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 barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch

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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyVen 19 Fév 2021 - 22:44

barefoot on the grass, listening to our favourite song (ft. @Enoch Adelson :l: )

Cette expédition est prévue depuis un mois déjà, Jean a prévu de se rendre en périphérie de Melbourne, à 18 heures de route de Brisbane, pour réaliser un reportage sur l’usine incendiée de de Campbellfield. En 2019, un incendie a ravagé cette usine de produit chimique déversant dans l’atmosphère des fumées toxiques pendant quatre jours qu’il fallu aux autorités pour éteindre le feu. Les lieux sont maintenant abandonnés et c’est le lieu parfait pour le premier reportage auto-produit de Jean. Elle va y aller, explorer les lieux, prendre des photos, chercher d’éventuelles pistes et interroger les habitants de la région. Elle a même réussi à obtenir un rendez-vous avec l’ancien contre-maître de l’usine, elle est sûre que c’est une occasion réelle de faire quelque chose d’important, de sensibiliser le public, d’alerter le gouvernement sur ce genre de gestion illégale du stockage de déchets toxiques et inflammables…

Elle ne parle que de cette virée depuis des semaines. Et elle en a parlé à Enoch également, il a eu l’air presque jaloux et a proposé en plaisantant de l’accompagner parce qu’il se trouve qu’il est en vacances pendant ces dates. Elle a ri avec lui à sa remarque, puis elle y a pensé sérieusement. Il a beau faire illusion, Jean sait bien qu’il ne va toujours pas bien Enoch et alors elle lui a proposé deux jours avant de l’accompagner dans son périple. l’exploration urbaine est un de ses hobbies et finalement, il sera bien plus facile de pouvoir lui faire porter la caméra de temps en temps. Elle n’a pas osé annoncer à Matthias qu’elle partait avec Enoch et qu’ils allaient partager une tente pour les quelques nuits passées sur la route et sur place, elle imagine déjà ce qu’il aurait dit. Après tout, elle le comprendrait, elle aurait pu lui demander à lui de venir, il aurait été en plus bien plus compétent pour gérer la caméra qu’Enoch et son diplôme en pédiatrie. Mais elle avait prévu ce road trip toute seule, pas avec son mari, partir avec un ami qui a besoin d’elle c’est différent. En tous cas c’est ce dont elle se convainc.

Ils ont roulé pendant quasiment quatorze heure sur cette première journée, se relayant au volant, dans la bonne humeur et la fatigue. Il leur restera quatre heures de route le lendemain avant d’arriver sur les lieux de la catastrophe. Si Jean n’avait pas eu autant de matériel à transporter et que les caisses de transport n’étaient pas hors budget, elle aurait fait une exception à son aversion de l’avion… Elle n’est même pas sûre de polluer moins dans sa voiture que dans l’avion et de toutes façons, elle n’avait pas d’autre choix. Voilà pourquoi les deux amis se retrouvent garés au milieu de nul part dans le bush Australien, en train de monter une tente pour passer la nuit plus confortablement que sur les sièges durs de sa voiture. « Attends, je vais t’aider, tu fais n’importe quoi là ! » s’esclaffe-t-elle en le voyant se noyer à moitié sous le tissus qu’il tente de placer sur la structure en arc de la tente. Jean abandonne le grand matelas qu’elle était en train de gonfler et vient se glisser sous le tissus pour maintenir la structure en place. « Vas-y, contente toi de la toile, je tiens le reste ! » Ils sont tous les deux sous ce chapiteau que les bras d’Enoch font virevolter, ça a un côté régressif, comme s’ils construisaient une cabane d’enfants avec une couverture drapée entre des meubles. « Non attends, tu l’as mis à l’envers je crois ! » qu’elle se moque avec un rire enfantin, ça lui rappelle de bons souvenirs avec son frère jumeau, il y a longtemps, bien avant que tout ne devienne compliqué entre eux.
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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptySam 20 Fév 2021 - 20:30

Toute cette histoire part d’une simple blague, d’une insistance un peu lourdingue dont moi seul est le secret. Par un hasard de calendrier, le voyage prévu par Jean tombe la même semaine que mes vacances. La Atwood la découvert et nos rôles se sont inversés. C’est elle qui s’est mise à insister pour que je vienne alors que je serais bien resté à Brisbane accroché telle la moule à son rocher pour passer du temps avec les jumeaux. La découverte de la maladie de Siobhan a été un choc et m’a affecté peut-être plus que de raison. La fibrose kystique dont elle souffre la suivra à vie cependant les traitements actuels sont suffisamment efficaces pour permettre à la personne atteinte de vivre une vie normale. Le hasard de la génétique est cruel et il n’y a personne à blâmer pour ça. Jean sait que je me serais morfond sur moi-même et c’est pour ça qu’elle me tolère dans son expédition abracadabrantesque. On a le même défaut, on aime jouer les super-héros mais on est incapable de se sauver soi-même. Elle a été mon héroïne au moment le plus douloureux de mon existence et pour cette raison je lui suis redevable. Je ne sais pas si ce road trip est une bonne chose, mais au moins je peux veiller un tant soit peu sur elle même si Jean niera en avoir besoin. Tout comme je nie moi-même son aide la plupart du temps. La journaliste est du genre à se donner à fond pour son travail. Pour moi ce voyage est plus un agrément cependant j’ai bien conscience que je serai son assistant improvisé et je ne compte pas faillir à cette tâche. Finalement je me fais à l’idée que nous n’allons que nous entraider durant ce voyage et rien d’autre.  

La route est d’ordinaire longue pour aller à Melbourne, approximativement dix-huit heures. D’ordinaire j’aurais trouvé le temps long, la voiture n’étant pas mon moyen de locomotion favori. Pourtant la journée défile bien trop rapidement à mon goût. On trouve de quoi s’occuper dans la voiture. Musique, discussions superficielles ou plus sérieuses, anecdotes, jeu, moment de silence… Chacun notre tour, on prend le volant sur une durée de deux heures afin de laisser à l’autre le temps de se reposer un peu. On traverse la majeure partie de l'État du New South Wales cependant la nuit ne tarde pas et l’obscurité envahit les paysages ne laissant que les phares de sa voiture pour nous guider alors que la disparition des nuages laisse entrevoir une voûte étoilée. Alors que je conduis, je sens ma partenaire de roadtrip piquer du nez. “ On va s’arrêter là pour aujourd’hui. Sinon le copilote va s’endormir.” Je ne peux m’empêcher de douter sur le fait que Jean aurait été capable de faire ce trajet en une journée bien qu’elle m’ait assuré le contraire.

Nous sommes au milieu de nulle part, quelque part dans l'État de Nouvelle-Galle du Sud et dans une zone blanche, seuls. Je suis rassuré qu’elle ne soit pas seule bien que je ne doute aucunement de son talent d’adaptation et de sa résilience. S’il y a bien une chose sur laquelle j’avais insisté, c'est qu’elle ne parte pas seule au cas où. A ce moment j’étais loin de me douter que j’aurais ce privilège-ci. On improvise la construction d’un camp de fortune. L’australienne s’occupe du matelas tandis que je me charge de la tente. Elle me demande si j’ai besoin d’aide pour la monter. “Non t'inquiètes je vais gérer.” Ahaha, c’est plutôt la tente qui me gère quelques minutes plus tard. “ Attends, je vais t’aider, tu fais n’importe quoi là !” “ Mais non j’y suis presque regarde.” dixit moi qui me perd dans la toile m’étant tombée dessus. Je ris aux éclats. Mon héroïne intervient pour m’aider à me dépatouiller de cette sordide histoire. L’on se retrouve tout les deux sous la tente alors que je tente tant bien que mal de mettre en place cette foutue toile alors que ma partenaire me donne des ordres.   “ Non attends, tu l’as mis à l’envers je crois !” “ Ah oui.” On repassera sur mes capacités à savoir monter une tente seul. “ Promis je suis plus doué pour allumer un feu ou tenir une caméra que pour monter une tente.” J’en ris car rien n’est moins certain. Après une ultime tentative, on réussit enfin à installer cette tente. "Heureusement que j’étais là.” que je lui lance pour la narguer alors qu’elle a fait 90% du boulot. “ Toute cette histoire m’a ouvert l’appétit, pas toi ?” que je lui lance avec un rictus amusé.

Je la laisse retourner vaquer à gonfler le matelas tandis que je m’occupe, avec plus de succès, à allumer un feu. L’avantage c’est qu’ici le climat est tempéré et qu’il n’est pas trop compliqué de trouver de quoi nourrir le foyer ardent. Je m’étais chargé de la préparation de la nourriture avant de venir, ne connaissant que trop bien les talents limités de ma comparse dans le domaine. Hors de question de faire dans le basique et de manger des vieux sandwichs. Tortillas de pomme de terre et bagels veggie sont au menu. Sans oublier le dessert, des chamallows faits maison allégés en sucre. En espérant que le tout plaise à madame. L’on prend place autour du feu et une question me vient sur son travail évitant d’aborder certains autres sujets. “ Tu penses que ton reportage sur cette centrale de produit chimique dévastée va te permettre de mettre en avant de nouveaux éléments qui vont pouvoir faire décoller ta carrière ? ” C’est presque idiot comme question, l’affaire remonte à plus d’un an maintenant cependant Jean avait surement de la suite dans les idées. En fait, je cherche simplement à savoir à quel point cette enquête est importante pour elle.  “ Je suis touché que tu m’autorises à être ton assistant, je tâcherais d’être à la hauteur. ” Les flammes tourbillonnantes dans la nuit étoilée dissimule la légère teinte rouge que prennent mes joues.

@Jean Atwood barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch 873483867
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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyDim 21 Fév 2021 - 0:28

barefoot on the grass, listening to our favourite song (ft. @Enoch Adelson :l: )

Le trajet a été si long et est pourtant passé si vite, ils ne sont jamais arrivés à court de conversation, ils ont ri, ils ont chanté, ils ont joué à des jeux idiots comme le ni oui ni non et tout cela les a maintenus éveillés pendant cette journée interminable de route. Il ne reste que quatre heures et Jean aurait tendance à vouloir pousser encore un peu mais elle tombe de fatigue et Enoch le remarque bien entendu. Ils font donc une pause pour la nuit. Si elle avait fait ce voyage seule, elle aurait mis deux jours entiers à faire le trajet et en tirant clairement sur la corde. Elle est bien contente qu’il ait accepté, ils arriveront plus vite sur place et elle aura plus de temps pour réaliser son reportage. Ils commencent d’abord par monter la tente dans une ambiance de franche rigolade et Jean vole à son secours, après tout c’est sa tente et elle n’est pas vraiment facile à comprendre la première fois. “Promis je suis plus doué pour allumer un feu ou tenir une caméra que pour monter une tente.” « Ça, ça reste à prouver. » s’esclaffe-t-elle. « Je ne crois que les faits étayés par des preuves irréfutables ! » ajoute-t-elle en prenant une pose d’intello, déformation professionnelle.

Finalement, la tente est montée et Enoch fanfaronne : "Heureusement que j’étais là.” « Hum, hum, bien sûr. » acquiesce-t-elle sur un ton sarcastique, mais en réalité oui, heureusement qu’il est là. Peut-être pas pour le montage de la tente, mais surtout parce qu’il s’est chargé de préparer les repas pour leur périple, Jean n’aime pas cuisiner, cela lui vole du temps sur son temps de travail. Et d’ailleurs, tandis que Jean s’affaire à gonfler le matelas, Enoch glisse : “ Toute cette histoire m’a ouvert l’appétit, pas toi ?” Les yeux de la journaliste s’illuminent dans l’obscurité : « J’ai une faim de loup... » confirme-t-elle en se disant que l’analogie était peut-être peu adaptée, elle avait rarement vu des loups vegans. Tandis que Enoch s’occupe d’allumer le feu, elle finit de gonfler le matelas, le range dans la tente, puis y déplie les sac de couchage, la couverture supplémentaire qu’elle a prévu, elle y installe une lampe pour plus tard, et y range leurs sacs de fringues. Ils sont parés pour la nuit. Elle vient finalement rejoindre Enoch auprès du feu, elle s’assoit à ses côtés et son regard se perd dans les flammes pendant quelques secondes. “ Tu penses que ton reportage sur cette centrale de produit chimique dévastée va te permettre de mettre en avant de nouveaux éléments qui vont pouvoir faire décoller ta carrière ? ” Son regard s’illumine à nouveau, elle est toujours ravie de parler de son travail. « Je ne sais pas, j’espère. Mais j’ai un contact qui travaillait sur place à l’époque, on va aller l’interviewer. Il a laissé entendre qu’il a des choses à dire… Tu te rends compte ! Ce serait un reportage qui pourrait passer sur une chaîne nationale ! » Ça pouvait être ça le reportage qui ferait d’elle une journaliste reconnue, c’était son occasion, sa chance, elle le sentait. Et une fois qu’elle serait enfin respectée, elle pourrait changer vraiment les choses, couvrir des sujets importants, obtenir les moyens de mener de vrais investigations. “ Je suis touché que tu m’autorises à être ton assistant, je tâcherais d’être à la hauteur. ” Elle lui offre un sourire franc de reconnaissance et finit par avouer : « C’était une idée de merde de venir seule, merci à toi co-pilote. »[/color] Et elle le pousse légèrement du poing dans l’épaule, sans force réelle, juste comme une marque un peu maladroite de son affection et de sa reconnaissance.

« Voyons déjà si t’as été à la hauteur au niveau logistique ! » dit-elle en saisissant le tupperware qu’il a placé devant elle. Elle considère le contenu à la lueur diffuse du feu. « Attends, c’est de la tortilla ? » Elle est un peu gênée, elle pensait qu’Enoch avait compris depuis le temps qu’ils se côtoyaient qu’elle ne mange pas d’œufs. Elle avise le baggel et prie pour qu’il soit vegan, tout cela a l’air si appétissant ! Si elle ne peut rien manger, elle va mal le vivre. « Tu as mis quoi dans le baggel ? Tu te souviens que je suis vegan, hein ? » lui demande-t-elle sur le ton de la taquinerie, mais elle espère qu’il va lui confirmer qu’il y a pensé. Sinon, elle est bonne pour manger des chips.
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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyVen 26 Fév 2021 - 22:04

Je me laisse parfois aller à la lascive pensée que le temps défile deux ou trois fois plus rapidement lorsque je suis auprès de Jean. Je ne comprends pas comment les journées deviennent des heures et les heures des minutes. Je n’ai pas vu les kilomètres défiler et si je n’étais pas devant le fait accompli que nous avions pratiquement traversé un état entier, je dirais que nous sommes encore dans le Queensland. Cette sensation est autant réconfortante qu’effrayante et j’évite de vraiment y prêter attention plus que nécessaire pour me focaliser sur du concret. Dans le cas présent, monter cette tente. Pour l’instant c’est plutôt elle qui me démonte plus qu’autre chose et je suis obligé d’attendre que la journaliste vienne me filer un coup de main pour parvenir à reprendre le contrôle d’une situation qui marquera nos mémoires. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Pour sauver mon orgueil de cette situation délicate j’argumente que je suis plus doué pour exécuter d’autres tâches.  “ Ça, ça reste à prouver.” Elle rit et j’en fais de même. “ Je ne crois que les faits étayés par des preuves irréfutables ! ”.  “Tu me diras, si un type fout le feu au bush australien, tu pourras rapidement être sur place au moins.” J’hausse les épaules en plissant des yeux rapidement. Sait-on jamais. Finalement, la tente semble à peu près tenir debout et je ne peux m’empêcher de frimer du peu d’utilité que j’ai eu dans cette tâche.

Je sais déjà d’avance que mon échec de la tente sera pardonné par les plats que j’ai préparés. Je ne suis pas un chef cuistot mais je pense que je me débrouille plutôt pas mal. Ironiquement, c’est le fait d’avoir des gosses qui m’a poussé à améliorer mon non-talent en cuisine et autant dire que je partais de très loin, puis finalement avec le temps les choses se sont améliorées lentement. Pour tout dire j’attends non sans une certaine hâte son retour sur les plats concoctés. Ce n’est pas tout les jours que je tentais de faire de la cuisine végane et il faut bien avouer que je nageais en eaux troubles et qu’il y a peut-être eu deux ou trois petits échecs. Mais l’important c’est le chemin parcouru et le résultat final non ? Il y a quelques années j’aurais été totalement insensible à ce genre de choix et je ne me serais pas embêté à explorer d’autres chemins. Mais grâce à Martin et aux deux petites terreurs, je suis plus ouvert sur certains sujets comme la préservation de la planète. Cependant jamais je n’imposerai ce mode de vie (que je ne suis pas) à mes enfants, ils feront leur propre choix.  « J’ai une faim de loup... »“Tu m’en vois ravi ” D’autant plus qu’il y a de quoi faire. Est-ce que j’ai été un peu excessif dans les proportions ? Peut-être.

Je prépare le feu sans réelles difficultés et je sors du sac glacière nos victuailles se trouvant dans des tupperware en verre. Je jette un coup d'œil pour voir si la nourriture n’a pas trop souffert de notre périple, ma tendance à être carré, d’autres diraient maniaque, me suit jusque dans la présentation de mes assiettes ou présentement des boîtes de verres. Disons simplement que j’aime les choses quand elles sont ordonnées. J’entends Jean s'approcher du feu et prendre place. Je ne peux m’empêcher de la questionner sur son, enfin devrais-je dire notre, travail. Je sais que nous allons vers une usine de pétrochimie, ou du moins ce qu’il en reste cependant ce que je cherche à savoir c’est à quel point c’est important pour elle. Je connais une infime partie des ces rêves parmi lesquels se trouvent l’espoir de percer dans le milieu journalistique.  “ Je ne sais pas, j’espère. Mais j’ai un contact qui travaillait sur place à l’époque, on va aller l’interviewer. Il a laissé entendre qu’il a des choses à dire… Tu te rends compte ! Ce serait un reportage qui pourrait passer sur une chaîne nationale !” Est-ce que la pression sur mes épaules vient d’être multipliée par 4 ? Non pas du tout, c’est vraiment pas le cas. J’ai pas interet de bourder ou quoique se soit. Si jamais elle rate ce possible tremplin par faute… je préfère bien vite éloigner cette pensée négative de mon esprit et me concentrer sur quelque chose de plus réjouissant. Je la remercie de m’avoir choisi en tant qu’assistant.  “ C’était une idée de merde de venir seule, merci à toi co-pilote.” Je la gratifie d’un clin d'œil alors que je sens son poing venir se caler sur mon épaule. J’hésite à lui rendre son petit coup mais cela provoquerait certainement un échange d’enfantillage pour savoir qui parviendrait à faire tomber l’autre en premier. Ou alors peut-être bien que je suis trop influencé par certaines personnes de mon entourage.

Voyons déjà si t’as été à la hauteur au niveau logistique !”C’est là où je commence à croiser les doigts tout en espérant bien la surprendre. Je l’observe, j’attends de voir quelle mine elle va faire. Si je n’avais pas le pressentiment d’être un stalkeur, je me laisserai aller à chercher et trouver chacune de ses mimiques. Cependant je me cantonne simplement aux plus flagrantes. Elle ouvre le contenant et semble afficher un certain désarroi.  " Attends, c’est de la tortilla ?” J'acquiesce simplement d’un hochement de tête. “ Tu as mis quoi dans le baggel ? Tu te souviens que je suis vegan, hein ?“Je ne m’en souviens tellement pas qu’il n’y a ni œuf, ni lait d’animaux, ni de chair d’un quelconque animal dans ce que tu vois là ” Un malicieux sourire s’affiche sur ma face.  “Pommes de terre, oignon rouge, omelette végétale et huile d’olive. Et presque une heure de cuisine.” Je lui tire la langue. La tortilla est un plat normalement facile et rapide à faire mais sans les œufs, la cuisson se révèle être bien plus longue. Le tofu soyeux et la farine de pois chiche qui sont les deux ingrédients essentiels de la pâte mettent plus de temps à cuire que les oeufs. “Quand au bagel, c’est du chou kale, des lamelles de concombres, un chouia d’oignon rouge, un avocat et un assaisonnement que je te laisserai deviner. La seule chose qui n’a pas été faite maison, c’est la cream cheese mais je l’ai acheté normalement vegan. ” Je lui fais une description précise car madame veut des faits détaillés, elle les a désormais. “Tu n’as plus qu’à goûter pour vérifier madame l'investigatrice. Ton manque de foi en moi me consterne” Je ne parviens pas à m’empêcher à pouffer de rire perdant bien vite mon sérieux et mon ton caustique. Je me retiens de rajouter que je suis parfait, mais au vu de l’épisode de la tente, je décide de me taire. “Et le dessert est fait avec de la gélatine végétale puisque tu poseras la question.” Je commence à la connaître suffisamment pour savoir ça. “Aurais-tu un avis sur mon plat ? ” Mon regard se rive sur ses premières bouchées alors que je goûte à mon tour ce que j’ai préparé.  

@Jean Atwood barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch 873483867
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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptySam 27 Fév 2021 - 4:35

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La tente est montée et Enoch essaye de sauver son honneur en assurant qu’il est plus doué pour allumer un feu, ce qui est sa prochaine corvée de la soirée. Jean plaisante et met en doute ses talents, elle exige des preuves. “Tu me diras, si un type fout le feu au bush australien, tu pourras rapidement être sur place au moins.” « Jean Atwood, envoyée spéciale « feux de forêts », je vous présente le suspect numéro 1. Son casier judiciaire dit qu’il a déjà sévi en tant que démonteur de tente en série ! » et elle lâche un petit rire cristallin, ça lui fait tant plaisir de voir Enoch d’aussi bonne humeur, de le faire rire. Ça la rend heureuse, même, elle se sent utile et à sa place dans ces moments-là. Lui proposer de venir avait vraiment été une excellente idée. Il n’y a rien de plus gratifiant pour Jean que de constater qu’elle a fait du bien à un ami, qu’elle lui a rendu le sourire ne serait-ce que pour quelques heures. Et il en avait bien besoin avec ce qu’il se passe à Brisbane, il mérite une respiration de tout ce cauchemar… La bataille pour la garde, puis la maladie de sa fille à présent, tout cela est bien plus difficile pour lui qu’il ne veut le montrer. Mais Jean sait, elle le voit et elle ressent sa souffrance à chaque fois que son regard se perd dans le vague et qu’il y pense. Alors l’avoir vu insouciant et facétieux toute la journée du début à la fin de ce petit road-trip, c’est un accomplissement aussi important à ses yeux que le reportage pour lequel ils font tous ces kilomètres.

Finalement, le feu est prêt, la tente est aménagée pour la nuit et Jean vient se caler aux côtés de son ami. La chaleur du feu est agréable et la nature environnante reposante, silencieuse et mystérieuse. Elle est bien là, elle a rarement campé dans sa vie mais elle a toujours adoré et cette fois-ci ne fera pas exception, surtout en si bonne compagnie. Ils parlent un peu du reportage et elle sent qu’elle a mis la pression à Enoch sans le vouloir, elle lui dira de ne pas s’inquiéter, qu’elle sera là pour lui donner des indications et qu’il s’en sortira comme un chef, mais pour l’heure, mieux vaut changer de sujet pour ne pas le submerger. Ils auront tout le temps de penser au travail le lendemain. Il est surtout l’heure de manger désormais. Elle récupère le contenant en verre et s’inquiète un petit peu de son contenu, il se fréquentent depuis des mois maintenant mais il n’a encore jamais cuisiné pour elle, se souvient-il qu’elle est vegan ? “Je ne m’en souviens tellement pas qu’il n’y a ni œuf, ni lait d’animaux, ni de chair d’un quelconque animal dans ce que tu vois là ” Elle lui rend son sourire malicieux, elle est soulagée, ça a l’air si délicieux, elle aurait été dévastée de ne pouvoir y toucher. “Pommes de terre, oignon rouge, omelette végétale et huile d’olive. Et presque une heure de cuisine.” Ses yeux se mettent à briller et elle déglutit car elle risque de sa baver dessus tellement elle salive à l’énoncé des ingrédients. « Oh la la mais tu es l’homme parfait, dis moi ! » plaisante-t-elle sans se rendre compte de ce que ces mots pouvaient prendre comme sens. « Tu n’avais pas à te donner tant de mal tu sais… Mais j’apprécie vraiment... » Il aurait pu se contenter de préparer une salade ou même d’emporter un plat cuisiné vegan, Jean n’est pas fière de cette mauvaise habitude mais elle cuisine rarement elle-même. Vraiment, elle est impressionnée par ce qu’il a préparé. Il lui décrit également tous les ingrédients délicieux qui composent le bagel et elle ne tient plus, elle a envie de se jeter sur la nourriture, mais elle se retient, polie, qu’il finisse sa description. « Mais ! Tu ouvres ton restaurant quand ? Le menu est déjà prêt apparemment ! » demande-t-elle vraiment enthousiaste, elle n’a pas encore goûté mais elle est sûre que ce sera succulent et elle est à deux doigt de demander à Matthias de l’embaucher comme chef à domicile, vu leurs compétences à tous les deux, ce ne serait pas du luxe. “Tu n’as plus qu’à goûter pour vérifier madame l'investigatrice. Ton manque de foi en moi me consterne” « Désolée, la tortilla a l’air si… vraie… Je n’aurais jamais du douter de vous, très cher. » Puis, elle saisit le bagel sans plus de cérémonie. « Bon, j’arrête de parler, je n’en peux plus d’attendre. Bon appétit ! » Et elle croque dans le bagel avec un air concentré, elle reconnaît les goûts qu’il a décrit et ils se marient parfaitement, elle lâche même un soupir d’aise et, la bouche encore pleine, commente simplement : « Holalalala… ! » Ça veut dire que c’est bon, très bon même, au cas où ça ne soit pas clair pour tout le monde.

Elle repose le bagel grignoté et s’attaque à la tortilla avec les couverts qu’a également prévus Enoch, elle veut vérifier que tout ça n’est pas un coup de chance et qu’il a réussi tout le repas avant de le couvrir de compliments qui lui feront enfler les chevilles. “Et le dessert est fait avec de la gélatine végétale puisque tu poseras la question.” Elle avale sa première bouchée de tortilla, qui est également une tuerie, il n’a vraiment fait aucune erreur Enoch. « Tu as vraiment pensé à tout... » s’exclame-t-elle avec un regard reconnaissant. “Aurais-tu un avis sur mon plat ? ” Elle prend un air de réflexion intense, puis prend un deuxième bouchée de la tortilla qu’elle mâche avec concentration. Elle avale et le regarde avec sérieux, comme s’il n’avait pas déjà lu sur ses traits plus tôt qu’elle adore. Puis elle finit par le rassurer : « C’est délicieux, vraiment. J’arrive pas à croire que je suis en train de manger cette merveille en plein bush australien. Tu verrais ce que je mange chez moi... » Rien d’aussi incroyable, c’est sûr. Et elle ajoute en se penchant vers lui et en posant pendant quelques secondes sa tête sur son épaule : « Tu sauves mon estomac, vraiment. Merci... Sans toi, j’aurais tristement mangé des chips... » Elle revient à sa place aussitôt, sa joue quittant son épaule, ce petit mouvement était une façon de lui montrer son affection et sa reconnaissance pour toute cette cuisine qu’il avait fait en s’adaptant à son régime alimentaire, il n’y a pas beaucoup d’amis qui en feraient autant. Elle est comme ça avec ses amis proches, Jean, elle n’hésite pas à les prendre dans les bras quand ça ne va pas mais aussi quand elle est simplement heureuse de les voir ou qu’elle veut leur montrer qu’elle tient à eux. On pourrait dire qu’elle est tactile, mais en réalité elle est surtout affectueuse et elle aime recevoir et donner de la tendresse, cela vient avec sa vision idéaliste du monde.

Elle se reporte sur son repas, sa faim la tenaille toujours, elle n’est pas rassasiée et même si elle l’était elle ne laisserait rien du tout dans le tupperware, c’est bien trop bon pour gâcher quoique ce soit. Ils mangent rapidement, discutant de choses et d’autres, riant toujours beaucoup et si Jean s’est convaincue qu’elle l’a invité pour son bien, elle se rend compte que cette virée amicale loin de la ville, loin de son mariage qui part en vrille et des rédaction de journaux qui refusent ses articles les uns après les autres, ça lui fait également beaucoup de bien. Ils sont comme dans une bulle, ailleurs, dans un autre temps et c’est agréable. Finalement arrive le moment du fameux dessert. « Faut que je t’avoue un truc... » Silence, elle plonge son regard dans les flammes avec un air sérieux. Que va-t-elle dire ? Est-ce que ce sera profond ? Un sombre secret qu’elle garde enfoui au fond de son cœur depuis trop longtemps et qu’elle ne peut plus taire ? « Je n’ai jamais goûté de chamallows grillés ! » lâche-t-elle en pouffant de rire devant son effet dramatique. Puis elle attrape le paquet de chamallow et l’ouvre avec l’air curieux, elle cherche du regard pour voir s’il a prévu des pics mais elle ne voit rien : « Il faut qu’on parte à la recherche de branches dans la pénombre ? Ooouh une mission risquée dans ces contrées peuplées de serpents vénéneux... » Elle ne plaisante pas vraiment à vrai dire, ils pourraient tomber sur toute sorte de faune plus ou moins dangereuse en s’éloignant du feu, mais elle a beau être originaire d’Irlande, elle a grandi ici depuis ses deux ans, elle ne se laisse pas impressionner facilement. Elle se lève d’un bond et lui tend la main pour l’aider à se relever à son tour : « Tu viens ? »

Résultat du dé:


Dernière édition par Jean Atwood le Sam 27 Fév 2021 - 4:36, édité 1 fois
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LE DESTIN
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barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch HlIQNBi Présent
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé.
STATUT : marié au hasard.
MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a).
LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines.
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PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.
AVATAR : je suis tout le monde.
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PSEUDO : le destin.
INSCRIT LE : 15/12/2014

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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptySam 27 Fév 2021 - 4:35

Le membre 'Jean Atwood' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch Empty
Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyVen 5 Mar 2021 - 20:38

Jean Atwood, envoyée spéciale « feux de forêts », je vous présente le suspect numéro 1. Son casier judiciaire dit qu’il a déjà sévi en tant que démonteur de tente en série !”“ Démonteur de tentes en série tout de suite les grands mots, je te jure ” Mon rire est autant joyeux que stupide, dans le fond elle n’a pas vraiment tort, on a connut mieux comme constructeur de tente. Je savoure l’instant présent pour ce qu’il y a de mieux et de pire. Jean est adorable et sa bonne humeur contagieuse. C’est peut-être la première fois depuis longtemps que j’oublie temporairement mes responsabilités de père, mon travail, et toutes les autres obligations qui me sied. Je ne m’embrume pas l’esprit avec un quelconque problème, je ne laisse pas mon esprit divaguer vers je ne sais quelle obscure contrée. Non je suis là, à perdre contre une tente alors que la journaliste me vient en aide, et ça m’éclate. J’oserai même dire que présentement, le futur ne me fait pas peur, il n’accélère pas la cadence de mon cœur, ne provoque aucun frisson sur ma peau. La seule chose à laquelle je pense maintenant c’est le repas que j’ai préparé avant le voyage et à la tête qu’elle fera lorsqu’elle y goûtera. Cela reste un maigre remerciement par rapport à tout ce qu’elle m’apporte et tout le bien qu’elle me fait néanmoins, je ne suis pas peu fier des nouvelles perspectives gustatives que m’offre le régime qu’elle a choisi. C’est très con mais je rejette d’ordinaire en bloc l’avenir que se soit sur le long ou le court terme et pourtant là j’accepte certaines perspectives et je nous imagine en train de chanter et s’amuser autours d’un feu rougeoyant tandis que l’on dégusterait les plats préparés.

Fortuitement, je suis plus doué pour allumer un feu que monter une tente et il n’y aura donc pas de grands feux australiens provoqués par mégarde même si cela retire à Jean l’opportunité de faire un super article. Je suis certain qu’elle trouvera quelques de plus importants à dire une fois que nous serons arrivés au point final de notre destination. Si je suis heureux qu’elle m’ait proposé d’être son compagnon de voyage, il n’en reste pas moins que je deviens de fait son temporaire assistant journaliste et autant dire que je suis plus qu’un novice dans le domaine. Mon expérience équivaut au néant ou tout du moins à ses compétences de cuisine sans vouloir l’offenser. Je ne sais pas les raisons qui la pousse à changer de sujet et à se recentrer sur la nourriture mais ce n’est peut-être pas le moment le plus opportun de parler de sujet sérieux après une aussi longue journée de conduite. J’espère ne pas l' avoir maladroitement fait croire que cette mission me dérangeait ou quoique ce soit d’autres, c’est tout le contraire. Rien ne me comble plus que de lui renvoyer l’ascenseur. Son inquiétude et la gêne qui se lisent sur le visage de Jean lorsqu’elle découvre le repas provoque une très légère satisfaction en moi. Cette dernière n’est pas le produit d’un sadisme mais simplement d’un pincement au cœur. Je ne sais pas si c’est très sain, mais j’apprécie se voir dessiner l’éphémère stupeur que marque les traits de son visage et davantage encore les voir disparaître, chasser par un sourire. Ce spectacle est fleuri par la danse des flammes et son jeu d’ombres. “ Oh la la mais tu es l’homme parfait, dis moi !” Mon teint d’ordinaire clair rougit d’autant plus à sa phrase, heureusement que la proximité du feu m’offre l’abri nécessaire pour cacher mon affre. Je ne sais plus quoi penser. C’est mon égo qui aurait dû se ravir de la situation cependant je ne suis pas assez aveugle pour lui attribuer cette montée soudaine d’adrénaline en moi, provoquant certainement la vasodilatation de mes vaisseaux sanguins. Ou peut-être que je me fourvoie sur toute la ligne et que c’est simplement les braises ardentes du feu qui me font ressentir un coup de chaud. “ Tu n’avais pas à te donner tant de mal tu sais… Mais j’apprécie vraiment...” Je me vois ouvrir la bouche et bégayer. Je suis obligé de visualiser ma phrase dans ma tête afin d’être sûr d’être compréhensible. “ C’est pas si compliqué que ça à faire puis ça me fait plaisir de cuisiner pour toi.” Je voulais dire pour une amie, mais si je le dis maintenant en rectifiant, est-ce que ça ne voudrait pas dire que je la considère autrement. Et pourquoi je trouve ça ambigüe moi d’abord ? Afin de reprendre mes esprits, je relance la conversation sur la cuisine en annonçant la recette des bagels. “ Mais ! Tu ouvres ton restaurant quand ? Le menu est déjà prêt apparemment !” “ J’y penserai comme reconversion. Puis tu feras un article sur moi j’espère !” Je ris à l’éclat une nouvelle fois. La tempête semble passée. Je n’ai nullement la prétention d’être un chef cuistot, je me contente simplement d’être certain de cuisiner équilibré pour les jumeaux. Ils restent la meilleure chose qu’il me soit arrivé dans la vie. “ Désolée, la tortilla a l’air si… vraie… Je n’aurais jamais dû douter de vous, très cher.”  “ Je songerai à rajouter magicien ou illusionniste à mon CV.” Après tout j’avais déjà fait pleurer par inadvertance Aaron en lui faisant croire que j’avais perdu son nez, grand moment. Je passe mon temps à porter diverses casquettes, père, médecin, cuistot en bois, super-héros et j’en passe. Jean est l’une des rares personnes qui me fasse me sentir simplement Enoch et ça fait un bien fou.

Je vois ses yeux s'illuminer à la première bouchée de son bagel. Je sais que le plat est donc mangeable et que je peux à mon tour croquer dans le mien, presque surpris de ma réussite, même si en réalité j’avais essayé plusieurs recettes avant mais elle ne connait que trop bien ce petit côté perfectionniste que je peux avoir. “ Tu as vraiment pensé à tout...”  “ Le privilège d’être papa.” J’en ris mais c’est totalement ça. Je n’aime pas prévoir mais je me l’impose car je n’ai d’autres choix avec deux enfants à charge et un emploi du temps pouvant s’apparenter parfois à celui d’un ministre. “ C’est délicieux, vraiment. J’arrive pas à croire que je suis en train de manger cette merveille en plein bush australien. Tu verrais ce que je mange chez moi... ” “Si ça satisfait tes papilles tant mieux. Puis chacun ses talents , certaines montent des tentes d’autres cuisinent.” Oui c’est moi qui tente de minimiser mon égo par rapport à ses compliments, c’est une chose assez rare pour être notée.
Tu sauves mon estomac, vraiment. Merci... Sans toi, j’aurais tristement mangé des chips...” “ Ohh tu peux me surnommer Supernoc si tu veux. Par contre, pas dit que ma tête rentre dans la tente à ce rythme.” Mon regard croise le sien alors qu’elle vient temporairement poser sa tête une sur mon épaule, une habitude qui n’est pas sans me rappeler celle d’une certaine personne. Je regrette presque qu’elle ne reste que quelques secondes là, avant de repartir prendre sa place. Le repas se poursuit dans la meilleure des ambiances et le temps semble s’arrêter. Seules les bûches consumées par les flammes me rappellent l'inlassable écoulement du temps alors que mon seul souhait est que la nuit ne se termine jamais. Nous sommes dans un autre monde, presque parfait. Une fois que nous avons fini les plats principaux je sors les chamallows que j’ai préparé. Ils sont de formes différentes, allant du carré, au losange en passant par l’étoile et le cœur. Puis subitement la blonde sort une phrase qui me coupe le souffle. “ Faut que je t’avoue un truc...” Je ne sais pas pourquoi, mais je panique, mon cerveau se met à penser à douze milles hypothèses à la fois et rien n’est clair. Je ne sais même pas si je ne suis pas en train de m’étouffer moi-même. “ Je n’ai jamais goûté de chamallows grillés !” “ Aïe Aïe aïe, quelle disgrâce. Heureusement que je suis là pour te faire découvrir ce qu’est la v-r-a-i-e vie.  ”Je ris mais je suis plus nerveux que jamais et je ne sens même pas ma main gauche bouger quelques secondes avant de reprendre le contrôle. Puis je comprends enfin et coupe court à ces pensées me recentrant sur le fait que nous n’avons rien pour faire planter ces petites choses roses, blanches et bleues pour les faire griller.  

Il faut qu’on parte à la recherche de branches dans la pénombre ? Ooouh une mission risquée dans ces contrées peuplées de serpents vénéneux...” “ Une mission extrêmement dangereuse, c’est certains. ” Je lève les yeux au ciel amusé, mésestimant les dangers de la faune australienne certainement un peu trop. “ Tu viens ? ” “ Laisse moi juste prendre la lampe torche et let’s go.” On arrive à la hauteur de taillis et l’on cherche des branches qui soit assez fine et en même temps résistante à la chaleur du brasier. Alors que je pense avoir trouvé ce qui semble convenir et que je me baisse pour la ramasser, Jean pousse un cri soudain, alors que je n’observe que trop tardivement le serpent face à moi qui persifle prêt à me mordre. Soudainement je sens une force me pousser sur le côté et je finis étaler par terre alors que mon regard se rive là où il avait le serpent qui semble avoir fui. “ Je l’avais pas vu venir celui-là, merci.” J’écarquille grand les yeux un peu secoué avant de me relever avec l’aide de Jean. “A charge de revanche partenaire !” Je lui fais un clin d’oeil alors que respiration est encore haletante de cette frayeur soudaine. Visiblement elle semble plus inquiète que moi pour mon état. Je pense que je m’en sors qu’avec un léger hématome sur l’épaule droite mais cela aurait pu être bien pire. L’on récupère ce dont on a besoin et l’on retourne près du feu de camp.

Une fois retour, je taille un premier bâton avec un couteau suisse que je donne à Jean. “Honneur à toi. ” Je lui tends l’arme du crime qui servira prochainement à pourfendre l’une des guimauves.  “Place la au-dessus du feu pour la désinfecter, on ne sait jamais.” Je finis par mettre sur sa pique, puis la mienne, une de nos petites victimes. “La technique c’est de les mettre juste au dessus des flammes pour s’assurer d’une bonne cuisson. Ces choses brûlent rapidement et crois moi c’est moins bon quand c’est grillé.” Je me permets de poser ma main sur la sienne. “Il faut faire tourner lentement la pique afin d’être certains de faire dorer l'entièreté du chamallow. Il y a rien de mieux que cette fine couche brune et croustillante, crois-moi.” Après trois tours, l’on retire nos guimauves du feu. “Maintenant on attend quelque seconde et on peut déguster. ” Un large sourire étire mes lèvres alors que nous nous apprêtons à déguster ces friandises. “Je ne t'ai jamais posé la question. Tu m'as dis que tu venais d'Irlande, mais est-ce que tu as beaucoup voyagé autre que pour ton métier bien entendu ?” Question simple qui n’a pas de réel fondement autre que de meubler la conversation alors que je me trouve à ses côtés et que la fraîcheur de la nuitée se fait ressentir de plus en plus. En fin de compte je cherche à éviter le silence pour éviter d’avoir à penser à mes sentiments même s'il y a une certaine sincérité derrière cette question. En y repensant, c'est même que c'est mon premier vrai voyage en dehors du Queensland.

Je regarde la cuisson de ma guimauve qui semble en tout état de fait parfaite. Forcément elle a une forme de cœur, tuez-moi.  “Ouvre la bouche et goûte moi ça.” Je m'imagine pendant quelques brefs dixième de seconde voir mon visage s'approchait du sien alors que finalement ce ne sont que mes doigts avec la précieuse garniture.  


@Jean Atwood barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch 873483867
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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyDim 7 Mar 2021 - 4:37

barefoot on the grass, listening to our favourite song (ft. @Enoch Adelson :l: )

Cette journée a été éprouvante avec les heures de routes, les centaines de kilomètres avalés par leur véhicule et pourtant, tout a été si plaisant, si facile, si divertissant. Ils ont parlé de tout, ris tellement que Jean se demande si en une seule journée, elle n’a pas doublé le nombre de minutes de rire cumulées sur l’année entière qui s’est écoulée. Douze mois d’éclats de rire condensés sur une seule journée, cela avait de quoi rendre les abdominaux douloureux, mais aussi agir comme une réelle thérapie sur la journaliste. Elle en avait besoin, les crises de rire avec son mari étaient remplacés par des disputes depuis bien longtemps maintenant, elle avait presque oublié ce que c’était d’avoir une telle complicité avec un membre de la gent masculine. Mais elle ne veut pas trop intellectualiser tout ceci, Jean, elle profite simplement de l’instant présent, blottie près du feu à déguster le festin vegan que lui a préparé Enoch. Si elle a cru un instant qu’il n’avait pas pris certains paramètres en compte en préparant ce pique-nique de luxe, elle réalise bien vite qu’il n’a fait aucune erreur, c’est un sans-faute et ce qui lui annonce lui donne l’eau à la bouche. Elle le remercie et le complimente avec expansion, sans réaliser à la lueur des flammes qu’elle le fait rougir en le qualifiant d’homme parfait. Elle ne réalise même pas que sa voix est légèrement tremblante quand il répond : “C’est pas si compliqué que ça à faire puis ça me fait plaisir de cuisiner pour toi.” Elle fait une moue, il peut dire ce qu’il veut mais elle est vegan depuis des années et elle n’a jamais pris la peine de cuisiner des plats aussi élaborés, ou alors une fois par an, pour une occasion spéciale, pour des invités mais ça n’a jamais été très réussi. « Et moi, ça va me faire plaisir de manger pour toi… D’ailleurs si tu veux me laisser ta part... » ricane-t-elle en lorgnant sur sa gamelle à lui, comme si elle n’avait pas déjà largement de quoi être rassasiée avec sa portion personnelle. Après la description du bagel, Jean se demande quand il compte ouvrir son restaurant, elle ne lui connaissait pas ce talent. “J’y penserai comme reconversion. Puis tu feras un article sur moi j’espère !” Elle le regarde rire aux éclat mais garde son sérieux en acquiesçant : « Tu changeras le monde en convertissant tout le monde au veganisme ! » Car c’est bien connu de tous ses proches que les seuls articles que Jean souhaite écrire sont ceux qui changeront le monde. S’il a réussi à lui faire croire qu’il y avait de l’œuf dans cette tortilla vegan, et qu’en plus tout cela est aussi bon que ça en a l’air, Jean va vraiment s’en vouloir d’avoir douté de lui. “Je songerai à rajouter magicien ou illusionniste à mon CV.” Elle approuve avec un nouveau rire et se décide finalement à enfin goûter au repas préparé avec amour par Enoch.

Tout est absolument délicieux, Jean se régale et alors qu’il lui annonce le dessert, elle lui avoue être impressionnée par tant d’organisation, il a tout prévu, heureusement qu’il s’est proposé pour gérer les repas, si ça avait été sa responsabilité à elle, ils se seraient retrouvés avec à peine de quoi se sustenter. “Le privilège d’être papa.” Jean veut des enfants un jour, elle sait que cela est contraire à beaucoup de ses valeurs et qu’elle ferait naître de petits êtres innocents dans un monde affreux et hostile, mais elle n’y peut rien, elle le sent dans ses tripes, elle veut donner la vie. Avoir un enfant, accompagner un petit être humain qui vient d’elle, le voir grandir, l’aider à s’épanouir, connaître ce lien indéfectible, cet amour inconditionnel qui lie une mère à son enfant, elle désire cela plus que tout, même si elle en culpabilise, sachant pertinemment que c’est une envie purement égoïste. « Je serais probablement une mère indigne... » glisse-t-elle sur le ton de la rigolade même si en réalité, c’est une vraie peur qu’elle a, de ne pas être à la hauteur. Il n’est pas rare qu’elle oublie de manger pendant une journée entière, elle se perd des heures dans le travail et n’a aucune appétence pour la cuisine ou les tâches ménagères. Elle sait déjà à peine s’occuper d’elle-même, alors comment pourrait-elle assumer la responsabilité de tenir entre ses mains la vie d’un être aussi fragile et dépendant ? Finalement, Jean inonde Enoch de compliments sur ses talents de cuisinier. “Si ça satisfait tes papilles tant mieux. Puis chacun ses talents , certaines montent des tentes d’autres cuisinent.” Elle rit, il l’a bien eue sur ce coup-là, elle s’est moquée de son manque d’expertise avec la toile de tente, mais il faut l’avouer, c’est une compétence bien moins fréquemment utile que celle de cuisiner. « Touché ! En plein cœur même ! » fait-elle en portant ses mains à sa poitrine comme si elle venait de prendre une balle dans le palpitant. Elle laisse le rire mourir entre ses lèvres et pose un regard doux sur Enoch pour le remercier encore, sincèrement. “Ohh tu peux me surnommer Supernoc si tu veux. Par contre, pas dit que ma tête rentre dans la tente à ce rythme.” Il essaye de faire de l’humour avec ce surnom de super-héro, probablement mal à l’aise avec les compliments qu’elle fait pleuvoir sur lui, alors Jean se contente de poser sa tête quelques secondes contre son épaule, elle l’aime vraiment beaucoup Enoch et elle aimerait le voir aussi heureux plus souvent, il n’y a rien qui compte plus pour elle que le bonheur de ses amis (allez, disons, à égalité avec ses idéaux de journaliste militante). « Ta tête ira très bien, Supernoc. » glisse-t-elle d’une voix apaisante, elle commence à le connaître Enoch et elle ne doute pas que ces compliments ne sont pas de trop pour booster sa confiance en lui déchiquetée par le passage de Charlie. Elle regagne sa place et ils continuent de se régaler en discutant, se jetant des regards complices à la lueur des flammes. L’instant est parfait, Jean ne pense plus à son mariage et aux disputes incessantes avec Matthias et Enoch ne pense probablement plus à tout ce qui l’a attiré au plus bas dans les mois précédents, ils sont simplement bien et profitent de l’instant présent.

Vient le moment du dessert, Jean est pourtant déjà bien calée mais elle ne veut pas laisser passer cette nouvelle expérience. D’ailleurs, elle s’amuse un peu avec Enoch, lui faisant croire qu’elle va lui révéler un sombre secret, elle voit la panique dans son regard. Elle abrège bien vite ses souffrances en lui disant qu’elle n’a simplement jamais fait griller de chamallows auparavant. Il répond avec un rire nerveux et Jean ne comprends pas pourquoi il est soudain si tendu, à quoi s’attendait-il quand elle a dit avoir quelque chose à avouer avec un air mystérieux ? “Aïe Aïe aïe, quelle disgrâce. Heureusement que je suis là pour te faire découvrir ce qu’est la v-r-a-i-e vie.” bégaye-t-il presque et Jean préfère faire comme si elle n’avait pas remarqué qu’il est soudain un peu bizarre et propose une mission commando pour des branches, parce qu’elle a vu des films, elle sait tout de même qu’il leur faut des pics pour faire rôtir ces bonbons. Elle évoque la présence de serpents vénéneux avec un air de conspiratrice. “Une mission extrêmement dangereuse, c’est certains.” Ils finissent par se lever et Enoch se munit d’une lampe torche, ils s’éloignent du feu et fixent le sol à la recherche des meilleures branches pour leur mission chamallow. Ils restent ensemble, ne disposant que d’une lampe et soudain alors qu’Enoch tend sa main vers un branche, Jean repère un serpent dont les yeux étincellent dans le buisson adjacent. Ses reflexes sont instantanés, elle pousse le pédiatre sur le côté en même temps qu’elle l’avertit : « Attention ! » Elle voit la mâchoire du serpent se refermer sur le vide et tape des pieds fortement sur le sol pour le faire fuir, technique testée et approuvée plusieurs fois déjà. “Je l’avais pas vu venir celui-là, merci.” Elle se retourne vers Enoch et se rend compte qu’elle l’a carrément fait tomber par terre. « Oh je suis désolée, j’y suis allée un peu fort... » Elle lui tend la main pour l’aider à se relever. “A charge de revanche partenaire !” Mais elle s’inquiète surtout de sa chute : « Ça va ? Tu t’es pas fait mal au moins ? » Puis elle finit par ajouter, fanfaronnant en riant : « Je sens plus ma force avec toute la boxe et le krav maga que je fais ! ». Ils finissent par vite ramasser les branches nécessaires et retournent bien vite se réfugier près du feu où aucun serpent ne viendra normalement s’aventurer.

Une fois à nouveau au chaud face aux flammes, Enoch se met en mode professeur et il entreprend de tout expliquer à Jean. Il taille sa branche et lui conseille de la faire brûler un peu pour désinfecter l’objet. Elle s’exécute et regarde le bois noircir dans les flammes qui dansent élégamment devant leurs yeux. Finalement, il place une guimauve sur chacun de leurs pics artisanaux. “La technique c’est de les mettre juste au dessus des flammes pour s’assurer d’une bonne cuisson. Ces choses brûlent rapidement et crois moi c’est moins bon quand c’est grillé.” Sa main se pose sur la sienne pour la guider et Jean est surprise par le contact, un peu gênée aussi. La gêne qui s’empare d’elle n’est pas provoquée par le contact, il est même plutôt très agréable ce contact, et c’est sûrement cela qui la gêne d’ailleurs. Elle est un peu troublée par la façon dont sa peau a accueillie celle d’Enoch, parcourue par une chair de poule un peu ambiguë. Peut-être que c’est simplement parce qu’elle a les mains gelées et que la sienne est chaude. “Il faut faire tourner lentement la pique afin d’être certains de faire dorer l'entièreté du chamallow. Il y a rien de mieux que cette fine couche brune et croustillante, crois-moi.” Jean se racle la gorge pour reprendre un peu ses esprits et chasser les mille questions qui sont en train de naître dans son esprit. Elle se force à dire quelque chose, elle ne dit plus rien depuis de trop longues secondes, cela va paraître suspect. « Je te crois sur parole... » souffle-t-elle tandis qu’il continue de la guider pour que son chamallow soit caramélisé à souhait. Jean retire la guimauve des flammes quand il le lui indique et leurs mains se détachent. “Maintenant on attend quelque seconde et on peut déguster.” Elle regarde Enoch et son large sourire, ils sont biens tous les deux, là, non ? Pourquoi est-ce qu’elle commence à s’imaginer des choses ? Ils sont amis, non ? Simplement amis ? Elle pense à son mari, celui qui ne mérite pas qu’elle ait de telles pensées, mais celui avec qui elle n’arrive pas à se sentir heureuse. Peut-être que ce n’est pas lui, le bon. Combien de fois cette pensée lui a traversé l’esprit ? Et combien de fois s’est-elle dit qu’elle avait trouvé la perle rare avec lui et que c’était elle qui devait avoir un problème… Mais là, il y a Enoch, son ami avec qui elle se sent si à l’aise, comme libérée… “Je ne t'ai jamais posé la question. Tu m'as dis que tu venais d'Irlande, mais est-ce que tu as beaucoup voyagé autre que pour ton métier bien entendu ?” Jean réalise qu’elle était en train de se laisser emporter par son flot de pensées, elle met quelques secondes à comprendre ce que vient de lui demander Enoch, se répétant mentalement la phrase pour en saisir le sens. Elle déglutit et fuit un peu son regard, détournant le sien vers les flammes, la meilleure excuse pour essayer de cacher son trouble. « J’ai voyagé avec mes parents et Holden, oui. Et avec Cian aussi… En Asie et en Europe principalement... » Elle n’est clairement pas en état de faire une liste des pays visités et de raconter chacun de ses voyages, mais elle lui retourne aussitôt la question pour se débarrasser de la parole comme d’une patate chaude. « Et toi ? »

Elle tient toujours sa branche au bout de laquelle sa guimauve est en train de refroidir et elle risque un coup d’œil vers Enoch qui a visiblement vérifié la cuisson de la sienne. Elle s’apprête à faire de même mais il la surprend à nouveau. “Ouvre la bouche et goûte moi ça.” Son cœur se met soudain à battre très vite, est-ce qu’on fait cela avec ses amis ? Mais elle n’a pas le temps d’y réfléchir que la guimauve en forme de cœur se fraye un chemin jusqu’à ses lèvres. Elle adresse un sourire nerveux à Enoch avant d’entrouvrir la bouche et d’attaquer le chamallow du bout des dents, de peur de toucher les doigts qui tiennent la friandise. Mais à peine perce-t-elle la petite croute dorée de la guimauve, que l’intérieur fondu commence à dégouliner sur ses lèvres et menace de se déverser sur son menton. Elle lâche un son de gorge de surprise : « Uh ! » avant de réagir aussitôt en ouvrant ses lèvres plus amplement et s’avançant pour gober le chamallow dans son entièreté. Elle vient d’éviter le déversement de guimauve fondue sur son menton et ses vêtements, mais pas le contact avec les doigts d’Enoch, bien au contraire, elle vient littéralement de lui sucer le bout des doigts en enfournant la guimauve. Elle est si gênée qu’elle devient aussitôt rouge comme une tomate et place une main devant sa bouche en s’efforçant de mâcher la guimauve en vitesse sans même profiter du goût. Entre deux mastications, elle bredouille : « Excuse-moi… Je suis pas douée... » au final, elle a quand même de la guimauve sur le menton, elle en a même sur les doigts après avoir essayé de faire rentrer tout ceci dans sa bouche sans dommage. « On a des serviettes ? »
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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyLun 8 Mar 2021 - 4:08

Un doute s’éprend de moi et gagne petit à petit du terrain. En ai-je trop fait ? Jean l’a dit, j’aurais pu me contenter de plats plus simples, aller au supermarché ou chez le traiteur et pourtant pendant plus d’une demie-journée je me suis retrouvé à cuisiner en visualisant ce moment. Pour autant à aucun moment j’ai songé que c’était trop. Au contraire, je me suis beaucoup amusé à préparer ces plats sous les yeux des deux petits monstres. J’ai fait, gouté, refait, regouté, et réajusté ces recettes afin que ce moment soit le plus parfait possible. Les résultats dépassent largement mes attentes originelles et pourtant j’en suis profondément insatisfait. Au fur et à mesure que ses compliments tombent, tout me parait plus fade et mon appétit s’effondre. J’en suis même au point de me forcer alors que je sens une légère boule se former dans mon estomac. Ce qui nous entoure me paraît soudain trouble et me désoriente. Mon regard, après s’être trop longuement concentré sur mon interlocutrice, devient fuyant se concentrant tour à tour sur le feu, puis ce que je mange, pour m'arrêter sur mes chaussures et repartir de plus belle partout, sauf sur Jean. Je lui dis que j’ai été content de préparer ce repas pour elle. Sa réponse me tourmente, sans que je ne comprenne pourquoi alors que mon regard s'arrête sur son doigt pointé sur mon tupperware  “ Et moi, ça va me faire plaisir de manger pour toi… D’ailleurs si tu veux me laisser ta part... ” Merde, elle a remarqué que je n’arrivais pas à manger mes portions. Qu’est ce que je fais ? Je vais paraître bizarre si je réponds pas dans les secondes qui suivent. “Ohh oui… oui tu peux totalement. J’ai eu les yeux plus gros que le ventre, j’oublie que je ne mange pas beaucoup le soir”Je passe ma main derrière mon crâne. Est-ce que je pouvais pas trouver plus mauvais comme excuse ? J’ai l’impression de perdre pied sans aucune raison alors que mes yeux se posent de nouveau sur son regard dans lequel j’ai envie de m’égarer.

Je tente de reprendre le dessus sur ces émotions en faisant de l’humour, moyen comme un autre de me voiler la face sur ce qui se déroule et que je refuse de voir. La facilité a toujours été mon fort et je persiste dans cette voie. “ Tu changeras le monde en convertissant tout le monde au veganisme ! “Ce sera le premier pas pour implanter mes projets diaboliques. J’espère que tu ne viendras pas m’empêcher de forcer les humains à polluer moins ainsi que de sauver tous les animaux de la planète ” Je mime un faux rire sournois. Jusqu’à ce que j’ai des gosses et que je décide d’ouvrir mon esprit sur ce qu’est l’état réel de la planète, l’écologie n’était pas vraiment un thème qui me tenait à cœur. Je ne suis pas un militant comme la journaliste et je n’en serais certainement jamais un, mais je crois que si chacun fait un effort de son côté, alors le monde ira mieux. C’est naïf et profondément optimiste mais sait-on jamais. Puis je sais que des personnes comme Jean donneront la voie au commun pour paver un avenir plus vert au monde. J’y crois car elle a réussi à m’insuffler de l’espoir lorsque j’en ai eu besoin et que ça fait partie de ses cordes. Viendra le jour où la Atwood percera et où elle pourra transmettre ses messages à des pans entier de population qui la croiront ou ne la considérerons pas en fonction de leur propres convictions. Mais ce que je sais, c’est qu'elle ne les laissera pas indifférent tout comme là, elle ne me laisse pas de marbre.  

L’irlandaise me complimente sur ma gestion de l’organisation. Je rougis un peu cependant j’arrive à revenir sur terre en parlant brièvement de mon expérience de père, quelque chose qui m’a à jamais changé. Je ne sais pas si nous aurions pu être aussi proches aujourd’hui sans ça. Certes c’est le procès qui a provoqué notre rencontre mais avant j’étais plus superficiel, plus tenté de vouloir tout contrôler, moins responsable et je passerai sur tout un tas d’autres arguments péjoratifs car la liste est longue. Je ne suis pas devenu un saint, et encore moins une autre personne. Mon caractère n’a pas changé et est resté le même. Cependant j’ai fait évoluer mon comportement faute d’avoir vraiment de choix. Je ne dirais même pas que je suis devenue une meilleure personne maintenant. L’équation a tout bonnement changé et je ne dois plus m’occuper que de ma seule personne mais aussi d’Aaron et Siobhan. Par conséquent, ma vision du monde a évolué en même temps que mon foyer est passé d'une à trois personnes. “ Je serais probablement une mère indigne...” Elle le dit sur le ton de l’humour, mais du peu que je sais et sans me la jouer grand philosophe, il y a toujours une certaine réalité derrière nos propres dérisions. “Je pense que tu seras la plus formidable des mères même s’il va falloir que ton enfant te supporte au quotidien et ça, ce sera compliqué.” Je lui tire la langue amusé, comme le ferait un gosse de 5 ans.  “Puis t’inquiètes je te donnerais des conseils pour changer les couches.” alors que mon poing vient avec douceur toucher son épaule. “Comme a dit une personne, on ne naît pas femme, on le devient. Et bien figure toi que c’est pareil pour les parents. ” Je n’ai jamais été doué pour retenir les noms de personnages un peu célèbre, mais ce n’est pas ça l’important hein ?

« Touché ! En plein cœur même ! » Chacun de ses rires emplit mon cœur de liesse et me rend un peu plus léger. J’apprécie lire sa joie sur les traits de son visage. Nos rires brisent le calme des lieux où nous nous trouvons et ce n’est pas improbable que l’on fasse fuir tous les animaux sauvages au kilomètre alentour. Je suis heureux comme rarement je l’ai été ces derniers temps et tout me semble si superflu en sa présence. J’ai l’impression de vivre dans un autre monde où aucun mal n’existe.   « Ta tête ira très bien, Supernoc. »“T’es sûr qu’elle a pas doublé de volume ?” Je réponds au tac au tac, alors que depuis tout à l’heure je ressens d’aléatoires bouffées de chaleurs. Je prie pour qu’elle ne voit rien au malaise mineur mais persistant qui me trouble. Je ris de bon cœur sans même réfléchir pour cacher ce qui se passe, s’il se passe bien quelque chose. Mes battements de cœur vont au gré de nos échanges et éclats de rire. Notre première journée se passe divinement bien et rien ne pourrait finalement plus me combler que de la voir aussi heureuse. Finalement il nous fallait peut-être ça, être coupés du monde pour oublier nos problèmes respectifs et vivre le bonheur entre amis.

Son dramatique aveu est la goutte d’eau qui me fait perdre mes moyens. Je ne sais pas pourquoi pendant l’instant de silence qu’elle a provoqué à dessein, j’ai vu ma vie dépendre du mouvement de ses lèvres. Je cogite, je m’agite sans savoir pourquoi et je déteste ne pas savoir. Mes paroles ne sont plus aussi fluides et j’en suis presque à avoir un cheveux sur la langue. C’est quasiment une torture de prononcer cette phrase. Mais à quoi je m’attendais au juste ? J’ai l’impression d’être en train de tout gâcher. Je ne sais pas si ma pirouette sera suffisante pour faire comme si de rien n'était. Finalement sa mission à haut risque m’offre l’opportunité de me ressaisir alors que je demande sérieusement si je ne suis pas en train de devenir malade. Impression de fièvre, ventre serrée… ce ne serait vraiment pas le moment. Mon esprit vagabonde et je ne suis pas vraiment focus sur l'environnement, tout de même hostile, qui nous entoure. Cela aurait pu me couter cher si Jean ne m’avait pas sauvé de la morsure de ce serpent.  « Oh je suis désolée, j’y suis allée un peu fort... » Je récupère sa main tendue alors que je lui dis que tout va bien. “J’ai l’habitude de me faire malmener par certaines personnes.” Merci Danika et ses entraînements.  « Ça va ? Tu t’es pas fait mal au moins ? »“Non non, ça va t’inquiètes.” Je me dépoussière un peu en secouant mes vêtements. “ Je sens plus ma force avec toute la boxe et le krav maga que je fais ! . “C’est parce que je te laisse faire. On se fera un combat si tu veux un de ces jours.” Je fanfaronne déjà de nouveau, comme si cette chute m’avait remis les idées en place. En soit je n’aurais aucun complexe à me faire démonter par Jean, c’est une habitude que de me faire malmener par la gente opposée mais il ne faudra pas qu’elle s’attende à ce que je lui fasse une fleur en contrepartie. Puis ça m’aidera à poursuivre ma remise en forme.

Nous retournons près du feu, en un seul morceau, enfin je crois. Commence alors la séance d’explication auprès de mon amie concernant l’art et la manière de faire chauffer une guimauve. Je suis formel dans mon approche et c’est comme si je lui enseignais un art sacré. Je n’hésite pas une seconde à lui prendre sa main pour lui montrer comment faire, la voyant déjà mettre dans le feu son bonbon gélatineux. Ce simple contact de peau me fait frémir l’échine du dos mais je n’en prends pas ombrage. Je crois que j'entends  les battements de son cœur. J’ai le drôle de sentiment que les miens se synchronisent au sien alors que toute mon attention se dirige sur la masse blanche qui dore sur le feu ardent. Je parle, je parle, je parle… certainement un peu dans le vide… Peut-être pour faire taire aussi ces battements qui remontent jusqu’à mes oreilles. Je ne sais pas si je deviens fou, mais la situation me renvoie des émotions contraire allant de la gêne à l'euphorie. Puis je me demande si je ne suis pas en train de créer un émoi de gêne plus qu’autre chose à force alors que je suis le seul à empêcher le silence de s'abattre sur nous. Enfin, elle se met à parler de nouveau pour mon plus grand plaisir. « Je te crois sur parole... »Et tu fais bien.” Mon regard vient ultimement croiser le sien avant de retirer les petites gourmandises des flammes. Je crois que je commence à comprendre ce qui m’arrive. Pourquoi mon cœur s'accélère là, alors que je reste béat devant-elle ? Pourquoi j’ai la fausse impression d’être malade ? Pourquoi je passe de la joie à la mélancolie ? Rien ne va plus et ce qui semble être plus clair n’en devient que plus sombre. Je décide pourtant d’essayer de tout faire taire en lançant la conversation sur un sujet assez aléatoire.  « J’ai voyagé avec mes parents et Holden, oui. Et avec Cian aussi… En Asie et en Europe principalement... » Ma diversion ne marche pas visiblement puisqu’elle me redonne la parole bien trop rapidement. « Et toi ? » Je manque de lui répondre que je voyage à chaque fois que mon regard croise le sien avant de chasser cette pensée bien vite. “Jamais en dehors de l’Australie.” Puis le silence revient laissant le crépitement des flammes se faire entendre dans la pénombre d’une nuit étoilée. Puis, sans comprendre vraiment et sans aucune réflexion, je lui demande d’ouvrir la bouche alors que je retire la guimauve du bâton que je tiens. Je ne sais pas ce qui se passe dans ma tête mais je ne vois aucune résistance de sa part donc je poursuis l’action entreprise alors que tout s’accélère. Je la vois croquer dans la gourmandise cependant sa morsure est trop partielle pour ne pas empêcher le fondant de couler un peu sur son menton. Tandis que je m’apprête à détendre mon bras pour lui donner du répit, voilà que je sens sa bouche toucher mes doigts. Je ne sais pas qui devient le plus rouge d’entre nous deux, mais j’ai presque l’impression que c’est un concours tant la situation devient tout à coup ridicule et que son uh résonne dans ma tête. « Excuse-moi… Je suis pas douée... »No... non c’est de ma faute… je me suis pas retiré à temps. ” Je ne sais plus où me mettre et quoi penser. C’est sa voix qui m’empêche de sombrer dans le torrent de mes pensées contradictoires. « On a des serviettes ? »Oui bien sûr.” et je me précipite pour aller chercher une barbouillette comme si c’était un extincteur. Cependant une fois l’objet en main je ne peux m’empêcher de lâcher un rire.  “Tu es une magnifique femme à barbichette.” je m’approche d’elle pour lui retirer le liquide sucré qu’elle a sur le bas de son menton alors que mon visage frôle dangereusement le sien et que je sens son souffle sur ma peau.

Je suis vraiment désolé pour ce que je vais faire... ” c’est ce que je murmure d’une voix faible avant de commencer à l’embrasser doucement. Je ne réfléchis plus, laissant tout en suspens. Le temps n’existe plus et n’a plus aucune emprise. Je ne sais pas si ce que je fais est bien et si je ne suis pas en train de signer la mort de ce voyage. Cependant tous mes doutes et inquiétudes sont balayés par le goût suave de ses lèvres affables. Au fond de moi je prie pour qu’elle me repousse et pourtant il n’en ait rien. Ces quelques secondes me semblent être une éternité et cette éternité me semble bien trop éphémère. Puis finalement je recule. “J’aurais pas dû mais je peux pas m’en excuser.” Pourtant il y aurait mille raisons de le faire. Charlie, Matthias, les jumeaux, notre amitié, notre voyage, nos vies… ce n’était clairement pas prévu sur notre plan d’origine et je crains soudain que mon acte ait des conséquences dramatiques. Mon regard azur se perd ultimement dans le sien en quête d’une réponse. Je ne peux justifier mon action autrement que par trois mots. “Je t’aime.

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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyMer 10 Mar 2021 - 3:25

barefoot on the grass, listening to our favourite song (ft. @Enoch Adelson :l: )

Jean fait pleuvoir les compliments sur Enoch et il a l’air gêné, voir plus que gêné, il évite son regard et elle ne comprend pas bien pourquoi. Elle essaye de capter son regard, on dirait qu’il se sent mal comme s’il s’apprêtait à rendre le peu du repas qu’il a avalé jusqu’à présent. Elle se demande s’il repense à ses enfants, s’il regrette de les avoir laissés à Brisbane, s’il s’inquiète pour sa fille et elle n’a pas envie que son esprit replonge dans des recoins sombres, alors elle tente de le taquiner en proposant de manger sa part. “Ohh oui… oui tu peux totalement. J’ai eu les yeux plus gros que le ventre, j’oublie que je ne mange pas beaucoup le soir” Il a l’air visiblement préoccupé par quelque chose et c’est une excuse qu’il donne pour ne pas à entrer dans les détails de ce qui le met dans cet état. Elle décide de ne pas chercher à lui tirer les vers du nez, parfois ne pas en parler est la meilleure chose à faire pour ne pas s’attarder sur son mal-être, elle en sait quelque chose Jean, le déni est une de ses techniques préférées de défense. « Je disais ça pour rire, j’aurais jamais assez de place pour ça ! Garde-le pour demain... » Elle ne sait pas exactement combien de repas il a prévu pour leur séjour mais elle ne comptait que sur celui de ce soir, ils pourront passer dans un super-marché le lendemain pour compléter les restes.

Finalement, alors qu’elle lui suggère d’ouvrir un restaurant pour répandre la bonne parole du veganisme, il semble retrouver un peu de sa bonne humeur. “Ce sera le premier pas pour implanter mes projets diaboliques. J’espère que tu ne viendras pas m’empêcher de forcer les humains à polluer moins ainsi que de sauver tous les animaux de la planète ” Elle prend un air sérieux face à son rire sardonique : « Mais bien sûr que je serais là pour te mettre des bâtons dans les roues ! Tu me connais, toujours prête à sauver la viande et ses lobbies ! » Et elle prend une position de super-héroïne, inversant définitivement les rôles, le méchant végan contre le gentil carniste, ils sont tous deux assez lucides et éveillés à l’écologie pour pouvoir jouer de ces préjugés qui leur paraissent ridicules mais ont pourtant la vie dure chez le commun des mortels. Enoch a commencé à s’intéresser au végétarisme et à l’écologie quand il a su qu’il allait devenir papa et c’est bien naturel de se demander quel monde il va léguer à ses enfants. Ils évoque d’ailleurs son rôle de papa et Jean se perd dans ses pensées et ses envies de maternité contradictoires avec le regard critique qu’elle porte sur le monde. Elle a peur de ne pas être à la hauteur si elle a des enfants et elle le verbalise presque sans réaliser qu’elle a dit cela à voix haute. “Je pense que tu seras la plus formidable des mères même s’il va falloir que ton enfant te supporte au quotidien et ça, ce sera compliqué.” Elle lui tire la langue en réponse à la sienne, il la taquine comme toujours mais ses mots lui font chaud au cœur et elle sourit. La plus formidable des mamans, cela est totalement irréaliste mais cela lui fait du bien de l’entendre de la bouche d’un ami si cher à son cœur. “Puis t’inquiètes je te donnerais des conseils pour changer les couches.” Son poing vient se loger doucement contre son épaule et Jean répond sincèrement : « C’est pas franchement cette partie qui m’inquiète... » Faire chauffer un biberon, déplier une poussette, changer une couche, tout cela doit s’apprendre très vite, mais être une mère réellement et profondément, ça ne s’apprend pas en lisant une notice ou en regardant un tuto sur youtube. “Comme a dit une personne, on ne naît pas femme, on le devient. Et bien figure toi que c’est pareil pour les parents.” Jean sourit, il a probablement raison, tout le monde parle du fameux instinct maternel qui prend possession de vous dès lors que vous avez donné la vie. « Simone de Beauvoir... » dit-elle avec un accent français abominable. « Celle qui a écrit cette phrase... » Et elle clôt ainsi le sujet de son éventuelle maternité, c’est quelque chose qui la perturbe et l’attire autant que cela l’effraie, elle n’a pas envie d’en faire le centre de la conversation pendant leur repas. Ils continuent de se restaurer, surtout Jean puisqu’Enoch fait preuve d’un petit appétit, et ils discutent, rient, se chamaillent. Elle lui assure encore une fois qu’il n’a pas pris la grosse tête en acquiesçant à sa question. Ils sont bien ensembles, Jean se sent libre d’être elle-même en cet instant, Enoch est devenu un ami si proche en quelques mois à peine, elle n’aurait jamais cru initialement, elle qui l’avait approché pour essayer de faire de lui le méchant de l’histoire de Charlie et des jumeaux. Mais elle s’était bien vite rendue compte que celle qui exagérait dans l’histoire était sa cousine et qu’Enoch méritait bien mieux que les tourmentes que Charlie lui avait fait vivre. Il a l’air heureux, bien qu’un peu troublé, et cela comble Jean de l’avoir vu aussi bien toute la journée, elle ne veut pas le laisser sombrer à nouveau dans la déprime, elle veut continuer à voir ce sourire illuminer son visage. Mais son aveu surprise n’a pas l’effet escompté, elle le voit perdre totalement ses moyens, bégayer, et elle ne comprend pas ce qu’il se passe, elle s’en veut d’avoir provoqué un tel bouleversement en lui avec une simple plaisanterie et surtout, elle ne comprend pas comment ou pourquoi. Elle n’ose pas relever et lui demander ce qu’il se passe puisqu’il essaye de toute évidence de camoufler (très laborieusement) son état. Alors elle préfère enchaîner au plus vite et proposer une mission « recherche de branche en milieu hostile ».

Jean n’aurait pas cru si bien dire en parlant de dangereux serpents car alors qu’ils fouillent les environs, elle se voit obligée de bousculer le pédiatre, l’envoyant au tapis malgré elle, pour lui éviter une morsure d’un serpent qu’elle n’a pas le temps d’identifier. Peut-être était-il inoffensif, mais peut-être pas… Elle avait eu un sacré réflexe mais y était allée un peu fort et elle s’empresse de l’aider à se relever en s’excusant. “J’ai l’habitude de me faire malmener par certaines personnes.” Il se redresse et elle s’assure qu’il ne se soit pas fait mal, il aurait pu tomber sur un rocher (ou sur un autre serpent, ça aurait été le comble). “Non non, ça va t’inquiètes.” Elle l’observe de haut en bas pour s’assurer qu’il n’essaye pas juste de la rassurer par politesse tout en étant blessé. Elle lui prend même la lampe torche des mains pour l’examiner avant de conclure avec un air amusé : « Ça va, tu as l’air entier. » Elle le regarde dépoussiérer ses vêtements et se met à expliquer d’un air malicieux qu’elle ne sent plus sa force pour se justifier de l’avoir ainsi envoyé au sol. La boxe et le krav maga sont devenus des exutoires très importants dans sa vie et Matthias lui reproche souvent de foncer au dojo dès qu’elle quitte son bureau. “C’est parce que je te laisse faire. On se fera un combat si tu veux un de ces jours.” Elle rit devant ses fanfaronnades, il a beau faire quelques centimètres de plus qu’elle et avoir une masse musculaire clairement supérieure, elle sait qu’elle aurait ses chances, si elle était assez maline. « Avec plaisir, et t’auras pas intérêt à me laisser gagner ! » Elle déteste quand elle se retrouve face à des adversaires qu’elle ne connaît que de vue au dojo et qu’ils se retiennent comme s’ils avaient peur de la briser en deux, ça lui rappelle encore une fois qu’elle a un physique de gamine fragile et sans défense et qu’il est toujours plus difficile pour elle d’obtenir le respect et la considération des autres.

Finalement, ils rejoignent tous deux le coin du feu et préparent les guimauves selon les indications très précises d’Enoch et puis le voilà qui pose sa main sur la sienne, qui guide ses gestes pour que le chamallow dore correctement. Elle ne s’y attendait pas, Jean, et le contact de leurs mains lui électrise la peau. Elle est gênée, ne sait pas vraiment ce que ces sensations physiques veulent dire vraiment, elle sent l’or froid de son alliance autour de son doigt et elle se sent coupable. Coupable de se demander si Matthias est réellement l’homme de sa vie, si finalement, elle ne s’obstine pas dans un mariage qui est voué à l’échec parce qu’il n’est pas le bon. Et elle se demande pourquoi il fait cela, est-ce qu’on prend la main d’une amie comme cela ? Elle commence à se demander s’il n’a pas des intentions autres envers elle. Elle arrive à grand peine à prononcer quelques mots. “Et tu fais bien.” Leurs regards se croisent et Jean croit voir quelque chose dans l’œil d’Enoch également, c’est fugace alors elle n’est pas sûre, mais cela renforce ses doutes… Il est attiré par elle en cet instant précis, il la regarde avec un mélange de gêne et d’admiration, comme si elle était la septième merveille du monde et qu’il s’était fait surprendre à l’effleurer des doigts. Elle est coupée dans les fulgurances de son imagination débordante par la question de celui-ci concernant ses voyages. La question sort de nulle part mais elle ne compte pas la contester, elle arrive à point nommé pour sortir Jean de ses pensées qu’elle n’arrivait pas à démêler et qui la mettent profondément mal à l’aise, elle n’a pas invité Enoch pour une autre raison que lui donner une respiration de son quotidien difficile. Elle répond d’une voix tremblante et s’empresse de lui retourner la question à laquelle il répond aussi de manière concise : “Jamais en dehors de l’Australie.” Puis, le silence. Seuls s’écoutent le crépitement des flammes et le son estompé d’une brise nocturne et lointaine, Jean sent que c’est devenu étrange entre eux, les questions sur ce qu’elle a ressenti quand il a touché sa main reviennent à la charge et cette fois-ci c’est l’approche d’une guimauve présentée du bout des doigts devant la bouche de la journaliste qui les interrompt. Sans réfléchir, elle croque dans le chamallow qui se met à dégouliner et sa seule réaction est la panique, comme si laisser cette guimauve chaude couler sur son menton et ses vêtements était la pire chose qui pouvait arriver. Elle réagit de manière tant instinctive que stupide alors qu’elle gobe le chamallow en entier et que ses lèvres glissent sur les doigts d’Enoch. Elle vire au cramoisi en un temps record, s’empresse d’avaler la gélatine en manquant de s’étouffer avec et s’excuse aussitôt. Il a l’air aussi gêné qu’elle et elle a envie de s’enfiler un sac sur le visage pour disparaître. “No... non c’est de ma faute… je me suis pas retiré à temps.” Elle décide d’ignorer cette remarque qui pourrait être une allusion clairement sexuelle, Enoch a l’air juste totalement mortifié, il ne l’a pas fait exprès à coup sûr et elle se demande comment elle a pu imaginer qu’il avait d’autres intentions envers elle que simplement de lui apprendre à griller des guimauves ? Il a l’air choqué de ce qu’elle vient de faire et Jean essaye de dissiper le malaise en demandant de quoi s’essuyer le menton et les doigts.

Elle voit Enoch se précipiter et revenir avec une lingette en main, elle doit avoir l’air totalement ridicule car il lâche un rire amusé. “Tu es une magnifique femme à barbichette.” Magnifique. « Je dois avoir l’air stupide surtout... » souffle-t-elle, ses doigts collants dressés en l’air pour ne pas les reposer sur ses vêtements, elle ne sait pas pourquoi le regard d’Enoch lui importe tant en cet instant, pourquoi elle a si honte d’avoir une barbichette de guimauve comme il l’a appelée. Mais elle aurait dû saisir la lingette de ses mains, ne pas le laisser s’approcher à nouveau aussi près d’elle, pourtant, avant qu’elle ne réagisse, il commence déjà à lui ôter le sucre gélatineux du menton, ses geste sont doux, leurs visages sont si proches qu’elle sent son odeur et son souffle contre elle. Est-ce qu’il veut m’embrasser ? Est-ce que l’on va s’embrasser ? Est-ce qu’on devrait s’embrasser ? Est-ce que ça m’aiderait à y voir plus clair ? Est-ce que ça répondrait à toutes ces questions sur Matthias, notre mariage et notre amour ? Jean est figée, paralysée par les enjeux, n’arrivant pas même à savoir ce qu’elle souhaite réellement à cet instant. Qu’il le fasse ? Ou qu’il ne le fasse pas ? “Je suis vraiment désolé pour ce que je vais faire... ” Ces mots provoquent des frissons dans l’échine de la journaliste. Il va le faire. Elle ne bouge pas, elle ne recule pas, elle laisse ses lèvres se poser sur les siennes, elle ferme les yeux et se laisse porter par le baiser. A aucun moment elle ne lutte, elle ne reste pas passive non plus, elle ne pourra même pas dire ça à sa conscience quand l’instant sera passé, elle presse ses lèvres contre les siennes et elle sent son cœur se serrer dans sa poitrine. Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que ça veut dire merde!? Au bout d'interminables secondes, il se recule et leurs lèvres se détachent et Jean n’est pas plus avancée, elle n’a pas l’impression qu’une seule des questions qu’elle se posait ait trouvé une réponse, à part celles concernant les intentions d’Enoch. Elle est toujours aussi perdue et le sentiment de culpabilité vis à vis de son mari la prend aussitôt à la gorge. « Enoch... » murmure-t-elle suppliante, sans même savoir ce qu’elle attend de lui. “J’aurais pas dû mais je peux pas m’en excuser.” Est-ce que c’est ce dont elle aurait besoin ? Qu’il s’excuse ? Non, ce serait hypocrite, elle l’a laissé faire, elle voulait qu’il le fasse. Elle enfouit son visage dans ses mains et souffle : « J’aurais pas dû, non plus… A quoi j’ai pensé... » Pas à son mari en tous cas. Ou peut-être qu’elle a peut-être trop pensé à lui, à ses doutes constants sur cette relation qu’ils essayent de sauver en vain, elle s’est sentie si bien avec Enoch toute cette journée, elle s’est demandé si ce n’était pas lui qui aurait dû être l’homme qui partage sa vie.

Mais ce baiser n’a fait que créer plus de confusion dans son esprit, elle relève les yeux pour les plonger dans ceux d’Enoch espérant y trouver une réponse. Mais ce sont ses lèvres qui s’agitent et qui attirent son regard, elle l’entend en même temps qu’elle le lit sur ses lèvres : “Je t’aime.” Ses yeux s’écarquillent et son cœur manque un battement, ça c’est trop c’est beaucoup trop qu’elle puisse encaisser maintenant alors que le peu de certitudes qu’elle pensait avoir viennent de s’écrouler et qu’elle culpabilise à mort. « Quoi ? Mais… Je… Enoch… Ne dis pas n’importe quoi... » balbutie-t-elle en s’éloignant de lui instinctivement, elle ne veut pas croire qu’il pense vraiment ce qu’il vient de dire. Bien entendu, ils s’aiment beaucoup, mais comme des amis, il y a peut-être une attirance aussi, mais il ne peut pas l’embrasser comme ça et lui déclarer qu’il l’aime dans la foulée. Il ne peut pas lui faire ça. Qu’est-ce qu’elle pourrait répondre maintenant ? Elle qui ne sait pas si elle a jamais aimé qui que ce soit comme on est sensé aimer l’homme de sa vie, ou son petit-ami, son mari... Elle pense à Matthias à qui elle a menti, à qui elle n’a pas dit qu’elle partait avec Enoch, comme si elle savait déjà que ce genre de chose pouvait arriver, comme si elle avait prémédité son acte. « Je suis désolée… Je ne peux pas… Matthias… Je peux pas lui faire ça… Excuse-moi... » Si Enoch est vraiment amoureux comme il le prétend, alors elle y est forcément pour quelque chose, elle est responsable de cela et elle ne va pas blesser seulement une mais deux personnes désormais et elle s’en veut encore plus pour cela. Elle l’aime fort, Enoch, c’est son ami, elle veut son bonheur et elle a l’impression qu’elle s’apprête à lui briser le coeur alors que celui-ci a déjà été laissé en mille morceaux par Charlie. Elle l’aime fort et l’attention qu’il lui a porté pendant cette journée a été des plus plaisantes et si le baiser a été aussi doux qu’une caresse, elle n’a pas senti les étincelles qui sont décrites dans tous les romans d’amour. Elle sait que c’est stupide, qu’elle ne les a jamais senties avec Matthias non plus, que cet amour littéraire n’existe peut-être pas, mais en tous cas, ce baiser n’a pas résolu son combat intérieur, il n’a fait que l’empirer. Et ce je t’aime, n’en parlons pas. Elle s’excuse à nouveau : « Tout est de ma faute… Je suis désolée… Je vais me coucher… ça vaut mieux… ru veux bien t’occuper d’éteindre le feu ?... » bredouille-t-elle fuyant toujours son regard, leur petite plaisanterie sur le feu de forêt lui revient en mémoire, quand tout était plus simple et fluide entre eux, juste quelques minutes plus tôt. Alors elle se lève et se dirige vers la tente qu’elle ouvre et commence à prendre un sac de couchage et son sac pour rapatrier ses affaires dans le véhicule où elle a décidé qu’elle passera la nuit, loin du pédiatre et de son cœur qu’elle finira par blesser comme celui de Matthias si elle reste trop près de lui : « Je vais dormir dans la voiture, ça vaut mieux... » annonce-t-elle d’une voix qu’elle veut ferme. Il est impensable qu’ils partagent le matelas gonflable maintenant, ils auront beau être chacun dans un sac de couchage, leurs visages seraient si proches et Jean pourrait être tentée de reposer ses lèvres sur les siennes, pour voir si les étincelles avaient seulement tardé à se montrer. Mais pas maintenant qu’il lui a dit qu’il l’aimait, elle ne peut pas se servir de lui de la sorte pour comprendre ses sentiments, le traiter comme un cobaye pour faire le ménage dans son esprit embrumé, il ne mérite pas cela. Tant qu’elle n’est pas sûre d’elle, elle ne peut pas lui faire de faux espoirs comme cela. Elle se relève, les bras chargés et commence à se diriger vers le véhicule, décidée à s’y isoler peu importe ce qu’il pourra dire.
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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyMer 17 Mar 2021 - 18:06

Je disais ça pour rire, j’aurais jamais assez de place pour ça ! Garde-le pour demain...” Je ne sais si je me sens honteux à cause des sensations étranges qui m’embrument l’esprit ou bien car j’ai pris au premier sens sa blague. Finalement le quiproquo me fait plus rire qu’autre chose et dissimule l’embarras que je peux ressentir à son égard alors que mon appétit ne cesse de se faire happer par la boule de mon estomac qui me tire plus que de raison.  “Vu comment tu as l’air affamé, le doute est permis. ” Je ris à l’éclat bien que dans ma tête ça résonne affreusement faux sans pour autant que je sache pourquoi. Cependant je décide de ne pas m’attarder dessus plus que de raison et je change même le sujet. “Puis tu as intérêt de profiter de cette nourriture fraîche, pas dis qu’on mange aussi sainement dans les prochains jours.  ” Je lui fais un clin d’oeil amusé. La malbouffe risquait de rapidement s’imposer à nous à cause de la fatigue et surtout de nos flemmes respectives. La conversation se poursuit au gré des crépitements des flammes alors que les étoiles au-dessus de nos têtes entament une salve avec quelques nuages passagers poussés par le vent.  “ Mais bien sûr que je serais là pour te mettre des bâtons dans les roues ! Tu me connais, toujours prête à sauver la viande et ses lobbies ! ” “ Jean la bouchère, ça t’ira bien comme pseudo de super-vilaine. Puis t’es blonde. Te manquerait que les yeux bleux et tu pourrais dire que tu appartiens à une race supérieur de carniste.” Est-ce que je viens d’effleurer le point godwin ? Oui sans aucune raison autre que parce que ça me fait rire à ce moment précis. Simple surenchère à une autre surenchère.

On en vient à parler de l’expérience d’être parent et autant dire que le domaine ne m’est absolument pas inconnu. Ironiquement c’est même devenue la tâche qui me prend le plus de temps, ce par quoi désormais je me définis. Je n’entends que trop bien les craintes de Jean à l’égard d’un jour de devenir mère, j’ai connu les mêmes lorsque Charlie m’a annoncé être enceinte et qu’elle voulait avorter. A aucun instant je n’ai considéré la seconde option comme viable car je voulais cette responsabilité alors qu’à aucun moment je ne m’étais préparé à être père. Les inquiétudes face à l’inconnu sont toujours grandes et c’est tant mieux. Sans tomber dans un excès, la charge de parent n’est pas anecdotique et douter du poids que cela peut avoir sur nos épaules est normal. Le contraire serait peu rassurant et cette insouciance indiquerait clairement un manque de réflexions ainsi que de considérations pour ce genre de responsabilités. Je tente de la rassurer en lui assénant qu’elle serait une super mère malgré le fait que ses enfants devraient la supporter.  “ C’est pas franchement cette partie qui m’inquiète... ” “ Jeune âme innocente. Pardonnez la seigneur. ” J’éclate de rire. C’est ce qui a l’air le plus simple qui est le plus compliqué. Pas en tant qu'élément isolé, mais en tant que tout. Être père, mère ou tuteur, c’est endosser différentes casquettes qui sont parfois contradictoires. J’essaye même de philosopher en sortant une phrase connue.  « Simone de Beauvoir... » J’hoche la tête à sa réponse en mimant que je savais alors que pas du tout. « Celle qui a écrit cette phrase... » La parenthèse sur la famille se referme et le naturel de chacun revient galopant ou presque.

Notre conversation se poursuit avec quelques indélicatesses de la part de Jean qui me font me sentir assez mal pour une raison que je peine à cerner. Il n’y a aucune raison à cela et pourtant. Je n’arrive pas à mettre un mot sur mes émotions et je me réfugie dans le jargonnage médical pour décrire ce que je pense être des symptômes et je crois les doigts pour ne pas tomber malade, pas maintenant. Cela serait vraiment le plus affreux des combles. A cause de mon oubli de prendre de quoi piquer les guimauves, l’on se retrouve à chercher dans le noir ce qui pourrait nous être utile pour faire griller nos gourmandises. Peu concentré sur ce qui se passe autour de moi, je ne remarque pas le serpent qui manque de me mordre. L’invention providentielle de la journaliste a permis, heureusement, d’éviter le pire même si mon épaule gauche m’est un peu douloureuse. « Ça va, tu as l’air entier. »“Oui je suis pas encore en sucre.” Que je la regarde avec un air un peu con. Il en faut plus pour me terrasser, enfin j’espère. Je lui envoie une pique de challenge que l’on pourrait se faire un jour. Sa réponse m’arrache un large sourire. « Avec plaisir, et t’auras pas intérêt à me laisser gagner ! » “Parce que t’es une femme ? Certainement pas.” Je m’esclaffe. Ariane et Danika m’ont appris à ne pas sous-estimer l’autre genre, à aucun moment.

L’on retourne finalement près du feu, et c’est là que n’importe quel regard extérieur qui contemplerait la scène dirait que le drame commence. Pour une raison que j’ignore, une de plus et ça commence à faire beaucoup, mon regard finit toujours irrémédiablement sa course dans le sien, comme s’il était aimanté. Je lui prends la main pour lui montrer comment faire cuire le bonbon. Elle devrait résister, refuser, s’en offusquer. Et pourtant rien. A aucun moment Jean ne réagit. Il n’y a rien, ni dans ses gestes, ni dans ses paroles, ni dans son regard qui m’ordonne d’arrêter ce que l’on est en train de faire. Je ne sais pas pourquoi l’idée d’un sacrilège s’immisce dans ma tête, alors que je lui montre simplement comment éviter de brûler de la nourriture. Basiquement c’est ça. Pourtant la fantaisie flottille dans mon esprit et peut-être dans le sien aussi. J’ai le sentiment que le temps se suspend et que plus rien n’a d’ancrage dans la réalité. La logique est suspendue et sans raison aucune je lui apporte de ma main une guimauve. Celle-ci vient se glisser, encore chaude, entre les dents de la personne dont je suis supposé être le simple assistant, l’ami. Pourtant là, à cet instant, j’ai l’impression de n’être absolument pas en phase avec ce que je suis supposé être. Je sens la pulpe de ses lèvres caresser mon doigt et j’ai soudainement envie de plus que ce simple et placide contact. Cette simple pensée me fait dérailler, sévèrement. Elle s’accuse et je m’accuse. Nous sommes nos propres juges et bourreaux sur l’instant. Toute mes pensées fuyardes se défilent pour se concentrer sur un petit tissu de papier blanc à l’odeur de citronnelle. Je ris, la situation me paraît vertigineuse. J’ai peur, j’ai l’impression que le sol va s’effondrer sous mes pieds. J’en viens à me demander si le serpent n’aurait pas mieux fait de me mordre.  « Je dois avoir l’air stupide surtout... » “L’un n’est pas incompatible avec l’autre.” Nos visages sont plus proches qu’ils ne l’ont peut-être jamais été. Ma conscience s'époumone à me dire de reculer alors que la raison m’intime de suivre ses ordres. Pourtant je ne résiste pas, je cède à la facilité et j’approche mes lèvres des siennes. Incapable de voir le sacrilège que je vais comettre, je ferme les yeux alors que dans un ultime espoir je prie pour qu’elle esquive, qu’elle me mette une baffe ou ne je sais quoi d’autres. Il n’y a rien pourtant, simplement la douceur suave de ses lèvres au contact des miennes. Chaque seconde passée intensifie ma culpabilité qui pèse sur mon cœur. C’est elle, et elle seule, qui me lâcher prise, reculer. Alors que je prends pleinement conscience de l’ampleur de mon acte qui n’a pas de sens. « Enoch... » Elle est suppliante. Ma voix est grave et désespérée. La peur d’exister sans vivre me rentre frontalement dedans. Je n’arrive même pas à m’excuser. « J’aurais pas dû, non plus… A quoi j’ai pensé... » Je me tais en choisissant le chemin de l'égoïsme, comme à chaque fois. Je refuse de partager la faute qui est mienne parce qu’elle doit l’être. Je n’ai que des enfants, Jean a un mari. Je ne le connais pas, il ne m’a rien fait et en agissant ainsi je mets en menace leur couple qui bat déjà de l’aile. Cependant, ma seule envie est de poser une nouvelle fois mes lèvres sur les siennes. De la faire taire pour lui dire que c’est entièrement de ma responsabilité. Pour faire cesser ma crise de conscience aussi, museler mes doutes que ce qu’ont fait est le mal absolu. J’ai des millions de milliards d'arguments pour expliquer pourquoi ce que j’ai fait est néfaste et pourtant je veux recommencer.

Alors je décide de rompre les choses. Je mens, par peur de blesser mais aussi par crainte de m’estropier. Je lui avoue le plus horrible des mensonges, une phrase à l’emporte-pièce qui vise à la repousser loin de moi et à me servir de prétexte pour me détester, plus fort que jamais. Je ne sais pas ce que j’espère ainsi. « Quoi ? Mais… Je… Enoch… Ne dis pas n’importe quoi... » Je me mure dans le silence alors que ma crainte est que la journaliste comprenne que mes mots ne sont finalement qu’une diversion, un moyen de mieux nous égarer dans une relation qui semble s’effondrer à vu d’oeil, tant le séisme est important. « Je suis désolée… Je ne peux pas… Matthias… Je peux pas lui faire ça… Excuse-moi... » “Oui en effet.” C’est le cœur lourd que j'acquiesce sans vraiment grande envie alors que des sensations contraires s’affrontent dans ma tête. J’ai finalement plus l’impression d’avoir mis le feu au bâtiment qui tremble sous les répliques des secousses sismiques.  « Tout est de ma faute… Je suis désolée… Je vais me coucher… ça vaut mieux…tu veux bien t’occuper d’éteindre le feu ?... »“Non ce n’est pas la tienne.” Je ne sais pas si je suis audible tant je parais minable et faible alors que je la sens tout aussi perdu que moi. Il est déjà trop tard pour rembobiner le temps. Il y aura un avant et un après, c’est la seule certitude. Finalement cette situation, n’est de mon point de vue, que la réminiscence de mes fantômes passés. Je la vois s'atteler à prendre de quoi dormir et je ne réagis pas. Merde. Bouge toi le cul pour une fois dans ta vie. Je parviens à me hisser sur mes pattes qui me semblent terriblement tremblantes.  

« Je vais dormir dans la voiture, ça vaut mieux... » “Dans ce cas je dormirais dehors, c’est ce que je mérite.” Là où son ton tente de se montrer, le mien est criant de faiblesse. “Je ne t’aime pas. Enfin si...” et vas y enfonce toi comme le débile que tu as toujours été. “Ce que je veux dire c’est que c’est purement une attirance physique et c’est mal je sais.” Je ne contrôle pas la tonalité de ma voix, j’ai peut-être dû crier. “Ne te détournes pas de notre amitié à cause de mon incapacité à contrôler ma libido je t’en prie. C’est purement sexuel et c’est affreux à dire.” Cela m’arrache la bouche et me donne envie de vomir. J’ai simplement peur d’un requiem de ma relation avec Charlie qui avait commencé également par un amour charnel, mais ça je le tais.   “S’il y a quelqu’un qui doit prendre la voiture c’est moi. Et si tu veux que je rentre à Brisbane dès demain il n’y a aucun problème. Je suis infiniment désolé de te faire culpabiliser.” Oui c’est la chose la plus censée que j’ai dis de ces dernières minutes.

“Mais là, je n’ai qu’une envie, c’est de recommencer à t’embrasser.” Alors je t'en prie, repousse-moi.

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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyVen 19 Mar 2021 - 21:51

barefoot on the grass, listening to our favourite song (ft. @Enoch Adelson :l: )

L’ambiance est bonne autour du feu et d’un bon repas concocté par Enoch, même si ce dernier a l’air d’avoir l’appétit coupé par quelques préoccupations non identifiées. Elle lui offre son aide pour manger sa part en plaisantant, elle est en réalité incapable de manger double ration, celle qu’il lui reste à engloutir étant déjà bien assez conséquente. Elle se joint à ses rires et ne peut qu’acquiescer à son intervention suivante : “Puis tu as intérêt de profiter de cette nourriture fraîche, pas dis qu’on mange aussi sainement dans les prochains jours.« Oui, mais c’est surtout toi qui risque d’en souffrir, je suis habituée à manger n’importe quoi... » Elle sait très bien qu’elle devrait faire plus attention à ce qu’elle mange, être vegan est une bien belle chose mais si elle continue à se nourrir de chips et de plats préparés, son régime n’aura qu’une portée limitée sur sa santé et le système agro-alimentaire, elle en a bien conscience. Ils continuent sur ce ton léger et Jean endosse le costume de super-méchante carniste. “Jean la bouchère, ça t’ira bien comme pseudo de super-vilaine. Puis t’es blonde. Te manquerait que les yeux bleux et tu pourrais dire que tu appartiens à une race supérieur de carniste.” Houla, la surenchère de plaisanteries vient probablement d’atteindre ses limites en frôlant d’aussi près le point Godwin. Elle proteste sans pouvoir s’empêcher de rire, même si ses ricanement sont quelques peu gênés : « Arrête, quelle horreur ! » n’assumant pas vraiment de se retrouver comparée, même pour la blague, aux nazis et leur idéologie de race supérieure.

La conversation se déroule avec une fluidité déconcertante entre eux deux, ils se retrouvent à parler du fait de devenir parents, ce qu’Enoch connaît parfaitement et qui fait rêver Jean autant que ça la terrorise. Il lui propose de lui apprendre à changer une couche mais elle lui avoue que ce n’est pas cela qui l’inquiète. “ Jeune âme innocente. Pardonnez la seigneur.” dit-il avant d’éclater de rire. Finalement, il a probablement raison, il ne sert à rien de chercher le secret de la maternité avant d’avoir son propre enfant, tout cela lui viendra naturellement, un jour, si elle et Matthias passent à l’étape suivante et logique de leur couple.

Il est l’heure de griller les guimauves au dessus du feu de camps et c’est pour cette raison que les deux amis se mettent en quête de branches. Jean sauve la main d’Enoch d’une morsure de serpent en l’envoyant au tapis et s’empresse d’aller l’aider à se relever. “Oui je suis pas encore en sucre.” Elle ne sait pas s’il y a un fond d’orgueil blessé quand il dit cela et qu’il enchaîne en lui proposant une combat, comme une revanche future. Elle accepte, tout en exigeant qu’il ne la laisse pas gagner, son oncle Cian avec son entraînement militaire y va toujours avec le dos de la cuillère quand ils se retrouvent au dojo et même si elle sait qu’il la terrasserait en moins d’une minute avec son poids plume, ça l’agace qu’il retienne ses coups. Dans la vraie vie, les gens ne retiennent pas leurs coups et Jean veut être prête à encaisser. “Parce que t’es une femme ? Certainement pas.« Tu ferais mieux, car je te ferais pas de cadeaux non plus... » le taquine-t-elle tandis qu’ils rejoignent le coin du feu, enfin équipés pour faire griller les chamallows.

Est-ce que c’est à cause des contacts physiques qu’il vient d’y avoir entre eux, même s’ils ont été plutôt musclés, Jean ne saurait le dire mais une fois qu’ils se retrouvent côte à côte, tout devient bizarre entre eux. Est-ce que ça vient de lui ou d’elle ? Ou des deux peut-être ? Il prend sa main et réveille en elle une multitude de questions et de doutes par ce geste. Puis, il porte la guimauve jusqu’à ses lèvres et cela devient comique ou tragique au choix. La guimauve coule, elle essaye d’éviter la catastrophe en en provoquant une autre de bien plus grande ampleur. Ses lèvres caressent les doigts d’Enoch par inadvertance, un geste sensuel qui la met dans l’embarras parce qu’elle sent que la situation est sur le point de déraper de son côté, peut-être de celui d’Enoch également. Et cela ne tarde pas à arriver, alors qu’il essuie son menton, que leurs visages sont si proches et que Jean pense à ses lèvres contre les siennes, à l’hypothèse que tout ceci n’est pas seulement une belle amitié mais pourrait être plus. Plus que son propre mariage ? C’est finalement Enoch qui cède à la tension qui s’est installée entre eux, ce sont ses lèvres qui rejoignent celles de Jean.

Le baiser est doux mais il provoque une tornade de doutes dans le cœur de la journaliste, elle n’en sait pas plus sur ses sentiments quand ils s’écartent, elle sent simplement la chape de culpabilité s’abattre sur elle. Matthias. Il ne mérite pas cela. Il n’aurait pas dû, elle n’aurait pas dû, ils n’auraient pas dû et pourtant ils l’ont fait et ils ne peuvent pas retirer ce qu’ils viennent de faire. Pire encore, Jean voudrait l’embrasser encore, même si ça n’a pas été un feu d’artifice, ça a été différent de quand elle embrasse son mari, peut-être que la force de l’habitude a simplement lissé les choses entre eux, peut-être que c’est la culpabilité qui donne une saveur particulière à ce baiser. Elle s’en veut de l’envisager et pourtant, cela lui traverse l’esprit alors même qu’elle cherche une réponse dans le regard d’Enoch. Je t’aime. Voilà la réponse qu’il lui fournit, laissant l’Irlandaise terrassée par cet aveu incroyable et qui change tout. Elle l’aime beaucoup aussi mais elle ne lui dira pas cela, elle s’excuse simplement, elle s’excuse d’avoir laissé tout ceci dériver à ce point. Si Jean avait gardé ses distances dès le départ, libéré sa main de la sienne, récupéré le chamallow entre ses doigts avant de le croquer, tout ceci n’aurait jamais eu lieu, elle aurait pu détourner le visage aussi, pour éviter son baiser. C’est elle qui est mariée, c’est elle qui a un devoir de fidélité envers son époux mais elle lui a visiblement envoyé des signaux tout autres. C’est assez peu étonnant vu le bordel monstre qui règne dans son cœur et dans son esprit, incapable qu’elle est de faire le tri et de comprendre ce qu’elle veut réellement. La culpabilité, cependant, elle la ressent clairement, envers Matthias d’abord, elle bredouille à Enoch qu’elle ne peut pas lui faire ça. “Oui en effet.” acquiesce-t-il et elle culpabilise de ne pas avoir réalisé avant de ce qui était en train de se tramer entre eux, de cette ambiguïté qu’elle a laissée s’installer. Elle s’excuse encore, tout est de sa faute à elle. “Non ce n’est pas la tienne.” l’entend-t-elle murmurer alors qu’elle se lève et se dirige vers la tente. Bien sûr que si c’est de ma faute..., pense-t-elle mais elle se contente de réunir ses affaires en annonçant qu’elle va dormir dans la voiture.

Il est là, debout devant elle et sa voix est tremblante quand il rétorque : “Dans ce cas je dormirais dehors, c’est ce que je mérite.” Elle secoue la tête comme s’il venait de dire une énorme bêtise, pourtant il est simplement englué dans sa culpabilité face à la situation, tout comme elle. « Arrête, tu n’as pas à culpabiliser... » C’est lui qui l’a embrassée mais c’est elle qui s’est laissée faire, il est célibataire Enoch, il n’avait aucune raison de ne pas suivre son instinct à ce moment, ou son cœur. “Je ne t’aime pas. Enfin si...” Le regard de Jean traduit clairement la confusion dans laquelle elle se trouve à présent. Il l’aime ou il ne l’aime pas ? Elle ne sait déjà pas ce qu’elle ressent elle-même alors si Enoch se montre aussi perdu qu’elle, les lignes vont définitivement devenir trop floues pour savoir à quel moment ils sont en train de les franchir. « Attends… Quoi ? » Son regard interrogateur scrute le jeune pédiatre qui a l’air sur le point de tomber dans les pommes tellement il a l’air stressé par la situation. Elle lâche ses affaires sur le sol, sac de couchage et bagage, attendant de comprendre. “Ce que je veux dire c’est que c’est purement une attirance physique et c’est mal je sais.” Pourquoi est-ce que cela fait si mal à entendre, qu’il la réduise à une enveloppe charnelle ? Pourquoi elle se sent aussi vexée alors qu’elle-même n’a aucune idée de ce qu’elle ressent à son encontre. Ça devrait la soulager, non ? De savoir qu’il ne l’aime pas vraiment, qu’elle n’a pas fait de victime collatérale en se comportant avec autant d’insouciance à son égard ? Ce qui lui fait mal probablement c’est qu’elle sait au fond d’elle qu’Enoch ne l’attire pas physiquement, pas plus que Matthias, si elle les aime c’est pour leur intellect, leur conversation, leur sensibilité, leur gentillesse, leur humanité tout simplement. Elle ne sait pas ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent et encore moins ce qu’elle veut à cet instant précis. Enoch lui annonce qu’il l’aime et elle panique de ce que cela implique et maintenant qu’il se contredit et lui dit qu’il s’agit d’une attirance purement physique, elle a l’impression que leur amitié est un mensonge. “Ne te détournes pas de notre amitié à cause de mon incapacité à contrôler ma libido je t’en prie. C’est purement sexuel et c’est affreux à dire.« Arrête de dire ça ! Je suis qu’un morceau de viande pour toi, c’est ça ?! » s’énerve-t-elle sans réussir à cacher plus longtemps que ses mots la blessent. A croire que quoique dira Enoch, il mettra les pieds dans le plat et empirera la situation. « Enoch… Je sais pas ce que c’est ça… » avoue-t-elle en le désignant lui, elle puis le théâtre de leur rapprochement ambigu du soir. « J’en ai aucune idée… Mais tu peux pas m’embrasser, puis me faire une déclaration d’amour pour ensuite me dire que tu veux juste me baiser ! » Ses mots sont crus mais c’est comme ça qu’elle vient de ressentir leurs derniers échanges, un ascenseur émotionnel qui aboutit sur de la vulgarité. Elle se pince l’arrête du nez comme si cela pourrait l’aider à y voir plus clair, à faire le tri dans le tsunamis de sentiments et de pensées qui se déchaînent en elle. « Je t’aime beaucoup Enoch et oui, ça ne va plus avec Matthias, mais je vais pas tout gâcher avec lui parce que tu es en manque de sexe ! » C’est sûrement très hypocrite de sa part, elle qui prend tout ceci comme une expérience, une manière de comprendre ce qui ne va pas dans son mariage ou encore, ce qui ne va pas chez elle tout court. Elle s’est laissée emportée dans cette incartade car elle sait qu’Enoch pourrait être le bon, leur amitié est belle et intense et les moments passés ensemble lui font beaucoup de bien, elle croit qu’il pourrait devenir plus, peut-être, qui sait ? Mais il n’y a rien pour l’instant, non ? Simplement une possibilité, un pourcentage de compatibilité qu’elle a calculé inconsciemment dans sa tête, un baiser qui n’a rien clarifié et une culpabilité qui leur faire dire n’importe quoi à tous les deux. « Je sais pas où on va mais si tu me dis qu’il n’y a que mon cul qui t’intéresse, alors ça ne vaut peut-être pas la peine de le découvrir... » Toutes ces heures à discuter, à rire, à partager bien plus que de banales conversations, elle a cru que ça avait fait d’eux de véritables âmes sœurs, et s’il est attiré par elle physiquement, ça ne devrait pas se limiter à ça, ou alors il a feint leur complicité tout ce temps dans l’espoir de la mettre dans son lit dès qu’il le pourrait ? Cette pensée lui paraît aussi improbable qu’affreuse, elle n’aurait jamais cru cela de sa part.

S’il y a quelqu’un qui doit prendre la voiture c’est moi. Et si tu veux que je rentre à Brisbane dès demain il n’y a aucun problème. Je suis infiniment désolé de te faire culpabiliser.” Elle soupire parce qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut, elle ne sait pas ce qu’elle voudrait qu’il lui dise, elle ne sait pas ce qu’elle voudrait qu’il fasse. Elle est partagée entre culpabilité, colère face au discours changeant d’Enoch et ses propres indécisions et enfin, le besoin de découvrir ce qu’il se trame réellement entre eux deux. Il pourrait effectivement rentrer en avion dès le lendemain, après tout elle avait prévu ce voyage en solo initialement, mais est-ce qu’elle a envie qu’il parte avant qu’elle n’ait pu comprendre ce qu’elle ressent ? Non. « Je ne sais pas ce que je veux, c’est bien ça le problème… J’aimerais juste comprendre ce qu’il se passe entre nous. Je ne sais même pas pourquoi je culpabilise... » Pour le baiser ? Pour d’éventuels sentiments amoureux qu’elle n’arrive pas à déchiffrer ? Simplement car elle n’a pas respecté les vœux sacrés du mariage ? Ou bien parce qu’elle sait que Matthias aura le cœur brisé et qu’elle ne veut pas le blesser ? Est-ce qu’elle va arrêter un jour de se sentir coupable pour le monde entier et ménager tout le monde autour d’elle sans jamais penser à elle ?

Mais là, je n’ai qu’une envie, c’est de recommencer à t’embrasser.” A ces mots, Jean se sent fébrile, il vient d’envoyer la balle dans son camps, c’est donc à elle de décider, elle le voit prêt à s’approcher en une enjambée et alors qu’elle est toujours aussi perdue, elle doit décider de le repousser ou pas. Se laisser porter par le moment et advienne que pourra ? Elle le regarde, ne répond rien, ferme les yeux et expire longuement pour stabiliser ses émotions. Il ne sait pas ce qu’il veut non plus Enoch, est-ce qu’il l’aime ou veut-il juste lui sauter dessus, ou plus probablement se situe-t-il dans un genre d’entre deux… En tous cas, s’ils se quittent ainsi ils ne sauront probablement jamais et peut-être que c’est un risque pour leur amitié mais est-ce que ce baiser n’a pas déjà tout changé ? Est-ce qu’un deuxième empirera vraiment les choses ? Elle rouvre les yeux. En cet instant, elle n’a pas envie de s’enfermer dans la voiture seule, elle a envie d’être avec lui, elle a envie qu’il l’embrasse oui. « C’est vraiment la pire idée du siècle... » dit-elle en se contredisant aussitôt, franchissant elle-même le mètre de distance qui les sépare et glissant ses bras autour de son torse, ses mains se frayant un chemin jusque dans son dos. Elle lève les yeux vers lui, elle ne devrait pas faire ça, il ne faudrait vraiment pas mais elle le fait tout de même, elle hisse ses lèvres jusqu’aux siennes et cette fois-ci, elle n’est pas prise par surprise, elle a pris la décision et elle met toute la passion qu’elle peut dans ce baiser priant pour que tout s’éclaircisse enfin. Soit ce baiser sera incroyable, soit il sera insipide, dans ces deux cas, elle saurait quoi faire. Mais ce baiser n’est rien d’aussi extrême, il est agréable et même très réconfortant, elle pourrait se laisser porter par la suite juste parce qu’elle a besoin de cela en cet instant d’égarement, pas sûr qu’elle y voit beaucoup plus clairs dans ses vrais désirs après tout cela ceci dit.
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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyDim 28 Mar 2021 - 19:03

Je blague malgré les papillons dans mon estomac. Mes rires à l’éclat couvrent les murmures de mes doutes et de mes hésitations alors que mon esprit se pose mille questions à la fois. L’humour semble me faire oublier mes peurs précédentes et parvenir à me concentrer de nouveau sur Jean malgré mon regard qui cherche toujours instinctivement à prendre la tangente. Cela brise un silence que je crains bien trop tôt et que je m’efforce d’empêcher de naître en jouant une surenchère perpétuelle. Forcément un moment je me fracasse sur l’insondable plafond de verre et j’entends bien son rire gêné en réponse à l’exagération de trop. C’était évident que cela arriverait et ce n’est pas tant la gaucherie de la situation qui attire toute mon attention que le fait de trouver un moyen de ne pas laisser ledit silence s'installer. C’est ce que je crains le plus car il serait l’opportunité de me questionner sur mon état fébrile, me forcerait à m’interroger sur ma santé et à réfléchir trop longuement sur la venue de mes symptômes soudain. Or, je suis bien incapable en l’état, de fournir un raisonnement scientifique correcte. Je m’alarme trop de gâcher ce voyage en tombant malade. Fortuitement, la conversation se poursuit sur les doutes de la journaliste concernant le fait d’être maman. J’essaye au mieux de la rassurer en utilisant tour à tour des arguments réalistes et de la philo de comptoir afin d'apaiser ses doutes. Malgré toutes les préparations psychologiques et matérielles , nécessaires, au fait d’attendre un rejeton il faut bien avouer que c’est tout autre chose quand cette nouvelle âme humaine naît. J’ai gravé aux fers rouges mes premiers trop courts instants avec les jumeaux avant le début de la guerre avec Charlie. Leur absence m’a cruellement manqué et j’avais tout fait au mieux pour préparer leur venue dans leur nouvelle demeure. Et rien ne s’était passé comme prévu. Et j’en ris aujourd’hui.  

La quête de brindille pour les guimauves se lance et l’on se retrouve dans l’obscurité à chercher nos armes de guerre. Je ne me rends pas compte du danger qui m’entoure et sans l’intervention inopinée de Jean, je me serais fait mordre. Mon interlocutrice m’aide à me relever alors que je lui lance un défi, simple réminiscence d’un orgueil un peu blessé et d’un humour un peu paternel. « Tu ferais mieux, car je te ferais pas de cadeaux non plus... » « J’aime les défis. » Et surtout je ne refuse jamais une aide qui pourrait m’aider à me remettre en forme plus rapidement. Puis cela me permettrait de voir si elle est à la hauteur de ces prétentions. L’on retourne finalement au feu de camp avec ce que l’on désirait.

L’univers dans lequel l’on évolue une fois près du feu de camps change brusquement du tout au tout. De nouveau mes symptômes apparaissent. Palpitations, douleurs dans le creux de l’estomac, fébrilité. J’ai l’impression que le sol se mouvoie sous nos pieds pour nous offrir un nouveau cadre bucolique alors que dans les faits, rien ne change. Mon regard qui jusqu’ici s’amouracher de tous les éléments futiles du décor s’arrête sur Jean qui devient mon unique centre d’attention. Les contacts physiques pourtant innocents se multiplient et je comprends progressivement que je ne suis pas atteint par des symptômes. Je n’ai pas conscience d’être en train de chercher des limites ou je ne sais quoi de similaire. Je ne sais pas ce que je fais et ça m’effraie au plus haut point. Ce qui me semblait être des évidences il y a encore quelques instants s’effondrent pour ne laisser la place qu’à une appréhension grandissante de la scène au combien ridicule qui est en train de se dérouler sous nos yeux. Je n’ai pas le sentiment d’être acteur mais simplement observateur. Et toi Jean, l’es tu plus que moi ?

Je suis le premier à passer le pas et à me jeter dans le précipice. Je ne sais pas ce que j’espère ni ce que j’attend mais je le fais alors que la raison me hurle de reculer. Le temps se fige alors que tout dans mon esprit est balayé. Je ne réfléchis plus, je ne pense plus et me contente de savourer l’instant renforçant terriblement l’émoi de culpabilité qui se fait galopant. Il n’y a pas de retour en arrière possible et c’est une fracture béante qui est en train de naître dans notre relation. Un avant et un après il y aura, c’est certain. J’en prends conscience et c’est ce qui me pousse à contre-cœur de retirer mes lèvres des siennes alors que ma seule envie est de répéter mon geste une nouvelle fois.  

Cependant l’euphorie laisse place aux inquiétudes et je me sens obligé de justifier mon geste de la manière la plus navrante qu’il soit possible de faire. Quel con. J’ai envie de prendre la première pierre venue et de m’écraser la tête contre histoire d’éviter une fois pour toute de sortir des énormités plus grosses que moi. J’entends ce qu’elle me dit d’une demie-oreille alors que je cherche à m’extraire de la tempête d’émotions dans laquelle je me suis enfermé. Elle dit que c’est sa faute alors que je cherche à tirer toute la couverture vers moi en rétorquant le contraire. Au fond j’ai conscience de notre responsabilité partagée, mais je refuse qu’elle prenne le blâme d’autant que j’ai été l’initiateur de toute cette connerie, aussi douce et merveilleuse ait telle été. « Arrête, tu n’as pas à culpabiliser... » Si j’ai à le faire, par principe autant que par devoir. Si je n’avais pas cédé à la tentation, rien de tout ceci ne serait arrivé d’autant que mes excuses pitoyables ne font que rajouter de l’embarras. Et comme à chaque fois que je tente de réussir à rééquilibrer une boulette, je m’enfonce plus profondément dans mes erreurs. Je lui avoue que ce que j’ai dis précédemment est erroné, néanmoins je suis incapable de poursuivre mon argumentaire pour la simple raison que je suis incapable de décrire ce qui se passe entre nous. « Attends… Quoi ? » Je balbutie, cherche avant de finalement balancer une énormité plus grosse que moi encore. Où est ce rocher ? Je passe d’un extrême à l’autre pour mieux chercher indirectement à me priver de mon propre bonheur. C’est plus facile, je crois, de porter le chapeau tout seul en passant pour le dernier des cons. Elle me rejettera et le chapitre sera clos une fois pour toute. C’est un peu kamikaze mais je me dis qu’il n’y a plus vraiment grand chose à perdre et autant abandonner définitivement, pour son propre bien et pour le mien.« Arrête de dire ça ! Je suis qu’un morceau de viande pour toi, c’est ça ?! » Sa réponse rapide me surprend. Mes premières intentions sont de répondre "oui" afin de fermer une fois pour toute le cercueil. Pourtant ma gorge se noue et refuse de prononcer toute chose audible. Je déteste cet entre-deux, je me déteste de ne pas pouvoir réussir à faire sauter le pont entre nous alors que j’en ai l’opportunité. Cependant c’est au-dessus de mes forces de la considérer comme simple objet charnel alors que Jean représente tellement plus que ça pour moi. « No-non c’est pas ça... »Je balbutie incapable de prononcer quoique se soit de réellement intelligible alors que mon interlocutrice reprends la parole. « Enoch… Je sais pas ce que c’est ça… » Au moins on est deux. « J’en ai aucune idée… Mais tu peux pas m’embrasser, puis me faire une déclaration d’amour pour ensuite me dire que tu veux juste me baiser ! » Putain formule des mots justes Enoch, trouve une de solution à ce bordel ! Ces mots me blessent car elle a raison et tout mon être saigne de ma débilité. Pourtant au lieu de chercher une solution, je me terre dans la chimère de remonter le temps. Doux fantasme.« Je t’aime beaucoup Enoch et oui, ça ne va plus avec Matthias, mais je vais pas tout gâcher avec lui parce que tu es en manque de sexe ! » Je me tais, encore, écrasé sous ma culpabilité alors que j’ai tout fuck up. « Je sais pas où on va mais si tu me dis qu’il n’y a que mon cul qui t’intéresse, alors ça ne vaut peut-être pas la peine de le découvrir... » « Non c’est pas ça... » Oui mais donc c’est quoi ? « Je sais pas ce que je ressens pour toi. On a une alchimie géniale et j’ai tout foutu en l’air et je suis même pas capable de te dire pour quelle raison je t’ai embrassé. » Il en fallait forcément une, ce n’est pas possible qu’il n’y en ait pas. Je ne maîtrise pas le ton et l’intensité de ma voix et je ne sais pas ce que mon regard laisse paraître. « Je suis perdu et je comprends plus ce que nous sommes. Plus des simples amis pour le moment c’est certains. » C’est la seule certitude que j’ai, le reste n’est que brumes. C’est pas possible d’avoir agi sans aucune réflexion et avec aussi peu de jugeote. « T’es mariée et je me doute bien qu’il y a de l’eau dans le gaz avec Matthias. Je sais pas si je t’ai embrassé par opportunisme, par affection ou parce je sais pas quelle autre raison. Mais ce qui est sûr c’est que je n’ai fait que jeter de l’huile sur le feu. Et une partie de moi ne le regrette pas.» Certainement la plus égoïste. Je refuse de te mettre dans l’embarras plus que ça et de compliquer ta vie qui me semble être déjà un sacré bordel même si ce n’est qu’un pressentiment.

Je lui propose que je parte dès le lendemain afin de ne pas la troubler plus que ça. Que l’on mette chacun à plat les choses de notre côté et qu’on se laisse le temps. En réalité, d’une certaine manière je ne désire que fuir et ne plus l’importuner. Le sentiment d’avoir échoué est fort et je me dis que peut-être l’on ne se reverra plus et que ce sera pour le mieux. J’essaye de m’en convaincre en vain alors que je ne désire qu’au fond maintenir cette amitié, mais là aussi je me fourvoie. Je veux plus, et plus n’a aucune essence, aucune matière. Il est un parfait inconnu qui m'insupporte, pourtant je ne veux pas le regarder en face. Je cherche autant à l’esquiver qu'à savoir ce qu’il y a derrière alors que qu’importe mon choix, je culpabiliserais.  « Je ne sais pas ce que je veux, c’est bien ça le problème… J’aimerais juste comprendre ce qu’il se passe entre nous. Je ne sais même pas pourquoi je culpabilise... » « Et si... » Je ne sais pas ce que je fais. « Et si on arrêtait de culpabiliser au moins un peu ?» Ma voix est plus calme que précédemment. Je ne sais pas si mes mots se dirigent vers elle, vers moi, ou simplement vers nous.  « On est deux paumés et on comprend rien à ce qui se passe. Autant ne pas réfléchir dessus pour ce soir. C’est peut-être pas la bonne solution…  » Je dis ça alors que je suis au bord de la crise cardiaque et de cracher des bulles avec ma bouche. Mais ce que je propose c’est une ellipse d’un soir.  Je lui avoue que je n’ai qu’un désir, c’est de recommencer à l’embrasser. Une partie de moi souhaite que Jean refuse ma proposition et me rejette dans les roses. Et une autre prie pour qu’elle cède.

« C’est vraiment la pire idée du siècle... » alors pourquoi t’approches-tu ? Pourquoi ne recules-tu pas ? Je n’ai rien d’autre à offrir que du chaos et pourtant tu viens. Je sens ses bras s’enrouler autour de mon torse. Il n’y a aucun effet de surprise et je réponds à son baiser passionnément. Alors que je m’attendais à ce que de nouveau le sol se dérobe sous mes pieds, c’est tout le contraire qui se produit. Je n’ai plus le sentiment qu’un monde se détruit, c’est tout le contraire. Il n’y a rien de violent, au contraire tout se pacifie. Mon cœur se met à battre au rythme du sien alors que nous nous enlaçons. Petit à petit nous nous déplaçons vers la tente en refusant de la lâcher de peur de briser le velouté cocon dans lequel nous nous trouvons à l’instant. Adviendra ce qu’il adviendra, les regrets sont remis à plus tard.  Seules les étoiles et nous-même sommes témoins du reste de cette nuit sensuelle.  

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Message(#)barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch EmptyDim 4 Avr 2021 - 14:47

NOOOOOOOOOOON, JE SUIS PAS D'ACCORD barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch 1484806105

Oui, oui, je me suis juste permise parce que j'ai vu que le rp était fini barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch 4222248358
Je repars barefoot on the grass, listening to our favorite song ▽ enoch 3258319053

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