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 noralfie + it doesn't even matter

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Message(#)noralfie + it doesn't even matter EmptyMar 2 Fév - 15:31

IT DOESN'T EVEN MATTER
i tried so hard and got so far but in the end it doesn't even matter – @alfie maslow

Le baiser affectif que Percy fit sur le front de sa petite soeur la fit sourire. Il semblait si soucieux. Des trois frères, il était celui qui peinait le plus à dissimuler ses émotions. Il lui demandait une dernière fois si elle était bien sûr qu'elle n'avait besoin de rien et elle lui avait répondu, encore une fois, qu'elle avait tout ce qu'il faut. Suffisamment chanceuse pour avoir une famille proche qui lui rendait des visites régulières, qui faisaient ce qu'ils pouvaient pour qu'elle se sente bien. Ils n'étaient pas capables de grand chose lorsqu'il s'agissait de douleurs ou de soins médicaux, mais ils pouvaient faire en sorte que son mental ne poursuive pas sa chute vertigineuse. "Norah." Ses yeux se réouvrirent dès que le médecin l'appelait. Il venait de lui poster une question, mais elle s'était assoupie en cours de route. La morphine l'assomait quelque peu. "Qu'est-ce qu'il y a à dire ?" Elle n'avait beau pas être fautive dans cet accident, le traumatisme, autant psychique que mental, lui, était bien présent. Depuis qu'on l'avait réveillé de son coma, elle parvenait à se reposer (ce qui était déjà une très bonne chose), mais aussi le temps de réfléchir. Avoir pleinement conscience de savoir qu'elle n'était vraiment pas passée loin et remarquer que le médecin, et ami de longue date, n'était encore à ce jour pas encore serein quant à la suite des événements, c'était éprouvant pour elle. "Montre-moi le compte-rendu médical." "Pour quoi faire ?" "Je veux voir." "T'es sérieuse, Norah ? Je t'ai déjà tout raconté. Est-ce que j'ai une seule raison de te cacher quelque chose ?" rétorquait Andy aussitôt. "J'ai rien dédramatiser, tu sais déjà tout ce qu'il s'est passé, tout ce qu'on a déjà fait." Il savait que ça n'aurait servi à rien de lui cacher quoi que ce soit : elle l'aurait su un jour ou l'autre de toute façon. Il n'était pas non plus totalement convaincu que tout lui dévoiler était la meilleure des idées, mais c'était son droit. Il la voyait, à regarder dans le vide, à avoir de temps en temps des absences quand elle n'avait pas de visite. Même si elle se reposait encore beaucoup en présence de ses proches, Norah déployait la majeure partie de son énergie à être en mesure de suivre une conversation décente avec eux. En dehors de cela, elle restait dans ses pensées. Les prises de conscience étaient nombreuses. "En tout cas la visite de tes frangins font plaisir aux collègues. Elles se rincent toute bien l'oeil." dit-il afin de changer de sujet. Un sourire discret se dessinait sur le visage de Norah, le regard même un peu malicieux. "Pourquoi ça ne m'étonne pas."

Quand Norah rouvrait les yeux, Andy était parti. Mais la chaise sur laquelle il avait été assis pour discuter avec elle était toujours à la même place. Toujours une douleur lancinante, toujours l'appréhension de prendre une inspiration profonde car ses fractures lui faisaient mal même pour la simple respiration. Toujours des lunettes à oxygène sous le nez. Toujours sa main gauche dans une attelle, toujours des drains pour évacuer les hématomes. Toujours les vertèbres fracturées, toujours les multiples plaies sur ses bras, son visage, son torse et ses jambes qu'une de ses collègues vint nettoyer un peu plus tard avant d'en recouvrir la plupart avec des pansements adaptés. Norah se sentait réduite, enracinée dans un lit duquel elle avait hâte de pouvoir se lever. A moitié ensuquée par la morphine, l'estomac en vrac avec la montagne d'antibiotique et autres traitements pour suppléer à ses besoins et la rendre la plus confortable possible. Elle ne pouvait qu'attendre. Attendre et se reposer. En définitive, deux choses qui avaient disparu du vocabulaire de la belle brune depuis plusieurs années. Andrew aurait voulu l'entendre verbaliser ses pensées après ce choc. Traumatisée, elle l'était. A quel point, il l'ignorait. Elle n'en parlerait que vaguement plus tard à son grand frère, et encore, le nombre de mots se faisait bien maigre. Mais d'avoir approché de si près la mort avait été brutal. Quelque chose qu'elle n'arrivait pas à encore tout à fait à mesurer, tout comme son deuil. Il y avait désormais deux problèmes à résoudre, mais l'électrochoc qu'était l'accident de voiture la poussait malgré elle à se poser un bon nombre de questions existentielles. Repousser ses limites. C'était ce qu'Alfie lui avait conseillé lorsqu'ils s'étaient vus pour la dernière fois. Quelques minutes avant l'accident, finalement. Il suffisait qu'elle pense à lui pour qu'elle sente son coeur se serrer. Pire encore, de le voir apparaître dans sa chambre d'hôpital. Etait-il là depuis longtemps ? Norah ne saurait dire. Elle s'était probablement assoupie (encore une fois) et ne l'avait pas entendu entrer. Elle était persuadée que leur amitié, qui lui était si cher, était fichu. Tout ça à cause d'un fichu baiser. Certes, elle avait à peine effleurer ses lèvres, mais fallait pas se mentir, c'était considéré comme tel. Tout ça à cause du paroxysme de sa vulnérabilité à ce moment là. Si elle s'attendait à ce qu'il se pointe à l'hôpital pour la voir, elle n'y aurait jamais cru. La brune restait longuement mutique, son regard vide néanmoins vissé sur lui. La seule chose qui trahissait sa nervosité était la sensible accélération de son rythme cardiaque symbolisé par une courbe sur le moniteur auquel elle était constamment reliée. La distorsion temporelle l'empêchait de savoir combien de temps elle l'avait regardé avant de prononcer enfin quelques mots. "Si j'avais su qu'on inverserait un jour les rôles..." Drôle d'ironie. Un humour qu'elle n'était pas certaine d'apprécier.
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Message(#)noralfie + it doesn't even matter EmptyLun 15 Fév - 1:22


@NORAH LINDLEY & ALFIE MASLOW ⊹⊹⊹ i kept everything inside and even though I tried, It all fell apart, What it meant to me will eventually Be a memory of a time when I tried so hard.

Lorsque son portable se rappelle à lui, deux options s’offrent à Alfie. La première, la plus récurrente, est de simplement l’ignorer, son intérêt pour les autres devant être piqué autrement que par un sms absolument banal laissant présager une conversation au potentiel ennuyeux particulièrement élevé – toutes ses excuses (non) à ses amis. La seconde, plus rare, consiste à rappeler la personne incriminée par ce soudain intérêt de sa part ou, à défaut, d’y penser de manière récurrente jusqu’à ce que leurs chemins se croisent. Dans le cas des messages d’Anwar pour le tenir au courant de l’état de Norah, Alfie se situe dans un entre-deux. Ses pensées s’égarent parfois sur Norah, pourtant il ne donne aucun signe de vie – peu importe si on peut lui le reprocher, ça ne fera qu’une ligne de plus sur la longue liste de ses méfaits. Bien sûr, la singularité de l’anthropologue l’empêche d’accorder la totalité de ses pensées à l’infirmière, mais, de temps à autre, elle se rappelle à lui. C’est le problème avec Alfie autant que c’en est un pour le principal concerné : son cerveau va vite, trop vite et il pourra être soucieux de quelqu’un avant de passer à autre chose la seconde d’après, lui conférant la réputation de n’avoir une sollicitude que partielle à l’égard des autres. Inutile de prétendre l’inverse, c’est bien évidemment vrai. N’allez pas croire que ce soit facile pour le principal concerné ; parfois, il aimerait être comme tout un chacun et s’empêcher de se disperser de cette manière, pour mieux cadrer à l’attitude que l’on attend de lui. Parfois, seulement, avant que le naturel ne revienne et qu’il pense à autre chose, son introspection très vite balayée par une certaine nonchalance qui se mêle à son habituelle égoïsme. On peut lui reprocher bien des choses, à Alfie, néanmoins si son attention est souvent brève et jamais gagnée d’avance, lorsqu’elle apparaît, c’est une victoire pour son entourage : ils ont su le marquer, d’une façon ou d’une autre, suffisamment pour qu’il pense à eux et que cette pensée, même fugace, soit sincère.

C’est ce qu’il se produit avec Norah. Car même si les raisons qui l’ont poussé à ne pas franchir les potes de l’hôpital avec la même précipitation qu’Annie ou Caelan sont nombreuses, ce n’est pas pour autant qu’il est insensible à cet accident. Bien sûr, il n’est pas de ceux qui iront tenir la main de Norah pendant des heures, des jours, même ; il n’y a qu’à voir la manière dont il est assis dans ce fauteuil, les pieds posés sur ce lit contre ceux de la jeune femme qu'il repousse sans honte lorsqu'elle bouge dans son sommeil et un paquet de chips quinoa/kale dans les mains qu’il dévore à un rythme effréné. La pitié ? Très peu pour lui, il s’imagine sans peine que toute sa famille est passé par là avant lui et même Anwar, aussi gentil soit-il, a dû lui offrir son regard de chien battu qui donne envie de tout lui offrir (c’est bien pour ça qu’il a perdu sa mise, la dernière fois). La gêne ? Là-aussi, c’est un domaine qu’il maîtrise lorsqu’il s’agit de la provoquer à autrui et non de la vivre ; ainsi ce pseudo baiser, s’il se doit de venir sur le tapis, ne serait pas évoqué de la manière dont on pourrait s’y attendre. Pour l’heure, il n’est pas question de cela, autant qu’il n’est pas question de la moindre réaction, puisque la jeune femme dort à poings fermés. "Si j'avais su qu'on inverserait un jour les rôles..." Et lorsqu’elle ouvre enfin les yeux, celle d’Alfie va de pair avec le personnage : elle n’a pas forcément de sens, semble appropriée et il prend donc un malin plaisir à la verbaliser. « Ouais, enfin tu seras mignonne de pas en faire une habitude. » Il soupire, là-aussi exagérément. « J’aime pas qu’on me vole la vedette. » Il l’a dit ; il serait bien qu’elle s’abstienne et peut-être que les raisons invoquées ne visent qu’à ne pas formuler les véritables. « Y’a d’autres façon de te faire remarquer, tu sais. » Il lui souligne alors qu’il croque une nouvelle chips entre ses dents. Oh, le plus logique serait de lui demander comme elle se sent ; mais elle a sûrement répondu des dizaines de fois à cette question au cours des derniers jours, inventant chaque fois un mensonge différent pour satisfaire ceux qui posent la question et qui n’attendent pas de jouer au fin psychologue qui saura lui apaiser l’esprit après un tel événement. Il refuse de prendre ce rôle, parce qu’il sait pertinemment qu’il ne serait pas doué, autant que ce n’est probablement pas ce qu’elle attend de lui. Il pourrait aussi lui demander si elle n’a pas trop mal ; mais l’étendue de ses blessures autant que la médication qui coule sans discontinuité lui donne un indice quant à la réponse – autant ne pas lui faire l’affront de ne pas l’avoir remarqué. Il pourrait tout simplement lui demander si elle a besoin de quelque chose ; mais le personnel est là pour ça, traitez le de privilégié, jusqu’à preuve du contraire il n’est pas payé à raffermir les coussins et on en reviendrait au principal problème : elle n’a pas besoin de sa pitié.

@Norah Lindley :l:
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Message(#)noralfie + it doesn't even matter EmptyMar 16 Fév - 19:43

IT DOESN'T EVEN MATTER
i tried so hard and got so far but in the end it doesn't even matter – @alfie maslow

La présence d'Alfie était exceptionnelle. L'un de ces événements qui mériteraient de marquer ce jour au fer rouge, d'en faire une fête nationale ou quelque chose du genre. Norah, bien qu'embrumée par les différents antalgiques, savait que rien que cela relevait de l'improbable. Un signe qu'il se faisait du souci. Dans quelle mesure, ça elle l'ignorait. Autant elle adorait être surprise par le caractère difficile à cerner d'Alfie, autant parfois elle aimerait avoir connaissance de ses échelles, de savoir retranscrire la moindre de ses attitudes afin qu'elle soit plus compréhensible pour une personne lambda – pour une personne comme elle, en somme. C'était parfois à se demander pourquoi ils étaient parvenus à s'entendre, comment ils avaient su devenir des amis, à profiter de chaque moment passé ensemble. Parce qu'Alfie n'aimait pas perdre son temps en jérémiades et activités inutiles. Tant que cela servait ses intérêts, sinon, ça n'en valait pas trop la peine. Alors comment justifiait-il le fait qu'il soit installé dans son fauteuil, à avoir attendu pendant on ne savait combien de temps que la belle brune ne se réveille ? Norah se le demandait bien. "Il fallait bien que quelqu'un te vole tes lauriers pendant quelques temps. Ca ne peut que faire du bien à ton égo." rétorqua-t-elle aussitôt, presque amusée de savoir qu'il n'avait pas changé. Quoi qu'elle le trouvait un peu différent. Elle ne savait pas quoi précisément, mais oui, elle avait la certitude qu'il y avait un truc qui n'était pas pareil. Allez savoir quoi.  "C'est pas comme si j'avais eu le choix." Ce n'était pas elle qui avait grillé le feu rouge, après tout. Mais tout aurait finalement put se jouer à quelques secondes près. Si elle avait été restée un peu plus avec Alfie, ou si elle était partie juste avant d'avoir été tenté de l'embrasser, peut-être n'en aurait jamais été là. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle ne pouvait rien faire pour en changer quoi que ce soit de toute manière. Ce n'était pas ça qui la faisait ruminer le plus dans son coin. "Je préférerais largement devoir gérer ta condescendance quand t'es hospitalisé plutôt que de rester clouée dans ce lit à longueur de journée, crois-moi." Norah était indépendante, Alfie le savait. Il savait aussi ce que c'était que d'être prisonnier de son corps, ou du moins de se rendre compte que celui-ci ne répondait plus correctement aux consignes qu'on lui donnait. "On échange quand tu veux." Enfin, elle tournait son regard vers lui. Il était là. Alfie n'avait jamais fait dans le politiquement correct, ni dans le convenable ou même l'acceptable. Aucun de ces trois principes ne justifiait sa présence. Car s'il n'avait pas eu envie de venir, il ne serait pas venu. Durant leur dernière rencontre ne s'était pas terminée sur une note positive. Norah s'était même persuadée que leur amitié était fichue depuis. A moins qu'il voulait passer par là pour l'officialiser. Pour lui, ce n'était peut-être pas grand chose, ce pseudo-baiser. Mais dans le cas de la brune, c'était loin d'être anodin. Loin d'être un geste qu'elle oublierait en un claquement de doigt. Avant lui, les dernières lèvres qu'elle avait effleuré étaient celles de Frank – oui, ça faisait sacrément longtemps. "Oh tu sais, je me suis dit, quitte à avoir un accident, autant y aller fort tout de suite." ironisa-t-elle. Et que l'on ne s'y méprenne pas, Norah avait eu peur. Sacrément peur, même. Avoir pris conscience qu'elle avait été à un cheveu de mourir l'avait sacrément chamboulé et ne l'avait jusqu'à ce jour que verbalisé avec Marcus. "C'est toi qui m'a dit de franchir mes limites." Il y avait dit un truc du genre, en tout cas. Eh bien il avait désormais le résultat devant ses yeux. Elle aurait curieuse de savoir comment il avait appris la nouvelle, mais se gardait bien de le lui demander. "Voilà chose faite." Au fond, Norah ressentait une sorte de soulagement de savoir... eh bien qu'il voulait bien lui parler encore. Tout simplement. Bien qu'il savait être imbuvable et qu'il mérite plus d'une paire de claques, elle l'appréciait telle qu'il était. Ca lui permettait de rester à l'affût, d'être toujours surprise en sa compagnie. Elle se demandait si, au-delà du fait qu'elle puisse être l'une des rares à le supporter des heures durant, il y avait autre chose en elle qui pouvait susciter son intérêt. Parce que c'était ce qu'il recherchait. Son esprit curieux avait besoin d'inattendu et d'insolite. Il aimait expérimenter. "Tu te cherchais un endroit insolite pour manger tes chips ? Dans ton cas, les hôpitaux, ça n'a rien de très original." lui fit-elle remarquer avec un vague sourire amusé. Elle suivait volontiers son jeu. Au moins avait-elle le mérite d'avoir un peu plus de réparti qu'à leur dernière promenade, qu'importent les quantités de morphine et de valium qui coulaient dans ses veines. Il dissimulait le moindre sens de sa pensée par son humour et son arrogance. Toujours présent pour faire réagir, ou pour plutôt étudier la réaction des autres face à ses propos. Son manque cruel de filtre avait quelque chose de rafraîchissant. L'infirmière savait l'apprécier à sa juste valeur. Même si sa présence la rendait perplexe, même si elle ressentait une vive appréhension sur la suite de leur amitié, si leur pseudo baiser allait avoir un quelconque impact sur leur amitié. Elle n'en avait parlé à personne, c'était quelque chose qu'elle gardait bien pour elle. Un état de faiblesse qu'elle refusait encore d'accepter. Car à ce jour, son geste lui était aussi tout inexplicable qu'incongru. Pas qu'Alfie ne lui plaisait, mais plutôt que ça ne ressemblait vraiment pas à Norah de se comporter de cette façon là.
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Message(#)noralfie + it doesn't even matter EmptyJeu 11 Mar - 21:24

Le commun des mortels se serait inquiété de l’état de la jeune femme après un tel accident, l’aurait assaillie de questions oscillant entre la pitié et la bienveillance à outrance, n’aurait pas hésité à préciser sa disponibilité à son égard jusqu’à l’excès, lui assurant que la visite n’a rien d’unique et qu’elle pourra compter sur eux. Alfie, lui, se passe bien de ces discours-là, qu’il considère plus hypocrite qu’autre chose. Ce n’est pas qu’il s’en fiche parfaitement de son état, c’est surtout qu’il se doute qu’il s’agit d’un sujet qu’elle a abordé encore et encore – et même si leurs retrouvailles s’opèrent dans un tel contexte, ce n’est pas pour autant qu’il a envie de percevoir Norah comme l’accidentée du jour et non comme une amie à part entière. Il parle d’expérience ; il n’a jamais aimé qu’on lui adresse un regard de pitié à chaque fois que ses limites l’emmenaient à l’hôpital, préférant passer des semaines entières de convalescence en solitaire plutôt que d’avoir à assurer, encore et encore, qu’il ne va pas si mal et que la situation n’est pas si grave. La dernière en date lui a confirmé son avis sur la question et son envie de ravaler cette pitié qu’il peut lire dans certains regards, même s’il n’est pas assez égoïste pour ne pas avoir un soupçon de reconnaissance. De son côté, il ne compte pas mettre sa vie entre parenthèses pour Norah, s’il la considère comme une amie, ce n’est pas pour autant qu’il se sait en mesure d’être à son chevet dès qu’elle en verbalisera le besoin – elle a des frères, autant qu’ils servent à quelque chose, pas vrai ? Son discours pourrait choquer ; pour autant Alfie l’assume parfaitement. Il n’a jamais été friand des promesses en l’air et s’il n’hésitera probablement pas à la rejoindre si elle l’interpelle par envie de se changer les idées et de sortir du cocon bienveillant à l’extrême construit par son entourage, il préfère ne pas lui assurer d’une présence continue : il n’a jamais été très doué dans le domaine, l’anthropologue, encore plus en sachant que ses jours sur le territoire australien sont comptés. Il le lui a dit, il ne compte pas s’éterniser et en ce sens il n’a aucune raison de confirmer sa présence à ses côtés. Dans le cas contraire, il ne l’aurait de toute évidence pas fait beaucoup plus – il n’a jamais aimé ce genre de contexte malgré cette prédisposition à la souffrance. La sienne, oui, mais pas celle des autres. Il n’y est pas insensible, il n’y est pas sensible, il est juste indifférent dans un sens et même si comme le démontre sa présence sur cette chaise aujourd’hui il possède néanmoins des émotions qui lui permettent de mettre ses habitudes et sa façon de penser discutable de côté, ce n’est pas le signe d’un profond changement qui fera de lui le meilleur des auxiliaires de soins.

Alors non, il ne s’enquiert pas de son état, pas comme il le faudrait, du moins, ce n’est pas pour autant qu’il est complètement aveugle à ce qui se joue devant ses yeux, à ses tuyaux auxquels elle est encore relié, à la fatigue qui émane d’elle, à la douleur, probable, qu’elle ressent. Simplement, il décide d’en faire abstraction, même si tout autour d’eux crie que c’est le seul élément auquel il devrait prêter attention ; non. C’est une amie qui a un accident, ce n’est pas une blessée qui est une amie. "Il fallait bien que quelqu'un te vole tes lauriers pendant quelques temps. Ca ne peut que faire du bien à ton égo." Une moue se lit sur son visage, tandis que ses lèvres miment une grimace. « Au contraire, il s’en retrouve tellement blessé. » Pauvre égo, il l’a dit ; il n’aime pas qu’on lui vole la vedette et c’est très exactement ce qu’il se passe à cet instant. Insupportable, intolérable, bien évidemment. "C'est pas comme si j'avais eu le choix." Le brun hausse un sourcil, puis les épaules : « c’est sûr que si tu commences à sortir les arguments avec lesquels je ne peux rivaliser. » Il souligne, feignant d’être abattu par ce constat. Il ne lui fait pas l’affront de lui demander de répéter les circonstances qui l’ont amenée ici ; Anwar l’a tenu au courant de l’essentiel et il part du principe que ressasser ce terrible événement est plus problématique qu’autre chose. Un feu rouge, un accident, avoir été présente au mauvais moment, il ne lui en faut pas plus pour lier les événements et c’est bien suffisant. Ça l’est d’autant plus qu’il a l’assurance de n’avoir joué aucun rôle là-dedans, même si sa culpabilité aurait été moindre dans ce cas précis : il n’aurait pas eu à s’excuser de l’avoir rejeté, même si cela avait mené à un accident de voiture. Ce n’est pas lui qui a mis l’autre sur son chemin, il aurait pu être touché, mais sans être empli de regrets. "Je préférerais largement devoir gérer ta condescendance quand t'es hospitalisé plutôt que de rester clouée dans ce lit à longueur de journée, crois-moi." Piquant une nouvelle chips dans son paquet, Alfie hausse les épaules en affichant un air détaché. « Pas besoin que je sois hospitalisé pour que tu la supportes, si ça peut te divertir. » De la condescendance, il en possède tout autant lorsqu’il n’est pas à deux doigts d’y rester, même si celle-ci se mêle de plus en plus à une certaine agressivité induite par des troubles qui ne viennent pas uniquement de lui. "On échange quand tu veux." Il fait mine de réfléchir un court instant avant de lever la main et brasser l’air. « Ouais non, l’hôpital refuse de me donner une nouvelle carte de fidélité, ça n’en vaut pas la peine. » Déception. "Oh tu sais, je me suis dit, quitte à avoir un accident, autant y aller fort tout de suite." Il fait mine de la jauger quelques instants, avant de pencher la tête et de pincer les lèvres. « Un peu trop pour une première, non ? T’as jamais eu le mémo comme quoi il faut commencer doucement ? » Il l’interroge avant de grignoter une nouvelle chips. "C'est toi qui m'a dit de franchir mes limites." C’est vrai. Et pour être honnête, si elle s’était mise volontairement dans cette situation, jamais il ne l’aurait jugée, peut-être même qu’il se serait montré plus bavard sur l’accident qu’il ne le fait pour l’instant. "Voilà chose faite." Et comment. « Alors, verdict ? » Combien, sur TripAdvisor ? Il se moque, Alfie, en revenant à sa première pensée : il ne compte pas la traiter comme une petite chose précieuse simplement parce qu’elle est alitée sur ce lit. "Tu te cherchais un endroit insolite pour manger tes chips ? Dans ton cas, les hôpitaux, ça n'a rien de très original." Faisant mine d’observer autour de lui dans cette chambre aux murs immaculés, il finit par reporter son attention sur Norah. « Au contraire, qui penserait à manger dans un tel endroit ? » L’hôpital est plutôt synonyme d’estomac noué et non d’ouverture d’appétit. Pas que voir Norah allongé soit réconfort et ait cet effet, mais dès qu’on lui parle de quinoa, il ne répond plus de rien, Alfie. « Plus sérieusement, je pensais à quelque chose de moins douloureux, tu vois, quand on a eu cette conversation, ce jour-là. » Il conclut, d’un air entendu. Qu’elle laisse ça aux professionnels, en d’autres termes, il l’a dit, il n’aime pas qu’on lui vole la vedette.  

@Norah Lindley  noralfie + it doesn't even matter 2954228499
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Message(#)noralfie + it doesn't even matter EmptyMar 16 Mar - 18:27

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Personne ne pouvait se permettre de dire que l'on maîtrisait l'esprit humain. Pas même le plus brillant des psychiatres, ni le plus assidu des psychologue, ni le plus érudit des psychanalystes. Il fallait se plonger dans quelque chose d'immatériel et d'abstrait. Alors qu'il s'agissait là de deux concepts qui, selon Norah, était impossible à dompter par les sciences. Elle avait une sorte de fascination et d'admiration pour les psychiatres. Ils arrivaient à mettre des mots, à décrire des pathologies en ne se basant que par le ressenti purement subjectif de ses patients, des données qu'ils voulaient bien leur partager. Mettre des mots sur quelque chose qui ne se voit pas : sur aucune prise de sang, sur aucun cliché d'imagerie. Ca, ça la laissait perplexe. Alors il lui semblait bien présomptueux pour n'importe qui de savoir comment Alfie fonctionnait vraiment. Même elle peinait encore à décrire son caractère, sa façon de penser. Difficile de dire comment il interprétait les données émises par les organes de ses sens, comment sa matière calculait l'information pour donner la réaction qu'il donnait. Au final, la brune avait appris à ne plus être surprise de son insolence et de ses réponses inattendues. Ca l'amusait, même. Alors elle ne se retrouvait pas le moins du monde offusquée qu'il ne soit pas collé à son cheveu à lui demander si elle avait besoin de quoi que ce soit. Elle lui aurait de toute façon répondu à la négative. "Pauvre chouchou." dit-elle d'un air très faux, en faisant une moue aussi exagérée qu'elle pouvait le faire. "Tu veux un peu de pommade pour que ça passe mieux ?" Bien sûr qu'elle ironisait. Bien sûr qu'elle n'allait pas le plaindre. Elle n'allait jamais se comporter comme tel avec lui, ni avec qui que ce soit d'ailleurs. Ca ne servait à rien, ce n'était pas constructif pour qui que ce soit. Encore moins pour Maslow. Il restait fidèle à lui-même en toute circonstance. Quoiqu'elle le trouvait un peu... différent. Il y avait ce je-ne-sais-quoi qu'elle n'expliquait pas, mais qui était là. "Mais reconnais que tu gagnes sacrément en puissance quand t'es enfermé contre ton gré entre quatre murs." lui fit-elle remarquer avec un haussement de sourcils amusé. Leur première rencontre restait quand même la plus notable. Difficile à oublier, en même temps. Peut-être qu'au fond, c'était ce qu'il voulait, Alfie : marquer les esprits. "Et j'ai même pas de DVDs intéressants à te proposer cette fois-ci." Ca, ça l'avait diverti lui. Parlant d'occuper les esprits... C'était pour ça, qu'il était là ? Il se soucierait suffisamment d'elle pour venir de son plein gré afin de la divertir, de lui changer un peu les idées tout en grignotant ses chips de quinoa. "Je devrais pouvoir te dénicher ça." Une nouvelle carte de fidélité. La brune aurait cru que sa dernière hospitalisation l'avait quelque peu refroidi, mais il semblerait que non. Il en redemandait encore, au point de jalouser la place qu'occupait son amie. Du soucis se serait-il glissé dans ses remarques cinglantes ? Peut-être. L'on pouvait dire que c'était une forme d'affection, venant de lui. "Commencer doucement ?" rebondit-elle en le fixant. "Excusez-moi, mais est-ce bien Alfie Maslow qui est en train de me parler ?" Du sarcasme. Pur et dur. "C'est l'hôpital qui se fout de la charité quand même, là." lui fit-elle remarquer avec un léger rire. Y aller doucement. Ca ne faisait pas partie des standards du phénomène Maslow. Et puis quoi encore. Qu'elle y soit allée à la légère ou non, le résultat était là. La limite avait été atteinte, et même au-delà. Et Alfie voulait savoir l'impact que cela avait pu avoir pour elle. "Bof, pour le moment, c'est pas fou." répondit-elle, bien songeuse malgré tout. Norah avait tout le loisir du monde de mettre en perspective de nombreux aspects de sa vie. De ces réflexions sortaient des conclusions évidentes, des décisions qu'elle aurait du prendre depuis longtemps, des faits qu'elle ne se serait jamais permise auparavant. "Ca m'a fait réaliser certaines choses." dit-elle d'un ton évasif, sans pour le moment trop se plonger dans les détails – peu sûre qu'Alfie voulait vraiment les entendre. "Tu trouves ça vraiment original de manger des chips dans une chambre d'hôpital ?" Elle arquait un sourcil. "Au risque de te décevoir, t'es pas le premier et tu seras certainement pas le dernier non plus." s'amusait-elle à lui faire remarquer. Mettre les pieds sur le lit, par contre, c'était plutôt inédit, et plutôt culoté. Mais c'était Alfie. Pas d'inquiétude à avoir. Il devint alors bien plus sérieux lorsqu'il revenait sur leur dernière conversation. Sur le coup, difficile pour Norah de ne pas faire preuve de sarcasme. "Désolée, le laps de temps entre le moment où je suis partie et quand la bagnole m'a foncée dedans était un peu trop court pour que je puisse réfléchir à une version alternative." Elle avait été bien troublée ce qu'elle avait été sur le point de faire; une erreur monumentale qu'elle peinait elle-même à digérer. Pas qu'il était déplaisant à voir, Alfie, loin de là. Seulement gâcher une amitié pour l'ombre d'un baiser lui faisait sentir extrêmement mal, pour un bon nombre de raisons. "Et maintenant que ça c'est fait, je compte pas trop me pencher sur la question. J'ai assez donné." Qu'elle se remette déjà de ses trop nombreuses blessures avant de songer à quoi que ce soit d'autres. Pendant quelques secondes, la brune regardait dans le vide, songeuse. Comme elle pouvait beaucoup l'être depuis son réveil. "Je suis désolée, d'ailleurs. De... L'issue de la conversation, de ce jour-là." Elle n'en était pas fière, Norah. Ca ne lui ressemblait pas. Elle n'était pas une briseuse de couples, elle n'était pas de celles qui profitaient de l'aisance qu'elle avait avec les hommes pour répondre à un manque certain et cruel d'affection. Un horrible moment de faiblesse, voilà ce que c'était. L'apogée de sa vulnérabilité. "A vrai dire, j'étais plus ou moins persuadée que tu ne voudrais plus me voir." avouait-elle, d'une gorge nouée. Ce qui expliquait aussi la surprise qu'elle avait face à a sa présence dans cette chambre. Un léger rire nerveux s'échappait de sa bouche quasiment close. Bon Dieu, que ça la gênait. Pas sûre qu'il veuille aussi parler de ça, bien qu'il était bien plus à l'aise de nature à discuter de ce genre de choses. "T'as seulement remarqué que tu bégayais plus ?" lui demanda-t-elle après une courte pause. Norah était contente de voir qu'il s'était rétabli, de ce côté-là. Il avait été toujours si frustré de devoir se corriger en permanence, que sa parole ne débitait pas à la même vitesse que son flux de pensées. Et elle se demandait ce à quoi il pensait à ce moment précis.
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Message(#)noralfie + it doesn't even matter EmptyMar 6 Avr - 18:04

Il existe une infinité de différences entre Norah et Alfie, la plus notable d’entre elles se traduisant par la remarque qu’il se permet de faire : elle a beaucoup à perdre quand lui, à l’inverse, n’a plus grand-chose à quoi s’accrocher. Alors oui, il aurait apprécié qu’elle ne lui vole pas la vedette, car aussi égoïste qu’il soit, son boulot consiste aussi à se mettre dans la peau d’autres pour comprendre leur vision du monde et en ce sens, il sait pertinemment que Norah tient à son entourage comme à la prunelle de ses yeux, de quoi justifier le fait de ne pas réitérer l’expérience de sitôt. Peu importe qu’elle n’y soit pour rien et que sa présence ici soit due à un malheureux concours de circonstances, si le sujet peut s’exprimer de façon humoristique, hors de question qu’il ne dérive dans la réalité. "Pauvre chouchou." Assurément, à en croire la mine peinée qu’il affiche pour contrer la sienne, avant qu’elle ne reprenne la parole. "Tu veux un peu de pommade pour que ça passe mieux ?" Haussant les épaules en croquant une nouvelle chips, il souligne : « si ça peut t’aider à te remettre dans le bain. » Il est un peu précipité d’envisager son retour au travail alors qu’elle est encore allongée dans ce lit dans un mauvais état (ce n’est pas parce qu’il ne l’exprime pas verbalement qu’il n’en a pas conscience), mais s’il faut servir de cobaye pour la science, qu’il en soit ainsi. Il n’est pas certain que Jules soit ravie de cette proposition, mais il n’est pas vraiment certain non plus que Jules soit mise au courant. Son sourire satisfait au coin des lèvres, celui-ci ne le quitte pas lorsque Norah enchaîne. "Mais reconnais que tu gagnes sacrément en puissance quand t'es enfermé contre ton gré entre quatre murs." Une nouvelle fois, il hausse les épaules, feignant l’innocence, se permettant même de lever les mains devant ses épaules. « Remarque, c’est l’occasion de te venger de tes collègues, si tu veux quelques tuyaux. Je suis sûr qu’ils t’ont forcément agacé un jour ou l’autre. » Et maintenant qu’elle n’a plus le rôle de collègue, mais celui de patiente, c’est peut-être le seul moment pour justifier d’abuser de ce statut pour leur mener la vie dure et venger des années de frustration acquise au détour d’une réflexion. Pas que Norah lui donne l’impression de ne pas s’entendre avec ses collègues, mais il est persuadé que quelques désaccords peuvent se rappeler à son bon souvenir pour justifier d’être exécrable – ne serait-ce qu’une journée, si l’on considère la gentillesse naturelle de la jeune femme. "Et j'ai même pas de DVDs intéressants à te proposer cette fois-ci." Réfléchissant un instant, il finit par désigner tout ce à quoi elle est reliée d’un geste imprécis de la main. « Le clown de l’hôpital peut pas te faire une sculpture avec tout ça ? » Comme avec des ballons, mais version tubes en plastique. Ce n’est qu’une proposition pour l’occuper, si le temps en devient vraiment trop long, elle peut aussi tenter elle-même de laisser exprimer sa fibre artistique. "Je devrais pouvoir te dénicher ça." Un air pincé en guise d’approbation, l’air de lui souligner qu’il attend la fameuse carte sur son bureau à la première heure, il replonge sa main dans son paquet de chips.

Il y a une autre certitude, c’est qu’elle n’aurait assurément pas dû voir les choses en grand alors qu’elle n’est pas une habituée des séjours à l’hôpital – mais là-encore, cela ne dépendait pas d’elle, un détail dont il fait volontairement fi. "Commencer doucement ?" Sa tête se secoue vivement de bas en haut pour acquiescer silencieusement. "Excusez-moi, mais est-ce bien Alfie Maslow qui est en train de me parler ?" Il acquiesce toujours. "C'est l'hôpital qui se fout de la charité quand même, là." Cette fois, il désigne de sa main libre la pièce autour d’eux. « Ça tombe bien. » Son sourire de parfait emmerdeur sur les lèvres, il atteste que l’hôpital se fout bien de la charité, mais tant mieux ; ils sont dans le lieu idéal pour cela. « Mais il n’est pas question de moi, là. » Il souligne plus sérieux, presque agacé ; le fait est qu’il peut se permettre ce genre de réflexions parce qu’il sait très exactement de quoi il parle, contrairement à Norah. "Bof, pour le moment, c'est pas fou." Son attention toujours sur la jeune femme, elle enchaîne très vite : ‘’Ca m'a fait réaliser certaines choses." « Comme quoi ? » Il questionne, dans une volonté de faire la discussion autant qu’une certaine curiosité – même s’il n’est clairement pas venu ici pour être l’un des thérapeutes de Norah, il ne doute pas qu’Anwar ou l’un de ses frères doit parfaitement remplir le rôle. "Tu trouves ça vraiment original de manger des chips dans une chambre d'hôpital ?" Secouant la tête, parce que la question n’est pas tant celle de l’originalité que de l’aspect déplacé de la chose, il la laisse poursuivre. ‘’Au risque de te décevoir, t'es pas le premier et tu seras certainement pas le dernier non plus." Il le sait très bien, merci pour lui. « Mince, je me croyais si unique quant au fait de me nourrir. » Dingue, d’autres l’ont fait avant lui. « Devant toi, alors que je devrais plutôt avoir la peur au ventre et l’inquiétude grandissante au point de m’en couper l’appétit. » C’est ce qui serait attendu de lui, il imagine, s’il concédait à offrir sa pitié à Norah. Mais encore une fois, il est persuadé que son entourage s’en sort très bien sans qu’il s’ajoute à l’édifice. "Désolée, le laps de temps entre le moment où je suis partie et quand la bagnole m'a foncée dedans était un peu trop court pour que je puisse réfléchir à une version alternative." Un léger rire s’échappe d’entre les lèvres de l’anthropologue. « La prochaine fois, alors. » Une part de lui a conscience qu’il peut donner l’impression de se contredire, l’autre l’assume parfaitement par la nécessité de ne pas prendre la situation trop au sérieux ; il n’est pas là pour ça et nulle doute que Norah a assez donné sur ce terrain-là. "Et maintenant que ça c'est fait, je compte pas trop me pencher sur la question. J'ai assez donné." « Pas de prochaine fois, alors. » Il se reprend, demeurant silencieux par la suite jusqu’à ce qu’elle reprenne la parole. "Je suis désolée, d'ailleurs. De... L'issue de la conversation, de ce jour-là." Relevant la tête, il ne peut s’empêcher de souligner : « Tu veux dire, du moment où tu n’as plus su résister à mon charme infaillible ? » Normal, après tout, qu’il aurait pu ajouter pour ironiser. "A vrai dire, j'étais plus ou moins persuadée que tu ne voudrais plus me voir." Soudainement plus sérieux, il se permet de souligner : « ce sera le cas si tu en parles à Jules. » À ce moment-là, oui, il ne voudra probablement plus la voir. Il ne sait pas si l’idée lui a traversé l’esprit – il est persuadé que non – mais tout ce qui peut mettre en danger son couple est un sujet sensible, ce qui est particulièrement ironique compte tenu du fait qu’il est le premier à tester les limites de celui-ci à la première occasion, le premier à savoir qu’on ne peut d’ailleurs plus vraiment parler de couple. "T'as seulement remarqué que tu bégayais plus ?" Si seulement c’était aussi simple. « Les phrases courtes, c’est le secret. » Jamais plus d’une ou deux à la suite sans prendre une pause pour remettre de l’ordre dans ses idées, pour songer aux mots qu’il s’apprête à employer. Il bégaie toujours, Alfie, mais il parvient à le masquer ; mais ce n’est pas pour autant que sa frustration a disparu. Ça l’est toujours d’être incapable de réciter de grands discours, de donner cours, de se lancer dans des débats animés sans avoir la certitude que son cerveau finira par le lâcher à un moment ou à un autre. Il donne le change au quotidien, s’empêchant de dire tout ce qu’il pense, se voulant enfin concis pour la première fois de sa vie, simplement pour ne pas buter sur un foutu mot qui mettrait en péril l’équilibre de sa phrase. « Il s’est passé quoi, ce jour-là ? » Il finit par l’interroger pour changer de sujet ; il vient de mettre en évidence ce qui se passe dans sa tête, c’est à son tour. Il s’est passé quoi, ce jour-là, pour qu’elle cède à cette envie ?

@Norah Lindley :l:


Dernière édition par Alfie Maslow le Dim 18 Avr - 17:59, édité 1 fois
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Message(#)noralfie + it doesn't even matter EmptySam 17 Avr - 18:38

IT DOESN'T EVEN MATTER
i tried so hard and got so far but in the end it doesn't even matter – @alfie maslow

En dehors des blessures physiques et mentales de Norah, il y avait surtout l'amour propre d'Alfie qui avait pris bien cher alors qu'elle se faisait un malin plaisir à ne pas lui accorder l'attention qu'il recherchait tant. Alors oui, sa façon de le plaindre était purement ironique et taquine, tandis que lui espérait justement ce qu'elle lui proposait, non sans un certain amusement. Aussi se montrait-il assez hâtif de la revoir dans sa blouse d'infirmières – loin d'être aussi sexy que la plupart des hommes aimaient penser – et qu'elle reprenne le rôle qui lui était propre et qui, pour Alfie, consistait surtout à prendre soin de ses bobos quand il se pointait comme une fleur aux urgences alors qu'il n'y avait quasiment plus aucun soignant qui pouvait le supporter. "Je m'y remets aussi vite que possible." lui assura-t-elle. Alors oui, Norah comptait respecter les consignes qu'on allait lui donner. Refroidie, elle l'était et elle comptait bien retrouver sa forme d'avant. Même si elle souffrait encore beaucoup et que la morphine brouillait parfois le cours de ses pensées, Norah savait que dès qu'elle pourrait à nouveau commencer à se déplacer, elle s'y attèlerait aussi vite que possible. "Ceux qui m'ont agacé le savent depuis déjà bien longtemps, je t'assure." Norah ne faisait pas vraiment dans la demi-mesure; si quelqu'un le saoulait, elle le lui faisait rapidement remarquer. Si une erreur était commise, elle en parlerait. Sa franchise faisait partie de sa personnalité et elle avait bien horreur quand les gens passaient par quatre chemins pour s'exprimer. "Et je vais pas me gêner pour le leur rappeler s'ils recommencent." Elle ne s'entendait pas avec tout le monde. Elle s'était déjà fritée avec des médecins, d'autres collègues, s'était même montrée parfois un peu trop dure avec les étudiants – mais c'était toujours justifié. "Si un clown essaie de toucher à tout ça, je lui attrape son nez rouge pour le lui faire avaler." répliqua-t-elle. Non seulement parce que la moindre mobilisation de ses drains lui faisait extrêmement mal, mais surtout qu'elle ne laisserait personne contraindre sa guérison en faisant n'importe quoi avec ses tubulures.  Elle allait être coincée dans ce lit pendant suffisamment de temps déjà, inutile de prolonger cette durée avec de telles futilités. A être allongée à longueur de journée, elle avait tout le loisir du monde penser à mille et une chose, à faire des rétrospectives et se poser des questions plus ou moins existentielles. "Et ça ne te perturbe pas trop, que tout ça ne tourne pas autour de toi ?" lui demanda-t-elle. Alfie était égocentrique. Il aimait attirer l'attention, il aimait la provocation. Encore une fois, qu'il accorde autant de place aux pensées et aux paroles de la brune laissait cette dernière parfois bien perplexe. Etait-ce par affection, ou juste parce qu'il s'efforçait d'entrer dans ce qui était vulgairement socialement acceptable pour ne pas se faire passer pour le pire des goujats ? Il voulait savoir ce qui se tramait dans la tête de Norah, alors qu'il était toujours le premier à dire qu'il était pas là pour faire le psy. "Comme... Ca a mis en perspective ces dernières années, principalement." commençait-elle alors qu'elle sentait ses yeux s'humidifier. "Je vais sonner comme la plus clichée des drama queens, mais je peux pas vraiment dire que j'ai vécu pour moi. Je travaillais, je sautais sur la moindre heure supplémentaire, le moindre remplacement pour arrondir les fins du mois et assurer le futur des enfants. Et entre m'occuper d'eux et de la maison, je peux pas dire que je m'accordais beaucoup de temps, si ce n'est lorsque j'allais courir." Quelques heures par semaine, c'était tout. "Je vois le monde avancer alors que je reste coincée – et maintenant, littéralement–, à me dire à quel point Frank me manque." Sa gorge se serrait. "Autant je sais que je prends du temps pour l'accepter, autant j'avais jamais réalisé à quel point ça impactait chaque aspect de ma vie." Aucun n'avait été épargné. "Il faut que je me reprenne en main, ça se résume à ça." lui dit-elle. "Il faut bien quelqu'un dans le coin qui arrive à te supporter et te répondre comme il faut. Tu t'ennuierais, sinon." ironisa-t-elle. Elle n'aurait jamais la prétention de dire qu'elle lui était indispensable. Seulement, même avec quelques neurones grillés, il fallait arriver à le suivre, le Maslow. "J'aurais été plutôt inquiète si tu étais là à me donner la main et à me demander s'il y avait besoin de respositionner correctement mon oreiller. Ca m'aurait même fait flipper." Alfie aux petits soins ? Voilà quelque chose de tout à fait inconcevable. Il avait sa propre façon de s'inquiéter, de se soucier, d'être un ami. "Tu restes unique, si ça peut te rassurer." Il ne fallait pas trop affecter son égo, après tout. Depuis son réveil, Norah n'était pas très tendre avec lui (mais peut-être que c'était ce qu'il voulait, au fond). Et là, ils abordaient le sujet épineux. La tête de Norah roulait lentement sur l'oreille pour le regarder à nouveau alors qu'il se vantait de ses charmes. "Je compte pas lui en parler." lui assurait-elle, peu fière de ce fameux moment. "Ca fait une éternité que je ne l'ai plus vue." La dernière fois remontait à l'hospitalisation d'Alfie, c'est dire. Jamais Norah ne chercherait à ruiner leur couple en faisant part de quelque chose qui n'avait finalement pas eu tant lieu que ça. Factuellement, il ne s'était rien passé. Ce n'était pas pour autant qu'elle allait s'en vanter à qui que ce soit. D'ailleurs, les seules personnes au courant se trouvaient dans cette chambre du service de réanimation. Elle félicitait Alfie quant à la diminution évidente de ses bégaiements. Il avait lui-même trouvé une solution à cet obstacle qui l'avait agacé pendant beaucoup trop de temps. L'anthropologue semblait tenir à revenir à ce qu'il s'était passé durant leur dernière rencontre alors que Norah le gardait pour elle afin de l'occulter le plus possible. "Je croyais que tu voulais pas faire ton psy." Il l'avait déjà bien assez répété et pourtant depuis qu'elle s'était réveillée, il ne tournait les questions qu'en son sens. Et elle n'avait pas envie d'y répondre. A ses yeux, il n'y avait pas lieu de revenir dessus. "Tu sais ce qu'il s'est passé, tu étais même aux premières loges." dit-elle d'un air tantôt lassé, tantôt et gêné. Elle savait que ce n'était pas la réponse qu'il attendait et qu'il ne voulait peut-être pas de son sarcasme dans un moment aussi sérieux. Norah soupirait; même une inspiration un peu profonde lui était douloureux. "Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Alfie ?" demandait-elle de façon tout à fait rhétorique, totalement désemparée. "J'étais au creux de la vague. J'étais vulnérable, au bout du rouleau. J'adore passer du temps avec toi et le fait que tu sois pas impliquée émotionnellement à la perte te permet d'avoir des points de vue différents que mes proches et... c'était une bouffée d'air frais." Si d'habitude Norah n'avait pas peur de dire ce qu'elle pensait, elle trouvait cette situation là bien plus délicate. Elle se trouvait ridicule et avait l'impression de donner une image d'elle qui n'était absolument pas représentative de qui elle était vraiment. Elle espérait qu'Alfie voyait au-delà de ça. "Pourquoi ce jour-là plutôt qu'un autre, j'en sais rien. Ce doit être le combo de tout ça, d'un manque évident d'affection et de ma stupidité. Un crush passager. Et voilà comment ça se termine." Elle dans un lit d'hôpital et lui à bouffer des chips au quinoa. "J'ai déjà suffisamment honte comme ça." Sa voix à moitié étouffé tentait de contrôler un chagrin qui, par chance, ne finit pas par s'extérioriser. Norah ne préférait pas pour le moment s'étendre plus, peu encline à endurer une quelconque forme de désapprobation venant du brun. "Ca n'aurait jamais marché entre nous." ironisait-elle ensuite avec un rire nerveux, usant de l'humour comme tout bon mécanisme de défense qui se respectait, et qu'Alfie connaissait encore plus qu'elle. "Pourquoi tu tiens tant à le savoir ? finit-elle par lui demander, d'un coup plus sérieuse.
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Message(#)noralfie + it doesn't even matter EmptyLun 3 Mai - 0:50

Il a appris à transformer chacune de ses faiblesses en avantage, Alfie, avec le temps ; son passé lui a prouvé qu’il n’y avait pas de place pour ses états d’âme et que quiconque essayant d’en faire usage à son égard se doit d’être puni à la hauteur du mal qu’il tente de lui infliger. Cela passe par le fait de ne jamais se laisser attendre par les réflexions qu’on peut lui faire et, surtout, d’user lui-même de ses potentielles faiblesses avant que quiconque puisse s’en donner le droit. Ses séjours à l’hôpital, par exemple, sont perçus par les autres comme la preuve que son corps possède bel et bien des limites qu’il se refuse de voir pour sa part ; alors qu’ils sont moqués par le principal concerné qui se vante de posséder une carte de fidélité. Pourtant, dans le fond, son discours à cet instant n’est pas totalement faussé par sa volonté de reprendre l’avantage : s’il ne peut concéder de se faire voler la vedette, il peut accepter que Norah reprenne sa place quelque temps. Car en vérité, il est épuisé, Alfie, non pas de la manière dont son corps est constamment mis à l’épreuve, mais par la manière dont son psychisme l’est. Il refuse de l’admettre, mais à ce niveau-là aussi les limites ont été atteintes et il n’y arrive plus ; de quoi le convaincre de s’éloigner des murs immaculés de l’hôpital qui ne font que raviver de douloureux souvenirs et des situations pas nécessairement acceptées contrairement à ce qu’il prône à qui veut l’entendre – Norah la première. Et comme à chaque fois qu’un sujet peut sembler sensible, il reprend l’avantage en faisant usage d’un humour discutable, d’une provocation certaine, qui a au moins le mérite de lui donner l’impression d’avoir le contrôle. "Je m'y remets aussi vite que possible." Attestant silencieusement à l’aide d’une légère grimace lui soulignant qu’il y compte bien, il en revient à elle pour éviter qu’ils s’attardent sur lui. Cela peut sembler paradoxal avec sa volonté de toujours se mettre en avant, mais il n’est pas tant une question d’égocentrisme que de maîtrise : s’il maîtrise les choses, alors il peut se permettre d’être égocentrique et les deux notions sont étroitement liées. "Ceux qui m'ont agacé le savent depuis déjà bien longtemps, je t'assure." Secouant légèrement la tête pour acquiescer, il verbalise rapidement les choses : « Ça, j’en doute pas. » Il n’est pas de ceux qui prétendent connaître les autres parce qu’il est bien placé pour savoir que tout un chacun cache toujours un versant de sa personnalité au reste du monde, néanmoins il peut se targuer de parvenir à comprendre le fonctionnement des autres de façon à pouvoir acquérir des certitudes sur eux au moment voulu. "Et je vais pas me gêner pour le leur rappeler s'ils recommencent." Un sourire aux lèvres pour approuver cette perspective, il finit par reprendre la parole : « Ravi de voir que l’anesthésie n’a pas tout à fait raison de toi. » Son regard glisse sur la fameuse poche à ses côtés, le ressenti qui s’empare de lui à cet instant-là n’étant que peu approuvé, autant par lui que par le reste du monde, il balaie cette pensée parasitaire en plaisantant à nouveau. "Si un clown essaie de toucher à tout ça, je lui attrape son nez rouge pour le lui faire avaler." Cette fois-ci, c’est une grimace qui s’inscrit sur son visage face au sérieux de la jeune femme. « Dommage, le spectacle aurait pu être intéressant. » Les yeux qui s’attardent une nouvelle fois sur l’équipement tout autour d’elle, il finit par hausser les épaules : « remarque, celui-ci aussi peut l’être. » Lui, du moment qu’il y trouve son compte – et dans ce cas précis qu’il puisse se divertir – il est bon client, voyez-vous.

C’est l’hôpital qui se fout de la charité ; il le sait bien et cette expression ne parvient même plus à l’atteindre tant elle est souvent formulée à son égard. Oh, il le sait, Alfie, qu’il interdit beaucoup de choses qu’il s’autorise (ou vice-versa), mais où serait le plaisir dans un monde parfaitement équitable ? Cela dénote avec sa profession ; mais en dehors de celle-ci, si tout était linéaire et équitable, il s’ennuierait, assurément. "Et ça ne te perturbe pas trop, que tout ça ne tourne pas autour de toi ?" Il manque de rouler des yeux, se résonne en songeant au fait que sa patience est sérieusement atteinte depuis quelques semaines ; mais est-elle obligée ? Obligée de pointer du doigt ce que d’autres considèrent comme des défauts, ce qu’il voit comme une qualité dans un monde inévitablement individualiste, au moment le moins opportun ? « Si. » Il souligne néanmoins, la main sur le cœur, s’étouffant légèrement pour parfaire son jeu d’acteur. « D’ailleurs, je descends direct à la morgue après cette visite pour dire adieu à mon égo. » Il rétorque en haussant les épaules, notant mentalement le fait que s’intéresser aux autres ne lui réussit définitivement pas. Ce n’est pas pour autant ce qui l’empêche de continuer, alors qu’elle entreprend de lui répondre. "Comme... Ca a mis en perspective ces dernières années, principalement." Par ces dernières années, il comprend rapidement à quoi elle fait référence, alors qu’il reste muet pour l’inviter à poursuivre. "Je vais sonner comme la plus clichée des drama queens, mais je peux pas vraiment dire que j'ai vécu pour moi. Je travaillais, je sautais sur la moindre heure supplémentaire, le moindre remplacement pour arrondir les fins du mois et assurer le futur des enfants. Et entre m'occuper d'eux et de la maison, je peux pas dire que je m'accordais beaucoup de temps, si ce n'est lorsque j'allais courir." À ces paroles, il fronce les sourcils de façon presque automatique ; l’impression d’avoir déjà mis en évidence ces aspects-là quelques mois plus tôt se rappelant à lui. Il ne saurait dire s’il l’a dit de cette manière, mais il a la sensation que c’est le genre de discours qu’il avait pu lui tenir par le passé – mais le problème, c’est qu’il y a des scènes de sa vie quotidienne qu’il a oubliées, Alfie. "Je vois le monde avancer alors que je reste coincée – et maintenant, littéralement–, à me dire à quel point Frank me manque." Ça aussi, il aurait pu le prédire. Il n’est pas le mieux placé pour prétexter comprendre un tel sentiment, mais il sait interpréter les attitudes des autres, Alfie et il n’était pas difficile de percevoir l’amour (et par extension la dépendance) unissant la jeune femme à son mari décédé. "Autant je sais que je prends du temps pour l'accepter, autant j'avais jamais réalisé à quel point ça impactait chaque aspect de ma vie." Il ne saurait dire si elle prend effectivement du temps à l’accepter – encore une fois parce qu’il ne peut pas se mettre à sa place. Tout ce qu’il trouve à penser est que même si cela peut lui paraître une éternité à ses yeux, chacun gère son temps comme il l’entend, c’est probablement le plus important. "Il faut que je me reprenne en main, ça se résume à ça." Acquiesçant silencieusement pour guise de seule réponse, il reste néanmoins muet, conscient qu’elle n’en a pas terminé. "Il faut bien quelqu'un dans le coin qui arrive à te supporter et te répondre comme il faut. Tu t'ennuierais, sinon." Grimaçant légèrement cette fois-ci alors que sa tête se penche, l’air de dire fair enough, Alfie s’apprête à reprendre la parole avant qu’elle ne l’arrête. "J'aurais été plutôt inquiète si tu étais là à me donner la main et à me demander s'il y avait besoin de respositionner correctement mon oreiller. Ca m'aurait même fait flipper." Cette fois-ci, c’est une véritable grimace de dégoût qui se lit sur son visage alors qu’il secoue son buste comme s’il tentait de se débarrasser d’une invasion d’araignées sur lui – c’est à peu de choses près l’impression qu’il a à cet instant en imaginant la scène décrite par Norah. « Brrr, plutôt mourir. » Qu’elle n’imagine pas qu’il n’en a rien à faire, mais en l’occurrence, il n’est pas payé pour ça. "Tu restes unique, si ça peut te rassurer." Captant son regard un instant, il ajoute, simplement : « j’en ai jamais douté. » Pas un seul instant, merci pour lui. Un sourire aux lèvres à cette réflexion, il tente de remettre de l’ordre dans ses pensées pour se remémorer du cours de celles de Norah – et ce n’est pas une mince affaire pour un type qui peine à suivre la moindre conversation trop fournie pour ses neurones qui tentent désespérément de s’accrocher. « Tu vois, tu peux dire ce que tu veux sur l’usage de tels extrêmes. » Il débute, même s’il a conscience qu’à cet instant on ne peut pas vraiment dire que l’usage relève d’un choix, mais ce n’est pas vraiment la question. « En attendant, c’est le seul moyen d’arriver à de telles conclusions. » Il précise le fond de sa pensée sans se soucier de la manière dont cette franchise pourrait être perçue. Peut-être qu’elle peut comprendre, à présent, ce qui l’amène à souvent outrepasser les limites. Parce qu’il n’y a que lorsque celles-ci sont franchies que certains éléments deviennent tangibles. « J’imagine que le temps passé dans ce lit te permet de réfléchir à la manière dont t’y prendre. » Sur comment reprendre sa vie en mains, pour reprendre ses propres paroles.

Le sentiment de légèreté est très vite oublié quand ils en reviennent à cette journée ; et même si Alfie fait usage, dans un premier temps d’humour, il est vite rattrapé par son sérieux lorsqu’il s’agit d’évoquer Jules. "Je compte pas lui en parler. Ca fait une éternité que je ne l'ai plus vue." Il secoue légèrement la tête, comme pour démontrer qu’il entend ces propos. Elle n’en parlera pas à Jules et cela restera leur secret ; on pourrait critiquer la manière de s’y prendre, néanmoins Alfie n’a aucun problème à cacher la vérité si celle-ci lui permet de ne pas blesser inutilement autrui. Il est bien connu que, de toute évidence, il préfère largement blesser volontairement les autres et que cette situation ne va pas en ce sens, résultant d’un intérêt tout relatif quant à celle-ci. "Je croyais que tu voulais pas faire ton psy." Soupirant il se permet de préciser quelque chose qui a son importance à ses yeux : « oui, mais là, je suis concerné. » L’égocentrisme, tout ça, on y revient alors qu’il estime légitime de s’intéresser à ce qu’il s’est passé ce jour-là, ne serait-ce que pour se faire une idée de la relation qui l’unit désormais à Norah. Pas qu’il ait réellement besoin d’avoir son opinion pour prendre la décision tout seul, mais parce que malgré tout, il y a des éléments qui l’intriguent dans toute cette histoire. "Tu sais ce qu'il s'est passé, tu étais même aux premières loges." Fronçant les sourcils face à cette tentative de provocation, il ne dit rien, mais n’en pense pas moins : après tout, il est en droit de lui demander des explications sans qu’elle n’ose tenter de retourner la situation à son avantage. « J’étais pas dans ta tête. » Il était là physiquement, c’est certain, mais il n’était pas dans sa tête et c’est très exactement ce qui l’intéresse. Déformation professionnelle pourrait-on dire ; mais il s’en fiche bien des actions des uns et des autres, lui, il a toujours été bien plus passionné par les raisonnements qui mènent à ces mêmes actes. "Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Alfie ?" Est-ce qu’elle est sérieuse ? Il aurait préféré qu’elle l’envoie balader en bonne et due forme en suggérant n’avoir aucune réponse pour lui plutôt que de s’agacer. « C’était ton comportement, Norah, à toi de l’assumer, ça fait partie de la suite. » Ça fait partie de la reprise en mains, qu’il pourrait même oser. Et comme souvent, il ne se préoccupe pas outre mesure de la manière dont ses paroles pourraient être perçues ; lui, tout ce qu’il désire, c’est de montrer à Norah que les actes ont des conséquences. L’hôpital qui se fout de la charité, qu’elle pourrait répéter, mais qui a valeur de lui montrer qu’il est temps pour elle de ne plus se cacher derrière des excuses. Il n’y a plus de « les petits ont besoin de moi » et autres « j’en sais rien », la première étape consiste à s’affirmer et pas uniquement dans certaines situations où cela lui est facilité, mais également dans celles où elle semble perdante toute désignée. "J'étais au creux de la vague. J'étais vulnérable, au bout du rouleau. J'adore passer du temps avec toi et le fait que tu sois pas impliquée émotionnellement à la perte te permet d'avoir des points de vue différents que mes proches et... c'était une bouffée d'air frais." Et est-ce qu’elle le comprend, maintenant ? Qu’elle ne peut plus vivre dans l’ombre du souvenir de Frank et qu’il est temps pour elle d’aller de l’avant, comme elle l’a déjà précisé ? Qu’elle ne peut plus évoluer dans un contexte où elle et ses proches sont prisonniers de cette perte ? "Pourquoi ce jour-là plutôt qu'un autre, j'en sais rien. Ce doit être le combo de tout ça, d'un manque évident d'affection et de ma stupidité. Un crush passager. Et voilà comment ça se termine." Elle ne serait pas en train de supposer qu’il a sa part de responsabilité ? "J'ai déjà suffisamment honte comme ça." Comprenant qu’il doit modérer ses propos, il finit par reprendre la parole. [color:9b0b=#darkseagreen]« Je te demande pas ça pour t’enfoncer dans ta honte. » Qu’il précise en premier lieu, avant de reprendre. « Mais tu peux pas jouer la surprise quand je te demande le pourquoi du comment. » C’est légitime et il n’en démord pas ; elle n’a absolument pas à s’offusquer de sa curiosité. Elle ne peut pas s’agacer qu’il cherche à comprendre, après tout, il a toujours été ainsi. « Et parce que tu peux plus te cacher derrière des ‘’j’en sais rien’’. » Plus maintenant, plus dans les circonstances actuelles, plus après ce qu’elle vient d’annoncer. "Ca n'aurait jamais marché entre nous." Le fait qu’elle se sente obligée de le préciser le rend mal à l’aise un instant, comme si elle attendait le moment où il contredirait ses propos pour la rassurer alors qu’il ne compte pas le faire. "Pourquoi tu tiens tant à le savoir ?’’ « J’ai pas dit que je tenais à le savoir. » Il admet avoir posé la question et celle-ci visait plus à savoir ce qu’il s’était passé dans sa tête que l’acte en lui-même, pour lequel il n’a pas insisté quant à avoir des explications. « Mais je me demandais comment on a pu passer d’aller se promener à une tentative de m’embrasser, parce que ça ne fait aucun sens dans ma tête. » Mais certes, il y a beaucoup de choses qui ne font plus sens dans sa tête. « Et je me demandais si j’avais envoyé des signaux par le passé. » Il reprend, précisant rapidement : « Des signaux que j’aurais pu oublier. » Il glisse, façon de lui faire comprendre qu’il y a des points d’interrogation à la place de certains souvenirs désormais et qu’il a aussi besoin de remettre de l’ordre dans ceux-ci et, pourquoi pas, de les identifier à nouveau.  

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Message(#)noralfie + it doesn't even matter EmptyJeu 13 Mai - 22:09

IT DOESN'T EVEN MATTER
i tried so hard and got so far but in the end it doesn't even matter – @alfie maslow

Enchaînée à son lit par ses nombreuses fractures et tout l'équipement médical auquel elle était reliée, Norah n'était pas certaine d'apprécier la tournure que prenait la visite d'Alfie. Il se faisait un peu de soucis pour elle, c'était évident. Cependant elle n'était pas certaine d'arriver à saisir ses véritables intentions. Il voulait la revoir sur pied au plus vite. C'était un fait et c'était surtout dans son intérêt. Norah était suffisamment éveillée pour répondre en bonne et due forme, mais ses neurones n'étaient pas suffisamment efficaces pour décrypter les expressions d'Alfie, les mots qu'il utilisait. Elle en venait à se demander pourquoi il était venu. Et dévorer ses chips au quinoa dans la chambre d'un service de réanimation en pensant se la jouer original n'était pas une raison franchement valable. "Ravie de savoir que je peux toujours être une source de divertissement à tes yeux." lui répondit-elle en souriant, avant de détourner son regard pour avoir quelques secondes d'absence. Néanmoins l'incompréhension qui prenait un petit peu plus sa place dans ses pensées ne l'empêchait de le taquiner, encore et toujours, sur l'égo surdimensionné de l'anthropologue. "Si tu veux, je peux faire appel à l'aumônier pour les dernier sacrements." plaisantait-elle. Contrairement à Norah, Frank avait été croyant. Il avait particulièrement tenu à ce que leur mariage soit constitué de la cérémonie religieuse. Conscience de combien cela avait signifié pour lui, Norah n'avait pas objecté. Elle n'y perdait rien. L'inspecteur avait accepté que son épouse ne soit pas aussi croyante que lui. Elle avait ses propres conceptions, issues de la religion peut-être, de son éducation, et surtout de ce qu'elle constatait. Il fallait se rappeler qu'elle était suffisamment ouverte d'esprit pour croire aux fantômes. L'heure des plaisanteries s'était rapidement terminée, laissant place à des aveux et des pensées que la brune avait bien du mal à énoncer. Même s'il s'agissait de faits déjà verbalisés des mois auparavant. Cela signifiait tout simplement qu'elle n'avait pas réussi à s'y résoudre depuis. Que par les rouages complexes du deuil pathologique, elle n'avait fait que s'enfoncer, encore et encore, malgré les efforts dressés par l'ensemble de ses proches. Ces paroles, elles n'étaient pas inconnues aux oreilles du brun. Néanmoins, peut-être percevait-il que, cette fois-ci, c'était différent. Que ce cette fois-ci, Norah était plus encline et plus ouverte déjà à prendre le taureau par les cornes. L'accident avait été la claque dont elle avait besoin. Cette nécessité que se rapprocher beaucoup trop près de la mort pour se rendre compte de la valeur de la vie, et de ce tout que l'on aimait. "On peut pas dire que j'ai eu franchement le choix." répliqua-t-elle alors qu'Alfie continuait à prôner tous les bénéfices que de dépasser ses propres limites. "A être enracinée ici 24h/24, j'ai pas grand chose d'autre à faire. Entre ça et être ensuquée par les stupéfiants." relevait-elle sans grand enthousiasme. Ce repos forcé était tout aussi déplaisant que stimulant pour sa matière grise. Ca la forçait à faire front sur des points qu'elle avait jusqu'ici esquivé avec brio.

Le nombrilisme dépassait l'entendement. Et bien que son argumentaire tenait bien la route, il y avait des fois où Norah avait envie de le baffer avec. Elle ignorait si elle devait rejeter la faute à la morphine ou à autre chose, mais le raisonnement qu'il avait en ce jour se dénuait de sens. "Encore heureux." Qu'elle répondait lorsqu'Alfie disait ne pas avoir été dans sa tête au moment des faits. Elle n'aurait pas voulu qu'il s'y immisce. Que ce soit au moment du baiser ou n 'importe quand d'ailleurs. "Je l'assume." dit-elle sèchement, un tantinet excédée qu'il se fasse presque moralisateur. "C'est pas pour autant que j'ai envie d'en faire une dissertation dessus." Elle s'était pourtant quand même expliquée à ce sujet, puisqu'il tenait tant à le savoir. Il pouvait prétendre se sentir supérieur à tout le monde en cherchant les limites de chacun, en mettant à rude épreuve leur tolérance et leur patience. Il avait beau s'intéresser à l'anthropologie, sous tous ses aspects, avoir de nombreux acquis sur bon nombre de compétences, jamais ne pourrait-il prétendre savoir ou même comprendre ce que représentait la perte d'un être aimé. Alors elle trouvait bien mignon le fait qu'il prône l'importance de se sortir de ce cycle infernal alors qu'il ne savait pas de quoi il était fait. Comment on le ressentait, ce qui faisait que c'était interminable, ce qui bloquait la personne que le défunt laissait derrière elle. Elle souffrait, Norah, au quotidien. Elle l'avait caché pendant longtemps, sa carapace avait fini par se fendre et elle avait fini par totalement baisser sa garde. Alors oui, elle s'était éteinte, oui elle parlait peu (déjà qu'elle n'était pas la plus bavarde qui soit), oui elle était encore plus froide qu'à l'accoutumée. "Pourtant c'est exactement ce que ça fait."  La honte. Une émotion qu'elle détestait avoir. Bien que modérée, elle aurait préféré l'éviter. Elle aurait pu oublier cette tentative et passé à autre chose; pourquoi pas lui ?` "Tu me poses toutes ces questions pour me sortir ensuite que tu tiens pas à le savoir ?" Norah se demandait s'il comprenait l'incohérence du discours qu'il tenait. Mais il suffisait de l'écouter ensuite pour comprendre que lui-même chercher à avoir des réponses sur ses propres actes. La brune comprit qu'il avait toujours des problèmes d'amnésie et qu'il tenait à savoir si lui-même avait eu des comportements qui auraient appelé Norah à se rapprocher de ses lèvres. Donc, toutes ces questions qu'il les posait, c'était bel et bien pour son intérêt à lui. Un petit retour de son égocentrisme légendaire qui ne devrait même plus surprendre Norah. Et pourtant. "Peut-être que ça n'en a pas, de sens, tout simplement. Ca arrive, parfois, d'être devant l'inexplicable." On se questionnait souvent des comportements incohérents au vue de certaines situations. Des attitudes inexplicables, quand on se retrouvait confrontés à des situations ingérables. Aucune science était exacte. Il n'y avait pas de réponses à tout. "J'ai pas souvenirs de signaux non plus." lui assura-t-elle d'un ton plus calme. "Tu as ton charme, tu as tes atouts. T'as beau soupirer et être agacé quand je me confie à toi, tu m'écoutes quand même. A ce moment-là, j'avais pas eu besoin de plus." Mais c'était du passé, et Norah n'avait pas envie de retenter l'expérience. Ils aspiraient de toute façon à des vies bien différentes. "Je suis désolée, Alfie. Vraiment." souffla-t-elle en relevant les yeux en sa direction. Elle l'était. Très sincèrement. Elle ne se risquait pas d'espérer que cela n'impacterait pas leur amitié sur le court, moyen, et long terme. Ce serait illusoire, même si c'était ce qu'elle aurait voulu. Seulement elle ignorait quelle ampleur cela prendrait. "Tu en as beaucoup, des amnésies ?" lui demanda-t-elle finalement, ayant bien enregistré qu'elle vivait encore avec plus de séquelles qu'il ne voudrait bien l'admettre. Elle ne jugeait pas, elle ne cherchait pas non plus à lui tirer les vers du nez. Seulement, à combien de personnes cachait-il ses séquelles ? Oui, il avait trouvé plus d'un stratagème pour cacher ses défauts et prétendre que tout allait bien. Il relativisait aussi, probablement. Norah n'était pas dupe. La jeune femme grimaça en silence lorsqu'une vive douleur s'éveilla au niveau de ses vertèbres fracturées. Essayer de la redresser ou de la réinstaller était inutile. Au contraire, chaque mobilisation lui était encore extrêmement douloureux. Alors elle se contentait de plisser les yeux, de ne pas prendre d'inspirations trop profondes pour ne pas irradier la même souffrance jusqu'à ses côtés brisées, et attendre que ça passe. Un douleur qu'elle décrirait comme à type de coup de couteau – bien qu'elle n'en avait jamais eu, de coups de couteau – combiné à des chocs électriques. Ca apparaissait aussi rapidement que ça disparaissait, mais c'était tellement désagréable. Il fallait attendre. Attendre que ça passes, que ça guérisse. Comme pour tout le reste.
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Message(#)noralfie + it doesn't even matter EmptyLun 31 Mai - 18:32

Il déteste les hôpitaux et sa seule présence entre ces murs relève déjà d’un certain miracle autant que la preuve d’une sincère affection, quoi qu’il puisse en dire. Comme à peu près la quasi-totalité de la population, Norah pouvait lui taper sur le système à quelques occasions, mais elle n’en reste pas moins une amie pour laquelle il s’inquiète – à sa façon. Loin de vouloir lui offrir les traditionnels regards de pitié qu’elle doit essuyer depuis le début de son hospitalisation, son attitude peut sembler étrange, mais vise avant tout à ne pas lui donner l’impression que cet accident est désormais le facteur auquel elle sera aussitôt associée. Pour avoir été à sa place à de nombreuses reprises, il est bien placé pour savoir que ce n’est jamais agréable d’être pris de pitié, d’avoir le droit à toute la délicatesse et la bienveillance du monde alors que, dans d’autres circonstances, ni l’une ni l’autre ne se serait exprimée. Bien sûr, on peut juger le trentenaire sur la manière dont il donne l’impression que son avis prévaut sur le reste : il se base d’une expérience personnelle pour interpréter le monde autour de lui et il est très bien placé, en vue de son métier, pour savoir que ce n’est absolument pas une façon de se saisir des choses autour de lui. Mais même si on peut questionner son recul quand il s’agit de son avis, il doute sincèrement que qui que ce soit apprécie d’être vu comme une petite chose fragile prostrée dans un lit d’hôpital. Ceux qui l’apprécient sont probablement en train de déambuler dans les couloirs, la chemise parfaitement froissée pour donner une indication sur le temps passé ici et sur la gravité de leur situation, snif snif, pauvres d’eux. Et à défaut de pouvoir se balader librement (ce qui est le cas de Norah), la solution de secours consiste à raconter encore et encore les détails de la raison pour laquelle ils sont dans ce lit en premier lieu, avec une insistance particulière pour les détails les plus sordides : là-encore, ce n’est pas quelque chose que Norah fait. Alors peu importe s’il peut donner l’impression de se montrer insensible, le fait est qu’il n’a aucune envie de la traiter comme d’autres le font, peu importe aussi si elle ne s’en rend pas compte et qu’elle considère cela comme de l’agressivité ou du désintérêt pur et simple. Il n’y a pas du second, mais il y a certainement une pointe de la première : Alfie n’est plus vraiment lui-même, après tout. "Ravie de savoir que je peux toujours être une source de divertissement à tes yeux." Sauf sous certains aspects, alors que le monde et ses occupants restent son terrain de jeu préféré. Il hausse les épaules en feignant l’innocence sur son visage, esquissant un rire moqueur à sa prochaine réflexion. "Si tu veux, je peux faire appel à l'aumônier pour les dernier sacrements." Reprenant (presque) son sérieux, il souligne : « Avec plaisir, depuis le temps que j’attends de rencontrer la légende. » Bien que la légende ultime serait Dieu lui-même (mais, eh, soyons réalistes, il est bien plus probable qu’il négocie directement avec Hadès quant aux conditions de son séjour en enfer). Néanmoins, il veut bien se contenter d’un disciple du grand barbu, à défaut. Et par la suite, c’est dans le silence qu’il se contente d’accueillir les propos d’une Norah à la confession facile. Elle le sait, il n’aime pas jouer au psy, il aime encore moins que l’on vienne explicitement à sa rencontre dans le seul espoir d’avoir des conseils ou une écoute qui n’est de loin pas la plus idéale. Pour autant, ce n’est pas dans ce contexte que les confessions de Norah se font, raison pour laquelle il reste sérieux et disponible, ne l’interrompant pas. Elle le connaît suffisamment pour savoir qu’il ne sera jamais celui qui rebondira sur chacun de ses mots pour en faire quelque chose, encore moins depuis qu’il est incapable de tenir les longs discours qu’il était capable de verbaliser par le passé, mais elle sait aussi qu’il ne se gênera pas pour donner son avis sur la situation (surtout s’il n’est pas demandé). "On peut pas dire que j'ai eu franchement le choix." Ce n’est pas tant la manière d’y arriver que la finalité qui importe, mais ça, Alfie se fait l’impasse de le dire, conscient que le terrain est glissant – et ce n’est pas par volonté de préserver une Norah fragilisée que sa propre patience de plus en plus bousculée. "A être enracinée ici 24h/24, j'ai pas grand chose d'autre à faire. Entre ça et être ensuquée par les stupéfiants." Autant la première partie, il peut comprendre que ce ne soit pas agréable, autant la seconde, il donnerait tout pour être à sa place. « Pense à toutes les heures de sommeil perdues que ton corps peut maintenant rattraper. » Un argument sûrement peu recevable, encore moins par une professionnelle de la santé qui ne manquera pas de lui dire par x ou y à quel point il se trompe. Peu importe, le sujet est clos pour lui.

Il est clos parce qu’il a d’autres choses en tête, parce que son agacement s’accentue à mesure que l’échange dérive, parce que le comportement de Norah lui tape autant sur le système que le sien sur celui de la jeune femme, probablement. "Encore heureux." Il entend la pique, il ressent l’agacement. De là à le convaincre de lâcher l’affaire ? Absolument pas, car selon lui le sujet est légitime – il n’est même pas celui qui est venu dessus en premier lieu, si Norah doit en vouloir à quelqu’un sur cet aspect, c’est bien à elle-même. Il a évoqué la conversation qu’ils ont eue, c’est elle qui a évoqué le baiser. "Je l'assume. C'est pas pour autant que j'ai envie d'en faire une dissertation dessus." Il aurait presque pu lui rire au nez s’il avait la volonté de se montrer irrespectueux. Elle peut s’énerver quant à son discours, mais il a toutes les raisons de l’être également concernant le sien. Est-ce qu’elle aurait préféré qu’ils balayent la poussière sous le tapis, alors même qu’elle est souvent celle qui insiste pour qu’il pose des mots sur sa situation ? L’arroseur arrosé dans un sens, alors que cette fois-ci, c’est elle qui se retrouve forcée de glisser sur un sujet qu’elle n’apprécie pas. Un élan de sadisme de la part d’Alfie, probablement, mais surtout pas la volonté d’en arriver-là et donc une simple conversation qui fait sens dans le contexte. Ce n’est pas anodin pour leur amitié et que ça lui plaise ou non, balayer le sujet d’un seul « t’étais là ce jour-là » comme explications n’a aucun sens. "Pourtant c'est exactement ce que ça fait." Cette fois-ci, il aurait pu lever les yeux au ciel, alors que deux secondes avant, elle lui disait encore l’assumer. "Tu me poses toutes ces questions pour me sortir ensuite que tu tiens pas à le savoir ?" Oops, cette fois-ci sa patience a définitivement eu raison de lui alors qu’un soupir agacé s’échappe d’entre ses lèvres. « Je t’ai posé une question, t’emballes pas. » Au fond, il a surtout voulu savoir ce qu’il s’était passé dans sa tête ce jour-là, c’est sa seule question et le reste ne vise qu’à comprendre plus qu’à l’interroger. « Je joue pas ma vie sur tes réponses, je suis juste curieux. » Même s’il aime avoir des réponses, il s’en remettrait dans l’hypothèse où elle ne voudrait pas lui en donner. Qu’elle ne confonde pas la curiosité et une certaine survie qui ne dépend que de ce qu’elle concède à lui donner. "Peut-être que ça n'en a pas, de sens, tout simplement. Ca arrive, parfois, d'être devant l'inexplicable." Elle aurait pu formuler les choses ainsi dès le départ, leur évitant ainsi une tension qui s’accentue de plus en plus et qui coûte sa patience à Alfie. "J'ai pas souvenirs de signaux non plus." Le calme de la jeune femme l’aide quelque peu à reprendre le sien, même s’il lui apparaît évident qu’il n’a plus aucune envie d’être entre ces murs. "Tu as ton charme, tu as tes atouts. T'as beau soupirer et être agacé quand je me confie à toi, tu m'écoutes quand même. A ce moment-là, j'avais pas eu besoin de plus." Et là-aussi, si elle avait pu lui dire cela dès le départ, ils n’en seraient pas là. Mais il n’a pas envie de lui rejeter toutes les fautes même s’il agit souvent ainsi, alors il se contente d’afficher un sourire dans une tentative de lui faire comprendre qu’il entend ses raisons et que cela lui permet de ne pas se poser d’autres questions qui visent à reconstituer les pans oubliés de sa vie. "Je suis désolée, Alfie. Vraiment." Secouant légèrement la tête par la négative, il hausse les épaules : « c’est oublié. » Malgré ses interrogations qui peuvent laisser penser le contraire, le fait est que oui, il sera capable de l’oublier dès la porte de cette chambre franchie. Il a eu ce qu’il voulait, quelques réponses à ses interrogations, de quoi lui permettre de passer à autre chose. "Tu en as beaucoup, des amnésies ?" Se frottant les yeux par habitude, par lassitude aussi, il roule en boule l’emballage de son paquet de chips avant de le lancer dans la poubelle non loin de là. « Non, ça va. » Ça va parce qu’il n’a pas encore conscience de tous les moments qu’il a oublié. Parfois, il est convaincu qu’il arrive – à peu près – à reprendre une vie normale, parfois, il se souvient que ce n’est pas le cas et que même des choses anodines relèvent du mystère. Il pensait que les conséquences seraient toutes découvertes avec effet immédiat, il constate qu’il en découvre un peu plus chaque jour et qu’il ne peut rien faire pour anticiper tout cela. « Contrairement à toi. » Il enchaîne lorsqu’il aperçoit sa grimace liée à ses douleurs, se relevant de sa chaise. « Je vais pas te faire souffrir plus longtemps et de toute façon, faut que je profite de passer à la morgue pour leur demander d’envoyer un fantôme, histoire que je sois pas venu les mains vides. » Il souligne, haussant les épaules alors qu’il s’en va déjà vers la porte. « Promis, j’essaie de t’envoyer un Casper pas trop chiant. » Il plaisante une dernière fois, alors que bientôt la porte claque derrière sa silhouette. Il fuit assurément, autant qu’il ne promet pas de retrouvailles imminentes parce qu’il ignore si celles-ci auront lieu ; comme quoi, il n’a pas changé sur tous les aspects.

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