| and you're here, standing in front of me (alex #1) |
| | (#)Sam 20 Fév 2021 - 14:36 | |
| | | ► and you're here, standing in front of me
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Mars 2019 La maison est vide, un peu trop vide et cela me fait vraiment bizarre. Je viens de passer un an en voyage, pour tourner mon film ‘Lion’, entouré de gens presque tout le temps et maintenant je suis là, posé dans mon canapé, seul. Cela va faire deux mois que Jean a quittés la maison, que nous avons décidé de nous laisser du temps, chacun de notre côté, pour réfléchir. On se voit toujours, bien sur, parce que nous sommes toujours mariés, que nous ne voulons pas divorcer, pas pour le moment du moins, mais nous avons besoin d’espace. Chloe est venu vivre à la maison en tant que ma colocataire quelque temps et je dois avouer que cela m’arrange. J’ignore cependant ou Jean est parti vivre, mais elle a quitté la maison, en embarquant son chat et ça aussi c’est bizarre. Il a beau ne pas m’aimer, de ne pas avoir cette boule de poil rousse borne dans la maison l’a fait se sentir encore plus vide. Cela fait vingt minutes que je joue avec mon téléphone, que j’hésite à appeler Jean. Je finis par soupirer, me passe une main sur le visage et j’allume la télévision. Je passe encore une vingtaine de minutes à zapper avant de l’éteindre et de me lever du canapé. J’ai besoin d’aller prendre l’air, de me changer les idées, de ne pas passer à Jean, à cette maison trop vide. J’attrape alors la laisse de Nanka et l’appelle pour sortir avec elle. Il fait bon dehors, le vent rafraîchit cette journée d’été.
Je me gare sur le parking le long de la plage, cette plage où j’adore venir depuis que je suis de retour à Brisbane. Je lâche Nanka qui se met à tracer devant moi, bien contente de prendre l’air elle aussi et je me dirige vers le petit café. Je commande un smoothie à la fraise, comme je les aime et le récupère une fois qu’il est prêt. Je me mets ensuite à marcher le long de l’eau, laissant mes pieds être rafraîchi par les vagues qui remontent doucement. Cela me fait déjà du bien d’être dehors, de ne pas être enfermé dans cette maison tout seul. Une fois mon smoothie finit, j’en profiter pour aller me poser sur un petit coin de plage et observer les gens sur la plage. Les couples, les groupes d’amis, les familles. J’adore faire cela, venir dans ce genre d’endroit et juste regarder les gens. J’attrape mon appareil photo dans mon sac et commence à prendre quelques portraits au loin alors que Nanka vient s’allonger à côté de moi, visiblement fatigué de courir dans les vagues. C’est en baissant le regard sur une photo que je viens de prendre que mon cœur s’arrête soudain. Alex. Sur cette photo se trouvent les traits familiers de ma cousine, les traits de celle qui est partie du jour au lendemain sans donner de nouvelles. Comme pour être sur que je ne suis pas en train d’halluciner, je relève la tête vers la femme qui se tient quelques mètres devant moi. C’est bien elle. Je suis pourtant incapable de me lever pour aller lui parler, si bien que c’est ma chienne, visiblement curieuse qui finit par se lever et s’avancer vers elle. “Nanka non. Reviens là.” Mais elle ne m’écoute pas et renifle déjà la blonde. “Merde…” Je suis donc obligé de me relever et m’approche doucement d’elle. “Alex.” Parce que oui, je l’aurais sûrement reconnu entre mille.
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| | | | (#)Ven 26 Fév 2021 - 11:56 | |
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Mars 2019 Reprendre ma vie en main ce n'est pas simple. Ça ne fait que quelques semaines que je suis revenue à Brisbane et la seule personne de mon passé avec laquelle j'ai tenté de renouer pour le moment, s'est avérée être morte. Et c'est pas le retour que j’espérais. Même si au fond je n'espérais rien. Après tout, ce n'est pas juste en revenant ici que je vais retrouver tout ce que j'avais connu, aimé il y a huit ans plutôt non ? Ce n'est pas en revenant ici que je vais tout arranger en un claquement de doigts. Et ce n'est décidément pas en me baladant sur cette plage que je vais aller mieux. Et pourtant, pendant quelques minutes, je me sens bien ici, je me laisse envahir par mes souvenirs et j'ai l'impression d'aller mieux. Mais ça ne dure que quelques minutes avant que je ne réalise que tout ça, ça ne compte plus pour personne. Ou uniquement pour moi. Sauf que les souvenirs de cette vie ne m'apaisent que quelques minutes et ensuite ils me font mal à nouveau. Je pensais quoi en revenant ici ? Que j'allais pouvoir revivre ma vie ? C'est pourtant ma dernière chance, ma dernière décision, revenir ici et faire les choses biens pour une fois dans ma vie. Demander pardon, m'excuser et pourtant je n'ai repris contact avec personne. Ni Caleb, ni Tim, ni Matthias. Pour leur dire quoi ? Je n'en sais rien encore, je ne sais pas comment je peux revenir après tout ce temps sans nouvelles. Comment je peux débarquer dans leur vie à nouveau sans leur faire du mal. Ils ont tous du passer à autre chose, ils ont du me haïr pour ce que j'ai fais. Sans doute qu'ils n'ont pas pu me haïr plus que je ne le fais à ce moment précis, mais je ne veux pas débarquer dans leur vie et foutre le bordel sans avoir quelque chose de sincère à leur dire. Une vraie explication qu'ils méritent tous, parce que je les ai trahis, à des niveaux différents mais je les ai tous abandonné du jour au lendemain et je ne veux pas leur faire du mal, pas plus que je ne leur en ai déjà fais. Je veux faire les choses biens et pour ça, je veux être prête à me tenir devant eux et me montrer assez forte pour ne pas tout gâcher. Et forte, je ne le suis pas. Je ne l'ai peut-être même jamais été finalement. Mais comme je l'ai dis, Brisbane c'est ma dernière chance, le dernier endroit ou je veux être, ou je dois être parce que si je n'arrive pas à être heureuse ici, je ne le serais nul part. Je n'ai plus rien, ni à Londres, ni ailleurs, il ne me reste que ça, que des souvenirs que je revis pendant quelques minutes sur cette plage, alors que quelques larmes roulent sur mes joues. J'ai quitté Londres, je reconstruis ma vie à Brisbane, du moins j'essaye de me reconstruire mais pour le moment, tout semble m'avoir suivis. L'alcool, les cauchemars, la culpabilité, la honte. Autant de choses que je traîne encore avec moi et qui me colle à la peau ou que j'aille. Mais je dois faire face, à mon rythme, je dois arrêter de refuser de me confronter à la vérité. Je vais mal et je ne pourrais jamais aller de l'avant si je ne fais pas face à mes erreurs. Je regarde l'océan, j'ai toujours aimé être sur cette plage, être ici sur notre plage, mais je suis seule cette fois, et je regarde au loin, l'immensité de l'océan devant moi. Et je me demande le temps d'un instant ce que ça ferait de disparaître dans cette immensité, peut-être qu'au milieu des vagues, je trouverai un peu de calme ? Mes problèmes me sembleraient bien moins importants alors que je me laisserai emporter par les vagues. Et puis personne ne remarquerait mon absence, mon départ puisque j'ai déjà disparu une fois, sans laisser de nouvelles, alors je ne peux manquer à personne. Et c'est pas plus mal, peut-être que c'est ainsi que je suis destinée à vivre. Seule, puisque j'ai fais du mal à tout le monde. Je n'ai pas envie de mourir, détrompez vous. Même pour ça, je suis trop faible, trop lâche. Je ne veux pas mourir, je veux juste aller mieux mais je ne sais pas comment m'y prendre. Je ne sais pas comment faire, et tout ce que je sais c'est que je fais mal. « Nanka non. Reviens là. » Cette voix, familière qui me parvient au loin. Je déraille à nouveau sans doute, les yeux dans le vide je ne prends même pas la peine de regarder autour de moi, et je suis surprise de voir un chien à quelques centimètres de moi. J'aurais pu avoir peur, mais pourtant je n'ai même pas vraiment réagis, j'ai juste levé la tête pour voir si son maître se trouvait dans les parages avant que son chien ne vole la dernière chose qu'il me reste, un physique pas trop dégueulasse et plutôt bien conservé malgré l'approche de la trentaine. Et c'est là que je le vois. Matthias. Mon cousin, celui chez qui j'ai débarqué un jour de Juillet, enceinte de cinq mois, avec quelques valises et l'impression de voir ma vie m'échapper totalement. Je croise son regard, je ne peux pas faire autrement puisqu'il est désormais tout prêt de moi, venu récupérer son chien. Et je me sens démunie face à lui. Parce que je ne lui ai pas dis que j'étais de retour, parce que je ne suis sans doute pas prête à le revoir, pas comme ça, alors que je n'ai rien préparé, rien anticipé. Je suis partie il y a plusieurs années, lui aussi je l'ai abandonné à la naissance de ce bébé, je suis partie, sans le prévenir, j'ai disparu et j'ai fais comme avec tout les autres. Je l'ai laissé ici, derrière moi à Brisbane. “Alex.” Je suis face à lui, et je ne sais pas comment agir. « Matthias. » Pas de Matt ou Matty, pas de surnom, juste son prénom prononcé alors que je me lève prête à fuir si je me sens trop en difficulté. Lâche, encore une fois. « Je voulais te prévenir que j'étais de retour, mais je ne savais pas comment faire. » Un coup de téléphone, un email, un texto, une lettre ou même une visite chez lui aurait suffit mais je n'ai rien fais de tout ça, et je me retrouve face à lui, bien conne. « Ni même si tu en avais quelque chose à faire finalement. » Peut-être qu'il ne voudrait plus jamais entendre parler de moi, après tout, c'est une possibilité plus qu'envisageable. Si quelqu'un m'avait fait ce que j'ai fais, sans doute que moi non plus je n'aurais plus jamais envie de voir cette personne. Mais je suis face à lui et je ne vais pas m'enfuir en courant. Du moins, pas maintenant.
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| | | | (#)Lun 22 Mar 2021 - 10:55 | |
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| Je ne suis pas quelqu’un de rancunier, du moins je ne crois pas vraiment l’être. Dans la vie j’ai toujours appris à être déçu, à m’attacher puis à être laissé tomber. Alex n’est pas la première personne à me faire cela, elle n’est pas la première avec qui je crée un lien fort et qui disparaît du jour au lendemain. À grandir dans le milieu dans lequel j’ai grandi et surtout avec la mère que j’ai, j’aurais sûrement dû m’habituer à être déçu, à être laissé tomber, à attendre des choses de personne sans jamais les recevoir. Pourtant lorsqu’Alex a claqué la porte de l’appartement dans lequel je l’accueillais à l’époque, j’ai été blessé, profondément blessé et je n’ai jamais réussi à oublier complètement qu’elle m’a laissé tomber. Bien sûr, on aurait pu dire que je n’avais pas vraiment besoin d’elle dans ma vie, parce que je m’en suis toujours plutôt bien sorti depuis que j’ai quitté la maison familiale, mais ce n’est pas le cas. Je me suis attaché à ma cousine, je me suis dis qu’on avait quelque chose de fort et encore aujourd’hui, je lui en veux d’être parti comme elle l’a fait, sans même un message ou un appel. Je lui en aurais sûrement beaucoup moins voulu si elle m’avait expliqué, si elle m’avait dit avoir besoin de temps tranquille. J’aurais compris, et je l’aurais laissé tranquille en lui demandant simplement de m’envoyer de petits messages de temps en temps pour m’assurer qu’elle allait bien, mais cela n’a pas été le cas. Ca a été le silence radio. Et maintenant je me trouve face à elle, face à ce visage qui a un peu vieillit, qui semble plus adulte que dans mes souvenirs mais qui n’a pas tellement changé. Je ne peux me retenir d’être un peu froid, de laisser sûrement paraître cette peine dans ma voix. « Matthias. » Elle se relève et se retrouve face à moi. « Je voulais te prévenir que j'étais de retour, mais je ne savais pas comment faire. » Je laisse échapper un rire et lève un peu les yeux au ciel. « Un SMS, un mail, tu sais ca coûte rien. Surtout que j’ai pas changé de numéro. »
Je ne sais pas vraiment si j’ai envie de reprendre contact avec Alex, si j’ai envie de la laisser entrer dans ma vie. Je n’ai pas envie d’être déçu une nouvelle fois, pas envie qu’elle disparaisse une fois encore si je lui laisse une seconde chance. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher d’être un peu inquiète en voyant ses traits tirés. Bien sur que je tiens toujours à elle, ca ne changera jamais, elle est l’une des rares familles que j’ai, une des rares familles de laquelle j’ai un jour été proche. « Ni même si tu en avais quelque chose à faire finalement. » « Parce que c’est vrai que j’en ai jamais rien eu à faire de toi. Évidemment. » Je lui réponds ironiquement et un peu plus sèchement que je ne l’aurais voulu. « Si tu voulais me dégager de ta vie, il suffisait de le dire tu sais. Pas besoin de trouver une excuse bidon. » Je soupire alors que ma chienne, elle, ne semble pas perturbée et vient lécher la main de ma cousine. « T’as vraiment pas l’air en forme en tout cas. » J’ajoute. Oui, elle n’a vraiment pas l’air bien quand on regarde.
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| | | | (#)Mer 24 Mar 2021 - 5:51 | |
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Mars 2019 Le passé a beau ne jamais m'avoir quitté. Il hante mes nuits, il occupe mes pensées, il est ancré en moi et malgré tout mes efforts je n'ai jamais pu oublier mes années à Brisbane. Et pourtant, le revoir fait remonter encore d'autres souvenirs à la surface et je crois que ça me déstabilise encore bien trop. Je me croyais prête à faire face à mon passé, ou du moins à essayer, mais voir Matthias me prouve que ce n'est pas une tâche qui va s'avérait facile. Et il ne va sans doute pas me la rendre plus simple. Je me confronte à la froideur de sa voix et il n'en faut pas plus pour que la culpabilité revienne m'envahir avec force. J'ai tout gâché je le sais. Tu peux m'en vouloir Matty, je t'ai laissé alors que tu m'avais soutenu, alors que tu avais protégé mon secret, m'offrant plus qu'un toit et un lit dans lequel passer mes journées. Tu as été là pour moi et dès que j'ai pu courir à nouveau, je me suis enfuie. Mes tords sont réels, avec lui, comme avec tout le monde mais les avouer c'est douloureux, très douloureux. Saborder son propre bonheur, faut quand même être sacrée conne non ? Mais j'en suis une et je le sais, sauf que c'est pas ça qui va me faire pardonner. Et le pardon je n'ai jamais su vraiment comment l'obtenir. Comment imaginer qu'ils puissent me pardonner alors que j'en suis incapable moi même ? Alors que je ne pense même pas le mériter ? Pourtant Matthias est là devant moi et je ne peux plus m'enfuir même si ce fut presque ma première pensée. Mais je ne peux pas passer ma vie à courir et fuir, j'ai passé trop de temps à fuir la réalité et devant Matthias, je dois faire face. Faire face à son attitude froide, faire face aussi à mes erreurs alors que je suis face à lui pour la première fois depuis un peu moins de huit ans. « Un SMS, un mail, tu sais ca coûte rien. Surtout que j’ai pas changé de numéro. » Il a raison, mais est-ce que je pouvais lui dire par sms que j'étais de retour. Ce n'était pas un départ en week-end ou en vacances. Ce n'était pas un petit séjour, je ne pouvais pas revenir et dire 'coucou je suis de retour, comment ça va depuis le temps ?' Et à défaut de savoir comment lui annoncer, j'avais décidé de ne rien dire, et j'en paye le prix déjà parce qu'il semble me le reprocher. Je lève les épaules, je pourrais me trouver des excuses, ou juste lui dire que je ne voulais pas le déranger, et en soit c'est en partie vrai mais je ne dis rien. Parce que même s'il me reproche de ne pas lui avoir dis pour mon retour, au fond de moi, je suis persuadée qu'il n'en a rien à faire. Que je ne compte plus pour lui, que je lui ai fais trop de mal pour que mon retour puisse l'affecter ou du moins pas positivement. Je suis persuadée qu'il s'en fout que je sois là ou non, après tout je n'ai pas été là les huit dernières années et il s'en sort bien non ? « Parce que c’est vrai que j’en ai jamais rien eu à faire de toi. Évidemment. » Encore son ton froid, sec, presque cassant qui vient me rappeler à quel point il doit m'en vouloir. Et je ne le blâme pas, moi aussi je m'en veux. « C'est pas ce que je voulais dire. » Je fais une pause, je cherche mes mots. Je sais qu'il s'est inquiété pour moi, qu'il s'est préoccupé de moi, qu'il a prit soin de moi alors je sais qu'il n'en a pas réellement rien à faire de moi. Mais de mon retour peut-être en revanche ? « Je ne savais pas si tu voudrais me revoir un jour. » Parce que c'est finalement là toute la question, là qu'est tout le problème. Je suis là désormais, proche de lui, proche d'eux, mais si je ne peux plus faire partie de leur vie alors à quoi bon être revenue ? Et j'ai peur d'être à mon tour rejetée. Parce que normalement c'est moi qui repousse les autres, qui les fuit même. « Si tu voulais me dégager de ta vie, il suffisait de le dire tu sais. Pas besoin de trouver une excuse bidon. » La langue de la chienne qui lèche ma main me permet de me concentrer sur autre chose que sur mon cousin. Pendant quelques secondes du moins, le temps de mettre de l'ordre dans mes réflexions toujours si encombrées. Si saturées de mauvaises pensées. « Ce n'est pas toi que je voulais dégager de ma vie, mais moi qui devait dégager de la tienne. » J'étais une loque, un boulet, une mauvaise personne, et je le suis toujours d'ailleurs. Je lui aurais fais du mal comme j'ai fais du mal à tout le monde. C'est mon super pouvoir, détruire tout ce qui a de bien et de bon autour de moi. Tout en me détruisant aussi petit à petit. J'ai tout tenté à Londres, ou presque. Et malheureusement à Brisbane, ma voix que j'emprunte n'est pas forcément la meilleure. Mais il faut bien ça pour m'aider à gérer les souvenirs que ma présence dans cette ville fait ressurgir en moi. Un peu d'alcool pour aider à s'endormir et pour empêcher les cauchemars de m’assaillir. « T’as vraiment pas l’air en forme en tout cas. » Et encore Matt, tu ne m'as pas vu à Londres, tu m'as pas ramassé à peine capable de tenir debout. Oui c'est bien Alex rappelle toi de celle que tu étais c'est bon pour ton estime … « Première fois en sept ans qu'on se voit et tu me dis ça, je suis vexée. » Une moue légèrement boudeuse sur le visage, je n'ai pas besoin de lui montrer que je ne suis pas en forme, que je ne vais pas bien. Il n'a pas à le savoir, pas à le voir et surtout pas à s'en préoccuper. Plus personne ne doit s'inquiéter pour moi. « Tu as l'air en forme toi en revanche, comment tu vas Matty ? Je vois que tu es toujours fan de photos ? » Je tente, j'emploie sur surnom, j'oriente la discussion sur lui, je cherche à détourner l'attention en espérant échapper aux explications que je lui dois. Mais je ne suis pas sûre d'être prête à en parler, et pourtant je sais que s'il a des questions je n'aurais pas d'autres choix que d'y répondre.
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| | | | (#)Jeu 25 Mar 2021 - 13:12 | |
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Je ne suis pas quelqu’un d’extrêmement rancunier, du moins je ne crois pas l’être. J’ai tendance à pardonner facilement, à vouloir voir le bon dans les gens qui m’entourent, mais pourtant, des fois, cela ne suffit pas. Avec Alex les choses sont différentes, elle a disparu du jour au lendemain, sans jamais donner de nouvelles. Elle était un peu la seule famille que j’avais à l’époque, la seule qui en valait vraiment le coup et le fait qu’elle m’est laissé tomber aussi facilement a été douloureux. J’ai avancé bien sur, j’ai continué de vivre mais après tout ce que j’ai fait pour elle quand elle débarqué enceinte, je dois bien avouer que son départ soudain m’est un peu resté en travers de la gorge. J’en ai parlé avec ma femme, avec Jean, elle m’avait dit qu’Alex devait sûrement avoir eu une bonne raison et elle a sûrement raison, mais cela n’empêche que je lui en veux encore. Alors lorsque je me retrouve face à elle, ne pouvant visiblement pas échapper à la confrontation, je ne peux m’empêcher de lui faire comprendre. Je suis froid, sec et je ne compte pas lui pardonner en un simple claquement de doigts. Elle doute du fait que j’ai eu envie d’avoir de ses nouvelles et cela me fait un peu rire. Elle était ma famille, je lui avais bien fait comprendre dans le passé que je serais toujours là pour elle et pourtant elle me sort encore cette excuse. Ma réponse est ironique alors que je lève les yeux au ciel. « C'est pas ce que je voulais dire. » Me répond elle comme pour tenter de se justifier. « Je ne savais pas si tu voudrais me revoir un jour. » « Et je suppose que si on s’était pas retrouvé là par hasard, j’aurais jamais eu de tes nouvelles. » Ce n’est pas une question, plus une remarque, un reproche un peu. Et je ne peux m’empêcher de lui faire comprendre que si elle avait eu envie de sortir de ma vie elle aurait pu le faire plus proprement, et surtout plus directement. « Ce n'est pas toi que je voulais dégager de ma vie, mais moi qui devais dégager de la tienne. » Je le connais ce discours, le même que j’avais eu pendant des années en grandissant, le même qui m’a tenu en arrière pendant tant de temps. « Cette excuse-là elle marche pas avec moi Alex. » Je lui réponds. « C’est des conneries ca, et tu le sais très bien. Si je t’ai laissé entrer dans ma vie c’était pour une bonne raison, et je suis le seul à pouvoir juger de qui doit dégager de ma vie ou non. » Personne ne peut prendre cette décision pour moi.
Malgré tout ce qu’elle a fait, une partie de moi ne peut s’empêcher de s’inquiéter en voyant son visage un peu trop creuser et les cernes qui ornent le dessus de ses yeux. Elle n’a vraiment pas l’air dans son assiette et si je ne sais pas ce qu’il se passe dans sa vie, je la connais assez pour savoir que les choses ne vont surement pas au mieux. Je lui fais d’ailleurs remarquer. « Première fois en sept ans qu'on se voit et tu me dis ça, je suis vexée. » Je ne réponds rien, mais elle sait pourtant que je suis quelqu’un d’honnête, et une fois de plus je lui prouve. « Tu as l'air en forme toi en revanche, comment tu vas Matty ? Je vois que tu es toujours fan de photos ? » Je baisse la tête quelques secondes vers l’appareil qui repose autour de mon coup. Le surnom, cet intérêt pour moi… Je sais ce qu’elle essaye de faire et je laisse échapper un petit rire avant de relever mon regard vers elle. « Non, non ca marche pas ca Alex. » Je soupire et viens me pincer l’arête du nez. « T’as pas le droit de redébarque comme ca, comme un cheveu sur la soupe et de ne faire comme si de rien n’était. T’as pas le droit de faire comme si t’en avais quelque chose à foutre alors que t’as clairement prouvé que non. » Elle essaye pourtant, mais je ne vais pas lâcher aussi facilement.
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| | | | (#)Ven 26 Mar 2021 - 6:50 | |
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Mars 2019 « Et je suppose que si on s’était pas retrouvé là par hasard, j’aurais jamais eu de tes nouvelles. » Peut-être, peut-être pas, je lève les épaules pour marquer le fait que je ne peux pas nier ses mots, mais je n'ai pas non plus envie de lui donner raison. Je suis revenue à Brisbane pour une raison, tenter de me faire pardonner auprès des gens que j'ai blessé et il en fait parti. Alors, je sais que j'aurais du reprendre contact avec lui, je le sais, ce dont je doute c'est de savoir si j'aurais été assez courageuse pour le faire sans fuir à nouveau. « Je suis là. A Brisbane. C'est pas par hasard que j'ai décidé de revenir ici. » Débrouilles toi avec ça Matthias. Trouves le sens de mes mots sans que je n'ai à les expliquer et si tu n'y arrives pas tant pis, je sais que je suis nulle pour les explications, nulle pour tout de toute manière. Nulle pour les excuses aussi visiblement puisqu'il rejette mon excuse, qui me semble pourtant vraiment valable. C'était à moi de sortir de sa vie, il aurait moins de problème sans moi, c'était ainsi que j'avais pensé, pour lui, pour les autres aussi. « Cette excuse-là elle marche pas avec moi Alex. » Est-ce qu'elle va marcher avec quelqu'un d'autre que lui ? J'en doute et pourtant c'est la seule que j'ai. La seule à laquelle je me suis raccrochée pendant des années pour expliquer mon geste. Sans moi, il irait mieux, ils iraient tous mieux. Mais visiblement ça ne lui plaît pas. Et puis merde, si tu voulais tant me retrouver, tu pouvais, je n'étais pas sur Mars non plus. Je ne peux pas dire ça, je n'ai même pas le droit de la penser, je me suis exclue de sa -leur- vie toute seule, et je dois en assumer les conséquences. Mais pour ça aussi je suis nulle. « C’est des conneries ca, et tu le sais très bien. Si je t’ai laissé entrer dans ma vie c’était pour une bonne raison, et je suis le seul à pouvoir juger de qui doit dégager de ma vie ou non. » Il a raison, il a totalement raison, mais l'avouer est difficile pour moi. Parce que je ne peux pas avouer à haute voix que j'ai gâché ma vie pour de mauvaises raisons. Pour aucune raison enfaîte. J'ai besoin de me l'expliquer, de leur expliquer aussi, de trouver une raison qui semble valable pour donner un sens à ce gâchis ? Mais encore faut-il qu'il en existe une, une vraie, et je sais qu'il y en a une quelque part mais je n'arrive pas à lui parler, parce que je suis faible. Je l'ai prouvé par le passé, je suis lâche.
Je ne veux pas assumer la discussion, je ne veux même pas avoir à lui montrer que je vais mal, alors que c'est écrit partout sur chaque trait de mon visage. Entre la fatigue, l'alcool, et la honte, j'ai de quoi faire, et de plus en plus de mal à les cacher. Je tente pourtant de faire diversion, de m'intéresser à lui, et je m'y intéresse sincèrement. Parce qu'il est, ou du moins a été, une personne importante pour moi. Celui chez qui je me suis réfugiée alors que ma vie était en train de s'écrouler. Celui qui a partagé les quelques mois de ma grossesse, qui m'a vu malade, au plus bas, enceinte aussi et ils sont peu, très peu à m'avoir vu le ventre arrondi, tentant vainement de cacher ce bébé. Mais il le savait, il savait tout, jusqu'à mon désir d'abandonner cet enfant. Ce qu'il ne savait pas en revanche c'est que j'allais partir, et l'abandonner lui aussi. Mais il aurait pu/du s'en douter non ? J'ai abandonné l'amour de ma vie, j'ai abandonné mon bébé, c'était pourtant prévisible non ? Pourtant il semble m'en vouloir, il ne marche pas à ma tentative désespérée de détourner son attention. « Non, non ca marche pas ca Alex. » Et merde. Je ne vais pas y échapper aux explications, j'y croyais pourtant. Je dois fuir ou je dois assumer ? La question se pose réellement à moi, preuve que je ne suis pas encore totalement prête à faire face. Pourtant il est là devant moi. Et il est en droit d'avoir des réponses. « T’as pas le droit de redébarque comme ca, comme un cheveu sur la soupe et de ne faire comme si de rien n’était. T’as pas le droit de faire comme si t’en avais quelque chose à foutre alors que t’as clairement prouvé que non. » Je baisse les yeux, comme une enfant prise en faute. « J'en ai pas rien à faire de toi. » Prouves le alors Alex! Explique lui. Je ne dois pas être faible, c'est pas le moment, je suis ici à Brisbane, face à lui et il est temps d'assumer, de prendre ma vie en main, c'est bien pour ça que je suis là non ? Mais c'est dur. Je m'assoies sur le sable, ou plutôt je me laisse tomber, un moyen de m'empêcher d'être tentée de fuir en courant. Par contre je fuis son regard. Je m'assoies, les yeux qui fixe l'étendue d'eau, je soupire un peu. « Je n'aurais jamais pu assumer de te regarder, pas après ce que j'avais fais. » En voilà une vraie raison non ? Un début d'honnêteté de ma part, ou une tentative désespérée de trouver une raison valable pour expliquer un geste désespéré ? Mais je n'invente rien, je ne fais que lui dire ce que je ressens même si ça fait un mal de chien. « J'avais trop honte, j'étais trop mal pour reprendre ma vie là ou je l'avais laissé. Tu le savais, tu connaissais son existence et moi j'avais juste besoin d'oublier, tout oublier et j'aurais pas pu le faire ici avec toi. » Ça me serre les tripes, ça me fait si mal de parler de ça, de parler tout court finalement. « Je sais que j'aurais du t'écrire, te laisser un mot, mais je l'ai pas fais. Je suis désolée.» Il n'a pas eu le droit à une explication, il a eu comme tout les autres. Un départ, un silence, et rien d'autres, parce que j'étais juste incapable d'expliquer mes choix à l'époque. J'en suis d'ailleurs toujours incapable, mais j'essaye désormais. Et j'essaye de m'excuser même si c'est dur, vraiment dur.
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| | | | (#)Mar 30 Mar 2021 - 12:04 | |
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« Je suis là. A Brisbane. C'est pas par hasard que j'ai décidé de revenir ici. » Non, ca ne doit surement pas être un hasard, cela doit sûrement être calculé, mais je ne suis pas sur d’être prêt à l’accepter dans ma vie à nouveau. Elle a disparu du jour au lendemain, sans même prendre le temps de me remercier de l’avoir accueilli, de l’avoir aidé alors que beaucoup lui auraient sûrement tourné le dos. Je me connais, je sais bien que je finirais sûrement par lui pardonner, parce qu’elle est la seule personne de ma vie qui en vaut la peine, mais je ne compte pas lui rendre la tache trop facile non plus. Je lui en veux, d’avoir claqué la porte sans même un mot, sans un même un signe. Elle a disparu du jour au lendemain, sans même prendre le temps de me remercier de l’avoir accueilli, de l’avoir aidé alors que beaucoup lui auraient sûrement tourné le dos. Elle tente alors de trouver une excuse pour expliquer tout cela, pour dire qu’elle ne valait pas la peine de faire partir de ma vie et cela a le don de m’énerver. La seule personne capable de juger qui peux faire partie de ma vie c’est moi, et personne d’autre. Alors oui, je ne suis peut-être pas la plus sympa et calme dans mes paroles, mais je lui fais bien part de ce que je pense. Je connais Alex, je me doute qu’elle ne pensait pas à mal, et il faut croire qu’être dysfonctionnel est de famille. Je ne suis pas le plus doué pour exprimer ce que je ressens, pour faire confiance aux gens, mais j’aurais aimé qu’elle me parle, qu’elle me fasse confiance plutôt que de partir comme une voleuse.
Elle tente, de faire comme si de rien n’était. Elle tente de demander de mes nouvelles, mais encore une fois, la manière dont elle amène cela légèrement à le don de me faire réagir. Jean pourrait sûrement attester que je ne suis pas le plus patient des hommes et que je ne suis pas non plus le plus calme quand on pousse un peu trop dans les sujets délicats. « J'en ai pas rien à faire de toi. » Je lève les yeux au ciel et laisse échapper un rire un peu ironique. Si ce n’est pas le cas elle le montre vraiment mal. « Alors j’ose même pas imaginer ce que tu fais aux gens ou tu en a, sois disant, vraiment rien à faire. » Je lui dis un peu sèchement. Je sais que je suis dur avec elle, surement plus que je ne le devrais quand je vois qu’elle n’a clairement pas l’air d’être dans son assiette, mais elle le mérite un peu. « Je n'aurais jamais pu assumer de te regarder, pas après ce que j'avais fait. J'avais trop honte, j'étais trop mal pour reprendre ma vie là ou je l'avais laissé. Tu le savais, tu connaissais son existence et moi j'avais juste besoin d'oublier, tout oublier et j'aurais pas pu le faire ici avec toi. Je sais que j'aurais du t'écrire, te laisser un mot, mais je l'ai pas fais. Je suis désolée. » Je soupire lourdement et viens une nouvelle fois me pincer l’arête du nez. « Pourtant tu sais parfaitement que j’aurais été là pour toi, quoi que tu décides. Tu sais très bien que je t’aurais aidé avec… Avec peu importe ce que tu traversé. » Je lui réponds, un peu plus calme que quelques minutes plus tôt. « Le pire c’est que j’ai l’habitude d’avoir une famille merdique, de ne jamais pouvoir compter sur personne avec qui je partage le même sang, mais alors venant de toi je l’avais vraiment pas vu venir. Après tout ce que j’avais fait pour toi, j’aurais vraiment pas cru qu’au moindre petit obstacle tu prendrais la fuite plutôt que de m’en parler. » Je relève la tête vers lui. « Tu m’aurais dit avoir besoin de quelques jours, ou mêmes quelques semaines loin de Brisbane je l’aurais compris. Je t’aurais même laissé respirer, mais couper les ponts comme tu l’as fait, c’était vraiment… » salaud, injuste, dégueulasse, douloureux ? « Enfin, peu importe, on peut pas revenir en arrière toute façon hein ? »
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| | | | (#)Sam 3 Avr 2021 - 14:25 | |
| | | ► and you're here, standing in front of me
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Mars 2019 « Alors j’ose même pas imaginer ce que tu fais aux gens ou tu en a, sois disant, vraiment rien à faire. » Faire du mal aux gens auxquels je tiens, je crois que c'est ce que je fais de mieux. Exprimer mes sentiments, leurs dires comme je tiens à eux, c'est quelque chose de très compliquée pour moi, mais leur faire du mal, je réussi ça avec brio. J'ai honte, tellement honte. De tout. De ce que j'ai fais, de ce que je suis devenue, de n'être même pas capable d'assumer face à lui. Mais ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que j'en suis incapable. Pas assez forte. Pas assez sûre de moi. Pas assez bien tout simplement. J'échoue, tout le temps et aujourd'hui, j'échoue encore à ne pas gâcher nos retrouvailles. « C'est les plus chanceux, au moins je les blesse pas eux. » J'enfonce mes pieds dans le sable, les yeux qui n'arrivent pas à fixer Matthias, parce que j'ai bien trop honte, bien trop peur aussi de voir toute la colère dans le regard de mon cousin. Mais c'est tout ce que j'ai mérité. Je me déteste et il a tout les droits de me détester aussi mais j'ai peur de me rendre compte de ça. Et pourtant je le sais, sauf que je l'assume pas. Comme trop souvent dans ma vie, je n'assume pas et j'hésite même à m'enfuir. Je pense à l'alcool qui m'attends chez moi. Cette plage devait m'apporter un semblant de réconfort, au moins pendant quelques minutes, mais même ça, ça ne fonctionne pas. Fuir ou assumer. Ni l'un, ni l'autre ne semble être une option possible. Si je fuis plus jamais il ne voudra m'adresser la parole et je l'aurais mérité. Si j'assume, je ne suis même pas sûre d'en être capable. Physiquement et mentalement. Mais c'est pourtant l'option que je choisis. Par de gaieté de cœur, mais je me laisse tomber dans le sable, avant de lui parler. D'essayer du moins. De lui livrer une partie de ma vérité, peut-être qu'il sera jamais en mesure de la comprendre, ou de l'accepter, mais c'est une partie de ce que je ressens, de ce que j'ai ressenti à l'époque. « Pourtant tu sais parfaitement que j’aurais été là pour toi, quoi que tu décides. Tu sais très bien que je t’aurais aidé avec… Avec peu importe ce que tu traversé. » Mais je ne voulais pas qu'on m'aide, je ne méritais pas qu'on m'aide, c'était ma faute si j'en étais là, ma faute et uniquement la mienne et je ne voulais pas qu'on m'aide à aller mieux. Je ne voulais pas aller mieux. Comment lui faire comprendre ça ? Lui faire comprendre que je ne voulais pas aller bien ? Que je ne pouvais pas aller bien ? Incapable de me regarder dans un miroir, incapable de penser à tout ça sans vomir et pleurer, incapable de faire face à la vérité sans boire, sans me droguer. Je reste silencieuse, je le laisse parler, parce qu'il a sans doute des choses à dire, des choses à me reprocher et il en a le droit. « Le pire c’est que j’ai l’habitude d’avoir une famille merdique, de ne jamais pouvoir compter sur personne avec qui je partage le même sang, mais alors venant de toi je l’avais vraiment pas vu venir. Après tout ce que j’avais fait pour toi, j’aurais vraiment pas cru qu’au moindre petit obstacle tu prendrais la fuite plutôt que de m’en parler. » Cette fois c'est à mon tour de soupirer. De serrer les poings dans le sable, de me mordre la lèvre pour éviter de réagir à chaud à ses mots. petit obstacle c'est ainsi qu'il considère ce que j'ai fais ? Abandonner un bébé c'est un petit obstacle ? Je ne le regarde pas, je suis à la fois touchée par ses mots, mais aussi en colère. Parce que je veux qu'il me haïsse pour ce que j'ai fais, autant que moi je me hais. Mais je réalise qu'il ne comprends pas à quel point ce que j'ai fais m'a changé, m'a détruit aussi en partie. Ma faute, ma responsabilité, mais ce n'était pas contre lui. C'était contre moi. « Tu m’aurais dit avoir besoin de quelques jours, ou mêmes quelques semaines loin de Brisbane je l’aurais compris. Je t’aurais même laissé respirer, mais couper les ponts comme tu l’as fait, c’était vraiment… Enfin, peu importe, on peut pas revenir en arrière toute façon hein ? » Revenir en arrière. Je ferais tout pour. Pour reprendre à zéro, pour ne pas tout gâcher avec une succession de choix que je ne semble même pas pouvoir totalement expliquer, assumer. « Je ne pouvais plus respirer Matthias. Ici ou ailleurs, je ne pouvais plus et ce n'était pas en me laissant quelques jours que ça irait mieux. Je ne pouvais plus me regarder en face. Je ne pouvais même plus dormir sans l'entendre, sans entendre ses pleurs toutes les nuits. Je l'ai abandonné, sans même le regarder, sans le porter une seule fois, je l'ai abandonné, mon propre enfant et tu penses que c'était un petit obstacle ? » Je crois qu'encore une fois, je perds mon sang-froid, mes nerfs craquent, je m'énerve autant que je pleure. Je me déteste autant que je le déteste de m'obliger à prononcer ces mots. Parce que ça fait mal, parce que c'est toujours autant ancrée en moi, une blessure qui ne guérit pas parce que je ne le souhaite pas. Ou je n'y arrive pas. Ou peut-être que c'est ainsi, ma punition, je dois vivre avec mais je n'y arrive pas. « Je ne voulais pas te blesser, je voulais blesser personne, et je pensais sincèrement que partir serait le meilleur moyen de te protéger, parce que tu m'aurais vu me détruire et je ne voulais pas de ça. Tu aurais essayé de m'aider, de m'empêcher de faire des conneries et je ne voulais pas qu'on m'aide. Je sais que je t'ai blessé, et je m'en veux énormément. Mais j'étais incapable d'assumer alors j'ai fais ce que je sais faire de mieux, j'ai fuis. Loin de tout ce qui pouvait me rendre heureuse. » Toi y comprit Matthias. L'émotion aide finalement, les mots sortent, les explications aussi, qu'elles soient censées ou non, qu'elles apportent une explication ou non, elles ont le mérite de sortir et de venir donner des réponses. Qu'elles plaisent ou non, ce n'est même plus vraiment le sujet ici. J'ai fais n'importe quoi, à partir du moment ou j'ai quitté Caleb, ma vie s'est effondrée et je n'ai fais que continuer à tout gâcher. Et désormais, je ne peux pas revenir comme une fleur et m'attendre à ce qu'ils acceptent ce que j'ai fais du jour au lendemain.
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| | | | (#)Dim 4 Avr 2021 - 12:43 | |
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« C'est les plus chanceux, au moins je les blesse pas eux. » Je soupire lourdement, mais en réalité, je ne sais pas quoi répondre à cela. Bien sur qu’elle allait trouver une réponse, elle a réponse à tout aujourd’hui apparemment Alex et cela me donne presque l’impression que c’est moi qui réagis comme un idiot. Est-ce que c’est le cas ? Je n’en sais rien à vrai dire. Peut-être. Peut être que je prends les choses trop à cœur, peut être que je devrais lui pardonner ? Je n’en sais rien, tout ce que je sais c’est que je ne vais pas arriver à lui pardonner aussi facilement, que si je suis peut-être prêt à essayer, ca ne sera pas quelque chose qui se fera du jour au lendemain. J’ai bien trop été trahi et abandonné par le passé pour arriver à lui laisser une seconde chance aussi facilement. En parler à Jean m’aurait sûrement aidé à savoir quoi faire, mais elle et moi ne sommes plus vraiment beaucoup en contact. Nous avons décidé de nous laisser du temps et de l’espace il y a quelques semaines. Je me retrouve donc à ne jamais osé l’appeler quand j’ai besoin de conseils ou que j’ai le besoin de lui parler. Ca aussi je n’aurais jamais pensé que cela arriverais. A croire que je ne suis pas fait pour garder les gens de ma vie. Peut-être que ca vient de moi le problème au final.
Reportant mon attention sur la blonde face à moi, je ne peux m’empêcher de lui dire ce que je pense de ce qu’elle m’a fait. Je me doute que d’abandonner son enfance n’a pas été quelque chose de facile, j’en sais quelque chose après, même si la situation a été différente. Un peu plus d’un an après le départ d’Alex, c’est ma petite amie de l’époque, Victoire, la femme dont j’étais tombé amoureux en France qui est partit. Elle a avorté de notre bébé, sans me le dire, et elle est partie sans aucun mot non plus. Alors je sais que c’est difficile. « Je ne pouvais plus respirer Matthias. Ici ou ailleurs, je ne pouvais plus et ce n'était pas en me laissant quelques jours que ça irait mieux. Je ne pouvais plus me regarder en face. Je ne pouvais même plus dormir sans l'entendre, sans entendre ses pleurs toutes les nuits. Je l'ai abandonné, sans même le regarder, sans le porter une seule fois, je l'ai abandonné, mon propre enfant et tu penses que c'était un petit obstacle ? » Mon cœur se serre et je soupire lourdement, venant fermer les yeux quelques secondes et me pince l’arête du nez. « C’est pas… C’est pas ce que je voulais dire Alex… » Je lui réponds simplement. Je ne voulais pas dire que d’abandonner son enfant était quelque chose de difficile, parce que je crois que je n’imagine même pas à quel point c’est difficile, mais c’est la colère qui me fait parler. « Je ne voulais pas te blesser, je voulais blesser personne, et je pensais sincèrement que partir serait le meilleur moyen de te protéger, parce que tu m'aurais vu me détruire et je ne voulais pas de ça. Tu aurais essayé de m'aider, de m'empêcher de faire des conneries et je ne voulais pas qu'on m'aide. Je sais que je t'ai blessé, et je m'en veux énormément. Mais j'étais incapable d'assumer alors j'ai fais ce que je sais faire de mieux, j'ai fuis. Loin de tout ce qui pouvait me rendre heureuse. » Bien sur que j’aurais voulu l’aider, bien sur que j’aurais tout fait pour qu’elle s’en sorte, qu’elle remonte la pente mais jamais je ne l’aurais forcé à quoi que ce soit. Je ne dis rien pendant quelques minutes, prenant doucement en compte tout ce que viens de me lâcher ma cousine et je la comprends. Je crois que je le comprends surement beaucoup mieux qu’elle ne le pense, parce que moi aussi j’ai eu cette période ou j’avais l’impression de n’être assez bien pour personne, cette période ou j’ai même tenté de mettre fin à mes jours. « Je comprends. Je sais peut être pas ce que c’est d’abandonner son enfant, mais je sais ce que c’est que de penser qu’on est bon pour personne, de penser qu’on serait mieux loin de tous le monde tu sais… Je… J’suis désolé de pas l’avoir compris plus tôt… » Je soupire alors doucement une nouvelle fois avant de fixer mon regard dans celui de la blonde. « Comment tu vas… Maintenant je veux dire. Comment tu vas vraiment ? » Je ne peux me retenir de lui demander. Parce que oui, dans le fond je me soucis toujours d’Alex et cela sera toujours le cas. « Ecoute je sais pas pourquoi t’es revenu à Brisbane, mais… Si tu planifies de rester, peut être qu’on pourrait se revoir. » Un pas en avant.
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| | | | (#)Ven 9 Avr 2021 - 8:17 | |
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Mars 2019 Je m'en veux, je lui en veux, j'en veux à la terre entière de toute manière. Mais la seule contre qui je peux retrouver la colère et la culpabilité en temps normal, c'est moi. Mon corps. Mais aujourd'hui, Matthias est devant moi, et c'est lui qui reçoit mon émotion. Brute, sincère, sans filtre, je lui avoues des choses que j'ai jamais avoué à personne. Parce qu'il ne semble pas comprendre à quel point ce que j'ai fais est grave, à quel point je me déteste, à quel point je souffre et à quel point j'ai envie que l'on me déteste aussi pour ce que j'ai fais. « C’est pas… C’est pas ce que je voulais dire Alex… » Je devrais comprendre que ce n'était pas ce qu'il voulait dire. Je devrais le comprendre lui, et je ne devrais pas lui infliger d'avoir à supporter mes émotions, après tout, je suis la seule fautive non ? Ce sont mes choix qui m'ont conduit là aujourd'hui. Une succession de choix et d'erreurs que je suis incapable d'assumer et je déverse mes émotions sur lui sans ménagement. Alors qu'il a toutes les raisons de m'en vouloir, de me repousser, de se plaindre de mes choix lui aussi, mais je m'en prends presque à lui, alors que je suis bien trop à fleur de peau pour ne pas me laisser submerger par mes émotions. Mais les barrières tombent peu à peu face à lui, je lui donne des explications, qu'il acceptera ou non, qu'il comprendra ou non, de toute façon même moi je ne les accepte pas alors comment puis-je espérer que quelqu'un puisse un jour accepter ce que j'ai fais ? Comment faire comprendre aux gens que j'ai fais un choix, toute seule, et que j'ai tout fait pour me détruire et me faire payer ce choix ? C'est insensé non ? Et pourtant c'est la stricte vérité, une vérité pathétique mais je me suis éloignée de tout le monde pour oublier, pour tenter d'oublier mais aussi pour ne pas avoir à gérer leurs regards sur moi. Leurs jugements, mais aussi leurs aides que je ne méritais pas. Une aide dont je ne voulais pas non plus. Je voulais me punir, et je ne pouvais pas leur infliger ça. Sans moi, ils seraient mieux, tous mieux et j'en étais persuadée à l'époque, je le pense encore d'ailleurs, mais pourtant je suis revenue. Parce que s'ils sont mieux sans moi, moi je crains de ne pas pouvoir vivre sans eux. Du moins sans leur demander pardon à tous. Peut-être que je pourrais trouver la paix ensuite ? Ou pas mais j'ai tenté tout le reste, c'est ma dernière chance pour essayer de reprendre ma vie en main. « Je comprends. Je sais peut être pas ce que c’est d’abandonner son enfant, mais je sais ce que c’est que de penser qu’on est bon pour personne, de penser qu’on serait mieux loin de tous le monde tu sais… Je… J’suis désolé de pas l’avoir compris plus tôt… » Je relève les yeux vers lui, totalement désarçonnée par sa réponse. Ça doit se voir dans mon regard d'ailleurs. L'émotion, l'incompréhension, il est désolé mais il n'a pas à l'être. Il ne pouvait pas comprendre, je ne lui ai pas donné l'occasion de le faire en coupant tout contact avec lui après la naissance de Nathan. Pourtant, ses mots ne me laissent pas indifférence, loin de là. Il me touche beaucoup, parce que je sens qu'il est sincère. Il me comprends alors vraiment ? Quelqu'un peut me comprendre, peut comprendre pourquoi j'ai réagis ainsi ? Je le regarde, essayant de canaliser mon émotion, essayant de me concentrer sur ses mots qui sont positifs, enfin je crois. S'il me comprends, il va peut-être pouvoir me pardonner ? Je n'ose pas prononcer le moindre mot, alors que l'émotion est encore là, comme une boule au creux de ma gorge qui m'empêche de parler et même de respirer correctement. Je dois avoir l'air pathétique. « Comment tu vas… Maintenant je veux dire. Comment tu vas vraiment ? » Je lève les épaules, encore une fois je suis surprise par ses mots, émue aussi sans doute. Ça fait bien longtemps que plus personne ne s'est intéressée à moi de la sorte. Il n'y avait plus personne pour s'inquiéter pour moi, plus personne pour le faire avec la sincérité et l'inquiétude que je perçois chez Matthias. « J'essaye d'aller bien, j'essaye vraiment de faire ce qu'il faut pour aller bien. » Ce n'est pas tellement une réponse mais c'est tout ce que je peux lui offrir à ce moment précis. Lui dire que je bois beaucoup, beaucoup trop pour oublier ça ne semble pas être une option. Lui dire que j'ai de nouveau des cauchemars depuis que je suis revenue à Brisbane, ce n'est pas le moment. Lui dire que je ne sais pas comment m'en sortir, ce serait encore lui mettre trop de pression sur les épaules. Alors, je me contente de cette réponse et c'est plutôt vrai. J'essaye vraiment même si je ne sais pas encore vraiment comment m'y prendre. « Et toi Matthias, comment tu vas ? » Outre ma présence qui semble l'avoir un peu choqué, je veux savoir comment il va, parce qu'il fut un temps ou il faisait parti des gens qui comptaient le plus pour moi, et ils n'ont jamais été nombreux à faire parti de ce cercle là. « Ecoute je sais pas pourquoi t’es revenu à Brisbane, mais… Si tu planifies de rester, peut être qu’on pourrait se revoir. » Encore une fois il me déstabilise. Je ne m'attendais pas à cette main tendue, à cette possibilité qu'il veuille me revoir et j'ai peur d'accepter parce que j'ai peur de laisser les gens m'approcher au risque de les blesser à nouveau. Je ne veux pas lui faire du mal. Ni à lui, ni à personne, je ne veux plus faire de mal à quiconque, mais je suis comme ça. Je me fais du mal, et j'en fais aux autres, je suis nocive et je le sais. Je tiens sans doute ça de mon père finalement. Ou je suis juste quelqu'un de mauvais. Je repense à ses mots. il comprends mon ressenti, il comprends mes pensées, celles qui me font dire et croire que les gens seraient mieux sans moi, que je ne les mérite pas. Il me comprends, et peut-être qu'il saura m'aider à ne pas le blesser encore une fois. « Je suis revenue parce qu'il n'y a qu'ici que j'ai pu être heureuse et c'est ma dernière chance. » Très joyeux comme explication, comme réponse à une question qu'il n'a même pas formulé. « Je veux redevenir quelqu'un d'assez bien pour arrêter de me détester et pour ça je dois assumer ce que j'ai fais et demander pardon. » Je le regarde, je ne fuis pas son regard même si c'est dur de faire face à lui aujourd'hui, de faire face à tout ça alors que je n'y étais pas préparée du tout. « Mais je serais vraiment heureuse de pouvoir faire partie de ta vie à nouveau Matty mais j'ai encore beaucoup de choses à gérer et je ne veux pas t'impliquer dans mes problèmes. » Le protéger de mes déboires, de mes excès, voilà ce que je veux. Et reconstruire notre relation sur des bases nouvelles, plus saines, et pour le moment ma vie est loin d'être saine. « Mais tu es important pour moi, et j'espère qu'un jour tu pourras me pardonner. » J'espère qu'un jour je pourrais retrouver notre lien, notre entente sans la rancœur, sans la peine causée par mon attitude. J'espère aussi pouvoir retrouver mon cousin sans avoir à penser à cet élément qui nous lie si fortement, ma grossesse qu'il est l'un des rares à savoir l'existence. Reconstruire notre relation sur des meilleurs bases, voilà ce que je veux et ça risque de prendre du temps mais il me tends la main, il fait un pas vers moi et je retrouve un semblant de sourire, un semblant d'espoir, tout n'est pas perdu pour moi finalement.
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| | | | (#)Jeu 29 Avr 2021 - 12:12 | |
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| Non, ce ne sont pas les bons mots qui sortent de ma bouche, pas ceux que j’aurais prononcé de cette manière-là. Je sais que ce n’est pas facile d’avoir mis son fils à l’adoption, j’imagine bien à quel point cela a été dur parce que bizarrement, j’arrive parfaitement à m’imaginer à sa place. Si c’est moi qui m’étais retrouvé avec un gosse sur les bras il y a quelques années, j’aurai sûrement fait la même chose. C’est d’ailleurs ce qui fait qu’Alex et moi nous sommes toujours entendus si bien, parce que nous sommes si similaires, parce que dans le fond nous sommes tous les deux brisés. Oui, ce n’est pas simple d’avancer quand tout dans la vie vous pousse à vouloir abandonner, c’est ce que j’ai ressenti pendant des années lorsque j’étais encore adolescent et ce que j’ai continué à ressentir pendant plusieurs années après ma majorité. Si aujourd’hui je suis plus ou moins en paix avec mon passé, que je me suis permis de m’attacher encore, de laissé rentre des gens dans ma vie, cela n’est pourtant pas simple tous les jours. Alors oui, je comprends ce qu’Alex ressent, je comprends à quel point la vie a pu être difficile pour elle et c’est sûrement cela qui me permettra de lui pardonner complètement un jour d’être partie comme elle l’a fait. Alors sans réfléchir, je lui dis à mon tour que je comprends et que je suis désolé de ne pas avoir compris plus tôt à quel point tout cela était difficile pour elle. Je ne sais pas vraiment si cela aurait changé quelque chose, mais l’essentiel c’est que l’on refasse un pas l’un vers l’autre aujourd’hui non ? Je ne peux d’ailleurs m’empêcher de lui demander comment elle va, comment elle va vraiment. « J'essaye d'aller bien, j'essaye vraiment de faire ce qu'il faut pour aller bien. » J’hoche doucement la tête. Elle se bat, c’est ce qui compte.
« Et toi Matthias, comment tu vas ? » Me demande-t-elle en retour. Je suppose que je n’ai pas vraiment à me plaindre, que dans la vie je ne m’en sors pas trop mal aujourd’hui. J’essaye de ne pas penser au fait que mon mariage est en train de parti en l’air, que Jean ne vit plus à la maison et que l’on a décidé de se laisser du temps pour savoir si nous voulons continuer. Je n’aurais jamais pensé pourtant qu’un jour je me retrouverais dans une telle situation après seulement deux ans de mariage. J’ai l’impression de m’ajouter à cette catégorie de cliché qui divorce presque aussitôt qu’ils se sont mariés. Bien que Jean ne me parle de divorce, pour le moment… Alors j’hausse les épaules. « Ca va, je suppose. » Je réponds simplement, pas besoin de partir dans les détails, pas tout de suite du moins. Ma garde se baisse, et face à ma cousine, je finis par lui proposer de se revoir, d’apprendre à se connaitre à nouveau. Tout le monde mérite une seconde chance après tout non ? « Je suis revenue parce qu'il n'y a qu'ici que j'ai pu être heureuse et c'est ma dernière chance. Je veux redevenir quelqu'un d'assez bien pour arrêter de me détester et pour ça je dois assumer ce que j'ai fais et demander pardon. Mais je serais vraiment heureuse de pouvoir faire partie de ta vie à nouveau Matty mais j'ai encore beaucoup de choses à gérer et je ne veux pas t'impliquer dans mes problèmes. » Je secoue doucement la tête. « Je crois qu’il y a un truc que tu comprends pas Alex… On est une famille, et la famille ca se serre les coudes, avec ou sans problèmes. » Je lui réponds, parce que je ne compte pas la laissé toute seule à présent. Je ne lui ai pas encore pardonné, pas complètement, mais je sais que ca viendra, il faut que j’y croie. Et puis, nous avons besoin l’un de l’autre. « Mais tu es important pour moi, et j'espère qu'un jour tu pourras me pardonner. » Je lui adresse un léger sourire avant de venir doucement la serrer contre moi. Elle va sûrement être surprise par mon geste, mais je la garde contre moi quelques secondes avant de m’éloigner un peu à nouveau. « Un pas après l’autre, pas vrai ? » Je lui réponds avant de reprendre la parole. « Tu as faim ? » On peut toujours aller partager une pizza.
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| | | | (#)Ven 7 Mai 2021 - 21:26 | |
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Mars 2019 Me retrouver là sur cette plage, à faire face à Matthias, ce n'était pas vraiment ce que j'avais prévu pour cette journée. Faut dire que ce qui m'arrive ça fait bien longtemps que j'ai arrêté de le prévoir, je les subis et c'est tout ce que je suis en mesure de faire. Depuis des années, je ne prévois plus rien, je ne contrôle plus rien parce que les rares choses que j'ai tenu à contrôler, que j'ai choisi de faire, ça s'est fini en carnage le plus total. Et pourtant, être face à lui, c'est loin d'être évident et j'aurais aimé y être préparée mais c'est arrivée et après le choc passé, la rencontre s'avère finalement pas si catastrophique et même plutôt positive quand on fait abstraction de mon état général. Il ne me rejette pas, il semble même me comprendre dans une certaine mesure et son regard n'est pas plein de haine et de reproche. Il est là face à moi, et il essaye de savoir comment je vais. S'il savait la vérité, il aurait sans doute honte de celle que je suis devenue, ou du moins de ce que j'ai fais de ma vie à Londres, mais je ne veux plus être cette femme. Je ne suis plus celle qu'il a connu, mais je ne veux pas continuer à gâcher ma vie, et à défaut de savoir comment je vais ou qui je suis, je lui annonce que j'essaye d'aller bien, que j'essaye de faire ce qu'il faut du moins. Et c'est vrai, en partie. Je ne couche plus avec n'importe qui. Je ne me drogue plus. Je suis clean de ce côté là, mais je suis loin d'avoir un mode de vie sain pour autant. Tant pis il a pas besoin de le savoir ça, pas maintenant. Je ne veux pas qu'il ait à me gérer. Je ne suis pas revenue ici pour ça. Pour montrer au peu de gens qui compte à mes yeux à quel point je suis devenue une épave. Il ne saura pas à quel point j'ai mal, à quel point je suis mal, pas pour le moment non. Je ne veux pas lui imposer tout ça, et lui aussi semble vouloir me cacher certaine chose, c'est du moins l'impression que j'ai quand je lui demande comment il va. « Ca va, je suppose. » Je comprends ses réticences à me parler, mais je le regarde pour chercher à voir ce qu'il cache derrière ses épaules relevées et sa réponse si simple. « Tu supposes ? Rien de grave au moins ? Ta santé ça va ? » J'ai eu la surprise d'apprendre que mon ancienne meilleure amie et confidente lors de ma grossesse était morte d'un cancer pendant mon absence, alors tout peut arriver finalement et j'ai peur de ça. De perdre quelqu'un de proche à nouveau, je ne pourrais pas le supporter. « Je crois qu’il y a un truc que tu comprends pas Alex… On est une famille, et la famille ca se serre les coudes, avec ou sans problèmes. » Il est aussi bien placé que moi pour savoir que la notion de famille n'est pas franchement développée chez moi, ou du moins qu'elle n'est pas assimilée à la notion d'entraide et de soutien. Mais il a été pour moi une vraie famille, un vrai soutien à l'époque. Un cousin qui m'a hébergé, soutenu au pire moment de ma vie. Un cousin qui a protégé mon secret, qui a été là pour moi et aujourd'hui encore il semble prêt à me pardonner mes erreurs et prêt à me laisser une nouvelle chance. Je ne pense pas la mériter mais il me l'offre et peut-être qu'à mon tour je peux être là pour lui moi aussi. C'est comme ça que je vais me racheter non ? « Tu sais que la famille et moi ça fait deux. Tu as toujours été le seul que je peux considérer comme une famille, j'ai pas été là pour toi, je vais tenter de me rattraper. » Je voudrais lui promettre de réussir à être une meilleure cousine pour lui, mais je ne le fais pas, j'ai bien trop peu de confiance en moi pour lui promettre une telle chose et je m'en voudrais de le décevoir à nouveau. Mais je vais tout faire pour être un soutien pour lui à mon tour, mais pour ça je dois aller mieux. Je dois aussi regagner sa confiance, lui prouver que je ne reviens pas pour le blesser à nouveau. Lui demander pardon, et lui prouver que je tiens à lui malgré ce que j'ai fais, malgré que j'ai disparu pendant huit ans. Mais avant ça, il doit me pardonner et je sais que ça prendra du temps, et je ne lui mettrai pas la pression. Je me laisse aller dans ses bras, je ne lutte pas contre cette étreinte surprise qu'il me donne, j'en ai bien trop besoin même si je refuse de me l'avouer. J'ai besoin de lui, comme j'ai besoin des autres dans ma vie mais j'ai peur de leur faire du mal à nouveau. Une larme roule sur mes joues alors qu'il s'éloigne de moi. « Un pas après l’autre, pas vrai ? » Je secoue la tête de haut en bas. Un pas après l'autre avec lui, et dans ma vie, ça me semble être une bonne option pour nous. Une option positive, une chance pour nous d'aller de l'avant, de nous retrouver. « Tu as faim ? » Je n'ai pas faim, j'ai rarement faim, mais je ne vais pas passer à côté de cette proposition. « Oui, si tu me laisses t'inviter. » Ce n'est pas ainsi que je vais réussir à me faire pardonner mais c'est un début non ? « Tu aimes toujours autant les pizzas ? » Un sourire sincère alors que je repense à certains souvenirs de notre relation. Une pizza pour célébrer ces retrouvailles, pour sceller l'idée que l'on est une famille et que la distance n'aura pas raison de nous. C'est ce que j'espère, un pas après l'autre comme il l'a dit. En douceur, j'espère le retrouver parce qu'il est véritablement la seule famille que je n'ai jamais eu. « J'ai remarqué ta bague, tu veux m'en dire plus sur ça ? » Et puisqu'on travaille à nos retrouvailles, je me permets de le questionner sur cette alliance qu'il porte au doigt, après tout j'ai beaucoup de chose à rattraper. Prêt de huit ans.
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| | | | (#)Jeu 24 Juin 2021 - 11:25 | |
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Pardonner et avancer, c’est sûrement ce que j’aurais dû faire, ce qui semble le plus logique quand on y pense, mais il faut croire que ce n’est pas si facile. Je ne suis pas quelqu’un de très rancunier mais malgré cela je ne peux pas nier qu’Alex m’a fait du mal, qu’après tout ce qu’elle avait appris sur ma famille et sur le fait que j’ai du mal à faire confiance, elle était quand même partie sans rien dire. Je crois qu’il allait falloir du temps pour que je lui pardonne complètement, mais faire un pas en avant c’est peut-être déjà le début de quelque chose de pas mal. Je lui fais comprendre qu’elle m’a fait du mal bien sur, et que je lui en veux, mais je fais aussi un pas en avant, je lui fais comprendre que je serais quand même toujours là pour elle. Après tout, je sais qu’elle a traversé des choses difficiles au cours des dernières années, je sais qu’abandonner son bébé avait dû être la chose la plus dure à faire. Et puis c’est à son tour de faire un pas en avant en me demandant comment je vais. J’hausse simplement les épaules en lui disant que je vais bien. Je ne suis pas sûr d’être prêt à rentrer les détails. « Tu supposes ? Rien de grave au moins ? Ta santé ça va ? » Est-ce que se séparer momentanément de sa femme est quelque chose de grave ? « Non, rien de grave. Je vais bien. C’est juste… » Je soupire légèrement. « Certains aspects de ma vie sont assez compliqués ces derniers temps. » J’ajoute simplement avant de me rendre compte qu’Alex ne sait probablement que je suis marié, et que les choses ne vont pas vraiment bien avec ma femme. Après tout, Alex n’a pas été dans ma vie depuis des années.
J’écoute Alex, je la laisse s’ouvrir un peu avant de lui rappeler qu’on est une famille et que même si aucun de nous deux n’a la famille la plus fonctionnelle du monde, je ne la laisserais pas tomber. « Tu sais que la famille et moi ça fait deux. Tu as toujours été le seul que je peux considérer comme une famille, j'ai pas été là pour toi, je vais tenter de me rattraper. » Je lui adresse un léger sourire avant de doucement venir prendre sa main dans la mienne pour simplement la serrer doucement. Elle sait que je suis pareil, que la famille et moi ca fait deux mais qu’elle est la seule qui ai cette place spéciale. « Je sais. » Je lui réponds simplement avant de la regarder quelques secondes. A part la fatigue apparente elle n’a pas l’air trop mal, ou du moins c’est l’impression qu’elle donne. Mon estomac se manifeste alors bruyamment et je laisse échapper un rire avant de me tourner vers ma cousine pour lui demander si elle a faim. « Oui, si tu me laisses t'inviter. » Pas d’humeur à me disputer pour savoir qui paye un repas j’hoche simplement la tête. « Tu aimes toujours autant les pizzas ? » « Toujours. Comment peut-on ne pas aimer la pizza franchement ? » Je lui adresse et lui fait signe de ma suivre jusqu’à ma voiture.
Nous marchons alors doucement sur la plage avant qu’elle ne reprenne la parole. « J'ai remarqué ta bague, tu veux m'en dire plus sur ça ? » La vérité c’est que j’aimerais lui en parler, j’aimerais même pouvoir dire que tout va bien, mais ce n’est pas vraiment le cas. « Je me suis marié il y a deux ans. Elle s’appelle Jean. » Je commence simplement en jetant un coup d’œil à l’alliance qui repose sur mon doigt. « Elle est géniale, vraiment géniale, et jolie. Mais ce n’est pas… Simple. » J’ajoute en regardant devant moi plutôt que vers ma cousine. Les disputes, les incompréhensions, c’est tout ce qui semblait animer mon couple avec Jean depuis notre mariage il y a deux ans. « On est… On fait une pause, pour le moment. Je ne sais pas vraiment comment le reste va se passer à vrai dire. » Mais je l’aime, je sais que je l’aime et j’espère bien être capable d’arranger les choses, même si il faut que l’on reste séparé quelques mois.
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| | | | (#)Ven 9 Juil 2021 - 1:35 | |
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Mars 2019 Revenir à Brisbane c'est forcément spécial pour moi. Être ici, à des endroits marqués de souvenirs forts, c'est pas anodin et c'est quelque chose que je savais au moment ou j'ai fais le choix de revenir en Australie et dans cette ville précisément. J'ai changé de quartier, j'ai changé mes habitudes, en huit ans les choses changent et moi aussi j'ai changé. Je pensais pouvoir gérer ce retour mais les retrouvailles avec Matthias ne sont pas des plus évidentes à gérer. Je ne suis plus la même, je ne suis pas quelqu'un de bien, et j'ai énormément de choses à me faire pardonner alors face à lui en plus de me sentir mal, je me sens si nulle. Coupable de l'avoir laissé, coupable de lui avoir tourné le dos, coupable d'avoir gâché le seul lien du sang qui me donnait du bonheur et du soutien. Il fait un pas vers moi, j'essaye d'y voir du positif, de me dire que tout n'est pas cassé entre nous. En revenant à Brisbane, c'est bien ce que je cherchais au final non ? Retrouver les gens qui ont compté pour moi, qui un jour ont réussi à me rendre heureuse. Il est le premier que je revois, le premier qui semble prêt à m'ouvrir une porte dans sa vie alors forcément une fois les retrouvailles passées je m'inquiète pour lui. « Non, rien de grave. Je vais bien. C’est juste… » C'est juste quoi? J'ai envie de lui demander, d'en savoir plus sur lui parce que ça semble assez important pour que ça l'affecte et qu'il l'évoque, mais je lui laisse le temps. Je sais bien mieux que quiconque qu'il y a des choses que l'on ne peut pas aborder n'importe ou, n'importe quand et avec n'importe qui, même si j'espère ne pas être n'importe qui aux yeux de Matthias. « Certains aspects de ma vie sont assez compliqués ces derniers temps. » Et j'ai bien fais de le laisser parler puisqu'il développe, du moins très légèrement. De nombreuses questions me viennent, mais je me demande si j'ai le droit de le questionner sur sa vie. Je n'en fais plus partie, j'ai perdu ce droit de connaître les aspects de sa vie. Mais je retiens qu'il n'y a rien de grave, du moins qu'il va bien sur le plan de sa santé et c'est pour le moment la chose la plus importante.
J'ai mes problèmes, et il a les siens visiblement et moi je n'ai pas envie de l'impliquer à nouveau parce qu'il s'est déjà occupé de moi, il a déjà donné de son temps, de son énergie pour moi et cette fois je veux faire les choses correctement. Je suis un déchet à l'heure actuelle, les mots sont durs, mais c'est une réalité. Je suis perdue, encore beaucoup trop instable pour être la famille qu'il mérite, mais comme je lui dis, je vais tenter de me rattraper et faire les choses bien avec lui pour commencer. Parce qu'il est ma famille, et qu'il semble faire un pas vers moi sans me rejeter malgré ce que je lui ai fais. Mieux encore, alors que je lui parle je sens sa main attraper la mienne et la serrer doucement. Je regarde nos mains puis c'est lui que je regarde et je suis sincèrement touchée par son geste. Je ne mérite pas son pardon, ou son affection, je mérite qu'il me déteste comme je me déteste mais je ne dis rien. Je serre sa main un peu plus en retour. Est-ce la preuve qu'il me pardonne vraiment ? Qu'il tourne la page ? Je n'ose pas lui demander parce que c'est trop tôt encore pour ça. En revanche, je n'hésite pas à l'inviter à manger quand il me demande si j'ai faim. Il accepte, et je me dis que je vais pouvoir passer quelques temps encore en sa compagnie, quelques instants durant lesquels j'espère en apprendre davantage sur lui et sur ce qu'il est devenu depuis mon départ. J'ai pleins de questions en tête, notamment liées à ses mots sur les aspects de sa vie compliquées mais c'est sur un détail particulier, sa bague, que je pose ma première question en espérant qu'il accepte de partager des choses personnelles de sa vie avec moi. « Je me suis marié il y a deux ans. Elle s’appelle Jean. » Je relève les yeux vers lui et je lui souris légèrement en apprenant cette nouvelle, bien que je reste assez mesurée ne sachant pas vraiment s'il est heureux de ce mariage ou non. Il ne sourit pas, il n'a pas l'air très enthousiaste à l'idée de me parler de tout ça. « Elle est géniale, vraiment géniale, et jolie. Mais ce n’est pas… Simple. » Il évite mon regard et je connais tout ça, je comprends la technique d'évitement pour évoquer des choses douloureuses et j'aurais aimé que pour lui au moins ce sujet là soit positif. Qu'au moins une personne de notre famille puisse construire une vie de famille épanouie et forte. Mais ça n'a pas l'air le cas. Je regarde le chien de Matthias à nos côtés, et je retiens toutes les questions que j'ai, je lui laisse le temps de me parler, de se livrer à moi. « On est… On fait une pause, pour le moment. Je ne sais pas vraiment comment le reste va se passer à vrai dire. » Je suis tiraillée entre l'idée de lui dire de fuir que l'amour ça fait trop mal et l'idée de lui hurler dessus en lui disant qu'il doit tout faire pour ne pas la laisser partir s'il l'aime. Mais je suis loin d'être de bons conseils sur ce sujet. J'ai renoncé à l'amour il y a déjà huit ans de ça, j'ai renoncé à aimer ou à être aimé parce que je ne le mérite pas, mais lui il n'a pas à faire ce choix. Il est marié alors sans qu'il ne l'ait vraiment dit, j'en déduis qu'il aime cette femme, du moins je pense mais je lui pose quand même la question, enfin je lui demande pas s'il aime sa femme mais s'il sait ce qu'il veut personnellement pour l'avenir de son couple. « Tu sais ce que tu veux toi ? » Je sais que je suis loin d'être la mieux placée pour parler d'amour, de couple et tout ça mais pourtant je lui donne le conseil que j'aurais aimé être en mesure d'entendre à l'époque. « Si tu l'aimes n'abandonnes pas avant d'avoir tout tenté, bats toi pour elle et pour votre couple, si elle est géniale alors tente tout pour arranger les choses. » J'ai abandonné trop tôt, trop vite, je n'ai laissé aucune chance à Caleb, et je n'ai pas eu la force de croire en moi et en nous. Mais les circonstances étaient différentes et je ne dois pas penser à ma situation, c'est à lui que je veux penser aujourd'hui. Lui prouver que je peux être là pour lui moi aussi. « Tu as dis que ce n'était pas simple, je peux savoir ce qui rends la situation entre vous compliquée ? » Je m'intéresse à sa vie, sincèrement. J'ai envie de savoir s'il est heureux dans sa vie, s'il s'épanouit dans son métier, s'il aime sa vie parce que je veux le savoir heureux. « Et à part ta vie sentimentale, le reste est aussi compliquée ou tu es heureux quand même ? » A part un mariage qui s'effrite j'espère que le reste de sa vie est riche de réussite et de joie qu'il va pouvoir partager avec moi, j'ai besoin de voir que la vie n'est pas que merdique, que la vie peut être belle aussi.
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| | | | (#)Sam 31 Juil 2021 - 12:17 | |
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| Toujours avancer, toujours aller de l’avant sans regarder derrière, c’est ce que j’essaye de faire depuis des années, depuis que j’ai compris que s’attacher aux déceptions du passé ne sert à rien. Bien sur les épreuves nous changent, nous font évoluer et nous rende souvent plus fort, elles nous donnent envie de ne pas refaire les mêmes erreurs, mais elles ne valent pas la peine de rester bloquer dessus. C’est quelque chose de difficile à faire, difficile à accepter et pendant quelques minutes la colère que je peux ressentir prend le dessus, avant que je me rende compte que cela ne sert à rien. Alex avait des raisons pour partir, des raisons difficiles et une partie de moi est simplement heureux de savoir qu’elle est de retour et qu’elle va ‘bien’. Alors nous discutons, un peu d’elle, elle s’ouvre se confie, et puis c’est à son tour de me poser des questions sur ma vie, sur ce qu’il s’est passée dans ma vie depuis quelques temps et bien sûr elle remarque rapidement l’alliance qui repose sur l’annuaire de ma main gauche. Jean. Je baisse la tête sur mon alliance et me perds dans mes pensées pendant quelques secondes. Qui aurait cru qu’un mariage puisse être quelque chose de si difficile ? Lorsque Jean et moi, nous sommes mis en couple tout était assez simple, tout semblait être exactement comme cela devait être et puis à partir du moment où nous nous sommes marié les choses ont commencé à changer. C’est comme si nous ne nous comprenions plus, comme si quelque chose avait changé et les prises de tête, les disputes avaient fini par prendre une place trop importante dans notre couple. Nous avions donc décidé de faire une pause, de prendre le temps, chacun de notre côté, de penser à ce que nous voulions faire. Cela aurait dû être simple et pourtant rien ne l’est à présent. Alors j’hésite quelques secondes, et je parle de Jean, sans pour autant trop entrer dans les détails.
« Tu sais ce que tu veux toi ? » La question de ma cousine me surprend un peu et me prend de cours et pendant quelques secondes mon regard se pose à nouveau sur l’anneau qui repose sur mon doigt. Ce que je veux c’est retrouver Jean, retrouvé la femme dont je suis tombé amoureux il y a quelques années, c’est essayé de sauver notre mariage parce que je pense que cela en vaut la peine. « Je ne veux pas la perdre. » Je réponds alors simplement en relevant la tête vers Alex. « Si tu l'aimes n'abandonnes pas avant d'avoir tout tenté, bats toi pour elle et pour votre couple, si elle est géniale alors tente tout pour arranger les choses. » Je souris doucement. Elle n’a pas tort, je ne peux pas abandonner, pas aussi facilement et pas aussi rapidement après seulement deux ans de mariage. Je crois que je ne suis pas prêt à la laissé partir complètement, mais est ce qu’il n’est pas déjà trop tard ? « Tu as dis que ce n'était pas simple, je peux savoir ce qui rend la situation entre vous compliquée ? » Je prends une bouffée d’air. « Disons que depuis… Enfin avant que l’on soit marié tout se passait bien, on s’entendait super bien, on était vraiment bien ensemble, ou du moins je l’étais tu vois. Mais j’ai l’impression que depuis qu’on est marié il y a quelque chose qui a changé et tout ce qu’on sait faire c’est… Se prendre la tête pour des conneries. C’est… Je sais pas vraiment ce qu’il s’est passé. » Non, je ne comprends pas.
« Et à part ta vie sentimentale, le reste est aussi compliquée ou tu es heureux quand même ? » Je laisse échapper un rire et secoue doucement la tête. « Non, le reste va bien. Je suis heureux. » Et c’est la vérité, je suis heureux, je vais bien et je suis en bonne santé, c’est l’essentiel. « Tu sais, si jamais tu as besoin de quoi que ce soit… Je suis là hein. » Je ne peux m’empêcher de répéter à ma cousine.
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| | | | | | | | and you're here, standing in front of me (alex #1) |
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