Décembre 2020. La voiture file à vive allure, faisant défiler les lumières de la ville à toute vitesse sous mes yeux. Mon regard est subjugué par le spectacle, silencieuse une bonne partie du trajet. Sur un coup de tête, j’ai accepté son invitation. Il me propose de passer la soirée avec lui. Et j’accepte, sans l’once d’une hésitation. Je ne travaille pas ce soir, Mila est partie passer la soirée chez une amie. La décision a donc été plus facile à prendre. Et ce qu’il me propose m’enchante, une manière de rompre avec ce quotidien pas toujours évident à supporter. Alors pour une fois que j’ai ma soirée de libre, pour une fois que je n’ai pas à enchaîner mon service à l’hôpital avec celui dans le bar clandestin, pour une fois que je peux me permettre de m’échapper de la maison sans m’en vouloir de laisser Mila seule, je le fais. Ma tête pivote alors doucement sur ma droite, mon regard reposant sur la personne qui se trouve derrière le volant. Il s’agit de Maxence. Je le connais que depuis peu. Une rencontre dans une soirée du fait d’amis en commun. Une alchimie qui s’est rapidement créée, entre lui et moi, nous isolant durant la soirée pour discuter un peu. La discussion a été facile, le rire aussi. Ce serait mentir que de dire que j’étais totalement indifférente face à lui, autant physiquement que mentalement. Des atomes crochus et me voilà donc avec lui, ce soir.
Le centre de Brisbane s’éloigne dans le rétroviseur, alors que la musique apporte une ambiance chaleureuse dans l’habitacle. Je connais Brisbane comme ma poche et je reconnais sans difficulté la route que nous empruntons. Elle devient un peu plus sinueuse et montante. Il n’y a pas de doutes, c’est au Mount Coo-Tha qu’il m’amène. Et, en effet, quelques minutes plus tard, c’est à cet endroit que nous nous trouvons. Nous voilà garé face à cette vue surplombant la ville plongée dans la pénombre, la lumière des immeubles tranchants avec l’obscurité de la nuit tombée. Je sors alors du véhicule sans quitter cette vue qui est juste à couper le souffle. Ce n’est pas la première fois que je viens ici, et pourtant, rien ne m’empêche d’être toujours autant subjuguée par celle-ci. « Je ne m’en lasserai jamais » je lâche alors doucement. Mon regard vient trouver celui de Maxence, un sourire s’affiche alors sur mes lèvres avant que je ne le rejoigne. Il a pris place contre le capot de sa voiture et j’en fais de même en venant prendre appui à mon tour. J’observe les environs. Il n’y a personne aux alentours, rien que nous deux. « Tu viens souvent ici quand tu as besoin de te changer les idées ? » J’ignore en réalité s’il m’a proposé cette sortie parce qu’il avait besoin de s’aérer l’esprit ou pour une toute autre raison. En tout cas, le petit vent qui vient doucement caresser mon visage me procure déjà un bien fou. Une sensation de laisser, pour quelques heures, tout ce qui, en temps normal, me traverse l’esprit. Mais aussi, une sortie qui me permet d’être, un court instant, une simple jeune femme de vingt sept ans.
Les yeux rivés sur la route, il a hâte d'arriver au sommet avec Stacey. Cette jolie blonde qui l'a rencontré quelques jours plus tôt lors d'une soirée. Le courant est bien passé entre eux et en plus de ça, elle est totalement à son goût. Il a eu envie d'en apprendre plus sur elle, elle l'intrigue et ils n'ont pas vraiment pu discuter autant qu'il l'aurait vu. Alors quand elle a accepté son invitation, il s'est dit qu'elle ne devait pas être insensible à son charme elle non plus. Bien qu'il doute rarement de ses capacités à avoir une fille, il n'est pas vraiment habitué aux râteaux Maxence. Mais la soirée ne fait que commencer, rien n'est gagné encore avec elle. Et dans tous les cas, cette soirée l'aidera à se changer les idées. Ce mois de décembre est compliqué pour Maxence à chaque jour qui passe et qui le rapproche de Noël, cette période de l'année qu'il n'aime plus depuis bien longtemps.
Ils arrivent enfin sur place pour découvrir la vue magnifique sur Brisbane. C'est sans aucun doute un des endroits préférés de Maxence dans cette ville. Ca l'apaise de venir ici la nuit, normalement seul, à se perdre dans ses pensées. Il quitte la voiture après avoir coupé le contact, venant prendre place sur le capot de sa voiture pendant que Stacey observe la vue. « Je ne m’en lasserai jamais » Il tourne la tête vers elle, un sourire aux lèvres, content de savoir qu'elle aime cet endroit. « Moi non plus, j'adore cet endroit. » Ca change de l'agitation de la ville et de toutes les tentations qui s'y trouvent pour lui. Ici, il est tranquille et il ne risque pas de faire des bêtises. Stacey vient le rejoindre contre le capot de la voiture, les alentours sont vides, il faut croire qu'ils sont les seuls à avoir eu l'idée de venir ici ce soir. « Tu viens souvent ici quand tu as besoin de te changer les idées ? » Il hoche doucement la tête, positivement, son regard ne quittant pas la ville. « Je trouve que c'est l'endroit parfait pour ça, c'est calme et il y a rarement du monde. » Il est sociable le brun, il adore sortir et rencontrer de nouvelles personnes mais parfois, il a besoin d'être tranquille. De plus en plus en ce moment, peut-être que c'est l'âge qui fait ça. « J'espère que t'as pas peur d'ailleurs, promis, j'ai pas prévu de t'enterrer quelque part. » Qu'il lance en riant légèrement, l'observant du coin de l'oeil. Après tout, ils se connaissent à peine et il l'emmène dans un des endroits les plus éloignés de la ville en pleine nuit. Tout le monde n'aurait pas accepté son invitation. « D'ailleurs, qu'est-ce qui t'a donnée envie d'accepter ? » Il est curieux et il a envie de savoir ce qui lui est passé par la tête. Qu'est-ce qu'elle pense de lui, aussi. Il a tellement l'habitude qu'on le voit comme un con qu'il a toujours du mal à savoir l'image qu'il dégage maintenant qu'il a changé, qu'il rencontre de nouvelles personnes.
Il y a eu un petit signe de la main lorsque l’un de nos amis nous a présenté mutuellement l’un à l’autre. Et puis, il y a eu des échanges de regard, quelques mots au détour d’une conversation commune. Et puis, ce verre qu’il m’a offert, dans lequel il est venu tinter avec le sien. Clairement, l’attirance a d’abord été physique avant qu’elle ne soit plus que ça. Nous avons pu discuter un peu ensemble. Mais notre discussion a souvent été interrompue soit pour aller danser, soit pour boire un autre verre. J’ai bien remarqué d’ailleurs que Maxence ne buvait pas d’alcool ce soir-là mais je n’ai pas osé lui demander pourquoi. Tout comme je n’ai pas pu en savoir plus sur la personne qu’il était, ce qu’il aimait dans la vie, d’où il venait. Bref, plein de question restait en suspens, qui, de ce fait, nous a amené à échanger nos numéros à la fin de la soirée, la curiosité bien présente des deux côtés.
Les jours sont passés et, avec ce rythme effréné mais aussi une certaine hésitation à sauter le pas, je n’ai pas pris le temps de le recontacter. Je n’avais aucune garantie non plus qu’il le fasse en retour. Pourtant, ce soir, lorsque j’ai reçu son texto, me proposant de me joindre à lui pour la soirée, il n’y a pas eu d’hésitation dans ma réponse. Au contraire, c’était plutôt de la satisfaction qu’il ait pris les devants pour le faire, et surtout, qu’il me propose qu’on se revoie. Rien que lui et moi. Alors, ce soir, quand j’ai les yeux rivés sur la vue qui s’offre devant moi et que j’entends le son de sa voix derrière moi, après nous être arrêtés au Mount Coo-tha, lieu où nous passerons notre soirée, un sourire étire davantage mes lèvres « Moi non plus, j’adore cet endroit ». L’endroit est calme, très peu fréquenté voire totalement désert à cette heure-là. Je lui demande s’il a l’habitude de venir ici « Je trouve que c’est l’endroit parfait pour ça, c’est calme et il y a rarement du monde ». Appuyé sur le capot de sa voiture, à ses côtés, mon regard ne vient pas trouver le sien, toujours fixé sur l’horizon « Ca ne fait pas de mal de fuir l’agitation de nos vies parfois… ». Le genre de moments que je n’ai pas toujours l’occasion de m’accorder. Le genre de moments qui me ferait du bien, pourtant, me permettant ainsi de prendre du recul sur cette vie beaucoup trop agitée, du fait de trop nombreuses responsabilités pour une jeune femme de mon âge. Malgré tout, je trouve cette certaine paix d’esprit lorsque je peux passer une soirée au côté de ma petite sœur, parfois avec Law’ qui se joint à nous. Ou lorsqu’on décide avec Mila de se rendre au Lone Pine pour aller faire des câlins aux kangourous ou de partir sur les plages plus au sud le temps d’une après-midi. « J’espère que t’as pas peur d’ailleurs, promis, j’ai pas prévu de t’enterrer quelque part ». A ça, je ris doucement, regardant à nouveau autour de nous « Merci de me rassurer, je t’avoue avoir eu un petit doute pendant quelques secondes ». Cela dit, rien ne me garantissait que je pouvais lui faire confiance. Mais, c’est pourtant ce que je décide de faire, ne lui trouvant pas spécialement les traits d’un éventuel psychopathe. « D’ailleurs, qu’est-ce qui t’a donnée envie d’accepter ? ». Il y a peut-être une certaine gêne lorsqu’il me pose la question, mon regard se reportant alors sur la vue face à nous, comme pour fuir le sien « La curiosité de te connaitre un peu plus je suppose ». Une hésitation marquée pour l’avouer mais les mots finissent quand même par sortir tout comme le sourire qui vient accompagner ces paroles. « Et je peux savoir pourquoi toi, tu m’as fait cette proposition ? ». Parce qu’évidemment, je saisis l’occasion pour lui retourner la question.
En général, il vient toujours ici seul. Pour les rencontres avec les autres, il préfère l'ambiance des bars et des soirées mouvementés. Mais ce soir, il fait une entorse à sa propre règle avec Stacey. La première, et dernière fois où ils se sont vus, ils n'ont pas vraiment eu l'occasion de discuter. Il avait envie d'en connaître plus sur elle, sur sa vie, sur qui elle était. Il faut croire qu'elle lui a tapé dans l'oeil et qu'il n'avait pas envie d'en rester là. Et surtout, il a eu l'impression que c'était réciproque. Les numéros ayant été échangés, il prenait pas trop de risques d'avoir un retour négatif en lui proposant de se revoir ce soir.
Installé sur le capot de sa voiture, il observe la vue qu'il aime toujours autant. Il n'y a personne d'autre ce soir, ils sont tranquilles pour discuter et pouvoir faire connaissance, sans que quelqu'un vienne les interrompre. « Ca ne fait pas de mal de fuir l’agitation de nos vies parfois… » Il jette un léger coup d'oeil vers elle, intrigué. Qu'est-ce qu'elle pouvait vouloir fuir ? Même s'il ne la connaît pas, à ses yeux, elle est juste une jeune fille qui peut profiter autant qu'elle le veut. « Tu as une vie mouvementée ? » Il ne sait même pas ce qu'elle fait dans la vie, peut-être qu'elle a un métier prenant qui expliquerait cette envie de se poser loin de tout de temps à autre. Il le saura bien assez vite, déjà impatient d'avoir les réponses à ses questions. « Merci de me rassurer, je t’avoue avoir eu un petit doute pendant quelques secondes » « C'est pas dans mes plans pour ce soir. » Qu'il lance en riant légèrement, ne pouvant pas s'empêcher de taquiner un peu. Elle apprendra bien assez vite que c'est sa façon d'être et qu'il faut s'y habituer si on le côtoie. Même si rien ne dit qu'ils se reverront après cette soirée. Maxence revoit rarement plusieurs fois la même fille, ça limite les risques de s'attacher, il préfère fonctionner comme ça. « La curiosité de te connaitre un peu plus je suppose » Il sourit en tournant légèrement la tête vers elle alors qu'elle fuit son regard. Ils sont ici pour la même raison, la même envie. « Et je peux savoir pourquoi toi, tu m’as fait cette proposition ? » Ca ne l'étonne pas qu'elle lui retourne la question. « La même raison. On a pas pu assez parler pendant la soirée, je trouvais ça dommage. » Elle lui plaisait, physiquement déjà, mais il y avait aussi quelque chose qui l'intriguait chez elle. Il ne pourrait pas expliquer quoi, il avait juste envie d'en savoir plus sur elle. Il se relève du capot, se dirigeant vers l'arrière de sa voiture pour ouvrir le coffre et sortir des boissons qu'il avait préparées. Comme il ne savait pas combien de temps ils allaient passer ici, il avait prévu le coup. « Je me suis dit qu'on allait avoir soif. » Qu'il lance en revenant vers Stacey, observant les boissons dans sa glacière. « Par contre, je connais pas tes goûts en boisson, alors j'ai pris du soft et de l'alcool, t'as le choix. » Lui, il se prend un coca sans avoir besoin d'y réfléchir. C'est devenu sa boisson favorite, Coca Cola devrait penser à le sponsorisé avec toute la pub qu'il fait sans le vouloir pour eux.
« Tu as une vie mouvementée ? ». Le jeune homme saisit le sous-entendu laissé par mes mots lorsque je dis que cela ne faisait pas de mal de fuir l’agitation de nos vies en venant se réfugier dans des endroits plus calmes. Je ne cherchais pas à ce qu’il le comprenne, mais il semblerait que je n’ai pas été assez subtile. En tout cas, sa question est posée de but en blanc, sans pincette, ce qui me surprend un peu sur le coup mais finit par me faire sourire, en haussant les épaules « Mouvementée serait peut-être exagérée ». Je marque une pause tout en ne quittant pas la vue du regard, en pensant à cette vie que je menais. Finalement, le terme pouvait paraitre juste à certains moments quand mes journées se résumaient à courir d’un boulot à l’autre, quand un de ces boulots consistait à travailler pour un bar détenu par un gang criminel ou encore lorsque des types louches venaient frapper à la porte, réclamer leur argent. Mais, ça, évidemment, ce sont des choses que je garderais pour moi et dont je ne parlerai pas avec Maxence. Je pose doucement mon regard sur lui en tournant la tête en sa direction « Ma mère est décédée il y a six ans de ça… Mon père a très mal vécu son décès et j’ai en quelque sorte repris les rennes à la maison… Pour ma petite sœur, Mila. Je jongle entre plusieurs boulots pour tenter de joindre les deux bouts ». Je ne lui dis pas que j’ai du de ce fait abandonner mes études en médecine, et cette vocation qui a toujours été mienne de devenir cardiologue. Parce que c’est quelque chose que je tente peut-être d’oublier, quand je sais que cet objectif est désormais hors d’atteinte. « Alors, oui, parfois, je cherche peut-être à fuir un peu tout ça ». Parce que ce n’est pas évident tous les jours, malgré les apparences de cette jeune femme forte que je veux laisser entrevoir à tout prix. Ce que je cherche aussi à faire présentement avec lui, quand il y a ce sourire au bout des lèvres pour ne laisser rien transparaitre. « Ce n’est pas ton cas ? », je finis par demander à mon tour, parce qu’on avait tous nos raisons de vouloir nous isoler à certain moment.
Il me taquine à propos du fait que nous nous retrouvons seul au milieu de nulle part. Si cela peut paraitre imprudent d’avoir accepté son invitation sans le connaitre plus que ça, cela ne m’effraie pas plus que ça, peut-être parce qu’il m’inspire confiance. A tort, à raison, je l’ignore mais ce soir, je veux juste me détendre « C’est pas dans mes plans pour ce soir ». Je ris doucement à cette touche d’humour qu’il me fait, détendant l’atmosphère et surtout permettant de briser un peu plus la glace entre nous. Car nous nous sommes rencontrés qu’à cette soirée le temps de quelques heures. Et il n’est pas toujours évident de se retrouver avec un presque inconnu et de lancer la discussion. « Dans le doute que ce soit dans tes plans un autre soir, j’éviterai d’accepter l’invitation si une autre se présente alors ». Mon regard se détourne immédiatement, me rendant compte que mes dires pouvaient sous-entendre cette possibilité de se revoir alors que notre soirée ne faisait que commencer. Dans la pénombre, il lui sera difficilement possible de détecter mes pommettes qui rougissent légèrement.
« La même raison. On a pas pu assez parler pendant la soirée, je trouvais ça dommage ». Nous avons la même envie, celle de nous revoir parce que cette première rencontre dans ce bar n’a pas été la plus propice pour faire réellement connaissance. Et la curiosité des deux côtés semble l’avoir emporté sur nos choix de nous revoir ce soir. Et une certaine attirance aussi, mais c’est une raison que nous garderons pour nous-même, ne l’avouant pas à voix haute. Il se lève alors pour se diriger vers le coffre. Il revient quelques secondes après avec quelques boissons. « Je me suis dit qu’on allait avoir soif ». Je souris et acquiesce d’un signe de tête « Par contre, je connais pas tes goûts en boisson, alors j’ai pris du soft et de l’alcool, t’as le choix ». Prévoyant, cela me fait davantage sourire. « Je vais être raisonnable pour ce soir et prendre du soft… pour t’accompagner ». Parce que j’ai bien remarqué qu’il n’avait pas bu une goutte d’alcool lors de cette soirée et que son choix se reportait sur le soda. Je tends ma main pour attraper la cannette de Coca-cola. J’attends qu’il reprenne place à mes côtés « C’est indiscret de te demander pourquoi tu ne bois pas d’alcool ? » Il y a cette prudence dans ma question, autant dans la manière que j’ai de lui poser la question mais aussi dans ma manière de la lui poser, empruntant ce ton prudent avec un certain regard doux et se voulant compréhensif.
Il ne connaît pas encore grand-chose d'elle mais il est intrigué par ses mots. Qu'est-ce qu'il peut bien avoir dans sa vie qu'elle ait envie de fuir ? Il ne va pas la juger, il sait très bien comme les apparences peuvent être trompeuses. « Mouvementée serait peut-être exagérée » Il jette un léger coup d'oeil vers elle, se demandant s'il ne vient pas de la mettre mal à l'aise en posant cette question. Elle fixe la vue sans lui lancer un regard, comme si elle réfléchissait à ce qu'elle pouvait lui dire ou non. Le brun attend patiemment qu'elle reprenne la parole, ce qui ne tarde pas à arriver. « Ma mère est décédée il y a six ans de ça… Mon père a très mal vécu son décès et j’ai en quelque sorte repris les rennes à la maison… Pour ma petite sœur, Mila. Je jongle entre plusieurs boulots pour tenter de joindre les deux bouts » Il comprend mieux, ça ne doit pas être facile à gérer. C'est sûrement un peu trop de responsabilité sur ses épaules alors qu'elle ne devrait pas avoir à le faire. « Tu es très courageuse. » Il pourrait lui dire qu'il est désolé pour sa mère mais il se doute qu'elle a déjà eu beaucoup de pitié autour d'elle et qu'elle n'a pas besoin de ça. Lui, il relève surtout le fait qu'elle n'a pas lâché et qu'elle continue de se battre pour tenir sa famille. « Alors, oui, parfois, je cherche peut-être à fuir un peu tout ça » Il hoche positivement la tête en se concentrant de nouveau sur la vu. Tout le monde a quelque chose à fuir, un jour ou l'autre, les vies parfaites n'existent pas. « Ce n’est pas ton cas ? » Un léger sourire s'étire sur le visage de Maxence. « Si. J'imagine qu'on a tous nos problèmes à fuir un jour ou l'autre. » Même s'il tente de ne plus fuir. Il a fui pendant tellement d'années qu'il sait maintenant que ça finit toujours par revenir en pleine face. Mais certains soirs, certaines nuits, ça fait du bien de tout oublier.
« Dans le doute que ce soit dans tes plans un autre soir, j’éviterai d’accepter l’invitation si une autre se présente alors » Il se met à rire même s'il relève le fait qu'il pourrait y avoir une prochaine fois. Cela dit, il a bien conscience que la soirée ne fait que commencer alors c'est difficile de faire des plans. Qui sait, dans 20 minutes il dira une bêtise et ils ne se reverront jamais. Avec lui, on est jamais à l'abri. « S'il y a une prochaine fois, je t'emmènerai au centre-ville, promis. » Il aurait pu la taquiner directement mais vu qu'elle a détourné dans la seconde son regard, il comprend qu'elle a été gênée. Il ne va pas en rajouter une couche, il sait rester tranquille de temps en temps. Il préfère plutôt se relever de son capot pour aller chercher les boissons qu'il a pris. Quand il vient ici, il prévoit toujours le cas comme il ne sait pas combien de temps il va rester. Il revient vers Stacey, les boissons en main, la laissant faire son choix. « Je vais être raisonnable pour ce soir et prendre du soft… pour t’accompagner » La dernière fois, elle n'a pas posé de questions sur le fait qu'il était le seul à boire du soft pendant la soirée. Il ne sait pas si elle n'a juste pas remarqué ou si elle n'a pas osé. Parce qu'en général, ça intrigue les gens qui ne peuvent pas s'empêcher de faire des remarques plus ou moins sympathiques. Les boissons en main, il repose tout pour s'installer de nouveau à côté d'elle en ouvrant son coca.
« C’est indiscret de te demander pourquoi tu ne bois pas d’alcool ? » Cette fois, il imagine qu'elle a envie de comprendre. Il hésite quelques secondes, il pourrait dire qu'en étant le conducteur, il préfère ne pas boire. Mais est-ce que c'est vraiment crédible ? Et surtout, est-ce qu'il a envie de démarrer cette nouvelle rencontre par un mensonge ? Pas vraiment. « Pour être honnête avec toi, je suis un ancien alcoolique. » Il n'ose pas la regarder, il a toujours peur que le regard qu'on peut lui porter change dès qu'on en apprend un peu plus sur son passé. « Ca fait quatre ans que je suis clean maintenant. » Qu'il rajoute presque directement, comme la phrase magique pour montrer que cela fait bien longtemps qu'il a changé et qu'il n'y a pas besoin de s'inquiéter d'une éventuelle rechute. Même si dans la réalité, il pourrait replonger n'importe quand. « J'espère que ça va pas changer ta façon de me voir. » Il ne sait pas ce qu'elle peut en penser. Certains disent que les alcooliques ne changent jamais, pendant que d'autres pensent qu'ils ont dû faire des choses horribles quand ils l'étaient alors ils sont encore plus curieux ou distants. Et encore, il n'a pas parlé de la drogue parce qu'elle n'est pas obligée de le savoir. Ce n'est pas un mensonge puisqu'elle en a pas parlé, non ?
« Tu es très courageuse ». Je lui souris en guise de réponse, une manière de le remercier pour ce qualificatif que j’ai souvent entendu. Souvent, car beaucoup jugeait qu’à vingt un an, l’âge auquel ma mère adoptive a tragiquement disparu, j’ai fait preuve d’une maturité infaillible. Il n’y a pas eu d’hésitation dans mon choix, à aucun moment je n’ai pensé renoncer face à cette petite sœur pour qui j’étais et je serai toujours prête à tout. Si remise en cause il y avait, c’était surtout quant à ma capacité d’être vraiment à la hauteur pour Mila « J’essaye de l’être, du mieux que je peux » je lance alors, toujours avec ce petit sourire aux lèvres. Nous sommes deux ce soir en tout cas à fuir notre quotidien « Si. J’imagine qu’on a tous nos problèmes à fuir un jour ou l’autre ». J’acquiesce doucement d’un signe de tête. Il ne m’en dit pas plus et je décide de ne pas chercher davantage pour le moment.
« S’il y a une prochaine fois, je t’emmènerai au centre-ville, promis ». Il n’y a pas de promesse faite à une prochaine rencontre, mais autant lui que moi l’évoquons déjà. La soirée ne fait que débuter, cela fait à peine que quelques minutes que nous sommes là, et il semblerait que nous sommes sur la même longueur d’onde à ce propos. A voir comment se déroule la suite. « Deal », je fais en tendant ma main avec ce sourire un peu timide tout comme ce geste que je fais.
Il a tout prévu en tout cas, me proposant quelque chose à boire. Je décide de l’accompagner en choisissant un soda et finit par oser lui poser cette question que je n’ai pas osé lui poser la dernière fois « Pour être honnête avec toi, je suis un ancien alcoolique ». Si lui ne me regarde pas, mon regard, en revanche, ne le quitte pas « Ca fait quatre ans que je suis clean maintenant ». A ça, un mince sourire apparait sur mes lèvres. « J’espère que ça va pas changer ta façon de me voir ». Nos regards ne se sont toujours pas croisé et pourtant, je tourne la tête doucement de gauche à droite pour répondre à sa question « Non, il n’y a pas de raison qu’elle change » je lance alors avec ce ton rassurant. Je laisse un silence s’installer quelques secondes avant de reprendre « Tu es courageux aussi. Tu as décidé de te reprendre en main à un moment de ta vie où plus rien n’allait. Et ça, c’est déjà un énorme pas. Tout le monde n’a pas ce même courage ». Il y a une pause dans ma réponse alors que je viens lever mon soda en l’air pour venir trinquer contre le sien « A tes quatre ans de sobriété. Tu peux être fier de toi ». Je sens que le jeune homme n’est pas à l’aise avec le sujet alors je tente de le rassurer avec ce geste, sourire aux lèvres. Après avoir fait tinter nos deux cannettes de soda l’une contre l’autre, j’en bois une gorgée « Qu’est-ce qui t’a fait sombrer ? Au départ ? », je demande avec toujours sur le même ton prudent « enfin, ne te sens pas obligé d’y répondre si tu ne le souhaite pas ». Parce que je ne cherche pas à le froisser et que je ne veux pas paraitre trop curieuse. Dans tous les cas, même s’il décide de ne pas répondre, je le comprendrai.
Quand il y pense, il se dit qu'il a quand même de la chance en réalité. Même s'il a eu plein de soucis, même s'il a fait beaucoup d'erreurs, ses parents ont fini par être là pour lui. Alors quand il voit la situation de Stacey, il ne peut pas s'empêcher de se dire qu'elle aurait eu une vraie bonne raison pour plonger et faire n'importe quoi, pourtant ça n'a pas l'air d'être le cas. Elle tient bon, elle garde la tête haute et elle se bat pour sa famille. Une chose est sûre pour lui, elle est bien plus forte qu'il ne l'a été. « J’essaye de l’être, du mieux que je peux » Il hoche doucement la tête positivement, préférant ne rien ajouter. Ce n'est sûrement pas facile pour elle de parler de tout ça, de penser à ça. Le but de cette soirée n'étant pas de la mettre mal à l'aise ou de la rendre triste, il se dit qu'il est mieux d'en rester là. Il est déjà touché qu'elle se soit confié à lui alors qu'elle n'était pas obligée de lui raconter cette partie compliquée de sa vie.
Les boissons en main, il laisse son regard divaguer sur la vue, n'osant pas la regarder suite à sa question. Même s'il aurait pu mentir, elle a été honnête avec lui, elle s'est confié alors il va faire de même. Bien que ce soit complètement différent et qu'il ne peut pas s'empêcher d'être légèrement stressé. Qu'est-ce qu'elle va bien pouvoir penser de lui, maintenant ? Certains pensent parfois que tomber dans l'alcoolisme est de la faiblesse ou bien que c'est stupide. Tout est possible. « Non, il n’y a pas de raison qu’elle change » Ces paroles commencent doucement à la détendre alors qu'il ose enfin tourner la tête vers elle, plantant son regard dans le sien pour voir si quelque chose à changer. « Tu es courageux aussi. Tu as décidé de te reprendre en main à un moment de ta vie où plus rien n’allait. Et ça, c’est déjà un énorme pas. Tout le monde n’a pas ce même courage » Il aimerait pouvoir dire qu'elle a raison mais il n'a pas vraiment décidé de lui-même de se reprendre en main, on l'a forcé plus qu'autre chose. Même si par la suite, il a compris que c'était la meilleure chose à faire. « J'imagine que tu as raison, je vais essayer de garder ça en tête. » Même s'il n'a pas l'impression d'avoir été courageux, pas comme elle. Lui, il a décidé de plonger seul, personne ne l'a forcé. « A tes quatre ans de sobriété. Tu peux être fier de toi » Un sourire s'affiche sur son visage alors qu'il vient trinquer avec elle, rassuré par la réaction de la blonde. « Merci, vraiment. » Parce qu'elle aurait pu mal réagir après tout, cette soirée aurait pu s'arrêter là si elle l'avait décidé. Il faut croire qu'elle n'est pas du genre à juger et qu'elle n'a pas peur de ça. Parce qu'un alcoolique peut toujours replonger même après de longues années sobres. « Qu’est-ce qui t’a fait sombrer ? Au départ ? Enfin, ne te sens pas obligé d’y répondre si tu ne le souhaite pas » Il sourit légèrement en l'observant. « T'inquiètes pas, t'as le droit de poser des questions. » Ca ne le dérange pas même si cette question est plus difficile qu'on pourrait le croire. Pourtant, on a lui souvent posé mais il a toujours dû mal à le savoir lui-même. « A vrai dire, j'en sais rien.. » Il détourne le regard de nouveau pour se concentrer sur l'horizon. « Au début, j'étais juste un adolescent idiot qui voulait faire chier ses parents. Je viens d'une famille de bourges, avec des règles strictes et une vie déjà toute tracée dès la naissance. » Tout ce qu'il a toujours détesté et rejeté, dès l'enfance. Il a été l'enfant turbulent, celui qui n'écoutait rien et qui faisait toutes les choses interdites contrairement aux deux grands. « Puis après, ça a dégénéré.. » Sans même qu'il s'en rende réellement compte ou qu'il y fasse vraiment attention, il aurait même du mal à dater le moment où il a vraiment basculé. « Tu sais, il y a un moment où tu te retrouves totalement emporté, tu plonges de plus en plus dans une vie que tu ne voulais pas à la base mais tu finis par t'y faire. Quand tu comprends tes erreurs, c'est déjà trop tard alors tu continues quitte à ne plus réussir à t'en sortir. » Il l'a ressenti comme ça, comme s'il était trop tard pour faire marche arrière alors la solution de facilité était de continuer sans se soucier des conséquences. « Je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire.. » Sûrement pas, pourquoi elle le comprendrait ? Elle n'a pas l'air d'avoir plongé dans quelque chose dont elle ne pourra jamais sortir.
Il est à mes yeux tout autant courageux que moi quand il a réussi à se sortir de ce fléau qu’est la dépendance à l’alcool. Parce que tout le monde le sait, qu’on ait quelqu’un de proche ou de loin qui a pu se perdre dans les effluves de ce liquide bien trop facilement accessible, il est bien difficile de s’en sortir. Pour moi, je pense évidemment à ce père qui a baissé les bras trop vite. A ce père qui n’a pas toutes les idées en place et qui fait n’importe quoi désormais. Que les peu de fois où il est présent à la maison avec Mila et moi, il est devant la télévision avec sa bière à la main, où nous sommes totalement transparentes elle et moi. Il ne cherche pas à se sauver… tout comme il ne cherche pas à nous sauver. « J’imagine que tu as raison, je vais essayer de garder ça en tête ». Il n’a pas l’air convaincu et aussi sûr de ça. Mais surtout, il semble avoir honte de cet épisode de sa vie où il est tombé bien bas. Alors, comme pour le conforter, je viens à trinquer à ses quatre ans de sobriété, quatre ans où il a réussi à tenir et a finalement emporté cette lourde bataille. « Merci, vraiment ». Il semble reconnaissant de cette oreille attentive, compréhensive que je peux avoir à son égard. Je me contente de lui sourire sincèrement alors que je porte la canette de soda à mes lèvres. Et puis, la curiosité l’emporte, peut-être parce qu’il y a un certain climat de confiance qui s’installe entre nous. Alors, je lui demande pourquoi il a sombré, sans pour autant l’obliger à le faire s’il n’en a pas l’envie « T’inquiètes pas, t’as le droit de poser des questions ». Qu’il accepte de m’en parler me fait sourire alors que nos regards se croisent. « A vrai dire, j’en sais rien. Au début, j’étais juste un adolescent idiot qui voulait faire chier ses parents. Je viens d’une famille de bourges, avec des règles strictes et une vie déjà toute tracée dès la naissance ». J’acquiesce même si son regard est désormais porté sur l’horizon, parce que je peux comprendre le choix qu’il a pu faire à l’époque « Puis après, ça a dégénéré… Tu sais, il y a un moment où tu te retrouves totalement emporté, tu plonges de plus en plus dans une vie que tu ne voulais pas à la base mais tu finis par t’y faire. Quand tu comprends tes erreurs, c’est déjà trop tard alors tu continues quitte à ne plus réussir à t’en sortir ». Et son histoire, même si elle est loin de la mienne, fait écho. Echo à ce choix que j’ai fait depuis trois ans d’appartenir à ce gang. Ce gang qui mène des activités illégales dans la ville : drogue, escorting, règlement de compte, blanchiment d’argent… Je suis consciente de tout ça même si je tente de faire abstraction, me contentant de faire juste mon travail et de rentrer ensuite chez moi. Ignorer, cette facilité que j’ai choisi quand pourtant, tout ça est bien loin de toutes mes valeurs. Quand je sais pourtant que cette vie peut finir par se répercuter tôt ou tard sur cette petite sœur que je tente de protéger coute que coute. Je me perds dans mes pensées, les mots de Maxence me frappant, me rappelant cette double vie que je mène, dont je ne parle à personne « Je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire ». Prise au dépourvue par sa question, un moment de silence s’installe avant que je ne finisse par répondre « Si je comprends… », je comprends très bien je pourrais rajouter. Et je me rends compte que je ne peux pas en ajouter davantage, alors, je contourne la question, reviens sur lui et ces choix qu’il a pu faire « Le plus important, c’est que tu aies fini par retrouver le droit chemin. Et que tu sois l’homme que tu es désormais, avec la tête sur les épaules ». Un sourire sincère étire mes lèvres alors que nos regards se croisent « Tu ne dois pas t’en vouloir pour les choix que tu as pu faire à un moment de ta vie. Je pense qu’il faut accepter ce qu’il en est et juste aller de l’avant ». Me voilà en donneuse de leçon, cherchant sûrement à me rassurer moi aussi. Je souris, un sourire qui n’est que de façade cependant. « Et si tu devais définir le Maxence de maintenant, tu le définirai comment ? ».
Il n'aime pas parler de lui. En tout cas, pas quand ça concerne son passé et toutes les erreurs qu'il a fait. Pourtant, il en parle bien plus qu'il le voudrait. Il a cette impression qu'il ne pourra jamais s'en détacher malheureusement. Ca fera toujours partie de lui et il ne peut pas juste l'oublier et passer à autre chose. Ce soir, il pensait pas devoir en parler et raconter un minimum son histoire. Il a été naïf, après tout ils apprennent à se connaître, il allait bien devoir parler un peu de son passé. Heureusement, Stacey a l'air d'être une personne à l'écoute et compréhensive. Elle ne le juge pas, elle l'écoute, elle pose des questions et ça lui fait du bien. Son regard fixe l'horizon alors qu'il tente d'expliquer ce qui a bien pu se passer dans sa tête et pourquoi il a fait tout ça. Souvent, il a tout mis sur le dos de ses parents et de sa famille en général. Parce qu'il reste persuadé qu'ils ont une part de responsabilité dans cette descente aux enfers mais au fond, c'est lui le plus grand responsable. Personne ne lui a mis le couteau sous la gorge pour qu'il se drogue et qu'il boit à foison. « Si je comprends… » Il fronce les sourcils alors que sa tête se tourne de nouveau vers la blonde. Comment elle pourrait comprendre ? Est-ce qu'elle dit ça juste pour être gentille ou elle le pense réellement ? « Tu regrettes des choix que tu as faits ? » C'est presque obligatoire qu'il pose la question, il a besoin de savoir. Et comme il se confie à elle, il s'imagine qu'elle va se confier elle aussi. Cette soirée est propice aux confidences, perdu au milieu de nulle part avec personne aux alentours. C'est comme si cette discussion entre eux pouvait disparaître demain et qu'ils n'en parlent plus jamais. « Le plus important, c’est que tu aies fini par retrouver le droit chemin. Et que tu sois l’homme que tu es désormais, avec la tête sur les épaules » Il hoche doucement la tête, elle a raison, il le sait. Ce n'est plus le même maintenant et il fier d'avoir pu s'en sortir. Ca a été long, il a beaucoup galéré mais dans la finalité, il a quand même réussi. « Tu ne dois pas t’en vouloir pour les choix que tu as pu faire à un moment de ta vie. Je pense qu’il faut accepter ce qu’il en est et juste aller de l’avant » Sans même le vouloir, il se met à rire légèrement. Parce que c'est bien plus facile à dire qu'à faire. Même après toutes ces années, il continue de s'en vouloir pour beaucoup de choses. « C'est difficile de réussir à ne plus s'en vouloir. Mais j'imagine qu'avec le temps, tout est possible. » Qu'il répond en haussant les épaules, tirant sur sa cigarette. Peut-être qu'il y arrivera. Ou peut-être plutôt que ses proches arrêteront de lui prendre la tête et de ne regarder que le passé. « Et si tu devais définir le Maxence de maintenant, tu le définirai comment ? » Il réfléchit quelques secondes à cette question parce qu'il est difficile de se juger soi-même. Enfin, c'est seulement sa perception à lui, ça n'a peut-être rien à voir avec ce que les autres pensent. « Je dirais que j'ai gagné en maturité tout en gardant un côté très con. » Un sourire amusé s'affiche sur son visage alors qu'il tourne la tête vers Stacey. « Pour être honnête, même si je n'ai plus tous ces démons, j'ai toujours un caractère.. compliqué. » Il suffit de le demander à son entourage pour le savoir. C'est plus fort que lui, il aime embêter, il aime frapper avec les mots et il adore toujours autant chercher la merde. Il sait juste mieux se canaliser selon les situations et les personnes face à lui. « Et toi ? Qu'est-ce qui est la principale chose que je dois savoir sur toi ? » Il aimerait bien en apprendre plus sur son caractère. Si elle est plus un ange qu'un démon et à vrai dire, elle a l'air bien plus adorable qu'il ne le sera jamais.
Si Maxence semble parler avec aisance des choix qu’il a pu faire, de ce passé qui est le sien, je ne suis pas sûre d’être capable de me confier à lui sur les miens. Peut-être parce qu’il y a une part de honte mais aussi et surtout, parce que ce n’est pas un choix dont on parle au détour d’une conversation, entre un « passes-moi le sel » et « il fait beau aujourd’hui ». Je me rends compte aussi que c’est en partie pour cette raison que je me refuse de plus en plus d’avoir une vie normale, celle d’une nana de vingt sept ans. Que ce soit pour des nouvelles rencontres ou pour voir des amis proches que je connais depuis des années, il m’est toujours difficile d’être transparente avec eux… il m’est impossible de l’être. Tout comme il m’est impossible de l’être avec Lawrence et Mila. Alors, je me renferme, je m’autorise très peu de sorties comme celle que j’ai actuellement avec Maxence. Je ne le regrette pas, mais, incontestablement, le choix que j’ai fait me revient toujours en pleine figure… et je me retrouve rapidement décontenancée « Tu regrettes des choix que tu as fait ? ». Je n’en ai pas trop dit, j’ai juste acquiescé, chercher à le rassurer lui, lui montrer que je comprenais. Mais en aucun cas, je ne voulais m’étendre sur ma vie. Parce que je ne peux pas. « Je ne regrette pas les choix que j’ai pu faire… Abandonner mes études, abandonner mes rêves de devenir un jour chirurgienne cardiaque… Il le fallait. Mais je sais aussi qu’un jour ou l’autre, ce choix va me revenir en pleine figure, que je vais avoir des regrets à ce sujet. Mais, je me souviendrai pourquoi je l’ai fait et surtout, ce qu’il m’a apporté. Malgré tout, nos choix nous font aussi grandir, même si ce ne sont pas les bons ». Je me surprends à manier l’art du mensonge bien trop aisément. Brodé, rapiécé comme un vieux morceau de tissu laissé à l’abandon. Mentir est devenu bien trop facile. Et je me sens mal à l’aise, je peine à garder plus longtemps mon regard dans celui de Maxence, alors, encore une fois, je le détourne.
« C’est difficile de réussir à ne plus s’en vouloir. Mais j’imagine qu’avec le temps, tout est possible ». Je lui adresse un regard désolé, les mots ne l’aidant pas à passer outre cette culpabilité qui semble le ronger. Alors je me contente de le regarder, sans rien dire de plus avant de lui demander de me définir le Maxence qu’il est devenu « Je dirais que j’ai gagné en maturité tout en gardant un côté très con ». A ça, je ne peux m’empêcher de rire doucement « C’est bien… d’avoir gagné en maturité ». Je laisse un petit instant de blanc volontairement, comme pour laisser planer le doute sur la suite de ma phrase, avec un sourire amusé au bout des lèvres. « Pour être honnête, même si je n’ai plus tous ces démons, j’ai toujours un caractère… compliqué ». Il redevient plus sérieux et, ce qu’il avance, m’interpelle évidemment. Alors j’essaye d’en savoir plus « Compliqué ? » je fais en arquant un sourcil « Comment ça ? » j’ajoute alors. « Mais la vraie question est : est-ce que c’est toi qui le reconnais ou ce sont les gens qui disent ça de toi ? » Parce que cette nuance est primordiale et, peut-être, que lorsqu’il me définira ce fameux caractère compliqué, je ne partagerais pas le même avis que beaucoup.
« Et toi ? Qu’est-ce qui est la principale chose que je dois savoir sur toi ? ». La question est compliquée quand elle vous est retournée. Surtout quand il n’est pas toujours évident de se juger soi-même. Mais je me prête à l’exercice, le jeune homme s’étant réellement livrée à moi avec honnêteté… Et je ne peux pas en dire autant « Ma sœur te dirait sûrement que je suis une rabat-joie par moment parce que je lui demande souvent de ranger ses affaires ». Je laisse échapper un petit rire à nouveau, repensant à Mila, râlant en essayant de ranger tant bien que mal sa chambre. Ma petite sœur a clairement un mauvais caractère que j’estime ne pas avoir « C’est compliqué de se définir, mais je pense que je peux dire sans grande hésitation que je fais toujours passer le bonheur des autres, avant moi… Je pense que l’exemple de ma sœur est le plus parlant. Je me plierai en quatre pour elle, je ferai tout pour qu’elle ne subisse pas les conséquences de cette merde de vie dans laquelle notre père nous a mis et nous met toujours… ». L’injure m’échappe, la colère ayant duré une fraction de secondes « Mais, je ne pense pas avoir un caractère bien trempé pour autant, contrairement à Mila justement. Et je pense que mon plus grand défaut serait sûrement ma naïveté ». Et puis un petit sourire se forme malgré tout sur mes lèvres « Tu vois, comme ce soir où j’ai accepté de passer une soirée avec un mec que je ne connais pas, au milieu de nulle part ». Je lui fais un clin d’œil et amène ma canette de soda aux lèvres pour en boire une gorgée.
Il se demande si c'est une bonne idée de lui parler de tout ça. Logiquement, ça devrait la faire fuir non ? Même s'il est vrai qu'elle est un peu bloquée sur le coup. Ils sont au milieu de nulle part et c'est lui qui conduit. Peu importe, ça lui fait du bien de discuter avec elle vu qu'elle a l'air d'être une personne compréhensive. Ca fait peut-être partie de sa personnalité, il la connaît encore très peu et c'est bien pour ça qu'ils sont là ce soir. En apprendre plus l'un sur l'autre en toute transparence. En tout cas lui, il l'essaye de l'être au maximum même s'il ne raconte pas toute sa décente aux enfers non plus. Et il est très loin de se douter qu'elle ne lui dit pas tout non plus. En même temps, il lui serait impossible de savoir ce qu'elle cache ni même de s'en douter une seule seconde. « Je ne regrette pas les choix que j’ai pu faire… Abandonner mes études, abandonner mes rêves de devenir un jour chirurgienne cardiaque… Il le fallait. Mais je sais aussi qu’un jour ou l’autre, ce choix va me revenir en pleine figure, que je vais avoir des regrets à ce sujet. Mais, je me souviendrai pourquoi je l’ai fait et surtout, ce qu’il m’a apporté. Malgré tout, nos choix nous font aussi grandir, même si ce ne sont pas les bons » Il hoche positivement la tête parce qu'il comprend. C'est toujours dur d'abandonner ces rêves et il espère quand même qu'elle ne le regrettera pas trop. Elle a été courageuse à ses yeux et c'est tout ce qu'elle doit garder en tête. Même s'il s'imagine que c'est plus facile à dire qu'à faire. « C'est sûrement grâce à ça que t'es aussi mâture par rapport aux autres, c'est un mal pour un bien. » Certes, ils n'ont pas quinze ans de différence non plus mais logiquement, elle devrait profiter bien plus de sa vie. Elle ne devrait pas être bloquée dans cette vie déjà compliquée alors qu'elle est jeune. Et il ne sait même pas à quel point c'est compliqué.
Quand elle lui demande de se définir, il prend le temps de réfléchir alors qu'elle se met à rire. « C’est bien… d’avoir gagné en maturité » Un minimum, oui. Il n'est plus aussi con qu'avant quand il en a envie. C'est là toute la nuance, il décide quand il veut l'être ou quand il veut s'amuser un petit peu. « Compliqué ? Comment ça ? » Ca a l'air d'intriguer la blonde à ses côtés. Mais il ne sait pas vraiment exactement comment il pourrait le définir. Il réfléchit à trouver les bons mots pour être au plus près de la réalité alors qu'elle reprend la parole. « Mais la vraie question est : est-ce que c’est toi qui le reconnais ou ce sont les gens qui disent ça de toi ? » « Les deux ! » Sans aucun doute. La différence étant qu'avant, il ne le disait pas ou bien il se trouvait des excuses. Maintenant, il assume totalement et surtout, il se moque bien de ce qu'on peut penser de lui. « Disons que mon caractère dépend de la personne face à moi et de mon humeur du jour. » Et de la manière dont on lui parle aussi vu qu'il n'a jamais été du genre à se laisser faire. « Avant, j'étais con avec tout le monde. Maintenant, je le suis seulement avec les gens qui le méritent. » Tout du moins qui le méritent à ses yeux. Autant ange que démon. Même si pour beaucoup, il reste ce petit con qu'il a toujours été. « Mais tu sais, la vérité, c'est que je me fous de ce que les gens pensent. » Qu'il rajoute en haussant les épaules, buvant une nouvelle gorgée de son coca. Qu'on l'aime ou non, ce n'est pas son problème. Tant qu'il garde les personnes à qui il tient près de lui et qu'il arrive à ne pas les blesser bêtement, c'est le plus important.
Mais assez parler de lui, il veut en savoir plus sur Stacey maintenant. « Ma sœur te dirait sûrement que je suis une rabat-joie par moment parce que je lui demande souvent de ranger ses affaires » Il se met à rire, se disant que ce n'est pas étonnant. Elle doit souvent avoir le mauvais rôle avec sa soeur puisqu'elle gère quasiment tout pour sa famille maintenant. « C’est compliqué de se définir, mais je pense que je peux dire sans grande hésitation que je fais toujours passer le bonheur des autres, avant moi… Je pense que l’exemple de ma sœur est le plus parlant. Je me plierai en quatre pour elle, je ferai tout pour qu’elle ne subisse pas les conséquences de cette merde de vie dans laquelle notre père nous a mis et nous met toujours… » Il tourne légèrement la tête vers elle pour l'observer. « Mais, je ne pense pas avoir un caractère bien trempé pour autant, contrairement à Mila justement. Et je pense que mon plus grand défaut serait sûrement ma naïveté » Pour lui, c'est un gros défaut. Sûrement car il a appris à se méfier de tout le monde et à toujours faire le plus attention possible. Il sait comme la vie peut être dure et surtout, comme tout le monde peut nous la mettre à l'envers un jour ou l'autre. « Tu vois, comme ce soir où j’ai accepté de passer une soirée avec un mec que je ne connais pas, au milieu de nulle part » Il se met à rire, c'est clair que ça aurait pu être dangereux. Heureusement qu'il n'est pas un mec dangereux. « Sur ce coup-là, t'as fait le bon choix. T'aurais raté une super soirée sinon ! » Qu'il lance en lui souriant, égal à lui-même. « Pour le côté naïf, je peux toujours te donner des cours ! » Comme s'il était un pro dans ce domaine. Ca lui arrive aussi de se faire avoir évidemment, parfois on ne peut pas y échapper, certains sont bien trop doués dans la manipulation. « Sérieusement, si on oublie ce défaut, pense quand même aussi à toi. Parfois, il faut être égoïste pour penser à son bonheur. C'est important. » Certes, lui, il a souvent été bien trop égoïste. Faut évidemment pas arriver à son niveau mais c'est aussi important de penser à soi. Ce serait dommage qu'elle passe à côté de certaines choses juste pour les autres.
« C’est sûrement grâce à ça que t’es aussi mature par rapport aux autres, c’est un mal pour un bien ». Mon regard se fige dans le sien alors qu’il prononce ces mots. Cette maturité que j’ai acquiesce par défaut plus que par choix. Parce qu’à mes vingt et un an, ma mère m’a été subitement retirée et que j’ai dû endosser le rôle de l’adulte, à défaut que mon père puisse le faire. Je n’ai pas de regrets mais l’insouciance de mon âge me manque parfois. Quand j’aimerai pouvoir sortir avec mes amis, quand je préférerai peut-être avoir comme seul préoccupation de réussir mes études ou trouver l’homme parfait avec qui vivre une belle romance. Quoi qu’il en soit, tout ça est désormais un peu mis de côté parce que tout ce qui m’importe et que ma sœur et moi nous en sortons.
Je lui demande de me définir le nouveau Maxence, celui qu’il est devenu après avoir retrouvé le droit chemin, celui qu’il est maintenant. Il semble dire qu’il a un caractère compliqué ce qui, évidemment, m’incite à vouloir en savoir plus. Mais surtout, je veux savoir si c’est lui qui considère que son caractère est compliqué ou si ce sont les gens qui disent ça sur lui « Les deux ! ». J’arque un sourcil, j’aimerai qu’il m’en dise plus « Disons que mon caractère dépend de la personne face à moi et de mon humeur du jour ». A ça, un sourire amusé s’affiche sur mes lèvres alors qu’il poursuit « Avant, j’étais con avec tout le monde. Maintenant, je le suis seulement avec les gens qui le méritent ». J’acquiesce alors, son raisonnement se tient et se justifie surtout « Alors je pense être une privilégiée pour l’instant parce que je n’ai pas eu droit à ton « caractère compliqué » » fais-je alors en simulant des guillemets avec mes doigts. Je ris doucement alors que je le regarde toujours « Mais tu sais, la vérité, c’est que je me fous de ce que les gens pensent ». Un nouveau hochement de tête alors que je termine de boire une gorgée de soda « Et tu as parfaitement raison. Si les gens ne savent pas t’apprécier tel que tu es, alors ils ne méritent même pas ton attention ni ton énergie. Le plus important c’est d’être soi-même et de ne pas prétendre ». Et cette phrase fait écho, quand j’ai l’impression pourtant de prétendre en étant pas totalement honnête sur ma vie. Mais même s’il y a une part de secret chez moi, cela ne change en rien la personne que je suis… Du moins, je l’espère…
Evidemment, Maxence me retourne la question, me demandant de me définir ce qui n’est pas une tâche aisée. Je mets en avant ma générosité, celle qui me pousse à faire passer le bonheur de mes proches et plus particulièrement de ma petite sœur avant moi. Je lui avoue aussi mon plus grand défaut qui n’est autre que la naïveté. Et peut-être par besoin de me déculpabiliser, j’évoque encore une fois cette invitation que j’ai accepté sans connaitre réellement la personne qu’il était « Sur ce coup-là, t’as fait le bon choix. T’aurais raté une super soirée sinon ! ». « Comme quoi ce n’est finalement pas un si grand défaut. Il a du bon… parfois » je fais alors en levant ma cannette et en l’approchant de mes lèvres, le regardant du coin de l’œil non sans sourire « Pour le côté naïf, je peux toujours te donner des cours ! ». Intriguée par sa proposition, j’affiche une moue impressionnée en acquiesçant doucement « Je demande à voir ça alors, monsieur le professeur de naïveté ». Je suis moi-même étonnée de la stupidité que je viens de sortir et lève les yeux au ciel en riant doucement. « Sérieusement, si on oublie ce défaut, pense quand même à toi. Parfois, il faut être égoïste pour penser à son bonheur. C’est important ». Je laisse échapper un soupir parce que je sais qu’il a raison. Je le sais que je devrais penser un peu plus à moi mais il y a cette crainte constante de laisser tomber ma sœur si je viens à faire passer mon bonheur avant le sien. Je suis déjà très peu présente à la maison alors ne serait-ce que les moments que j’ai de libre, je préfère les passer à ses côtés… peut-être pour déculpabiliser de mes nombreuses heures passées entre mes deux boulots « Je le sais, j’essaye », je lui réponds alors avec un mince sourire. Je regarde alors autour de moi, l’endroit est toujours aussi désert. Je me décolle du capot de la voiture et demande alors avec un sourire amusé « Et si nous dansions Monsieur Mayers ? ». Je viens à déposer ma cannette de soda au sol et m’avance vers Maxence « J’ai envie de danser. C’est bien toi qui viens de me dire de penser un peu à mon bonheur n’est-ce pas ? ». Je ne sais pas d’où me vient cette assurance soudaine mais ses mots semblent avoir eu une répercussion immédiate sur moi. Je sors alors mon téléphone de ma poche arrière et vient à mettre une playlist personnelle avec des chansons calmes. J’ai peut-être envie pour une soirée de vivre la vie d’une jeune femme de vingt-sept ans, de laisser tous mes problèmes personnels derrière moi et de profiter… tout simplement. Alors, je tends ma main vers lui pour l’inviter à se joindre à moi pour une danse.
Quand il tente de se définir, il essaye d'être le plus honnête possible avec elle. Parce qu'il ne peut pas dire qu'il a un caractère facile à vivre et qu'il est un petit ange. Loin de là, d'ailleurs. Puis, à quoi bon mentir ? Peut-être qu'un jour, elle verra une autre facette de lui et elle serait surprise si elle n'était pas au courant avant. Au moins maintenant, elle sait qu'il peut être con si on le cherche un peu trop. Ou s'il a envie de chercher un peu trop.. « Alors je pense être une privilégiée pour l’instant parce que je n’ai pas eu droit à ton « caractère compliqué » » Il rit légèrement en secouant la tête. « En même temps, t'es adorable. Difficile de mal se comporter avec toi. » Qu'il répond en buvant une nouvelle gorgée de son coca, fixant l'horizon. A ses yeux, elle ressemble juste à un petit ange tout adorable et lisse. Il ne risque pas d'être con avec elle et surtout, il n'en a pas du tout envie. Il passe un bon moment avec elle, à se découvrir l'un et l'autre, il a l'impression de faire une pause dans sa vie ce soir. « Et tu as parfaitement raison. Si les gens ne savent pas t’apprécier tel que tu es, alors ils ne méritent même pas ton attention ni ton énergie. Le plus important c’est d’être soi-même et de ne pas prétendre » Il hoche positivement la tête, plus que d'accord avec elle. Maintenant, il ne veut plus dépenser son énergie avec des gens qui ne le méritent pas et il ne veut plus perdre son temps pour rien. « J'espère que tu appliques ça à toi même alors. » Parce qu'elle a l'air si gentille, ça ne l'étonnerait pas qu'elle perde son temps dans des conflits inutiles avec les autres. Mais peut-être qu'il se trompe, il ne la connaît pas encore vraiment.
« Comme quoi ce n’est finalement pas un si grand défaut. Il a du bon… parfois » Il sourit, rassuré. Parce qu'elle aurait pu passer une mauvaise soirée ou être mal à l'aise, il n'en sait rien. Mais heureusement pour lui, tout se passe bien et il est persuadé que ce sera le cas jusqu'à la fin de cette soirée. Rien ne peut mal tourner après tout. « Je demande à voir ça alors, monsieur le professeur de naïveté » Il se met à rire en tournant la tête vers elle. « T'as mon numéro, t'as juste à m'appeler quand t'as besoin d'un cours particulier. » Qu'il lance accompagné d'un clin d'oeil. Sa phrase peut avoir plusieurs interprétations et.. Il la laisse décider de la manière dont elle veut la comprendre. Il y a toutes sortes de cours possibles dans l'esprit du Mayers, on peut pas lui en vouloir. Mais il reprend son sérieux très vite, comprenant qu'elle est du genre à laisser passer le bonheur des autres avant le sien. Un concept que le brun a du mal à comprendre, lui qui est plus habitué à être égoïste qu'autre chose. « Je le sais, j’essaye » Il ne doute pas qu'elle y arrivera un jour, il lui faut juste du temps. Ses sourcils se froncent alors qu'il l'observe se relever du capot en se demandant ce qu'elle fait. « Et si nous dansions Monsieur Mayers ? » Il ne s'attendait clairement pas à cette demande, perdu au milieu de nulle part. « Je suis très mauvais danseur. » Autant la prévenir de suite, qu'elle ne s'attende pas à une belle réussite. Son corps n'est pas fait pour la danse, il y peut rien, c'est pas faute d'essayer. « J’ai envie de danser. C’est bien toi qui viens de me dire de penser un peu à mon bonheur n’est-ce pas ? » Il affiche un sourire en se relevant lui aussi du capot en y laissant son coca. « Impossible de refuser dans ce cas. » La musique s'enclenche, une musique calme et douce qui résonne fort dans le silence de la nuit. Maxence vient attraper sa main pour la rapprocher de lui, son autre main venant se placer derrière son dos alors qu'il commence doucement à se balancer d'un côté et d'un autre. Au rythme de la musique, du mieux qu'il le peut en tout cas. Tout ça a un côté très romantique qui ne ressemble absolument pas au brun mais qui n'est pas désagréable. Il vient la faire tourner sur elle-même, un des rares mouvements qu'il sait faire avant de la rapprocher de nouveau vers lui. Il lâche sa main pour venir replacer une mèche de cheveux de Stacey derrière son oreille, plantant son regard dans le sien, continuer de bouger doucement sur la musique. « Ca devrait être interdit d'être aussi belle.. » Qu'il lance en souriant. Il passe un bon moment en sa compagnie ce soir, coupé du monde, loin de tout. Il vient coller son front contre le sien, il a réellement envie de l'embrasser mais il attend juste sa permission pour le faire, un petit signe.
« En même temps, t’es adorable. Difficile de mal se comporter avec toi ». Son compliment me fait un peu rougir, un sourire gêné s’affichant sur mes lèvres alors que je le regarde en coin. Je pense cependant à mes années collège lorsqu’il dit cela, n’ayant pas oublié les nombreux camarades pour qui il n’a pas été difficile de mal se comporter avec moi, en me traitant d’intello de service. Bien sûr, tout ça est bien derrière moi désormais mais l’analogie se fait dans ma tête et me fait sourire. Je ne réponds rien alors, même si évidemment, ce qu’il peut me dire me touché. Il m’avoue qu’il se contrefout de ce que les gens peuvent penser de lui et de son caractère et je ne fais qu’approuver en lui disant qu’il ne doit pas inutilement perdre son temps face à des gens qui n’en valent pas la peine. « J’espère que tu appliques ça à toi-même alors ». J’acquiesce car je n’ai pas ce genre de conflits. Néanmoins, je dois me rendre à l’évidence que je prétends tout de même auprès de mes proches un peu plus chaque jour en faisant partie du Club et en leur gardant bien de leur dire la vérité. Mais les raisons en sont différentes, et il ne s’agit en rien de vouloir chercher à plaire. Mais plus à chercher à les protéger…
En tout cas, ma naïveté m’a amenée à accepter de passer une soirée à ses côtés et je n’ai aucun regret. La discussion se fait naturellement entre nous, il est respectueux et à l’écoute. Il en vient même à plaisanter sur ce trait de caractère qui pourrait me jouer des tours un jour ou l’autre (si ce n’est déjà le cas), se disant apte à me donner des cours pour être un peu moins naïve. Je ne demande qu’à voir ça « T’as mon numéro, t’as juste à m’appeler quand t’as besoin d’un cours particulier ». Je pouffe légèrement de rire, parce qu’évidemment je saisis le double sens de sa réponse. « Je n’y manquerai pas » je lance alors avec un sourire malicieux, assumant cette fois de croiser son regard, même si cela ne dure que quelques secondes.
Lui qui me conseille de penser un peu à moi, c’est ce que je décide de faire. Je laisse bien trop souvent mes envies de côté et même si je ne regrette pas tous les sacrifices que j’ai pu faire jusqu’à maintenant, cette soirée est aussi l’occasion d’être seulement une jeune femme de vingt sept ans. Et si cela peut paraitre stupide ou même puéril, je propose à Maxence de danser avec moi parce que c’est ce dont j’ai envie. Peut-être est-ce aussi un moyen pour moi de me rapprocher de lui quand j’en serai incapable de le faire spontanément. « Je suis très mauvais danseur ». Il fallait s’y attendre alors j’utilise l’argument qu’il m’a lui-même sorti, jouant sur le fait qu’il fallait que je pense à mon bonheur. « Impossible de refuser dans ce cas ». Ca me fait plaisir qu’il accepte malgré tout, un grand sourire se dessinant sur mes lèvres alors que je lance une première musique calme. Il attrape ma main pour me rapprocher de lui, me laissant ainsi guider alors que j’entrelace mes doigts avec les siens. Je sens ensuite sa main dans le bas de mon dos, la mienne venant se poser délicatement sur son épaule. Il y a un sourire sur mes lèvres tout le long et surtout je ne le lâche plus du regard. Toute notre discussion, qui a pu m’amener à penser à mes tracas du quotidien, est laissée de côté, me laissant ainsi bercer au rythme de la musique qui vient briser le silence des lieux. Il me fait virevolter, laissant échapper un petit rire entre mes lèvres alors que je reviens aussitôt dans ses bras. Le moment est agréable, je me perds dans son regard et je dois reconnaitre que l’instant est juste parfait. Sa main sur ma joue me fera tressaillir un peu alors qu’il replace une de mes mèches de cheveux « Ca devrait être interdit d’être aussi belle… ». Il y a une irrésistible attirance entre nous que je ressens aussi de mon côté. Son compliment me fait sourire et surtout rétorquer « Et ça devrait être interdit de se sous-estimer autant quand on se débrouille plutôt pas mal… », je lance avec un petit sourire amusé, camouflant le retour du compliment qu’il vient de me faire, par timidité, utilisant ainsi l’excuse de ce côté danseur médiocre qu’il s’attribuait. Maxence est un beau jeune homme, son charme ne me laisse clairement pas insensible et lorsque son front vient se coller au mien, mes yeux se ferment quelques secondes, un soupir s’échappant d’entre mes lèvres. Un soupir qui traduit qu’à cet instant je me sens bien et que j’ai juste envie de me laisser porter… écouter mes envies… Alors, doucement, je réouvre les yeux, relève mon regard sur lui, plongeant à nouveau celui-ci dans le sien, quelques secondes de silence s’installant et puis… je suis celle qui, pour une fois, fais le premier pas. J’approche mes lèvres des siennes et finit par les sceller l’une à l’autre en échangeant un tendre baiser qui dure plusieurs secondes. Ma main quitte son épaule pour venir se glisser délicatement derrière sa nuque puis dans ses cheveux alors que le baiser échangé est agréable. Je viens à rompre celui-ci aussi délicatement que je l’ai commencé, un nouveau sourire se dessinant sur mes lèvres alors que je trouve le courage de retrouver son regard en murmurant « Merci… ». Cela l’étonnera sûrement, alors j’ajoute « pour cette soirée… Ca me fait réellement du bien, alors… merci ». C’est sincère. Il ne comprendra peut-être pas que j’en vienne à le remercier pour une simple soirée parce qu’il ne saura jamais les véritables raisons qui me poussent à le faire quand je ne peux pas être honnête non plus avec lui, mais j’ai besoin de lui dire tout de même. Mes deux mains se rejoignent derrière sa nuque alors que nous continuons à nous mouvoir sur la musique et que je me perds encore et encore dans son regard.
Accueil
Décembre 2020. La voiture file à vive allure, faisant défiler les lumières de la ville à toute vitesse sous mes yeux. Mon regard est subjugué par le spectacle, silencieuse une bonne partie du trajet. Sur un coup de tête, j’ai accepté son invitation. Il me propose de passer la soirée avec lui. Et j’accepte, sans l’once d’une hésitation. Je ne travaille pas ce soir, Mila est partie passer la soirée chez une amie. La décision a donc été plus facile à prendre. Et ce qu’il me propose m’enchante, une manière de rompre avec ce quotidien pas toujours évident à supporter. Alors pour une fois que j’ai ma soirée de libre, pour une fois que je n’ai pas à enchaîner mon service à l’hôpital avec celui dans le bar clandestin, pour une fois que je peux me permettre de m’échapper de la maison sans m’en vouloir de laisser Mila seule, je le fais. Ma tête pivote alors doucement sur ma droite, mon regard reposant sur la personne qui se trouve derrière le volant. Il s’agit de Maxence. Je le connais que depuis peu. Une rencontre dans une soirée du fait d’amis en commun. Une alchimie qui s’est rapidement créée, entre lui et moi, nous isolant durant la soirée pour discuter un peu. La discussion a été facile, le rire aussi. Ce serait mentir que de dire que j’étais totalement indifférente face à lui, autant physiquement que mentalement. Des atomes crochus et me voilà donc avec lui, ce soir.