i screwed up -- @Cían Atwood   

☽ début avril 2010. Milo était dévasté mais comme à son habitude, il ne disait rien. Il se devait de retourner sur le navire afin de partir en mission pour trois semaines. Très bien, c'était parfait pour fuir ce gang, se faire oublier et ne rien risquer. Milo avait eu la peur de sa vie, et alors que Zoey venait de lui avouer qu'elle était enceinte, le militaire avait détalé. Ce n'était pas la grossesse de la femme qu'il aimait qu'il avait fait fuir comme un lâche, mais c'était bien la menace qui pesait sur sa famille qui avait provoqué tout ce désastre. Milo en avait énormément sur les épaules, il devait gérer les conneries de son père récemment mort, assassiné. Il devait maintenant abandonner la femme qu'il aimait et sacrifier son propre avenir pour sauver sa peau et celles de ses proches. Il était à la fois énervé, complètement détruit mais le pire dans tout ça, c'était qu'il se sentait totalement impuissant. Cela ne lui ressemblait pas de cavaler mais on ne lui avait pas laissé le choix, il en voulait tellement à son père de l'avoir mis dans cette histoire, il était en colère contre lui, contre ses choix, les décisions qu'il avait prises qui avait déjà eu la lourde conséquence de sa mort, laissant sa mère, veuve derrière lui...

Milo avait profité de la mission de la Royal Navy pour prendre toutes ses affaires, se barrer et ne rien laisser à Brisbane là où il squattait chez Zoey. Il n'était même pas passé par la maison de sa mère à Sydney. Il avait tellement envie de partir et de ne plus se retourner. Cela faisait déjà trois jours qu'ils étaient partis et Milo rasait les murs. Il ne parlait à personne, il se contentait de faire son travail, mais il n'arborait pas son sourire si caractéristique de son optimiste reconnu. On lui prêtait l'excuse du décès du paternel que tout le monde connaissait ici, Michael avait fait partie lui-même de la Royal Navy et était connu au sein de l'équipage. Milo avait suivi ses traces, il en était fier, enfin plus depuis quelques mois quand son père lui avait avoué ses déboires, ses dettes, et ce gang qui lui courait après... Le repas avec l'équipage venait de se terminer, il était vingt heures passé et Milo décida de se rendre à la proue du bateau, il avait besoin d'être seul et ne supportait plus le bruit autour de lui. Il avait planqué dans sa veste une fiole de whiskey parce qu'il avait juste envie de boire et d'oublier.

Il était donc assis sur un rebord, il sortit sa fiole pour en boire un coup. S'il y avait bien une personne qui le connaissait par coeur, c'était Cían. Il sentait bien son regard depuis qu'ils s'étaient retrouvés à la base. Mais Milo n'avait rien dit, à personne. Il ne pouvait pas prendre le risque de mettre quelqu'un dans la confidence. Le militaire avait le regard perdu sur la mer noir devant lui, seulement éclairée par la lune. Il se demandait bien ce qu'il allait faire. Il venait de laisser cette fille enceinte derrière lui, femme qu'il aimait sincèrement. D'ailleurs, son ami était au courant de cette idylle qui durait depuis plusieurs mois mais Cían était loin de s'imaginer tout ce qui s'était passé depuis la mort de son père. Milo était perdu dans ses pensées, le regard vide, il ne vit pas arriver son meilleur ami.

Je tente de me concentrer sur les derniers réglages à effectuer avant mon dernier vol de la journée, mais mon regard ne cesse de naviguer entre mon tableau de bord et Milo occupé un peu plus loin. Il est bizarre depuis que l’on a embarqué il y a quelques jours de ça. Alors, certes, il a perdu son père il y a peu et l’épreuve doit lui sembler insurmontable tant il admirait son paternel, mais je suis persuadé qu’il y a autre chose. Je ne reconnais plus mon frère d’arme et c’est probablement ce qui m’inquiète le plus. Pour le moment, il semble simplement avoir la tête dans les nuages, mais j’ai peur que cela le conduise à la faute. On est là pour de nombreux entraînements et il se doit de faire ses preuves à son poste. Dix ans d’armée, il est temps pour nous de prendre du grade. Sullivan nous surveille comme le lait sur le feu et si je sais qu’il aura des choses à redire à mon sujet – parais que mon impulsivité ne plaît pas à grand monde – je ne voudrais pas qu’il se mette en tête d’emmerder Milo. Il est bon dans ce qu’il fait mon ami. Il a la tête sur les épaules, le sens des responsabilités et surtout lui est capable de garder son sang-froid dans n’importe quelle situation. Pourtant, il se laisse distraire trop facilement depuis ce matin. Je n’ai pas vraiment le temps de me pencher sur son cas plus longtemps, me faisant rappeler à l’ordre par un supérieur. Cette mission d’entraînement est importante et je compte bien en profiter pour accumuler les heures de vols, alors je ne discute pas lorsque l’on me demande de me préparer pour le décollage. Je m’occuperais de Milo plus tard.

Au repas, il a été plus silencieux que jamais et surtout assis bien trop loin de moi pour que je puisse lui parler sans que tout le monde s’en mêle. Il a passé son temps à jouer avec ce qu’il y avait dans son assiette sans jamais relever la tête. Même Thalia, c’est inquiéter elle qui jure toujours n’en avoir rien à faire de nos gueules. « Il a quoi Milo ? » Je hausse les épaules ne voulant pas m’avancer sur un sujet qui m’échappe. « Je crois que c’est la mort de son père qui le travaille. » Elle a gobé ça sans discuter, son père était militaire, on fait ce qu’il aimait tous les jours, y a de quoi avoir des souvenirs pour Milo. Pourtant, je reste persuader que ce n’est pas que ça et je compte bien aller me renseigner. J’abandonne Thomas qui râle un peu et me dirige vers le pont arrière où je sais que je trouverais mon ami. Il est là, assis dans un coin, une flasque entre les mains. « Dis moi ce qui se passe. » Pas le temps de faire des détours ou de prendre des gants, ça n’a jamais été notre genre et c’est pas aujourd’hui que ça va commencer. « Me parle pas de ton père, je sais qu’y a autre chose. » C’est forcément autre jour, il ne s’isolerait pas autant sinon. J’en suis persuadé.

i screwed up -- @Cían Atwood   

☽ début avril 2010. Milo se sentait bien seul depuis plusieurs semaines, il avait l'impression de vivre un cauchemar à grandeur nature. En l'espace de six mois, son père lui avait avoué ses conneries, puis il s'était fait assassiné, sa petite amie lui avait avoué être enceinte, et maintenant il devait fuir ses responsabilités. Cela ne ressemblait pas à Milo, le jeune homme avait grandi avec des valeurs si précieuses, telles que la famille et le respect. La famille, c'était très important pour lui, le lien qu'il avait avec sa soeur notamment et puis, il avait toujours admiré son père. Il n'y avait jamais eu un mot plus haut que l'autre chez les Wilson, à part avec son petit frère. Mais il ne lui en voulait pas, l'adolescent avait souffert de l'absence de son père, Milo avait tenté d'être cette figure masculine dont il avait tant besoin.

Le militaire en avait pourtant gros sur le cœur. Il devait supporter le poids de ce secret, alors que tout le monde connaissait sur ce bateau son paternel. Il ne pouvait pas en parler, et puis de toute manière il aurait bien trop peur que ses proches soient touchés par cette histoire. Milo devait se faire à l'idée qu'il serait à jamais seul face à son destin. Il ne pourrait plus jamais remettre les pieds à Brisbane, et il devait laisser derrière lui Zoey, qui portait son enfant. Milo était brisé, et la seule chose qui le faisait tenir était peut-être sa place ici, dans cet équipage. Il se disait qu'en mission, perdu dans les mers, personne ne pourrait le retrouver. Il avait son regard perdu dans les eaux noires alors qu'il buvait à petite gorgée l'élixir qu'il avait réussi à prendre avec lui: un jour après l'autre, se disait-il.  « Dis moi ce qui se passe. » Milo secoua légèrement sa tête, il n'avait pas vu arriver Cian. Sa vue s'ajusta à la silhouette du militaire, alors qu'il reprit une gorgée de son spiritueux. « Me parle pas de ton père, je sais qu’y a autre chose. » Milo le fixait, le coeur serré, la gorge nouée, Milo se sentait vide, épuisé, fatigué de toutes ces histoires. « Oh tu sais, la vie. » Et la mort. avait-il envie de dire aussi, mais il se retint. Milo avait une clé de Damoclès qui lui pendait au dessus de la tête mais sinon, tout allait bien. Il se pinçait les lèvres, nerveux, Milo se sentait si lourd. « T'en fais pas, ça ira. » ajouta-t-il pour tenter de rassurer son ami. Milo ne pouvait pas vider son sac aussi facilement, même s'il pourrait lui parler d'une rupture avec Zoey, mais il n'avait pas envie de repasser pour un lâche. Non, il ne voulait pas qu'on lui accorde cette étiquette alors qu'il était en train de faire le plus gros sacrifice de sa vie...

La règle est tacite entre nous et ce depuis le départ, jamais on n’impose à l’autre de parler. Alors, j’ai laissé Milo traîner son chagrin depuis que l’on a embarqué sur le porte-avion. Tout le monde a décidé de lui foutre la paix et même Sullivan. C’est assez rare pour le noter, mais notre frère d’arme à perdu son père et on essaye tous de lui laisser un peu d’espace. Il avait besoin de venir avec nous, il l'a juré par cent fois que c’était sa place et bien entendu qu’aucun d’entre nous n’a voulu le contredire. On est tous à notre place sur cet engin bravant les flots. Cela peut paraître complètement dingue pour les civils, mais c’est en étant dans notre élément que l’on peut s’échapper un peu. Qu’importe si on doit entendre parler de potentiel conflit, de guerre et de tous les sacrifices que l’on devra faire si un jour, on venait à devoir défendre notre pays d’une attaque. Cela aurait dû fonctionner sur Milo également, ramener un léger sourire sur son visage ou tout du moins le faire parler un peu, mais c’est pire au fur et à mesure que les jours passent. Si j’ai pu comprendre son envie d’isolement désormais, je m’inquiète et compte bien comprendre ce qui se trame dans un coin de sa tête. Je pourrais le laisser tranquille, ne pas aller le chercher sur ce pont, mais c’est mal me connaître. Il est mon meilleur ami et on ne laisse jamais un frère derrière soi, quoiqu’il arrive.

Je vois bien qu’il est surpris de me voir m’asseoir à ses côtés et je lui laisse le temps de prendre sa décision. S’il me demande de partir, je flancherai une fois encore, mais ce sera la dernière. Il boit une nouvelle gorgée de sa flasque et le voir se retrancher dans l’alcool ne me rassure en rien du tout. « Oh tu sais, la vie. » Un instant, mon regard croise le sien. Je sonde chaque trait de son visage et réalise bien rapidement qu’il n’a pas assez bu pour être complètement alcoolisé, ce qui rend sa réponse quelque peu cryptique encore plus inquiétante. « Mais encore… ? » que j’interroge sans pour autant le pousser dans ses retranchements. La soirée risque d’être longue, mais je compte bien comprendre ce qui se trame derrière ses cernes et ce regard noir. « T'en fais pas, ça ira. » La tentative est aussi belle que vaine. Je ne le crois pas une seule seconde tant ses prunelles me crie l’inverse. « Ah d’autre… » que je murmure doucement venant voler sa flasque d’entre ses doigts pour lui en voler une gorgée laissant le silence retomber entre nous. On entend plus que le bruit des vagues qui viennent se briser sur la coque dans un bruit tout aussi terrifiant qu’il en est pleinement rassurant pour nous. « Je vais pas te forcer à me parler, mais je sais qu’il y a quelque chose. » Je le sens depuis des jours et ce n’est pas un sentiment qui semble vouloir se faire la malle. « Donc tu m’en voudras demain si tu veux, mais je vais rester encore un peu. » Juste là, a côté de lui, sans trop rien dire.

i screwed up -- @Cían Atwood   

☽ début avril 2010. Les secrets de Milo étaient en train de peser lourd sur sa conscience. Le militaire était un homme intègre, droit dans ses baskets et à cause des conneries de son père, il devait remettre en question toute sa vie. Il avait dû faire des sacrifices, des choix que personne ne comprenait car cela ne ressemblait tellement pas à l'australien... Milo était donc face à lui-même, tentant de trouver des solutions qui ne viendraient jamais... Il avait eu besoin de retourner sur le porte-avion car sa place n'était nulle part ailleurs. En plus de cela, il se sentait en sécurité ici, loin des terres où on pouvait le retrouver plus facilement. Milo était donc revenu au travail très rapidement bien que tout le monde connaissait Michael Wilson, et avait été longtemps un partenaire de Sullivan. Le militaire avait donc le respect de ses camarades, tout le monde comprenait qu'il était plus éteint ces temps-ci. Pourtant Milo était connu pour être facile à vivre, drôle, un bon vivant en soit. Tout ceci s'en était allé quand son père était mort, ou devrait-il dire : assassiné. Personne ne le savait, excepté lui et sa mère. Le reste pensait qu'il avait été tué lors d'une mission militaire. C'était faux.

Sur ce bateau, il se sentait à sa place. Tout le monde le laissait tranquille mais s'il y en avait bien un qui saurait déceler le moindre mensonge c'était Cian. D'ailleurs, c'était aussi l'un des seuls pour qui il tenterait de ne pas être trop désagréable. La soirée était difficile, le temps n'arrangeait rien, il pensait à Zoey, à l'enfant qu'elle portait et aux choix de son père, ceux qui l'avaient mené ici, aux responsabilités qu'il avait dû prendre. Le militaire se bouffait de l'intérieur, surtout quand sa famille ne comprenait pas non plus son attitude. Se disputer avec sa soeur pour quelque chose que lui-même n'arrivait pas à expliquer car il ne pouvait pas lui dire la vérité, tout cela était une accumulation qui était en train de déborder... Donc, Milo avait besoin d'être seul et de boire, sans pour autant se mettre dans un piteux état...  « Mais encore… ? » Milo haussa des épaules et puis, il finit par lui dire que ça finirait par aller comme toujours... Toutefois, Milo se rendait bien compte que l'enfant que portait Zoey allait grandir, ce bébé allait grandir sans lui et cette absence dans le coeur du militaire se ferait ressentir à tout jamais. La cicatrice ne se refermerait jamais. « Ah d’autre… » Milo tourna alors la tête pour croiser un instant son regard, il lui prit sa flasque, laissant retomber sa main contre la coque. Le bruit des vagues était tout à fait réconfortant pour lui, et pour tous les membres de cet équipage. Ne rien voir au loin était aussi un sentiment effrayant mais pour autant, Milo aimait perdre ses yeux au loin sur les quelques reflets qu'il pouvait percevoir grâce à la lune. « Je vais pas te forcer à me parler, mais je sais qu’il y a quelque chose. » Milo eut un souffle qui s'échappa de ses lèvres, un léger rire qui traduisait le fait que ça ne l'étonnait pas. Il connaissait Cian, et il savait très bien qu'il ne lâcherait pas l'affaire. « Donc tu m’en voudras demain si tu veux, mais je vais rester encore un peu. » Milo l'écoutait, et il était en train de se dire ce qui était dangereux de partager ce secret avec Cian... Est-ce que ça ne lui ferait pas du bien de partager une telle histoire avec lui ? De pouvoir vider son sac à quelqu'un sereinement ? Après tout, ils vivaient pratiquement ensemble à chaque mission... Cian n'était pratiquement jamais à Brisbane, là où tous ses problèmes se trouvaient... Et le Club s'en fichait bien des amis des uns et des autres, c'était la famille qui les importait... Il soupira, et finit par lui reprendre la flasque d'un coup sec pour prendre plusieurs gorgées, il en avait besoin car vider son sac n'allait pas être facile. « Zoey est enceinte. » Première information, peut-être la plus joyeuse de tout. Du moins, cette information aurait pu être une bonne nouvelle car Cian savait que Milo avait eu un réel coup de coeur pour cette femme, plus jeune que lui. Cian savait aussi que ces dernières semaines, il ne la revoyait plus, tout ceci à cause des conneries de son père. Cian n'avait pas toutes les informations encore pour comprendre les raisons de l'état de Milo... Mais il devait y aller par étapes et cela commençait par le chapitre Zoey. Son ami allait comprendre sûrement qu'il ne voulait pas cet enfant, que la blonde voulait le garder, d'où leur rupture mais ce n'était pas aussi simple. Il aurait aimé que ses problèmes soient de cet ordre-là... Il finit par se redresser pour s'avancer jusqu'à la rembarde qui les séparait de l'eau, il posa ses avant-bras dessus et perdit son regard dans les vagues noires de l'océan.

On s'était un peu tous passé le mot en embarquant, il fallait laisser Milo avancer à son rythme. Loin de nous l'idée d'en faire une affaire d'état, Thomas m'avait assuré qu'il jetterait un œil, Thalia avait simplement grogné, mais je savais qu'elle ne pourrait s'empêcher de venir taquiner notre ami malgré tout. C'était simple de le laisser gérer à sa façon, c'était moins évident que de le voir broyer du noir sans jamais se sentir capable de trouver les mots adéquats pour apaiser sa peine. Qu'est-ce que l'on peut bien dire à un homme qui a perdu son père ? Surtout lorsque l'on connaît, un peu, les tenants et les aboutissants. Je ne voulais pas insister, je ne voulais pas trop chercher à le faire parler au risque que cela tourne en règlement de compte. On s'adore avec Milo, depuis des années ont a su construire une réelle complicité qui fonctionne bien souvent à merveille au boulot comme endroit. Pourtant, parfois, il nous arrive de se laisser emporter par les émotions. Les paroles fusent, on s'énerve pendant des heures, on se boude pendant des jours et puis sans prévenir tout redevient à la normal, une fois l'orage passé. C'est ce que j'aimerais éviter malgré tout lorsque je vois à quel point, il semble perdu dans ses pensées. Ne pas se joindre à la conversation ne ressemble pas à mon ami. Alors même si je lui avais laissé un peu d'avance, je ne peux m'empêcher de le rejoindre sur le pont. Je compte bien rester à ses côtés que cela lui plaise ou non. Dans le fond, je crois que je préfère encore qu'il s'énerve sur moi, plutôt qu'il rumine seul dans son coin.

Assis l'un à côté de l'autre, avec pour seul bruit ambiant l'écume qui vient se briser sur la coque du bateau, il est aisé de comprendre que Milo ne va pas bien. Ma détermination lui arrache un léger rire et je compte cela comme une victoire malgré tout. Il sait à quel point, je peux être têtu lorsque je m'y mets. Je les bats tous à plat de couture sur ce jeu-là. Pour autant, il hésite, Milo. Je pourrais entendre chaque rouage de son cerveau se mettre en action alors que sa jambe tressaute, alors qu'il semble incapable de rester sur place. Je m'attends au pire tant, je ne l'ai jamais vu autant hésité avant d'oser me parler. C'est comme s'il gardait le pire des secrets et cela ne me rassure en rien. « Zoey est enceinte. » Elle tombe comme un couperet, l'information, elle me coupe un peu le souffle également. Je m'attendais aux pires horreurs, mais en rien à une telle annonce. « Félicitations ? » Je n'ai que le temps de souffler la question que déjà Milo c'est remis debout et il s'éloigne. Il m'en avait parlé le brun, je ne sais qu'il ne voit plus la jeune femme depuis quelques semaines déjà. Je sais que c'est compliqué, je ne pensais pas que cela en était à ce point. Avec hésitation, à mon tour, je me lève pour rejoindre mon ami. En silence, je laisse un peu de distance entre nous, ne voulant pas m'imposer dans son espace. « C'est pas forcément une bonne nouvelle ? » En rien, mon ton ne se veut moralisateur, bien au contraire. Je pourrais entendre tout ce qu'il voudra bien me dire, qu'il n'est pas prêt, qu'il ne voulait pas que ça se passe comme cela. N'importe quoi, vraiment.

i screwed up -- @Cían Atwood   

☽ début avril 2010. Milo ne tenait pas en place, car dans sa tête, tout allait à mille kilomètres heure. Le militaire bouillonnait de l'intérieur, il avait tellement de choses enfouies au fond de lui qu'il pouvait imploser à tout moment. Il n'avait rien de dit de la journée, il avait fait son travail avec sérieux, mais toujours avec ce visage fermé, ce regard ailleurs. Tout le monde ici connaissait le père de Milo pour avoir travaillé avec lui, tout le monde le laissait tranquille, même Sullivan. Il savait bien que ce privilège ne durerait pas des lustres mais il appréciait le répit qu'on lui offrait - un répit mérité, car en réalité, personne ne connaissait la vérité et le secret pesait lourd sur les épaules du métisse. Il n'était pas vraiment étonné de voir Cian débarquer de nul part pour le rejoindre et tenter de braver l'impassibilité du militaire. Les deux hommes se connaissaient par cœur, et savaient quand il ne fallait pas pousser les limites de l'autre. Peut-être que cette fois-ci, Cian tombait à pic. Milo se laissait aller à la boisson, pensant que ça l'aiderait à noyer ses idées noires. Peut-être que cette fois-ci, Cian arrivait juste à temps pour le sauver d'une belle connerie. Le regard bleuté perdu à l'horizon invisible face à lui, l'ouïe concentrée sur le bruit des vagues claquant sur la coque du bateau, Milo soupira. En effet, peut-être que parler un peu lui ferait du bien, alors il arracha ses premiers mots de la journée, restant encore évasif, et encore très loin de tout ce qui lui posait réellement problème...

« Félicitations ? » Milo se pinça les lèvres, oui ça aurait pu être une bonne nouvelle. L'homme se leva reprenant sa flasque pour se diriger vers la rembarde, et apprécier la brise souffler sur son visage. Cian le rejoignit alors, l'imitant en posant les mains sur la rembarde, Milo se pinça l'intérieur de la joue, il était perplexe, pensif. Il ne savait même pas par où commencer. « C'est pas forcément une bonne nouvelle ? » Milo garda son regard figé devant lui, sûrement incapable de regarder son meilleur ami. « Ca aurait pu l'être. » avoua-t-il, la voix presque brisée de le dire à voix haute. Zoey était enceinte, ils auraient pu former une famille épanouie, heureuse, la mère Wilson aurait été comblée... surtout que Giulia venait de donner naissance à son premier petit fils, et la lignée allait se poursuivre avec l'enfant que portait Zoey... « C'est mon père, Cian. Michael. Il a gâché ma vie. » finit-il par dire d'une traite, secouant la tête, il en voulait terriblement à son père. Il l'avait aimé toute sa vie, il l'avait chéri, admiré plus que tout mais les derniers mois de sa vie, le père Wilson avait sacrément déconné. Le militaire secouait encore la tête, il ne comprenait pas comment ça avait pu arriver, il était encore dans le flou complet, et repensait encore à ce moment où il avait compris que son père était réellement dans un merdier sans nom, ce moment où son chemin avait finalement croisé Mitchell.

Milo semble comme dans un autre monde, assis seul dans le noir. Ses yeux ne cessent de se perdre à l'horizon, teinté d'une douleur que je ne saurais reconnaître chez lui. Ce n'est pas son genre de broyer du noir, d'être silencieux au point que tout le monde se demande ce qui se passe. Ils ont l'habitude que ce soit moi, celui qui boude, celui qui ne parle de rien à personne avant de se mettre à hurler sur tout le monde pour décompresser. Il faut croire que les rôles se sont inversés. Il n'en est pas encore au stade de la colère, pourtant elle n'a jamais semblé aussi proche dans chacun de ses traits. Si je n'ai jamais été très doué pour les conversations à cœur ouvert, je me dois de faire un effort pour mon frère d'armes. Je pensais l'interroger un peu sans jamais forcer, tâter le terrain, lui laisser comprendre que je serais toujours là pour l'écouter. Je n'avais pas prévu qu'il lâche une bombe comme celle qu'il vient de poser entre nous. Son ex petite-amie est enceinte. Le voir s'éloigner juste après me fait comprendre que c'est plus important que cela, plus grave pour lui. Alors finis les conneries, je ne serais pas celui qui vient constamment l'embêter, mais celui qui sera là pour l'épauler.

Chacun de ses soupirs semble encore plus lourd et plus grave que le précédent. Je commence à m'inquiéter de voir Milo se renfermer ainsi. « Ca aurait pu l'être. » Mais ça ne l'est pas et la tristesse que je peux entendre dans sa voix me fait comprendre à quel point, il semble perdu. Va-t-elle garder le bébé ? Lui a-t-il demandé d'avorter ? Je n'ose pas demander, il a besoin d'une pause Milo, besoin de se recentrer sur ses pensées. Alors je me contente d'exister à ses côtés. « C'est mon père, Cian. Michael. Il a gâché ma vie. » Mes yeux se ferment dès l'instant où je prends conscience de l'ampleur du problème. Il ne s'agit pas uniquement d'un accident de vie, d'une petite amie qui tombe enceinte un peu par surprise. Il garde enfoui d'autres secrets mon ami et les conflits avec le paternel... Je connais. C'est la raison même de ma présence ici. Pour le fuir lui et ses reproches, pour m'éloigner de mon père toujours plus encore. « Attends-moi. » Sans un mot de plus, je retourne à l'intérieur. Il ne me faudra pas longtemps pour trouver la salle de sport et le matériel qui m'intéresse. Milo a besoin de se confier autant qu'il a besoin de se décharger. Il faut que tout ce qu'il garde en lui sorte d'une manière ou d'une autre. On va choisir celle que l'on connaît le mieux tous les deux. 

Lorsque je reviens sur le pont, Milo n'a pas bougé. D'un geste précis, je lui lance des gants de boxe alors que j'équipe mes avant-bras des protections en mousse. « Maintenant dit moi. » En position, face à lui, j'attends le premier coup et les premiers mots. Pourtant, il semble hésiter, mon meilleur ami. « Je ne dirais rien à personne. » que je lui assure. « Dans une heure, cette conversation n'aura jamais existé. » Si c'est ce qu'il souhaite, alors ce sera ainsi. Et il le sait, Milo, que je n'ai qu'une parole.

i screwed up -- @Cían Atwood   

☽ début avril 2010. Le métisse était reconnu comme quelqu’un de bon vivant, il se prenait rarement la tête, voilà pourquoi il jouait les médiateurs entre Cìan et Thomas. C’était dans sa nature de se concentrer sur les good vibes. Il avait souvent aussi été cette force tranquille dans la famille Wilson, en grandissant, il avait appris à devenir l’homme qu’il était aujourd’hui : protecteur, calme et réfléchi. Aujourd’hui, il n’y avait qu’un trait qui était bien présent, c’était qu’il restait protecteur, il mettrait toujours sa famille et ses proches avant lui. Il avait dû prendre la difficile décision de laisser sa petite amie enceinte derrière lui. Le militaire avait dû abandonner beaucoup plus que sa copine, il avait dû laisser derrière lui son intégrité, tout ce qui faisait de lui l’homme qu’il était aujourd’hui. Il avait dû mal à se résigner à ce destin mais il n’avait pas le choix. Il tentait d’amener le sujet doucement, il n’arrivait pas à le dire à voix haute, il ne l’avait pas encore vraiment fait depuis que cette histoire était ressortie.

Avec un air grave sur le visage, il s’était levé pour rejoindre la rambarde et fixer l’horizon à peine perceptible grâce à la lune. Il aurait pu se réjouir de cette grossesse même si elle semblait précipiter. Ce n’était pourtant pas prévu et Milo aurait été là pour assumer ses responsabilités si ça ne voulait pas dire risquer sa vie et celle de la femme qu’il aimait. « Attends-moi. » Milo tourna la tête pour le regarder partir, il ne chercha pas à comprendre. Wilson s’ouvrait peu à peu, il avait la gorge nouée en repensant à tous ces problèmes. Il se demandait encore comment il avait pu en arriver là. Atwood était revenu charger, Milo se redressa et attrapa les gants de boxe, il voyait où il voulait en venir. « Maintenant dit moi. » Milo regarda étrangement ses gants entre ses mains, il n’était pas sûr de vouloir faire ça maintenant. « Je ne dirais rien à personne. - Dans une heure, cette conversation n'aura jamais existé. Milo faisait confiance à Cìan, ce n’était pas vraiment ça le problème. Il haussa les épaules et finit par enfiler ses deux gangs, il se mit en position en venant taper contre les protections que Cìan lui présentait. Il tapa un coup, puis deux, puis trois, il restait concentré sur sa cible. « Michael s’était mis dans une merde noire avec un gang de Brisbane, le genre de personnes avec qui tu ne veux pas avoir de soucis. » expliqua-t-il, il ne regardait pas son meilleur ami. Son regard était fixé sur les protections, il tapait en repensant à son père, et l’image qu’il avait toujours dégagé pour tout le monde sur ce bateau. C’était un homme qui inspirait le respect, très proche de Sullivan d’ailleurs. Les deux hommes formaient un tandem qui lui faisait souvent penser à lui-même et Cian. Pourtant, la vérité était bien plus sombre. Milo se stoppa en net, se redressant légèrement pour regarder le militaire qui lui faisait face. « Il n’est pas mort en mission, Cìan. » finit-il par dire, il n’explicitait pas plus mais avec ce qu’il venait de dire, l’équation était facile à effectuer. Un poids se retirait ses épaules du métisse même s’il savait qu’il avait encore plein de choses à expliquer pour être vraiment libéré d’un certain poids.

En rien, je n’aurais ma prétention d’affirmer connaître chaque réaction, chaque geste de mon ami. On se connaît très bien, on a trop souvent évolué dans la même sphère avec les mêmes idées, pourtant ce soir, il semblerait que quelque chose m’échappe. Il est différent depuis que l’on a embarqué, Milo. Il s’éloigne, il broie du noir et surtout, il est silencieux. Ce n’est pas lui, ce n’est pas dans ses habitudes. Lorsqu’il évoque son père, je comprends qu’il me cache quelque chose. Pas un petit rien, le genre de secret qui vous avale tout entier vers les profondeurs. Dans son presque silence, je crois comprendre qu’il aimerait tout de même pouvoir se confier. Il ne serait pas à me parler sinon, il se serait déjà échappé. Je suis loin d’être le meilleur pour gérer des situations complexes impliquant sentiments et famille, mais je me dois d’être présent pour mon ami. N’étant absolument pas doué avec les mots, ne voulant surtout pas le forcer à me parler sans raison apparente, je vais chercher ce qui me semble être la meilleure des solutions. Il faut qu’il puisse laisser échapper ses frustrations d’une manière ou d’une autre.

Il ne semble pas réellement convaincu lorsque je reviens avec des gants et les coussins de protections. C’est un truc qui fonctionne toujours avec moi, je commence à frapper et j’arrive petit à petit, à évacuer. Voyant son hésitation, je lui fais signe de s’approcher. « Hésite pas, j’en ai vu d’autres. »  Il sait que je suis bien capable d’encaisser les coups, et même si je dois finir au sol une fois ou deux si c’est pour la bonne cause, je prends. Milo commence à frapper légèrement avant que ses coups ne commencent à s’intensifier petit à petit. « Michael s’était mis dans une merde noire avec un gang de Brisbane, le genre de personnes avec qui tu ne veux pas avoir de soucis. »  Oh. Je regard un instant mon ami, mais comprends qu’il n’a jamais été aussi sérieux. Alors son père trempait dans des histoires louches, jamais je n’aurais pu imaginer une chose pareille. Il frappe encore plus fort Milo ne me laissant même pas le temps de dire quoi que ce soit. Il faut croire que c’est enfin en train de sortir. « Il n’est pas mort en mission, Cìan. »  Je m’arrête net d’être en position de protection et relève les yeux vers lui. « Quoi ? »  Puis le silence et je finis par comprendre. Son père a été tué par un gang. Qu’est-ce qu’il avait bien pu faire pour en arriver là ? C’est pour ça que Milo est aussi en colère ? Petit à petit, les points s’éclaircissent et je comprends que Milo est directement concerné également. « Et maintenant tu dois payer la dette de ton père ? »  Quel genre de dette d’ailleurs ? Putain mais qu’est-ce qui est en train de se passer ? « Tu as besoin d’aide ? »

i screwed up -- @Cían Atwood   

☽ début avril 2010. Milo se retrouvait dans des histoires qui ne le concernaient pas et pourtant les actes de son père allaient avoir des conséquences sur toute sa vie. Il était monté sur le bateau sachant pertinemment qu’il aurait la tête ailleurs, mais il ne s’était pas résilié à prendre des jours de congés. Tout le monde savait que le père Wilson était décédé, d’ailleurs tout le monde le connaissait puisqu’il avait été l’un de leurs commandants. Milo avait besoin de s’occuper l’esprit en travaillant, mais lorsque la nuit tombait et venait le temps de se détendre, il n’était clairement pas d’humeur. Ce soir-là, il s’était isolé pour rejoindre le ponton et profiter de la fraîche soirée pour réfléchir. Une flasque à la main, il fut très vite rejoint par Cian, cela ne l’étonnait pas vraiment, le militaire était toujours attentif à son ami. Le blond le laissa parler, Milo était sur la réserve car il ne savait pas s’il pouvait se confier à qui que ce soit en réalité… Il hésitait, il ne regardait même pas son meilleur ami dans les yeux…

Atwood prit les devants, et revint avec des gants de boxe, sûrement pour permettre au métisse de se défouler. « Hésite pas, j’en ai vu d’autres. »  Milo lui accorda un regard hésitant. Il enfila les gants et se mit à taper, il ne savait pas si ça allait vraiment marcher… Puis le métisse se mit à intensifier les coups avant de se mettre à parler de Michael, son père. Cian le connaissait très bien et il était loin de s’imaginer les derniers mois qu’avait passé son père… En parlant de lui, Milo se mit à taper de plus en plus fort, il était en colère contre son père, il était atrocement déçu, il était surtout complètement perdu – jusqu’à ce qu’il avoue que son père n’était pas mort en mission comme tout le monde l’avait prétendu, comme Milo l’avait prétendu…« Quoi ? » Milo s’arrêta aussi net que son ami, et leva enfin la tête pour croiser son regard. « Et maintenant tu dois payer la dette de ton père ? » Il hocha la tête, le regard vitreux. Milo détestait son père mort, et il allait sûrement passer pour un sans cœur… « Tu as besoin d’aide ? » Milo leva la tête aussitôt. « Non Cian, te mêle pas de ces histoires. Y a assez eu de cause à effet ! » s’exclama-t-il d’un ton plus vif qu’auparavant. « Il n’a pas su rendre l’argent qu’on lui a prêté. J’ai été mêlé aux histoires, on est venu me menacer. Moi et ma famille. Je ne peux plus remettre un pied à Brisbane. » dit-il finalement, et il ne pouvait pas non plus assumer sa paternité auprès de Zoey. Il ne voulait pas que le gang apprenne que Milo avait une descendance, il était donc parti espérant pouvoir épargner Zoey et leur futur enfant. Cette décision aurait donc des séquelles pour tout le monde… C’était pourquoi il en voulait terriblement à son père.

Ce n’est pas que j’avais clairement imaginé quelque chose en rejoignant Milo sur le pont, mais j’avais simplement pensé à une mélancolie au sujet de son père ou un simple problème de cœur. C’est probablement bien trop réducteur et un brin enfantin, mais jamais je n’aurais pu penser qu’il soit autant en colère. Ce n’est pas dans ses habitudes, ce n’est pas lui le nerveux de la bande quand le rôle me revient de plein droit les trois-quarts du temps. Pourtant c’est bien la seule option qui fait sens, l’aider à décharger tout ce qu’il semble garder pour lui depuis bien trop longtemps. Je ne l’avais jamais vu dans cet état Milo et je me demande ce qui va bien pouvoir se passer après. Il se met à frapper en douceur, le temps de quelque pas de jambes. En rien, je n’ai le temps d’analyser quoique ce soit, qu’il fait monter la cadence. Les traits de son visage se creusent ne laissant apparaître qu’une colère intense, noyer dans un tas de rancœur indescriptible. Je le pousse un peu, le bouscule pour le laisser venir frapper encore plus fort. Je perds parfois l’équilibre, mais ne lui laisse jamais le temps de ralentir. Il doit faire sortir tout ce qui semble peser si lourd sur ses épaules. Et tout explose quand il me parle des dettes de son paternel.

Ce n’est qu’instinctif lorsque dans la minute qui s’enchaîne, je lui propose mon aide. La douleur qui semble tordre son visage a cet instant précis me laisse sans voix. « Non Cian, te mêle pas de ces histoires. Y a assez eu de cause à effet ! » Je lève les mains en l’air lui prouvant que je n’insisterais pas plus. « Il n’a pas su rendre l’argent qu’on lui a prêté. J’ai été mêlé aux histoires, on est venu me menacer. Moi et ma famille. Je ne peux plus remettre un pied à Brisbane. » Donc papa Wilson fricotait avec les gangs de la ville ? Bras croisés sur le torse, j’observe Milo et tente d’imaginer ce que son père avait bien pu imaginer en s’associant à ce genre de personnage. « Milo tu va pas disparaître quand même… » Non pas encore une fois. Amos, Ichabod et maintenant lui ? J’observe mon ami qui soudainement me semble bien trop décider à faire quelque chose que je pourrais considérer comme stupide. « Il leur devait combien ? » Je ne suis pas idiot, je me doute que la somme annoncer va être astronomique. On ne doit que des centaines de milliers de dollars à des gens comme cela. « Je peux t’aider Milo, fais pas le con… » Et je vais insister, il le sait d’avance.

i screwed up -- @Cían Atwood   

☽ début avril 2010. Milo avait eu besoin de s’isoler, comme très souvent depuis la mort de son père. D’ailleurs, en étant sur ce bateau, il avait l’impression de croiser son fantôme tous les jours. On lui avait répété qu’il pouvait prendre quelques jours mais il avait tenu tête, il avait besoin de travailler. Le plus dur était juste de ne pas se laisser tourmenter une fois la nuit tombée. Cian avait bien compris que quelque chose n’allait pas, et le métis n’arrivait plus à tout garder pour lui, c’était trop dur. Il avait donc suivi sur le pont venant frapper sans contrôler, il n’arrêtait pas ses coups, il frappait encore et encore, repensant à cette altercation avec Mitchell, ce moment clé où Milo aurait dû réagir avant que le drame n’arrive. Il finit par lâcher prise, arrêtant de frapper, il réalisait qu’il avait besoin de parler. Cian était l’homme parfait pour cela, Milo savait qu’il pouvait lui faire confiance.

« Milo tu va pas disparaître quand même… » Il regardait l’eau, n’osant même plus regarder son ami. « J’ai pas le choix. Je suis transféré à la base de Sydney. » déclara-t-il d’un ton distant. Il essayait de montrer que cela ne l’atteignait pas alors que c’était tout le contraire… « Il leur devait combien ? -- Je peux t’aider Milo, fais pas le con… » Un silence, un regard, un soupir… Voilà la réaction de Milo. Il finit par se tourner pour faire face à son ami. « Toi, fais pas l’con. » lâcha-t-il finalement en reposant les gants. « C’est mon problème. La seule chose que je te demande, c’est de ne pas en parler. » finit-il par dire d’un ton ferme. « Et n’insiste pas. » conclut-il alors qu’il avait repris sa flasque pour la terminer d’un cul sec. Cian savait tout maintenant. Il devait abandonner Zoey qui était enceinte, ne plus revenir à Brisbane, et continuer sa vie comme si de rien n’était car sa mère et lui avaient décidé de taire les secrets de son père. « Merci pour la séance, ça m’a fait du bien. » ajouta-t-il finalement d’un ton plus doux, un regard plus complice, et un sourire légèrement forcé mais qui venait du cœur.

Bien sûr que les deux amis en reparleraient, et que Cian continuerait d'insister. Mais Milo en avait assez avec sa famille impliquée, il était hors de question de mêler ses amis aussi... Le militaire avait apprécié ce moment, en parler, avec une autre personne que sa mère était tout de même bénéfique pour sa conscience. Savoir qu'il ne passerait pas pour le grand connard de service en tournant les talons parce que sa petite amie était enceinte... c'était un poids en moins, un tout petit, qui lui ferait du bien au moral pour ces prochaines années...