| do you know your enemy? (adèle) |
| | (#)Lun 22 Fév 2021 - 21:00 | |
| Jacob est de mauvaise humeur. Si ça s’avérait passager avant sa séparation avec Olivia, c’est désormais une constante, il n’arrive plus à se débarrasser de son regard haineux, de ses soupirs agacés et de sa mine défraîchie. Il a bien essayé de passer au-dessus, de se raccrocher à d’autres choses pour oublier que son cœur est brisé, pour oublier l’entaille qui s’agrandit à chacun de ses battements. Il est retourné à la boxe et s’est plongé dans le sport comme jamais il ne l’avait fait auparavant : ça a duré le temps d’une séance. Il a essayé de se tourner vers le travail, d’être le plus performant possible, sauf que ça fait vingt ans qu’il ne reçoit plus de compliments pour ses heures supplémentaires et ventes exceptionnelles – il est celui qui doit les faire, et non les quémander. Finalement, c’est vers l’alcool qu’il s’est tourné, timidement d’abord, à bras ouverts ensuite : chaque nuit dure plus longtemps que la précédente, chaque matinée s’étire de manière plus irrégulière que la veille. Il se dit qu’un jour, peut-être, il restera dans cet état particulier qu’il cherche à atteindre à chaque fois qu’il commande un verre. Quand il a conscience d’avoir abusé, quand ça lui fait du bien, quand est encore sûr de ses gestes et pensées, quand il peut oublier la douleur qui le consume de l’intérieur. Il n’a pas encore trouvé les doses idéales, il est encore loin de se maîtriser, mais il finira par s’y faire. Car cette habitude est déjà devenue une addiction, même s’il niera si on le lui demande : lui et l’alcool ? Rien de très sérieux, qu’il dirait. Il pourra peut-être le répéter dans quelques mois, dans un centre de désintoxication, quand il se sera rendu compte de son problème – peut-être de sa maladie. En attendant, il avance, tête baissée, et ne laisse personne lui dicter ce qu’il a le droit ou non de faire. Il est le seul maître de son destin, désormais, personne ne peut le faire pencher d’un côté ou de l’autre de la balance. Il y avait autrefois Olivia, aujourd’hui, il est bel et bien seul. Et si ça pouvait l’effrayer il y a encore quelques mois – et quelques jours, soyons honnêtes – aujourd’hui il veut bien accepter de vivre avec. Le blond claque la portière de sa voiture, les yeux rougis par la luminosité qu’il a encore du mal à accepter. Il a dépassé les limites de l’acceptable, hier soir, et le cachet avalé ce matin avec son café n’a pas été suffisant pour tout épancher, tout effacer. Il y a des restes, il le ressent – il espère que les autres, eux, non. Surtout pas ici, surtout pas maintenant : il vient de se garer devant l’agence de Soren. Son ancien patron, son ancien ami, son ancien mentor, aujourd’hui et depuis plus d’une décennie son concurrent majeur. Il y a eu un problème avec l’un de ses clients : Jacob s’était appliqué à lui trouver le foyer parfait, pour lui et sa petite famille. À la dernière minute, celui-ci a décliné l’offre en lui avouant avoir été contacté par une autre agence qui lui avait proposé un bien qui correspondait davantage à ses attentes. Ça a mis Jacob hors de lui, car ils ont établi des règles il y a des années, avec Soren. Sinon, ça aurait été l’anarchie, et aucune des deux agences n’aurait survécu au combat qu’ils se seraient donnés. Ils avaient décrété avoir le droit d’être sans pitié quand il s’agit des biens et des propriétaires à courtiser, mais de ne pas voler les clients de l’autre quand celui-ci s’est officiellement présenté à l’une des deux agences. Même si ça a démangé Jacob plus d’une fois, il a toujours respecté ce pacte et n’est jamais allé piocher dans la clientèle – fidélisée ou non – de Soren. Certains venaient d’eux-mêmes, d’autres continuent depuis dix ans à discréditer la compagnie Copeland seulement pour mettre en avant celle de l’autre – sans jamais avoir rencontré Jacob, évidemment. Ça lui allait, au blond, mais il a fallu que son ancien mentor déconne et transgresse les règles. Il avance vers l’agence, dépasse les baies vitrées et cherche l’accueil du regard : personne derrière le comptoir. Évidemment, il sait où se situe le bureau de Soren, mais il a bien envie de faire un scandale dans les locaux avant d’aller s’enfermer là-bas avec lui. C’est à ce moment-là que ses yeux se posent sur une jeune femme qu’il a rencontré il y a quelques mois, qui travaille pour lui, à qui il a laissé sa vente sans même essayer de se battre. Hé, vous. Il dit, pour l’interpeller, avant d’aller à sa hauteur. Est-ce que vous savez à quel point votre patron est un fumier ? Il demande, sur un ton calme, sans aucune tonalité de reproche, comme si la question était quelconque, comme s’il lui demandait sa couleur préférée. C’est un fait, pas une accusation ; voilà pourquoi.
@Adèle Shephard |
| | | | (#)Lun 1 Mar 2021 - 22:33 | |
| « do you know your enemy ? » jacob copeland & adèle shephard
La vie doit continuer et poursuivre sa route. Adèle l’a bien compris qu’en remettant dès janvier les pieds dans l’agence de Soren, qu’il n’allait pas la lâcher d’une semelle, qu’il allait vouloir tenir le meilleur d’elle. Elle était revenue vers lui, après sa convalescence de quelques jours après son opération – celle qui lui faisait tirer un trait définitif sur ses chimio. Sur sa maladie. Du moins, pour un temps. Disons suffisamment pour la laisser souffler un peu. Elle gardait en tête que Levi avait finis par rechuter, qu’il avait été guéri et puis finalement c’était revenu… Mais elle ne voulait plus y penser, elle ne voulait plus vivre avec ce poids constant, avec cette épée de Damoclès sur la tête. Alors elle tentait du mieux qu’elle le pouvait reprendre sa vie en main. Redevenir cette jeune femme pétillante, rieuse, ne se préoccupant guère de demain, et après la fête de Noël, elle avait été un peu bousculé dans ses plans amoureux. Une nouvelle colocataire venait d’arriver, son aîné Cody elle le voyait que peu à cause de ses entraînements intensifs. Ash passait la voir quand il n’était pas occupé à flirter avec des nanas et enfin, Will venait de se marier avec une de ses meilleures amies, Birdie. Au nom de l’amitié ! Un concept que Adèle ne comprenait pas. On se marie par amour, par intérêt, pour de l’argent. Mais maintenant l’amitié semblait être dans un des critères d’après les deux protagonistes. C’est réellement surprenant comment sa vie n’est devenue qu’éphémère, elle n’en reconnaît plus les valeurs. Mais au moins ici, dans cette agence, entourée de papiers, et de villas plus belles les unes que les autres, elle n’a pas l’impression d’être de trop, d’être l’incomprise. Elle peut se plonger corps et âme dans ses tâches, son doigt pianote sur le nouvel ordinateur qui s’impose sur son minuscule bureau, ne lui offrant guère de place pour écrire convenablement. Sa nouvelle mission trouvée du haut standing dans un prix plus que raisonnable dans le quartier de Spring Hill. Et si elle avait été honnête un minimum envers ses clients, elle aurait pu prétendre que la mission n’aurait pas été aisée, et que ce quartier devenu populaire n’est pas à la portée de tous, certainement pas en monnayant un prix au rabais. Mais parce qu’elle s’appelle Adèle Shephard, et surtout qu’elle revient après de longues semaines d’absences, elle n’a pas eu véritablement le mot à dire – s’inquiétant pour sa place. Elle n’avait plus que ça comme distraction depuis que l’Italien avec qui elle est sortie pendant plus d’un mois s’est marié avec la mère de sa fille, alors qu’il a toujours prétendu ne pas l’aimer. Quelque chose qu’elle a bien dû mal à croire, alors comme à son habitude, elle ne répondra à aucun de ses appels, préférant couler plutôt que de se rendre à l’évidence. Attendre que la colère et la tristesse disparaisse – pas certain que ce soit la meilleure façon de faire, mais c’est celle qu’elle a choisi : et ce boulot est parfait pour cela. Foncer tête baissée dans les heures supp pour oublier cette douleur permanente. Soren n’est pas encore dans les locaux – c’est du moins ce que l’un des agents à prétendu lorsque l’Australienne est arrivée. Mais elle n’est pas allée vérifier par elle-même, se mettant aussitôt dans ses recherches. Elle n’entend même pas la porte d’entrée qui se referme ni même les pas de cet homme qui s’approche du personnel, avant qu'elle ne porte son regard sur lui. « Hé, vous, elle relève à peine sa tête avant qu’il poursuive, prête à lui dire bonjour et à se présenter, est-ce que vous savez à quel point votre patron est un fumier ? » On en est donc encore là ? Encore cette fierté puérile et idiote, qui émane de ses deux hommes ? « Monsieur Copeland ?! » Qu’elle demande, se souvenant parfaitement de lui, lui dont elle avait dû user de patience et de rigueur pour lui prouver qu’elle avait, elle aussi sa place. Il l’avait mis devant le fait accompli, cherchant une faille dans sa vente, la faille qui le ferait gagner. Et il aurait pu sans une once d’hésitation gagner sur son terrain, elle qui avait encore tant à apprendre et qui a encore tout à apprendre. Mais elle est faite pour ce job Adèle, elle a cette passion et ce désir de faire les choses bien. « Que vous a-t-il fait cette fois ? » On dénote certainement un peu d’amertume dans sa voix, il faut dire que ce n’est pas la première plainte de Jacob à son sujet, et ce n’est pas le premier à se plaindre de Soren non plus. Elle connaissait sa réputation avant même de venir bosser pour lui. Elle savait que rien ne serait facile et qu’elle serait en présence constante avec ses ennemis, avec ceux qui ne le tolèrent pas. « Et que puis-je faire pour vous Monsieur Copeland ? » Qu’elle demande, se relevant tout juste de sa chaise, posant ses yeux noisette sur la silhouette de l’autre agent immobilier.
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| | | | (#)Mar 2 Mar 2021 - 0:23 | |
| Ce n’est pas une manière d’arriver dans des locaux, ni de saluer quelqu’un. Il en a conscience, il en a que faire également : ce qu’a fait Soren n’est pas une manière de procéder, ça non plus, et pourtant il n’a pas hésité avant de le trahir. Pourquoi resterait-il cordial et droit, si on lui met à l’envers à chaque fois ? Olivia l’a fait, Soren vient de le faire, qui sera le prochain ? Marius ? Jordan ? Erika ? Il se demande réellement qui, il aimerait que quelqu’un vienne lui souffler la réponse à l’oreille, qu’il puisse prévoir le coup et s’en protéger : on ne doit pas battre un homme à terre, pourquoi le sort semble s’acharner, alors ? S’il doit sortir les armes, l’armure, toute l’artillerie, il est prêt à le faire. Il n’a plus envie de se faire avoir, Olivia était le coup auquel il ne s’attendait pas, Soren a également été une grande surprise, il est temps pour lui de se méfier de tous les autres. Si sa plus grande alliée peut le trahir, alors n’importe qui en est capable, la confiance n’existe plus. Ni en lui-même, ni en les autres. Et pourtant, il est pris d’un excès de ce qu’il n’a plus, et il vient casser les barrières infranchissables de l’agence de Soren. C’est sur Adèle, sa jeune employée, qu’il tombe en premier. Malheureusement pour elle, oui. Monsieur Copeland ?! Elle le reconnaît, évidemment qu’elle le reconnaît. Il aurait été vexé d’avoir été si vite oublié, surtout qu’il lui a offert une vente en or, la dernière fois qu’ils se sont croisés. Soren a dû sauter de joie des jours durant, si jamais la gamine n’a pas avoué l’abandon de Copeland, si elle a pris toute la gloire sans dire le plus gros de ce qui s’est joué dans cette villa. Que vous a-t-il fait cette fois ? Elle a l’air assez blasé : elle connaît son patron et la manière dont il se sert des autres, la manière dont il se fout des protocoles. Pourtant, avec Jacob, il avait toujours été droit. Pourquoi ce revirement de situation, si soudain ? Et que puis-je faire pour vous monsieur Copeland ? C’est vrai, ça, qu’est-ce qu’elle y peut, elle ? Elle n’est qu’une employée, sûrement bien en bas de la grande chaîne qu’est cette entreprise pour se retrouver sur un bureau ouvert à tous, comme celui-ci. Elle n’y peut rien, elle ne lui sera d’aucune aide. À moins qu’il se serve d’elle contre lui, est-elle un atout ? On avait un pacte. Il dit, avant de soupirer assez fort. J’ai été son employé avant de quitter l’agence pour créer la mienne. Aujourd’hui, je le domine et de loin sur le marché, mais on a fait un pacte quand j’ai commencé à me développer. On ne devait pas se voler nos clients, on ne devait pas marcher sur les traces de l’autre. Je ne sais pas pourquoi mais, il a décidé de le faire malgré tout, là, d’un coup. Il passe une main dans ses cheveux puis regarde autour de lui. Et ce lâche n’est même pas là, je suppose ? Il délègue constamment dès qu’il fait quelque chose qu’il n’a pas le courage d’assumer, c’était déjà comme ça il y a vingt ans. Ça ne l’étonne pas que ça le soit encore, Soren n’a jamais rien eu dans le pantalon, aux yeux de Jacob. Il l’effrayait énormément quand il était son employé et quand il a été son premier concurrent mais, au fil des années, il a appris que cet homme n’était rien de plus que du paraître, qu’il n’avait rien de plus que les autres. Qu’au contraire, il valait bien moins que beaucoup d’autres patrons de petites agences indépendantes. Vous voulez savoir ce que vous pouvez faire pour moi ? Il demande, avec un intérêt très soudain, très poussé. Quittez cette entreprise minable et rejoignez-moi. Il ne pensait pas lui faire une telle offre, c’est sorti tout seul : les mots viennent avant qu’il ne les pense, en ce moment. J’ai envie qu’on se sépare, par exemple, ou rejoignez-moi, pour le présent. Vous n’avez jamais eu envie de voir comment ça se passe ailleurs ? Parce que c’est bien mieux. Vous pourriez avoir votre propre bureau, plus grand que ça, pour accueillir un ordinateur encore plus performant. Il est prêt à lui donner une place qui ne va pas avec son âge ni avec son expérience, juste pour alimenter le combat contre Soren. Un client contre une employée, ça se vaut, non ? Qu’est-ce que vous en dites ? Il est très sérieux, il pose ses deux mains sur le bureau de la jeune femme et se penche vers elle. Avec moi, vous pouvez devenir quelqu’un. Elle peut faire ses marques, la preuve avec Erika : d’une simple agente, elle est devenue un modèle, une femme célèbre que tout le monde adule. Adèle peut faire pareil ou briller dans l’ombre, dans tous les cas, elle sera mieux dans la compagnie Copeland qu’au service de ce fumier – pour reprendre les mots de Jacob.
@Adèle Shephard |
| | | | (#)Mar 2 Mar 2021 - 13:07 | |
| « do you know your enemy ? » jacob copeland & adèle shephard
Aujourd’hui, elle remonte la pente Adèle. Loin le temps où elle n’était qu’une jeune femme malade, qui ne comprenait pas ce qui se passait en elle. Pire encore, qu’elle n’appréciait pas qu’on le lui rappelle par des regards, par des mots parfois blessants. Mais elle a finalement été opérée et si elle n’en avait pas envie, elle n’a eu guère le choix, si bien qu’aujourd’hui, elle semble aller mieux. Ses ailes poussent, et la vie reprend le chemin initial : celui d’un boulot qui ne l’a jamais épargné – elle a l’audace de vouloir n’en faire qu’à sa tête, de toute évidence. Il lui avait laissé le champ libre sur pas mal de chose Soren, moins aujourd’hui, comme si elle devait reprendre tout de zéro, qu’il ne lui faisait plus vraiment confiance. Comme si elle était de retour à la case départ au sein de son patron et ça l’agace alors elle restera assise des heures sur cette chaise mais n’en partira pas tant que son dossier ne sera pas bouclé. Elle est têtue Adèle, bien trop, fonceuse aussi mais ça n’est pas qu’un défaut, à ce qui paraît. Elle n’a même pas le temps de contempler la vue de dehors, encore moins le soleil. Elle n’a pas le temps de se reposer sur ses lauriers. Elle veut le meilleur, et finira par l’obtenir. Elle ne doute pas une seconde que ça lui plait à Soren ce genre de pensée. Elle ne doute pas une seconde qu’il est attiré par ce genre de pensée. Ce genre de combat, il lui faut un adversaire à sa taille en face de lui – et c’est ce qu’il semble avoir trouvé avec le Copeland. Chacun des deux veulent récupérer ce que l’autre possède, sans fin. Parfois, dépassant les limites, quitte à jouer franc-jeu. « On avait un pacte. » Qu’il commence, s’arrêtant devant son bureau, l’explorant vulgairement de son regard, Adèle arque un sourcil, le regardant faire, silencieuse. « J’ai été son employé avant de quitter l’agence pour créer la mienne. Aujourd’hui, je le domine et de loin sur le marché, mais on a fait un pacte quand j’ai commencé à me développer. On ne devait pas se voler nos clients, on ne devait pas marcher sur les traces de l’autre. Je ne sais pas pourquoi mais, il a décidé de le faire malgré tout, là, d’un coup. » Elle croise les jambes en-dessous de son bureau, s’adossant au siège, Jacob semble en colère, presque orgueilleux de s’être fait avoir, vantant ses mérites comme lors de leur précédente rencontre, et ça la fait sourire. Il ne le supporte pas, évidemment qu’il ne supporte pas l’échec, la tricherie. Lui qui a toujours tout posséder, enfant gâté pour autant Adèle ne doute pas une seconde que son entreprise est son enfant, et qu’il y a tout donné. Qu’il ne pardonnera aucun coup bas, plus encore quand ça la concerne. Cette entreprise. « Vous ne dominez rien Jacob… » Qu’elle rectifie, le fixant, jouant avec ses nerfs certainement, mais c’est pourtant une réalité frappante. Soren est partout, et nulle part en même temps… Insaisissable. Loyal à sa façon – pas celle qui est commune, pas de la même définition que de la Shephard, mais tout comme Copeland, il n’y a rien de plus important que son entreprise, et elle l’a très vite compris… « Et ce lâche n’est même pas là, je suppose ? Il délègue constamment dès qu’il fait quelque chose qu’il n’a pas le courage d’assumer, c’était déjà comme ça il y a vingt ans. » Elle hausse les épaules, avant de lui réciter la leçon par cœur, comme toujours il s’absente pour on ne sait quelle raison mais à vrai dire lorsqu’il n’est pas là, ils ont au moins cette tranquillité de n’être surveillés. « Il avait une réunion à l’extérieur, mais il sera là dans une petite heure… » Si tout se passe bien, si il ne fricote pas avec une de ses clientes aussi. Elle l’avait vu faire à mainte reprise. Trouvant ça presque répugnant cette façon dont il insiste, il use de son charme. Comme si tout lui est dû, que rien ne l’effraie. Il relève son regard sur la Shephard et une illumination vient réveillée ce visage en un sourire. « Vous voulez savoir ce que vous pouvez faire pour moi ? Elle n’hésite pourtant pas à acquiescer d’un signe de tête, comme si elle avait envie de savoir, curieuse, quittez cette entreprise minable et rejoignez-moi. » Elle a un moment de recul, Adèle. Elle aurait pu s’attendre à tout, sauf à ça. Il serait réellement capable de faire ça pour faire rager Soren ? Parce que c’est la première chose à laquelle elle considère, à présent. « Mais… Je vais obtenir mon diplôme dans l’année… » Elle n’est même pas encore diplômée, qu’est-ce qu’il ferait bien d’elle ?! « Vous n’avez jamais eu envie de voir comment ça se passe ailleurs ? Parce que c’est bien mieux. Vous pourriez avoir votre propre bureau, plus grand que ça, pour accueillir un ordinateur encore plus performant. » Il la dévisage, ne la lâchant pas du regard, il sait y mettre les formes, parce qu’évidemment si elle ne laisse rien paraître, il a quand même éveillé un soupçon chez elle. Relevant un désir éteint : celui de voir si l’herbe est plus verte ailleurs… « Qu’est-ce que vous en dites ? Il souffle, posant ses deux mains sur le bureau d’Adèle, se rapprochant d’elle, alors qu’elle fronce les yeux, comme si il venait de titiller sa curiosité, et qui ne lui faudrait pas davantage pour craquer… Avec moi, vous pouvez devenir quelqu’un. » Il joue, il s’amuse comme si il avait toujours fait ça, comme si il était celui qui avance ses pions. Ce lui qui gagne à la fin. « Qui vous dit que je ne suis pas déjà quelqu’un ici ? » Elle lorgne, joue dans la cours des grands comme si elle en connaissait les règles, prête à se brûler les ailes avant même d’avoir commencé à les déployer. Elle se lève alors de son siège pour contourner le bureau, et venir s’y asseoir juste à côté de Jacob. « Pourquoi vous ferez ça ? » Elle demande, à présent, ne comprenant pas son intérêt là-dedans, si ce n’est de dépasser Soren. Mais la Shephard ne souhaite pas être un jouet entre ses deux, ne souhaite pas être manipulée pour une vulgaire fierté.
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| | | | (#)Mar 2 Mar 2021 - 22:12 | |
| Vous ne dominez rien Jacob… Comme lors de leur première rencontre, Adèle n’hésite pas à lui répondre, elle prend les devants. Et ce qui avait plu à Jacob autrefois semble lui déplaire aujourd’hui, car elle dépeint une réalité qui n’existe pas. Elle a l’impression qu’il n’est pas au-dessus seulement parce qu’elle travaille avec Soren et qu’il sait mettre les formes pour donner l’impression que son entreprise est supérieure. Ce n’est pas le cas, les chiffres parlent, les clients aussi, et si l’agence de Soren est toujours présente sur le marché c’est bien parce que Jacob n’a jamais essayé d’y mettre un terme. Il pourrait la racheter, la faire raser, faire de Soren sa marionnette s’il le voulait : il domine, si, qu’elle ne s’avise pas de dire le contraire, qu’elle n’ait pas la bêtise de penser que ce n’est pas le cas. Pour toute réponse, il se contente seulement de lever les yeux au ciel. Évidemment qu’il ne va pas dire que si et commencer à se justifier, ce serait une perte de temps. Elle travaille pour le concurrent, le rival, l’ennemi. Elle travaille pour l’homme à abattre et pourrait passer son après-midi à l’agacer, uniquement pour obtenir une victoire psychologique sur lui. Soren agit de la sorte, il ne doute pas que ses employés doivent le recopier, surtout les plus jeunes – plus on est jeune, plus on est un requin. C’est comme ça dans ce milieu, ça bouffe tous les principes, tous les idéaux. Pas ceux de Jacob, et contre Soren, il a construit quelque chose de sain et de glorieux, mieux pour les cadets et toujours enrichissant pour les aînés, même après toutes ces années. Comme il lui a déjà dit, les employés qui ont abandonné Soren pour le rejoindre lui n’ont jamais cherché à aller voir ailleurs par la suite – et ça, c’est déjà une preuve suffisante pour dire et répéter que si, il domine. Il avait une réunion à l’extérieur, mais il sera là dans une petite heure… Il y a vingt ans déjà, Jacob disait la même chose pour excuser les absences répétées de son patron. Il travaillait depuis peu pour lui et déjà, il avait des responsabilités par-dessus la tête, dont celle de l’excuser et de prendre sa défense presque tous les jours, envers et contre tous. Apparemment, le larbin bien des années après, ce n’est plus Jacob Copeland mais Adèle Shephard. Pauvre d’elle, s’il pouvait y faire quelque chose, il le ferait. Et là, l’idée lui vient presque immédiatement : il le peut, en fait. Quand on possède les clés d’un endroit, on peut tout y faire, n’est-ce pas ? Il décide de qui a un travail à la fin du mois et de qui doit chercher dans les petites annonces, il décide de qui il met à la tête de ses agences et de ceux qui resteront à jamais en bas de l’échelle. Alors oui, il peut très bien décider de proposer un poste élevé à une jeune femme qui n’est sûrement pas qualifiée, juste pour énerver son concurrent de toujours. Mais… Je vais obtenir mon diplôme dans l’année… Il entend la voix d’Erika lui hurler dans le crâne d’arrêter ses bêtises, de se reprendre et de ranger sa rancœur : il faut qu’il arrête de prendre des décisions regrettables et finalement regrettées, juste par envie de vengeance. Ça ne paie pas, ni dans sa vie privée, ni dans sa vie professionnelle. Ses pensées détonnent avec les mots qui sortent de sa bouche, il continue sa proposition sans savoir enclencher le frein : elle pourrait devenir quelqu’un, il se prend désormais pour un dieu – c’est un peu ce qu’il est, non ? Qui vous dit que je ne suis pas déjà quelqu’un ici ? Elle se lève et vient de son côté, un geste qui prouve au blond qu’il y a quand même de l’intérêt. Elle ne dit pas non, elle ne dit pas oui : elle se pose des questions. Pourquoi vous ferez ça ? Pour se venger de Soren n’est pas une réponse appropriée, elle n’est pas un simple objet et malgré son énervement, Jacob en a conscience. Utiliser les autres n’est pas dans ses habitudes, encore moins une jeune femme comme elle. Ce bureau me le dit. Il regarde une fois de plus le matériel d’Adèle puis repose ses yeux sur elle. Le fait que vous vous intéressiez à ma proposition me le dit. Si elle était quelqu’un, comme il vient de le dire, elle lui aurait ri au nez et lui aurait demandé de partir, d’arrêter son petit numéro. Sauf qu’elle ne l’a pas fait et qu’il a bien la sensation qu’elle ne compte pas le faire. J’ai eu une bonne impression de vous, la dernière fois. Je trouve ça dommage de gâcher vos capacités en vous cachant derrière un nom qui ne retranscrit rien de bon… Que vous le vouliez ou non, ce sont les agences Copeland qui ont la meilleure réputation. C’est une manière différente de répéter qu’il domine, sans le verbaliser à nouveau. Qu’elle ne s’avise pas de le contredire de nouveau. Je peux vous prendre à l’essai quand vous le voulez. Posez un congé et venez chez moi, il n’en saura rien. Vous verrez comment on fonctionne, ce qu’on attend de vous, tout ça, quoi. Il la regarde d’un air presque sévère : il est sérieux dans ses propositions, là est certainement le pire. Réfléchissez-y, mais vite. Par vite, il entend : de suite, là, qu’elle prenne sa décision sur-le-champ.
@Adèle Shephard |
| | | | (#)Mer 3 Mar 2021 - 10:41 | |
| « do you know your enemy ? » jacob copeland & adèle shephard
Elle le connaît Soren. Elle le connaît mieux que quiconque. Ou du moins, elle croit le connaître mieux que Jacob. Mais Adèle est du genre à observer, à ne pas attaquer à la légère – à part si on s’en prend à un proche. Par-là, on entend à l’un de ses frères, Cody et Ash. A son cousin Will. A Nino pour qui son cœur bat malgré ses conneries qui lui voudront un jour sa peau. A Elia, à Matthias, à Primrose, à Levi, et à ses quelques autres amis très proches. Hors-mi ceux-là, elle agit toujours dans la réflexion pour attaquer quelqu’un, elle analyse les scènes, et le caractère de l’autre. Et elle attaque suivant les données qu’elle a reçues. Elle attaque lorsqu’elle est persuadée d’avoir toute les cartes en main. Elle ne prend rien à la légère et encore moins dans le domaine du boulot. Et c’est ce qu’elle considère pour Jacob. Pour Soren, maintenir toute les surprises qu’ils peuvent se décider l’un pour l’autre d’exécuter. Ne pas être surprise par une attaque, qu’elle vienne d’un camp, ou de l’autre. Même si parfois elle a l’impression d’être entre les deux. Elle ne peut nier que Jacob l’attire, il a cette fougue, cette prestance. A ses côtés, elle ferait une bien meilleure agente que chez Soren, et en ça, elle ne remet pas son jugement sur parole. Elle le sent, elle le sait quand elle pose ses yeux sur lui. Qu’il serait une bien meilleure épaule sur laquelle, la débutante pourrait se reposer, qu’un patron qui pousse des hurlements à chaque fois qu’il rentre dans les locaux, jamais contents, à toujours demander plus sans relâche. Voilà pourquoi ses disciples partent les uns après les autres. Elle n’est pas dupe Adèle, elle n’est pas aveugle. Mais elle ne voit pas que ça. Chez Jacob. Elle voit aussi l’envers du décor, et quand il possèdera ce qu’il convoite, que fera t’il ? Ou sera-t-elle ? Ne lui vend t’il pas un peu de rêve pour obtenir ses faveurs, pour finalement la délaisser et lui tourner le dos par la suite ? Il n’a peut-être qu’envie de rivaliser avec Soren, obtenir un bien qui lui appartient. Et pourtant, pourtant elle n’oublie pas que c’est grâce à Jacob qui a voulu la tester lors de cette vente, qu’elle est parvenue à se faire remarquer. Que sans lui, elle se serait contentée, d’observer la scène de loin. De rester en retrait, silencieuse. Elle n’aurait peut-être pas gardé un très bon souvenir de cette vente. Mais avec Jacob auprès d’elle, elle a pris de l’assurance, parce qu’il l’a mise au défi, et qu’elle ne supporte pas perdre. Parce qu’il l’a poussée dans ses retranchements, là où même elle se pensait pas capable de rivaliser avec les autres. « Ce bureau me le dit. » Un soupire sort de ses lèvres, alors qu’elle vient se mettre à côté de lui. Le regard de l’agent qui se promène sur son bureau presque vide. Un carnet, quelques stylos qui se battent en duel. Un ordinateur, une imprimante qu’elle doit partager avec trois autres personnes. Une machine à café qui fonctionne deux fois sur trois. Mais en cela, elle n’est pas en position de le dire. De l’avouer, elle se contentera d’hausser les épaules. « Le fait que vous vous intéressiez à ma proposition me le dit. » Elle arque un sourcil en sa direction, tournant à peine ses yeux pour les poser sur l’homme. « Vous pensez que je serai capable de me défiler ? De quitter le navire avant la tempête ? » Si bien que tempête existe un jour. Peu importe finalement. Tant qu’on lui paye son salaire, qu’elle a un minimum de reconnaissance et du boulot à se mettre tous les jours sous la dent. « J’ai eu une bonne impression de vous, la dernière fois. Je trouve ça dommage de gâcher vos capacités en vous cachant derrière un nom qui ne retranscrit rien de bon… Que vous le vouliez ou non, ce sont les agences Copeland qui ont la meilleure réputation. » Elle n’est pas vraiment d’accord avec Jacob sur ses dernières paroles, elle ne pense pas comme lui, peut-être parce qu’elle se trouve de l’autre côté de la barrière – celle que Jacob a franchi un jour avant de s’en défaire, quelques années après. Sa langue lui brûle de lui demander pourquoi, et ce qui a bien pu se passer entre eux à l’époque. Est-ce juste l’envie de quitter le navire ? De voir ailleurs ce qui s’y faisait ?! « Et si, justement je voulais redorer le blason de cette société, pour le remercier de m’avoir fait confiance en premier ? » Qu’elle demande, pose de nouveau carte sur table, lui indiquant là, ses intentions, et même si ça voulait dire se battre à ses côtés contre le Copeland. Faire partie dans quelques années, de ceux qui dirigent, qui commandent. Être sur le marché une fois qu’elle aura suffisamment d’expérience pour le prétendre ? « Je peux vous prendre à l’essai quand vous le voulez. Posez un congé et venez chez moi, il n’en saura rien. Vous verrez comment on fonctionne, ce qu’on attend de vous, tout ça, quoi. Elle fronce les sourcils, avant qu’il poursuive, réfléchissez-y, mais vite. » Elle n’aime pas vraiment cette pression sur ses épaules, et elle ne prend jamais de décision à la légère. Il n’obtiendra jamais rien d’elle, comme ça… « Si vous attendez une réponse dans l’immédiat, je vais devoir décliner votre offre … » Elle n’est pas faite pour ce monde de requin Adèle, elle est encore jeune, sûrement naïve pour être entre deux hommes qui se vouent une haine sans merci. « J’apprécie votre intérêt, mais la précipitation n’a jamais fait de moi une meilleure personne… » Ce n’est pourtant pas tombé dans l’oreille d’une sourde sa proposition et toute ses paroles sur elle. « Pourquoi vous êtes partis ? » Qu’elle ose finalement, en détournant son regard autour d’elle, sur cette immense salle.
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| | | | (#)Jeu 1 Avr 2021 - 0:08 | |
| Vous pensez que je serai capable de me défiler ? De quitter le navire avant la tempête ? Il la regarde un instant puis soupire, doucement. Elle ne semble pas comprendre ce qui est en train de se dérouler sous ses yeux, ce à quoi elle s’est engagée en commençant à travailler pour Soren. Vous êtes déjà prise dans la tempête. Il lui dit, en montrant une nouvelle fois son bureau et l’ensemble de l’agence, d’un signe de la main. À cause de moi, très certainement. Ça dure depuis des années. Ne vous dites pas que la manière qu’il a de vous traiter, vous et les autres, est quelque chose de normal. Rien ne l’est avec lui, malheureusement. Il le décrit comme la pire espèce, pour qu’elle ouvre enfin les yeux sur son patron, pour qu’elle se rende compte qu’il ne parle pas en mal de lui seulement par plaisir de le faire. S’il doit y avoir un paradis et un enfer parmi les agences immobilières, les démons se trouvent dans le coin, les anges du côté de Jacob. Il essaie de lui faire comprendre en lui rappelant que la meilleure réputation revient à son entreprise, pas à celle de Soren. Lui, il a su multiplier ses agences et les exporter à plusieurs endroits du globe. S’il ne disait pas vrai, comment aurait-il pu se permettre un tel succès sur presque deux décennies ? Elle se voile la face et refuse de le croire, mais il ne ment pas, il expose simplement des faits. Et si, justement je voulais redorer le blason de cette société, pour le remercier de m’avoir fait confiance en premier ? Il ne peut s’empêcher de rigoler face à cette question, avant de secouer sa tête doucement. L’ambition et l’audace sont deux choses extrêmement importantes en immobilier, mais ne prenez pas vos rêves pour une réalité. Ça fait vingt ans que cette entreprise subit des coups durs, du haut de votre expérience vous n’arriverez jamais à redorer le blason. Il faudrait que Soren et ses sbires dégagent et là, ça ressemblerait plus à du vol qu’à une aide. Il aimerait bien entrer dans sa tête et incruster ses mots, pour que ça ne soit pas que des bruits mais des pensées pures, qu’elle y croit, à ce qu’il lui raconte. Il a le savoir et l’expérience. Et même si la jeunesse et la nouveauté apportent énormément à une entreprise, on ne peut pas avoir l’un sans l’autre – et Soren ne lui donnera jamais tout ce que Jacob est prêt à lui offrir. Il veut la pousser dans ses retranchements, une fois encore, et la forcer à faire ce qu’il a fait, vingt ans plus tôt. Poussé par Auden, il a pris la meilleure décision de sa vie ; elle pourrait en faire de même, là, maintenant, et quitter cette agence pour rejoindre la sienne. Avoir une offre d’emploi de Jacob Copeland n’arrive pas tous les jours, elle devrait s’en rendre compte et sauter sur l’occasion. Si vous attendez une réponse dans l’immédiat, je vais devoir décliner votre offre… J’apprécie votre intérêt, mais la précipitation n’a jamais fait de moi une meilleure personne… Il soupire, une fois de plus ; il commence à le faire un peu trop, preuve que son agacement ne fait que de s’accroître depuis son arrivée. Il se construit des espoirs qu’elle efface d’un revers de la main, et ça commence à lui peser. Pourquoi vous êtes partis ? La question est bonne et tombe au bon moment. Parce que je rêvais plus grand, parce que je voulais quelque chose de mieux pour mon avenir. J’ai pensé à ce que j’étais avec lui et à ce que je pouvais devenir ailleurs, seul ou accompagné. Est-ce qu’il doit lui raconter toute l’histoire, la vraie ? Il se le demande. Et en se rappelant qu’elle n’est pas pour la précipitation, c’est peut-être un bon argument. J’étais à une soirée. Ça ne ressemble pas à un début d’anecdote professionnelle, il le sait, et pourtant. J’ai rencontré un homme là-bas, un Italien arrogant qui m’a mis au défi de jouer avec lui à action ou vérité. J’avais la vingtaine, j’étais sûr de moi, j’ai joué. Il m’a mis au défi d’envoyer une lettre de démission à mon patron et je l’ai fait. Son patron, c’était Soren, elle l’a compris, ça. En fait, au fond de moi, j’attendais le bon argument pour le faire depuis des jours, déjà. Il m’a provoqué et j’ai accepté, le lendemain j’en ai parlé à mon père et les jours d’après, le projet des agences Copeland est né. Il ne la lâche pas du regard, inspiré par son histoire, il aime toujours autant la raconter. Le fait est que, si je n’avais pas eu ce coup de pouce de cet homme à ce moment-là, je n’aurais jamais osé le faire. Il en est certain, il aurait été bloqué, incapable de trahir son patron : à l’époque, il l’aimait bien, il avait du moins une affection professionnelle pour lui et ce qu’il lui apportait. J’étais content de sa confiance, moi aussi. Mais à trop se priver d’aller voir ailleurs, on peut passer à côté de belles opportunités. Vous devriez réellement y réfléchir. Il regarde une nouvelle fois autour d’eux pour être sûr que personne ne les regarde et sort une carte de sa poche, qu’il lui tend – en parfait professionnel, il en a toujours sur lui. Il y a mon numéro, là-dessus. Je vous laisse un délai convenable mais prenez le temps de peser le pour et le contre, et rappelez-moi. Il a bien envie d’ajouter qu’une réponse négative ne sera pas tolérée mais, ne sachant pas trop comment agir avec elle pour le moment, il ne le fait pas. Vous pouvez en parler à Soren, ou non. Je ne me cache pas de vous vouloir dans mon équipe, il devrait en faire autant plutôt que de vous laisser à ce bureau, là. Il lève ses yeux au ciel en regardant à nouveau l’endroit où travaille Adèle. Jeune ou non, il pense qu’elle mérite mieux que ce qu’il est capable de lui donner, l’autre.
@Adèle Shephard |
| | | | (#)Jeu 8 Avr 2021 - 18:05 | |
| « do you know your enemy ? » jacob copeland & adèle shephard
Elle ignore elle-même la raison qui l’a poussée à travailler pour Simons Agency. Plus encore pour un patron avec la réputation qu’il possède, quand tout le reste été au rouge. Quand tout le monde la poussait à ne pas signer. A surtout ne pas y aller. Parce qu’il a fait beaucoup de tort Soren, beaucoup trop et a mûrit de la rancœur dans cette profession. Adèle ne souhaite pas s’en mêler, si bien qu’elle a déjà surpris des conversations, elle n’a jamais souhaité croire aux autres, et pourtant lorsqu’elle a été malade, lorsqu’elle a annoncé son cancer à cet homme rigide et froid, il n’y avait rien de compatissant dans son regard, rien qui puisse la rassurée sur son avenir dans la boite. Il lui avait seulement signifié à son retour, devoir faire plus que tout le monde pour réintégrer son poste. Elle avait après tout réussi haut la main à décrocher le contrat face à la société Copeland. Elle avait senti de la fierté dans le regard de Soren, lorsqu’il avait appris le tour de manège, mais elle a endossé à elle seule tout le mérite, sans même avouer la vérité : Jacob lui avait facilité la tâche, lorsqu’il a quitté la villa pour lui laisser ce contrat. C’était leur petit secret et elle demeurait consciente de ne jamais vouloir le déclarer à quiconque. Comme si elle en était seule la gardienne et que rien ne pourrait totalement briser ce silence. Jacob Copeland lui faisait face et elle ne savait jamais réellement comment réagir face à lui. Elle, la petite, dans ce milieu face au grand maître. Celui qui obtient des contrats juste en se présentant, et pourtant elle sait combien il a travaillé dur pour en arriver là, où il en est. Elle imagine que rien n’a jamais été simple par le passé. Il est un exemple, son exemple. Mais elle ne le prétendra jamais à haute voix, jamais ! « Vous êtes déjà prise dans la tempête. À cause de moi, très certainement. Ça dure depuis des années. Ne vous dites pas que la manière qu’il a de vous traiter, vous et les autres, est quelque chose de normal. Rien ne l’est avec lui, malheureusement. » Elle fronce les sourcils, elle lui fait face parce que Adèle n’a jamais eu cet appréhension de se retrouver face à lui, malgré le tableau noir que Soren a fait de cet homme. Elle n’a jamais souhaité écouter les autres, et préfère se faire sa propre opinion, et parce qu’il est loin d’être comme cette image noire qu’on lui a dépeint avec toute la gravité. Elle lui trouve même un truc en plus, au Jacob. Une prestance presque sympathique. « Vous pensez que je ne le sais pas ?! » Elle demande alors, mais en réalité ce n’est pas réellement une question qu’elle lui pose directement. « Mais on ne peut pas sauver tout le monde de la tempête… » Si encore faudrait-il qu’elle veuille être sauvée… Rien de si sûr. Pour autant ce jeu lui plait à Adèle et elle joue avec le feu, elle n’en a pas conscience. Qu’elle pourrait se brûler les ailes avant même d’avoir pu apprendre à voler. Mais le Copeland semble rire avant de reposer ses yeux sur la jeune femme, qui se retrouve à côté de lui. « L’ambition et l’audace sont deux choses extrêmement importantes en immobilier, mais ne prenez pas vos rêves pour une réalité. Ça fait vingt ans que cette entreprise subit des coups durs, du haut de votre expérience vous n’arriverez jamais à redorer le blason. Il faudrait que Soren et ses sbires dégagent et là, ça ressemblerait plus à du vol qu’à une aide. » Elle hausse les épaules dans une moue contrôlée, « vous dîtes qu’elle subit depuis vingt ans des coups durs ? » Elle répète ses quelques mots avant de sourire légèrement, et de poursuivre sans mal, le heurtant par cette manière bien à elle de voir les choses comme elle, elle les souhaite. Beaucoup qualifierait ça de naïveté, pas elle… « C’est bien d’avoir pu tenir aussi longtemps, signe de longévité n’est-ce pas ?! » Elle use, provoque le Copeland et pourtant elle ne se trompe pas de camps. Elle sait combien la vie devrait être différente à ses côtés, plus qu’au côté du Simons. Mais la question qui ne restera pas longtemps sans réponse, « parce que je rêvais plus grand, parce que je voulais quelque chose de mieux pour mon avenir. J’ai pensé à ce que j’étais avec lui et à ce que je pouvais devenir ailleurs, seul ou accompagné. » Qu’il répond, presque avec cette manière bien à lui d’avoir attendu tout ce temps qu’elle lui demande. Et très certainement qu’elle signe son arrêt de mort, pour cette entreprise. Parce qu’il est évident qu’il sait parler, Jacob. Il semble à l’aise dans ce rôle, si bien que lui promettre mont et merveille ne semble pas le déranger. Pire encore, elle est convaincue qu’il est bien plus sincère que son propre patron à son sujet. Qu’il parvient à trouver les bons mots au bon moment, malgré le fait qu’elle ne lui laisse que peu d’espoir la concernant. « J’étais à une soirée. J’ai rencontré un homme là-bas, un Italien arrogant qui m’a mis au défi de jouer avec lui à action ou vérité. J’avais la vingtaine, j’étais sûr de moi, j’ai joué. Il m’a mis au défi d’envoyer une lettre de démission à mon patron et je l’ai fait. (…) En fait, au fond de moi, j’attendais le bon argument pour le faire depuis des jours, déjà. Il m’a provoqué et j’ai accepté, le lendemain j’en ai parlé à mon père et les jours d’après, le projet des agences Copeland est né. (…) Le fait est que, si je n’avais pas eu ce coup de pouce de cet homme à ce moment-là, je n’aurais jamais osé le faire. » Il a probablement pas tort, mais elle n’attend pas qu’on vienne la sauver, qu’on lui fasse cet électrochoc. Elle ne le pense pas du moins, et ne mûrit pas une envie particulière d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Pas avant d’avoir croisé la route de Jacob Copeland du moins… « Et vous êtes mon coup de pouce ? » Qu’elle demande après avoir écouté attentivement l’histoire de l’agent immobilier, un sourire en coin. Adèle adore les histoires, les confidences. Curieuse de nature, elle compte bien se souvenir de chaque détail, presque comme ses films Américains. « J’étais content de sa confiance, moi aussi. Mais à trop se priver d’aller voir ailleurs, on peut passer à côté de belles opportunités. Vous devriez réellement y réfléchir. » Il sort de sa poche une carte professionnelle qu’il lui tend, alors qu’elle la récupère sans même hésiter, malgré qu’elle aurait su le retrouver si elle avait eu besoin. « Mais je vais y réfléchir… » Réellement réfléchir, alors qu’elle pose ses yeux sur lui, dénotant sans doute qu’il n’était peut-être pas venu pour rien. « Je vous laisse un délai convenable mais prenez le temps de peser le pour et le contre, et rappelez-moi. » Elle ignore pourquoi il fait tout ça, pourquoi il cherche à la pousser tant dans ses retranchements, mais il est évident qu’une part d’elle est intriguée par l’homme. Par ce statut qu’il représente et ce n’est pas tous les jours qu’elle sera démarchée de la sorte, par un nom aussi réputée que le sien. Il semble vouloir obtenir gain de cause, et semble être prêt à beaucoup, et ça, ça ne reste pas dans l’oreille d’une sourde. « Vous pouvez en parler à Soren, ou non. Je ne me cache pas de vous vouloir dans mon équipe, il devrait en faire autant plutôt que de vous laisser à ce bureau, là. » Elle peut lire cette envie qu’il possède de vouloir taper dans la fourmilière, là où ça fait mal. De le démunir de ses employés, alors que Soren aura sans doute d’autres armes pour riposter… « C’est ce que vous souhaitez ? » Sa voix qui retentit une nouvelle fois dans les locaux de la boite, « que je lui dise, que vous êtes sur le point de gagner une bataille face à lui ?! » Sur le point, ce qui ne veut pas dire qu’il a déjà tout gagner… « Je lui dirai en tout cas que vous êtes passé et que vous le cherchiez… » Puisque c’était ça la base non ? Il n’était pas venu pour elle, mais pour Soren…
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| | | | (#)Dim 25 Avr 2021 - 18:27 | |
| Vous pensez que je ne le sais pas ?! Mais on ne peut pas sauver tout le monde de la tempête… Il commence à croire qu’en réalité, elle n’a pas conscience de tout ce qui se joue autour d’elle. Jacob n’a pas la prétention de vouloir sauver tout le monde, il ne peut pas le faire et à vrai dire, il n’en a pas l’envie. Certains employés de Soren sont comme lui, avides de pouvoir, déshumanisés au possible. Ça ne l’intéresse pas d’embaucher ces gens-là, il préfère dépenser son énergie ailleurs, se battre pour quelque chose de plus juste et déloger des gens plus intéressants – comme Adèle, donc. Qui a dit que je voulais sauver tout le monde ? Il pose la question en levant un sourcil avant d’esquisser un léger sourire. Il me semble que vous n’êtes pas tout le monde, si ? Il pense que non, qu’elle a sa part d’originalité, qu’elle n’est pas comme les autres : qu’elle vaut bien plus que ces clones, ces moutons formatés, qui n’ont pas le moindre intérêt. Vous dites qu’elle subit depuis vingt ans des coups durs ? C’est bien d’avoir pu tenir si longtemps, signe de longévité n’est-ce pas ?! Il lève les yeux au ciel et s’autorise un léger soupir. Elle est pleine d’espoir, d’enthousiasme, d’une naïveté qui l’habitait également quand il avait son âge. Il est incapable de la raisonner, même en argumentant durant des heures, il le sait déjà. C’est pour ça qu’il n’ajoute rien et qu’il la laisse croire ce qu’elle veut. Quand l’entreprise de Soren n’a fait que de survivre durant vingt ans, celle de Jacob est née, a pris de l’ampleur et est aujourd’hui au sommet. Parfois, il vaut mieux abandonner le navire qui est en train de couler plutôt que d’essayer de le maintenir à flots. Il vaut mieux aller sur quelque chose de neuf, et ça n’a rien à voir avec la loyauté : il faut apprendre à se choisir, à se respecter. Elle ne le fait pas en défendant ainsi Soren, mais il se retient de le lui dire. Au lieu de ça, il lui raconte comment lui a décidé de quitter l’agence de Soren. Il ne l’a pas fait de lui-même, il a eu besoin qu’on l’aide, qu’on l’y oblige. Il détestait Auden pour cette raison, à l’époque, il a fini par l’adorer pour cette même raison, ensuite. Et depuis, cet homme est son ami, même s’ils ne se voient que de temps en temps. Une amitié qui n’a pas besoin d’être nourrie d’appels tous les deux jours ou de dîners une fois par mois. S’il l’appelle, il sera là pour lui et inversement, c’est tout ce qu’ils ont besoin de savoir. Mais là n’est pas l’important, dans l’histoire de Jacob. L’important, c’est que quelqu’un d’extérieur est venu, a mis sa patte et l’a forcé à bouger : il veut faire de même avec Adèle, bien qu’ancrée das sa position. Et vous êtes mon coup de pouce ? Il hoche doucement sa tête de haut en bas. Ou votre main tendue, si ça vous semble plus correct. Dans tous les cas, je suis la personne qu’il vous faut pour vous sortir de là. Personne d’autre ne le fera mieux que moi et je sais qu’au fond de vous, vous le savez également. Car Jacob a suffisamment de confiance en lui – et d’ego – pour se dire que s’il ne peut pas la sortir d’ici, personne ne le pourra par la suite. Lui ou rien, c’est un peu ce qu’il est en train de dire, ce en quoi il a envie de croire. Mais je vais y réfléchir… Elle prend la carte qu’il lui tend et ça lui suffit à le rassurer légèrement sur les intentions de la brune. Elle ne refuse pas sa proposition, elle ne l’accepte pas non plus : elle va y réfléchir, prendre le temps de se poser dessus et ensuite, elle lui donnera son accord. Car aux yeux du blond, il n’y a que cette issue possible. Le fait qu’elle choisisse son actuel patron après avoir pesé le pour et le contre serait incompréhensible, totalement stupide, et ajoutez toute une liste d’adjectifs négatifs pour finir de présenter cet acte. Jacob lui demande de le rappeler, mais il pense qu’elle ne le fera pas d’aussitôt. Dans les semaines à venir, il n’a aucun doute qu’ils finiront par se revoir : il est sur un coup, actuellement, avec la mairie de Brisbane. Des festivités vont être organisées et Jacob a réussi à obtenir un créneau pour lui, pour son équipe et les autres agences de la ville : si ce n’est pas avant, ce sera là-bas qu’ils se reverront. Il se retient de lui dire, ce sera la surprise. En attendant, tout ce qu’il lui dit, c’est qu’elle peut informer Soren de ce qu’il vient de faire. C’est ce que vous souhaitez ? Que je lui dise, que vous êtes sur le point de gagner une bataille face à lui ? Je lui dirai en tout cas que vous êtes passé et que vous le cherchiez… Un dernier sourire se glisse sur son visage. Je suis sur le point de gagner une bataille ? Il demande, avec toujours le même air amusé. Je l’ignorais, merci de me le confirmer. Ne vous donnez pas la peine de lui dire que je suis passé, je vais bien finir par lui tomber dessus un jour ou l’autre. Il regarde autour d’eux, une énième fois, puis hausse ses épaules. Passez une bonne fin de journée. Et sur ces paroles, il n’attend rien en retour : il quitte l’agence de Soren pour rejoindre la sienne, convaincu d’avoir joué ses dernières cartes, les plus puissantes : Adèle sera bientôt à lui, à eux, et il en est bien content.
FIN
@Adèle Shephard |
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