Un simple message. Encore un. Car il ressemble aux deux précédentes, reçus quinze jours plus tôt, m’annonçant que deux de mes amis d’enfance étaient hospitalisés. L’un ayant fait un coma éthylique, l’autre étant entré volontairement, et enfin, à l’hôpital pour soigner sa leucémie. Un soulagement mais une inquiétude aussi quand je savais que cela allait être difficile pour mon meilleur ami. Difficile pour lui de supporter le traitement, lourd, qu’il allait subir. Difficile pour moi de le découvrir chaque jour un peu plus mal, ou mieux, pour rechuter le lendemain et ainsi de suite. Parce que je n’ai pas oublié comment c’était la première fois. Depuis son hospitalisation, il n’y a pas un jour où je ne passe pas à l’hôpital. Lui apportant de quoi lui remonter le moral, lui racontant mes journées, regardant une série ou un film avec lui, ayant parfois droit à un laisser passer pour rester un peu plus longtemps que l’horaire réglementaire de visite. Et puis, il y a Pete. Il a failli y passer et, la dispute que j’ai eue avec lui avant qu’il ne fasse son coma me fait culpabiliser. Encore aujourd’hui, bien que nous nous sommes pardonnés et réconciliés depuis. Il est en centre de désintoxication, une dizaine de jours sans avoir la possibilité d’avoir de ses nouvelles me semble une éternité. Mais le choix qu’il a fait, d’enfin se faire aider, me soulage aussi. Parce que je ne supporterai pas de les perdre, que ce soit lui, que ce soit Knox.
Mais le message que je reçois ce matin, alors que je suis dans le bus me conduisant au Brisbane Times m’oblige à m’assoir. Lou. La fille de ma cousine Zoey, ma filleule a eu un terrible accident samedi. Nous sommes lundi et je n’apprends la nouvelle que maintenant, par ma tante. Renversée par un chauffeur fou. Je m’arrête à la prochaine station pour changer de direction. J’appelle ma rédactrice en chef pour la prévenir que je travaillerai depuis chez moi aujourd’hui, que j’ai une urgence familiale qui ne me permet pas de venir. Je ne lui laisse pas vraiment le choix, mais ma voix, paniquée au bout du fil, semble la conduire à se montrer compréhensive. Je prends donc la direction de l’hôpital, ne faisant que regarder les minutes défilés sous mes yeux alors que j’ai l’impression que le trajet dure une éternité.
***
Le numéro de chambre connue, je me dirige vers celle-ci. La boule au ventre, l’appréhension de la voir reliée à toutes ces machines. Une grande inspiration et je frappe doucement à la porte. Trois coups. J’entends quelqu’un me dire d’entrer, je reconnais la voix de ma cousine. Je pousse la porte et c’est Zoey que je vois en premier. J’avance doucement jusqu’à voir Lou. La vision que j’ai d’elle me fend le cœur, ma gorge se serre et mes yeux s’embuent « Putain Zoey, qu’est-ce qui s’est passé ? ». Je lâche alors que mon regard ne quitte plus la petite fille. « Tu aurais dû m’appeler… Pourquoi tu ne m’as rien dit ? ». Mon ton est calme, je suis incapable de me mettre en colère pour l’instant. Je daigne enfin regarder ma cousine « Comment elle va ? Comment tu vas ? ». Tant de questions. Et ma main vient alors saisir la sienne quand je vois son visage marqué. Je ne peux imaginer ce qu’elle doit ressentir de voir sa fille dans cet état.
CODAGE PAR AMATIS
Dernière édition par Mia McKullan le Sam 13 Mar 2021 - 14:30, édité 1 fois
C'est épuisée autant physiquement que mentalement que Zoey est assise au chevet de sa fille Lou qui est dans un coma et cela malgré les deux opérations qu'elle a subie. Une le jour de l'accident et l'autre le lendemain car son petit coeur a lâché à cause d'une hémorragie. Et comme si ce n'était pas assez, il avait fallu que Milo revienne dans le tableau. Alors non, à part sa mère qu'elle a prévenue en passant les portes des urgences, elle n'a téléphoné à personne. Et encore, même à sa mère, elle n'a rien dit. Celle-ci ne connaît pas l'état de sa petite fille, il faudra tout de même qu'elle pense à l'appeler vu tous les messages qu'elle a reçu et sans compter les appels manqués. Zoey ne la nie pas car elle en a envie, c'est juste qu'elle n'accepte pas l'état de son enfant et qu'elle souhaite prévenir celle-ci une fois qu'elle la saura hors de danger et puis on peut aussi comprendre que Milo l'a grandement perturbée en ayant d'un coup l'esprit paternel. Quand elle entend frapper à la porte, elle se dit que cela doit être lui qui revient et n'ose pas entrer sans prévenir, du coup, elle lance un « Entrez » sans plus. Cependant, ce n'est pas le visage du métisse qu'elle aperçoit mais bel et bien celui de sa cousine et marraine de la petite, Mia. Encore une personne qu'elle n'a pas tenu au courant et qui va certainement lui en vouloir. Zoey lève à peine le regard vers elle se sentant coupable et ravalant difficilement sa salive. « Putain Zoey, qu’est-ce qui s’est passé ? » Un long soupir sort d'entre ses lèvres alors que ses yeux balayent toujours le sol. « Un chauffard l'a renversée devant chez nous ... Et a pris la fuite » Autant lui faire la version courte de prime à bord même si connaissant Mia, elle voudra savoir les détails. « Tu aurais dû m’appeler… Pourquoi tu ne m’as rien dit ? » Cette question, elle s'y attendait. « Je ... Je n'ai prévenu personne à part ma mère et encore ... Je suis perdue Mia. J'ai peur de la perdre » Qu'elle souffle en laissant à nouveau des larmes couler comme si elle était une fontaine sans fin. « Pardonne moi de n'avoir rien dit. J'étais trop occupée à m'en faire et puis Milo est revenu et ça a été pire » Qu'elle lâche sans se rendre compte des conséquences de ses paroles. Pouvait-elle parler de son retour ? Et en était-ce un ou allait-il encore repartir ? « Comment elle va ? Comment tu vas ? » Si seulement, elle le savait, elle ne serait pas dans cet état la maman. « Elle est dans le coma ... Elle a subi deux interventions dont une à coeur ouvert. Son ... coeur a flanché une fois. Selon le chirurgien, l'opération s'est bien passée mais il ne pourra le confirmer qu'à son réveil ce qui peut prendre des heures, des jours, des semaines ou des ... mois » Dit-elle la voix étranglée par la douleur et la peur. « Et moi, et bien on s'en fout là. Seul Lou compte « Fallait pas compter sur le fait que la blonde pense à elle dans un moment tel que celui-ci, elle pourrait donner sa vie pour son enfant. Si on venait à lui dire que ça la sauverait, elle le ferait sans aucune hésitation. Mais cela ne fonctionne pas comme ça malheureusement.
Je suis figée sur place, je suis incapable de faire un pas de plus. Parce que voir des proches sur un lit d’hôpital est déjà bien difficile en temps normal, ne serait-ce que Pete et Knox quelques jours auparavant. Mais la vision de Lou, immobile, reliée à toutes ces machines qui l’aident à la maintenir en vie, est encore plus insupportable. Le message de ma tante était simple et sans détail. Elle m’indiquait juste que la petite fille était à l’hôpital suite à un accident samedi. Rien de plus. Alors, quand j’arrive dans cette chambre, quand je me trouve devant le lit de la petite fille, n’adressant pas tout de suite un regard à sa mère, qui n’est autre que ma cousine, je ne peux que lui demander ce qu’il s’est passé. « Un chauffard l’a renversée devant chez nous… Et a pris la fuite ». Je ne réagis pas tout de suite, essayant de digérer et d’analyser ce qu’elle me dit… Des images traversent mon esprit et je préfère les chasser. Je ne poserai pas davantage de questions, pas tout de suite en tout cas. A la place, je fais remarquer à Zoey qu’elle aurait dû m’appeler. « Je… Je n’ai prévenu personne à part ma mère et encore… Je suis perdue Mia. J’ai peur de la perdre ». Mon regard se tourne alors sur elle, l’inquiétude encore plus marqué sur mon visage. La compassion aussi. Je m’accroupis alors à sa hauteur, venant lui saisir ses mains « Pardonne-moi de n’avoir rien dit. J’étais trop occupée à m’en faire et puis Milo est revenu et ça a été pire » « Tu n’as pas à faire face à cette situation seule. Tu ne peux pas Zoey… ». Je suis incapable de lui reprocher davantage quand elle est déjà bien au fond du trou. Que ses traits sont tirés, que ses yeux ne parviennent plus à retenir les larmes, bien trop nombreuses à retenir. Et puis, une information qu’elle a donnée tarde à faire son cheminement dans ma tête jusqu’à ce que… « Attends, Milo ? ». Je suis étonné d’entendre le nom de celui qui n’a jamais assumé sa paternité, qui est parti lâchement sans prendre la peine de se retourner « Comment il a su ? Et qu’est-ce qu’il peut bien en avoir à faire de Lou ? Il ne s’est JAMAIS soucié d’elle ! ». Je lâche alors, la colère se lisant dans mes yeux et s’entendant dans ma voix.
Je veux savoir comment va Lou, même si la réponse est sous mes yeux. Mais j’ai besoin d’en savoir plus… Savoir ce qu’elle a subi, savoir si son pronostic vital est engagé… « Elle est dans le coma… Elle a subi deux interventions dont une à cœur ouvert. Son… cœur a flanché une fois. Selon le chirurgien, l’opération s’est bien passée mais il ne pourra le confirmer qu’à son réveil ce qui peut prendre des heures, des jours, des semaines ou des…mois ». Chaque mot prononcé est une épreuve pour elle et est bien trop difficile à entendre pour moi. Mes yeux s’embuent au fur et à mesure qu’elle m’explique l’état de Lou, ce qu’elle a subi alors qu’elle n’a que neuf ans. Bien trop pour son âge. Coma. Opération. Cœur. Je serre un peu plus les mains de ma cousine dans les miennes « Elle s’en sortira, c’est une battante ». Sont les seuls mots que je parviens à sortir. La peur me gagne mais je dois être présente pour Zoey. Elle doit pouvoir se reposer sur moi et pour cela, il ne faut pas que je flanche. « Et moi, et bien on s’en fout là. Seul Lou compte ». J’acquiesce même si je ne suis pas d’accord « Je reste avec toi toute la journée, Zoey, je ne te lâcherai pas ». Parce qu’il était hors de question que je retourne travailler après cette terrible nouvelle « Qu’est-ce que je peux faire ? » je demande alors doucement. Je me sens impuissante mais si ma cousine a besoin de quoi que ce soit, elle sait qu’elle peut compter sur moi. Comme toujours.
CODAGE PAR AMATIS
Dernière édition par Mia McKullan le Sam 13 Mar 2021 - 14:30, édité 1 fois
C'est en voyant Mia passé la porte de la chambre d'hôpital que Zoey prend conscience qu'elle n'a prévenu personne, même pas sa mère. Celle-ci sait juste que sa petite fille est arrivé aux urgences il y a ... deux jours. Ce n'est pas peine d'avoir essayer de l'appeler, la blonde n'a pas répondu bien trop perturbée par tout ce qu'il s'est passé en 48h. Et à voir le visage de sa cousine, elle se rend compte qu'elle a été égoïste en ne disant rien mais peut-on réellement lui en vouloir quand on voit l'état Lou, dans ce coma sans savoir si elle se réveillera et si oui quand ... Pas vraiment en soi. C'est avec difficulté que la blonde met des mots sur ce qu'il s'est passé, les images étant encore beaucoup trop fraîche dans son esprit. Elle en profite aussi pour s'excuser comme elle peut de son comportement. Heureusement que sa cousine ne lui en tient pas rigueur. Accroupie a sa hauteur, elle vient lui prendre les mains et Zoey lui sert essayant tant bien que mal de calmer les larmes roulant sur ses joues. « Tu n’as pas à faire face à cette situation seule. Tu ne peux pas Zoey… » Son regard se baisse alors que se mord l'intérieur de la joue. Seule, elle ne l'était pas réellement car contre toute attente, c'est ce moment qu'à choisit Milo pour revenir. Ho pas revenir dans le sens faire partie de leur vie, ça tiendrait du miracle si cela venait à se produire d'ailleurs. Ne souhaitant pas cacher d'autres choses à la marraine de Lou, elle finit par lui dire que celui-ci était là et elle sait pertinemment que cela ne plaira pas à la blonde. « Attends, Milo ? » Zoey ne fait que hocher positivement la tête. « Comment il a su ? Et qu’est-ce qu’il peut bien en avoir à faire de Lou ? Il ne s’est JAMAIS soucié d’elle ! » Un long soupir sort d'entre ses lèvres alors qu'elle-même ne connaît pas plus que ça la réponse. « Un ami flic lui aurait dit. » En disant cette phrase, elle pense enfin à Blake qui pourrait donc être l'auteur de tout ça mais n'en dit rien. « Il m'a dit avoir toujours gardé un oeil sur nous » Une chose à laquelle elle ne croit pas du tout car s'il tenait à sa fille, il ne l'aurait pas abandonné. « Mais j'y crois pas ... Rien n'est logique » Avoue-t-elle glissant une main sur son visage marqué par la fatigue, l'inquiétude et tout un tas d'autres sentiments plus négatifs les uns que les autres.
La conversation revient vite sur Lou et son état. La maman doit alors avouer la triste vérité qui est que Lou est dans le coma suite à un arrêt cardiaque et surtout que rien ne prédit qu'elle se réveillera un jour. « Elle s’en sortira, c’est une battante » Les yeux brillants de sa cousine ne l'aide pas à tenir le coup et encore une fois, des perles salées roulent sur ses joues. « Et si je la perds Mia ? Je peux pas. Je tiendrais pas sans elle » Bafouille-t-elle entre deux sanglots. Être optimiste, elle n'y arrive pas, c'est une chose impossible à l'instant présent. « Si je pouvais donner ma vie pour elle, je le ferais sans hésiter » Ho que oui, elle le ferait. Être maman c'est aussi ça, faire passer son enfant avant toute chose. Jamais Zoey n'aurait penser avoir l'instinct maternel surtout que Lou est arrivée dans sa vie sans qu'elle n'y soit préparée et pourtant, elle ne changerait rien même pas le départ précipité de l'homme qu'elle aimait, de son père si elle peut l'appeler ainsi. « Je reste avec toi toute la journée, Zoey, je ne te lâcherai pas » Elle hoche la tête en guise de remerciement puis lève le regard vers Mia. « T'es pas obligée tu sais ... A part attendre, il n'y a rien à faire « Ce qui est la triste réalité. « Qu’est-ce que je peux faire ? » Zoey la regarde perdue ne sachant pas vraiment ce qui pourrait l'aider actuellement. « Je sais que ça n'a rien à voir mais ... » Elle hésite un moment puis reprend. « Tu penses qu'avec tes relations, en temps voulu, tu saurais en savoir plus sur Milo ? » Après tout, Mia est journaliste et Zoey a besoin de savoir ce qui se trame réellement avec lui. Ce qu'il a dit hier et ses réactions, tout était contradictoire ... « Autrement, on peut aller se prendre un café, je pense que ça me fera pas de tort » C'est la seule chose qu'elle arrive à avaler depuis deux jours. La nourriture, elle n'y pense même pas ayant l'estomac bien trop en vrac pour que cela passe.
Je pourrais blâmer Zoey de ne pas m’avoir prévenu. Il y a eu ce moment de colère contre elle pour ne m’avoir rien dit, surtout quand j’ai appris que cet accident est survenu deux jours plus tôt. Bien avant d’arriver dans cette chambre, sur le trajet, j’ai eu envie de lui hurler dessus parce qu’elle n’a pas daigné bon de m’appeler. Elle m’a choisi comme étant la marraine de sa fille, elle m’a toujours tout dit à son sujet, m’a toujours confié quand cela n’allait pas avec Lou qui pouvait lui reprocher sa situation professionnelle. J’ai toujours été là. Et ainsi qu’elle me mette à l’écart cette fois m’est inconcevable, surtout quand les événements sont aussi graves. Parce que l’issue aurait pu être bien plus tragique, d’ailleurs, au vue de la petite fille qui se tient dans son lit d’hôpital reliée à toutes ces machines, cela ne garantit pas qu’elle soit encore sortie d’affaire. Oui, la colère pourrait l’emporter, je pourrais lui reprocher mille fois de ne pas avoir daigner m’appeler pour me le dire. Pourtant, cette colère n’a plus lieu d’être une fois le pas de la porte de la chambre d’hôpital passé. Parce que je retrouve ma cousine au plus bas, assise au chevet de sa fille qui se bat pour sa vie. Il n’est pas le moment de faire des reproches, elle n’a pas besoin de ça. Cette colère est totalement oubliée, s’évapore dès l’instant où je pénètre dans cette chambre. La seule remarque que je lui fait est celle qu’elle n’a pas à affronter ça toute seule, lui signifiant ainsi qu’à partir de maintenant, je ne la lâcherai pas. Non seulement savoir sa fille en danger a été la raison qui l’a poussé à ne prévenir personne, bien trop inquiète pour penser à quoi que ce soit d’autre, mais aussi et surtout le retour d’un fantôme dans sa vie : Milo. Cet ex qui a fuit dès l’instant où il a appris que Zoey attendait leur enfant. Il n’a jamais assumé sa paternité et, rien que pour cette raison, je n’ai jamais porté cet homme dans mon cœur « Un ami flic lui aurait dit. Il m’a dit avoir toujours gardé un œil sur nous ». A ça, je ne peux m’empêcher de difficilement y croire, lâchant un « Pff tu parles » quand sa crédibilité est proche du néant. « Mais j’y crois pas… Rien n’est logique ». Je sens que cela a beaucoup chamboulé ma cousine. Je n’ajoute rien, mais elle éveille tout de même ma curiosité lorsqu’elle prononce ces derniers mots. Je me dis que je reviendrai sur ça plus tard, car, pour le moment, ce n’est pas les mensonges de Milo qui m’intéresse… Mais l’état de ma filleule.
Lou a fait un arrêt cardiaque et elle est désormais dans un coma. Il n’y a pas de certitude sur son état, si elle va s’en sortir ou non. Je sens la détresse de Zoey, que j’essaye tant bien que mal de rassurer, quand, pourtant, j’ai peur moi-même, effrayée du sort de la petite fille. Les larmes au bord des yeux me donnent peu de crédibilité, mais je tente tant bien que mal de continuer à la rassurer. « Et si je la perds Mia ? Je peux pas, je tiendrais pas sans elle ». Ses sanglots me déchirent le cœur, je ravale difficilement mes larmes que je tente de ne pas laisser échapper « Si je pouvais donner ma vie pour elle, je le ferais sans hésiter » « Et je n’en doute pas une seule seconde, Zoey. Tu ne la perdras pas ». Je dis cela sans certitude et pourtant je me refuse de ne pas lui dire, d’envisager cette possibilité qu’elle ne se réveille pas. Je sens que la tristesse de ma cousine est bien trop grande, et que les mots n’ont, de toute manière, aucun effet, quand ils sont aussi incertains. Alors, je viens l’enlacer, passant mes bras autour de son cou pour la serrer contre moi. Si au moins ma présence peut l’apaiser un petit peu, alors c’est ce que je ferai. Je me détache un peu et lui dit que je compte passer ma journée avec elle. J’ai prévenu ma rédactrice en chef qui m’a donné son feu vert. Et même si ça n’avait pas été le cas, il aurait été hors de question que je retourne au Brisbane Times aujourd’hui, en sachant ma cousine, seule une seconde plus. « T’es pas obligée tu sais… A part attendre, il n’y a rien à faire » « Alors j’attendrai avec toi, le temps qu’il faudra ». Mon regard plonge dans le sien, comme pour lui signifier que je ne lui en laisse pas le choix de toute façon. Zoey et moi avons toujours été proche, liées comme les doigts d’une main, toujours présente l’une pour l’autre. Malgré la distance qu’il y a pu y avoir parfois du fait de nos vies respectives, nous avons toujours fait en sorte d’être là l’une pour l’autre. Et ce n’est pas aujourd’hui que les choses allaient changer. « Je sais que ça n’a rien à voir mais… Tu penses qu’avec tes relations, en temps voulu, tu saurais en savoir plus sur Milo ? ». Je suis un peu intriguée par sa demande, me disant que leur échange a dû lui mettre la puce à l’oreille sur quelque chose de louche le concernant. J’acquiesce alors « Bien sûr, je ferai mon possible ». Mais il allait falloir qu’elle m’en dise plus pour que je sache où chercher et par où commencer « Autrement, on peut aller se prendre un café, je pense que ça me fera pas de tort ». Je me relève alors et l’attrape par la main pour l’aider à se relever. Ma main passe derrière son dos que je frictionne doucement, mais aussi pour la maintenir car je la sens faiblarde. « Je pense aussi, et essayer de manger un petit quelque chose aussi », même si je sais qu’à ça, elle va sûrement me dire qu’elle est incapable d’avaler un bout.
***
Arrivées à la cafétéria, j’invite Zoey à aller s’installer à une table le temps que je nous commande deux cafés et un muffin au chocolat à partager. Je viens m’installer face à elle « Raconte-moi, comment ça s’est passé avec Wilson ? Qu'est-ce qu'il t'a dit? ».
« Pff tu parles » La réaction de Mia est compréhensible. Même Zoey a du mal à y croire. Si c'était pour faire ça, pourquoi ne pas avoir fait partie de leurs vies ?! Tout serait différent et si ça se trouve, Lou ne serait pas dans ce lit d'hôpital et encore moins dans le coma. De toute façon, là Zoey n'a pas la tête à penser à Milo et les réelles raisons de son retour. Tout ce qu'elle sait, c'est que Lou est dans un sale état et qu'elle ne peut rien faire d'où les larmes qui n'arrêrent pas de rouler sur ses joues. « Et je n’en doute pas une seule seconde, Zoey. Tu ne la perdras pas ». Elle espère réellement que tout cela soit vrai, elle a besoin d'y croire, de se raccrocher à ce morceau d'espoir. Mia se propose de rester mais Zoey ne veut pas la faire rester là dans cette chambre avec pour seul fond sonore le bip des machines. « Alors j’attendrai avec toi, le temps qu’il faudra » « Merci « Dit-elle essuyant ses yeux du revers de sa manche pour ensuite se pincer les lèvres vu l'idée qui émerge doucement. Mia est journaliste et elle saura peut-être l'aider à en savoir plus sur Milo le moment venu. Alors oui, elle ose lui demander en espérant que sa cousine veuille bien l'aider. « Bien sûr, je ferai mon possible ». Zoey a peur de ce qu'elle pourra trouver mais il faut qu'elle sache pour le bien de sa fille et le sien.
Les deux jeunes femmes se rendent à la cafétaria et cela même si la blonde n'aime pas de laisser Lou seule. Elle sait bien que les infirmières sont présentes et font un job incroyable mais son instinct de maman est plus fort que tout. Cependant elle sait aussi que si elle garde l'estomac vide, elle va crouler et elle n'a pas besoin de ça actuellement. « Raconte-moi, comment ça s’est passé avec Wilson ? Qu'est-ce qu'il t'a dit? ». Son regard se lève vers sa cousine. « Pas grand chose à vrai dire. Juste qu'il a appris pour l'accident et qu'il ne pouvait pas rester sans rien faire et ce que je t'ai dit plus tôt. « un long soupir sort d'entre les lèvres de la maman. « Je ne comprends rien Mia, il n'y a aucune logique dans ses dix années d'absence et le fait qu'il m'ait dit avoir toujours veillé sur nous. Pourquoi il ne l'a pas fait en étant là ? « Zoey se pose plein de questions, trop de questions et ça la tue intérieurement. « J'ai pensé que le fait d'être père l'avait fait fuir mais là j'en suis plus certaine. » Non du tout même. « Mais je n'arrive pas à me dire qu'il peut y avoir autre chose, s'il ne m'aimait plus, il aurait pu juste me quitter mais pas Lou » Qu'elle souffle alors qu'elle prend son café entre ses mains et en boit une gorgée. « Et toi, il se passe quoi dans ta vie ? » Demande-t-elle ne souhaitant pas qu'on ne parle que d'elle. Et puis ça fait un petit moment qu'elle n'a pas vu sa cousine, du coup, elle tient à savoir comment elle va de son côté.
« Merci ». Elle n’a pas à le faire. Parce que nous nous sommes toujours serrées les coudes elle et moi et ça depuis toujours. Ma proposition de rester à ses côtés qui n’en est pas vraiment une car même si elle venait à refuser je ne partirai pas, est donc tout à fait logique. L’image de la voir dans cet état et de voir surtout ma filleule dans ce lit d’hôpital est très difficile mais j’essaye de me montrer forte pour elle, et d’être présente au mieux.
Alors, lorsque nous nous dirigeons vers la cafétéria, je relance le sujet de Milo. En effet, lorsque nous étions encore dans la chambre, Zoey m’a demandé si avec mes relations, je pourrais peut-être en apprendre davantage sur son ex et père de sa fille. Je l’invite alors à me raconter un peu plus sa rencontre avec l’homme qu’elle n’a pas revu durant ces dix dernières années, absent de la vie de Zoey mais surtout de sa propre fille. « Pas grand-chose à vrai dire. Juste qu’il a appris pour l’accident et qu’il ne pouvait pas rester sans rien faire et ce que je t’ai dit plus tôt ». Mon sourcil s’arque, me disant qu’il a entendu que quelque chose se passe pour pointer le bout de son nez. J’imagine que si l’accident n’aurait pas eu lieu, il n’aurait sûrement pas refait surface. « Je ne comprends rien Mia, il n’y a aucune logique dans ses dix années d’absence et le fait qu’il m’ait dit avoir toujours veillé sur nous. Pourquoi il ne l’a pas fait en étant là ? ». Je vois ma cousine se posait énormément de questions et cela me chagrine. Je ressens cependant de la colère envers Milo « Il te dit peut-être ça pour avoir bonne conscience alors qu’il n’a nullement veillé sur vous… Il a sûrement trop de fierté pour avouer qu’il a été tout simplement lâche et n’a pas assumé ». Je ne prends pas de pincettes en prononçant ces mots, mais cela n’étonnera pas Zoey qui me connait que trop bien. « J’ai pensé que le fait d’être père l’avait fait fuir mais là j’en suis plus certaine ». Mon sourcil s’arque alors que de mon côté, je reste persuadé que c’est le cas. Ma cousine vient contredire les mots que j’ai pu avoir à l’instant « Mais je n’arrive pas à me dire qu’il peut y avoir autre chose, s’il ne m’aimait plus, il aurait pu juste me quitter mais pas Lou ». Elle semble avoir des suspicions sur les véritables raisons de son départ alors que, jusqu’à présent, nous avons toujours été d’accord sur le fait qu’il n’avait fait que fuir. Alors, j’essaye de laisser à mon tour cette idée de côté « Tu penses qu’il y a quelque chose qu’il ne te dit pas ? ». Indirectement, cela me renvoie à ma propre expérience avec ma relation récente. Mais je ne pense pas que Milo puisse être mis dans le même panier « Je ne vois vraiment pas ce qui aurait pu l’obliger à partir Zoey. Mis à part une raison liée à son boulot à la rigueur… ». C’est la seule possibilité que je voyais pour le moment.
« Et toi, il se passe quoi dans ta vie ? ». J’hausse alors les épaules « La routine », je laisse échapper dans un soupir « Je pense que mon père et moi sommes sur la bonne voie pour réellement refaire naitre cette relation que nous avions… Il y a quinze jours, j’ai été lui rendre visite chez lui et ce moment de complicité qu’on a pu partager m’a fait me rendre compte que je n’ai pas envie de lui en vouloir indéfiniment… J’ai envie de profiter de chaque instant avec lui… » Même si cela ne rattrapera pas ses quinze dernières années. Mia a finalement un mince sourire qui apparait sur ses lèvres se rappelant avoir prononcé ces trois mots qu’elle n’avait pas réussi à lui adresser depuis longtemps. « J’ai eu le courage de lui dire je t’aime papa… Je pense que c’est un exploit non ? ». J’utilise l’humour, même si mon sourire ne camoufle pas une certaine tristesse. Parce qu’il y a toujours une certaine peur qu’il puisse disparaitre à nouveau du jour au lendemain.