Son réveil sonne. Elle ronchonne en tâtonnant sa main dans le vide à la recherche de l’affreux jojo. En vain. Elle lève alors la tête tout en gardant les yeux mi-clos. « mohhh mais je veux dormir moiiiiiii » Sa main parvient enfin à faire taire le radio réveil. Sanders se laisse alors tomber lourdement dans son lit en se rendormant aussitôt. Une heure passe. Elle sursaute lorsqu’on vient tambouriner à sa porte. « Erin qu'est-ce que tu fous ??? Tu vas être en retard. » Elle regarde péniblement son réveil. Lorsqu’elle capte qu’elle devrait être au cabinet dans cinq minutes, elle panique. « Ho putain ! » Illico elle se lève et court dans la salle bain pour prendre une douche rapide. Elle peine à fermer son jean. Finalement elle le balance sur son lit pour enfiler une robe. Obligé de passer par la case cuisine. Depuis quelques jours elle mange pour quatre, si ce n’est pas cinq. Les fraises et les cornichons sont tombés dans son top 5. Erin ne passe plus un jour sans en manger. Elle tartine de la confiture à la fraise sur presque tout. Même sur ses hamburgers. L’odeur du café l’insupporte, tout comme le parfum de son frère. Elle grimace quand il s’approche pour lui faire la bise. « Hmm…Tu cocottes ce matin » Il lève les yeux au ciel puis s’en va vaguer à ses occupations. Mais pas le temps de rêvasser. L’heure tourne et son retard se creuse un peu plus à chaque minute. Elle laisse sa tasse dans l’évier puis quitte l’appartement rapidement. « Merde » Elle revient sur ses pas en réalisant qu’elle a oublié son chien. Burton la regarde en penchant la tête sur le côté, un peu surprit par le comportement de sa maîtresse. - Oui bon, on mettra ça sur la fatigue qu’elle cumule - Elle baille trente-six mille fois sur le trajet. « Ha bah te voilà ! On ne pensait pas te voir aujourd’hui » James la taquine alors qu’elle essuie un unième bâillement. « Je suis méga fatiguée et je me sens patraque » Sanders file aux vestiaires tel un automate. Elle enfile sa blouse et s’en va chercher son premier patient. Le chat de madame Jones. Il a besoin d’un traitement pour son arthrose et d’un petit régime aussi, ça serait pas mal.
Erin vide un tube de confiture à la fraise dans son chocolat chaud. Puis elle tourne sa cuillère mécaniquement. Sentant le regard insistant de ses collègues, elle les interroge du regard en haussant les épaules. « Bah quoi ? C’est bon ? » James se ramène avec un sandwich au fromage. Erin a des hauts le coeur. Elle se précipite aux toilettes pour vomir tout son petit-déjeuner. A bout de force, elle reste assise par terre dans les toilettes à attendre que la prochaine vague arrive. « Tu devrais rentrer chez toi » « C’est rien, ! Ça va passer. » Mais la vérité c’est que ça ne passe pas. Elle cède à appeler Adriel pour qu’il vienne la chercher. Les chercher … car Burton est présent lui aussi. Le brun se pointe en se demandant bien qu'est-ce se qui se passe. « C’est rien, j’ai dû choper un coup de froid, no stresse » La vérité c’est que Erin tombe rarement malade. Surtout en plein été. Sanders grimpe dans sa voiture. Elle ouvre vite sa fenêtre. L’odeur de son sapin magique lui donne la nausée. Adriel n’a roulé que quelques kilomètres que déjà elle ne se sent pas bien. « Arrêteeee toi je …. » Sans attendre, Erin ouvre sa portière pour vomir dehors. Elle essuie la bouche avec un mouchoir puis se laisse tomber dans le fond de son siège en soupirant. La tête contre la vitre, elle s’endort malgré elle au bout de dix minutes de trajet. « J’ai envie de nugget’s à la fraise » Murmure t-elle tout en gardant les yeux fermés. Ça manquait un peu de cohérence tout ça. Pourtant Erin est parfaitement lucide. Elle a juste des envies "bizarres". « On se commande un Macdo ??? Steupléééé J’ai vomi tout mon déjeuner. J’ai le ventre vide » Elle le regarde avec ses yeux de chat Potté pour qu’il craque. « Je t’aimeeee » Sans prévenir; Erin se met à pleurer à chaudes larmes sans raison valable. Non vraiment, rien ne va plus.
CODAGE PAR AMATIS
Dernière édition par Erin Sanders le Ven 26 Fév 2021 - 19:28, édité 1 fois
« Changez de position… oui, comme ça », je murmure contre mon appareil photo, l’oeil collé contre la petite fenêtre qui me permet de regarder au-travers de l’objectif. « Rapprochez-vous… redressez un peu le bébé. Oui, voilà, comme ça. » Le bébé, les yeux ronds, se laisse placer par ses parents, qui se mettent en position pour que je photographie leur nouvelle petite famille. Tout va bien, surtout que j’ai entendu des histoires comme quoi parfois, avec les nouveaux-nés, c’est compliqué. Ils se mettent à pleurer exactement au mauvais moment, apeurés par toute cette attention. Mais celui-ci est calme, il semble rassuré par la simple présence de ses parents, qui sont eux-mêmes peu nerveux. Ça doit aider. Depuis que je me suis mis au portrait, je me suis déniché quelques contrats de ce genre, photographier des petites familles ou même des couples, par exemple, et j’aime bien. Ça ne me remplit pas autant de joie que de capturer l’essence d’un paysage que je trouve particulièrement époustouflant, mais ce genre de contrats est plus difficile à trouver en étant sédentaire. Alors va pour le portrait, ça me convient très bien. Puis, mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon jean et, normalement, je l’ignorerais, me concentrant sur la tâche que j’ai à accomplir, mais… je vous jure, le sixième sens de meilleur ami existe, parce que je sens que je dois regarder l’écran de mon téléphone. Et comme de fait, c’est Erin qui m’appelle et qui me dit que ça ne va pas et qu’elle aimerait que je vienne la chercher au boulot. Je fronce les sourcils, trouvant déjà très étrange qu’Erin veuille quitter son boulot. Même quand elle a trop fêté la veille et qu’elle est hangover, elle se pointe. Son lieu de travail l’emplit de joie, travailler avec des animaux à la journée longue est une de ses passions. Alors il y a vraiment quelque chose qui cloche, et je le sens dans sa voix. Une fois que j’ai raccroché, je lève les yeux sur le couple. « Je m’excuse, je vais devoir reporter, j’ai une urgence », je leur dis avec un regard désolé. Mais je ne suis pas désolé du tout de prioriser ma meilleure amie. Le couple comprend, je leur promets même un rabais sur mes services pour cet inconvénient. On reporte à une date ultérieure et je m’empresse de sortir de leur maison, direction la clinique vétérinaire où Erin travaille.
Lorsqu’elle embarque dans ma voiture, elle a une sale tête. Son teint est livide, elle a des cernes sous les yeux qui ne trompent pas sur sa fatigue. « Qu’est-ce qui ne va pas? » je lui demande, inquiet, la scrutant du regard pour tenter de découvrir la réponse avant qu’elle ne me réponde. « C’est rien, j’ai dû choper un coup de froid, no stresse » Je lève un sourcil. « Mmm-mmmh », je fais, néanmoins un peu sceptique. Automatiquement, je nous dirige vers mon studio, prévoyant déjà de lui préparer un bain pour qu’elle puisse relaxer, ainsi qu’une soupe aux nouilles et au poulet. Quand j’étais malade, c’est ce que ma mère me préparait et c’était si réconfortant. Mais quelques kilomètres à peine plus tard, elle me demande d’arrêter et je suis à peine garé sur le bord du trottoir qu’elle sort pour… vomir. Retenant moi-même des hauts-le-coeur, je me penche pour l’aider à mettre ses cheveux hors du chemin. Je lui tends un mouchoir et l’observe s’affaler de nouveau dans le siège, une mer d’inquiétude dans mes yeux. « Ça va mieux? » je demande doucement, mais elle ne me répond pas et ferme les paupières, le front contre la vitre. Je prends un moment pour réfléchir, me passant en tête une foulée de raisons pour lesquelles elle pourrait avoir été malade. Une intoxication alimentaire? On a mangé ensemble hier et moi, je me sens bien… On reprend la route et il me tarde d’arriver pour qu’elle puisse être plus confortable chez moi. [#990000]« J’ai envie de nugget’s à la fraise »[/color] Je me retourne brusquement vers elle, des gros points d’interrogation dans les yeux. « Ew! Tu délires ou quoi? » Il me semble que ça ne va pas du tout ensemble. J’en ai mangé des trucs bizarres en voyage, mais ça, deux aliments que je connais depuis longtemps et qui ne vont pas du tout ensemble, c’est juste… l’idée en elle-même me lève le coeur. Ça me rappelle ma belle-soeur Nyah qui disait avoir eu des envies de carottes trempées dans le chocolat quand elle était enceinte… J’écarquille les yeux, ayant l’impression que mon estomac fait un saut de parachute. Se pourrait-il…? Non? Si? C’est possible, elle continue de voir Nel… « On se commande un Macdo ??? Steupléééé J’ai vomi tout mon déjeuner. J’ai le ventre vide » À moitié perdu dans mes pensées, je secoue la tête. « Non, on va aller à l’épicerie et te prendre des trucs meilleurs pour la santé, t’as besoin d’être hydratée et avec le nombre de grammes de sel qu’ils mettent dans les frites, c’est pas une bonne idée », que je décide d’un ton qui ne porte pas à la négociation. Je tente d’ignorer ses yeux qui me supplient en gardant les yeux sur la route. « Moi aussi je t’… » Je n’ai pas le temps de lui dire que moi aussi, je l’aime, malgré la surprise de cette soudaine déclaration d’amour, qu’elle se met à pleurer à chaudes larmes. Je me stationne justement devant l’épicerie et m’empresse de resserrer mes bras autour d’elle et de lui caresser le dos. Non, définitivement, il y a quelque chose qui cloche, et, même si l’idée me terrifie, je crois savoir ce qu’elle a. « Reste ici, je reviens, je vais te chercher des trucs à manger. Repose-toi. » Ses yeux ferment tout seul, elle sera mieux ici. « Je vais te prendre des nugget’s, promis, elles seront meilleures que celles du McDo. Du ginger ale pour les maux de coeur et… quelque chose aux fraises », j’ajoute malgré moi. Un bisou sur sont front et je sors de la voiture. Dans cette épicerie, il y a une petite rangée avec des trucs essentiels du genre shampoings, savons, brosses à dents, etc. et, comme je m’y attendais, il y a des tests de grossesses. J’hésite avant d’en prendre un — se pourrait-ce réellement que ce soit ça? Vaut mieux qu’elle le fasse juste pour qu’on soit rassurés, au moins. Et sinon, on trouvera une autre solution à son drôle d’état, voilà. Moins de dix minutes plus tard et je suis revenu près d’elle. Je glisse le sac de courses dans le coffre de ma voiture et me réinstalle au volant.
Une fois à l’intérieur de mon studio, je dépose le sac sur mon comptoir de cuisine et le fouille pour trouver la fameuse boîte. Je la lui tends immédiatement et commence à la pousser doucement vers la salle de bain du rez-de-chaussée avant qu’elle ne commence à trop protester. « Tu vas faire ce test », je dis d’un ton que je veux autoritaire, alors qu’à l’intérieur de moi mon coeur bat très vite. « Vaut mieux être sûrs, Riri. Ma belle-soeur, quand elle était enceinte, elle nous a dit qu’elle avait des envies de bouffe vraiment étranges… Je te connais et je sais que c’est la première fois que tu veux jumeler nuggets et fraises. Alors hop hop. Juste pour qu’on soit sûrs… » Je referme la porte sur elle, ne lui donnant guère le choix. Je dois admettre que j’espère fortement que ce test soit négatif — pas qu’Erin ne serait pas une bonne maman, au contraire; mais elle vient tout juste de tomber amoureuse, elle vient de rencontrer ce gars. Il faut qu’on sache. Dos contre la porte de la salle de bain, je me passe une main dans les cheveux, soupire, et attend qu’elle ait fini.
Elle est patraque. Depuis quelques jours, les choses changent… La fatigue, la faim, c’est devenu son quotidien. Certaines odeurs lui sont devenues insupportables. Ce matin, c’est le même scénario qui recommence. Elle est sur les rotules Erin. Tellement que pour la toute première fois on la renvoie chez elle. Elle n’a jamais manqué une journée de travail, ni même de cours. Assidu, dans ce qu’elle fait, Sanders n’est vraiment pas le genre à être absente. C’est donc un peu contre son gré qu’elle cède à appeler son meilleur ami à la rescousse. Elle voit bien la mine déconfite qu’il affiche en la voyant. Erin le rassure aussitôt en lui disant que c’est juste un malheureux coup de froid. « Mmm-mmmh » De suite en fronce les sourcils en le fixant. « Quoi ? Je suis si affreuse que ça ?? » Elle baisse le pare-soleil pour regarder son reflet dans le miroir. Une grimace apparaît sur son visage. Elle est toute pâlotte. Ses cheveux frisottent de tous les côtés. Rapidement elle referme le pare-soleil en faisant une moue. « Oui bon … j’ai connu mieux. » Son corps s’enfonce dans son siège. Sa remue dans son bidon. L’une de ses mains vient se poser sur son ventre tandis qu’elle penche la tête dehors. Plus il roule plus elle se sent mal. Des hauts-le-cœur la prenne. Une bouffée de chaleur l’envahie. Ça devient compliqué. Erin a juste le temps de lui dire de s’arrêter. Mais elle n’attend pas vraiment l’arrêt complet. Impossible pour elle de se retenir plus longtemps. Sans attendre, Sanders ouvre sa portière en se penchant vers l’avant pour vomir ses tripes. Adriel lui tient les cheveux. Elle tousse et râle par la même occasion. Ça l’épuise tout ça. Elle récupère le mouchoir du brun en reprenant une place assise sur son siège. « Ça va mieux? » Un soupir sort d’entre ses lèvres. Les yeux clos, Erin reste silencieuse. Incapable de lui donner une réponse valable. Lui répondre que tout va bien serait, ça lui mentir ouvertement. Une envie soudaine de nugget s à la fraise la prend. Adriel la regarde en faisant des gros yeux. Il est vrai que le mélange sucré/Salé est plutôt surprenant. Mais depuis peu, la demoiselle a une addiction pour les fraises et les cornichons. « Ew! Tu délires ou quoi? » La blonde retrouve son sourire un bref instant en voyant la tête qu’il tire. Elle hausse les épaules de manière innocente. « Bah quoi ? Tu devrais goûter. C’est délicieux. » Elle avait une grave envie de poulet. Sanders le supplie de lui acheter un Macdo pour remplir de nouveau son ventre qui gargouille. Elle a la sensation d’avoir le ventre vide. Il crie famine en faisant des bruits bizarres. C’est presque une question de survie.« Non, on va aller à l’épicerie et te prendre des trucs meilleurs pour la santé, t’as besoin d’être hydratée et avec le nombre de grammes de sel qu’ils mettent dans les frites, c’est pas une bonne idée » Tout de suite ça l’emballe un peu moins. Erin avait envie de mal bouffe. Pas de carotte à la vapeur. Elle boude en soupirant de plus belle. « T’abuses ! Et depuis quand tu sais cuisiner toi ?? » Elle a un léger rictus mais elle le perd bien vite son sourire en voyant Ronald Macdonald s’éloigner de leur direction. Soudain, une vague de tristesse l’envahie. Erin lui balance un je t’aime avant de pleurer à chaudes larmes sans raison valable. Elle est presque inconsolable. Les larmes défilent sur ses joues à une vitesse vertigineuse. « Moi aussi je t’… » Adriel en perd son latin. Il ne comprend pas vraiment ce qu’il se passe. « Reste ici, je reviens, je vais te chercher des trucs à manger. Repose-toi. » Doucement, elle finit par se calmer en fermant les yeux. Mais les larmes glissent toujours le long de son visage. « Je vais te prendre des nugget’s, promis, elles seront meilleures que celles du McDo. Du ginger ale pour les maux de coeur et… quelque chose aux fraises » Erin hoche la tête sans ouvrir les paupières. Ses bras s’enroulent contre sa poitrine pour trouver un réconfort nécessaire. La commissure de ses lèvres s’étire légèrement en sentant le bisou sur son front. « Merci » Murmure t’elle tout bas. Adriel quitte la voiture pour se rendre à l’épicerie. La fatigue l’emporte. Erin s’assoupie malgré elle. C’est tout juste s’il remarque le retour de son ami.
Toute groggy, la blonde rouvre les yeux lorsque la voiture s’arrête au domicile du brun. Elle se frotte les yeux puis sort du véhicule. Une fois dans le studio, Adriel s’avance vers elle avec une drôle de boite. Erin fronce les sourcils en regardant ce qu’il a dans les mains. « Tu vas faire ce test » « HEIN ? MAIS ? » Encore dans les vapes, ça se bouscule dans sa tête. Un test de grossesse ? Elle panique. Jamais elle n’a pensé à cette possibilité. « Je .. » Mayers ne lui laisse pas vraiment le choix en la poussant vers la salle de main. Erin est persuadée que ce n'est pas possible. Elle prend sa pilule - Enfin… quand elle y pense - Son cœur s’emballe. Elle flippe. Trop jeune. Elle ne se sent pas prête pour ce nouveau cape. Avec Nel c’est tout récent. Direct passé par la case bébé c’était pas le programme. « Vaut mieux être sûrs, Riri. Ma belle-soeur, quand elle était enceinte, elle nous a dit qu’elle avait des envies de bouffe vraiment étranges… Je te connais et je sais que c’est la première fois que tu veux jumeler nuggets et fraises. Alors hop hop. Juste pour qu’on soit sûrs… » Erin le regarde avec des yeux remplit de désespoir, de peur aussi. « Je ne sais même pas comment ça fonctionne ce truc » Il referme la porte en la laissant là avec ce test entre les mains. Elle s’assoit sur le bord de la baignoire en scrutant en détail l’objet mystérieux. Un trait pas enceinte. Deux … c’est la cata’. Après avoir ruminé cinq bonnes minutes, Sanders se décide à uriner sur le bâtonnet. Elle remet le capuchon est patiente. Pour le moment il n’y a qu’un seul trait. Elle se sent presque soulagée. Nan vraiment, elle ne veut pas avoir à supporter une grossesse à son âge. C’est beaucoup trop tôt. Et elle ne veut surtout pas imposer une telle responsabilité à Nel. Ils viennent tout juste de se découvrir. Ils ont tant à faire avant. Pas maintenant, pas tout de suite. Mais son visage se décompose en voyant un deuxième trait apparaître. Honteuse, elle vient se réfugier dans la baignoire. Elle ramène ses jambes contre son ventre. Son visage vient se cacher contre ses genoux. Les larmes refont surface. Sa détresse est grande. Elle est perdue Erin. Elle voudrait qu'Adriel la rejoigne mais elle est incapable de l’appeler. Les mots ne sortent pas contrairement à sa détresse qui l’envahit de plus en plus. Elle a l’impression qu’elle vient de tout gâcher avec cette grossesse surprise. Nel allait la prendre pour une irresponsable immature. Elle peur…peur de le perdre…peur de porter la vie pour la toute première fois. Les yeux rivés sur le test, elle tente de réaliser que sa vie va radicalement changée.
C’est avec énormément de perplexité que je passe prendre Erin à son boulot. Je l’attends dans ma voiture et, lorsqu’elle fait son apparition, je lui demande ce qui ne va pas et sa réponse ne me satisfait pas. Un coup de froid, ce n’est pas ça qui l’a empêchée de se rendre à la clinique avant. Elle fait passer l’état de santé des animaux avant le sien et ce n’est pas un petit rhume qui va se mettre entre son but et elle. « Quoi ? Je suis si affreuse que ça ?? » Je lui offre un sourire tendre en replaçant une mèche de ses cheveux qui frisotte derrière son oreille. Alors qu’elle se regarde dans le miroir du pare-soleil et grimace, je lui réponds: « T’es jamais affreuse, tu sais. » Même malade comme ça, elle est tellement belle. « Mais je t’ai vu dans un état pire qu’un simple petit rhume et tu t’es pointée quand même au boulot. Genre le lendemain de la fête des jumeaux… » Je ris doucement. « Alors y’a de quoi se demander. » Elle admet finalement que oui, elle a connu mieux en effet. Je dirige donc la voiture en direction de chez moi, alors qu’elle blêmit à vue d’oeil. J’accélère légèrement en espérant ne pas me faire repérer par une police ou quoi, mais j’ai hâte qu’on soit chez moi pour qu’elle puisse s’allonger. Mais je suis contraint d’arrêter ma voiture lorsqu’Erin me le demande et elle vide le contenu de son estomac sur le trottoir. Je passe par-dessus mes propres hauts-le-coeur pour aider à dégager les cheveux d’Erin, et je lui tends un mouchoir lorsqu’elle se relève. À ma question, à savoir si elle va mieux, elle me répond par un soupir seulement, ferme les yeux sans doute pour que ça tourne moins. Quelques instants plus tard, la voilà qui parle de nuggets et de confiture à la fraise ensemble et j’exprime clairement mon dégoût. Non mais, y’a deux secondes elle vomissait sa vie et là elle me parle de manger, et pas de manger n’importe quoi s’entend. « Bah quoi ? Tu devrais goûter. C’est délicieux. » Son sourire est tout léger, elle hausse les épaules comme si c’était une évidence. « Mmmm… non merci », je marmonne, confus sur ses propos. Mais lorsqu’elle me supplie d’aller chercher du McDo, je suis catégorique. Elle a besoin de quelque chose de meilleur pour la santé afin de se sentir mieux rapidement. J’entends son estomac clairement et je décide donc de faire un arrêt à l’épicerie avant de retourner à la maison. « T’abuses ! Et depuis quand tu sais cuisiner toi ?? » J’affiche un air boudeur. « Mais je sais cuisiner, tu sauras », je proteste, incertain toutefois si on peut appeler mes connaissances en cuisine savoir cuisiner. Je peux très bien suivre des instructions… jusqu’à ce que mon attention dérive et que j’oublie un truc dans le four ou sur la poêle. Ou que je remplace un ingrédient par un autre similaire parce que j’en manque. De toute manière, je sais d’avance que ce que je prendrai à l’épicerie, ce sera des trucs faciles à faire, comme des nuggets — meilleures pour la santé que celles du McDo, j’en suis certain. Son je t’aime me prend par surprise, mais ce n’est rien comparé à ses larmes qui viennent par la suite et qui me coupent dans ma réponse. Justement, on arrive à l’épicerie et je m’empresse de me pencher sur elle pour la consoler du mieux que je le peux. Mais tout est si soudain, si inattendu, que je ne sais pas trop comment réagir au final. J’annonce que je vais lui chercher des trucs, un peu inquiet de la laisser toute seule quand même. Mais elle est mieux ici à se reposer qu’à l’intérieur du magasin — et si elle est malade encore une fois? J’essuie quelques larmes du revers de ma main sur son visage tout mouillé, lui promets que je lui rapporterai des nuggets meilleures que celles du McDo, du ginger ale et quelque chose aux fraises. Un bisou sur son front plus tard, elle me remercie dans un murmure tout faible et je m’éclipse en direction du magasin. C’est avec un mélange de malaise et de nervosité que je lui prends un test de grossesse, et je reviens à la voiture avec mes courses pour la trouver endormie, la tête calée entre son siège et la portière.
Sans plus tarder, je nous ramène à mon studio et il me peine de devoir la réveiller une fois arrivés. Erin se frotte les yeux, elle a l’air encore toute endormie. Puis une fois à l’intérieur, je dépose le sac de courses sur le comptoir de la cuisine et en sort immédiatement le test de grossesse, que je lui tends. La surprise est lisible sur les jolis traits endormis de ma meilleure amie, elle fronce les sourcils, m’interroge du regard. Lorsque je lui dis qu’elle va faire ce test, sans trop lui donner le choix, elle proteste, confuse. Apparemment, l’idée que ça pourrait être… ça ne lui a nullement traversé l’esprit. Alors que pour moi, c’est de plus en plus évident, même si j’espère vraiment que ce sera négatif. De toute manière, je ne lui laisse pas trop le choix et je la pousse vers la salle de bain du rez-de-chaussée en lui expliquant que vaut mieux être sûrs et que ce sont ses soudains drôles de goûts qui m’ont alerté. Bon ça, mais aussi le fait que j’aie dû arrêter la voiture pour qu’elle puisse rejeter son petit-déjeuner sur le sol. La peur se lit dans son regard, mon coeur se serre et j’aimerais tellement lui dire que tout va bien aller, qu’elle n’est sûrement pas enceinte, mais… les signes sont là. « Je ne sais même pas comment ça fonctionne ce truc » Je ris doucement. « Moi non plus. » Je prends sa mains dans la mienne, la squeeze. « Ça va aller », je tente d’être rassurant. Je referme la porte, me mets dos à elle et j’attends. C’est long, du moins c’est ce qu’il me paraît dans ma tête alors qu’en réalité, ce n’est probablement que quelques minutes seulement. Mais le temps passe, un peu trop, et je colle mon oreille à la porte en quête de signe de vie et, pourtant, je n’entends rien. « Erin? » je l’appelle d’une petite voix, inquiet. N’en pouvant plus d’attendre, n’ayant toujours pas de réponse, j’annonce que j’entre et j’ouvre la porte… pour la trouver dans la baignoire. Elle a le visage tout contre ses genoux, mais ses sanglots parviennent à mes oreilles. Je reste un petit moment figé dans l’entrée de la salle de bain en réalisant qu’il n’y a plus de doute, à voir sa réaction, elle porte la vie en elle. Erin est enceinte. Le choc est total. Doucement, je m’avance vers elle, m’accroupis près de la baignoire, avance une main hésitante et quelque peu tremblante vers ses cheveux qui descendent sur son dos pour les caresser. « Erin? » je chuchote, ne sachant que dire d’autre sur le coup. Mais voyant qu’elle ne répond pas, je grimpe dans la baignoire derrière elle et enroule mes bras autour de ses épaules, la serre très fort. Ses larmes tombent sur ma main et elles me brisent le coeur. « Je suis là », je dis, parce que c’est tout ce que je peux dire sous le moment. « Peu importe ce que tu choisis de faire, Riri, je suis là », que je lui promets en déposant mon menton sur son épaule. Les minutes passent dans le silence, je la serre un peu plus fort dans mes bras. Je tente de m’imaginer ce que pourrait être la réaction de son copain, je doute qu’il soit très ravi de cette nouvelle. Ils viennent de se rencontrer, ils commencent tout juste à se fréquenter. Je ne suis même pas certain qu’elle lui a dit je t’aime. En fait, j’en doute fortement, déjà qu’il est le premier pour qui elle éprouve de tels sentiments. « Tu… tu sais ce que tu vas faire? » je lui demande finalement avec beaucoup d’hésitation. « Tu… vas lui dire? » Parce qu’il y ait bel et bien la possibilité qu’elle se fasse avorter sans même lui en parler, même si je doute que ça soit son genre.
L’expression de son meilleur ami la laisse perplexe. Erin le regarde un peu décontenancer. Elle se doute qu’elle doit avoir grise mine. Depuis quelques jours, elle accumule la fatigue et les cernes. Il n’y a donc rien d’étonnant qu’il l ‘observe avec son drôle d’air. Elle le questionne alors. Adriel a tout de suite un geste tendre à son égard. « T’es jamais affreuse, tu sais. » Il avait toujours les bons mots pour la faire sourire. Ce n’était pas son meilleur ami pour rien. Sanders referme le pare-soleil puis le regarde avec tendresse. « Mais je t’ai vu dans un état pire qu’un simple petit rhume et tu t’es pointée quand même au boulot. Genre le lendemain de la fête des jumeaux… » C’est vrai que cette soirée c’était du lourd. Du grand n’importe quoi. Le studio était sans dessus dessous, un vrai bordel. Au petit matin ils avaient mal aux cheveux. « Quelle soirée ! Même si je voulais, je serais incapable de remettre ça. Du moins pas toute de suite. » Il fallait que la vague passe. Après ça ira mieux. C’est juste un passage à vide. Ça arrive à tout le monde… Sauf que la voiture a tout juste le temps de rejoindre le centre que déjà la blonde sent son estomac la tortiller. Elle tente de prévenir son chauffeur du mieux qu’elle peut. Mais elle fait le choix d’ouvrir la portière pour rendre son petit-déjeuner dans le caniveau. Adriel détourne les yeux pour éviter de faire de même. Ce n’est pas très reluisant tout cela. Mais il prend sur lui et vient lui maintenir les cheveux. Erin se sent complètement lessivée. Elle soupire en fermant les yeux. Elle se demande combien de temps ça va durer. Quelques jours ? Une semaine. Ce n’est qu’une vilaine gastro. Ses papilles sont en alerte quand ils passent à proximité d’un Mac Donalds. De suite elle rouvre bien grand les yeux et elle réclame des nuggest’s à la fraise sans réfléchir. Le brun la regarde bizarre. Ce n’est pas vraiment des éléments qui s’accordent. Pourtant son amie en mangerait des tonnes. Une addiction qui est survenue il y a peu. En même temps que ses vomissements d’ailleurs. « Mmmm… non merci » Il ne souhaite même pas goûter. Tant pis pour lui. Il ne sait pas ce qu’il rate ! Erin pousse un scandale en le voyant continuer sa route. Adriel prétend qu’il va lui faire à manger. Encore faudrait-il qu’il sache le faire … Il va lui réchauffer les lasagnes de sa mère. Mais elle a envie de nuggest’s et rien d’autre. « Mais je sais cuisiner, tu sauras », Boudeuse, Sanders croise les bras en soupirant. « Non tu sais pas justement … » Il n’a jamais su. Un jour peut-être ^^
Adriel route jusqu’à l’épicerie du coin. Erin regarde les rues défilées en ayant la tête contre la vitre. Une vague d’émotion vient la submerger. C’est insensé, incompressible et pourtant. La blonde lui souffle un je t’aime larmoyant. Mayers est décontenancé. Sur le coup, il ne sait pas trop comment réagir. Son premier instinct c’est de lui sécher ses larmes, puis de lui déposer un baiser sur le front. Des gestes qui l’apaise et qui finissent par la calmer. Les yeux clos, Erin lâche prise. Adriel en profite pour filer au magasin. Il revient bien vite. Surement la peur de la laisser seule, là. Ils reprennent la route pour se rendre chez lui. C’est sûrement le seul endroit où elle a envie d’être. Ce studio c’est un peu son refuge. Elle s’y sent bien. C’est autant son chez lui que son chez elle. Parfois, elle ne sait plus trop où elle habite. Spring Hill ou Redcliffe ? Un peu des deux. Ils sont tout juste entrés dans le studio que son meilleur ami lui pointe un test de grossesse sous le nez. Erin à un mouvement de recul. Elle lui fait les gros yeux en le questionnant. Pourquoi ? Pour lui c’est évident, mais il veut s’assurer qu’il se trompe. Elle est totalement perdue. Ce n’est pas quelque chose qu’elle maîtrise. Ça ne lui ai jamais arrivé auparavant. La petite boite dans les mains, elle la regarde en se posant un tas de question. Notamment comment ça fonctionne. « Moi non plus. » Qu’il répond avec un léger sourire. Erin lève les yeux sur lui en se mordillant nerveusement la lèvre. « J’ai peur Addie … » Le mot est faible. « Ça va aller » Qu’il lui répond en serrant ses mains dans les siennes. Erin se résout à s’enfermer dans la salle de bain pour faire le test. Elle déchire l’emballage, retire le capuchon. C’est écrit qu’il faut uriner dessus et patienter. Un petit trait ça va. Deux … Heureusement, elle est assise. Elle à l’impression que la terre est occupée de s’ouvrir sous ses pieds pour la faire sombrer dans un profond cratère. Erin ressent le besoin de se réfugier dans un endroit confiné. La baignoire semble être un endroit propice. Alors elle s’y installe en ramenant ses jambes contre elle. Les larmes viennent la submerger. « Erin? » Elle voudrait lui crier « Adriel »Viens … j’ai besoin de toi … Mais aucun mot ne sort de sa bouche. Le souffle coupé, elle s’étouffe dans sa peine. La porte s’ouvre. Sanders l’entend se rapprocher. Ça la rassure et en même temps elle voudrait être seule car elle a honte de ce qui lui arrive. « Erin? » Souffle t-il en lui caressant doucement le dos. L'étudiante vient enfouir un peu plus son visage contre ses jambes. Comme si elle voulait se faire toute petite et se cacher dans un trou de souris. Adriel fait le choix de la rejoindre dans la baignoire. Elle sent ses bras l’envelopper. Instinctivement elle cherche ses mains pour lui faire serrer son étreinte un peu plus. « Je suis là » Ses larmes coulant à flots. Elle est incapable de lui répondre. Mais ça lui fait un bien fou de l’avoir auprès d’elle. Elle a toujours pu compter sur lui et elle sait que ça ne changera jamais. « Peu importe ce que tu choisis de faire, Riri, je suis là » Quoi faire ? Le garder, le … Laisser partir. Elle n’en sait rien. C’est une décision qu’elle ne veut pas faire seule. Pas sans lui. Erin estime qu’il a le droit d’imposer ses choix lui aussi. Le menton d’Adriel se pose sur son épaule. Elle penche légèrement sa tête contre la sienne en lui caressant le bras. « Tu… tu sais ce que tu vas faire? » Elle ravale ses larmes puis les essuie avec sa manche. « Je peux pas choisir toute seule. Je ne sais pas trop quoi faire je t’avoue » On lui avait donner ce prospectus avec les possibilités qui s’offre à elle. Elle pouvait bien évidemment assumer d’être enceinte, ou au contraire y mettre un terme en subissant une IVG. La possibilité de le faire adopter était une autre option. Mais serait-elle seulement capable d’abandonner son enfant ? « Tu… vas lui dire? » Évidemment ! Reste à savoir comment. Elle hoche la tête. « Oui, je n’ai pas d’autres choix que de lui avouer. Il a le droit de savoir. Cet enfant on l’a conçu à deux. » Pour le coup, ils ont merdé tous les deux. Mais Erin ne veut pas lui faire porter le chapeau. Elle estime qu’elle est la première coupable dans l’histoire. Si elle avait était un minimum plus responsable elle aurait fait attention à sa pilule. Ou elle aurait pris un contraceptif le lendemain pour être sûr de ne prendre aucun risques. « Tu m’accompagneras ? … si jamais … si jamais je décide de ne pas le garder ? » Elle ne voulait pas y aller seule. Et elle n’est pas certaine de vouloir être accompagnée de Nel. Aussi insolite soit-il, cette baignoire et un endroit pas si mal pour les confidences. Peter Quill Manders chat fait son curieux et joue les équilibristes en marchant sur le bord. Le félin descend dans les bras de la blonde pour se blottir contre son ventre en ronronnant. Elle baisse les yeux sur lui et le câline. « Je crois qu’il voudrait que je le garde » Un bref sourire s’étire ses lèvres alors qu’elle le caresse avec tendresse. Si tout était si simple …
Erin a tellement l’air mal en point que je n’ai même pas envie de la taquiner quand elle dit qu’elle doit être affreuse. Je lui assure qu’elle ne l’est jamais et je vois un tout petit sourire s’esquisser sur ses lèvres, puis je lui explique que je l’ai vue dans un pire état qu’un petit rhume et que ça ne l’a jamais empêchée de travailler avant. La preuve, c’est la journée qui a suivi l’anniversaire des jumeaux, cette nuit-là était… épique, et on en est tous ressortis avec le pire hangover du monde. Et même là, Erin a trouvé le moyen d’aller faire un tour à la clinique parce que la santé des animaux passe avant la sienne pour elle. « Quelle soirée ! Même si je voulais, je serais incapable de remettre ça. Du moins pas toute de suite. » Je souris, malicieux. « C’était… intense. » Il n’y a pas de doute. Je dois m’arrêter brusquement sur le bord de la route pour qu’Erin puisse rendre son petit-déjeuner. Je l’aide du mieux que je peux et essaie de ne pas penser à ce qu’elle est en train de faire. Elle est blanche comme un drap, elle me fait peur à être malade comme ça. Sa soudaine envie de nuggets et de fraises est vraiment étrange et je lui assure que je ne veux même pas essayer son drôle de mélange. Toutefois, ça me met en alerte de ce pour quoi elle pourrait être malade. Je ne peux m’empêcher de protester lorsqu’elle prétend que je ne peux pas cuisiner — je peux, c’est juste que la cuisine ne m’aime pas assez, voilà tout. C’est trop compliqué. Ma meilleure amie croise les bras et soupire. « Non tu sais pas justement … » « Même pas vrai », que je marmonne en roulant des yeux, même si je sais qu’au fond, elle a raison. Quelques instants après, Erin passe d’une émotion à l’autre et je nous arrête en panique à l’épicerie, confus surtout, essayant de la consoler du mieux que je le peux. Je file au magasin et circule dans les allées le plus vite possible, ayant hâte qu’on arrive à mon studio pour qu’elle puisse s’étendre et vraiment dormir. Pourtant, je m’attarde un peu à la rangée des tests de grossesse, prend le plus cher parce que ça doit être lui le plus efficace, non?
Arrivés à la maison, je m’empresse de lui tendre le test et de la pousser en direction de la salle de bain pour qu’elle le fasse. La surprise est nettement lisible sur son visage tout pâle, je tente même d’apaiser la situation en plaisantant sur le fait que moi non plus, je ne sais pas comment ça fonctionne. Mais elle semble tout aussi nerveuse, elle se mordille la lèvre et m’avoue qu’elle a peur. Je prends sa main dans la mienne et la serre très fort en lui affirmant que ça va aller. J’attends patiemment dos contre la porte, inquiet de ce que pourra être le résultat. Et si elle était réellement enceinte? Non, ça ne sert à rien de s’inquiéter avant même que le test ne lui révèle la vérité. On verra en temps et lieux. Peut-être qu’il sera négatif. Peut-être qu’elle a juste chopé un vilaine gastro, c’est tout. Les minutes défilent et elle est toujours à l’intérieur. Ça ne prend quand même pas si longtemps, faire un test de grossesse, non? Qu’est-ce que j’en sais, de toute manière. Alors je l’appelle, mais pas de réponse. Je me décide à entre dans la salle de bain qui, heureusement, est déverrouillée. Erin a transféré dans la baignoire, cette fameuse baignoire qui en a vu de toutes les couleurs, et elle ne relève même pas la tête lorsque j’entre. Oh oh. J’entends ses sanglots et je comprends que le test est positif. Elle est enceinte. Qu’elle pleure pour le contraire m’aurait étonné, elle ne planifiait pas d’enfant en ce moment, à ce que je sache. Je m’agenouille à côté d’elle, passe ma main dans son dos et l’observe enfouir un peu plus son visage contre ses genoux. Elle est enceinte. J’ai de la misère à l’imaginer, c’est trop… abstrait. Son ventre est tout petit… encore. Je ne sais pas à combien de semaines… de mois ça se verrait. Je n’y connais rien, vraiment. L’instant d’après, je suis dans le bain avec elle et je la serre très fort contre moi en lui affirmant que je suis là pour elle. Ses mains attrapent les miennes et resserrent un peu plus l’étreinte. La voir dans un tel état me brise le coeur, j’aimerais tellement l’aider, l’empêcher de vivre ce genre de… situation-là. De dilemme. Je lui assure que je serai là pour elle peu importe ce qu’elle va choisir. Mais qu’est-ce qu’elle va choisir, au fait? Je pose mon menton sur son épaule pour me rapprocher un peu plus encore d’elle, elle penche la tête dans ma direction et me caresse le bras comme pour écourter encore plus la distance. Erin passe sa manche sur son visage pour sécher quelques larmes. Je lui pose la question, peut-être a-t-elle déjà une idée en tête. Mais j’en doute, elle est encore sous le choc de la nouvelle. « Je peux pas choisir toute seule. Je ne sais pas trop quoi faire je t’avoue. » Je suis tenté de lui dire que l’avortement, c’est peut-être la meilleure option dans son cas — son couple ne fait que commencer, elle n’a pas terminé ses études, elle vient tout juste de tomber amoureuse, aussi. Les dernières semaines en elles-mêmes ont été difficiles, déjà. Mais je comprends que c’est Nel qu’elle sous-entend, c’est avec lui qu’elle devra prendre la décision. Je ne veux pas lui imposer mon point de vue, je veux seulement être là pour elle. Et puis, je n’ose pas, de peur de la blesser. Je lui demande donc plutôt si elle compte lui dire, à Nel. Je la sens hocher la tête. « Oui, je n’ai pas d’autres choix que de lui avouer. Il a le droit de savoir. Cet enfant on l’a conçu à deux. » C’est à mon tour de hocher doucement la tête. Je me retiens de lui demander s’ils ne se sont pas protégés. Premièrement parce que ce n’est pas de mes affaires, et deuxièmement parce que ça serait tourner le couteau dans la plaie. « Tu m’accompagneras ? … si jamais … si jamais je décide de ne pas le garder ? » Sa voix se fait toute petite, toute vulnérable. Je resserre mon étreinte un peu plus fort, si c’est possible. Si elle décide de ne pas le garder. Alors c’est réellement une possibilité. Ne voudra-t-elle pas que Nel l’accompagne? Je me verrais mal être avec les deux pendant que… pendant que ça se fait, ou peu importe comment ça se passerait, mais je ne pose pas de questions. Si elle veut que je sois là, bien sûr que je le serai sans y réfléchir deux fois. « Bien sûr », je murmure tout près de son visage. « Tu peux compter sur moi. » Manders fait son apparition dans la salle de bain et grimpe sur le rebord de la baignoire. Comme il affectionne Erin et qu’il voit sans aucun doute qu’elle est chamboulée, il descend du rebord pour aller se coller sur elle en ronronnant. « Je pense qu’il t’aime plus que moi, il ne ferait pas ça avec moi », que je lui dis dans un petit rire. Bon, les chances que je porte un enfant sont assez nulles, aussi. Elle câline cette petite machine à ronron. « Je crois qu’il voudrait que je le garde. » J’esquisse un sourire faible, mais je ne réponds rien. Je me demande toutefois si ce n’est pas l’espoir que j’entends dans la voix d’Erin, l’espoir que Nel et elle décident de le garder, ce bébé, finalement.
On reste un bon moment dans la baignoire, sans dire grand chose. Je lui donne peut-être peu de mots, mais je tente de compenser en restant tout près d’elle, collé, en lui dévouant mon attention tout entière. Lorsque Peter Quill décide qu’il a assez de caresses (comment on peut avoir assez de caresses?), il s’éclipse par la porte de la salle de bain. Je sens Erin s’affaisser contre moi, sa respiration change alors qu’elle commence à s’endormir. Personnellement, je commence à avoir mal au dos, car le dossier du bain n’est pas ce qu’il y a de plus confortable. Je commence donc à me lever sous les protestations d’Erin qui s’accroche à mon chandail, je sors du bain et lui tends la main pour l’aider à se lever. Elle a les yeux à moitié fermés, mais je réussis à l’entraîner jusqu’à mon lit, tout en haut des escaliers. Elle se laisse tomber dessus, je l’aide à s’enfouir sous les couvertures qui sont toutes pêle-mêle, je lui donne un bisou sur le front, ferme les rideaux et lui annonce que je vais aller lui chercher un truc pour ses nausées, si ça peut aider. Sur la bouteille de comprimés, je prends le temps de vérifier si c’est recommandé pour une femme enceinte (je n’en reviens toujours pas) ou non, mais tout semble okay. Lorsque je remonte avec lesdits comprimés et un verre d’eau, Erin est déjà en train de dormir. Je pose donc le tout sur et dans ma table de nuit et vais chercher mon ordi pour travailler un peu sur quelques photos à côté d’elle. Après tout, on n’est même pas tout à fait en après-midi. Mais après une quinzaine de minutes seulement, mes yeux fatiguent et le travail ne m’intéresse pas du tout. Je n’arrive pas à me concentrer, je n’arrive pas à croire que le test était positif. Mon ordi est donc soigneusement déposé par terre et je me glisse sous les couvertures avec ma meilleure amie et, étrangement, même s’il fait gros soleil dehors encore, je m’endors tout près d’elle en l’espace de quelques minutes. Ça doit être le silence — mis à part le souffle d’Erin —, la chaleur qu’elle dégage et la savoir bien, libre de ses soucis le temps de dormir, qui empêchent mes pensées de spiraler. Là, on est bien. On repensera à ces soucis plus tard.