Je me remets tout doucement de la nuit du samedi, chaque visite un peu plus difficile que la précédente. J’ai encore du mal à accepter ce qui s’est passé, à comprendre que j’ai failli y passer dans la nuit de samedi à dimanche. Je suis seul dans ma chambre aujourd’hui à tenter de comprendre comment j’en suis arrivé là, à ressasser malgré moi toutes mes erreurs.
Le destin fait parfois bien les choses et j’étais en train de penser à la dernière fois que j’avais vue lorsqu’on frappe à la porte et qu’une tête blonde que je reconnais immédiatement apparait dans l’encadrement de la porte.
Ma gorge se serre quand je la vois. Ses derniers mots restant inévitablement ancrés dans mon esprit, reviennent brutalement comme si elle les avait prononcés hier. Il peut t’arriver n’importe, je ne veux plus rien savoir sur toi. Je te déteste. Tu mérites tout ce qui t’arrives. T’es qu’un déchet. Elle avait raison, ils avaient tous raison. Cette certitude reste encrée en moi et s’il y a un soulagement d’être vivant il y a aussi une part de moi qui se demande si ça n’aurait pas été mieux d’en finir hier. Cette part de moi qui est lâche et fatiguée, cette part de moi qui n’a pas le courage d’affronter le regard de Mia ou les mots qu’elle pourrait prononcer, cette part-là aurait préféré qu’on ne la réveille pas. Cette part-là se dit que sa famille comme ses amis seraient bien mieux sans que je ne sois là dans leur vie, que je n’ai apporté que du malheur ces dernières semaines et même ces derniers mois.
Voir les larmes dans le regard de ma sœur, voir le regard aussi inquiet que déçu de mes parents m’a suffi. Je ne pense pas avoir le courage d’affronter le sien, pas capable de répliquer face à une quelconque vague de reproche qu’elle pourrait m’adresser. Je déglutis, mon regard quittant son visage éclairé par les lumières de l’hôpital pour fixer le mur devant moi. « Je croyais que tu voulais plus me voir. » je murmure d’une voix rauque malgré moi. On m’a retiré le tube respiratoire la veille à mon réveil comme j’étais de nouveau capable de respirer par moi-même. Ma gorge est un peu irritée, mais j’ai surtout l’impression qu’un bus m’a roulé dessus. Les médicaments aident à maintenant le manque un peu plus loin, à éviter à ce que mon corps subisse un nouveau choc dans les prochains jours. « T’étais pas obligée de venir. » je murmure de nouveau sans la regarder. Il n’y aucune agressivité dans ma voix, juste de la fatigue. Non si elle s’est sentie obligée par devoir pour une amitié que j’ai fait le choix de briser, je préfère lui enlever cette responsabilité. Et si elle est venue pour me rappeler tout le mal que j’ai causé, je ne me pense pas capable de supporter les mots, parce qu’elle est à peine entrée que déjà la honte et la culpabilité reviennent. Tu es une déception pour tout le monde. T’es un moins que rien. Elle avait raison et c’est comme ça que je me sens en ce premier février. Comme un moins que rien qui aurait peut-être dû ne pas être trouvé par Molly dans cette chambre d’hôtel.
Peter est à l'hôpital, il a fait un coma éthylique, apparemment son état est stable…
Lorsque je lis le message de Tessa, j’ai besoin de le relire une deuxième puis une troisième fois pour me rendre compte de ses mots. Pour me rendre compte de ce qu’elle m’annonce. Assisse sur mon lit, mon regard est figé sur l’écran de mon téléphone alors que doucement je comprends… Je comprends que Pete a été trop loin, n’a pas su se limiter et a fini par payer les conséquences de ses actes. Et lorsque je réalise ça, ce n’est pas de la colère qui se manifeste en moi mais de la peur… Parce que je me retrouve happée dans mes propres souvenirs quinze ans en arrière, que je sais ce que c’est. Et je me rends compte alors qu’il aurait pu y rester… Mon cœur s’accélère dans ma poitrine, j’ai l’impression qu’il pourrait finir par sortir tellement il tambourine fort. J’ai besoin de quelques minutes pour reprendre le dessus. Parce qu’évidemment, tout ce qui me vient à l’esprit sont les derniers mots que nous avons échangés. Cet échange virulent entre nous qui nous a poussé à tirer un trait définitivement sur notre amitié. Et pourtant… pourtant, depuis ce jour, je regrette ce que j’ai pu lui dire, Jax m’ouvrant un peu plus les yeux, notamment sur le fait que Mulligan avait besoin d’aide. Et j’ai ce sentiment amer que je ne l’ai pas aidé. Au contraire. A mes yeux, je n’ai fait que l’enfoncer davantage dans ce vice qu’est l’alcool. Non seulement en le traitant comme j’ai pu le traiter lors de notre dispute. Mais aussi lors de nos derniers moments passés ensemble, où je ne l’ai pas retenu de boire, où je l’ai moi-même accompagné, prenant ça à la légère. Trop à la légère. Quand je vois où il en est maintenant, je m’en veux. Ce ne sont que des remords qui me ronge un peu plus, corrélé à l’écho de mots que j’ai prononcé beaucoup trop vite et qui ont dépassé mes pensées…
***
Je n’ai eu d’autres choix que me rendre au journal ce matin parce que j’avais une réunion importante. Mais dès que celle-ci fut fini, c’est la direction de l’hôpital que j’ai prise. A mon arrivée, j’ai demandé le numéro de sa chambre et me voilà à présent devant celle-ci. Une profonde inspiration et je frappe avant d’entrer. Je le vois là, allongé sur son lit d’hôpital et ma gorge se serre immédiatement. J’essaye de me contenir, et avance prudemment sans trop m’approcher non plus de son lit. Parce que je comprendrais qu’il m’en veuille encore pour les mots durs que j’ai eu à son égard. « Je croyais que tu voulais plus me voir ». Et voilà le premier reproche que je ne peux qu’encaisser et accepter surtout. Parce que c’est exactement ce que je lui dis. Lui disant même qu’il pouvait lui arriver n’importe quoi, je ne voulais plus rien savoir à son sujet. Jamais je n’aurai pensé que cela puisse arriver et je m’en veux. Terriblement. D’avoir été aussi cruelle envers lui alors que j’aurai dû voir les signaux d’alarme qu’il me lançait inconsciemment. Je ne réponds rien mais à la place, j’avance un peu plus de son lit. Il est dans un piteux état et ça me fait mal de le voir ainsi. « T’étais pas obligée de venir » « Non, je ne l’étais pas et pourtant je suis là… ». Je lance alors doucement. Je suis toujours debout, je ne suis qu’à quelques centimètres de lui et je le regarde silencieusement avant de prononcer ces quelques mots « Je suis désolé… ». Ma gorge se serre et mes yeux s’emplissent de larmes. « Je suis désolé de t’avoir dit toutes ces horreurs… Mes mots ont dépassé ma pensée… J’aurai dû être là pour toi, plutôt que de t’enfoncer davantage… ». Quelques larmes finissent par s’échapper, que je tente de rattraper d’un revers de main, sans réel succès.
Mia entre dans la pièce et je suis incapable de la regarder. Notre dernière conversation passe en boucle dans mon esprit, ravive en même temps les souvenirs de la soirée du trente au soir qui n’est qu’un océan flou et noir. De temps en temps des flashs me reviennent, comme la voix de Molly au téléphone, ou le besoin de boire jusqu’à effacer complètement ce que je ressentais.
« Non, je ne l’étais pas et pourtant je suis là… » Je ne réponds rien, déglutissant. On s’était dit des choses horribles sur cette plage. La voir devant moi, ne faisait que raviver cette culpabilité. Elle n’a aucune raison d’être là, pas après tout ce que je lui ai dis. Je n’ai pas l’impression qu’elle est là pour en rajouter une couche et pourtant j’ai peur de cette conversation. Elle s’avance vers moi et ma gorge se serre.
« Je suis désolé… ». Je croise son regard rempli de larmes et je déglutis, incapable de le soutenir alors que je regarde mes draps à la place. « Je suis désolé de t’avoir dit toutes ces horreurs… Mes mots ont dépassé ma pensée… J’aurai dû être là pour toi, plutôt que de t’enfoncer davantage… » Cela aide un peu, plus que je ne voudrais l’admettre mais n’efface pas la certitude qu’elle avait raison en prononçant chacun de ces mots. Ils ont peut-être dépassé sa pensée mais ils étaient justes. Ma gorge se serre et je murmure. « T’excuses pas. » Je ne comprends pas pourquoi ils s’excusent tous quand j’ai été celui qui a foiré encore et encore, qui a tout détruit ces dernières semaines. « T’avais raison de toute façon. T’avais raison sur toute la ligne. » Mon ton est las, fatigué et triste. « C’est moi qui suis désolé. Pour tout ce que je t’ai dit. » je la regarde cette fois avant de pointer du menton la chaise à côté de moi. « Assieds toi si tu veux. » Pars pas, me laisse pas, pourrais-je ajouter. Je joins mes mains, me serrant les doigts sans la regarder, ne sachant pas véritablement quoi dire, ou quoi faire. « C’est Tessa qui t’a prévenue ? » Tessa que j’avais encore une fois fait souffrir avec mes conneries. Ma famille en pâtirait les conséquences, tout comme Molly. Molly qui m’avait trouvée, que j’avais réussi à traumatiser un peu plus bien qu’elle ait tenté de le cacher. « Tu m’as pas enfoncé Mia…j’étais déjà bien tombé bien bas tout seul. » je murmure finalement. C’est un demi-mensonge, quand ses mots avaient fait bien plus de mal que je ne l’affirmais aujourd’hui, quand ils avaient tourné en boucle dans mon esprit ce soir-là alors que je buvais à en crever. Mais je n’ai pas envie qu’elle culpabilise, pas envie qu’elle se sente responsable d’un acte dont je suis le seul coupable. Elle aurait eu toutes les raisons à vrai dire, de me détester un peu plus. Je ne prétends pas aller bien. Je ne souris pas. Le masque est tombé et je n’ai pas le courage de le remettre en place.
« T’excuses pas ». Pourtant c’est ce que je fais car il y a des regrets. Enormément de remords quand je le vois allonger dans son lit d’hôpital. Que je me dis qu’il aurait pu y passer, que mes derniers souvenirs avec lui se seraient résumés à cette dispute. A ses mots prononcés bien trop vite. « T’avais raison de toute façon. T’avais raison sur toute la ligne ». A ça, ma tête tourne doucement de gauche à droite parce que je ne suis pas d’accord. Il y a des choses que j’ai pu dire et qu’il ne méritait pas de se prendre en pleine face « Non… » je souffle alors pour le contredire. Tu me dégoutes. Tu es une déception pour tout le monde. Tu ne les mérites pas. Je te déteste. Tu mérites tout ce qu’il t’arrive. Va en enfer. Toutes ces paroles me reviennent et chacune d’entre elle me brisent le cœur un peu plus, quand je me rends compte de la virulence de celle-ci. Et d’autres que je n’ai même pas envie de me rappeler, fermant les yeux comme pour les effacer de ma mémoire. Je tente de reprendre un tant soit peu de contenance alors que je sens que ma gorge se noue et que je suis à deux doigts de craquer. Je respire avant de rouvrir les yeux et de croiser son regard « C’est moi qui suis désolé. Pour tout ce que je t’ai dit ». J’acquiesce doucement « On a tous les deux dit des choses que l’on ne pensait pas… je ne t’en veux pas… » plus. Car évidemment que ses mots m’ont blessé. Ce n’était plus le cas, pas quand je le vois au plus bas, quand les jours ont aidé à apaiser ma rancœur contre lui. « Assieds-toi si tu veux ». Je m’exécute, mes pensées perdues dans les regrets. Mais il accepte que je reste à ses côtés, malgré tout, et il est certain que cette fois, je ne le laisserai pas… je ne l’abandonnerai plus. « C’est Tessa qui t’a prévenue ? » « Oui, elle m’a écrit cette nuit, je n’ai vu le message que ce matin… Je devais passer au boulot d’abord, pour une réunion, je suis désolé de ne pas être venu plus tôt ». Parce que c’est ce que j’aurai voulu. Au moment même où j’ai appris la nouvelle, la seule chose que j’avais en tête était de venir à son chevet. « Tu m’as pas enfoncé Mia… j’étais déjà bien tombé bien bas tout seul ». Cette fois, j’ose attraper une de ses mains et venir la serrer des miennes. Mon regard trouve à nouveau le sien, regard embué à nouveau « On a toujours été franc l’un envers l’autre. Ne me mens pas… » je prononce alors, calmement, ne le quittant pas des yeux. « Tu ne mérites pas ce qui t’es arrivé tu entends Pete ? Tu n’es pas une déception, tu n’es pas un déchet. Tu es une personne qui est dans une mauvaise passe… et qui a juste besoin d’accepter que son entourage l’aide ». Je marque une pause, ma gorge se nouant de plus en plus, mes mots sortant un peu plus difficilement « Je suis là, Pete. Je l’ai toujours été… ça… ça ne changera pas. Jamais. ». Mes mains encerclent davantage la sienne, les larmes coulent cette fois, incapable de les retenir un peu plus longtemps. « Je ne te déteste pas » je souffle alors.
« Non. » Je relève mon regard vers elle et ses yeux bleus remplis de larmes. Elle regrette, m’assure qu’elle n’avait pas raison mais rien n’arrivera à me convaincre du contraire tant aujourd’hui face à elle je me sens plus bas que terre. Je n’essaye pas de lui cacher, il n’y a plus rien à cacher quand Molly m’a trouvé à moitié mort dans mon propre vomi. Je ne pense pas pouvoir tomber plus bas que ça et je ne pense pas qu’un sourire pourra les convaincre que tout va bien quand il est clair que rien ne va et ce depuis des mois.
« On a tous les deux dit des choses que l’on ne pensait pas… je ne t’en veux pas… » Mais moi je m’en veux, je ressens chaque mot que j’ai prononcé comme des armes qui se retournent contre moi. J’avais été odieux, cherchant à retourner coup ou coup la douleur causée sans penser à l’après. Peut-être était-ce parce qu’on avait toujours été honnête l’un envers l’autre ? Peut-être bien trop honnête en réalité ? Ce jour-là cette honnêteté était devenue une arme qu’on avait manié à la perfection.
Je lui propose de s’asseoir, lui demandant si c’est ma sœur l’a prévenue. « Oui, elle m’a écrit cette nuit, je n’ai vu le message que ce matin… Je devais passer au boulot d’abord, pour une réunion, je suis désolé de ne pas être venu plus tôt » Je secoue la tête une nouvelle, chaque excuse étant celle de trop quand j’ai l’impression d’avoir tout raté. « Arrête de t’excuser. » Je soupire et finit par avouer que j’étais déjà bien bas, qu’elle n’a pas eu à m’enfoncer. Je n’ai pas envie qu’elle sache à quel point ses mots ont blessé bien plus que de raison et si elle ne les pensait pas, moi je les pense aujourd’hui.
« On a toujours été franc l’un envers l’autre. Ne me mens pas… » Mon regard se détourne. « Tu ne mérites pas ce qui t’es arrivé tu entends Pete ? Tu n’es pas une déception, tu n’es pas un déchet. Tu es une personne qui est dans une mauvaise passe… et qui a juste besoin d’accepter que son entourage l’aide ». Ma gorge se serre, mes yeux se ferment un instant pour que les larmes qui les noient ne coulent pas. Il y a quelque chose qui se brise sans que je ne m’en rende compte. Un mur entre nous que je laisse s’écrouler, trop fatigué pour le maintenir. J’ai besoin d’entendre ces mots-là, ils me rassurent, apaisent la douleur, me sortent un peu de ce trou noir dans lequel j’ai plongé. Je suis incapable de prononcer un mot tant j’ai l’impression que je vais m’effondrer. « Je suis là, Pete. Je l’ai toujours été… ça… ça ne changera pas. Jamais. ». Ses mains qui serrent les miennes sont la seule chose qui m’empêche de flancher et lorsque j’ouvre les yeux, ils sont remplis de larmes, mon visage déformé par une douleur qui en est devenue physique. « Je ne te déteste pas » Comme un baume ses paroles viennent couvrir la plaie béante dans mon cœur, viennent apaiser cette tristesse que j’ai dû mal à comprendre. J’ouvre la bouche et soudain je craque. « Je suis désolé. Je voulais pas te blesser. Je voulais blesser personne. » Parce qu’il n’y avait pas eu qu’elle. Et j’avais choisi de repousser ma sœur encore une fois hier trop honteux pour l’affronter. Pourtant face à Mia, je laisse les larmes enfin rouler sur mes joues. « Je suis juste fatigué Mia. Fatigué de tout ça. Fatigué de prétendre que tout va bien quand tout va mal et que … que… » je sanglote cette fois. « j’arrive pas….j’arrive pas à en parler…J’arrive pas à…respirer. Je me sens…je me sens tellement…seul. » Seul. Le dernier mot est hoqueté dans un sanglot, ma respiration s’accélérant et il n’y a plus de masque, plus de sourire qui sonne faux, juste la vérité et elle fait mal, elle détruit tout sur son passage et me rend plus vulnérable que je ne l’ai jamais été.
« Arrête de t’excuser ». Je m’excuse continuellement depuis que je suis arrivée parce que je me sens dans l’obligation de le faire. L’obligation de m’excuser encore et encore quand je n’arrive pas à me pardonner pour les mots que j’ai pu avoir à son encontre. Me sentant coupable quand je le vois dans ce lit d’hôpital. Car il a beau dire le contraire, ces mots ont joué dans la balance. Parce que, je n’ai cessé de me dire « et si… ». Et si j’avais été là pour lui ? Et si le soir où il a fait son coma éthylique dans cette chambre d’hôtel, il avait été plutôt avec Dylane et moi ? Car ce soir-là, j’étais avec ma sœur de cœur, chez qui il vivait depuis quelques mois maintenant. Il n’était pas là et je me rends compte que je m’en suis à peine inquiétée. Que je n’ai pas cherché à l’appeler. Et pourtant, cet appel aurait peut-être tout changé. Peut-être que ça l’aurait apaisé de savoir que je m’inquiétais peut-être qu’il aurait abandonné cette bouteille de trop, qu’il m’aurait appelé à l’aide à temps avant que le pire arrive… Les regrets sont bien présents et je suis incapable de contrôler ce flot d’émotions, ce flot de remords, les larmes s’échappant un peu plus à mesure que la conversation avance…
Je le pousse à s’ouvrir parce qu’il n’a jamais voulu le faire. Je l’incite à pousser cette honnêteté que nous avons toujours eu l’un envers l’autre. Une honnêteté différente où, cette fois, il ne dirait pas ce qu’il pense de mon cas, mais plutôt qu’il se confie sur ce qu’il ressentait au plus profond de lui. Ce mal être qui semble l’habiter, le hanter. Alors, même si pour le moment, il n’a pas prononcé un mot sur ce qu’il peut ressentir, je le rassure. Je le rassure en revenant sur toutes les horreurs que j’ai pu lui balancer à la figure, les retirant une en une en lui prouvant que je pense l’opposer. Que ce n’est que la colère qui a parlé à ce moment-là. Il n’est pas un déchet, il n’est pas une déception. Il n’est rien de tout ça. Je tiens trop à lui, bien trop et je n’ai pas été capable de lui montrer. Je m’en veux. Terriblement. Mes mains viennent saisir les siennes, pour lui montrer que je suis là pour lui, que plus jamais je ne le laisserai. Il finit par ouvrir les yeux et lorsque je vois ces petits scintillements dans les yeux, ses larmes qu’il a tenté de retenir, et qui, finalement, font leur petit bonhomme de chemin… Je n’ai pas l’habitude de le voir ainsi et ça me déchire le cœur. Les derniers mots que je prononce sortent difficilement et pourtant, ils sont nécessaires. Je ne le déteste pas. C’est tout le contraire. Je sais qu’il a besoin de l’entendre.
« Je suis désolé. Je voulais pas te blesser. Je voulais blesser personne ». Et je le sais, mes mains se refermant encore plus autour des siennes. « Je suis juste fatigué Mia. Fatigué de tout ça. Fatigué de prétendre que tout va bien quand tout va mal et que… que… ». Sa voix est saccadée, il peine à sortir les mots de sa bouche et pourtant, du regard je l’incite à poursuivre, mes larmes se faisant plus abondantes « j’arrive pas… j’arrive pas à en parler… J’arrive pas à… respirer. Je me sens… je me sens tellement… seul ». Ce dernier mot me transperce le cœur, comme si quelqu’un y avait planté un couteau à vif. Entendre qu’il se sent si seul est insupportable. Je viens essuyer une de ses nombreuses larmes avec ma main avant de passer doucement celle-ci dans ses cheveux pour le calmer « Ca va aller Pete… Je te le promets que tout va aller pour le mieux maintenant ». Mon regard se plante dans le sien, bien que celui-ci soit embué. Ma main qui tient encore une des siennes la soulève doucement pour venir y déposer un baiser « On est tous là pour toi, pour te soutenir. Tessa, Link, Molly, tes parents… On ne t’abandonnera pas tu entends ? On fera tout pour que tu ne te sentes plus seul parce qu’on t’aime Pete ». Ma voix flanche un peu sur ces derniers mots, quand je le vois au plus mal sur son lit d’hôpital et surtout parce que ce ne sont pas des mots que nous avons coutume d’avoir l’un envers l’autre. « Cette fois, je veux être celle qui sera là pour toi, comme tu l’as toujours fait avec moi, depuis notre enfance. Comme tu l’as fait lorsque je me suis retrouvée à ta place dans ce lit. Comme tu as su être cette oreille attentive dont j’avais besoin à certains moments de ma vie ». Je veux simplement lui rendre la pareille, quand il doute certainement de ce qu’il a pu m’apporter pendant ces nombreuses années. Je me penche un peu plus pour venir embrasser son front, séchant à nouveau quelques larmes au passage « Tu ne dois pas avoir honte de ce que tu ressens au plus profond de toi Pete…». Je m’assois à nouveau sur la chaise, sans lâcher sa main dans la mienne, l’incitant à continuer à s’ouvrir à moi, à extérioriser tout ce qu’il retient depuis trop longtemps.
Il y a quelque chose qui se brise, qui s’écroule sans que je ne me rende compte. Un mur ou un sourire, une barrière fictive entre moi et les autres qui m’a toujours empêché de parler d’expliquer, de tenter d’exprimer ce que je ressentais. J’ai réussi à éloigner tout le monde de moi, à les faire tous me détester.
« Ca va aller Pete… Je te le promets que tout va aller pour le mieux maintenant » Ca ressemble à une promesse et pourtant j’ai terriblement de mal à y croire, tentant en vain de calmer mon cœur qui bat trop vite, l’océan de larmes qui ne semble plus vouloir s’arrêter comme si en ouvrant les vannes, j’avais laissé tout s’écrouler. Elle les essuie pour rien ces larmes qui coulent sur mes joues, quand des nouvelles viennent immédiatement prendre leur place. Elle effleure sa main d’un baiser et je me contente d’hoqueter un sanglot, en secouant la tête. Parce que je ne vois pas comment ça va aller mieux. Je ne vois comment tout peut s’arranger quand j’ai l’impression d’être dans une impasse. « On est tous là pour toi, pour te soutenir. Tessa, Link, Molly, tes parents… On ne t’abandonnera pas tu entends ? On fera tout pour que tu ne te sentes plus seul parce qu’on t’aime Pete ». Et pourtant ma sœur avait préféré me tourner le dos et ce n’était que maintenant par culpabilité sans doute qu’elle était revenue. Mon frère n’avait sans doute eu qu’une hâte me voir chuter plus bas que terre. Mes parents, mes parents étaient déçus. Quant à Molly, même elle j’avais réussi à lui faire du mal en la faisant venir dans cette chambre d’hôtel en la faisant me trouver dans cet état. Ils m’aiment et pourtant je n’ai pas l’impression de le mériter, je n’en veux pas, ne m’en sens pas digne pas après tout ça. Je secoue la tête, incapable de parler, tentant de reprendre le contrôle de mes émotions.
« Cette fois, je veux être celle qui sera là pour toi, comme tu l’as toujours fait avec moi, depuis notre enfance. Comme tu l’as fait lorsque je me suis retrouvée à ta place dans ce lit. Comme tu as su être cette oreille attentive dont j’avais besoin à certains moments de ma vie » Les mots aident un peu, calment le torrent de larme que je finis par essuyer d’une main, puis de deux. « Tu ne dois pas avoir honte de ce que tu ressens au plus profond de toi Pete…» Pourtant j’ai honte, pourtant parler de tout ça est difficile tant j’ai toujours cherché à prétendre que tout allait bien.
« C’est pas comme ton coma éthylique Mia. » J’avoue sans la regarder. « Je bois pas qu’en soirée depuis longtemps. » Je ferme les yeux, les lèvres tremblantes. « C’est la première chose que je bois au réveil. Un verre d’alcool. Parfois j’ai envie de boire pour ne pas penser, pour me sentir bien. Et parfois…parfois j’ai envie de boire pour oublier complètement et pour juste arrêter…tout ça. » Tout ça, les pensées dans ma tête, la solitude et l’égoïsme, moi et ma connerie. Je dégage ma main de la sienne, entourant mon corps de mes bras honteux. « Tu sais comment m’a trouvé Molly Mia ? En train de m’étouffer dans mon vomi putain. » Je ferme les yeux, la voix tremblante de culpabilité. « Je fais du mal à tout le monde. »
Il s’écroule. Je ne l’ai jamais vu de la sorte, je ne l’ai que bien trop rarement, si ce n’est jamais, vu flancher. Baisser les armes. Laisser ses larmes s’écouler le long de ses joues. Je n’ai pas l’habitude. Pas l’habitude de le voir au plus mal, de le voir aussi malheureux, de le voir aussi triste. Ça me fend le cœur. Et ce sentiment de culpabilité qui m’habite, bien qu’il ne cesse de me dire qu’il ne m’en tient pas rigueur, bien qu’il me demande d’arrêter de m’excuser, n’arrange rien. Mes paroles se veulent réconfortante, quand il est incapable de se calmer, ses larmes continuant à s’échapper les unes après les autres, comme si plus rien ne pouvait les arrêter. Comme si elles avaient été retenues depuis bien trop longtemps. Si bien que j’ai cette impression que mes mots ne l’apaisent pas, que je vais être incapable de l’aider, de le rassurer en lui disant qu’il allait s’en sortir. Il faudra du temps, le chemin sera long, mais je suis persuadée qu’il y arrivera. Je ne lâche pas sa main, je ne lâche pas son regard non plus. Tout comme je ne lâcherai plus comme j’ai pu le faire quelques jours plus tôt… « C’est pas comme ton coma éthylique Mia ». Il me rappelle ce même épisode que j’ai vécu, quand il clame qu’il est pourtant différent. J’ai bien sûr fait l’analogie ce matin en lisant le message de Tessa. J’ai connu ça aussi, buvant bien plus que de raison, n’écoutant pas les signaux que mon corps me renvoyait. Voulant prouver que j’étais capable de tenir le rythme ou tout simplement parce que c’était le seul moyen pour moi de ne plus penser à ce père parti, à cette mère trop prise par son boulot pour prêter attention à la dérive de sa fille, aux appels à l’aide silencieux que je pouvais lui lancer par mon comportement. Incapable de voir cette détresse dans laquelle je me trouvais. Parce que je n’étais qu’une adolescente en souffrance, que je préférais montrer le contraire plutôt que dire tout haut que j’étais malheureuse, que je souffrais de l’absence de ce père qui était mon monde. Mon monde qui s’est écroulé subitement, sans que je n’en comprenne les raisons. Je sais ce que c’est. Je sais ce qu’il est entrain de vivre parce que je suis passée par là et c’est pour ça aussi que j’ai peur. Que je suis effrayée par ce qui lui arrive. Parce que je n’aurai jamais souhaité ça, même à mon pire ennemi. « Je bois pas qu’en soirée depuis longtemps. C’est la première chose que je bois au réveil. Un verre d’alcool. Parfois j’ai envie de boire pour ne pas penser, pour me sentir bien. Et parfois… parfois j’ai envie de boire pour oublier complètement et pour juste arrêter… tout ça ». Ces paroles me glacent le sang, surtout ses derniers mots quand j’ai l’impression que son besoin de boire va au-delà du simple fait de vouloir oublier pour quelques heures ses problèmes. Quand j’ai l’impression qu’il a eu des pensées bien plus sombres dans ses moments de beuverie… Je suis horrifiée et davantage inquiète que je ne pouvais l’être, me rendant compte que je n’ai pas du tout vu la détresse totale dans laquelle se trouvait mon ami. Mes larmes roulent à nouveau, quand je tente de conserver sa main dans la mienne et que je souffle « Oublier quoi Pete… ? ». Je cherche à le faire parler, à me dire ce qui le blesse au plus profond de lui pour en être arrivé là. Je tremble, la peur s’emparant un peu plus de moi « Je m’en veux de ne pas avoir vu tout ça… » je laisse échapper parce que je me trouve hypocrite de dire que je le connais par cœur quand je n’ai pas été foutu de voir qu’il allait mal. Je me trouve lamentable dans mon rôle d’amie. Sa main m’échappe quand il décide de la retirer de la mienne et entoure son corps de ses bras « Tu sais comment m’a trouvé Molly Mia ? En train d’étouffer dans mon vomi putain ». Je la vois la culpabilité, la honte dans son regard. Ma main vient se poser sur son bras droit que je viens frictionner doucement, comme pour le rassurer. « Elle t’a trouvé à temps, c’est tout ce qui compte… ». Parce que j’imagine aussi la peur que Molly a dû avoir en le trouvant dans cet état, et même si les circonstances peuvent paraitre humiliantes, honteuses pour lui, je suis persuadée que tout ce qui lui importe est le fait de ne pas être arrivé une minute trop tard. Cette minute de trop à laquelle je ne veux même pas penser. « Je fais du mal à tout le monde ». Ma tête tourne doucement de gauche à droite « Arrête ! ». Mon ton est plus ferme parce que je ne peux plus l’entendre dire ça. Je ne veux plus qu’il continue à le dire. Alors, cette certaine franchise que nous avons toujours eu l’un envers l’autre refait surface. Pour son bien. « Oui, Pete, tu nous as fait peur. Oui, Pete, ça nous fait du mal de te voir comme ça. Mais tout ce qui nous importe c’est que tu sois en vie. Tu as merdé… et ça arrive à tout le monde. Tu n’es pas le premier, tu ne seras pas le dernier. Et si tu ne veux plus nous faire souffrir, la solution n’est pas de te noyer dans l’alcool pour disparaitre… Mais de te ressaisir une bonne fois pour toute… pour t’en sortir ». Les mots sont dits calmement mais toujours avec une certaine fermeté. Mes larmes sont séchées d’un revers de main, comme pour me donner plus de crédibilité. Je soupire, marquant une pause quelques secondes en l’observant et vient passer délicatement ma main sur le haut de sa tête « Tu en es capable… » je murmure alors.
« Oublier quoi Peter ? » Je relève la tête, plongeant mon regard noyé de larmes dans le sien. Mon silence parle pour moi. Il dit tout ce que je ne prononce pas à voix haute. Il évoque les pensées qui m’ont traversé ce soir-là et tous les soirs d’avant. Pourtant cette fois je me force à ouvrir la bouche à murmurer doucement « Tout ? » le mot est soufflé douloureusement, conscient d’un aveu que je n ‘ai jamais fait à voix haute, de pensées que j’ai cherché à cacher de tous, d’une solitude que j’ai camouflé avec des sourires et un égoïsme. Il est plus simple, après tout, de prétendre que le choix était le mien, d’agir ainsi pour leur donner une raison de me rejeter, plutôt que de risquer qu’ils le fassent par choix.
« Je m’en veux de ne pas avoir vu tout ça… » L’écho d’un sourire vient étirer mes lèvres, une forme de demi-rictus bien trop triste. « Comment t’aurais pu voir Mia ? Je passe ma vie à prétendre que tout va bien. » J’ai envie de la rassurer sur le fait qu’elle n’est pas responsable, qu’elle n’aurait pas pu voir, que même si elle avait vu je ne l’aurais pas laissé m’aider. J’ai honte de chacune de mes actions et encore plus que ce soir Molly qui m’ait trouvé.
« Elle t’a trouvé à temps, c’est tout ce qui compte… » « Je l’ai encore fait souffrir. » dis-je d’un ton amer. « Elle est avec quelqu’un d’autre maintenant… » Quelqu’un qui l’aimera comme moi je n’ai jamais pu l’aimer, pas avec égoïsme.
« Arrête ! ». J’ouvre doucement les yeux pour la regarder, le regard encore noyé de larmes, respirant profondément avec l’espoir d’arriver à me calmer. « Oui, Pete, tu nous as fait peur. Oui, Pete, ça nous fait du mal de te voir comme ça. Mais tout ce qui nous importe c’est que tu sois en vie. Tu as merdé… et ça arrive à tout le monde. Tu n’es pas le premier, tu ne seras pas le dernier. Et si tu ne veux plus nous faire souffrir, la solution n’est pas de te noyer dans l’alcool pour disparaitre… Mais de te ressaisir une bonne fois pour toute… pour t’en sortir » Son ton ferme et calme a au moins le mérite de m’apaiser. C’est peut-être la franchise qu’elle a toujours eu envers moi qui fait que je la crois, qui fait qu’une note d’espoir nait lentement et qu’une partie de moi se met à la croire au moins un peu. « Tu en es capable… » Ca je n’en suis pas si sûr, conscient que cela fait des années que je bois, des années que je fonctionne ainsi et que je me concentre sur moi et pas sur les autres. Mais il va falloir que je change pour moi, pour ma famille et pour mes amis. Je ne souhaite plus ressentir cette culpabilité quand je la regarde. « Peut être… » C’est déjà mieux qu’un non catégorique, mon hésitation toujours présente et je finis par avouer. « Le problème Mia c’est que je sais pas si je suis capable d’arrêter de boire… Je sais pas ce que je suis…sans ça. » Qui est Peter Mulligan s’il n’est pas le boute en train toujours prêt à faire la fête, à boire plus que les autres et à accepter les défis tous plus stupides les uns que les autres ? Qui est Peter Mulligan s’il n’est plus le roi de toutes les soirées, que reste-t-il derrière ? Qui suis-je au fond en dehors de toutes ces apparences ?
« Tout ? » Et cette réponse, prononcée dans un murmure, me fait frissonner quand le tout suffit pour me faire me rendre compte que Pete ne supporte plus cette vie qu’il mène, qu’elle ne lui convient pas comme il a pu me le laisser penser maintes et maintes fois. Ce besoin de boire est devenu nécessaire pour lui pour oublier tout, mais surtout pour arrêter, et c’est le terme qu’il a utilisé plus tôt, tout. Et c’est cela qui m’effraie, me rendant compte que ses pensées ont été beaucoup plus noires, qu’il a peut-être essayé de mettre un terme définitif à sa vie. Je tremble, une certaine angoisse me gagnant en me rendant compte de tout cela, mes deux mains resserrant mon emprise sur la sienne. Parce que cette pensée qu’il aurait pu ne pas s’en sortir m’effraie beaucoup trop, m’effraie encore quand le chemin pour qu’il s’en sorte sera bien plus long que je ne pouvais l’imaginer. Je n’ajoute rien de plus, ne voulant pas le pousser à m’en dire davantage quand je le vois dans cet état, si mal, les larmes aux yeux. Cette discussion, nous l’aurons à nouveau, je le sais. Car ce soir, je le sens, notre amitié, même si elle restera inchangé, prend aussi un autre tournant…
« Comment t’aurais pu voir Mia ? Je passe ma vie à prétendre que tout va bien » « Je ne veux plus que tu prétendes Pete… plus jamais. Promets-moi que tu me diras tout désormais ? ». Je lui demande au moins ça, qu’il me donne la certitude qu’il se confiera à moi en toute sincérité quand il sent qu’il touche le fond. Parce que c’est aussi notre réciproque sincérité qui fait que notre amitié est unique mais elle doit aussi aller dans les deux sens. Je n’ai jamais hésité à lui faire part de mes malheurs, de mes problèmes, de mes chagrins, et il a toujours été là pour moi. Et je voulais qu’il en fasse de même à partir de maintenant car je ne supporterai pas que ce genre d’incident lui arrive encore et encore…
« Je l’ai encore fait souffrir. Elle est avec quelqu’un d’autre maintenant… ». Mon regard s’attriste quand je sens que l’idée que Molly soit avec quelqu’un d’autre lui fait du mal. Il est conscient qu’il a eu sa chance avec elle, qu’il a mal agi et qu’il ne pourra plus la récupérer quand il l’a trop faite souffrir. Il sait ce que j’en pense, et ce soir, je ne tiens pas à lui rappeler. « Mais elle restera toujours présente pour toi ». Parce que je connais suffisamment Molly pour savoir qu’elle sera toujours là pour lui malgré tout, et elle l’avait prouvé encore une fois en le retrouvant dans cette chambre d’hôtel.
Il s’accuse du mal qu’il a pu faire à son entourage. Et cette fois, je décide de retrouver cette franchise que nous avons toujours eu entre nous, ne le brossant pas dans le sens du poil tout en lui disant que, s’il ne souhaite plus nous en faire, il doit se ressaisir, car il en est capable « Peut-être… ». Il doute mais c’est toujours mieux que s’il me disait qu’il en est incapable. Un petit sourire s’affiche sur mes lèvres, comme un peu rassurée par cette réponse, qui me donne de l’espoir. Parce qu’il va essayer, du moins, je l’espère « Le problème Mia c’est que je ne sais pas si je suis capable d’arrêter de boire… Je sais pas ce que je suis… sans ça ». Ma main vient caresser sa joue, attrapant une larme qui se faufile encore avant de lui dire, avec ce sourire rassurant au bout des lèvres « Tu le seras. Parce que tu vas te faire aider pour, Pete… Il le faut. » Je marque une pause, mon sourire s’étirant davantage, un peu plus amusé cette fois « Tu resteras toujours le même Pete. On continuera à faire des défis tout aussi stupides toi et moi à la fête foraine, on continuera à essayer de piquer le bonnet de Noël à un gosse ou d’attraper une immense boule sur le sapin. On est des éternels grands enfants, ça ne changera jamais. On n’a pas besoin d’alcool pour ça, c’est dans nos gênes la débilité ». Je ris doucement puis redevient sérieuse « Je te connais depuis suffisamment longtemps pour savoir que tu es quelqu’un de bien sans ça Pete. Et sans ça, tu ne seras que meilleur. J’en suis convaincue. Alors bats-toi ». Mon regard est tendre et je viens déposer un baiser sur son front, me levant ainsi de ma chaise « Je vais te laisser, il faut que tu te reposes. Je t’appellerai demain ». Un sourire est toujours présent sur mes lèvres, même si je sens que ma gorge reste serrer du fait de toutes les émotions ressenties suite à cet échange. Ma main serre la sienne une dernière fois avant de la lâcher et me diriger vers la sortie. Arrivée à la porte, je me retourne, tentant de ne pas craquer avant de passer celle-ci, lui adressant un dernier sourire avant de quitter définitivement la chambre.