Ma visite chez Carlisle n’était pas restée sans traces. Depuis que j’avais rencontré Maya et que nous avions discuté de sa situation avec Mina, je n’arrêtais pas de me dire qu’il fallait que je reprenne contact avec elle. Il avait fini par me laisser son numéro de téléphone, sans se faire prier, comme s’il attendais, d’une manière ou d’une autre que j’intervienne. Qu’est-ce qu’il attendait vraiment ? Que pensait-il que je pouvais bien faire ? Avais-je réellement un pouvoir quelconque auprès de ma demi-sœur ? Si on se rattachait au fait qu’elle était venue me trouver lorsqu’elle était encore enceinte et qu’elle était venue chercher du soutien… peut être que c’était une petite lueur d’espoir. Peut être qu’elle voyait en moi quelqu’un de solide, qui avait la tête sur les épaules. Aucune idée, et sincèrement, je doutais fortement d’avoir ce tel pouvoir auprès d’elle. Je n’étais finalement toujours qu’une inconnue. Elle et moi avions encore beaucoup à apprendre l’une de l’autre. Débarquée dans sa vie sans qu’elle n’ai rien demandé à personne, je pouvais aussi en dire autant d’ailleurs – je ressentais pourtant un lien qui me poussait à aller vers elle à présent.
Si le temps m’avait manqué, il était à présent l’heure d’aller à la confrontation. Je savais où la trouver pour être à peu prêt sure de tomber sur elle. Je la savais étudiante et j’avais tout de même vérifier mes informations auprès de Carlisle avant de me pointer à l’université. Me replongeant des années en arrière ou moi-même je venais trainer par ici. Non pas pour assister aux cours, puisque mon école n’était pas dans ce campus, mais pour venir voir mes amis ou encore Leslie à l’époque où nous sortions ensemble. Afin de ne pas à avoir à faire tout le tour de la fac, je me pointais à l’heure du déjeuner et s’il le fallait, j’irai faire le tour de toutes les cafétérias du campus pour avoir une once d’espoir de tomber sur Mina.
La première tentative échoua, personne à l’horizon, la seconde cafet était fermée pour travaux, je me dirigeais alors vers une troisième où une silhouette attira enfin mon attention. Mina était bien là et j’étais soulagée de ne pas avoir à tourner encore en rond. Maintenant qu’elle était à quelques mètres de moi, est-ce que je lui fais croire à une coïncidence ou est-ce que je lui fait peur en lui disant que je venais justement la chercher ? « Tiens, Mina. » coïncidence, donc ? J’suis pas crédible… « J’te cherchais. » aller, c’est le moment d’être honnête. « Carlisle m’a dit que j’avais des chances de te trouver ici. »

Son regard fut capté par la silhouette de Noa, que la jeune maman remarqua tout de suite. Après tout, n'étaient-elles pas de la même famille, ou presque ? Peut-être qu'il y avait un truc un peu magique entre elles, que Mina pourrait toujours sentir sa présence ? Elle n'en savait rien, elle n'avait qu'un frère, et on pouvait pas réellement parler de magie entre eux. Alors que sa fourchette plongeait dans sa salade, nerveusement, elle essaya de ne pas prêter attention à sa demie soeur qui réduisait la distance entre elles. Pourtant, Noa était belle et bien en train de s'approcher d'elle, assise à cette table, autour de gens de sa classe. Finalement, quand sa sœur s'arrêta à son niveau, la saluant comme si tout cela n'était qu'un accident, la jeune mannequin soupira. Non, elle n'avait pas spécialement envie de lui parler, elle n'avait rien à lui dire en fait. Cette fille débarquait de nul part, pour sans nul doute lui faire la leçon, comme tout le monde dans cette putain de ville apparemment. Tout le monde se permet d'avoir un avis sur sa vie, sur sa façon de vivre et d'être. Qu'ils en aient le droit ou non, tous se permettaient de lui faire part de leur avis, sans jamais lui demander si cela l'intéressait. « Noa... » répondit-elle alors, sur la défensive. Son regard s'éleva jusqu'aux yeux de celle qui était sa sœur. Et puis, la voix de cette dernière se fit entendre et là, ça ne plu pas à la jeune maman. Comment ça Carlisle ? C'était quoi ce délire ? Elle connaissait le père de sa fille ? Et ils parlaient ? D'elle apparemment en plus. Le regard de la jeune mannequin se plongea sur sa salade, tandis qu'elle rigolait nerveusement, en jouant avec sa fourchette dans sa timbale. « Comment ça Carlisle ? » demanda t-elle en relevant les yeux vers Noa, un peu plus agressivement. Les gens autour d'eux commençaient à sentir la gêne entre les deux femmes. Mina senti elle aussi ce sentiment environnant, si bien qu'elle referma sa boite, pour la foutre dans son sac, prenant sa bouteille d'eau à la main pour quitter la table et les gens de sa classe. Se mettant alors à marcher en direction du parking, pour y retrouver sa voiture, elle lança alors à sa sœur « si tu viens me faire la leçon sur ma façon de vivre et ma façon d'être je te le dis tout de suite, casse-toi » parce que là, ça faisait trop. Trop de gens qui se permettait de lui faire des reflexions, de la critiquer, de la juger, de la foutre sur le piloris pour l'abattre directement. Entre ses profs, ses camarades d'école, les gens de la mode au sens large, ses potes et les journalistes... non. Elle allait péter un plomb.

Mina était ici en terrain connu, entourée de ses amis – ou du moins, d’autres étudiants comme elle – alors que moi, je n’étais que de passage dans cette face que j’avais fréquenté il y a des années maintenant. Je n’y avais plus remis les pieds depuis très longtemps, si ce n’était pour assisté à un colloque il y a quelques années, on pouvait dire que ça faisait bien quinze ans que je n’étais pas passée ici. J’arrivais sur mes grands chevaux avec sans doute la plus grande maladresse sans m’en rendre compte. Mais je n’avais aucun autre moyen de rencontrer ma sœur et de pouvoir échanger avec elle. Prendre de ses nouvelles, savoir comment elle allait et comment elle gérer sa nouvelle vie, car c’était bien là le motif de ma venue, pas de chercher à la raisonner, parce que j’imagine que si elle fuit ses responsabilités, c’est qu’il y a bien une raison et c’est avant tout ça qu’il fallait comprendre… je me demande si quelqu’un avait déjà essayé de communiquer avec elle et de l’écouter. En tout cas, elle n’avait pas l’air ravie de me voir ici… la surprise se lisait sur son visage et ça n’avait pas l’air d’être une agréable surprise en tout cas. Mais dès lors que je prononçais le prénom de Carlisle, ce fut pire. Comme si, de nouveau, elle était surprise d’une telle annonce : ne lui avait-il pas dit que nous nous connaissions ? Carlisle et moi étions sortis ensemble alors que j’étais encore étudiante et lui pilote. Une histoire sympathique, pas vraiment sérieuse et qui s’était terminée tout naturellement lorsque que nous avions tous les deux des envies plus concrètes mais pas ensemble.
La gêne pouvait se lire sur mon visage, j’aurai du me douter que c’était pas une bonne façon de faire, qu’elle aurait pu mal le prendre. Qu’est-ce que j’fous là, sérieusement ? Elle remballe ses affaires plus vite que la lumière et déguerpi sur le champ, m’obligeant à la suivre alors que ses camarades nous suivent du regard, presque aussi gênés que nous. « si tu viens me faire la leçon sur ma façon de vivre et ma façon d'être je te le dis tout de suite, casse-toi » ça a le mérite d’être clair. Je soupire, la suis en trottant derrière elle. « C’est pas le cas, Mina. » j’suis quand même à deux doigts de répondre à ses prières et à faire demi tour et basta, on en fini plus, mais quelques chose en moi me dit de m’accrocher un peu plus que ça. « Attends, deux minutes, tu veux. » je lance ma main pour attraper son poignée et lui sommet de s’arrêter un instant. « Je m’inquiète juste pour toi. » et c’était sincère. « J’ai juste demandé à Carlisle s’il savait où j’pourrai te trouver… »

Une réaction défensive : quand on se sent attaqué, on attaque aussi. Et en ce moment, Mina se sentait attaquée de tous les côtés. Tout le monde, inconnus ou proches, se permettaient d'avoir un avis sur elle, sur son comportement, sur sa façon de vivre et d'être et ça, elle ne le supportait plus. Du moins, elle le supportait de moins en moins. Alors elle avait lâché une phrase agressive et avait prit ses affaires le plus vite possible, pour avancer jusqu'à sa voiture. Pourtant, sa sœur restait accrochée à ses talons, la forçant même à s'arrêter et lui faire face, d'une main sur son poignet. Carmina s'arrêta, se tourna et croisa le regard de celle qui est sa grande sœur. Ca lui faisait toujours bizarre de se dire cela, elle ne réalisait pas vraiment ce que ça voulait dire, ni même ce que ça pouvait représenter. Elle qui n'avait jamais eu l'attention, l'amour ni le soutien de sa famille, elle pourrait trouver en Noa, une véritable alliée qui lui apprendrait ce que le mot famille peut dire ? Mais la peur semble s'emparer de Mina à chaque fois, et encore plus quand on évoque le père de sa fille. Noa semblait vraiment sincère, elle semblait vraiment s'inquiéter pour Mina. Et quelque part, ça touchait la plus jeune, peu habituée à cela. En fait, elle avait souvent l'impression qu'on la prenait tellement pour une femme forte, qu'on ne s'inquiétait plus de savoir si elle tenait le coup ou non. Sauf là. Le temps se figea légèrement, plongeant les deux sœurs dans un silence apaisant, tandis que les voitures circulaient encore sur ce parking. Mina n'avait pas à parler comme cela à Noa, parce qu'un jour, elle aussi elle lui tournerait le dos, c'était obligé. Et Carmina ne voulait plus être comme avant, ni refaire les mêmes erreurs que par le passé. Elle voulait vraiment essayer de changer, elle voulait simplement qu'on croit en elle, pour une fois. « Excuses-moi » souffla t-elle du bout des lèvres. Sa main caressa son front, son regard était fuyant. Elle ne savait pas trop quoi répondre à sa sœur, elle n'avait pas l'habitude de tout ça. Que faisaient des sœurs ? Qu'est-ce qu'elles étaient censé se dire, ou bien faire ? Mina n'en savait rien. Son pouce appuya sur le bouton de la clef de sa voiture, la déverrouillant alors. Elle ouvrit la portière pour y déposer son sac. Personne ne lui demandait jamais comment est-ce qu'elle allait vraiment, et quand on lui posait enfin la question, Mina répondait toujours un mensonge. Elle ne disait presque à personne quand ça n'allait pas, quand elle était perturbée, touchée en plein cœur, ou quand elle était déçue ou triste. Ca arrivait de plus en plus qu'elle se confie à Wim, en plus de Link et Mason bien sûr. Mais une distance s'était installée avec Lexie, forçant la jeune femme à garder ses secrets pour elle depuis, morte de trouille à l'idée de perdre ses proches en disant la vérité. « Et si je te dis que ça ne va pas ? Que rien ne va depuis longtemps même » elle haussa les épaules « mais que tout le monde attend de moi que je le cache, que je fasse ce qu'ils attendent tous de moi : des erreurs, encore et encore ? » elle baissa les yeux. « C'est pas ce qu'on attend de moi ça, ni même ce pour quoi je suis payée » souffla t-elle presque ironiquement. Parce que depuis sa grossesse, on ne pouvait pas dire qu'elle croulait sous les contrats et les propositions. En fait, jamais sa carrière ne s'était même si mal passée.

Si Mina ne voulait pas de mon aide, je chercherai pas à lui imposer, je me contenterai de faire demi-tour, certes, avec un sentiment d’inachevé mais je ne pouvais pas l’obliger à prendre la main que je lui tendais. J’ignorais moi-même le réel sens de tout ça, si c’était normal ou si je prenais une place qui ne m’étais pas destinée. Nous étions sœur, par le sang de notre mère mais finalement, y avait-il autre chose ? Pour le moment, pas vraiment. Même si, au fond de moi, je sentais que je devais être présente, si non, pourquoi serait-elle venue me chercher lorsqu’elle en avait elle-même avait besoin d’un soutien. J’avais l’impression qu’elle se sentait seule. Qu’elle le sache, elle pouvait compter sur ma présence, mais pour ça, il fallait un signal de sa part. Pour l’instant, elle était plus dans le rejet qu’autre chose. « Excuses-moi » souffla-t-elle enfin, peut être en ayant compris que je n’avais pas fait l’effort de venir pour lui remonter les bretelles, j’étais persuadée que pour ça, elle avait bien des personne qui s’en chargerait. Ce n’était pas mon rôle, ce n’était pas ce que je cherchais à faire. Notre relation était bien trop fragile pour me le permettre, d’ailleurs. Alors que Mina ouvrit sa voiture, je m’attendais à ce qu’elle finisse quand même par y monter et me disant qu’elle n’avait quand même pas besoin de moi. Ce que je pourrais comprendre, vraiment. J’attends encore quelques instants, elle ne fait qu’y déposer son sac à main et se tourne à nouveau vers moi. « Et si je te dis que ça ne va pas ? Que rien ne va depuis longtemps même » j’en étais désolée pour elle en tout cas… « mais que tout le monde attend de moi que je le cache, que je fasse ce qu'ils attendent tous de moi : des erreurs, encore et encore ? » j’étais face à cette même Mina perdu qui était venue me trouver, des mois plus tôt. Rien à voir avec cette gamine pourrie gâté que j’avais rencontré la première fois qu’on s’était croisé… « C'est pas ce qu'on attend de moi ça, ni même ce pour quoi je suis payée » je garde une certaine distance avec elle, ne sachant pas trop si je pouvais vraiment me montrer familière. S’il s’agissait d’Arrow, je l’aurai pris dans mes bras aussitôt, pour la réconforter, mais je restais à un mètre d’elle. « J’suis désolée d’entendre ça… » quel poids lui avait-on mis sur les épaules depuis toutes ces années ? « Y a pas de mal à se sentir mal et à le dire, tu sais… » c’est parfois difficile d’avouer ses peines, je comprends aussi. « Si tu veux quelqu’un à qui tu peux tout cracher, tu peux compter sur moi… j’suis personne pour te juger. » et encore moins depuis que j’ai compris quel genre de femme pouvait être notre mère. « Tu veux pas qu’on aille se poser quelques part ? »

Noa était sa sœur, qu'elle le veuille ou non. Que Mina décide de partager un peu de sa vie avec elle, ou pas, Noa était sa sœur. Une partie d'elle, de sa chair, de son sang, de son ADN. Médicalement parlant, elles étaient liées. Mais jamais personne ne les avait lié avant cela, avant que la nouvelle ne tombe et d'ailleurs, Mina ne connaissait même pas la véritable histoire, juste que Noa, c'était avant Arold, son frère. Voilà tout. Peut-être même qu'ils avaient le même âge ? Elle n'en savait rien. Sa sœur était là, elle avait été jusqu'à voir Carlisle pour savoir où la trouver elle, par inquiétude ? Qui faisait vraiment ça ? Qui avait déjà fait ça pour elle ? Mina se calma, elle s'arrêta, parce que quand Noa lui saisi le poignée et lui expliqua la situation, elle se sentit conne. Elle se sentie agressive, méchante, et Noa ne méritait pas qu'on la traite comme ça, non ? Ou alors si ? Pourquoi elle parlait de Carl ? Mina n'aimait pas qu'on lui parle de lui, parce qu'elle était bien trop jalouse au fond pour entendre tout ça, pour peut-être l'imaginer avec d'autres, non. C'était trop dur. Pourtant, la jeune maman se tourna vers sa sœur, croisant son regard. Elle avait l'air sincère, elle avait l'air de vraiment s'inquiéter pour elle, mais Mina ne comprenait pas. Alors elle demanda juste « tu attends quoi de moi Noa ? » parce que vraiment, elle avait besoin de savoir. De savoir à quoi ça menait, tout ça ? Pourquoi Noa cherchait à la voir, pourquoi elle s'inquiétait pour elle, qu'est-ce qu'elle attendait de tout ça, qu'est-ce qu'elle espérait ? Voulait-elle créer un lien avec elle, sa petite sœur ? Est-ce qu'elle voulait lui faire payer le comportement de leur mère ? Est-ce qu'elle était mal intentionnée ? Est-ce qu'elle voulait se rapprocher d'elle et de sa fille, pour la balancer aux médias ? Mina en était là, à douter de tout, tout le temps et de tout le monde. Debout, près de sa voiture, sur le parking de son école, la jeune maman avait besoin qu'on soit clair avec elle, qu'on arrête de parler avec elle par es sous-entendus ou des petits caractères tout en bas des contrats. Non, elle voulait des grandes lettres, écrites à la main, bien grandes. Elle voulait que le message soit limpide, si ce n'était pas trop demandé. Pourtant, elle sentait qu'elle était agressive avec sa sœur, qui peut-être était pleine de bonnes intentions. Perdue, Mina passa sa main sur son front, soufflant au passage. Elle avait envie d'avoir une famille, d'avoir des alliés, mais ça semblait si compliqué et douloureux en même temps. Parce qu'elle savait très bien que sa mère lui ferait payer son rapprochement avec Noa. « Pourquoi tu t'inquiètes pour moi ? » demanda t-elle plus calmement, dans une volonté de connaître la vérité. Noa avait l'air si gentille, si généreuse, tout le contraire d'elle. Est-ce qu'elle lui aurait ressemblé, si sa vie avait été différente ? Si elle n'avait pas été vendue dès sa naissance aux médias ? Est-ce qu'elle aussi, elle aurait été gentille et altruiste ? Mina se posait la question, ne pouvant s'empêcher de jalouser sa sœur, de lui en vouloir d'avoir eu la chance que sa mère la laisse. Mina aurait préféré en fait, parce que pour elle, c'était encore pire que tout. Sa sœur lui proposa d'aller ailleurs, de se poser, qu'elle pouvait tout entendre, si jamais Mina avait besoin de parler. Mais Mina avait surtout besoin de savoir ce qu'elles étaient en train de faire là, ce à quoi ça servait tout ça, dans le fond ? Elle avait rêvé si longtemps d'avoir une sœur, et maintenant que c'était le cas, c'était comme si elle en voulait au monde entier. « J'ai toujours voulu avoir une soeur » balança t-elle alors, ici, près de sa voiture. Elle enfonça ses yeux dans ceux de Noa « Arold ne m'a jamais défendu, il m'a jamais protégé contre les parents, contre l'injustice » et pour cela, elle en voulait à Noa. Elle aurait du être là, dès le départ, pour la protéger elle, sa p'tite sœur. Sa mère, leur mère, les avait empêché de vivre ça, et Mina était en colère contre sa propre mère, mais aussi sa sœur, qui pourtant n'y pouvait rien, bien au contraire.

« tu attends quoi de moi Noa ? » sa question me laissais un peu con. Qu’est ce que je pouvais bien attendre de Mina ? Je crois que je n’avais pas d’attente vis à vie d’elle, réellement, je crois que c’était plus fort que quelques chose qui pouvait s’expliquer par des mots. Comme si, j’avais un besoin de créer un lien avec elle, juste savoir qui elle était réellement et qu’elle sache à son tour qui j’étais. Qu’elle sache qu’elle pourrait compter sur moi, qu’on pourrait compter l’une sur l’autre, si on en ressentait le besoin. Je sais pas, si j’avais besoin d’une autre épaule sur laquelle me reposer, j’avoue être déjà bien entourée, entre mes amis, ma familles, Arrow, Greg… j’avais autant de personne qui remplissaient très bien leurs rôles, mais Mina était ma sœur, que je le veuille ou non, et parce qu’elle était ma sœur, je sentais que je l’aimais au fond de moi, c’était quelques chose que je ne m’expliquais pas. Je pourrais lui retourner la question. Qu’attendait-elle de moi ? Je suppose que si vraiment, elle n’attendait rien, elle ne serait jamais venue me trouver. Jamais elle n’aurait cherché mon soutien. Même si ce n’était arrivé qu’une fois, c’est que quelques part, elle cherche aussi quelques chose. « Je saurai pas te dire… » que je souffle, parce que c’est la vérité. Au final, ce que j’veux, c’est pouvoir y voir un peu plus clair.
« Pourquoi tu t'inquiètes pour moi ? » je voyais bien qu’elle-même cherchait à comprendre mes intentions, quelles étaient-elles ? Comme si elle se méfiait de tout, comme si elle s’était méfiée de tout, toute sa vie. Quelle vie ? Je reste silencieuse, sans être capable de lui répondre du tac au tac mais je finis quand même par lui répondre. « T’es ma sœur. » et c’est la seule explication que je trouve valable, sans plus d’argument à lui confier.
« J'ai toujours voulu avoir une soeur. Arold ne m'a jamais défendu, il m'a jamais protégé contre les parents, contre l'injustice » contre les parents ? C’est qui ce Arold ? J’ai peur de bien comprendre, j’ai peur d’avoir oublié une partie du puzzle quelques part. Et en même temps, il y a tellement de chose que je ne sais pas, tellement de chose qui ne se sont pas passées comme je les aurais imaginé. J’avais fantasmé toute ma vie les retrouvailles avec mes parents, j’avais imaginé milles scénarios. Qu’ils soient séparés n’en faisait pas vraiment partie, dans un premier temps, mais d’avoir d’autres frères et sœurs, je n’y avais même jamais pensé à vrai dire. Comme si, après avoir abandonné un enfant, il était impossible d’en avoir d’autres. Je n’étais pourtant pas si naïve, mais je ne voulais pas y croire me concernant. Alors, je savais que Mina existait, c’était une chose… l’identité de mon père m’était toujours totalement inconnu et je n’avais pas envie d’en parler avec ma mère. Pas pour le moment, j’avais réellement peur d’être aussi déçue pour lui que pour elle… « T’as un frère ? » autant mettre les pieds dans l’plat.

A la question de Noa, Mina se sentit con. Elle marqua sa surprise et la non-compréhension de ce qu'il se passait ici et maintenant, devant sa sœur. Comment ça Noa n'était pas au courant pour Arold ? Mina ne comprenait pas pourquoi leur mère ne lui avait pas parlé de leur frère ? « Elle ne te l'a pas dit ? » grimaça alors la petite brune. Elle trouvait ça étrange, que sa mère n'ait pas parlé d'Arold, il était sa fierté, son tout, c'était... le préféré. C'était lui qu'on portait à bout de bras pour élever au sommet dans la famille, c'était de lui qu'on vantait les mérites. « Il a... trente deux ans » expliqua t-elle alors face à l'incompréhension de sa sœur. « Il... c'est lui qui va reprendre l'entreprise familial il... c'est le bras-droit de mon père » expliqua t-elle alors. Mais finalement, en donnant toutes ces informations là, Mina se demanda ce que sa sœur savait ou non, et si surtout, elle avait envie d'en savoir plus sur cette... partie d'elle-même ? Mina jeta un coup d'oeil autour d'elles, elles étaient sur le parking de son école, entre les voitures, debouts. Non, ce n'était pas vraiment l'idéal pour lui parler de cette famille qu'elle ne semble pas connaître, finalement. « Hum... » lança t-elle en replaçant une mèche de cheveux. « Est-ce que tu... tu veux qu'on aille boire un café ? » proposa t-elle alors. Pas loin, toujours sur le campus de l'école, il y avait une sorte de petit bar-dinner à l'américaine, exactement comme on pourrait l'imaginer. En général, pas mal des étudiants y allaient, l'ambiance était plutôt cool, et surtout, idéale pour discuter. « On pourra discuter si... si tu as des questions ? » parce qu'après tout, c'était dans les deux sens, non ? Si Mina semblait comprendre qu'elle avait besoin de Noa, peut-être que c'était l'inverse qui avait besoin d'être sur le devant de la scène pour le moment, peut-être que Noa avait besoin d'elle également ?

HRP : Coucou Désolé pour le temps d'attente, j'ai posté une PR je ne sais pas si tu l'avais vu ou non (je l'ai posté dans l'urgence je n'avais pas tagué mes copains de rp). Vu que je me sens submergée en ce moment, je vais favoriser les petites réponses, j'espère que ça te conviendra? Je suis désolé de te faire attendre en tous cas :(

« Elle ne te l'a pas dit ? » à vrai dire, je pense que ma rencontre avec Mina avait été un simple hasard aussi. J’avais bien remarqué la gêne de notre mère lorsque Mina était arrivée pendant notre première rencontre. J’avais bien remarqué que ce n’était pas calculé et que sans doute, je n’avais jamais du la rencontrer ,que son existence ne devait sans doute pas être connu. Alors pourquoi me parler de ce fameux Arold aussi ? Je ne comprenais toujours pas la démarche de notre mère. Pourquoi avait-elle chercher à reprendre contact avec moi, si ce n’était pour foutre un peu plus le bordel dans ma vie. J’avais appris à vivre sans elle, j’avais tiré un trait sur mes origines depuis longtemps, depuis le jour où j’avais décidé de changer de prénom alors que j’étais adoptée officiellement par les Jacobs. Pourquoi revenir alors que j’avais trente ans passé et pour autant, ne pas chercher à créer un vrai lien et me cacher certaines choses ? Elle n’avait même jamais voulu évoquer l’identité de mon père. Alors non, elle ne m’avait pas dit. Peut être qu’elle avait peur que j’arrive comme une tornade dans son petit équilibre.  « Il a... trente deux ans » né six ans après moi, donc. L’enfant sans doute désiré. « Il... c'est lui qui va reprendre l'entreprise familial il... c'est le bras-droit de mon père » je hochais la tête, par reflex, comme si, plus rien ne m’étonnait finalement. « Hum...  Est-ce que tu... tu veux qu'on aille boire un café ? » j’étais venue ici en renfort pour Mina, pour lui signaler mon soutien et me voilà à présent ayant moi-même besoin d’un soutien. « si t’as un peu de temps. » sans vouloir m’imposer à elle davantage. « On pourra discuter si... si tu as des questions ? » me voilà acquiesçant à son invitation, tout en restant silencieuse.
Je la suivi, jusqu’à ce petit bar à quelques pas de l’université. Là où sans doute, il n’y avait pas ses amis pour entendre nos conversations. « J’me demande si, si t’étais pas arrivée par hasard, la première fois qu’on s’est vu, si j’allais savoir que j’avais une sœur aussi. Je pense que notre mère attendait le jour où tu allais en parler, en espérant secrètement que tu n’en parles jamais. » je souffle, un peu amère. Je m’installe à table en attrapant la carte des boissons que je ne prends pas encore le temps de lire. « J’en viens à me dire qu’elle regrette d’avoir pris contact avec moi. » c’était pas un reproche, parce que je crois que j’aurai préféré qu’elle reste loin. « J’ai jamais réellement compris ses motivations. Peut être qu’elle avait une conscience à se racheter et que finalement, elle voulait faire machine arrière, mais il était trop tard. » j’hausse les épaules, je crois que pour avoir les réponses à mes questions, il faudrait que je sois capable de les lui poser, mais j’avais appris à connaitre le personnage, j’avais pas envie de me battre contre du vent.


sorry pour le délai

Mina voit bien que ce qu'elle annonce à Noa est difficile et ce n'est véritablement qu'à ce moment-là sans doute, que la jeune maman comprit vraisemblablement ce que sa sœur devait avoir vécu et aussi, avoir ressenti. Et en comprenant cela, Mina s’adoucit naturellement, le ton de sa voix s'arrondit, ses gestes sont plus contrôlés et son regard est franc. Elle observe cette femme, devant elle et elle comprend uniquement à ce moment-là que la moitié de ce qu'elles sont l'une et l'autre, provient de la même source. Bien sûr qu'elles ont des choses en commun. Naturellement toujours, les deux frangines quittèrent le parking pour rejoindre un petit bar tout près de l'université où d'ailleurs la plupart des étudiants se retrouvaient pour boire un verre. Alors qu'elles prennent place à table, Mina écoute Noa lui raconter son impression sur leur mère, cette femme qu'elles ont en commun. Et pour le coup, Mina elle-même n'a pas la réponse aux questions de sa sœur. La jeune maman sent que les regards se posent sur elle, son arrivée dans ce bar avec autant de jeunes autour d'elles... peut-être pas si intelligent que ça finalement comme idée. « Je ne sais même pas quoi te répondre » souffla t-elle lasse. Son regard chercha à croiser celui de sa sœur, pour s'expliquer. « En fait, même moi je ne la connais pas tu sais ? » dit-elle en haussant les épaules et en consultant la carte que Noa venait de lui passer. Ses yeux défilèrent sur les boissons proposées, elle en trouva une toute simple qui lui donnait envie et posa la carte sur la table, entre elles. « Mes parents ne sont pas le genre à être souvent à la maison, ni à s'occuper des enfants » avoua t-elle alors, les coudes posés sur la table, devant elle. « Et je peux t'assurer que nos relations ne se sont pas améliorées avec le temps » souffla t-elle en jouant avec ses propres doigts. « Si j'ai suivi ma mère ce jour-là c'est parce que je m'ennuyais tellement que je les espionnais » avoua t-elle en souriant « je jouais à faire l'espionne et avec eux, j'avais tout le temps l'impression de découvrir es secrets » rigola t-elle alors à ce souvenir. Parce que oui, elle avait surtout grandie seule, dans un foyer riche certes, mais sans l'essentiel tout de même. « Pour le coup je crois qu'on a mis la main sur un plutôt pas mal » sourit-elle en posant doucement sa main sur le poignée de sa sœur. C'est à ce moment-là que le serveur arriva, qu'il leur demanda leur commande et qu'elles lui répondirent. Il les laissa à nouveau, un léger silence s'installa mais loin d'être gênant pour autant. Mina posa à nouveau sa main sur le poignet de sa sœur, cherchant à trouver ses yeux. Pour la première fois, elle avait la sensation d'avoir un lien là, tout de suite, avec Noa. Peut-être parce que pour une fois, les rôles étaient inversés et ce n'était pas à Mina d'être secourue ? Avec sa voix douce, apaisée et rassurante de jeune maman, Mina lui lança alors « à mes yeux, ma famille et moi... » elle haussa les épaules « on n'est pas une famille Noa » lança t-elle alors pour parler de son père, leur mère et son grand-frère uniquement. « Tu n'as rien perdu, bien au contraire tu es celle qui a eu le plus de chance entre nous deux » avoua t-elle avec la sensation de dire quelque chose à la fois d'horrible et en même temps, de révélateur. Un silence s'installa à nouveau puis, l'étudiante reprit « mais toi et moi, si on le décide, je sais qu'on pourrait vraiment être des soeurs » et ça, elle venait de s'en rendre compte, là, tout de suite, en captant la fragilité de sa grande sœur.

Je me doute bien que Mina n’avait pas les réponses à mes interrogations, car je comprenais petit à petit – depuis un moment quand même – qu’elle n’avait pas eu une place facile non plus au sein de cette famille. Famille qui semblait n’en avoir que le nom. Les anecdotes sur l’espionne en herbe qu’elle pouvait être me donnent le sourire, mais au fond, elles traduisent aussi le fond du problème. Les secrets de familles, les non-dits, les mystères qui se veulent être lourds et pesant. Parfois, pour le bien des uns et des autres, mais pour qui réellement ? Pour ne pas à assumer ses positions, ses choix ? Pour ne pas à être confronté à la réalité ? Ce que je pouvais en conclure, c’est que notre mère était lâche. Mais, j’avais l’impression d’être dure et que mon verdict était sans appel, était-ce objectif ou l’affectif prenait trop le dessus ? Quand je vois que Mina, qui a grandi dans cet environnement a une conclusion qui se rapproche de la mienne, peut être que nous n’étions pas loin de la vérité.
Je suis surprise de la distance qui se resserre petit à petit, jusqu’au contact de Mina sur mon poignet. Nous n’avions jamais eu de comportement affectif l’une envers l’autre, les situations qui nous avait fait rencontrer jusqu’à présent n’était pas propice à de tels actes. Ca me faisait bizarre et à la fois, ça me réconfortait. C’était sans doute ce dont j’avais besoin aussi, d’une alliée. Et ce n’était pas gagné en débarquant à la fac comme un cheveu sur la soupe, débarquant dans sa vie sans en avoir la moindre légitimité. Et finalement, peut être que si ?
« Tu n'as rien perdu, bien au contraire tu es celle qui a eu le plus de chance entre nous deux » qu’elle finit par dire, c’est triste, d’entendre de telles paroles, et il y a quelques années, j’aurai dit tout le contraire, mais j’étais finalement bien heureuse d’être dans une famille aimante, qui avait choisi de m’accueillir et pour qui je n’étais pas un poids. « mais toi et moi, si on le décide, je sais qu'on pourrait vraiment être des soeurs » un sourire sincère se trace sur mon visage, je suis touchée et c’est avec beaucoup d’émotion que j’accueille cet aveux. Une invitation, un pas en avant alors qu’elle avait toujours été distante avec moi. Mais pourtant, je m’étais doutée qu’elle cherchait à avoir un réel soutien lorsqu’elle était venue me chercher à mon travail. Même si par la suite, elle avait disparu, mais c’était finalement normal. Sans doute que la peur avait pris le dessus. « J’espère. » je réponds avec une vague de frisson qui parcours mon corps. « Je suis désolée, si tu as l’impression que je me mêle de ce qui ne me regarde pas… » le fait de venir ici, pour aborder son rôle de mère. « J’ai l’intime conviction qu’on est pas sœurs pour rien et que si nos routes se croisent aujourd’hui, c’est que ca devait arriver. » ah que c’est beau, hein. « Tu peux compter sur moi, Mina. » pour absolument tout. « Dis moi comment tu vas, en ce moment ? »

Quand Carmina avoua à Noa son envie, son projet, son espoir qu'elles puissent créer un lien solide entre elles, Noa sourit. Et presque tout de suite, comme un miroir et son reflet, Mina imita le même sourire. Un sourire doux, franc, honnête. Noa avait l'air d'être une personne assez incroyable. Au lieu de se braquer sur Carmina, sur ce qu'elle avait connu d'elle dans la presse à scandale, sur cette image -fausse- qui lui collait à la peau ; elle avait fait preuve de détermination, de patience et de tolérance envers la plus jeune. Elle lui avait laissé une chance, et mieux que ça, elle avait fait l'effort, encore et encore. Noa avait vraiment essayé, de la façon la plus bienveillante au monde, de nouer un lien avec elle. Et ça, c'était une belle preuve d'honnêteté pour Mina. Noa lui prouvait que oui, elle était vraiment pleine de bonnes intentions et que oui, Carmina pouvait lui faire confiance. Les mains de l'héritière s'étaient posées sur celles de sa grande sœur, dans un signe de soutien, de respect et aussi de protection. Il n'y avait plus besoin de mot à présent. Leur regard pétillant, leurs mains jointes, ce silence non gênant... c'était tout ce dont elles avaient apparemment besoin. Aux paroles de la plus âgée, le sourire de Carmina s'étendit sur son visage. Elle papillonna ses cils, avec un profond sentiment de soulagement en elle. Les paroles de sa sœur lui faisaient du bien, car c'était bien la première fois qu'elle croyait un membre de sa famille à ce sujet-là. « Tu peux aussi compter sur moi... je... ça prendra peut-être du temps pour que ça se fasse naturellement... » commença t-elle alors. Parce que Noa avait une famille, une vraie, qu'elle avait aussi des amis... « mais j'ai vraiment envie qu'on apprenne à se connaître et j'veux que tu saches que moi aussi, j'suis là » et ça, elle ne le disait pas à tout le monde. Vraiment pas. Serrant les mains de sa sœur entre les siennes, elle fini par les lui lacher quand elle lui demanda comment elle allait en ce moment. « Hum... » sourit-elle « vaste programme » rigola t-elle. Le serveur revint avec leurs boissons, Mina le remercia et en croisant son regard, comprit qu'il avait deviné qui elle était. Elle grimaça un peu, levant son verre vers sa sœur pour trinquer silencieusement avec elle. « J'bosse sur mon projet de fin d'année » explique t-elle alors. « En gros cette année, on doit préparer une collection, la sortir, faire le marketing, la campagne etc... » et elle adorait faire ça. Elle adorait dessiner ses vêtements, les fabriquer, les rendre réels. Comme au Burning Man avec Link cette année, son costume avait été une vraie réussite. « C'est beaucoup de travail mais j'adore ça » et d'ailleurs, elle pensait à la suite et dans sa tête, bien que ça ne soit pas encore très clair, Mina réfléchissait à peut-être créer enfin sa marque, son entreprise, son truc à elle pour personne ne viendrait lui mettre de baton dans les roues. « Et toi alors ? Comment tu vas ? » dans sa vie professionnelle, mais aussi personnelle, bien sûr.

« Tu peux aussi compter sur moi... je... ça prendra peut-être du temps pour que ça se fasse naturellement... » bien sûre que ça prendra du temps. Même si, ca semble un peu plus facile, maintenant que les barrières et les apriori sont tombés, maintenant qu’on en sait un peu plus l’une sur l’autre. Les premiers temps étaient emplis de méfiance, de jugements l’une envers l’autre. Elle devait sans doute se demander d’où je sortais alors que de mon côté, j’avouais avoir été jalouse de sa situation. Jusqu’à ce que petit à petit je comprenais que je n’avais vraiment rien à lui envier. J’avais beaucoup d’empathie pour Mina, et si je pouvais lui tendre une main, c’était avec le cœur que je le faisais. « mais j'ai vraiment envie qu'on apprenne à se connaître et j'veux que tu saches que moi aussi, j'suis là » je hochais la tête, sourire doux aux lèvres. « Ça va l’faire. » je suis confiante. Le temps nous accordera la confiance nécessaire, le temps rattrapera les moments perdus. « On a tout l’temps pour ça. » pour faire vraiment connaissance. Pour savoir quelle était son plat préféré, si on pouvait passer trois heures à regarder le même programme télévisé et commenter absolument tout en se moquant de ce qu’on y voit. Si elle était prête à m’entendre parler pendant des heures de Greg, de mes histoires passées, de mes tourments, de mes amis, de mes nouvelles aventures. Est-ce que tout ça l’intéresserait ? J’étais curieuse d’apprendre tout ça la concernant. Premièrement, comment avait-elle vraiment rencontrée Carlisle, que se passait-il entre eux deux ? Savait-elle que Carlisle et moi étions sortis ensemble il y a plus de quinze ans ? Puisqu’elle semblait être surprise que je le connaisse, qu’on se soit parlé récemment, je suppose qu’elle ignore cette partie de l’histoire et à la fois, ce n’était pas si grave. Carlisle et moi étions à présent des connaissances, qui se voyaient de temps en temps pour se mettre à jour sur leurs situations, mais pas grand-chose de plus. Bien qu’à présent, il était aussi le père de ma nièce.
La prochaine étape avec Mina : l’inviter à la maison, dans un cadre plus intime, là où aucune oreille ne trainait pour écouter ce que nous avions à nous dire. Même si, Mina semblait être moins sur la défensive que lorsque je me suis pointée à la cafet tout à l’heure. Cette fois ci j’ai droit à des sourires sincères et même d’entendre son rire. « J'bosse sur mon projet de fin d'année. En gros cette année, on doit préparer une collection, la sortir, faire le marketing, la campagne etc... » j’étais curieuse de voir ses création d’ailleurs. « C'est beaucoup de travail mais j'adore ça » « J’espère que j’pourrais y jeter un œil. Et si jamais tu as besoin d’un mannequin… » je dis en plaisantant, me doutant bien qu’elle avait ce qu’il fallait sous la main et que de mon côté, je ne correspondais plus aux tailles standard du mannequinat.
« Et toi alors ? Comment tu vas ? » vaste programme de mon côté aussi. Je prends une petite inspiration avant de répondre. « Je suis en plein déménagement. Je m’installe chez mon petit ami et pour l’instant, c’est des vas et viens à longueur de journée. Mais, c’est une nouvelle étape pour nous, je suis contente. » et à la fois j’appréhendais aussi cette installation chez Greg. Ca restait son appartement et le jour où ça n’allait plus, c’est moi qui allait devoir repartir de zéro, même si Jane pourrait toujours m’accueillir quand même… enfin, j’ignore pourquoi j’envisage déjà le pire. « Il faudrait que tu viennes, à l’occasion. Je te présenterai Greg. »

Mina se sentait étrangement bien. Il y a encore quelques minutes, la jeune étudiante se sentait nerveuse, mal à l'aise aussi, un peu en colère même ; mais avec Noa, quelque chose était en train de se passer. Carmina s'était braquée, à l'époque où sa sœur était venue la trouver. En même temps, à cette époque là de sa vie, c'était le chaos. Désormais, sa vie était nettement plus sereine, et elle avec. Elle prenait les choses différemment et là où une relation entre sœurs lui avait fait peur par le passé, elle semblait être prête à l'accueillir les bras ouverts maintenant.
D'ailleurs, Noa semblait intéressée par le travail de sa petite sœur, et ça faisait plaisir à la plus jeune, oui. Parce que son travail, elle l'adorait et elle savait qu'elle voulait travailler dans cet univers là. Mais vu son nom, son histoire personnelle, elle savait aussi que tout le monde allait l'attendre au tournent et quelque part, c'était excitant mais tout à fait terrifiant aussi. « Oh oui je vais avoir besoin ! » rigola Mina. Etant dans l'univers du mannequinat depuis son enfance, on ne pouvait pas dire que Carmina manquerait de mannequin pour son défilé. Bien au contraire même, elle serait sûrement la seule de sa classe à faire un défilé professionnel étant donné qu'elle en a fait en tant que mannequin à plusieurs reprises. Mais avoir sa sœur à ses côtés, ce jour-là, c'était surtout ce que Mina avait entendu dans la bouche de Noa, quand elle lui avait proposé son aide. « Faut que j'avance un peu, mais j'ai peut-être une tenue qui pourrait te plaire » pensa t-elle alors, en pensant à une tenue en particulier qu'elle n'avait pas encore commencé. « Si tu veux participer tu es la bienvenue » ajouta t-elle en souriant doucement. Autour d'eux, aux autres tables de ce bar d'étudiant, Mina commença à sentir les regards se poser sur elles. Ainsi que les téléphones portables. Mais elle fit comme si de rien n'était, parce que Noa ne semblait pas avoir remarqué ce qu'il se passait encore. La jeune maman bu un peu de sa boisson, avant que sa sœur n'évoque avec elle un déménagement, et un copain. « Oh wouaw » lança Mina en écarquillant les yeux et en souriant sincèrement tout en reposant sa boisson sur la table. « Je savais pas que tu avais quelqu'un dans ta vie » lança t-elle alors. Un dénommé Greg, c'est ça ? Alors il fait aussi partie de sa famille, du coup non ? Est-ce que Noa voulait des enfants ? Est-ce qu'un jour, Maya allait avoir une cousine, ou un cousin ? C'était leur seule chance, vu comment les relations se dégradaient avec Arold et son amour pour l'entreprise familiale... fallait pas en espérer grand chose. « Ca fait longtemps ? » demanda t-elle en souriant doucement, espérant qu'elle lui parle un peu de cette histoire d'amour. Et forcément, en évoquant l'amour, son esprit dessina le portrait de Carlisle, comme un nuage, un voile, quelque chose qui était finalement, toujours là, vaporeux et lumineux au plus profond d'elle.