était stupide. « On peut faire comme si j'avais rien dit, c'était idiot comme idée... » Il tentait de toutes ses forces de s'en convaincre, séchait ses larmes à mesure qu'elles traçaient des sillons invisibles sur sa peau et étirait un rictus amer et douloureux à l'idée que, finalement, tout aurait été plus simple et moins douloureux s'il s'était contenté de l'embrasser lorsqu'ils s'étaient retrouvés seuls. Sans déclaration, sans bague, sans crève-cœur. Rory se détacha, lentement, non pas parce qu'il ne voulait plus le sentir près de lui mais parce qu'au contraire, il ne voulait pas prendre le risque d'empirer les choses en réclamant une longue étreinte qui pourrait les exposer si quelqu'un traversait brusquement le terrain. C'était idiot, parce qu'il n'y avait personne, mais c'était sa manière de compenser son sursaut de bêtise. La vérité, c'est qu'il ne supportait pas de pleurer devant Swann et c'est la raison pour laquelle Rory lui tourna le dos une seconde. Il partageait la vie de la plus belle personne qu'il lui ait jamais été donné de rencontrer, celle d'un homme qui donnait tout son sens au mot aimer rien qu'en étant près de lui jour après jour. Il n'avait pas le droit d'être triste. Il n'avait pas le droit de l'être parce que Swann n'en était pas moins formidable et parfait, et le meilleur petit-ami qu'on puisse rêver d'avoir. C'était lui qui en attendait trop quand il devrait déjà s'estimer chanceux de ce qu'il avait. Combien de personnes ne connaîtraient jamais le grand amour ? Se marier ne devrait pas être si important, tant qu'il avait l'amour de Swann. Si ? « Tu veux qu'on reprenne le match ? » Il lui fit face à nouveau, un sourire effacé sur les lèvres, ses dents mordant l'intérieur de sa joue. « T'as peut être soif ? Ou faim ? Tu veux qu'on aille manger quelque chose ? » Il noyait le poisson, il s'évertuait à le faire pour ne pas rendre l'instant plus douloureux quand tout ce qu'il avait toujours voulu, c'était être avec lui. Aujourd'hui et pour toute la vie, avec ou sans mariage. Il aurait voulu l'épouser, lui. Juste lui. « Je peux tout ramasser et on peut se mettre en route si tu veux pas rester ici... » Et tandis qu'il s’accroupit et laissa ses doigts se refermer autour de l'écrin, c'est un cœur lourd qui se tordit au fond de sa poitrine et un regard à nouveau embué qui retrouva celui de Swann. La vérité était aussi simple qu'elle était à cet instant douloureuse : il ne savait pas quoi faire de cette bague parce qu'il n'y a qu'à son doigt qu'elle aurait été à sa place. Pour autant il ne pouvait pas envisager de s'en défaire, pour tout ce qu'elle symbolisait encore et tout ce qu'elle symboliserait toujours. « Je voulais pas gâcher cette journée. » Alors s'il te plaît, faisons comme s'il ne s'était rien passé et oublions à quel point je peux être stupide parfois.

i'm fine:

« Tu m'aimes mais tu veux pas m'épouser. » Le résumé de la situation est d’autant plus douloureux qu’il n’est que le reflet de la réalité. Swann l’aime profondément et sans concession, c’est un fait, mais il est aussi et surtout incapable de l’épouser. Ce n’est pas l’envie qui lui manque, simplement la force et le courage. L’anglais ne le reprend pas sur ses mots, trouvant déjà la situation bien assez difficile à gérer pour qu’il ne veuille y ajouter des troubles supplémentaires. Il ne cherche pas non plus à lui imposer son regard ambré et tout aussi triste que le sien. Au contraire, il profite du fait que Rory détourne le regard et souffle doucement pour en faire de même à son tour. Les sentiments de l’un et de l’autre sont bien différents mais leur peine est commune, c’est au moins une certitude. « Parce que je... » En cet instant, Swann craint autant le silence inconfortable que ses paroles imprévisibles. Pour la première fois de sa vie, il a peur de ce que l’australien pourrait lui dire. « … ça a pas besoin d'être quelque chose d'énorme, on n'est même pas forcés d'inviter qui que ce soit. On peut juste... faire ça rien que nous deux, sans cérémonie ni banquet, sans toast ni haie d'honneur. On peut juste... » Au tour de l’anglais de fermer les yeux et de souffler, plus désolé que jamais. Son petit-ami tente de trouver des alternatives là où il n’en acceptera lui-même aucune : ils ne se marieront pas, ni aujourd’hui ni demain, ni dans une fête intimiste ni nulle part ailleurs. Le problème n’est pas le déroulé de la cérémonie, le problème est le fait même de signer un papier et de rendre leur union officielle, annotée dans des dizaines et des dizaines de pages différentes sur les serveurs de la ville, de l'État et même du pays. Les mots de Rory s’emmêlent et se perdent en même temps que des larmes silencieuses commencent à couler le long de ses joues, finissant ainsi de briser le cœur déjà fragilisé du blond. Il impose une étreinte pendant quelques secondes à peine et prend le temps de chasser les larmes avec toute la douceur qui le caractérise. Durant tout ce temps, pourtant, il reste totalement muet, incapable de trouver les mots adéquats ou même n’importe quel mot qui soit. Une fois son visage sec de nouveau, pour une seconde au moins, il repasse une main dans son dos pour le serrer contre lui. Ironiquement, il ne se préoccupe plus du regard d’autrui désormais. “Je t’aime.” Il n’y a pas de mais à avoir à la suite de cette phrase. Il l’aime, c’est tout. Il l’aime et ils iront à des mariages ensemble, peut-être, mais personne ne viendra jamais au leur.

« C'est pas grave. » Si, ça l’est. Ça ne sert à rien de mentir. C’est grave. Ce n’est pas une chose qu’ils auront oubliée demain ni même le jour d’après, ce sont des souvenirs qui les tiendront éveillés pendant des années sans qu’aucune n’ose sûrement en reparler un jour. L’avis de Swann ne changera pas, tout comme sa culpabilité ne s’envolera jamais. Il soutient le regard de Rory quand il le lui offre ; ne force rien quand il détourne ses iris bleutés. « Toi aussi tu es la personne que j'aime le plus au monde. » Dans n’importe quel autre contexte, cette affirmation aurait réchauffé son coeur et aurait été la raison d’un immense sourire impossible à effacer. Il s’en veut que ce ne soit pas le cas aujourd’hui. « C'est pas grave. » Ça l’est. Répéter ces mots ne changera pas ce qu’il en pense et l’anglais se doute que cela n’aide même pas Rory à se sentir mieux. Ils sont deux êtres qui s’aiment infiniment, pourtant incapables d’être pleinement heureux ensemble. Il y a toujours une ombre au tableau, peu importe tous les efforts qu’ils mettent pour que ce ne soit pas le cas.

Il est le seul à parler et personne, surtout pas Swann, pourrait lui reprocher le fait de ne pas essayer d’améliorer la situation. « On peut faire comme si j'avais rien dit, c'était idiot comme idée... » Donnant la priorité aux gestes plutôt qu’aux mots, il glisse ses doigts entre ceux du brun pour les lui immobiliser doucement et l’empêcher de sécher frénétiquement ses larmes. L’anglais se donne lui-même ce nouveau travail, s’aidant du bout de son pouce, s’y prenant avec délicatesse et précision avec un éternel sourire en coin, lequel se veut rassurant. Sa peau est presque aussi rouge que ses yeux et cela n’aurait jamais dû être le cas, à moins d’un tir de ballon bien mal planifié. “C’était pas idiot. J’y ai souvent pensé, moi aussi.” A la seule différence qu’il se disait que ce serait vraiment incroyable de se marier avec lui, tout en sachant qu’il n’oserait jamais franchir le pas. A aucun moment il n’avait émis la simple hypothèse que Rory le ferait à sa place. Lorsqu’il émet muettement l’envie de prendre un peu de recul, il relâche aussitôt ses mains sans ne faire de commentaire d’aucune sorte.  « Tu veux qu'on reprenne le match ? » Il a envie de le prendre dans ses bras et de ne plus jamais s’en détacher. Il a envie de le voir sourire à nouveau sans que ce ne soit pour cacher une profonde tristesse. Il a envie de bien des choses, mais pas de faire semblant. Lui qui est pourtant maître dans le domaine, il ne veut pas se voiler la face avec Rory. Il mérite bien mieux que le simple Swann de façade qu’il montre au reste du monde. « T'as peut être soif ? Ou faim ? Tu veux qu'on aille manger quelque chose ? » Dans le simple mouvement de ses sourcils se lit un ‘oh, Rory’ désolé. Tout tourne toujours autour de sa personne et de ce dont lui désire alors qu’en retour, il n’a qu’envie de rendre Rory heureux de toutes les façons quoi soient et n’impliquent aucune bague à l’annulaire. « Je peux tout ramasser et on peut se mettre en route si tu veux pas rester ici... » Ses gestes se mouvoient au ralenti, et tout est pire encore lorsqu’il pose ses doigts autour de l’écrin qui ne symbolise déjà plus rien de joyeux. Le cœur de Swann se serre, lui aussi, tant au moment où il agrippe le précieux objet que lorsque son petit-ami pose de nouveau ses yeux sur lui. « Je voulais pas gâcher cette journée. » Aucune journée passée en sa compagnie ne pourrait être gâchée. “Ça veut pas dire que je ne peux pas la porter.” Son avis reste toujours le même et sa réponse avec, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas envie de toujours garder un souvenir de Rory près de sa chair et qu’il ne peut pas le faire. Un collier, un bracelet, peu importe. Il pourrait la porter de bien des manières sans que jamais personne ne lui pose de questions à ce sujet. “T’as rien gâché, Rory. Tu m’étonneras toujours.” Et cela n’a rien d’un reproche, bien au contraire, en témoigne le sourire qu’il ajoute peu à peu à ses mots. Finalement, sa main se tend et s’ouvre doucement pour qu’il lui remette l’écrin. Cela ne sera jamais aussi symbolique que s’il lui avait passé au doigt mais au moins, il n’aura jamais à reposer le bijou en boutique ou à le garder chez lui, attendant de trouver quelqu’un capable de le porter. Ce sera leur secret, un de plus, mais le plus beau de tous. "Je suis d'accord pour rentrer." Ici, il ne se sent plus à sa place. L'endroit est déjà entaché de trop de souvenirs qu'il ne juge pas bons de ressasser. "On a pas eu besoin de ça jusque là pour être heureux... Ça ne changera pas maintenant, tu sais. Je continue à t'aimer, être fier de toi et te souhaiter le meilleur." Les mots à peine murmurés ne sont qu'à destination de l'australien et d'aucun autre, maintenant que Swann recommence à se souvenir qu'ils ne sont pas seuls mais qu'il rêverait que ce soit le cas. "J'ai pas révisé mon texte mais en ce qui concerne la fidélité, le bonheur, amour, la santé et la maladie, je peux te le promettre ici et maintenant." Non, il ne connaît vraiment pas son texte. Mais il sait au moins qu'il en pense et en pèse chaque mot.

 

'Cause you and I, we're one of a kind unbreakable.

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Les larmes avaient à peine le temps de couler de ses yeux qu'elles étaient séchées en une caresse de Swann sur sa peau, avec cette douceur et cette patience inhérentes au blond. Rory le savait, l'anglais n'avait jamais aimé voir cette tristesse sur son visage et même dans ces circonstances il parvenait encore à lui confirmer ce dont l'australien n'aurait jamais pu douter même une minute : il était le petit-ami le plus attentionné et le seul rempart dont il ait besoin dans un moment où ses yeux humides parvenaient difficilement à s'y retrouver. Ce n'était pas Swann qui directement avait fait couler ces larmes sur ses joues, c'était Rory lui-même en ayant nourri des espoirs trop grands quand il savait, pourtant, qu'il ne leur était pas permis de rêver au-delà du raisonnable. Et ça lui avait toujours convenu, toujours suffi, parce que seule avait toujours compté l'idée de passer sa vie auprès de Swann, peu importe qu'aucun prêtre ne puisse jamais célébrer leur union. Ce n'était pas possible il y a encore peu de temps lorsque le simple fait d'aimer un homme l'aurait empêché de prétendre au mariage, alors quelle différence ça pouvait bien faire d'y renoncer pour de bon quand l'important avait toujours été ailleurs ? Ses mots n’apaisaient peut être pas encore totalement son cœur remué par des émotions trop fulgurantes pour qu'il puisse pleinement les assimiler, mais l'entendre lui dire qu'il l'aimait était la seule chose dont il avait besoin. « Moi aussi je t'aime. » Il le pensait tout à l'heure lorsqu'il avait posé un genou à terre et voulu rendre compte de tout ce qu'il représentait à ses yeux et d'à quel point il le rendait chaque jour un peu plus fier de partager sa vie. Et il le pensait encore, à cet instant où il voudrait juste oublier les dernières minutes pour le serrer un peu plus fort et prétendre qu'il ne s'était rien passé. Si Swann lui n'allait nulle part, alors le reste avait peu d'importance.

En ça, rien de tout ceci ne pouvait vraiment être grave. Swann l'avait rendu heureux chaque seconde depuis le début de leur histoire et ça n'était pas cette journée qui viendrait assombrir leur horizon ni faire de l'acteur un homme moins épanoui qu'hier s'il avait toujours son amour. La tristesse qui s'était emparée de son cœur lorsque l'anglais avait écarté cette bague finirait par s'anesthésier, tout comme ses yeux sécheraient leurs larmes pour mieux se perdre à nouveau de longues heures dans les siens. Et dans un monde idéal, cet instant n'aurait même aucune incidence sur les prochaines heures ni les prochains jours, et tout serait déjà oublié sans qu'ils n'aient même jamais à en reparler. Dans un monde idéal, il aurait pu faire disparaître cet écrin dès la seconde où le regard de Swann s'était teinté de surprise et alors personne n'aurait souffert, aucun cœur n'aurait été brisé et cette journée aurait été aussi parfaite que toutes les autres. Ce monde n'était peut être pas idéal mais il l'était définitivement à ses yeux lorsqu'il pouvait profiter de ses étreintes, de ses baisers et de ses caresses, et en ça il ne voudrait pas en changer même s'il avait le choix. Parce que c'était le seul où il soit certain de pouvoir vieillir à ses cotés, le seul où il soit certain de pouvoir l'aimer même au prix de certains sacrifices et qu'en ça, il avait tout d'idéal justement.

Son regard s'éclaira d'une lueur plus douce et un peu moins triste, se raccrochant au sien autant qu'aux paroles à peine prononcées par l'anglais. « C'est vrai ? » Il demanda comme pour être sûr, comme pour s'assurer qu'il n'avait pas simplement fantasmé ces paroles qui signifiaient tant pour lui. « T'y as souvent pensé ? » Lui aussi, il s'était déjà imaginé l'épouser, quand bien même il était sans doute toujours revenu à la raison ? Parce que la seule idée que Swann ait pu éprouver la même envie même que l'espace d'une seule seconde, même qu'une seule fois en plus de deux ans de relation, emplissait son cœur d'un réconfort immense. C'était tout ce qu'il avait besoin d'entendre, parce que ça n'avait pas tant d'importance qu'ils ne puissent pas vraiment le faire si l'anglais en avait eu envie lui aussi. Tout ce que craignait Rory depuis l'instant où il avait compris que cette idée avait tout de déraisonnable c'était que Swann puisse se rendre compte qu'il ne voulait pas la même chose que lui pour cette relation. A présent son cœur s'était comme libéré d'un poids et son sourire, lui, s'était étiré avec tendresse. Il se détacha non pas pour le fuir lui mais pour reprendre ses esprits sans plus laisser penser à Swann qu'il était dans cet état à cause de lui, alors qu'il lui avait donné la seule réponse qui soit probablement sensée dans cette situation. Rory avait besoin de tout dédramatiser pour retrouver au plus vite les étreintes de l'homme qu'il aimait et éviter de repenser à cette après-midi aussi longtemps que ça lui serait possible. Il avait besoin de meubler les silences, besoin que Swann comprenne qu'il l'aimait toujours de la même façon et que rien ne changerait parce qu'il avait eu la bêtise de laisser parler son trop-plein de sentimentalisme dans un moment où il avait pourtant déjà tout pour être heureux. Mais plus que tout, il avait besoin de penser à autre chose qu'au moment où il aurait peut être à rendre cette bague qu'il n'imaginait pourtant plus nulle part ailleurs qu'auprès de Swann. Ses paroles valurent alors à Rory de retrouver son regard avec beaucoup moins d'appréhension tandis qu'il entrouvrit les lèvres sans qu'aucun son n'en sorte. Il disait vouloir quand même la porter et son cœur se réchauffa en même temps que ses yeux brillèrent d'émotion, à cet instant où son sourire rendait compte d'à quel point il en était heureux. Silencieusement, il lui tendit l'écrin et plongea son regard amoureux dans le sien. « Mais pour une fois t'aurais peut être préféré que je sois un peu plus prévisible... » Son léger sourire lui prouverait que lui aussi aurait préféré que Swann n'ait pas à composer avec ce genre de surprises au cours d'une après-midi qui aurait pu se dérouler sans encombre. C'était fait maintenant et la seule chose qui comptait à ses yeux, c'était qu'il ne lui en veuille pas d'avoir essayé, par amour. A nouveau proche de lui, il glissa sa main dans la sienne et colla son front au sien sans plus penser l'espace d'un instant au fait qu'ils n'étaient pas encore rentrés, pas encore chez eux. Leurs cœurs avaient été assez éprouvés pour qu'ils aient mérité de profiter de cet instant et son cœur, justement, bondit dans sa poitrine aux mots prononcés par l'anglais. « Non, c'est parfait comme ça. » Tu es parfait, disaient ses yeux tandis qu'une de ses mains remontait le long de sa nuque. « Moi aussi je te promets de t'aimer, de faire ton bonheur et de te rester fidèle, même dans les moments où tout sera pas forcément parfait, même dans ceux où on fera peut être des erreurs. » Parce que c'était ça, aussi, d'aimer quelqu'un plus que tout, au point de vouloir construire sa vie avec lui. Qu'il se serait marié avec lui pour le meilleur et pour le pire et que si dans les pires moments il y avait toujours autant d'amour qu'il en brillait aujourd'hui au fond de leurs yeux, alors le pire ne lui faisait pas peur un instant. « Toi, tu m'aimeras toujours quand je serai vieux, bossu et que j'aurai les cheveux gris ? » C'était comme une douce manière de sous-entendre que lui l'aimerait peu importe les obstacles, les imprévus, le temps qui passe. Il voulait de cette vie avec lui, il voulait de chaque instant sans concession aucune. Ses doigts libérèrent lentement les siens tandis qu'ils entreprirent de traverser le terrain cette fois en sens inverse, d'accord pour dire qu'il était sûrement préférable de rentrer pour ne pas passer davantage de temps dans cet endroit quand ils pourraient le passer chez eux, à l’abri des regards. Sa main frôla la sienne sur le chemin du retour, profitant de chaque moment où la rue était déserte pour initier un contact, échanger un regard, lui sourire un peu plus longtemps. Reposant ses yeux sur l'écrin enfermé dans la paume de Swann, il souffla. « Je peux retourner dans la bijouterie où je l'ai achetée et leur demander d'y ajouter une jolie chaîne... » Ou peu importe la façon dont il déciderait de la porter, il voulait juste qu'il sache que rien ne le rendrait plus heureux que de savoir qu'il voulait de cette bague malgré tout. « Ça m'est égal si tu la portes pas à ton doigt. On n'est pas obligés de faire les choses de façon traditionnelle. » Et Swann dépensait suffisamment d'énergie à vouloir contrôler chaque détail de sa vie pour avoir gagné le droit de déroger à certaines règles pour une fois. Rory, lui, lui en donnait l'autorisation et espérait que ça suffirait à ce qu'il se l'autorise aussi. Ils n'avaient pas besoin d'être traditionnels parce que leur amour ne l'était probablement pas et qu'il les rendait heureux malgré tout. « Je t'aimerai toujours autant même si tu me disais que tu voulais pas la porter du tout, tu le sais pas vrai ? » Il avait besoin de le lui dire, besoin qu'il sache que ce n'était pas une bague qui remettrait en question son amour ou son envie de vivre à ses cotés. « On pourra continuer le match une fois au loft, si t'as pas peur qu'on casse un carreau et que le ballon assomme une innocente voisine qui promenait son chien... » Il retrouva son regard, lui sourit et songea que pour tous ces petits moments avec lui qu'il n'échangerait pour rien au monde, il ne s'autoriserait pas à être triste trop longtemps à propos de cette journée.