They say, "You're a little much for me, you’re a liability, you’re a little much for me ». So they pull back, make other plans, I understand, I'm a liability.
Son sac à dos à la main, un duvet sous le bras, Mila arpentait les rues de Brisbane, l’air maussade. Il était déjà bien trop tard pour être dehors. Mais Stacey n’avait pas réussi à la rattraper. Elle l’avait laissé filé. Grave erreur, pensait Mila. Elle ne reviendrait plus jamais, c’était fini. Tant pis pour sa machine à coudre, elle réussirait bien à en trouver une autre dans une brocante, un jour ou l’autre. Elle avait mal aux pieds, elle marchait depuis bien trop longtemps, les gens la regardait bizarrement, elle avait horreur de ça. Elle espérait qu’aucun d’entre eux n’appellerait la police. Manquerait plus que ça, que la jeune Gallagher soit ramenée au domicile par une voiture de police…Stacey la tuerait probablement sur place, avant de la ressusciter pour mieux l’enguirlander. De toute façon, Mila n’avait plus envie de la voir. Essoufflée, l’adolescente finit par arriver devant l’immeuble qu’elle cherchait depuis qu’elle était partie. Elle n’eut pas besoin de sonner à l’interphone, elle avait passé tant de temps ici qu’elle connaissait déjà le code. Elle grimpa les matchs quatre à quatre, avant d’arriver devant la porte. Elle hésita un peu avant de toquer, mais décida qu’il était peut-être préférable qu’elle annonce son arrivée, pour éviter de se prendre une énième soufflante avant qu’elle puisse en placer une.
Lawrence était à la maison, puisqu’il ouvrit la porte quelques instants après. Mila ne lui laissa même pas le temps d’ouvrir la bouche, elle s’engouffra dans l’entrebâillement de la porte, gesticulant pour se faufiler un passage sous le bras du grand gaillard. Il était peut-être plein de muscles, mais elle faisait 1m63 et elle arriverait bien à passer si elle en avait envie. « Laisse-moi passer, Law ! ». Elle ne savait pas trop si l’avait laissé entrer volontairement ou s’il avait tout simplement été pris au dépourvu, mais elle réussit à se frayer un chemin dans l’entrée. Elle laissa tomber toutes ses affaires au sol, exaspérée, espérant que Law ne la ficherait pas dehors sur le champ. Elle se tourna vers Lawrence, les bras croisés, les poings serrés. « Stacey me sors par les trous de nez, Law ‘ ! ». Elle pointa un doigt vers lui. « Et ne l’appelle pas ! Ne lui dis pas que je suis ici ! ». Elle récupéra ses affaires par terre, tâchant de trouver où elle pourrait bien installer son sac de couchage pour la nuit. « Je préfère dormir ici cette nuit. Voire tout le week-end. Voire toute la vie. Ca te va ? ». Elle espérait sincèrement qu’il lui dise oui. Mais rien qu’en voyant sa tête, elle avait de sérieux doutes.
Il reste moins de vingt-quatre heures avant mon combat et je suis prêt. Du moins, aussi prêt que je peux l’être avec le mois de janvier de fou que j’ai eu avec la chirurgie de Tessa, le rejet de Maddox et la blessure à ma main que je me suis moi-même infligée parce que j’ai des idées de génie de même des fois. Autant dire que j’ai déjà fait mieux au niveau de la préparation, mais il est maintenant trop tard et je devrai faire avec en espérant que ce sera suffisant. La pesée a eu lieu aujourd’hui et, à ce stade-ci, il n’y a pas grand-chose de plus que je peux faire à part de m’assurer d’être au meilleur de ma forme demain. Je me cuisine donc un repas santé, puis je vais prendre une longue marche avant d’aller sous la douche. Ma soirée se termine sur le canapé devant un bon film, où je m’endors avant la fin de ce dernier.
Je me réveille une demi-heure plus tard en entendant quelqu’un cogner à ma porte. À moitié endormi, je prends mon téléphone pour vérifier l’heure et pour vérifier si quelqu’un m’a envoyé un message pour m’aviser d’une visite imminente mais je n’ai rien reçu. Je ferme donc la télévision et je me lève pour aller ouvrir la porte pour voir qui peut bien être là à cette heure. Je suis surpris de trouver Mila sur le pas de ma porte et je la fixe en fronçant les sourcils, une main sur la poignée et l’autre sur le cadre de porte. Je n’ai pas le temps de prononcer le moindre mot qu’elle se faufile dans mon appartement en passant sous mon bras. « Laisse-moi passer, Law ! » Je referme la porte derrière elle et je me tourne vers elle au moment où elle laisse tomber toutes ses choses au sol. « Allô Mila. Oui tu peux entrer, merci de demander. » dis-je avec sarcasme en frottant mes yeux. Évidemment, malgré mon commentaire, elle était toujours la bienvenue chez moi et elle le savait forcément. « Stacey me sors par les trous de nez, Law ‘ ! » Je hausse les sourcils et je me frotte la barbe d’une main en hochant lentement la tête. « Pourquoi? Qu’est-ce qui s’est passé? » demandai-je avec intérêt, me demandant sincèrement ce qui avait bien pu se passer entre elles pour qu’elle débarque chez moi à l’improviste à une heure aussi tardive. « Et ne l’appelle pas ! Ne lui dis pas que je suis ici ! » Sans la quitter des yeux, je hausse les sourcils et je l’interroge du regard. Croit-elle vraiment que je la laisserais dormir ici sans au moins avertir Stace’ pour qu’elle ne s’inquiète pas? C’est très mal me connaître. « Sure. » répondis-je en haussant une épaule avec nonchalance pour lui faire plaisir même si on savait tous les deux que ce n’était pas comme ça que ça allait se dérouler. « Je préfère dormir ici cette nuit. Voire tout le week-end. Voire toute la vie. Ca te va ? » Je me mets à rire doucement en silence pendant que je me dirige vers la cuisine pour me servir un verre d’eau. Je lui en serre un en même temps sans lui demander son avis. « Tu peux dormir ici, oui. Pour cette nuit. Pour le reste on verra. » dis-je en lançant un regard furtif dans sa direction en poussant le verre d’eau vers elle sur le comptoir. Je me doute bien qu’elle exagère probablement la situation et qu’elle n’aura pas besoin d’habiter ici pour toute la vie. Mon appartement est beaucoup trop petit pour y accueillir plusieurs personnes à temps plein. « Tu peux mettre tes choses dans la chambre si ça ne te dérange pas de dormir avec moi. Sinon y’a le canapé. » Pas question d’avoir un sommeil de merde cette nuit, je dois être reposé pour demain. « As-tu faim? » lui demandai-je sans savoir depuis quelle heure elle avait sacré son camp de chez Stacey.
They say, "You're a little much for me, you’re a liability, you’re a little much for me ». So they pull back, make other plans, I understand, I'm a liability.
Du haut de ses dix-sept années, Mila n’était pas sans savoir qu’on débarquait rarement chez les gens sans prévenir. Encore moins tard le soir. Ils pouvaient être occupés. Craindre une mauvaise nouvelle. Mais ce soir là, Mila n’en avait que faire, et pour une fois, elle avait bien envie de jouer au bébé ou à l’enfant capricieux. Qui viendrait lui dire quelque chose, de toute façon ? Certainement pas Law’, qui n’oserait très certainement pas la mettre dehors. Alors elle n’hésita pas, une fois arrivé devant chez lui, à forcer le passage pour s’installer chez lui. Une fois qu’elle aurait mis son sac e couchage par terre, il ne pourrait de toute façon pas la mettre à la porte…si ? Il finit par la laisser passer la porte, sans une petite dose de sarcasme, mais Mila avait l’habitude, alors elle ne releva même pas. « Pourquoi? Qu’est-ce qui s’est passé? ». Mila écarta les bras, secouant les mains, essayant de faire comprendre qu’elle était énervée. Elle ouvrait et fermait la bouche, un peu comme un poisson qu’on aurait sorti de l’eau. Elle était tellement sur les nerfs qu’elle n’arrivait même plus à trouver des mots cohérents. Elle s’énervait toute seule, au final. « Elle veut tout le temps s’occuper de tout, toute seule ! Et elle croit que j’ai quatre ans ! Elle n’a même pas voulu que j’aille ouvrir la porte pour… ». Elle s’arrêta, ne sachant pas si c’était une très bonne idée de parler à Law des hommes qui venaient très régulièrement toquer à leur porte pour réclamer de l’argent. « Je peux quand même ouvrir une porte, Law, non ? ». Mila croisa les bras sur sa poitrine, la mine boudeuse. Elle avait la rage contre sa soeur, elle en avait marre qu’elle la prenne pour un minuscule enfant, un bébé, alors qu’elle était bien plus que ça. Elle mit toutefois en garde Lawrence, pour qu’il ne s’avise pas d’appeler Stacey. Même si elle était énervée contre elle, Mila n’avait pas envie de se retrouver face à elle pour une énième confrontation.
Récupérant ses affaires, Mila jaugea l’espace présent dans la pièce. Elle commença à dérouler son sac de couchage. « Tu peux dormir ici, oui. Pour cette nuit. Pour le reste on verra. Tu peux mettre tes choses dans la chambre si ça ne te dérange pas de dormir avec moi. Sinon y’a le canapé. ». La proposition de Lawrence n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Le visage de la jeune fille s’éclaircit, laissant apparaître un sourire malicieux. Elle laissa tomber le sac, s’approchant du comptoir pour avaler le verre d’eau proposé par son frère de coeur d’une traite. « Sinon, je peux dormir dans le lit et toi sur le canapé. Deal ? ». Elle lui tendit la main, comme pour sceller leur accord. Elle aurait été plutôt ravie de pouvoir s’étaler en étoile de mer dans son lit, pendant que Law’ était recroquevillé sur le canapé. Lawrence lui demanda si elle avait faim. Mila retrouva alors sa mine boudeuse , secouant la tête en guise de désapprobation. « Si tu as quelque chose à dîner, je veux bien…Stacey a décidé que je ne méritais que de manger un paquet de chips ». Elle croisa de nouveau les bras, espérant que Law’ serait sur la même longueur d’ondes et qu’il verrait à quel point Stacey avait été un monstre avec elle ce soir. Du moins, c’est ce que Mila pensait.
L’attitude de Mila me rappelle bien trop comment j’étais à son âge, suivant toujours mes impulsions lorsque quelque chose ne faisait pas mon affaire. Et même si je connais bien trop Stacey pour me douter que Mila exagère probablement, ça me rassure de savoir qu’elle se sent suffisamment à l’aise pour venir chez moi lorsqu’elle en ressent le besoin plutôt que d’errer dans les rues de Brisbane seule. Je suis bien conscient qu’elle n’a plus six ans, qu’elle atteindra bientôt l’âge que j’avais lorsque je suis parti en appartement pour la première fois, mais je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour elle après avoir perdu Malcolm. Énervée, Mila gesticule et je commence à vraiment me demander ce que Stacey a bien pu faire pour la mettre dans cet état. « Elle veut tout le temps s’occuper de tout, toute seule ! Et elle croit que j’ai quatre ans ! Elle n’a même pas voulu que j’aille ouvrir la porte pour… » Et elle s’arrête tout d’un coup comme si elle s’apprêtait à dire quelque chose qu’elle ne voulait pas que je sache. « Je peux quand même ouvrir une porte, Law, non ? » Suspicieux, je croise mes bras contre mon torse sans la quitter des yeux, mon regard planté dans le sien comme si j’essayais d’y lire ce à quoi elle pensait. Les yeux toujours plissés, je décroise mes bras pour poser mes mains sur mes hanches. « Que tu ouvres la porte pour? Pour quoi Mila? » Peut-être qu’elle arrivait à endormir facilement Stacey avec ses paroles, qu’est-ce que j’en sais, mais elle n’arrivera pas à me berner aussi facilement, surtout pas si elle compte abuser de mon hospitalité. Il n’y a tout simplement aucune chance pour que Mila soit débarquée ici pour la simple et bonne raison que Stacey lui refuse d’ouvrir la porte, ça ne pouvait pas être aussi simple. Et de toute façon, pourquoi Stacey n’aurait pas voulu qu’elle ouvre la porte? Je suis convaincu que Mila ne me dit pas tout. C’est impossible qu’elle s’énerve le poil des jambes pour si peu.
Malgré ce qu’elle cache, j’accepte évidemment qu’elle passe la nuit ici, précisant toutefois qu’elle devra se contenter du canapé ou de partager mon lit avec moi. « Sinon, je peux dormir dans le lit et toi sur le canapé. Deal ? » Je baisse les yeux vers sa main qu’elle me tend et je lève la mienne comme pour accepter son offre. Mais à la dernière seconde, je repousse plutôt sa main en la frappant du revers de la mienne en souriant. «T’as du front tout le tour de la tête de débarquer chez moi comme ça et de penser que je vais te laisser mon lit en plus. » Même si j’aurais probablement dit oui si je n’avais pas une compétition demain. « J’ai une compétition demain, faut vraiment que je dorme cette nuit. Je ne pourrai pas écouter Netflix avec toi jusqu’aux petites heures du matin. » Sans savoir si elle a déjà mangé ou non, malgré l’heure tardive, je lui demande si elle a faim. À voir sa mine boudeuse, je devine que c’est un sujet sensible et que ça doit aussi avoir un lien avec la raison de sa présence ici ce soir. « Si tu as quelque chose à dîner, je veux bien…Stacey a décidé que je ne méritais que de manger un paquet de chips » Je ne peux pas m’empêcher de rire un peu en entendant ses paroles et je serre son épaule avec l’une de mes mains avant d’ouvrir mon réfrigérateur pour lui sortir des restants. « T’exagères pas un peu Mimi? » dis-je en lançant un regard furtif dans sa direction, tentant de changer l’attention de place en prononçant ce surnom qui la fait grincer des dents à chaque fois. Je sors un plat contenant du poulet, du riz brun et du brocoli et je le mets dans le micro-ondes pour le réchauffer. Quelques minutes plus tard, je sors le plat et je le pose devant elle tout en lui tendant une fourchette et un couteau. « Pas de sauce désolé, diète stricte. Ça risque d’être plus satisfaisant que des chips au moins. » dis-je en lui faisant un petit clin d’œil tout en lui donnant un léger coup de coude pour la taquiner.
Dernière édition par Lawrence Cabbott le Lun 29 Mar - 18:37, édité 1 fois
They say, "You're a little much for me, you’re a liability, you’re a little much for me ». So they pull back, make other plans, I understand, I'm a liability.
Mila agitait frénétiquement son sac de couchage, comme si ça allait l’aider à faire accepter sa venue ici à Lawrence, ou comme s’il allait réussir à canaliser toute son énergie. Elle n’était pas si sûre que ce soit une si bonne idée, finalement. Et à voir la tête de Lawrence, elle était quasiment sûre qu’effectivement, elle n’avait pas forcément eu l’idée du siècle. Mais elle était bien décidé à rester là, au moins pour cette nuit, et à ne pas rentrer à la maison. Elle était trop fâchée contre Stacey pour ça. La seule chose qu’elle n’avait pas vu venir, c’est que Lawrence n’était pas stupide. Et qu’il allait forcément demander des explications sur le pourquoi du comment elle et sa soeur s’étaient disputées, et pourquoi cela avait conduit à ce qu’elle débarque ici si tard un vendredi soir. Seul problème : Mila n’était pas sûre qu’il soit au courant de quoi que ce soit. Elle n’avait jamais vraiment parler des problèmes d’argent de son père et de tout ce que cela impliquait à qui que ce soit, à part à Stacey. Et elle était prête à parier que Stacey n’en avait pas parlé non plus. C’était quoi, au juste ? De la honte ? Alors quand Lawrence essaya de lui tirer les vers du nez, demandant à qui elle avait ouvert la porte, elle haussa simplement les épaules. « Des gars qui voulaient voir mon père ». Triturant son bracelet fétiche, elle priait intérieurement pour que Lawrence n’en demande pas plus. Elle n’avait pas envie de s’épancher sur le fait qu’elles n’avaient plus un rond à cause de leur père, qui avait dilapidé l’entièreté de leurs économies dans on ne savait trop quoi - Mila préférait ne pas y penser parce que dès qu’elle imaginait son père dans un endroit sordide, elle finissait par partir en crise de larmes incontrôlable. Elle fixa Law’ quelques instants, cherchant ses mots. « T’inquiètes pas, je les ai fait partir. Ca n’a pas plus à Stacey. ». Et c’était ce qui avait causé leur dispute, parce que Stacey n’avait pas apprécié qu’elle se mêle de ses histoires. C’était pour les adultes, apparemment.
«T’as du front tout le tour de la tête de débarquer chez moi comme ça et de penser que je vais te laisser mon lit en plus. J’ai une compétition demain, faut vraiment que je dorme cette nuit. Je ne pourrai pas écouter Netflix avec toi jusqu’aux petites heures du matin ». Mila fronça le nez. Elle n’aimait pas trop les compétitions de Lawrence, elle avait toujours peur qu’il lui arrive quelque chose. De manière générale, elle n’était pas très fan de la violence, et voir son presque-frère se faire taper sur un ring à la télévision, ce n’était pas trop son truc. Elle souffla, faisant mine d’être déçue. « Dommage, on aurait pu regarder Kung-Fu Panda, j’suis sûre que ça t’aurait donné plein d’idées de techniques pour demain ! ». Mila accepte ensuite volontiers la proposition de Law’ pour le dîner. Elle devait bien avouer que les chips grignotées plus tôt ne lui avaient pas franchement rempli l’estomac et que les dizaines et dizaines de minutes de marche qu’elle avait fait dans la foulée avaient suffi à réduire sa maigre pitance en miettes. « T’exagères pas un peu Mimi? ». Mila ouvrit la bouche, frustrée par ce surnom ridicule. Elle détestait ça, et Law’ le savait très bien. Elle lui donna un petit coup de coude dans les côtes, histoire de lui montrer son mécontentement. « T’aurais qu’à lui demander ! Elle n’a rien voulu faire à manger. Elle aurait trop occupée sur son téléphone, avec Alec, soit disant ». Elle fixa le plafond, réfléchissant quelques instants. « Tu veux savoir, Lawrence ? A mon avis, il lui est arrivé un truc avec un amoureux et elle veut rien me dire. Tu saurais pas ce qui se passe, toi, par hasard ? ». Elle insista sur les derniers mots. Si Stacey n’avait rien voulu dire à Lawrence, Mila avait des doutes quant au fait qu’elle ait réussi à cacher quoi que ce soit à Law. Récupérant l’assiette que Law lui tendit, elle arrêta le sarcasme quelques instants, reconnaissante qu’il lui ait fait réchauffer quelque chose à manger. « Merci Law, ça a l’air très bon ! ». Elle piqua dans un brocoli, soufflant dessus pour faire disparaître la vapeur qui s’en échappait. Elle mangea quelques morceaux, avant de reprendre la conversation. « Tu penses être prêt pour demain ? ». Elle voulait être sûre. Si lui n’avait pas la boule au ventre, Mila avait toujours une petite appréhension.
Je sais sans l’ombre d’un doute que Mila ne me dit pas tout dès qu’elle s’arrête en plein milieu de sa phrase comme si elle venait de réaliser qu’elle était sur le point de m’en dire trop. Mais il est trop tard, elle ne s’en sortira pas aussi facilement sans m’en dire plus maintenant qu’elle a éveillé ma curiosité. J’essaie donc d’en savoir plus en espérant qu’elle ne me fera pas tourner autour du pot trop longtemps parce que ma patience est loin d’être inépuisable. « Des gars qui voulaient voir mon père » Je fronce les sourcils en tapant du pied pour lui faire comprendre qu’elle a intérêt à m’expliquer en détails ce qui s’est passé ce soir. « Le voir pourquoi Mila? Et t’as pas intérêt à me raconter des conneries parce que je vais aller te porter chez Stace’ si tu me prends pour un con. » Et elle me connait assez pour savoir que je n’hésiterais pas une seconde à le faire. Parce que si je ne mets pas ma menace à exécution, elle ne me prendra pas au sérieux la prochaine fois et elle risque d’en profiter. Je le sais parce qu’on est presque fait du même moule malgré l’absence de lien de sang. Des fois je me dis qu’on se ressemble plus elle et moi que Stacey et moi. « T’inquiètes pas, je les ai fait partir. Ca n’a pas plus à Stacey. » Surpris par ses paroles, ma tête a un mouvement de recul et j’écarquille les yeux. « T’as fait quoi?! » Je comprends maintenant pourquoi Stacey s’est énervée et pour tout dire, ça ne me plaît pas du tout de savoir que Mila s’est occupée de faire partir ces hommes qui, je m’en doute, sont probablement venus voir Kurt pour une histoire d’argent. Je connais le caractère de merde de Mila et je ne suis pas du tout rassuré de l’imaginer gérer ça elle-même, elle risque surtout de faire escalader rapidement la situation en disant tout ce qu’elle pense. « Il doit encore de l’argent c’est ça? » Et peut-être que Kurt ne réalise pas l’épée de Damoclès qui se trouve au-dessus de la tête de ses filles par sa faute, mais moi je ne peux pas rester les bras croisés en attendant qu’elles subissent le même sort que mes parents et Malcolm. Je pince l’arête de mon nez à deux doigts en soupirant bruyamment, laissant ensuite retomber mes bras le long de mon corps en rapportant mon attention sur elle. « Veux-tu vraiment finir comme ma famille Mila? Parce que ces gens-là sont dangereux, Mila, et ils n’hésiteront pas à te faire sortir de la maison les deux pieds devant. Je ne peux pas laisser ça se produire » dis-je en plantant mon regard mi-furieux mi-inquiet dans le sien.
Malgré ma frustration de la situation, je réussis à me calmer pour ne pas la faire fuir. Je lui fais signe de déposer ses choses et elle tente de négocier pour avoir mon lit mais je n’ai pas l’intention de la laisser gagner ce soir alors que j’ai particulièrement besoin d’être reposé pour ce qui m’attend demain. Malheureusement pour elle, ce n’est pas ce soir qu’on pourra se faire un marathon de sa dernière série fétiche jusqu’aux petites heures du matin. « Dommage, on aurait pu regarder Kung-Fu Panda, j’suis sûre que ça t’aurait donné plein d’idées de techniques pour demain ! » Je ricane en roulant des yeux. « C’est la vraie vie tu sais, pas un dessin animé avec un panda. Tu veux vraiment que je me fasse casser la gueule, c’est ça? » demandé-je en la poussant du bout des doigts. Ayant pitié de son pauvre repas, je sors un restant de mon dernier repas pour lui faire réchauffer dans le micro-ondes. « T’aurais qu’à lui demander ! Elle n’a rien voulu faire à manger. Elle aurait trop occupée sur son téléphone, avec Alec, soit disant » Je fronce les sourcils en lançant un regard dans sa direction. Alec? Je me souviens avoir déjà entendu Stacey parler de lui mais ça fait un petit moment déjà. « Qu’est-ce qu’elle avait de si important à discuter avec lui? » Au point de ne pas pouvoir faire à manger à Mila, même si cette dernière est clairement assez vieille pour se faire elle-même à manger mais c’est un autre combat. « Tu veux savoir, Lawrence ? A mon avis, il lui est arrivé un truc avec un amoureux et elle veut rien me dire. Tu saurais pas ce qui se passe, toi, par hasard ? » Intrigué, je me tourne vers elle en appuyant mon dos contre le comptoir tout en me caressant le menton. « Je ne sais rien, non. Après, c’est toi qui habites avec elle, pas moi. Tu crois qu’elle a un amoureux donc? » Je ne me souviens pas l’avoir vue traîner avec le même homme à plusieurs reprises mais peut-être devrais-je y porter un peu plus attention. La minuterie du micro-ondes me sort de mes penses, je me tourne donc pour en sortir l’assiette que je tends à Mila. « Merci Law, ça a l’air très bon ! Tu penses être prêt pour demain ? » Souriant, je hoche vivement la tête tout en levant un bras en l’air pour lui montrer mon biceps sur lequel j’appuie avec mes doigts. « Qu’est-ce que t’en penses? C’est clair que je vais le démolir, il n’a aucune chance. » Je fais le fier devant elle mais au fond j’ai un petit doute. Je suis bien conscient que je n’ai pas pu autant m’entraîner que pour mes compétitions précédentes avec ma blessure à la main et les derniers mois qui ont été plus qu’intenses, mais il n’y a pas grand-chose que je peux y faire aujourd’hui. La compétition est demain et je n’ai pas d’autre choix que de faire de mon mieux en espérant que ce sera suffisant.
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Mila était rarement mal à l’aise devant Lawrence. Déjà parce qu’elle n’avait absolument pas peur de lui, et elle avait encore moins peur de lui raconter quoi que ce soit. Law était un peu comme le grand-frère qu’elle n’avait pas. Enfin, à bien y réfléchir, si c’était le grand-frère de Stacey, c’était un peu le sien aussi. Mais ce sujet n’était pas le plus simple à aborder, parce qu’elle ne savait pas à quel degré Law avait été tenu au courant. « Le voir pourquoi Mila? Et t’as pas intérêt à me raconter des conneries parce que je vais aller te porter chez Stace’ si tu me prends pour un con ». Mila baissa la tête, fixant les quelques grains de poussière qui avaient élu domicile sur le parquet. Elle n’osait rien répondre, parce qu’elle sentait qu’elle avait potentiellement énervé Law. Alors, elle lui dit qu’il n’y avait plus rien à craindre. Qu’elle les avait fait partir. « T’as fait quoi?! ». Prise d’un mouvement de recul, la jeune adolescente est surprise par le ton employé par Law. Si elle n’avait pas le sentiment que c’était un minimum grave, elle lui aurait sûrement répondu d’aller voir ailleurs si elle y était et d’arrêter de l’ennuyer comme ça en la prenant pour une enfant de cinq ans. Mais là, Mila sentait bien que ça dépassait ce qu’elle pouvait imaginer. Alors pour une fois, elle laissa sa fierté mal placée de côté. « Il doit encore de l’argent c’est ça? ». Mila sentit ses joues rosir d’un coup. Elle garda la tête baissée. Elle avait terriblement honte de leurs problématiques d’argent, et d’autant plus honte que tous ces problèmes viennent de leur père. « Oui, je crois… ». Elle releva la tête, essayant de retrouver un peu de contenance devant Law. Elle croisa ses bras sur sa frêle poitrine. « Mais t’as pas à t’en faire, Law, je leur ai dit qu’on avait pas d’argent et qu’ils pouvaient rentrer chez eux ». Elle marqua une légère pause. « J’ai eu raison, non ? ». Elle ignorait le cataclysme qui allait suivre. A peine avait-elle fini de parler que Law s’énervait de nouveau. « Veux-tu vraiment finir comme ma famille Mila? Parce que ces gens-là sont dangereux, Mila, et ils n’hésiteront pas à te faire sortir de la maison les deux pieds devant. Je ne peux pas laisser ça se produire ». Elle écarquilla les yeux, laissant retomber ses bras le long de son corps. Elle ne comprenait pas de quoi il parlait, mais elle avait en même temps peur de comprendre. « De quoi tu parles, Law ? ». Elle savait que la famille de Law et Stacey étaient décédés des années plus tôt. Mais elle n’avait jamais vraiment eu plus d’explications que ça. Elle avait toujours supposé qu’ils étaient partis d’une maladie grave. Ou d’un accident de voiture, comme sa mère, et que cela expliquerait pourquoi Stacey n’en parlait jamais, parce que ça remuait trop de couteaux dans les plaies de tout le monde. Mais en entendant ça, elle n’était plus très sûre. Et elle n’était pas bien certaine de vouloir entendre la suite.
Malgré tout, Mila décida de rester. Ce n’était pas comme si elle avait trop le choix, de toute façon. Hors de question qu’elle retourne à la maison ce soir - elle aurait donné raison à Stacey, et pour l’instant, ce n’était absolument pas dans ses plans. Et il n’était bien entendu pas envisageable qu’elle dorme dehors. Elle aurait pu appeler un ou une amie, mais elle n’était pas certaine qu’à cette heure tardive, ils soient disponibles pour l’accueillir. Alors mieux valait qu’elle reste chez Law et qu’elle prenne possession de son lit douillet. « C’est la vraie vie tu sais, pas un dessin animé avec un panda. Tu veux vraiment que je me fasse casser la gueule, c’est ça? ». Mila secoua vivement la tête. « A chaque fois que tu montes sur ton tapis, je croise les doigts et les doigts de pied pour qu’il t’arrive rien ! Mais peut-être que tu aurais pu récupérer un peu de leur sagesse… ». La jeune adolescente s’installer au comptoir pour manger. Elle avait le ventre qui commençait à gargouiller et elle n’allait pas dire non à ce que Law allait lui proposer. La conversation continuer à tourner autour de leur soeur. « Je ne sais rien, non. Après, c’est toi qui habites avec elle, pas moi. Tu crois qu’elle a un amoureux donc? ». Tout en mangeant, elle fit mine de réfléchir. « A ton avis, quelle autre explication il pourrait y avoir ? Elle a passé sa soirée au téléphone, elle a oublié de faire à manger, elle fait des heures à rallonge…Moi je te le dis, elle a un amoureux ! ». Elle grignota encore un peu. « Peut-être qu’elle ne nous l’a pas présenté parce qu’il est beaucoup trop vieux pour elle…ou beaucoup trop jeune ! ». Mila pouffa de rire, s’imaginant Stacey avec un vieux croûton croulant. Elle espérait que ce n’était pas le cas. Elle préférait plutôt qu’elle soit avec ce Alec.
« Qu’est-ce que t’en penses? C’est clair que je vais le démolir, il n’a aucune chance. ». Law lui montre ses biceps, fier de lui. Mila lève les yeux au ciel, la fourchette dans la bouche. Il fait le malin, mais Mila n’en mène pas large. « Tu me promets que tu feras attention ? ». Elle le fixait avec de yeux presque implorants. Et puis, une idée lui traversa l’esprit. Sans rien dire, elle se leva brusquement de sa chaise, se dépêchant d’aller fouiller dans son sac. « Il te faut un porte-bonheur, Law ! ». Elle fouina au fin fond de ses affaires, avant de finalement déniché un morceau de tissu qui traînait. Elle se tourna vers Law, triomphante. « Tu pourrais l’attacher quelque part, en faire un bracelet, un bandana ? J’y mets tout mon amour, je suis sûre que ça te servira ! ». Elle tendit le morceau de tissu à Law, espérant qu’il accepterait ce joli cadeau. Peut-être que s’il le nouait autour de son poignet, cela suffirait à dénouer celui qui s’était installé au creux du ventre de Mila.
M’énerver contre Mila n’est pas quelque chose que je fais très souvent, mais je ne peux m’empêcher de lever le ton aujourd’hui face à ce qu’elle m’apprend. Même si à première vue ma colère semble dirigée vers elle et ce qu’elle a fait ou dit à ces hommes, elle est plutôt dirigée vers son père. Lorsque mes parents et mon frère ont été assassinés sous mes yeux en 1996, je n’avais rien pu faire pour les sauver, j’étais beaucoup trop jeune à l’époque. Cette fois-ci, toutefois, je n’ai pas l’intention de rester les bras croisés à attendre qu’il arrive quelque chose à Stacey et Mila. La simple idée de les perdre elles aussi me met hors de moi. « Oui, je crois… » répond-elle lorsque je lui demande si Kurt doit encore de l’argent. Énervé, je pince l’arête de mon nez à deux doigts tout en soupirant bruyamment en entendant sa réponse. « C’est à se demander qui est le parent. » Je ne comprends pas pourquoi Stacey reste là alors que Kurt risque de les entraîner toutes les deux dans sa chute. « Mais t’as pas à t’en faire, Law, je leur ai dit qu’on avait pas d’argent et qu’ils pouvaient rentrer chez eux. J’ai eu raison, non ? » Je me mords l’intérieur de la joue une seconde pour me retenir de dire ce que je pense, autant dire que ça ne fonctionne que pour quelques secondes. Mila n’a plus cinq ans, mieux vaut qu’elle soit consciente du danger qui l’entoure pour qu’elle puisse prendre une décision éclairée pour se sortir de là. Et s’il faut que je la sorte de cette maison de force, je ne vais pas me gêner. « De quoi tu parles, Law ? » Je pose mes mains sur mes hanches, puis je me mets à faire les cents pas dans l’appartement en me frottant les yeux d’une main, tentant de me calmer. Je décide de faire la sourde oreille et de ne pas répondre à sa question, peu désireux de m’étendre sur ce sujet maintenant avec elle. « Il faut que vous sortiez de cette fucking maison. Je vais vous faire de la place ici s’il le faut, je m’en fou. » Où, je ne sais pas, mais pas question de les perdre à cause des mauvaises décisions de Kurt.
« A chaque fois que tu montes sur ton tapis, je croise les doigts et les doigts de pied pour qu’il t’arrive rien ! Mais peut-être que tu aurais pu récupérer un peu de leur sagesse… » Qu’elle s’inquiète pour moi me fait sourire à chaque fois et me touche beaucoup plus que je ne laisse paraître. Pendant si longtemps je me suis senti incompris avec cette impression d’être seul contre le monde. J’avais hésité à me lancer à la recherche de Stacey, craignant qu’elle ait la même opinion négative de moi que les autres, à cette époque où une rage incommensurable prenait toute la place dans ma vie. Aujourd’hui, je ne pourrais imaginer ma vie sans elles. « La sagesse d’un panda? » Je ris. « Moi, sage? Ça sonne tellement ennuyant. » J’ai besoin d’une vie mouvementée, de prendre des risques pour me sentir vivant. « A ton avis, quelle autre explication il pourrait y avoir ? Elle a passé sa soirée au téléphone, elle a oublié de faire à manger, elle fait des heures à rallonge…Moi je te le dis, elle a un amoureux ! » Un petit sourire amusé prend place au coin de mes lèvres tandis que Mila m’explique son hypothèse. Je croise mes bras contre mon torse en hochant lentement la tête. « C’est pas fou ce que tu dis. Je lui demanderai. » Et s’il y a bien un homme qui fait battre son cœur, je suis impatient de le rencontrer pour voir s’il est digne de son attention et pour lui faire comprendre qu’il n’a pas intérêt à lui briser le cœur ou je vais lui casser les deux jambes. Rien que ça. « Peut-être qu’elle ne nous l’a pas présenté parce qu’il est beaucoup trop vieux pour elle…ou beaucoup trop jeune ! » Le rire de Mila est contagieux, je m’esclaffe avec elle. « On ne sait jamais. L’amour n’a pas d’âge. » La preuve, May et moi avions bien un peu plus d’une dizaine d’années de différence. Je relève les yeux vers ceux de Mila pour l’interroger. « Et toi? Quelqu’un en vue? » Parce que si oui, autant faire les présentations en même temps et faire comprendre au prétendant de Mila que, lui aussi, il n’a pas intérêt à foirer.
« Tu me promets que tu feras attention ? » Mon regard s’attache au sien, implorant, et je tente de la rassurer en lui souriant. « Je fais toujours attention, ça va aller, comme d’habitude. » Je pose une main sur son épaule en lui faisant un clin d’œil. Depuis le temps que je pratique ce sport, je suis très bien conscient des risques, mais ça ne me fait pas peur même si je touche du bois pour être épargné, je n’ai pas envie de devoir ralentir la cadence. On a qu’une vie et j’ai bien l’intention de profiter de la mienne au maximum, pas de rester enfermé dans mon appartement de crainte qu’il m’arrive quelque chose. « Il te faut un porte-bonheur, Law ! » Je fronce les sourcils tandis que Mila fouille dans ses affaires. Lorsqu’elle en sort un bout de tissus, je pince les lèvres tout en la fixant avec suspicion. C’est que Mila et moi n’avons pas spécialement les mêmes goûts vestimentaires. Je n’adhère pas tellement à l’idée de devoir porter un accessoire rose Barbie parsemé de milliers paillettes. « Qu’est-ce que tu prépares encore? » demandé-je en riant et, rapidement, Mila m’exposa son idée. « Tu pourrais l’attacher quelque part, en faire un bracelet, un bandana ? J’y mets tout mon amour, je suis sûre que ça te servira ! » J’observe un instant le bout de tissu qu’elle me tend, l’attrapant entre deux doigts. Lentement, je lève mon regard vers elle en lui souriant, attendri par son geste. « Ça me touche, je pourrais presque avoir une petite larme. » Mon sourire s’agrandit tandis que je la tape sur l’épaule du revers de mes jointures. Je dépose le bout de tissu sur le comptoir en penchant légèrement la tête sur le côté, l’air désolé. « Je ne peux pas porter ce genre d’accessoire, Mila. Le seul endroit où je pourrais mettre ce bout de tissu, c’est dans ma coquille. » Je scrute son visage avec attention pour voir sa réaction alors que je porte mon verre d’eau à mes lèvres en me retenant de rire. Je ne suis pas certain que ce soit vraiment l’image qu’elle souhaite avoir de ce porte-bonheur.
They say, "You're a little much for me, you’re a liability, you’re a little much for me ». So they pull back, make other plans, I understand, I'm a liability.
« C’est à se demander qui est le parent. ». Mila ne pouvait qu’approuver. Elle avait passé de longs moments, allongée seule sur son lit, ou sur le carrelage froid de la salle de bain, à se demander pourquoi sa mère était partie, et pas leur père, qui n’avait le nom de “père” que parce qu’il avait un jour décidé d’avoir des enfants. Beaucoup trop de fois elle avait éclaté devant leur soit-disant père parce qu’il rentrait après avoir passé plusieurs heures, voire plusieurs jours, on ne savait trop où. C’était Stacey qui avait le rôle de mère de famille, désormais. Elle gérait des choses que personne de son âge n’aurait eu à gérer. Et même si la jeune adolescente s’était enfuie du cocon familial ce soir, elle n’en était pas moins consciente des sacrifices qu’elle faisait pour elle. Mila releva les yeux vers Law, soudain un peu penaude. Ca lui arrivait rarement, mais elle devait bien admettre cette fois qu’elle avait peut-être poussé le bouchon un peu loin. “Peut-être que j’aurais dû rester avec Stacey…”. Mais hors de question pour elle de rentrer. Il y avait une limite à ses capacités à admettre qu’elle avait fait une boulette. Devant Law’ passe encore, mais sûrement pas devant Stacey. Pas maintenant. C’était quand même plus marrant de la faire mariner un peu. « Il faut que vous sortiez de cette fucking maison. Je vais vous faire de la place ici s’il le faut, je m’en fou. ». Les yeux de Mila s'illuminent quelques instants. Jamais personne n’avait vraiment proposé qu’elles partent de la maison familiale. Même Stacey et Mila n’en avaient jamais parlé. Ca aurait été un crève-cœur pour Mila d’abandonner leur maison. Elle aurait eu l’impression d’abandonner sa mère. Mais elle devait bien avouer que Lawrence avait raison. Mila en venait à presque détester de rentrer chez elle, certains soirs. Parce qu’elle ne savait jamais à quelle sauce elle allait être mangée. Un Kurt affalé sur le canapé ? Trois gaillards à la porte d’entrée ? Mila observa l’appartement de Lawrence, croisant les bras sur sa poitrine. “Je veux bien qu’on vienne ici, mais je pense qu’on sera un peu serrés, il va falloir pousser les murs. Oublie pas que j’ai un sacré paquet de morceaux de tissu”. Non, ce qu’il fallait, c’était une grande maison. Avec plein de pièces. Un atelier de couture. Et une piscine.
« La sagesse d’un panda ? Moi, sage? Ça sonne tellement ennuyant ». Mila leva les yeux au ciel. “Tu devrais essayer, Law, ça fait pas de mal parfois”. C’était elle qui disait ça. Mais elle s’inquiétait sincèrement pour lui, et elle n’aimait pas le voir aller se mettre sur la tronche d’un autre gars quelques week-end par-ci, par-là. Elle ne comprenait pas ce besoin. Alors par moments, elle aurait bien voulu qu’il se calme. De la poterie, c’était bien de la poterie, comme activité, non ? Ou alors, coudre avec elle ? Elle était certaine qu’il dessinait à merveille et qu’il serait capable de l’aider à sortir quelques nouveaux vêtements en moins de deux. La conversation dériva sur le potentiel amoureux de Stacey. Elle était persuadée qu’il y avait quelque chose. Et si ce n’était pas ça, et bien elle n’avait aucune idée de ce qui pouvait s'obnubiler autant, et ça ne lui plaisait pas trop. Ce n’était pas que Mila aimait être au centre de l’attention un peu quand même, mais les moments privilégiés avec sa sœur lui manquait. « Et toi? Quelqu’un en vue? ». Mila releva la tête vers Law’, l’observant de la même façon que s’il avait annoncé avoir vu un OVNI dans le ciel. “Quelqu’un en vue ? S’il te plait, Cabbott, je n’ai pas le temps pour me rabaisser à ça !”. La vérité, c’est que Mila ne s’était jamais réellement interrogée sur ce sujet. Jamais elle n’avait été particulièrement attirée par quelqu’un. Peut-être qu’elle n’était pas normale ?
Law n’avait pas l’air ravi, mais le moment que Mila attendait était arrivé. Elle ne pouvait décidément pas le laisser partir à son combat sans qu’il ait un petit quelque chose d’elle. « Ça me touche, je pourrais presque avoir une petite larme. ». Le sourire de la jeune fille s’agrandit. Elle savait que ça lui ferait plaisir. Rien ne valait un petit morceau de tissu pour remonter le moral, ce n’était pas un adage très connu, ça ? « Je ne peux pas porter ce genre d’accessoire, Mila. Le seul endroit où je pourrais mettre ce bout de tissu, c’est dans ma coquille. ». Peut-être que Law s’attendait à ce que Mila ait une mine dégoûtée suite à ce qu’il venait de dire. Et elle aurait peut-être eu, si ça avait été quelqu’un d’autre que lui. A la place, elle haussa simplement les épaules. “Bah, ça te fera de la protection en plus ! Les futurs bébé Cabbott seront conservés bien au chaud, comme ça”. Elle observa sa réaction en coin, tout en rangeant les tissus dans son sac, prenant tout de même soin d’en laisser un sur le comptoir. Il l’utiliserait ou non, c’est lui qui verrait, mais au moins elle aurait fait ce qu’elle voulait. Elle tourna ensuite la tête vers l’horloge. “Tu devrais aller te coucher, Law’”. Elle l’observa longuement, consciente qu’elle avait très certainement chamboulé - voire gâché - sa soirée. Presque instinctivement, elle se glissa contre lui, pour l’ensserrer du mieux qu’elle le pouvait dans ses bras. “Merci, Law’”. Merci d’être là, pour tout, pour moi. Et pour Stacey.