Mercredi 17 février. La veille, Danika m’a appelé. Elle m’a raconté que Lawrence, son ex petit-ami et père de son fils, s’était retrouvé K.O après un combat samedi soir. Il s’en est vite remis, est vite sorti de l’hôpital, mais, jusqu’à ce qu’il aille mieux, il allait vivre chez elle, notamment pour être proche de Maddox. A ça, je lui ai demandé si elle pensait sincèrement que ce soit une bonne idée. Je sais que mon jugement n’est pas forcément objectif à propos de Cabbott, mais je me souviens très bien des paroles de ma meilleure amie quelques mois plus tôt. Elle me disait ne pas être capable de l’avoir à nouveau dans sa vie. Et là, c’est clairement l’opposé qui est en train de se passer. Je me permets donc de lui souligner, craignant que les choses se passent mal entre eux et ça, devant Maddox. Le petit garçon avait bien du mal déjà à accepter que Lawrence, cet homme débarqué de nulle part, soit en réalité son père, mais s’il assistait à des disputes entre eux, je ne suis pas sûre que cela les aiderait tous les trois à ce que les choses s’améliorent. Mais, Danika, fidèle à elle-même, contourne le sujet pour me demander un service : celui de venir garder Maddox mercredi soir. Je ne comprends pas très bien les raisons de sa demande puisque Law’ était présent. Elle m’explique qu’elle ne veut pas qu’il se trouve seul avec Maddox et qu’en réalité, lui aussi nécessite d’être surveillé. Je me mets à rire, c’est plus fort que moi. Et quand je vois que Dani’ commence à perdre patience au bout du fil, je finis par accepter.
J’arrive donc chez elle, mercredi soir. Danika ouvre la porte et ne s’attarde pas bien longtemps avant de partir « T’inquiètes, tout va bien se passer. J’ai prévu la batte dans mon sac, au cas où que le Cabbott nécessite un deuxième KO ». Mon sourire est malicieux, mes sourcils se lèvent et se baissent plusieurs fois pour le narguer alors qu’il est assis sur le canapé. Dani lève les yeux au ciel avant de finalement tourner les talons et quitter l’appartement. Je dépose mon sac parterre avant que Maddox vienne me sauter dans les bras, débarquant de sa chambre où il devait très certainement jouer. « Coucou mon grand ». Je l’attrape au vol, lui dépose des milliers de bisous dans le cou, le serrant fort contre moi. « On va bien s’amuser tous les d… trois ce soir ». Je me rattrape de justesse, ne voulant pas exclure non plus Lawrence, surtout en sachant que la situation était sûrement encore un peu délicate. Maddox quitte mes bras pour aller chercher quelque chose dans sa chambre. En attendant, je rejoins le Cabbott, allant m’installer sur un fauteuil « Alors, comme ça, tu as fini KO ? Je suis tellement déçue d’avoir loupé ça ». Je me moque ouvertement de lui et il allait en avoir pour la soirée « Bon, en revanche, si tu peux éviter de faire un malaise, ça m’arrangerait grandement ».
I’m just trying to tolerate you tonight -- @Mia McKullan
J’ai essayé de convaincre Danika que Maddox allait survivre quelques heures en ma compagnie, d’autant plus qu’il est sur le point d’aller au lit, mais elle a insisté pour que je ne sois pas seul avec lui. Ou plutôt elle ne m’a pas laissé le choix. Au final ce n’est peut-être pas tant une mauvaise idée étant donné que j’ai encore plus la mèche courte avec la fatigue et les maux de tête. En ayant une personne de plus avec moi, ça me donne l’opportunité de pouvoir me retirer si je me sens à bout de nerfs. Il ne faudrait surtout pas que je donne une raison de plus à Maddox de ne pas avoir envie que je sois son père, même si les choses commençaient tranquillement à se placer avec lui. Bien que je ne sois toujours pas convaincu d’avoir pris la bonne décision en acceptant l’invitation de Danika à habiter chez elle temporairement le temps de me sentir mieux, j’espère au moins que ça aura comme bon de nous rapprocher Maddox et moi.
Même si je me suis fait à l’idée que j’allais avoir de la compagnie ce soir, à défaut de pouvoir me distraire en écoutant la télévision, le choix de Danika reste pour le moins douteux. Depuis le temps, elle doit bien savoir que Mia et moi ce n’est pas l’amour fou, je me demande vraiment ce qui lui est passé par la tête pour croire que ça pourrait être une bonne idée. « T’inquiètes, tout va bien se passer. J’ai prévu la batte dans mon sac, au cas où que le Cabbott nécessite un deuxième KO » Parlant du loup. Sans la regarder, je lève une main et je lui fais un doigt d’honneur. « J’ai une commotion cérébrale, je ne suis pas sourd. Tu devrais peut-être m’assommer tout de suite, comme ça je n’aurais pas besoin d’endurer toute la soirée ta voix nasillarde qui m’agresse. » dis-je alors qu’elle parle de moi à Danika alors que je me trouve à proximité. Je tourne la tête vers elle en soupirant, pas tellement enthousiaste, et je comprends à ses mimiques qu’elle voulait justement que j’entende. La soirée s’annonce super agréable... Well nope. Maddox sort de sa chambre et va accueillir Mia en lui sautant dans les bras. « Coucou mon grand » Toujours assis sur le canapé-lit, je fixe le mur devant moi parce qu’il n’y a littéralement rien d’autre à faire. Pas le droit d’écran, je ne peux même pas me distraire sur Netflix. Je n’aurai donc pas d’autre choix que d’écouter Mia toute la putain de soirée. Ou les regarder s’amuser tous les deux parce que Maddox n’a pas été privé de sa marraine pendant trois ans et demi et qu’il l’apprécie donc, elle. « On va bien s’amuser tous les d… trois ce soir » Le petit part en direction de sa chambre et Mia vient me rejoindre dans le salon, prenant place sur un fauteuil à proximité. « Alors, comme ça, tu as fini KO ? Je suis tellement déçue d’avoir loupé ça » Je croise mes bras contre mon torse en tournant la tête vers elle. « Google est ton ami, t’as qu’à chercher et tu devrais trouver. » répondis-je sèchement, pas du tout de bonne humeur de devoir passer la soirée en sa compagnie. « Bon, en revanche, si tu peux éviter de faire un malaise, ça m’arrangerait grandement » Je lève les yeux au ciel en secouant la tête. À peine arrivée qu’elle semblait déterminée à vouloir me faire chier. « T’as pas autre chose à faire de ta soirée? Quelqu’un d’autre à surveiller… comme ton père par exemple? En tout cas, pour son âge ça fait dur. Mais ça explique beaucoup de choses. » dis-je en la regardant avec mépris. La pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre semble-t-il.
Mercredi 17 février. Lawrence n’est pas le simple ex de ma meilleure amie. Il est aussi l’ancien ami de Pete, avec qui il traînait beaucoup à l’adolescence. L’ami de ma cousine, Zoey. Et avant qu’il ne se passe quoi que ce soit entre Dani’ et lui, je l’avais déjà pas mal croisé au dojo quand j’allais voir ma meilleure amie. Bref, nous aurions pu lier une amitié tous les deux, être potes aussi… Mais ça n’avait jamais matché entre nous. Deux sales caractères, deux têtes de mules, et ce côté homme des cavernes qui ne le quittait pas et qui m’agaçait, avait eu raison d’une possible amitié entre nous. Alors disons qu’entre nous, c’était plus de la tolérance. On tâchait de se supporter quand on était en présence d’amis communs. S’ignorer ou s’envoyer une petite pique par-ci, par-là, mais ça s’arrêtait là. Mais ce soir, me retrouver qu’avec lui… Il avait me falloir un peu plus de patience que ça. Peut-être aurais-je dû apporter une bouteille d’alcool pour mieux supporter la soirée avec lui. Car j’étais là avant tout pour Maddox. Et en partie aussi pour lui, puisque la demande de Danika à ce sujet a été plutôt explicite. Et c’est vraiment pour ma meilleure amie que je faisais l’effort ce soir.
J’annonce cependant la couleur alors que Dani’ n’a pas encore quitté l’appartement, me faisant une joie, si nécessaire, de remettre KO Lawrence s’il devenait trop insupportable. Une remarque que je dis suffisamment fort pour qu’il puisse l’entendre. Et je comprends que celle-ci est bien arrivée jusqu’à ses oreilles quand sa première réponse n’est autre qu’un doigt d’honneur. Un sourcil s’arque alors, non sans un sourire toujours victorieux « J’ai une commotion cérébrale, je ne suis pas sourd. Tu devrais peut-être m’assommer tout de suite, comme ça je n’aurais pas besoin d’endurer toute la soirée ta voix nasillarde qui m’agresse ». Et quand il daigne enfin tourner son regard sur moi, je lui montre bien que je suis satisfaite car j’ai réussi à le rendre grognon, prouvant que j’ai entièrement raison à son sujet. « Tu n’as qu’à demander l’homme des cavernes, je m’en ferai un malin plaisir ». Maddox arrive quelques secondes plus tard, se ruant dans mes bras avant de les quitter aussi vite pour aller récupérer un nouveau jouet qu’il tenait absolument à me montrer. Je rejoins alors Lawrence, m’asseyant sur un fauteuil, suffisamment loin de lui, comme si je cherchais à le fuir comme la peste. Physiquement. Parce que cela ne m’empêche pas de l’ignorer pour autant. Non, je me fais un malin plaisir de l’attaquer sur son KO que je regrette d’avoir loupé « Google est ton ami, t’as qu’à chercher et tu devrais trouver ». Je ris doucement « Crois-moi, c’est déjà fait. Un collègue du Brisbane Times a écrit un article à ce sujet. C’était … jouissif. Je me voyais à la place de ton adversaire ». Je sais que je suis détestable à ce moment-là. Pourtant, lorsque Dani m’a contacté le lendemain de la compétition du jeune homme, et sûrement, ça, il l’ignore, je lui ai demandé s’il allait bien, m’inquiétant un petit peu pour lui. Car, mine de rien, les images étaient plutôt impressionnantes à voir. Mais, je ne lui dirai rien de tout cela, je préfère largement prétendre le contraire. Je l’avertis que, même si je suis là pour surveiller sa tronche, je préférerai qu’il évite de faire un malaise « T’as pas autre chose à faire de ta soirée ? Quelqu’un d’autre à surveiller… comme ton père par exemple ? En tout cas, pour son âge ça fait dur. Mais ça explique beaucoup de choses ». Et ce sourire qui était figée sur mon visage depuis mon arrivée, disparu immédiatement. Mon regard change aussi, s’assombrissant quand il évoque mon père. C’est bas, très bas de sa part. Et surtout, je ne comprends pas d’où il sort tout ça. Pourquoi me parle-t-il de mon père soudainement ? Danika lui aurait dit quelque chose ? Cela m’étonnait d’elle. « Qu’est-ce que mon père vient foutre au milieu de la conversation Cabbott ? », mon ton est plus sec et montre un certain énervement. « Je t’interdis de parler de lui » j’ajoute alors, un peu plus menaçante. Il a touché juste, peut-être sans le vouloir ou volontairement. Mais, sur l’instant, je le hais encore plus que d’habitude.
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« Tu n’as qu’à demander l’homme des cavernes, je m’en ferai un malin plaisir » Je pousse un rire insolent en l’entendant m’insulter pour la énième fois, ça fait longtemps que j’ai compris qu’elle me prend pour un deux de pique, pour un sans-dessein. Je sais toutefois qu’elle ne mettra jamais sa menace à exécution parce qu’elle ne voudrait surtout pas se mettre Danika à dos. Mia profère beaucoup de menaces mais elle n’agit jamais. « Non, tu ne le feras pas. Grand parleur, petit faiseur. » Maddox s’approche de Mia pour l’accueillir et je me retiens de renchérir encore plus alors qu’il se trouve à proximité. Après tout, le petit n’a rien demandé et il n’a pas besoin d’être témoin de nos différends, surtout pas quand il risque de prendre le côté de Mia parce que leur relation est plus forte que la nôtre. Il repart vers sa chambre pour aller chercher un jouet et Mia en profite pour venir s’asseoir dans un fauteuil à proximité et me remettre ma condition sous le nez. « Crois-moi, c’est déjà fait. Un collègue du Brisbane Times a écrit un article à ce sujet. C’était … jouissif. Je me voyais à la place de ton adversaire » Malgré la violence des arts martiaux mixtes, les combats demeurent du sport et non la réalité de tous les jours et je ne me réjouirai jamais si l’un de mes adversaires est blessé grièvement pendant un de nos combats. La tête tournée vers elle, mes yeux parcourent sa silhouette de haut en bas, le regard méprisant. « C’est beau rêver mais tu ne seras jamais de taille, je te boufferais toute crue. » Je lui réponds, souhaitant toujours avoir le dernier mot pour ne pas la laisser gagner. Danika était une adversaire redoutable à l’époque et j’avais tout de même réussi à la jeter au sol lors de ce combat amical qui avait finalement tout changé entre nous. Il n’y a donc aucune chance pour que Mia arrive à prendre le dessus, sauf si vraiment ma tête est incapable de suivre le rythme.
Comme si ce n’était pas assez, Mia prend encore plus de plaisir à se moquer de ma condition, me demandant de ne pas faire de malaise pendant qu’elle est ici. N’étant pas du tout d’humeur à plaisanter, je ne peux m’empêcher de lui demander sèchement si elle n’a pas autre chose à faire, si elle ne devrait pas plutôt surveiller son père. Aussitôt, son regard s’assombrit et son ton change, signe que j’ai touché un point sensible. Je jubile. Ce jeu là peut se jouer à deux et c’est loin d’être la première fois que j’y joue. « Qu’est-ce que mon père vient foutre au milieu de la conversation Cabbott ? Je t’interdis de parler de lui. » J’incline légèrement la tête d’un côté, lui grimaçant pour faire semblant que je suis triste. D’une main, je caresse le côté de mon visage du bout de mon index, pour mimer une larme qui coule. « Oh, j’ai touché une corde sensible peut-être? On ne rit plus soudainement. » Je me penche un peu vers l’avant, appuyant mes coudes contre mes genoux sans la quitter de mon regard méprisant. « Tu trouves ça pas mal moins drôle quand le sujet te concerne on dirait. Tu y penseras à deux fois avant d’essayer de me faire chier la prochaine fois. » Je me redresse, accotant de nouveau mon dos contre le dossier du canapé. « J’ai ramassé ton père saoul dans un bar l’autre fois, quelques jours à peine après qu’il ait fait la moral à Peter sur le même sujet. Je comprends mieux d’où tu tiens ton problème de consommation. » dis-je en lui faisant un clin d’œil, me rappelant très bien du coma éthylique qu’elle a fait à l’adolescence.
Maddox sort à l’instant de sa chambre pour venir nous rejoindre dans le salon avec le fameux jouet qu’il voulait tant montrer à Mia. Le genre de jouet que t’as envie d’enlever la batterie et lui faire croire qu’il est brisé. Ce putain de camion de pompier dont la sirène se déclenche pendant qu’il le fait rouler. Et en plus de la sirène, Maddox en rajoute en l’imitant avec sa bouche. « Regarde mon camion! » dit-il à l’intention de Mia le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Mais il ne reste pas immobile très longtemps, recommençant à faire le tour du salon en poussant son camion à bout de bras, actionnant la sirène encore une fois. Je tente de l’ignorer du mieux que je peux mais depuis mon accident je suis plus sensible au bruit et ce dernier ne fait qu’accroître mon mal de tête et m’irriter davantage. Le coude appuyé contre le bras du canapé, j’accote l’une de mes oreilles dedans pour tenter de camoufler le bruit de son jouet en espérant qu’il va vite s’en désintéresser. Impatient, je serre la mâchoire et je me mets à taper du pied. « Maddox, j’ai mal à la tête. Peux-tu jouer avec un autre jouet... » dis-je en laissant ma tête tomber contre le dossier du canapé, les deux mains dans le visage, avant de soupirer bruyamment.
« Non, tu ne le feras pas. Grand parleur, petit faiseur ». Et je devrais être habituée à ce que Lawrence cherche à toujours avoir le dernier mot, parce que c’est toujours ce qu’il a fait à chacune de nos batailles verbales. Ce qui m’agaçait et m’agace toujours, une certaine colère voire haine commençant à se manifester en moi quand il continue à répondre à ma provocation. Forcément, moi aussi je souhaitais avoir le dernier mot, et c’est pour cela finalement, que nous ne sommes jamais parvenus à nous entendre. Il a de la chance que Maddox arrive à ma hauteur, pour m’offrir une étreinte, nous obligeant ainsi à nous interrompre. Autrement, il aurait eu droit à une réponse cinglante de ma part. Bien évidemment que je n’allais pas l’attaquer ce minable à coup de battes, même si le plaisir aurait été grand. Non, à la place, et ce que j’allais utiliser à la place toute la soirée, c’était bel et bien les mots.
Maddox part chercher un jouet dans la chambre et je rejoins à contre cœur Cabbott dans le salon, m’installant sur un fauteuil assez loin de lui mais de sorte à ce qu’en me pivotant, je puisse admirer sa sale tronche. Evidemment la joute verbale reprend quand je me permets de l’attaquer sur ce KO que j’ai pu admirer en vidéo. « C’est beau de rêver mais tu ne seras jamais de taille, je te boufferais toute crue ». J’hausse les sourcils, regard hautain à mon tour quand il pense que j’aurai envie de tenter un combat contre lui. Puis je pouffe de rire tout en ne le lâchant pas du regard « Mais je ne prétends pas vouloir me battre contre toi, Cabbott. En plus, tu n’es pas très fair-play de vouloir t’en prendre à une personne dont tu sais qu’elle n’a pas les compétences pour. Mais, on peut toujours trouver un terrain d’entente… Enfin quand tu seras un peu moins… fragile ». Il y a ce petit sourire narquois quand je prononce ce dernier mot, qui, je sais, va forcément le faire réagir encore et encore.
Et à force de chercher, on finit toujours par trouver, et, en l’occurrence, c’est Lawrence qui gagne cette première manche quand il ose parler de mon père, qu’il touche à ce point sensible. Il s’en rend compte et évidemment, il en rajoute, mon sang ne faisant qu’un tour quand il feint notamment cette larme qui coule le long de sa joue. Je suis à deux doigts de me lever, mon regard devenant noir, sombre et mes mains resserrant fortement les accoudoirs du fauteuil « Oh, j’ai touché une corde sensible peut-être ? On ne rit plus soudainement ». Je reste silencieuse, comme pour contenir ma colère, alors que je bouillonne telle une cocotte-minute prête à exploser d’un moment à l’autre « Tu trouves ça pas mal moins drôle quand le sujet te concerne on dirait. Tu y penseras à deux fois avant d’essayer de me faire chier la prochaine fois ». « Ferme-la ». Je perds à l’instant même où je finis par m’emporter, que je trahis et confirme par ma réaction surtout que ses mots me touchent. Il jubile évidemment, c’est tout ce qu’il souhaitait et il s’avoue sûrement vainqueur. Au moins, un combat qu’il gagne… pour l’instant « J’ai ramassé ton père saoule dans un bar l’autre fois, quelques jours à peine après qu’il ait fait la morale à Peter sur le même sujet. Je comprends mieux d’où tu tiens ton problème de consommation ». « Tu ne sais STRICTEMENT rien Cabbott ! Je t’interdis de juger qui que ce soit, que ce soit mon père, ou moi ! JAMAIS ! » Je suis catégorique et dans ma tête, pourtant, repasse un boucle cette histoire qu’il me raconte, celle où il aurait retrouvé mon père dans un état lamentable dans un bar. Je peine à le croire, j’ose espérer qu’il me dit cela juste pour m’emmerder et que ces propos ne sont pas véridiques. Mais, en même temps, je me dis qu’il ne peut pas inventer une chose pareille. Alors le doute persiste mais je ne lui montre pas que je l’ignore, et je ne compte pas lui demander plus d’explications que ça. En revanche, la colère en moi est loin d’être retombée. « Et toi alors ? Tu penses pouvoir donner des leçons à mon père ? Quand toi-même tu n’arrives pas à en être un pour ton fils ? Tu ne t’es jamais demandé pourquoi Danika n’a pas voulu que tu le sois pour Maddox ? Elle avait clairement de bonnes raisons quand je vois l’abruti que tu es et que tu as toujours été ! ». Mes mots sont durs et je m’en rends compte à la seconde où je les prononce, alors que j’ai finalement été la première à le défendre face à ma meilleure amie quand, quelques mois plus tôt, Lawrence est venu demander des explications à Dani après avoir découvert sa paternité. Mais je n’accepte pas les paroles et le mépris qu’il a eu à mon égard alors, je fais de même, je contre-attaque. Et je m’attends à voir un Lawrence qui va bondir et exploser en un rien de temps, parce que, si mon point sensible est mon père pour moi, le sien est clairement Maddox.
« Regarde mon camion ». Maddox revient quelques instants après dans le salon pour me montrer fièrement ce nouveau jouet. Je l’observe alors le peu de temps qu’il me laisse pour l’admirer « Il est beau ». Le petit garçon se met alors à faire rouler son camion au sol, activant la sirène et imitant le bruit par-dessus, les éclats de rire en plus. Je le regarde faire, avec un sourire aux lèvres, contente de voir mon filleul heureux avec son nouveau jouet. Cependant, mon attention se reporte rapidement sur Lawrence qui semble ne pas supporter le bruit. Je le vois d’ailleurs perdre patience « Maddox, j’ai mal à la tête. Peux-tu jouer avec un autre jouet… ». J’observe le petit qui ne semble ne pas entendre son père ou, du moins, fais mine de ne pas l’entendre. Ne souhaitant pas que Cabbott perde plus patience et préférant éviter que le petit en prenne pour son grade, je viens à me lever pour attraper Maddox alors qu’il court encore dans tous les sens « Petite crapule viens-la. Tu sais que tata Mia t’a apporté un petit quelque chose » « Ah oui ? quoi ?? ». Je lui dépose un gros bisou sur la joue et part chercher mon sac non loin de là. Je viens m’assoir avec lui sur le tapis du salon, face à la table basse, et face à Lawrence du coup « C’est un petit carnet dans lequel tu vas pouvoir faire plein de beaux dessins. Tu sais, à ton âge, j’en avais un comme ça. Et depuis… » Je cherche alors dans mon sac pour en extirper un « j’en ai toujours un pour écrire ou pour dessiner. Regarde ». Je lui montre surtout les dessins que j’ai pu esquisser, représentant bien souvent un bout de paysage ou des personnages inspirés de personnes passant devant mes yeux « Je vais chercher mes crayons tata !! ». Je ne le quitte pas des yeux lorsqu’il part en courant de nouveau en direction de sa chambre. Et puis, mon attention se porte alors sur Lawrence « Ce sera un peu plus calme ». Mon ton est neutre, je n’attends rien de sa part alors que je range mon carnet dans mon sac.
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« Mais je ne prétends pas vouloir me battre contre toi, Cabbott. En plus, tu n’es pas très fair-play de vouloir t’en prendre à une personne dont tu sais qu’elle n’a pas les compétences pour. Mais, on peut toujours trouver un terrain d’entente… Enfin quand tu seras un peu moins… fragile » Je ricane, l’air mauvais. « Parce que tu penses que je veux m’en prendre à toi? T’as vraiment besoin que je te rappelle que c’est toi qui es arrivée ici en menaçant de me frapper? T’as la mémoire courte ou t’es en train de devenir sénile? Je dois te donner que t’es au moins capable d’avouer que tu n’as pas ce qu’il faut. » Je hoche lentement la tête en l’applaudissant en faisant mine d’être impressionné. À voir la façon dont la soirée se déroule alors qu’elle vient à peine d’arriver, je suis plus convaincu que jamais que nous n’arriverons jamais à nous entendre. Si seulement Danika avait pu choisir quelqu’un d’autre pour jouer le rôle de marraine dans la vie de notre fils…
Je réponds à chacune de ses provocations, incapable de lui laisser la satisfaction d’avoir le dernier mot. Je sais que ça ne durera pas forcément, que je devrai la laisser gagner si ma tête décide que c’est assez alors j’en profite pendant que je me sens assez en forme pour lui tenir tête. Ce n’est pas l’envie de me lever et de partir qui manque, mais je sais que je ne suis pas encore assez solide pour pouvoir aller prendre une marche tout seul, je me fatigue beaucoup trop vite et ça c’est sans parler des étourdissements que je pourrais avoir si j’ai le malheur de faire un mouvement de tête un peu trop brusque. Alors je la provoque en appuyant sur des points sensibles et elle réagit, me motivant un peu plus à continuer. « Ferme-la » Je ne tente même pas d’étouffer le sourire triomphant qui prend toute la place sur mon visage et je continue à lui parler de son père, de l’état dans lequel je l’ai trouvé quelques semaines plus tôt. « Tu ne sais STRICTEMENT rien Cabbott ! Je t’interdis de juger qui que ce soit, que ce soit mon père, ou moi ! JAMAIS ! » Les sourcils froncés, je la regarde de haut en bas en ricanant. « Parce que toi tu gênes de me juger peut-être? Je ne vais pas me gêner d’en faire autant. » Ses réactions font durer mon plaisir jusqu’à ce que, à son tour, elle trouve le sujet pour me faire réagir, pour me faire mal. En un claquement de doigts, mon sourire disparaît pendant que je l’écoute. « Et toi alors ? Tu penses pouvoir donner des leçons à mon père ? Quand toi-même tu n’arrives pas à en être un pour ton fils ? Tu ne t’es jamais demandé pourquoi Danika n’a pas voulu que tu le sois pour Maddox ? Elle avait clairement de bonnes raisons quand je vois l’abruti que tu es et que tu as toujours été ! » Je darde mon regard sur Mia, toute ma colère visible dans celui-ci. Ma mâchoire, elle, est serrée et je me sens à deux doigts d’exploser. « Pardon?! » Elle est allée trop loin. L’espace d’une seconde, je détourne la tête en passant ma langue sur mes lèvres, tentant de retenir toutes mes pensées qui se bousculent de ma tête, en vain. « Parce que c’est moi qui ne suis pas capable d’être un père pour Maddox? Fuck Mia, ton amitié pour Danika te rend aveugle à ce point ou t’es plus stupide que je le pense? » Je l’interroge du regard, ne lui laissant pas le temps de répondre à ma question avant de poursuivre. « Danika m’a menti pendant quatre ans. QUATRE ANS. Toutes ces années pendant lesquelles j’aurais pu être là pour lui, pendant lesquelles Maddox aurait pu avoir un père. Et toi t’es tellement égoïste que t’as rien dit, parce que je suis convaincu que t’étais au courant pendant tout ce temps. T’en as rien à foutre de moi, fine, mais j’espère que tu te sens mal pour ce que t’as fait au petit. » Je prends une pause avant de poursuivre, tellement fâché que j’en ai les mains qui tremblent. Je suis hors de moi qu’elle ose critiquer mon rôle de père alors que j’aurais pris mes responsabilités si j’avais été mis au courant. Qu’il me reconnaisse comme son père, c’est tout ce que je demande. « Tu ne me connais pas Mia, tu ne sais rien de moi. James me connaissait, lui, et s’il avait jugé que je n’étais pas assez bien pour Maddox, il ne m’aurait jamais avoué le mensonge de Danika. Si Maddox n’a pas le père qu’il mérite, c’est de votre faute, pas la mienne. Parce que si ça ne dépendait que de moi, j’aurais été dans sa vie dès sa naissance. C’est mon fils. » Émotif, ma voix vacille sur ces derniers mots et je détourne le regard, incapable de soutenir le sien et qu’elle voit à quel point ses paroles m’ont fait mal.
Heureusement, Maddox était trop occupé à aller chercher son nouveau camion pour être témoin de la violente discussion que nous venons d’avoir. Lorsqu’il revient dans le salon, toutefois, je me sens à deux doigts de craquer tellement la sirène de son camion et ses cris m’agressent, l’altercation entre Mia et moi n’aidant à ce me faire garder mon calme. « Il est beau » Je tente tant bien que mal de les ignorer, d’étouffer le bruit en appuyant mon oreille contre ma paume mais ça ne suffit pas. Je demande donc le plus gentiment que possible de demander à Maddox de jouer avec autre chose, ne désirant surtout pas me fâcher contre lui et surtout pas devant Mia en plus. Heureusement, Mia intervient et elle tente de convaincre le petit de jouer à autre chose. « Petite crapule viens-la. Tu sais que tata Mia t’a apporté un petit quelque chose » « Ah oui ? quoi ?? » « C’est un petit carnet dans lequel tu vas pouvoir faire plein de beaux dessins. Tu sais, à ton âge, j’en avais un comme ça. Et depuis… j’en ai toujours un pour écrire ou pour dessiner. Regarde » « Je vais chercher mes crayons tata !! » Maddox quitte le salon en direction de sa chambre et je ne peux réprimer un bruyant soupir de soulagement. « Ce sera un peu plus calme » Je relève les yeux vers ceux de Mia, mon regard beaucoup plus doux que les précédents, et je hoche un coup la tête pour la remercier avant de me pencher pour enlever les batteries du camion de Maddox avant qu’il revienne au salon. « Pourquoi t’es ici Mia? » Cette question me brûle les lèvres depuis son arrivé et je ne peux m’empêcher de lui demander. Danika aurait pu demander à n’importe qui d’autre de venir ici ce soir, pourquoi elle? Et pourquoi Mia avait-elle accepté? J’espère que Dan ne rentrera pas trop tard ce soir.
« Parce que tu penses que je veux m’en prendre à toi ? T’as vraiment besoin que je te rappelle que c’est toi qui es arrivée ici en menaçant de me frapper ? T’as la mémoire courte ou t’es en train de devenir sénile ? Je dois te donner que t’es au moins capable d’avouer que tu n’as pas ce qu’il faut ». J’affiche un faux air attristé, le regardant toujours avec dédain « Oh, pauvre Lawrence qui a peur de se faire frapper par une femme… Tu me ferais presque de la peine ». Je n’ai pas le temps de renchérir davantage, à regret car je me serai fait un malin plaisir de répondre encore à sa provocation dans sa dernière phrase. En effet, Maddox vient en courant dans ma direction pour me saluer, mon expression du visage changeant du tout au tout lorsque je vois le petit garçon sauter dans mes bras. Il est hors de question que nous poursuivons cette dispute stupide devant lui, alors je préfère ignorer Lawrence… du moins jusqu’à ce que le gamin reparte dans sa chambre pour aller me chercher un jouet qu’il tient absolument à me montrer…
Car il m’est incapable de l’ignorer plus longtemps, surtout quand je vais devoir passer la soirée à ses côtés. Je pourrais en effet, jouer les ignorantes, ne pas le calculer et profiter du temps qu’il m’est offert avec mon filleul. Mais, ça a toujours été comme ça entre Cabbott et moi. La moindre occasion offerte lorsqu’on se croisait, le moindre geste, le moindre mot qui pouvait nous permettre d’envoyer une pique à l’autre était saisie. Cette fois, c’est évident ce KO qu’il a eu lors de son combat quelques jours plus tôt. Je ne peux pas ne pas y aller de mon petit commentaire. Seulement, on commence sur ce sujet qui en amène un autre. Sa manière à lui de m’atteindre est toute trouvée. Mon père. Mon père qu’il prétend avoir ramasser à la petite cuillère un soir, complètement ivre, au détour d’un bar. Il marque des points, je dois l’avouer, il a trouvé LE point sensible, celui sur lequel il ne fallait pas appuyer pour me mettre en colère. Effet immédiat garanti. Car je vrille, je ne tolère pas qu’il parle de mon paternel quand il ne le connait même pas. Quand j’ai des doutes sur la véracité de ses propos. Mais, finalement, c’est tout ce qu’il cherche le Cabbott. Et il y arrive non sans mal. Et il jubile. Ce sourire sur son visage alors que je lui demande de la fermer l’atteste, tout ce petit ricanement lorsque je lui demande de ne pas me juger moi ou mon père « Parce que toi tu te gênes de me juger peut-être ? Je ne vais pas me gêner d’en faire autant ». Et comme il a pas tort, je me tais, et je continue même sur ce chemin. Parce que la colère prend le dessus et je décide de l’attaquer plus fort encore, appuyer là où je sais que pour lui, ça fera mal aussi. Son rôle de père qu’il n’a pu assumer auprès de Maddox, ce rôle qu’il lui ai difficile de tenir parce que l’enfant n’est pas encore prêt à l’accueillir dans sa vie. Je sais que mes mots sont cruels, je sais que cela va le faire vriller, mais c’est tout ce que je trouve pour me venger. C’est aussi tout ce que je trouve pour gagner cette bataille de mots que nous avons entamés depuis quelques minutes déjà « Pardon ?! ». L’explosion est imminente et son sourire finit par disparaitre quand, moi, en revanche, je retrouve le mien. Le décompte est lancée… « Parce que c’est moi qui ne suis pas capable d’être un père pour Maddox ? Fuck Mia, ton amitié pour Danika te rend aveugle à ce point ou t’es plus stupide que je le pense ? ». Mon sourire est encore plus grand quand je vois son agitation, alors que mes jambes sont croisées, que mes bras sont posés de part et autre sur les accoudoirs et que j’observe cette scène avec un certain plaisir, cet air triomphant d’être parvenue à mes fins. « Danika m’a menti pendant quatre ans. QUATRE ANS. Toutes ces années pendant lesquelles j’aurais pu être là pour lui, pendant lesquelles Maddox aurait pu avoir un père. Et toi t’es tellement égoïste que t’as rien dit, parce que je suis convaincu que t’étais au courant pendant tout ce temps. T’en a rien à foutre de moi, fine, mais j’espère que tu te sens mal pour ce que t’as fait au petit ». Mon sourire s’estompe et mes sourcils se froncent face à son accusation. Je n’apprécie pas qu’il puisse me mettre ça sur le dos, surtout quand ce n’était pas de mon ressort de décider s’il devait être au courant ou non. Il l’ignore et l’ignorera toujours parce que je ne comptais pas lui avouer, mais je n’ai pas toujours été d’accord avec le choix que Danika a fait de ne rien lui dire. J’ai été là pour elle, je l’ai soutenu quand même parce qu’elle est ma meilleure amie, mais je me suis toujours soucié du bien être de mon filleul aussi. Et pour moi, il était primordial qu’un jour ou l’autre, il apprenne qui était son véritable père… et donc que lui, l’apprenne également. Je préfère rester silencieuse alors que je vois ses mains tremblantes et qu’il reprend à nouveau la parole « Tu ne me connais pas Mia, tu ne sais rien de moi. James me connaissait, lui, et s’il avait jugé que je n’étais pas assez bien pour Maddox, il ne m’aurait jamais avoué le mensonge de Danika. Si Maddox n’a pas le père qu’il mérite, c’est de votre faute, pas la mienne. Parce que si ça ne dépendait que de moi, j’aurai été dans sa vie dès sa naissance. C’est mon fils ». Je sens sa voix tremblante, je vois aussi qu’il fuit mon regard et à cet instant, je regrette. Je regrette d’avoir poussé le vice à ce point, d’avoir cherché à lui faire mal en parlant de Maddox. J’ai devant mes yeux au final la preuve que Lawrence Cabbott méritait sa place auprès de son fils. Parce que je vois à quel point il est blessé de ne pas avoir été présent dès le début mais aussi à quel point il est capable de tout pour trouver sa place auprès de Maddox. S’il détourne le regard, il ne verra pas cette culpabilité sur mon visage, cet air attristé. Parce que même si je n’ai jamais porté l’homme qu’il est dans mon cœur, et que cela n’arrivera sûrement jamais, je reste quand même humaine et m’en veux de l’avoir blessé à ce point. Alors, à défaut de lui dire, une certaine fierté reprenant tout de même le dessus, je ne lui réponds rien, laissant le silence s’installer avant que Maddox ne refasse irruption dans le salon.
Il me montre son camion, bien trop bruyant qui agace son père, ce même père qui, du fait de son incident, ne tolère pas le bruit. Alors, pour apaiser les choses et peut-être aussi pour éviter que les nerfs de Lawrence finissent encore par exploser, je propose au petit garçon d’aller chercher des crayons de couleurs pour dessiner dans ce petit carnet que je lui ai offert. Je me permets de faire un commentaire à Lawrence en lui disant qu’ainsi ce sera un peu plus calme. Il hoche la tête simplement en guise de réponse, en profitant pour retirer les piles du camion de pompier de son fils avant qu’il ne revienne « Pourquoi t’es ici Mia ? ». Mon regard retrouve le sien alors que je suis assise de l’autre côté de la table basse en tailleur. Je soupire alors que j’attrape un crayon pour venir écrire le prénom de Maddox dans son carnet « Je suis là pour le petit. Danika estimait que ce n’était pas safe que tu restes avec lui tout seul. Je suis venue. Pour lui et pour elle ». Mon ton est ferme et catégorique, je ne voulais pas laisser entendre que j’étais là pour lui, car ce n’était clairement pas le cas. « Je sais que ça t’enchante pas, et crois moi, moi non plus, mais je pense qu’on peut autant faire l’effort toi et moi pour une soirée. On est bien conscient autant l’un que l’autre qu’on ne pourra pas devenir amis, mais pour Dani et Maddox, on peut essayer de se tolérer ». Parce que je tenais à eux et que je sais qu’il en était de même pour lui. Maddox revient alors en courant avec ses crayons de couleur. Il prend place entre mes jambes à moitié debout pour atteindre la hauteur de la table et se met à griffonner quelques petites choses, montrant fièrement le résultat à son père de temps à autre, l’invitant aussi à dessiner à son tour quand il ne savait pas réaliser certains dessins.
***
Je reviens de la chambre de Maddox qui s’est rapidement endormi après la lecture d’une histoire. J’avance alors dans le salon où Cabbott s’y trouve toujours. Je finis par reprendre place dans le fauteuil alors, un silence s’installant. Je jette un coup d’œil vers Lawrence qui a le regard perdu dans le vide tandis que je sors mon téléphone pour répondre à un message. Je soupire alors car ce silence est un peu pesant « Mon amitié pour Dani ne me rend pas aveugle. Et je suis consciente que le choix qu’elle a fait n’est pas forcément le meilleur. Mais elle avait ses raisons de le faire. Je l’ai soutenu c’est tout. Ce n’était pas à moi de lui dire ce qui était le mieux pour elle, pour Maddox ou pour toi. C’était sa décision, je n’avais pas mon mot à dire dessus ». Je reviens sur cette conversation, cette dispute que nous avons eu un peu plus tôt quand je l’ai attaqué sur sa paternité. Je sais que j’y suis allée un peu fort, et même si je ne cherche pas à me faire pardonner, ni même à m’excuser auprès de lui, je tiens quand même à lui dire le fond de ma pensée à ce sujet. « Je t’interdis de m’accuser de quoi que ce soit vis-à-vis de Maddox. J’ai toujours été présente pour lui et ça ne changera jamais ». Parce que je sais aussi que ce rôle que j’ai auprès de lui ne l’enchante pas, mais ça, il devra faire avec, en revanche. « Et non, je ne te connais pas Lawrence, mais j’ai confiance dans le choix qu’a fait James de t’en parler dans cette lettre ». Je n’ajoute rien de plus, reportant mon attention sur mon portable.
I’m just trying to tolerate you tonight -- @Mia McKullan
« Oh, pauvre Lawrence qui a peur de se faire frapper par une femme… Tu me ferais presque de la peine » Un petit sourire au coin des lèvres, je secoue négativement la tête en riant silencieusement. Mia est dans le champ mais je devine à son attitude qu’elle dira n’importe quelle niaiserie pour avoir le dernier mot, quitte à déformer les miens. « Laisse tomber, t’es trop blonde pour pouvoir comprendre. » dis-je en la regardant avec dédain avant de rapporter mon attention sur Maddox qui vient nous rejoindre dans le salon. J’aurais peut-être dû me priver de lui répondre mais je me doute qu’il ne comprendra pas du tout la connotation péjorative de mon commentaire. Si j’avais vraiment peur de me faire frapper par une femme, autant dire que je n’aurais jamais défié Danika au dojo quatre ans plus tôt. Parce que s’il y en a bien une qui a réussi à m’asséner un coup en pleine gueule, c’est bien Danika. Pour quelqu’un qui a supposément peur, on ne peut pas dire que je me suis sauvé en courant ce soir-là mais je n’ai pas envie de m’étaler sur les détails de cette soirée avec elle.
Malgré les années qui se sont écoulées depuis que nous nous connaissons, Mia et moi n’arrivons toujours pas à nous sentir et ce n’est visiblement pas près de s’améliorer au vu de la confrontation brutale que nous alimentons tous les deux en ajoutant un commentaire odieux chacun notre tour dans l’espoir d’atteindre l’autre. Je fais le fier en voyant que mes mots l’atteignent mais Mia me prouve rapidement que ce petit jeu peut se jouer à deux en détournant la conversation sur moi plutôt que sur son père. C’est à son tour de pouvoir se réjouir d’avoir trouvé ma faiblesse et ça m’enrage de savoir qu’elle sait maintenant comment m’atteindre. Parce que lorsqu’elle aborde le sujet de ma paternité et de mon absence dans la vie de Maddox, je suis incapable de me retenir et de faire comme si ses paroles me passaient dix pieds par-dessus la tête. J’explose et je ressens le besoin de me justifier alors que je sais qu’elle ne sera jamais de mon côté, peu importe ce que Danika pourrait bien dire ou faire. Je lui exprime ma frustration sans retenue, m’arrêtant seulement lorsque mes émotions prennent un peu trop de place et que ma gorge se serre. Étonnement, Mia ne rajoute rien, laissant plutôt place à un silence pesant jusqu’à ce que Maddox revienne au salon. Sa présence est salvatrice.
Mia s’assoit par terre pour dessiner avec le petit et je ne peux m’empêcher de lui demander pourquoi elle est ici alors que, on ne va pas se mentir, je sais qu’elle ne m’a jamais porté dans son cœur. « Je suis là pour le petit. Danika estimait que ce n’était pas safe que tu restes avec lui tout seul. Je suis venue. Pour lui et pour elle ». Ses paroles ont le mérite d’être claires et elles ne me surprennent guère. Il aurait été plutôt étonnant qu’elle s’inquiète réellement de ma condition et qu’elle soit ici pour moi. « La prochaine fois c’est pas la peine, je vais m’arranger pour trouver quelqu’un d’autre. » grommelé-je en soupirant bruyamment. Malgré mon côté grognon, j’ai étonnamment quelques amis et je suis convaincu qu’au moins l’un d’eux aurait accepté de venir passer la soirée avec moi, sans oublier Mila et Stacey. Et en dernier recours, je sais que mes parents auraient été plus qu’heureux de rencontrer le petit, il serait plus que temps de les laisser prendre la place qui leur revient dans ma vie. « Je sais que ça t’enchante pas, et crois moi, moi non plus, mais je pense qu’on peut autant faire l’effort toi et moi pour une soirée. On est bien conscient autant l’un que l’autre qu’on ne pourra pas devenir amis, mais pour Dani et Maddox, on peut essayer de se tolérer » Je lève les yeux au ciel face à l’hypocrisie de ses paroles tandis que c’est elle qui a déclenché les hostilités dès qu’elle a mis le pied dans l’appartement. Ce n’est pas l’envie de lui répondre qui manque, néanmoins, je me retiens pour Maddox qui apprécie bien trop sa marraine à mon goût. Il revient d’ailleurs dans le salon avec ses crayons et je le regarde dessiner en silence, les rejoignant au sol avec plaisir lorsqu’il me demande mon aide. Nous dessinons tous les trois pendant un moment jusqu’à ce qu’il soit l’heure que le petit ait au lit.
Pendant que Mia s’occupe d’endormir Maddox dans sa chambre, je prépare le canapé-lit sur lequel je m’allonge. N’ayant absolument rien à faire, je me perds dans mes pensées en fixant le plafond. Du coin de l’œil, j’aperçois Mia qui revient prendre place dans le fauteuil du salon mais je préfère l’ignorer, espérant que Danika rentre bientôt. La voix de la blonde me sort toutefois de mes pensées. « Mon amitié pour Dani ne me rend pas aveugle. Et je suis consciente que le choix qu’elle a fait n’est pas forcément le meilleur. Mais elle avait ses raisons de le faire. Je l’ai soutenu c’est tout. Ce n’était pas à moi de lui dire ce qui était le mieux pour elle, pour Maddox ou pour toi. C’était sa décision, je n’avais pas mon mot à dire dessus ». Je fronce les sourcils en tournant la tête vers elle, surpris qu’elle ait eu si peur de faire part de son opinion à Danika alors qu’elle ne semble avoir aucun filtre en ma compagnie. « As-tu au moins essayé de lui faire entendre raison? » Je peux bien comprendre qu’elle l’a soutenue mais pas qu’elle l’ait laissé faire sans lever le petit doigt. Mia devait bien se douter que je ne réagirais pas bien en apprenant la nouvelle et si j’avais été à sa place, je n’aurais pas hésité une seconde de dire à mon amie que le silence n’était pas la solution et que ça ne ferait que remettre tout à plus tard en plus d’aggraver le problème pour tout le monde. « Je t’interdis de m’accuser de quoi que ce soit vis-à-vis de Maddox. J’ai toujours été présente pour lui et ça ne changera jamais » « T’es peut-être sa marraine mais moi je suis son père. Que tu le veuilles ou non, je n’ai pas l’intention d’aller nulle part moi non plus.» affirmé-je avec conviction sans la quitter des yeux. « Et non, je ne te connais pas Lawrence, mais j’ai confiance dans le choix qu’a fait James de t’en parler dans cette lettre » dit-elle en rapportant son attention sur son téléphone tandis que je la fixe en silence, abasourdi de l’entendre dire quelque chose de positif à mon égard. Même si je ne lui dirai probablement jamais, ses mots me font du bien et me rassurent tandis que j’ai l’impression de nager à contre sens à tenter de prendre ma place de père auprès d’un enfant qui refuse de reconnaître qui je suis pour lui. Satisfait, je ne réponds rien et je ferme les yeux pour me reposer, rejoignant rapidement les bras de Morphée.