| You illuminate the dark (Camil) |
| | (#)Ven 20 Nov 2020 - 23:13 | |
| Noël était dans un mois, déjà. Les Walker avaient donc organisé leur traditionnelle vente aux enchères pour les orphelinats de Brisbane, les fonds récoltés servant à offrir des cadeaux aux pupilles de l’Etat. La cause était noble, et tout le gratin australien des environs avait été convié. Les invités étaient nombreux, tous désireux de redorer auprès du public leur image en cette période de fêtes de fin d’année. Comme à son habitude, Lexie avait participé à l’organisation en rencontrant des artistes et en aidant à la sélection des œuvres qui seraient proposées à la vente. C’était son seul plaisir lors de ces soirées : pouvoir admirer des peintures ou des sculptures magnifiques. La brunette avait été accaparée par la femme ennuyeuse d’un homme d’affaires, qui s’était mis en tête de lui raconter le programme de ses prochaines vacances. Autant dire que Lexie n’en avait rien à faire. Et si la jeune femme était connue pour ne pas avoir la langue dans sa poche et pour ne pas être particulièrement polie, elle était loyale envers sa famille et leur avait promis de bien se comporter. Elle avait donc écouté distraitement son interlocutrice, lançant un « ce doit être magnifique » à l’occasion, jusqu’à ce que son frère Stephen vienne la sauver. Elle en avait profité pour s’éloigner à l’autre bout de la salle, attrapant au passage une coupe de champagne sur un plateau, ne prêtant aucune attention à la décoration de Noël omniprésente. Après avoir déambulé entre différentes sculptures, le regard de Lexie s’était posé sur Camil Smith, le fameux politicien. Sa présence ici ne l’étonnait pas. Après les hommes d’affaires, c’étaient les politiciens qui étaient les plus nombreux à cette soirée, eux aussi avides de passer pour de bons samaritains. La jeune femme était habillée d’une robe de cocktail noire qui lui descendait jusqu’aux chevilles, et ses cheveux avaient été relevés en un chignon décoiffé parfaitement étudié. Un sourire charmeur aux lèvres, elle s’approcha du politicien, qui contemplait un tableau de nu. « Si vous aimez les nus, sachez que je ferais un très bon modèle, Monsieur Smith. » Lexie but quelques gorgées de champagne sans le lâcher du regard. Le jeu de séduction était toujours là. Camil et Lexie se connaissaient depuis de nombreuses années, se côtoyant uniquement lors de diverses soirées mondaines. A de nombreuses reprises, la jeune femme avait tenté de l’attirer dans ses filets, mais pour une raison qui lui échappait, le politicien avait toujours refusé ses avances. Etait-ce parce qu’elle ne lui plaisait pas ? Etait-ce parce qu’il faisait très attention à son image ? Lexie ne lui demandait pourtant pas une photo officielle ou une déclaration d’amour dans la presse, juste quelques heures de plaisir. Lexie adressa à Camil un sourire taquin. « La soirée est à votre goût ? » |
| | | | (#)Ven 4 Déc 2020 - 20:25 | |
| Il avait hésité. Longuement. La serviette de bain nouée autour de sa taille, il faisait les cent pas dans sa chambre. Était-ce bien raisonnable ? Laisser Sixtine seule dans son appartement lui glaçait le sang. Pouvait-il envoyer Deborah à sa place, afin d’avoir au moins un représentant due leur tandem à ce gala de charité ? Non, hors de question ; ça reviendrait presque à la jeter dans la fosse aux lions, et elle ne méritait pas ça. Mais ce qu’elle pouvait faire pour lui rendre service, c’était de passer la soirée en compagnie de Sixtine. Oui, voilà comment il allait s’arranger pour éviter de se faire du mouron toute la soirée : il allait confier sa petite-soeur à une autre personne, qui serait tout aussi vigilante et bienveillante que lui. Il s’empara de son téléphone, et entreprit d’organiser cette soirée babysitting d’un nouveau genre — en espérant que les principales concernées acceptent sans protester, ce qui était loin d’être gagné.
Comme il s’y était attendu, son arrivée avait été une surprise pour le plus grand nombre. Voilà un mois que Camil Smith avait complètement disparu des écrans radars, et il se pointait comme si de rien était à un gala de charité ? Nul doute que ça allait jaser. Certains de ses alliés vinrent à sa rencontre, et le saluèrent chaleureusement. Au moins, certains n’étaient pas mécontents de le voir revenir dans l’arène. Tout n’était pas perdu, alors ; Sixtine avait vu juste, une fois de plus. Il échangea quelques banalités avec d’autres politiciens, et prit congé d’eux pour visiter l’exposition. Des paysages, de l’abstrait, des nus : il y en avait pour tous les goûts. « Je n’en doute pas un seul instant. » Répondit l’Américain, alors qu’il posait un regard brillant sur l’héritière de la famille Walker. Lexie et Camil s’étaient rencontrés à de nombreuses reprises, dans des soirées organisées par le gratin de Brisbane. Ils avaient été présentés par des connaissances communes, et leur relation était pour le moins singulière ; s’ils sauvaient les apparences lorsqu’ils étaient en compagnie d’autrui, un délicieux jeu de séduction s’installait naturellement entre eux lorsqu’ils étaient seuls. Et ce soir, ils n’étaient pas partis pour déroger à cette règle tacite. « Malheureusement, je suis au regret de vous annoncer que je suis un bien mauvais dessinateur. » Camil adorait l’art, sous toutes ses formes. La peinture, la sculpture, la photographie, la musique, l’opéra, la danse, le cinéma… Tout était, à son sens, digne d’intérêt. Il admirait les artistes, leurs âmes créatrices, leurs idées novatrices. Il aimait leurs esprits libres, et leur façon d’exprimer leurs émotions et ressentis. « Il y a donc peu de chances que mes traits de crayon vous rendent justice. » À vrai dire, il ne prendrait même pas le risque de tenter : le résultat serait catastrophique, il le savait déjà. Non, s’il devait immortaliser l’héritière, il emploierait un autre moyen. « À moins que je n’opte pour la photographie. » Suggéra-t-il, avant de porter sa coupe de champagne à ses lèvres. Il se tourna vers elle, et la salua poliment : « Mademoiselle Walker. » Voilà qui allait égayer sa soirée. Une interlocutrice, agréable et audacieuse. Il ne pouvait pas le nier : il appréciait plus que de raison ce petit jeu entre eux. Jusqu’à ce jour, il avait résisté aux avances de Lexie — ce qui relevait du « hautement improbable », quand on connaissait bien Camil. Mais ce petit jeu était distrayant, et prendrait certainement fin si le politicien se laissait tenter.
« Elle l’était, il y a quelques instants. » Confirma-t-il, alors que l’hôtesse voulait savoir si la soirée plaisait à Camil. Elle était de qualité, c’était un fait indéniable. Pour le reste, elle ressemblait aux autres : des convives qui se connaissaient tous plus ou moins, des tenues splendides et une oeuvre de bienfaisance qui servait de trompe l’oeil à quiconque n’était pas un connaisseur. Chaque personne ici présente avait une bonne raison d’être là, et la philanthropie n’était pas la première qualité des invités. « Désormais, elle l’est encore plus. » Confia-t-il, un sourire espiègle glissant sur ses lèvres. Il allait pouvoir se divertir, penser à autre chose. « Et vous ? Que pensez-vous de votre propre soirée ? » Demanda-t-il, avant d’enchaîner : « Vous avez de quoi être fière, il y a du beau monde. » Des artistes, des politiciens, des financiers : un condensé riche et prospère de la ville était actuellement entre ces murs. Camil n’était pas surpris ; la réputation des Walker n’était plus à faire. @Lexie Walker |
| | | | (#)Sam 12 Déc 2020 - 16:08 | |
| Ces soirées étaient si ennuyeuses … Et pourtant, Lexie ne pouvait y déroger. Pire que cela, elle devait bien se tenir, jusqu’à ce que le dernier invité soit parti. Pas de danses endiablées, pas d’alcool à outrance, et surtout, pas le moindre gramme de cocaïne. Un calvaire pour Lexie, qui voyait les minutes s’égrener beaucoup trop lentement. Son regard s’illumina cependant lorsqu’il se posa sur Camil Smith, un politicien habitué à ce genre de soirées mondaines, et avec qui un jeu de séduction s’était instauré depuis plusieurs années. Pourtant, à la surprise de la jeune femme, il n’avait jamais cédé à ses avances. Elle s’était même un instant demandé s’il était gay, mais avait fini par écarter cette idée en en apprenant davantage sur sa vie privée. La brunette le rejoignit alors qu’il observait une peinture de nu, proposant spontanément d’être son modèle, si cela l’intéressait. Il lui sembla que le politicien s’illuminait à son tour, entrant immédiatement dans le jeu qui animait leurs soirées depuis si longtemps. « Je n’en doute pas un seul instant. Malheureusement, je suis au regret de vous annoncer que je suis un bien mauvais dessinateur. Il y a donc peu de chances que mes traits de crayon vous rendent justice. » Lexie haussa les épaules, amusée. Là n’était pas sa première préoccupation, loin de là. « Je suis prête à prendre le risque. Et je suis même prête à vous promettre que je ne me moquerai pas, si vous vous sentez prêt à relever le défi. » Elle se doutait qu’il dirait non, comme toujours. Il finissait toujours par décliner, poliment. Mais si la proposition de la brune était faite sur le ton de la plaisanterie, elle était on ne peut plus sérieuse. Ils pourraient peut-être même s’absenter discrètement quelques temps, là, maintenant, sans que personne ne le remarque. Lexie donnerait beaucoup pour fuir cette soirée guindée dans laquelle elle ne se sentait pas à sa place, malgré toutes ses années d’expérience. « A moins que je n’opte pour la photographie. » Camil se tourna vers une Lexie qui ne cachait pas sa surprise. « Si vous me promettez de garder les clichés pour vos soirées en solitaire, je suis toute à vous. » Peut-être que pour une fois, finalement, il finirait par accepter. Lexie se demanda un instant si leurs prochaines rencontres seraient tout aussi amusantes s’il cédait à ses charmes ce soir. Peut-être. Peut-être pas. Elles seraient différentes, sans aucun doute. Peut-être que le jeu de séduction serait moins présent, mais il laisserait place à de nouvelles sessions de plaisir qui les raviraient tous les deux. Le jeu ne ferait qu’évoluer, comme s’ils avaient fini par passer au niveau supérieur. Oui, sans aucun doute, Lexie voulait qu’il laisse tomber ses barrières, même pour quelques instants. La brunette interrogea ensuite Camil sur la soirée qu’il passait. « Elle l’était, il y a quelques instants. Désormais, elle l’est encore plus. » La jeune femme ne put s’empêcher de rire. « Est-ce le politicien qui répond, ou bien l’homme ? » Pour Lexie, cela faisait toute la différence. Elle avait eu l’impression d’entendre une réponse de candidat à une élection : typiquement la réponse qu’elle rêvait d’entendre. Si c’était une réponse étudiée pour la flatter, elle serait déçue. Si c’était la vérité, elle serait ravie. Dans tous les cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que Camil savait manier les mots, et cela se ressentait dans leurs échanges. « Et vous ? Que pensez-vous de votre propre soirée ? Vous avez de quoi être fière, il y a du beau monde. » Lexie le dévisagea un instant, se demandant si elle arrivait à ce point à donner le change, que les convives la croyaient comblée ici, dans cette soirée mondaine, avec eux. Elle haussa les épaules et but une gorgée de champagne. « C’est ma mère qui organise ces soirées. Je me contente de la partie artistique. D’ailleurs, allez-vous enchérir, ce soir ? » Elle se plongea dans la contemplation d’un paysage, une forêt par temps de pluie, assez sinistre, mais d’une réalité poignante. On aurait pu croire une photo. La jeune femme poursuivit. « En vérité, c’est assez étouffant. Ce n’est pas le genre de soirée que j’affectionne habituellement. Il y a beaucoup trop de codes à respecter, beaucoup trop de limites à ne pas franchir … Je n’aime pas trop les règles et les barrières. » Elle plongea un regard chargé de sous-entendus dans celui de Camil. « D’ailleurs … je peux vous confier un secret ? » Sans même attendre la répondre de Camil, la jeune femme s’approcha de lui. Elle se hissa sur la pointe des pieds, prenant appui sur le bras du politicien, alors que ses lèvres venaient frôler l’oreille de l’homme. « Je déteste Noël, et je déteste cette soirée. Si vous m’emmenez ailleurs, je vous en serai éternellement reconnaissante. » Non seulement les galas de charité n’étaient pas la tasse de thé de Lexie, mais la jeune femme avait une aversion particulière pour celui-ci, qui annonçait le début des festivités de Noël. Et qui disait Noël, disait repas de famille interminable, sans parler de la gentillesse à excès des gens. Non, décidément, ce n’était pas une période rêvée pour ceux qui avaient fermé leur cœur plusieurs années auparavant. Après que le souffle chaud de la brunette ait chatouillé l’oreille de Camil, elle s’éloigna en se replongeant dans la contemplation du paysage forestier. |
| | | | (#)Ven 18 Déc 2020 - 0:00 | |
| « Pas sûr que le lieu se prête à un tel challenge. » Répondit Camil, en jetant un regard circulaire à l’ensemble de la pièce. Tout le gratin de Brisbane était là : des personnalités politiques, des artistes ayant le vent en poupe, des grands patrons d’entreprise, et quelques investisseurs privés. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Walker ne manquaient pas de relations intéressantes. Ces mêmes relations qui ne manqueraient pas de commenter cet échange entre les deux adultes, s’ils venaient à être surpris en pleine conversation. Car si Lexie avait une réputation de jeune fêtarde qui aimait profiter de la vie, Camil, lui, n’était pas en reste. Homme brillant, charismatique et coureur de jupons notoire ; voilà quels étaient les éléments de sa personnalité qui ressortaient le plus souvent, dans les cercles privés. Loin de s’en faire, il préférait au contraire s’en amuser. Qu’on parle de lui en bien ou en mal lui importait peu ; l’important, c’était que l’on parle de lui. Lexie sembla surprise par sa remarque concernant la photographie, et Camil ne put que s’en féliciter ; il affectionnait tout particulièrement de déstabiliser ses interlocuteurs. Ça lui donnait une petite idée de ce qu’ils avaient dans le ventre — et, en une demi-seconde, l’Américain réalisa que l’Australienne n’avait pas froid aux yeux. « Vous ne manquez ni d’aplomb, ni d’audace. » Commenta le politicien, dont le regard clair ne quittait pas le visage de Lexie. Il aurait voulu la sonder, savoir très précisément ce qu’elle avait en tête. « Votre offre est terriblement tentante. Malheureusement, j’avoue être désormais plus méfiant qu’auparavant. » Admit-il en haussant les épaules. La technologie moderne était un véritable atout dans bien des domaines. Cependant, quand il s’agissait de la vie privée, les cartes étaient redistribuées. « J’ai mis des années à me construire une carrière propre et honnête ; il est hors de question qu’un scandale ne vienne l’entacher. » De nombreux politiciens avaient été piégés, et il refusait catégoriquement que son nom vienne compléter cette liste déjà relativement dense. C’était aussi pour cette raison qu’il avait tenu à ce que sa relation avec Deborah soit écrite noir sur blanc ; puisqu’ils étaient liés par un contrat dans un cadre légal, les choses étaient on ne peut plus claires. Ce qui évitait les mauvaises surprises.
En bonne hôtesse, Lexie entreprit de questionner le politicien sur la soirée qu’il passait. Un sourire amusé étira ses lèvres, alors qu’elle lui demandait qui était l’homme qui lui répondait. Elle était maligne, l’héritière Walker, et elle avait bien compris que deux mondes pouvaient tout à fait coexister sans se confronter. Il y avait Camil, l’homme public. L’ancien directeur du cabinet du maire de Brisbane, qui avait subitement quitté ses fonctions en Mars de cette année. Celui qui était resté très discret, voire limite absent. Celui qui attendait, tapis dans l’ombre, que son heure soit venue pour annoncer sa candidature à l’élection de la Chambre des Représentants. Les échéances électorales pouvaient sembler lointaines — les électeurs ne seraient pas appelés à voter avant 2022 — mais Camil avait besoin d’être préparé au mieux, et de se constituer l’équipe la plus fiable et la plus dévouée possible. C’était cet homme là, précisément, à qui Lexie avait toujours eu affaire. Ce soir ne différait pas des précédents — en tout cas, jusqu’à maintenant. « Je ne suis même plus sûr de faire la différence. Je baigne dans ce monde depuis bien trop longtemps. » Elle l’accuserait de s’en sortir avec une parade bien pensée, et c’était le cas. Camil savait manier les mots, maîtriser les tournures de phrase, et jouer avec la langue de Shakespeare. « Mais une chose est certaine : il est toujours plus agréable d’être en bonne compagnie. » Ça ne répondait pas à sa précédente question, mais ça avait au moins le mérite de la rassurer sur les fond de la pensée de son interlocuteur. « L’artistique est votre spécialité ? » S’amusa-t-il, faisant évidemment référence aux quelques sous-entendus graveleux qu’ils avaient échangé, quelques minutes plus tôt. « Et pour répondre à votre question, je comptais enchérir. Mais finalement, je ne suis plus sûr de savoir sur quoi parier. » Une oeuvre dont, au fond, il se fichait complètement ? Ou sur la fille Walker et son audace sans borne ? « Avec un nom comme le vôtre, je suis au regret de vous annoncer que vous n’avez pas vraiment le choix. » Fit remarquer l’Américain en haussant les épaules. Il comprenait le point de vue de la brune, mais savait aussi que les Walker avait une réputation à tenir. « Est-ce pour cela que vous vous oubliez lors de soirées de débauche ? » Demanda-t-il. Elle eut l’air surprise par sa question, et Camil précisa son propos. « La presse ne loupe aucune de vos frasques. » Mais elle était jeune, alors c’était pardonnable. Une soirée trop alcoolisée ? Une cigarette étrangement roulée ? Il fallait bien que jeunesse se fasse, et que chacun teste ses limites. Camil trouvait cela tout à fait logique, à vrai dire. « La discrétion s’apprend avec l’âge, vous verrez. » Confia-t-il en souriant. Il avait passé la quarantaine, et pourtant, il profitait toujours autant de la vie. Seulement, il avait appris à être plus malin que les photographes — mais cela ne se faisait pas sans quelques loupés, ni même sans quelques années de tentatives plus ou moins abouties. Il hocha la tête lorsqu’elle voulut lui confier un secret, et ne bougea pas d’un iota lorsqu’elle s’approcha et prit appui sur son bras pour se rapprocher de lui. « Vous n’êtes pas supposée rester jusqu’à la fin des festivités et draguer tout ceux qui ont un gros porte-feuille ? » Demanda Camil. Si elle n’était pas l’organisatrice officielle de la soirée, elle restait néanmoins une Walker. Et nul doute que la matriarche aimerait que sa fille soit sur les photos prises tout au long de cette soirée. « Mais si le coeur ne vous en dit pas, je peux effectivement vous sauver de cette torture. » Acquiesça le politicien, laissant à la fille Walker une ultime chance de remplir ses devoirs d’héritière. « Après tout, la nuit ne fait que commencer. » @Lexie Walker |
| | | | (#)Lun 21 Déc 2020 - 22:12 | |
| Lexie proposa à Camil de devenir son modèle, s’il désirait s’essayer à dessiner des nus. Il déclina poliment, comme la brunette s’y attendait. « Pas sûr que le lieu se prête à un tel challenge. » Il observa les convives qui discutaient en petits groupes, alors que la jeune femme riait. « Je ne vous proposais pas cette activité artistique pour ici et maintenant. » Elle jeta à son retour un regard vers les invités qui se pavanaient dans la grande salle, tout en jetant un œil absent aux œuvres d’art exposées. Elle, n’en avait cure de sa réputation. Ce que la presse à scandale pouvait publier sur elle l’importait peu, et que les gens présents ici pouvaient penser ne l’intéressait pas. Et si elle tâchait de limiter la publication de ses débordements, c’était uniquement en raison de son envie de percer dans le journalisme. La direction d’ABC avait été très claire : ils ne pourraient pas la compter dans leur rang si les dérapages ne se calmaient pas. Pourtant, la jeune femme haussa les épaules. Son regard effleura les convives qu’elle regardait passer, affichant le temps de quelques secondes un air supérieur. « Je me fiche de ce que ces gens peuvent penser. Qu’ils me jugent, peu m’importe. Je sais qui je suis, et je sais ce que je veux. » La brunette reporta son attention sur le politicien à la fin de phrase, comme pour souligner que ce qu’elle voulait, ce soir, c’était lui. La conversation dévia vers une autre forme d’art, alors que Camil proposait à la jeune femme de la photographier. Alors qu’elle acceptait, il fit évidemment marche arrière. « Votre offre est terriblement tentante. Malheureusement, j’avoue être désormais plus méfiant qu’auparavant. J’ai mis des années à me construire une carrière propre et honnête ; il est hors de question qu’un scandale ne vienne l’entacher. » Lexie haussa un sourcil amusé. « Vous pensez à votre image alors que vous serez celui derrière l’objectif et que je serai le modèle ? Je crois plutôt que celui qui a le plus à craindre de la tournure des événements, c’est moi. Et à partir du moment où me promettez de ne pas les montrer à mes frères, ce que vous ne ferez de toute façon pas si vous avez un minimum d’instinct de survie, je vous autoriserai à me photographier. » La jeune femme but quelques gorgées de champagne, sans lâcher Camil du regard. Son attirance pour lui était certaine, son envie de l’avoir pour elle quelques heures était évidente, et peu importe pour cela les moyens employés. La conversation s’orienta vers l’organisation de la soirée, Lexie confiant au politicien s’occuper de la sélection des artistes et des œuvres. « L’artistique est votre spécialité ? » Lexie rit. Le sous-entendu était évident. « Figurez-vous que oui. » Elle redevint plus sérieuse. « C’est la seule chose qui a de l’importance lors de ces soirées, mon seul plaisir. Enfin … jusqu’à maintenant. » La jeune femme adressa à Camil un regard empli de défi. Ce soir, il était sa distraction, l’aidant à survivre à ces longues minutes mondaines. Ce soir, elle espérait qu’il céderait enfin aux avances qu’elle lui faisait depuis plusieurs années. Il était pourtant un homme à femmes, si on en croyait les rumeurs à son sujet. Alors pourquoi pas la jeune Walker ? La réputation de la brunette était-elle le frein ? « Et pour répondre à votre question, je comptais enchérir. Mais finalement, je ne suis plus sûr de savoir sur quoi parier. » Intéressant. La jeune femme rougit légèrement tout en reportant son attention sur l’impressionnante collection qui était exposée ce soir. « Je suis certaine de pouvoir vous aider pour cela. Après tout, c’est mon rôle, en tant qu’hôtesse. Et puis, cela vous donnera enfin une excuse pour me parler longuement. » Lexie se confia ensuite sur son aversion pour ces soirées, et son envie d’en finir au plus vite. « Avec un nom comme le vôtre, je suis au regret de vous annoncer que vous n’avez pas vraiment le choix. » La jeune femme le détailla, plongea un regard inquisiteur dans celui de Camil. « C’est vrai, moi, je n’ai pas le choix. Mais vous, vous avez atterri dans ce monde de votre plein gré. Vous en voulez même plus, de ce que j’ai cru comprendre. Pourquoi ? Seriez-vous un peu sado-maso sur les bords ? » Si la question était tournée avec humour, les interrogations de Lexie étaient bien réelles. Si elle n’avait pas été une Walker, elle n’aurait jamais voulu entrer dans ce monde de faux-semblants. Toutes les personnes présentes dans cette salle jouaient un rôle, tentaient de se forger une image, pour obtenir quelque chose qu’elles n’avaient pas encore ou préserver quelque chose qu’elles avaient déjà. La jeune femme en avait assez de devoir constamment porter un masque, qu’elle ne pouvait laisser tomber qu’en de trop rares occasions. Alors non, elle ne comprenait pas l’envie de Camil de vouloir briller. Et elle ne s’arrêtait pas seulement aux mondanités, elle visait bien plus large : cette fameuse vie privée, qui devenait trop rapidement publique, quand on était connu. « Est-ce pour cela que vous vous oubliez lors de soirées de débauche ? » Non. Peut-être. Ça avait commencé en 2006, à la mort de son père. La drogue avait été pour la jeune femme un moyen de fuir la réalité. Au fil des années, cette réalité s’était faite plus difficile à supporter : une mère qui n’en assumait pas le rôle, un nom lourd à porter, des responsabilités à n’en plus finir … La cocaïne et les fêtes étaient devenues une échappatoire dont elle ne pouvait plus se passer, et dont elle ne voyait d’ailleurs pas l’intérêt de se séparer. Mais le politicien allait trop loin avec sa question. La vérité ne la sauverait pas, alors elle remit son masque, qu’elle avait pourtant apprécié déposer avec Camil, le temps de la conversation. « Je vois que vos lectures sont hétéroclites. Pourtant, je suis certaine que ce ne sont pas les magazines people qui vous aideront à gagner une élection. » Une pirouette, une simple pirouette pour détourner l’attention d’elle vers l’homme qui lui faisait face. « La presse ne loupe aucune de vos frasques. La discrétion s’apprend avec l’âge, vous verrez. » Lexie haussa les épaules en souriant. « Au final, la seule personne que cela dérange de me voir en une de ces magazines, c’est ma mère, et j’adore la faire enrager. Alors je ne suis pas certaine de vouloir apprendre la discrétion. » Elle rit, tout en faisant un clin d’œil à Camil. L’avis de tempête était passé, la jeune femme pouvait à nouveau se détendre. « Mais je note que vous sous-entendez être toujours un adepte de la débauche, même si vous vous faites plus discret. Et j’aime cela. » La jeune femme confia ensuite à Camil détester ces soirées, et vouloir s’en aller. Ce n’était pas un réel secret, pas quand on connaissait Lexie, ni même quand on échangeait quelques minutes avec elle et qu’elle décidait d’être honnête et franche. « Vous n’êtes pas supposée rester jusqu’à la fin des festivités, et draguer tout ceux qui ont un gros porte-feuille ? » Lexie rit, touchée par tant de sollicitude. « Ne vous inquiétez pas. Tous les gens ici sont là pour redorer leur image auprès du public à l’approche des fêtes. Ils vont tous essayer d’enchérir. Et afin de tenter de montrer leur supériorité et d’étaler leur argent, je dirais même qu’ils vont miser gros. Ils n’ont pas besoin d’être convaincus de quoi que ce soit. » La jeune femme dévisagea son interlocuteur, surprise, alors qu’il semblait accepter de poursuivre la soirée ailleurs. « Mais si le cœur ne vous en dit pas, je peux effectivement vous sauver de cette torture. Après tout, la nuit ne fait que commencer. » Lexie finit sa coupe de champagne et la posa sur le plateau d’un serveur qui passait, en reprenant immédiatement une autre. Elle plongea son regard bleuté dans celui du politicien, comme pour lire en lui. Après quelques secondes de surprise, un sourire satisfait vint éclairer le visage de la brunette. « Que suggérez-vous ? » Allait-il vraiment l’emmener ailleurs ? Cela faisait plusieurs années qu’un jeu de séduction s’était instauré entre Lexie et Camil, et ce dernier avait toujours refusé les avances de la jeune femme. Au final, leurs petits échanges verbaux étaient devenus une parenthèse agréable de ces soirées mondaines, alors que le résultat était toujours le même : ce n’était jamais avec le politicien qu’elle passait la nuit. Cette constante était si ancrée dans l’esprit de la brunette, qu’elle était déstabilisée par ce retournement de situation. |
| | | | (#)Dim 10 Jan 2021 - 18:10 | |
| Lexie et Camil étaient en pleine conversation, et ignoraient superbement les nombreuses personnalités qui étaient déjà arrivées. La raison de la présence de l’ancien directeur de cabinet du maire apparaîtrait comme forcément obscure aux yeux des convives ; il y avait bien longtemps que l’Américain ne s’était pas montré en public, dans un événement tel que celui-ci. Il savait que les rumeurs allaient courir sur son compte, mais il s’en fichait : la raison de sa soudaine disparition ne regardait que lui, et sa petite soeur. Il avait souhaité prendre le temps, pour elle. « Dommage. » Dit le politicien en haussant les épaules, qui aurait pourtant cruellement eu besoin d’un tel divertissement. La soirée s’annonçait longue, et il savait qu’il n’avait pas que des amis, dans cette pièce. « Je ne suis pas particulièrement patient. » Admit Camil en faisant la moue. Une fois n’est pas coutume, il bottait encore en touche ; il sentait bien qu’il était sur une pente glissante, une pente dangereuse, sur laquelle il avait toujours évité de glisser. Lexie Walker n’en était pas à sa première tentative, avec lui. Jusqu’à lors, il s’était montré prudent et s’était tenu à l’écart. Mais les dernières semaines avaient été particulièrement compliquées et éprouvantes pour Camil, et il ne souhaitait qu’une chose : se changer les idées. Les sous-entendus audacieux de l’Australienne étaient donc les bienvenus, et le politicien s’était laissé entraîner dans ce petit jeu dangereux. « Vous avez bien raison. » Et c’était probablement parce qu’elle se foutait d’être jugée qu’elle n’avait pas froid aux yeux, et qu’elle persistait dans son approche. « Évidemment ! » S’exclama l’ancien directeur du cabinet du maire de Brisbane, un sourire venant étirer ses lèvres. Il ne savait que trop bien comment les choses pouvaient évoluer. Aujourd’hui, des photos qui auraient dû rester privées étaient publiées sur les réseaux sociaux, et suscitaient une intérêt malsain. « Le mouvement me too a fait trop de ravages pour que je l’ignore. » Confia-t-il. S’il ne dénigrait en rien ce mouvement — il était grand temps que la société évolue, sur certains sujets — il avait plus de mal avec les jugements hâtifs, souvent étalés en place publique. « Courageux donc, mais pas téméraire. » Et encore moins idiot. Camil savait qu’il évoluait dans un panier de crabes, et il avait pris l’habitude d’être discret. « Ce n’est pas une histoire pour la vie, que vous me proposez ? » Demanda l’Australien en posant une main sur son coeur, volontairement théâtral. « J’en serais presque offusqué. » S’amusa Camil, avant de terminer sa coupe de champagne. Il en profita pour dévier la conversation sur un sujet tout aussi badin, à savoir l’art. Il savait pertinemment que cette exposition n’était qu’un prétexte pour rassembler les plus grosses fortunes et les plus grosses réputations de Brisbane. Le politicien était comme un poisson dans l’eau, dans ce genre d’événement : il en connaissait les codes, les manières, les issues. Il savait lire entre les lignes. « Vous me donnez beaucoup trop d’importance, Lexie. » Fit remarquer l’Australien en faisant la moue. Mais il ne pouvait pas nier une chose : cela ne lui déplaisait pas. Elle flattait son égo, et il n’y était pas insensible. « Ça me mettrait presque la pression. » Presque, parce qu’il était bien loin de perdre la face. Il en avait vu d’autres, Camil. « Une excuse ? » Répéta-t-il en arquant un sourcil, surpris par les propos de Lexie. « Vous pensez vraiment que j’ai besoin d’une bonne excuse pour vous adresser la parole ? » Il secoua la tête, balayant ses suppositions d’un revers de main. Il éclata d’un rire franc, alors que la demoiselle lui demandait les raisons de sa présence dans ce monde si particulier. La question était légitime : pourquoi un étrange plongerait-il de son plein gré dans un aquarium rempli de requins ? « L’ambition. » Répondit simplement l’ancien directeur de cabinet du maire de Brisbane. La sienne était grande, dévorante même : depuis qu’il était arrivé en Australie, il n’avait eu de cesse de gravir les échelons. Et il ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. « Pour le reste, ma réputation me précède. » Et elle n’était pas franchement glorieuse, sur le plan strictement personnel. Coureur de jupons notoires, qui ne reculait jamais devant un challenge et qui se fichait bien de savoir si sa proie était célibataire ou non. « Ne me dites pas que vous n’en avez jamais entendu parler ? » Demanda Camil en arquant un sourcil, franchement surpris. En général, les ragots ne manquaient pas ; les gens n’avaient d’ailleurs aucun scrupule à les colporter, sans se soucier de savoir s’ils étaient vrais ou non. Camil savait pourtant mieux que quiconque qu’il n’y avait pas de fumée sans feu ; ainsi, les rumeurs étaient rarement infondées. « Votre maman chérie saurait probablement vous renseigner à ce sujet, et vous conseillerais très probablement de m’éviter comme la peste. » Parce que la mère de Lexie, elle, connaissait bien la réputation de coureur de jupons du bi-national. Certaines de ses proches amies n’avaient d’ailleurs pas su lui résister, il y a quelques années de cela. Beau-parleur, sûr de lui, il avait su les charmer en un claquement de doigts. Les héritières et autres femmes d’hommes influents avaient été distraites de leur quotidien morose, le temps de quelques étreintes plus ou moins enflammées, et plus ou moins secrètes. La mère de Lexie en avait forcément entendu parler. « Malheureusement, je ne peux pas vous donner tort. » Confia le politicien en haussant les épaules. La philanthropie n’était qu’une façade ; les gens ici présents avaient de bonnes raisons de l’être. Lui y compris, d’ailleurs — même s’il avait désormais une furieuse envie de s’échapper de cet endroit, pourtant somptueux. « Vous pourriez me faire visiter l’envers du décor ? » Suggéra Camil, alors qu’il plongeait son regard dans celui de Lexie. Puisqu’elle était chez elle, et donc en terrain conquis, elle devait connaître quelques recoins où personne ne viendrait les importuner. « On pourrait aussi aller boire un verre sur la plage. Ce ne sont pas les bars qui manquent. » Avec le retour de l’été, les soirées au bord de l’océan s’étaient multipliées. Ils pourraient parfaitement se fondre dans la masse, sans risquer d’être pris en flagrant délit. « Ou aller dépenser des milliers de dollars au casino. » Camil avait un faible pour les tables de black-jack. Et, surtout, il trouvait gonflée la simple idée de quitter un gala de charité au profit d’une soirée où la dépense serait le maître mot. « Et si jamais vous avez envie de faire quelque chose qui agacera profondément votre mère, je peux aussi être votre homme. » Plaisanta Camil. Enfin, il était à moitié sérieux malgré tout : puisque Lexie adorait faire enrager sa mère, il voulait bien être son complice pour cette fois. Les deux adultes déposèrent leur coupe de champagne sur le plateau d’un serveur, et en reprirent automatiquement une autre. Camil en profita pour faire un pas vers elle, et posa sa main gauche sur son avant-bras. « Toutes les cartes sont entre vos mains, Lexie. » Et peu importe ce qu’elle choisirait ; il en brûlait d’impatience par avance.
@Lexie Walker |
| | | | (#)Lun 18 Jan 2021 - 22:39 | |
| Une nouvelle fois, Camil botta en touche. C’était décidément devenu une habitude pour le politicien, qui refusait depuis plusieurs années les avances de la brunette. Cette conversation n’y faisait pas exception. « Le mouvement me too a fait trop de ravages pour que je l’ignore. Courageux donc, mais pas téméraire. » Lexie rit. Pas si courageux que ça, en réalité. Mais elle garderait cette réflexion pour elle, et se contenterait de quelques gorgées supplémentaires de champagne. La conversation finit par s’orienter sur l’art et les enchères à réaliser, la jeune femme proposant à Camil de lui présenter les œuvres, lui accordant ainsi une excuse pour lui parler. « Une excuse ? Vous pensez vraiment que j’ai besoin d’une bonne excuse pour vous adresser la parole ? » La brunette haussa les épaules. « Vous semblez pourtant si prudent, aujourd’hui, avec votre réputation. Je ne suis pas certaine que votre image bénéficie de nos échanges. Même si ceux-ci sont pour l’instant bien trop chastes pour moi. » Lexie haussa les sourcils alors qu’un sourire coquin se dessinait sur son visage. Elle n’y allait décidément pas par quatre chemins. Camil, lui, évoquait son passé, qui était connu de tous. « Pour le reste, ma réputation me précède. Ne me dites pas que vous n’en avez jamais entendu parler ? » La brunette rit franchement. « Vos écarts sont aussi discrets que les miens ! Je devrais vivre sur une île déserte pour ne pas connaître votre passé. Et c’est d’ailleurs ce qui m’intrigue. Vous qui aimez vous amuser, pourquoi toujours décliner mes propositions ? Le jeu va finir par être lassant, à force … » Elle le taquinait. En réalité, elle aimait trop la distraction qu’il constituait pour le laisser filer. Il égayait cette soirée, comme il en avait égayé d’autres, et peu importe s’il refusait encore. Le jeu était trop amusant pour s’en passer. « Votre maman chérie saurait probablement vous renseigner à ce sujet, et vous conseillerait très probablement de m’éviter comme la peste. » Lexie s’étouffa avec son champagne : pas très classe. Elle toussota un instant, puis dévisagea Camil. « Vous plaisantez j’espère ? Ne me dites pas que vous avez couché avec ma mère ?! » Une fois rassurée, la jeune femme sentit ses épaules s’affaisser. Elle n’aurait pas aimé que Mary ait eu une liaison avec Camil. Ça le rendait vieux. Usagé. Et ça remettait en cause le mariage de ses parents. Et Lexie n’était jamais prête à entendre quelque chose de négatif en lien avec son père, qu’elle idéalisait tant. La suite de la conversation surprit la jeune femme. « Vous pourriez me faire visiter l’envers du décor ? On pourrait aussi aller boire un verre sur la plage. Ce ne sont pas les bars qui manquent. Ou aller dépenser des milliers de dollars au casino. » Lexie plongea son regard dans celui du politicien, l’écoutant énumérer les possibilités. Acceptait-il enfin de céder à ses avances ? « Et si jamais vous avez envie de faire quelque chose qui agacera profondément votre mère, je peux aussi être votre homme. » La brunette rit. « Discuter avec vous l’agace déjà, je suppose. S’éclipser l’irritera sans aucun doute. Et c’est largement suffisant. » Elle n’avait plus envie de parler sa mère, pas maintenant, alors qu’une suite semblait pouvoir être envisagée avec Camil. Et elle n’avait plus douze ans. Enerver sa mère était loin d’être le but de sa vie. Si elle y arrivait au détour d’une autre occupation, c’était tant mieux. Sinon, tant pis. Le politicien posa sa main sur le bras de Lexie, des frissons parcourant le corps de la jeune femme à ce contact. « Toutes les cartes sont entre vos mains, Lexie. » La jeune femme plongea son regard de braise dans celui de Camil. Elle se mordilla la lèvre inférieure avant de reposer sa coupe de champagne qui n’était pas encore vide. Mais elle n’en avait plus envie, plus maintenant, son désir tout entier tourné vers l’homme face à elle. La brunette n’hésita pas longtemps. « J’apprécie nos échanges, et une soirée dans un bar ou un casino serait agréable. Mais je pense que l’attente a assez duré. A vrai dire, vous l’avez même fait durer plusieurs années. » Lexie lui adressa un clin d’œil et se rapprocha de Camil, lui murmurant quelques mots à l’oreille. « Empruntez la porte par laquelle les serveurs rejoignent la salle principale. Traversez la cuisine puis avancer jusqu’au bout du couloir. Vous arriverez dans la pièce dans laquelle on entrepose habituellement les œuvres d’art. J’y vais d’abord. Rejoignez-moi dans … disons dix minutes ? » Le désir consumait déjà Lexie, qui ne rêvait que d’une chose : sentir son corps s’embraser sous les caresses expertes de Camil. La brunette jeta un dernier regard brûlant au politicien avant de s’éclipser et de suivre le chemin précédemment expliqué. |
| | | | (#)Sam 13 Mar 2021 - 19:20 | |
| « Le contexte m’y oblige. » Dit-il en haussant les épaules, conscient que depuis quelques mois, le mouvement me too avait pris une importance considérable. La libération de la parole avait été si soudaine, si subite : personne n’avait rien vu venir, à commencer par les coupables. Ceux qui n’avaient pas été officiellement épinglés faisaient profil bas, pour se faire oublier au maximum. Camil ne s’en plaignait pas : d’une certaine façon, ça lui simplifiait la tâche. Certains hommes, qui auraient pu être ses adversaires politiques, avaient préféré renoncer à leur candidature plutôt que de voir leur réputation être détruite. Camil ne trouvait rien à y redire : après tout, ces comportements avaient trop duré. Il était grand temps que ceux qui se pensaient intouchables pour telle ou telle raison redescendent de leur piédestal. « Nos échanges n’ont rien de répréhensible. » Fit-il remarquer en arquant un sourcil. Certes, il avait renforcé sa vigilance et se montrait plus prudent que par le passé ; cependant, il assumait aussi pleinement ses bavardages avec ses connaissances — même si ces dernières n’étaient pas irréprochables, comme c’était visiblement le cas de Lexie. « Nous pourrions tout aussi bien discuter de la pluie et du beau temps. » Après tout, rien ne laissait supposer que leur conversation était pleine de sous-entendus aussi graveleux que prometteurs. Les deux Australiens se tournaient autour depuis le début de la soirée et, finalement, ils étaient sur le point de se trouver. Cela ne faisait désormais plus aucun doute : le politicien n’aurait, ce soir, aucun scrupule à s’égarer entre les cuisses de l’héritière. « Question de timing. » Avoua Camil en haussant les épaules. « Il y a quelques années de cela, on m’aurait accusé de pervertir une jeune jouvencelle — même si, j’en suis sûr, il y a bien longtemps que votre innocence s’est envolée. » Ils avaient plus de dix ans d’écart ; presque quinze, en fait. Il n’osait même pas imaginer les titres de la presse si, à l’époque, il avait eu une relation avec Lexie Walker. Ses détracteurs pourraient aujourd’hui s’en donner à coeur joie — mais, par chance, il avait su résister. Et aujourd’hui, il foulait le tapis rouge du bout des pieds. « J’ai bien failli perdre mes moyens lors de cette soirée blanche sur la plage, organisée par le groupe Walker, il y a environ deux ans. Vous vous souvenez ? » Il était sûr que oui. Il ne l’avait pas quittée des yeux de la soirée, mais n’avait jamais été en mesure de l’approcher plus de quelques minutes consécutives — la mère de Lexie veillait au grain, et s’immisçait entre eux dès que leur échange devenait un peu trop long à son goût. « Et puis, dernièrement, il y a eu Deborah. » Brody, ancienne employée de la mairie et désormais sa petite amie officielle. Ils s’affichaient ensemble dès que l’occasion se présentait, souriait aux flashs des photographes, partageant une réelle complicité. Mais ça s’arrêtait là : ils étaient libres de faire ce que bon leur semblait, tant qu’ils restaient discrets. Mais ça, bien sûr, c’était un accord tacite entre eux. Ça, personne ne le savait. « Mais ce soir, la voie est libre. Parfaitement libre. » Et ils allaient en profiter. Sauf si Mary Walker prenait conscience de leur petit manège, et venait les interrompre pour éviter que sa fille chérie ne succombe au charme du politicien. Tic-tac : le temps pressait. Ce que la matriarche ne pouvait pas savoir, c’était que le décompte avait commencé depuis bien longtemps. « Certainement pas. » Répondit-il en secouant la tête, presque offusqué qu’une pareille idée ait pu traverser l’esprit de la jeune brune. Il posa une main sur l’avant-bras de cette dernière, et lui confirma, à demi-mot, qu’il n’attendait plus que son feu vert pour aller plus loin. « La pauvre, si elle savait. » Fit remarquer Camil en secouant la tête. Tout se déroulait pourtant sous ses yeux, à quelques malheureux mètres. Plus le temps passait, et plus l’impatience le guettait ; par chance, ce sentiment d’empressement semblait être partagé par l’Australienne, qui déposa sa flûte de champagne sur un plateau en argent qui passait devant eux. « La bienséance. » Rétorqua-t-il en souriant, amusé. « Au fond, je suis un véritable gentleman. » Plaisanta-t-il. S’il y avait bien un qualificatif qui ne convenait pas à Camil, c’était bien celui-là. Et le clin d’oeil que lui adressa Lexie lui fit comprendre qu’être un parfait gentleman n’était pas vraiment ce qu’elle attendait de lui, ce soir. Message reçu, donc. Elle se rapprocha de lui, se hissa sur la pointe des pieds, et lui indiqua le chemin à suivre pour la retrouver. Le politicien profita de cette proximité nouvelle pour refermer sa main sur la hanche de Lexie, tandis que ses yeux se perdaient sur le cadran de sa montre. Dix minutes, avait-elle dit. « Vos désirs sont des ordres, ma chère. » Plaisanta l’Américain, alors qu’un sourire narquois glissait sur ses lèvres. Un énième sous-entendu, que Lexie comprit immédiatement. Elle s’éloigna sans un regard, et Camil ne put s’empêcher de la suivre des yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse de son champ de vision.
@Lexie Walker |
| | | | | | | | You illuminate the dark (Camil) |
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