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 joamie #130 + in the shadow of your heart

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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyMar 23 Fév 2021 - 13:57

► In the shadow of your heart
@Joanne Keynes & JAMIE KEYNES

The stars, the moon, they have all been blown out You left me in the dark And no dawn, no day, I'm always in this twilight

“... vraiment dommage.”
La voix de l’avocat semblait émerger du brouillard. Jamie avait cessé de lui accorder la moindre attention depuis que Joanne et son propre représentant légal étaient entrés dans la salle. Il lui avait adressé un sourire triste, croyait-il. A dire vrai, il n’en était pas certain lui-même, mais il l’avait fixée pour sûr jusqu’à ce qu’elle dévie de son côté. Il s’agissait des ultimes minutes de sa vie où ils partageaient le même nom. Avec un léger sursaut, son visage se retourna vers son avocat. “Pardon, vous disiez ?” Maître Chalmers avait le visage de quelqu’un qui se préoccupait véritablement des affaires de famille. Il n’était pas particulièrement hors de prix, puisqu’aucune mesure drastique n’avait été nécessaire pour boucler les détails de ce divorce, mais il était compétent et relativement agréable. C’était son client, dans le cadre de la procédure, qui s’était souvent montré exigeant et inflexible. Pourtant Chalmers persistait à se montrer compatissant. “Toute cette affaire. Je disais que c’était vraiment dommage. Vous et Mrs Keynes semblez avoir encore beaucoup d’affection l’un pour l’autre. C’est certes plus agréable que les divorces qui se déroulent dans le sang et les larmes mais…” Le regard à la fois sévère et triste que lui jeta l’anglais étrangla sa voix. Et bien que cela n’était pas nécessaire, celui-ci articula un froid rappel à l’ordre ; “Je ne vous paie pas pour avoir un avis sur mon divorce.” Noté, l’avocat acquiesça d’un signe de tête. Vivement que Jamie Keynes paie ses honoraires et qu’il n’en entende plus parler, semblait-il penser tandis qu’il s’étranglait un peu plus avec sa cravate.

Le juge fit son apparition et tous s’asseyaient sans plus de cérémonie. L’audience était une pure formalité dans la mesure où toutes les négociations n’avaient pas eu recours à la médiation de la Cour, et le rôle de celle-ci consistait uniquement à ratifier les décisions prises entre les époux et avoir le dernier mot sur la garde des enfants -qui ne serait l’objet d’aucun débat. “Est-ce que les deux époux sont parvenus à un accord à propos de la division des biens ?" Chalmers se chargea d’expliquer dans ce jargon typiquement légal qu’il avait été décidé que les possession mobilières seraient repartagées selon l’inventaire qu’il adressait au juge, chacun repartant de cette union avec ce qu’ils avaient apporté. "Mrs Keynes s’engage également à verser une pension alimentaire d’un montant de dix mille dollars par mois à Mrs Keynes pouvant être replafonnée en cas de changement de situation d’un des parties." ajoutait-il. Cependant, il était évident pour Jamie que cette somme ne changerait jamais tant que Daniel et Louise n’étaient pas indépendants, que Joanne se remarie ou non. Il se n’imaginait pas non plus tomber dans une situation où il ne serait pas en mesure de verser cette somme. L’avocat mentionna la maison de Shore Street qui attendait patiemment d’accueillir de la vie depuis des mois. Incapable de se résoudre à la vendre mais ne se voyant pas y vivre lui-même, et puisque Joanne n’en voulait pas, le brun avait arbitré que la demeure serait mise à location pour les vacanciers. Que d’autres familles s’y créent des souvenirs, que ces murs soient malgré tout chargés d’histoires heureuses sans jamais accueillir les drames des Keynes. "Dûment noté. Concernant la garde des enfants, à la vue des antécédents de Mr Keynes avec la justice et son dossier médical, la Cour penche en faveur d’une garde exclusive pour Mrs Keynes avec un droit de visite à la discrétion des deux parties. Y a-t-il une objection ?” Aucune. Jamie n’était ni surpris, ni déçu. Lui et Joanne avaient déjà fait le tour de la question et pareille décision était sans appel possible. L’anglais lui-même admettait que les enfants vivraient plus heureux avec leur mère qu’avec lui. Dieu seul savait dans quelles autres tourmentes il était susceptible de se retrouver, dans quel état émotionnel le divorce allait le laisser, et Daniel et Louise ne méritaient pas de vivre ceci. La situation était assez complexe pour eux quatre. “Parfait. Après signature, une copie du jugement de divorce vous sera envoyée par voie numérique.” Et aussi simplement que cela, la séance était levée, les papiers ratifiés, et le divorce prononcé.

Jamie et son avocat échangèrent une poignée de main, et ce dernier s’éclipsa en un instant sans se risquer à plus de compassion que son client n’en méritait à ses yeux. Le brun quitta la salle en traînant les pieds un instant plus tard pour trouver Joanne dans le couloir également. Mains dans les poches, il s’approcha timidement d’elle. Le Réveillon de Noël avait sans aucun doute jeté une lumière sur les sentiments de la jeune femme et son état d’esprit vis-à-vis de leur séparation ; elle ne regrettait rien et n’avait pas songé au moindre retour en arrière. Alors pourquoi le devrait-il ? Non, la nuit suivante, se privant de sommeil, le Keynes se fit une raison. Malgré leur affection, leur tendresse l’un pour l’autre, quelque chose s’était brisé. Quelque chose qu’ils ne parvenaient pas à réparer. Il avait rejoué la scène encore et encore, la manière dont Joanne avait refusé de l’embrasser au profit d’un baiser presque poli ; il s’était imposé le coup de poignard dans la poitrine que cela fut autant de fois, jusqu’à ce que son cœur daigne se résigner. Elle ne voulait plus de lui, d’eux, et rien ne pouvait changer cela. Plus d’une fois il avait été tenté de retarder le divorce autant que possible afin de gagner du temps, de multiplier les opportunités de faire renaître la flamme. La possibilité de tout simplement refuser le divorce l’avait également frôlé. Si elle l’avait embrassé, s’il y avait eu quoi que ce soit de plus ce soir-là, l’anglais aurait tout mis en œuvre pour sauver leur mariage -quitte à les détruire un peu plus. Mais elle avait laissé tomber. Elle avait lâché l’affaire. C’était ce que le baiser qu’elle lui avait donné signifiait. Alors il était de son devoir de la laisser partir, de leur donner une chance d’être heureux à nouveau, chacun suivant une voie indépendante de l’autre. L’accepter le rendait moins douloureux. Il avait le cœur lourd, oui, et les poumons gonflés de tristesse. Cependant Jamie avait désormais la conviction qu’ils avaient fait ce qu’il fallait, et qu’après ce jour, les choses ne pouvaient qu’aller en s’arrangeant pour eux deux. “Et te voilà Ms Prescott de nouveau.” fit-il avec un semblant de sourire. Depuis combien de temps n’avait-il pas prononcé ces mots ? Trois ans, au bas mot. Il lâcha un léger rire, ironique. Ils n’avaient pas fêté cet anniversaire de mariage-là, mais cela faisait bien trois ans.

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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyVen 26 Fév 2021 - 17:50

IN THE SHADOW OF YOUR HEART
and a falling star fell from your heart and landed in my eyes.I screamed aloud, as it tore through thema nd now it's left me blind - ft. @jamie keynes

Murée dans son silence depuis le début de l'audience, Joanne n'était que l'ombre d'elle-même.  Ce n'était pas parce qu'ils savaient tous les deux quelle allait être la conclusion de leur mariage que cela rendait le jour J moins douloureux qu'il ne l'était véritablement. Ils avaient enfin réussi à se mettre d'accord sur des formalités que Joanne n'avait jamais vraiment voulu. Jamais n'avait-elle eu de regards sur la fortune du brun, jamais n'avait-elle songé à vivre sans lui dans la maison de leurs rêves. Elle ne voulait rien de tout ça. Les négociations, pénibles et interminables, avaient fini par avoir raison d'elle. Jamie ne voulait pas viser plus bas que ce qu'il proposait. Elle avait fini par céder, plus résignée qu'autre chose. Entendre le juge l'officialiser ne lui fit ni chaud ni froid. Ni pour la garde des enfants d'ailleurs, il savait tous les deux à quoi s'attendre. L'avocat de Joanne, essayait parfois d'échanger avec elle, ne serait-ce que pour avoir l'ombre d'une réaction. Mais elle restait dans ses pensées, sous son regard impuissant et presque désolé. Il était essentiel, ce divorce, mais elle ne le faisait pas par gaieté de coeur. Joanne le vivait comme un échec cuisant. Un principe pour lequel elle avait toujours accordé énormément d'importance dans sa vie qui s'effritait peu à peu. Elle n'y croyait plus vraiment. Au bout d'une deuxième séparation, avec un autre homme qu'elle aura aimé de ton son coeur, les croyances qu'elle avait pour le mariage s'étiolait. Elle se disait qu'elle devait être la dernière à y avoir autant cru, à se dire que c'était une union que l'on ne pouvait dissocier. Toute cette remise en questions la vidait encore plus qu'elle ne l'était déjà. Joanne n'adressait un regard à personne. Elle n'interagissait pas avec qui que ce soit. Elle se contentait de signer les papiers qu'on lui demandait de signer sans prononcer le moindre mot. Elle en aurait été incapable de toute manière, sa gorge étant bien trop serrée pour parvenir à laisser passer le son de sa voix.

Voilà. C'était fait.

L'événement de la journée pour lequel elle avait pris sa journée était passé. Désormais, elle ne savait pas vraiment quoi faire. Pourtant, une montagne de travail l'attendait. Des cartons attendant d'être déballés à Toowong, un voyage en Italie à finir d'organiser, ses recherches à poursuivre, chercher les enfants à l'école et à la crèche. Elle pensait qu'elle devrait peut-être l'annoncer à ses proches. Mais elle ne se voyait pas appeler ses parents pour cela, ni le reste de sa fratrie. La plupart ne ferait que part de leur soulagement, probablement. Elle n'était pas encore en bons termes avec Sophia pour partager un sujet aussi délicat, elle en voulait encore à Rhett. Et discuter de son deuxième divorce avec son premier ex-mari lui semblait inapproprié. Joanne n'avait de toute façon pas le coeur à passer du temps avec qui que ce soit. Elle se replongerait certainement dans les mauvaises habitudes qu'elle avait prises après avoir divorcé d'Hassan. La jeune femme avait désormais deux enfants à sa charge. Ses rapports avec Louise étaient toujours étranges, elle ne parvenait pas à calmer ses colères fréquentes, elle ne ressentait pas non plus le même lien qu'elle pouvait avoir avec son fils aîné. C'était frustrant. Cela semait même parfois en doute les capacités de Joanne à être mère. Elle mentirait si elle disait qu'elle n'appréhendait pas la suite. Plongée dans ses pensées, elle ne remarquait que tardivement la présence de Jamie une fois qu'il était en face d'elle. Prescott. Qu'il était étrange d'entendre ce nom à nouveau. Elle allait devoir reprendre le réflexe de se présenter ainsi, de revoir sa signature. "En effet, oui." souffla-t-elle d'une voix éreintée, encore sonnée par ce qu'il venait de se passer. Elle forçait un sourire, ne comprenant pas d'où venait le rire nerveux qu'il venait de laisser échapper. "Ca me fait déjà bizarre." ajouta-t-elle dans un murmure. Se sentait-elle plus libre ? Non. Se sentait-elle soulagée ? Pas à ce jour, en tout cas. La petite blonde éprouverait toujours de la tendresse pour lui. Même si elle lui avait fait payer son erreur pendant toute une année, elle avait de l'affection pour. Elle aurait voulu se sentir capable de leur donner une nouvelle chance, encore une fois. Le couple Keynes n'avait pas réussi à ré-instaurer un climat de confiance entre eux. Joanne ignorait de quelle façon il avait pu interpréter le baiser qu'elle lui avait donné sous le gui durant le réveillon de Noël. Un baiser partagé entre de nombreuses émotions. Ses iris bleus prirent du temps à se lever vers lui. Cela la rendait nerveuse. "Souhaites-tu les récupérer ?" finit-elle par lui demander avec timidité, faisant allusion à la bague de fiançailles et à l'alliance posé au creux de sa main. Elles les avait gardé jusqu'au moment de la signature. Elle ignorait pourquoi elle attendait à chaque fois l'officialisation d'un divorce pour retirer ces deux bijoux. Elle en était extrêmement attachée malgré tout, ce n'était pas par gaieté de coeur qu'elle proposait de les rendre. Seulement, Jamie les lui avait offert, c'était lui qui les avait acheté et elle l'estimait donc légitime de vouloir les récupérer. Allaient-ils devenir comme beaucoup de couples séparés, à ne plus savoir quoi parler d'autres que de leurs enfants ? Au lieu de discuter d'une cérémonie de mariage qui n'aura finalement jamais lieu, ils allaient se mettre d'accord sur la garde des enfants, à s'informer des prochains déplacements afin de pouvoir s'organiser. Au lieu d'entretenir leur histoire d'amour, ils allaient devoir en faire le deuil. Se résoudre à l'idée qu'ils n'étaient peut-être pas faits l'un pour l'autre. "Les prochains jours vont être... étranges." admit-elle d'un ton hésitant, le sourire nerveux. Du jour au lendemain, ils allaient chacun se retrouver à nouveau seul dans leur propre maison. Joanne devait reprendre ses marques, réussir à organiser sa vie avec tous les éléments en sa possession. "Je ne suis pas certaine que Daniel comprenne tout ce qu'il se passe." Même si Joanne avait cherché à faire au mieux pour le préparer. Bien que rien ne pouvait réellement préparer un enfant de cinq ans au divorce de ses parents. Elle était nerveuse. "J'ai peur que les enfants... le vivent trop mal. Qu'ils soient tristes, qu'ils m'en veuillent..." Daniel était assez sensible. Joanne avait déjà passé quelques heures à se demander quel serait l'impact du divorce sur leurs deux trésors  ?
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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyMer 24 Mar 2021 - 21:18

► In the shadow of your heart
@Joanne Keynes & JAMIE KEYNES

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Et juste comme ça, c’en était fini d’eux. Trois années de mariage, six d’amour tumultueux. Le seul “nous” qui pouvait encore se conjuguer au futur était celui des divorcés, comme un couple sur deux -eux qui avaient eu l 'audace de penser qu’ils feraient partie de l’autre moitié. C’était signé, officialisé ; ce que l’Etat avait uni, l’Etat l’avait dénoué, et il ne restait plus qu’aux époux, désormais ex, de mettre en ordre le reste de leurs vies en vue de la suite. La suite. Quelle suite ? Songer à l’avenir était quelque chose de tout particulièrement étrange dans un instant pareil, aussi symbolique et particulier. D’une certaine manière, le temps s’était figé entre les murs du palais de justice. Il y avait une sensation de lenteur, de lourdeur lorsque le point final était inscrit à la fin d’une histoire d’amour, comme lorsque l’on terminait un livre qui nous avait accompagné pendant des jours, ne laissant que le vide et le silence mental retomber tandis que le voyage s’effaçait. Il fallait dire au revoir à un univers, des personnes, les rendre à l’invisible du vaste monde. Il y avait une mélancolie, une amertume dans l’air, mais pas envers l’autre, non ; envers tout le reste, même si rien n’était à blâmer. Pourtant Jamie ressentait une forme de paix, intérieurement, une plénitude qu’il ne parvenait pas à saisir. Lui habituellement si agité, enflammé par la moindre émotion comme une allumette ; lui qui aurait normalement claqué toutes les portes sous son passage et maudit quiconque sur son chemin dans la plus explosive des sorties ; lui qui n’avait toujours su qu’être dévoré par la colère, l’amour, la peine, la peur jusqu’à sentir l’émotion dans sa chair et tambouriner dans son crâne ; il était calme, résigné, silencieux. Malgré la crispation de son coeur encore gonflé d’affection pour Joanne lorsqu’il posait son regard sur elle, l’anglais avait la conviction qu’ils avaient fait ce qu’il y avait de mieux pour eux deux, pour leur famille. Car ils seraient toujours une famille, au fond, non ? Il y aurait toujours leurs enfants pour les lier à jamais, et les souvenirs de ce mariage qu’ils avaient eu à coeur de ne pas ruiner en cris et en pleurs. Sa tête, ses jambes, son coeur étaient lourds, las, mais il y aurait un après, il y aurait d’autres souvenirs. Simplement pas ceux qu’ils avaient espéré trois ans plus tôt. Joanne lui tendit ses alliances, les symboles de toutes ces promesses qu’il n’avait pas su tenir. Il ne l’avait sûrement jamais aimé comme elle le méritait. Il n’était pas armé pour la vie qu’elle lui proposait à ses côtés, et elle n’était pas bâtie pour ce qu’il avait à offrir non plus. Leurs vœux avaient omis cela. “Non, souffla-t-il, le regard vaguement fixé sur les bagues qui lui paraissaient avoir tout perdu de leur superbe. Garde-les ou… jette-les dans le fleuve, si tu en as envie.” Ses épaules se haussèrent mollement. Il ne le prendrait pas personnellement si elle décidait de se débarrasser des bijoux, comme de n’importe quel autre cadeau. Ce n’étaient que des choses. Il était plus important, à ses yeux, de se soucier de ce qu’ils devaient désormais rebâtir sur des ruines ; leur relation, différente, réfléchie, immuable bien que séparés. “Je ne sais même pas ce que je vais faire de la mienne.” ajoutait-il dans un murmure en étirant ses doigts devant lui. Il n’avait pas ôté son anneau et n’avait pas le coeur de le faire dans l’instant, pourtant le brun savait qu’il le devait. Ce chapitre était clos, il fallait agir en conséquence. Non sans effort, il parvint à faire glisser l’alliance le long de son doigt qui en avait pris l'empreinte. Il la glissa dans une poche, sans cérémonie. Le fleuve sonnait comme une bonne idée afin d'enclencher le reste ; après tout, un divorce amenait une forme de deuil comme une autre, et ils devaient répendre ces cendres quelque part.

Joanne devait boucler son déménagement, cela lui garderait l’esprit occupé pendant un moment sans doute. Jamie, lui, s’était décidé à rentrer en Angleterre quelques semaines. Ils auraient ainsi chacun du temps pour prendre du recul et organiser leurs vies. Il fallait avouer que dans sa volonté de mettre de la distance entre lui et les événements de Brisbane, le brun avait manqué de penser aux enfants avant de songer à ce dont lui avait besoin. Cependant, la jeune femme en ayant désormais la garde, il estimait que s’effacer du paysage pendant un temps permettrait à celle-ci de former les fondations d’un nouveau quotidien avec Daniel et Louise avant de les dépayser encore une fois avec un mode de garde nouveau. Ils avaient besoin de périodes de calme au sein de cette transition. A dire vrai, cela l’arrangeait de penser de la sorte. “Ils sont tout petits, ils s’habitueront rapidement.” répondait Jamie aux inquiétudes de son ex-femme. Ils n’étaient pas en âge de blâmer qui que ce soit pour la situation, c’était à peine s’ils pouvaient la comprendre. Peut-être s’inquiéteraient-ils, au début, de l’absence de leur père, mais il ne doutait pas qu’ils prendraient le pli de cette nouvelle dynamique en l’espace de deux ou trois mois. “Ils ne se souviendront probablement jamais d’une période où nous n’aurons pas été divorcés, il ajouta, le regard baissé. Surtout Louise. Ça sera… leur normalité.” C’était peut-être ce qui lui fendait le coeur le plus dans toute cette affaire. Jamie avait la sensation qu’il ne connaîtrait jamais la joie d’une famille unie, mais au delà de sa propre expérience, il l’imposait à ses propres enfants. Le modèle père, mère et bambins sous le même toit, la sécurité et le réconfort d’un foyer stable et solide ; cela n’avait pas été son modèle en grandissant, et cela lui était encore refusé cette fois. Peut-être était-il de nature trop dysfonctionnelle pour ces schémas. Peut-être ne pouvait-il s’empêcher de répéter les erreurs du passé, celles qui avaient forgé son propre environnement lorsqu’il était enfant et malléable, comme Daniel et Louise désormais. Il avait toujours redouté d’être le reflet de son père. Il avait espéré briser les cercles vicieux. Ce n’était pas pour cette fois.

“Tu es pressée ou tu as le temps pour un café ?” reprit-il en enfonçant ses mains dans ses poches, le regard toujours posé sur le bout de ses chaussures. “Je me dis que… Cette journée peut être difficile, mais elle n’a pas besoin d’être mauvaise.” Après tout, leur divorce n’était pas une mauvaise chose. Derrière l’échec, la déception, la peine que tout ceci leur causait, signer ces documents étaient probablement une dernière preuve d’amour. Ils étaient capables d’admettre la défaite et de s’autoriser à reprendre leurs vies chacun de leur côté, le tout sans rancœur, sans colère, sans haine. Ils s’étaient battus, ils avaient affronté le courant, ils avaient perdu. Mais tout n’était pas terminé, et l'horizon n'avait pas besoin d'être sombre. “Et se quitter de manière aussi… brute, well, ça rendrait la journée plutôt mauvaise.” Jamie esquissa un rictus timide. Il avait conscience que la proposition pouvait paraître incongrue, pourtant il ne s’imaginait pas laisser Joanne là, partir, et mettre fin à ce moment de manière aussi abrupte. Ironiquement, il n’y avait personne d’autre au monde qui soit en mesure de comprendre ce qu’il ressentait à cet instant que la petite blonde, et il avait la sensation que se tenir compagnie le temps que leurs esprits digèrent le divorce leur permettrait de se soutenir mutuellement. Et cela était le genre de relation qu’il espérait pour eux, une fois qu’ils auraient le courage de quitter le palais de justice. La certitude que malgré tout, ils seraient présents l’un pour l’autre.

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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyVen 26 Mar 2021 - 16:30

IN THE SHADOW OF YOUR HEART
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La familiarité de ce sentiment de vide qui avait immédiatement frappé Joanne après avoir signé les papiers du divorce la contrariait. Jamais n'aurait-elle pensé y être confrontée un jour à nouveau, et pourtant. Un sentiment de déjà-vu, que de quitter officiellement un homme pour qui elle avait encore indéniablement de l'affection, qu'elle vivait péniblement. Ce fut probablement à cet instant précis que la foi qu'elle avait jusqu'alors tant placé dans le mariage et ses principes commençait à fâner. Elle y avait toujours cru, dur comme fer, à ce lien indéfectible que représentait le mariage. Voilà que sa deuxième union venait de se briser, et avec lui, une partie d'elle-même. Peu à peu, elle finirait par ne plus vraiment y croire. Totalement éteinte, elle ne savait que faire de ce sentiment de vie qui l'envahissait peu à peu, alors que son deuxième ex-mari l'avait approché. Il aurait très bien pu  aller tourner les talons, vaquer à ses occupations sans trop soucier de ce que Joanne allait faire du reste de sa journée. Noyée dans des incertitudes qu'elle laissait sous silence, la petite blonde tentait désespérément de faire une rétrospective des années partagées avec Jamie. Les bons moments comme les mauvais, les rires autant que les pleurs, les événements les plus marquants. Pourtant, elle n'avait aucune idée de la façon dont les prochains jours, les prochaines semaines et les prochains mois allaient se profiler. Elle avait des impératifs à remplir, oui. Mais qu'en était-il du reste ? Elle s'isolerait de beaucoup de monde, probablement, à ne se concentrer que sur ses projets en cours. Le visage fermé, elle proposait à Jamie de récupérer l'alliance et la bague de fiançailles. Il n'en voulait. "Je ne veux pas les jeter." souffla-t-elle tout bas, les yeux toujours rivés sur les bijoux, avant qu'elle ne les range précieusement dans son sac à main sans ajouter quoi que ce soit. A son tour, le beau brun fit quitter son annulaire l'anneau symbolique pour le loger dans sa poche. Voilà qui rendait les faits encore un peu plus concrets. Il était curieux qu'ils ne se soient souciés de cela qu'une fois les papiers signés. Jamie aurait très bien pu prendre de l'avance là-dessus, peut-être pour s'y résoudre plus rapidement. Joanne aussi, d'ailleurs. Mais il lui avait été impossible de s'en défaire avant le jour fatidique. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire, se répétait-elle constamment, dans l'espoir d'en finir convaincue, un jour. Ils donnaient raison à tous ceux qui n'avaient jamais cru en leur couple. Trop différents pour que cela puisse fonctionner. Ils avaient la prétention de croire qu'ils étaient au-dessus de tous les préjugés, de toute la méfiance des autres. La chute n'en fut que plus rude.

Si Jamie, lui, vivait un étrange sentiment de paix, Joanne, elle, avait l'impression de n'être que dans ses propres tourments. Les remises en question allaient bon train, ses interrogations sur son futur la faisaient profondément dans ses pensées sans que l'on ne puisse l'en extirper. Jamie allait partir quelques semaines dans son pays natal, période durant laquelle son ex-épouse allait rapidement devoir finaliser son déménagement et s'adapter à son nouveau rythme de vie. Elle avait fait un petit peu réaménagé sa maison à Toowong. La chambre d'amis était devenue celle de Louise et Joanne aurait aimé ajouter une pièce supplémentaire pour en faire son bureau. Ce projet ne serait réalisé que dans un second temps. Elle n'aurait pas le temps de prendre le même recul, elle ne se l'accorderait de toute façon pas. Tout son temps libre, elle ne le consacrerait qu'à son doctorat. Persuadée que leurs enfants allaient souffrir de la séparation de leurs parents, Joanne fit part de ses appréhensions. Certes, ils étaient encore tout petits, mais elle restait persuadée qu'il y aurait tout de même une forme de traumatisme. Les enfants avaient une capacité exceptionnelle d'adaptation; ils s'y faisaient bien plus vite que n'importe quel adulte. Joanne avait cette peur que d'être jugée par ses propres enfants, qu'ils ne fassent pas preuve d'indulgence ou de pardons les jours où elle pourrait les décevoir. Cette idée n'avait été initialement qu'une graine. Mais elle avait fini par germer et ses racines s'étaient attachés aux rouages de ses raisonnements parfois tirés par les cheveux. Peut-être serait-ce également la source d'une remise en question quant à ses capacités à être mère. Elle n'en était pas à ce stade. Mais elle se posait la question, parfois. "Tu as sûrement raison." souffla-t-elle, le regard bien bas. "Je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour eux." C'était normal, dirait-on, elle était leur mère. Mais ce sentiment s'était tout simplement majoré ces dernières semaines. Ses doigts qui jouaient instinctivement entre eux en disaient long sur sa nervosité.

La suggestion de Jamie était surprenante. A dire vrai, Joanne nse basait que sur sa propre expérience du divorce, s'étant ainsi dit qu'ils reprendraient chacun leur route dès que tout était finalisé. Avec Hassan, du jour au lendemain, il ne s'était plus revu pendant plus d'un an. Et là, Jamie lui proposait un tout autre scénario. Elle se sentait prise au dépourvu et avait analysé sa question un peu plus longtemps qu'elle ne l'aurait peut-être du. Mais encore sonnée par la concrétisation de leur divorce, Joanne était perdue. "... Non." bégayait-elle. "Enfin, je veux dire non, je ne suis pas pressée." Sa gorge serrée rendait sa voix tremblante et hésitante. A dire vrai, Joanne se battait afin que la moindre larme ne soit pas versé. Pas devant lui, en tout cas. Dire que la journée était difficile était un bel euphémisme. Il ne devait pas la vivre comme elle pour qu'il ne la qualifie pas de mauvaise. Leur séparation était pour eux la meilleure chose à faire. Un brin d'optimisme  que Jamie saisissait bien mieux que son ex-épouse. Si lui voyait par là le meilleur moyen de reprendre chacun sa vie en main et d'espérer finir heureux, Joanne elle le vivait comme un nouvel échec. De ce fait, cette journée lui était naturellement pénible. Elle aurait supposé que Jamie aurait peut-être d'autres choses à faire que de désirer boire un café avec elle. "Pourquoi pas, oui. Pour le café. finit-elle par dire avec un rictus forcé et bien peu encline à lui partager combien la journée était déjà mauvaise pour elle. "Allons-y." dit-elle dans un souffle court. L'ancien couple quittait finalement le palais de justice dans une marche fort silencieuse. Il y avait un petit café qui se trouvait à quelques pas d'où ils se trouvaient. Ce n'était que lorsqu'ils étaient tous les deux installés autour d'une petite table que Joanne relevait les yeux vers lui. Joanne s'était préparée depuis longtemps pour le divorce, mais pas pour l'après. Elle n'avait pas songé à ce que deviendrait sa relation avec Jamie, ce qu'elle avait devenir, une fois que les maux seraient un peu soulagés. Bientôt en partance pour Londres, son absence allait probablement aussi permettre à la blonde de prendre un peu de recul. L'envie de s'enfermer dans sa propre bulle était plus que présente, mais elle ne pouvait pas se le permettre avec deux enfants à charge. Son esprit en ébullition programmait déjà les prochaines semaines, et de ce fait ses yeux ne lisaient pas l'énumération des boissons disponibles sur le menu. Elle n'avait  pas grand chose à dire, de toute façon. Il lui semblait bien indiscret de s'intéresser à ce qu'il ferait de son voyage à Londres et parler d'autre chose lui était tout aussi peu naturel. Tout était encore trop frais pour savoir si elle pouvait avoir une relation similaire à celle d'Hassan, avec Jamie, ou si les circonstances les feraient prendre un tout autre chemin. Bien sûr qu'elle espérait qu'ils soient dans les meilleurs termes possibles. Néanmoins, elle se le refusait de le prendre pour acquis, ne cherchant plus à avoir la moindre attente pour quoi que ce soit. Elle s'adapterait selon ce qu'elle aurait. "Nous avons donné raison à beaucoup de personnes, aujourd'hui. En signant les papiers." dit-elle tout bas, enfin résolue à briser un peu ce mutisme plutôt commun chez elle. Cette fatalité là était d'autant plus difficile à accepter que tout le reste. Elle était triste, si triste. Une fois son choix sur la boisson chaude faite, ses mains se reposaient sur ses propres genoux, à reprendre leur jeu parfois douloureux. Complètement lessivée, Joanne regardait dans le vide. Elle replongeait dans ses pensées avec une facilité souvent consternante. "J'aurais tellement voulu leur donner tort, cette fois-ci. Juste une fois." Agacée qu'un trop grand nombre de personnes de son entourage pensait savoir mieux que tout le monde ce qu'il y avait de mieux pour elle, Joanne avait tenté plusieurs fois, avec les armes qu'elle avait à sa disposition, de se faire entendre. Mais on ne la pensait pas crédible, on pensait qu'elle s'était laissée totalement envoûtée par ce romantisme qui l'avait toujours bercé. Au final, la petite blonde avait fini par couper les ponts avec un certain nombre de personnes, dont sa propre famille, ses propres parents. Peut-être que je ne suis finalement pas faite pour ça, se disait-elle depuis quelques jours. Elle s'éclaircit finalement la voix. "J'ai pu obtenir mes deux semaines pour le voyage en Italie, en avril." Ca, c'était un sujet de conversation qui passait tout seul, sans faux pli. "Je suis contente que ça a été accepté. Le programme restera très chargé malgré tout, mais..." Elle acquiesça d'un signe de tête. Certes, elle travaillerait comme une acharnée, mais ces deux fameuses semaines allaient sûrement lui faire le plus grand bien. "Ca me permettra aussi certainement d'essayer de prendre un peu de... de recul, par rapport à tout ça. Sans avoir les enfants à gérer." Un impératif en moins qui allait probablement lui faire d'abord très bizarre. "Ca ne te gêne vraiment pas, d'avoir les enfants avec toi deux semaines ? Sinon je peux toujours raccourcir et n'en faire qu'une, si vraiment. Je ferai en sorte de tout caser dans ce laps de temps là." Ils en avaient déjà discuté, certes, mais Joanne culpabilisait quand même de partir aussi longtemps.
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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyLun 29 Mar 2021 - 20:02

► In the shadow of your heart
@Joanne Keynes & JAMIE KEYNES

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Jamie était bien plus inquiet à propos des enfants qu’il ne voulait bien le montrer. Cependant il n’avait pas l’intention de céder à quelconque forme de panique ou de paranoïa à ce sujet. Il avait lu quelque part que les premiers souvenirs des bambins se créaient autour de l’âge de trois ans -il avait effectué la recherche afin de se rassurer à ce propos. Leur fils avait cinq ans, leur fille bientôt deux ans. Daniel était susceptible de se rappeler du divorce, d’un changement, d’une rupture et d’un nouveau quotidien auquel il avait fallu s’adapter, mais sa préservation tout au long de la procédure ne rendrait certainement pas l’expérience traumatique. Louise, elle, n’aurait jamais la moindre idée de ce qu’il s’était passé en dehors de ce que ses parents voudront lui expliquer lorsqu’elle sera plus âgée. L’anglais ne doutait pas que lui et Joanne sauraient garder de bons rapports et ainsi ne pas tomber dans les classiques guerres de divorcés consistant à retourner la progéniture l’un contre l’autre. S’ils parvenaient à former une harmonie, les enfants n’avaient pas de raisons d’être en colère ou blessés par cette séparation. Ils auraient deux maisons, tout simplement. Néanmoins cela était l’aspect de la situation qui navrait le plus le brun, l’idée que son fils et sa fille n’aient aucun souvenir des moments où ils formaient une famille et que la seule chose qu’ils connaîtraient serait ce cycle de visites chez leur père un week-end sur deux. Il aurait voulu qu’ils connaissent les sorties tous ensemble, les anniversaires, les dîners, les soirs devant la télévision tous entassés avec les chiens, et les brunch à côté de la piscine. Tout ce qui n’avait pas été bon à jeter dans ce mariage. Cela ne demeurerait que dans les esprits de leurs parents et les récits qu’ils en feraient pour leur expliquer que, non, papa et maman ne s’étaient pas séparés parce qu’il n’y avait plus d’amour, mais ils ne pouvaient plus être ensemble pour autant. L’anglais avait conscience que sa tentative de rassurer Joanne ne serait pas suffisante pour qu’elle ne se torture pas l’esprit, et personne ne pouvait l’en blâmer. “Parce que tu es une bonne mère.” lui assurait-il à propos de ses inquiétudes. Si elle ne se préoccupait pas de l’impact du divorce sur les enfants, alors pourrait-on douter de sa gestion de la situation. Mais elle voulait le meilleur pour eux, faire en sorte qu’il ne leur arrive aucun mal et qu’ils soient heureux malgré tout. Au fond, ils avaient été une partie des raisons qui avaient précipité ce divorce ; il n’était pas question qu’ils souffrent de la médiatisation de leur père et de son impact sur leur couple. Ils méritaient mieux que de souffrir des erreurs du Keynes comme lui avait souffert de celles de son propre père.

Sa proposition de passer un moment supplémentaire ensemble autour d’un café prit la jeune femme par surprise, mais elle ne refusa pas, et il en fut soulagé. Jamie avait le coeur brisé à l’idée de tout simplement quitter le palais de justice et laisser Joanne derrière lui de manière abrupte, que se séparer sur cette signature soit leur souvenir de cette journée et la première note donnant le La de la suite de leur relation de divorcés. Il souhaitait que leurs nouveaux chapitres démarrent sous de bons auspices, quitte à ne discuter que de la météo. Ils se rendirent dans un café juste de l’autre côté de la rue. Le temps était assez plaisant pour s’installer en terrasse, néanmoins le brun eut le pressentiment que l’objectif d’un appareil était rivé sur eux et il préféra l’intimité de l’intérieur. Tout nouveau développement dans les conséquences de l’affaire Mina était bon à mettre en ligne, et le divorce des Keynes était très certainement un clickbait à ne pas manquer. Jamie porta son choix sur un thé noir sans même jeter un oeil à la carte. Quelque chose de classique ferait l’affaire, il changeait rarement ses habitudes. Parallèlement, Joanne regrettait que leur séparation fasse la joie de leurs détracteurs. L’on avait jamais manqué de leur souligner à quel point ils étaient mal assortis en terme de personnalité, depuis les quidams jaloux jusqu’aux propres parents de la jeune femme. “Est-ce que ça a vraiment une importance ?” souffla Jamie, les épaules basses. Définitivement dégoûté de l'œil du public, la manière dont l’ouverture de la Fondation avait été travestie en opération de communication par la presse à scandale, faisant ainsi fi de plusieurs années de travail, avaient achevé son profond désintérêt pour tout ce sensationnalisme. Il avait laissé le regard des autres dicter sa vie pendant un an et cela était déjà bien trop pour son esprit libre, lui qui s’était toujours moqué de ce que l’on pensait de lui. Il était aisé de jongler entre les frasques lorsqu’il n’y avait rien à perdre, mais dès lors que Jamie devint un mari et un père, il était devenu plus conscient des conséquences de sa popularité et des responsabilités allant de paire avec celle-ci. Cela ne l’avait pas empêché de tout ruiner. “Même quand nous étions heureux, ou que nous essayions de l’être, ce n’était jamais suffisant pour que ces personnes ne soient pas sur notre dos. Alors honnêtement, je m’en moque. Nous avons pris cette décision pour nous, personne d’autre.” Et personne d’autre n’avait pris cette décision pour eux. L’avis de qui que ce soit ne devait pas entrer en compte maintenant qu’ils avaient tout à reconstruire chacun de leur côté. S’ils ne se détachaient pas des “on dit”, ils finiraient par se laisser dévorer par eux.

Visiblement le sujet avec lequel Joanne se sentait le plus à son aise en présence de son ex-mari était son doctorat. Elle y avait fait appel à chaque fois qu’elle ne savait plus quoi dire en sa présence, et bien qu’il s’agissait de quelque chose qui réunissait leurs passions communes, Jamie avait bon espoir que leurs conversations ne se résumeraient pas à cela à l’avenir. Non pas parce que la chose ne l’intéressait pas, mais parce qu’il s’agissait d’une zone de confort pour la jeune femme, d’un bouclier derrière lequel elle se cachait, elle et ses émotions. Une solution de repli en somme qui ne faisait que prouver son malaise en la présence de l’anglais. Lui espérait qu’un jour elle puisse de nouveau discuter de tout avec lui et qu’ils s'affranchiraient de la formalité d’un rapport d’ex-époux. “Parfait. Je préviendrai l’équipe de te réserver le meilleur accueil.” fit-il avec un fin sourire. Afin que Joanne puisse partir en Europe pendant deux semaines dans le cadre de son doctorat, Jamie avait accepté de garder Daniel et Louise autant de temps chez lui. Puisque la jeune femme quittait le domicile avec les affaires et le mobilier auquel ils étaient habitués, le brun devait refournir les chambres avec des éléments neufs pour leurs visites. Il serait prêt pour leur venue le mois suivant. Les jouets, eux, avaient été divisés entre les deux foyers. “Joanne, ça ne me dérange pas, et ça ne me dérangera jamais de m’occuper de mes enfants, qu’importe la durée de la période.” lui assura Jamie avec douceur. Au contraire, toute excuse afin de passer plus de temps avec eux que ce que la décision du juge avait ordonné serait bonne à prendre. Les garder le soir, les chercher à l’école si elle était trop prise… Il continuerait dans la direction qu’il avait prise toute l’année les concernant, et il ne laisserait pas la garde alternée faire de lui le père absent qu’il avait toujours redouté. “Fais ce que tu as à faire et ne t’inquiète pas du reste.”

Les boissons chaudes arrivèrent rapidement. Jamie ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel en constatant que son sachet de thé avait déjà été plongé dans l’eau de la théière miniature -qui était bien trop brûlante à première vue. Les herbes allaient cuire et infuser trop longtemps, ce qui rendrait le thé noir plus amer encore. Il ne pouvait rien espérer de mieux de la part d’un simple café de quartier. “Tu as tout ce qu’il te faut pour le déménagement ?” demanda-t-il en versant la boisson dans sa tasse d’un air distrait. Loin de lui l’idée de mettre Joanne à la porte avec précipitation, lui n’était pas à quelques jours près dans les cartons. Il s’assurait surtout qu’elle ne manquait de rien et que la maison de Toowong lui convenait toujours. Il la trouvait bien trop petite, bien sûr, mais il se gardait bien d’en faire la remarque. Lui, de son côté, hésitait à déménager à nouveau. Il avait toujours trouvé sa maison actuelle un peu exiguë et trop moderne à son goût. Elle ne devait être qu’une solution temporaire, à la base, un lieu de transition, mais puisqu’il n’était plus question d’emménager sur la baie, il se retrouvait donc avec une demeure désormais trop pleine de souvenirs.

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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyJeu 1 Avr 2021 - 10:55

IN THE SHADOW OF YOUR HEART
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Quelques années plus tôt, Jamie avait qualifié de façon bien différente les capacités de Joanne à être mère. C'était même tout à fait l'inverse de ce qu'il avait là, devant les doutes et l'inquiétude de son ex-épouse. Il l'avait dit sous le coup de la colère, d'émotions qu'il n'arrivait pas à canaliser. Pourtant, pour l'heure, il était celui qui parvenait le mieux à relativiser, ni à se faire trop d'idées sur les conséquences que leur séparation pouvaient avoir sur leurs enfants. Ils étaient la prunelle de leurs yeux, à tous les deux. Elle esquissa un sourire timide mais nerveux face au compliment du brun. Néanmoins, elle redoutait que le divorce n'entache d'une façon ou d'une autre le bonheur de Daniel et Louise. Ils auraient désormais deux maisons, deux chambres chacun... Deux environnements pour lesquels ils allaient devoir grandir et se forger des souvenirs. Vivre avec des parents divorcés devenait monnaie commune, dans une société où le divorce devenait de plus en plus fréquent. Les mentalités changeaient, ainsi que la façon de partager sa vie avec quelqu'un d'autre. Joanne n'avançait pas aussi vite que l'évolution du monde autour d'eux qui se transformait au quotidien. A ce jour, il lui était impossible de se projeter. Elle ignorait même comment serait sa journée le lendemain. Ni même ce qu'elle aurait fait en quittant le palais de justice avant que Jamie ne lui propose d'aller boire une boisson chaude. Pour quoi, pour combien de temps, elle l'ignorait. Mais elle n'avait pas décliné l'invitation. Elle ne lui en aurait pas voulu, qu'il préfère partir de son côté, vaquer à ses occupations dont elle n'aurait pas connaissance. Comme s'il cherchait à rectifier le tir au plus vite et démarrer cette nouvelle vie sur une note relativement positive, qu'il souhaitait faire prospérer pour le reste de leur vie. Joanne se demandait comment faisait-il pour tourner la page aussi vite, comment parvenait-il à voir autant de l'avant alors qu'ils sortaient à peine de la pièce qui fut témoin de leur séparation, par un simple grattage de papiers. Ou bien voulait-il s'empresser d'enterrer le malaise toujours bien persistant entre eux pour d'autres raisons ? Toutes ces questions, Joanne se les posait lorsqu'elle essayait de se concentrer sur le choix de boisson chaude qu'elle ferait. Elle ne comptait pas interférer dans le futur de Jamie, qu'importe ce qu'il pouvait choisir de faire. Elle n'interviendrait que si cela impacterait de façon négative leurs enfants. Après s'être enfin finalement décidée à prendre un latte macchiato –alors qu'elle ne buvait même pas encore de café l'année passée–, Joanne posait délicatement le papier cartonné glacé sur la table en tendant Jamie n'ayant cure des avis extérieurs. "Il y aurait eu quelque personnes à qui..." soufflait-elle d'un air bas. Finalement, sa phrase fut avortée et n'en donnait pas la fin. "... Ce n'est rien." Ils étaient désormais divorcés, qu'il ait connaissance du fond de ses pensées au sujet de leur mariage n'avait plus de réel intérêt, ni pour lui, ni pour elle. Mais oui, elle aurait bien aimé prouvé à certains de ses proches qu'ils avaient tort, qu'ils auraient du faire confiance au peu d'instinct que la conservatrice pouvait avoir. Ses parents n'étaient pas entrés en ligne de compte lorsqu'ils avaient opté pour le divorce, bien sûr. Comme le Britannique le disait, ils s'étaient avant tout écoutés eux-mêmes pour en venir à cette décision. Jamie se moquait de l'avis des autres. Peut-être avait-il déjà oublié qu'elle ne fonctionnait pas pareil et que même si Joanne avait mis les œillères pour se protéger du regard du grand public, cela l'avait bien plus affectée qu'elle ne voulait bien le laisser paraître.

Dans le but de balayer ces pensées là, et à défaut de trouver autre chose, c'était presque avec un peu trop de naturel que Joanne parlait de son doctorat. Encore une fois. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait discuter avec lui, là, en cet instant précis. Son coeur était lourd et gonflé de chagrin et devoir les contenir l'épuiser. Vivre  un tel événement était usant, éreintant. Alors oui, elle choisissait la facilité. Au moins se parlaient-ils encore. "Merci beaucoup, c'est gentil." répondit-elle lorsque Jamie disait s'assurer que son ex-femme soit accueillie comme il se devait à son arrivée à Florence. "Je t'enverrai quelques photos de l'avancée des travaux." lui dit-elle, avec un rictus timide. Il semblait véritablement tenir à ce que son parcours se déroule sans encombre, que cela lui soit agréable même dans les situations les plus stressantes. Il voulait marquer sa présence, son soutien. Il voulait être là. Encore plus pour ses enfants. Ce pourquoi il insistait sur le fait que la durée de leur garde lui importait peu. Il comptait rester présenter dans leur vie, ne pas s'effacer petit à petit. Elle était touchée par sa volonté, son investissement. Mais il pouvait faire ce qu'il voulait, Joanne serait toujours inquiète. Et si c'était elle qui allait finir par s'effacer ? Et si les méthodes d'éducation divergeaient trop au point d'être en grand désaccord ? Toutes ces questionnements lui donnaient le vertige. "Merci." répétait-elle en ayant la gorge serrée et ses iris clairs et émus enfin levés vers lui. Il aurait très bien pu le lui refuser, pour une raison ou pour une autre. "Je t'en suis quand même très reconnaissante." Ses épaules se haussèrent légèrement. "Je ne peux pas m'empêcher de me dire que j'exagère déjà, même si je sais que tu prendras toujours plaisir à passer autant de temps que possible avec les enfants." dit-elle, le regard fuyant. Ils avaient tous les deux conscience que ça n'allait pas être l'unique voyage qu'elle se devrait de faire dans le cadre de ses recherches. Elle supposait que cette impression, elle l'aurait à chaque fois qu'elle demandera à ce que l'on s'occupe d'eux pour qu'elle puisse avoir du temps libre pour elle. Elle minimiserait au possible ces demandes, bien sûr. "Et je ne voudrais pas que tu finisses par avoir l'impression que tu ne passes du temps avec eux que lorsque ça m'arrange." Sa phrase était peut-être mal formulée, mais elle se doutait qu'il comprendrait. "Tu passes du temps avec eux quand tu le souhaites. Vraiment." Ils en avaient déjà discuté, longuement. Elle préférait tout de même le lui rappeler. Un simple coup de fil ou un message et elle s'arrangera pour que ça fonctionne.

La petite blonde n'allait pas tarder à retrouver sa maison à Toowong. Elle avait pris le temps de rafraîchir un petit peu la décoration, à réorganiser les pièces pour que cela lui semblait à la fois pratique et un tant soit peu esthétique. "Oui, j'ai tout ce dont j'ai besoin. Enfin, je crois." dit-elle doucement tout en entourant sa tasse de ses doigts naturellement froids. "J'ai changé quelques détails pour apporter un peu de nouveauté." Joanne n'avait pas la prétention de dire qu'elle était douée en matière de décoration. Elle gardait un esprit parfois très pratique, surtout depuis qu'elle était devenue mère. "J'envisage de faire quelques travaux. Peut-être agrandir le séjour ou bien ajouter une pièce. Je ne sais pas encore. Mais l'objectif est d'avoir un espace bureau où je peux tout laisser sans avoir à ranger à chaque fois ou sans craindre que les enfants ne soient tentés de dessiner sur toute la paperasse." expliquait-elle, d'un rire nerveux. "Ce ne sera pas avant un moment." Elle fut songeuse pendant quelques secondes, son esprit complexe turbinant à vive allure. "J'ai besoin de temps pour... Me faire à tout ça. De nouvelles habitudes, un nouveau quotidien, un nouveau rythme." Besoin de temps par rapport à Jamie, aussi. Endurer le divorce, prendre du recul, envisager la suite de leur relation alors que lui avait déjà une idée plutôt précise de son devenir. Le retour à la vie de mère célibataire. "Sais-tu déjà ce que tu prévois de faire, quand tu seras en Angleterre ?" Même s'il avait tout fait pour en être le plus éloigné possible, le Britannique souhaitait désormais se rapprocher pendant un temps de ses racines. Pour s'y ressourcer ou pour trouver peut-être des réponses à des problèmes jusqu'ici irrésolu. A moins que le seul but était, cette fois-ci, de mettre autant de distance possible entre Brisbane et lui. Entre Joanne et lui. "Je ne voudrais pas être indiscrète." se permit-elle de préciser avec un sourire gêné. Ils ne se devaient désormais plus rien. Rien ne l'obligeait à parler de tout ceci, surtout quand elle, de son côté, se retrouvait dans l'incapacité de partager son ressenti. Elle se dissimulait derrière des sujets faciles ou qui s'éloignaient considérablement d'elle.
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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptySam 24 Avr 2021 - 22:43

► In the shadow of your heart
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S’il n’était pas dans d’aussi bonnes dispositions, Jamie se serait sûrement vexé de la manière dont Joanne s’assurait qu’il ne serait pas gêné par la présence de ses propres enfants chez lui pendant quelques semaines. Il ne comprenait pas comment la jeune femme pouvait insister sur ce point alors qu’ils s’étaient arrangés à ce sujet plusieurs jours plus tôt. Il ne saisissait pas non plus qu’elle puisse douter du plaisir qu’il aurait d’avoir la chance de profiter de son fils et de sa fille pendant des journées entières tandis qu’il subirait leur absence et leur manque le reste du temps. Pour qui le prenait-elle ? Il n’était pas de ces pères qui voyaient leurs enfants comme une corvée et s’il y avait une chose essentielle que le brun avait tiré de cette dernière année c’était une volonté renouvelée d’être présent pour eux. Alors il était évident à ses yeux, et impossible à remettre en question, qu’il serait le plus heureux des hommes pendant autant de temps que durerait l’absence de Joanne. Cependant, ce n’était plus son rôle d’essayer de comprendre les méandres de l’esprit de l’australienne, et se renfrogner à la première remarque de sa part serait contre-productif vis-à-vis de sa volonté de conserver un bon contact après le divorce. “Je pars trois semaines, qui de nous deux exagère ?” souligna-t-il en faisant rouler ses yeux vers elle. Mais prôner la logique avait rarement un effet sur Joanne et ses angoisses irrationnelles. Cela l’avait toujours irrité. Leur séparation rendait simplement cela moins préoccupant pour lui. Elle lui assura que malgré le jugement dont ils venaient d’être l’objet, son droit de visite ne serait pas aussi restreint que ce que la Cour souhaiterait. Un week-end sur deux n’était pas assez pour être un père, ils s’accordaient sur ce point. L’équilibre qu’ils trouveraient était encore incertain, mais l’anglais ne doutait pas que Joanne avait autant à coeur que lui que leurs enfants grandissent avec deux parents également présents. “Je sais.” il souffla avec un fin sourire. Là-dessus, il pouvait compter sur elle.

Il en profita pour s’assurer que la jeune femme n’avait besoin de rien pour emménager de nouveau dans sa maison à Toowong. Il ne pouvait s’empêcher de songer à celle dont la construction venait de s’achever et qui ne serait jamais leur cocon. Au lieu de cela, ses enfants allaient grandir dans une maison minuscule dans un quartier triste de la ville. Cela n’était pas ce qu’il avait rêvé pour eux, pour sûr. Joanne avait rendu assez clair que maintenir la cohérence du train de vie dont les Keynes étaient en droit de bénéficier pour Daniel et Louise ne l’intéressait pas, qu’importe dans quel sens Jamie avait tenté de lui faire entendre raison. Lui qui ne se retenait jamais de proposer son aide s’abstint, cette fois, de suggérer à la jeune femme de financer une partie de l’agrandissement de sa maison ou d’augmenter la pension temporairement dans ce but. Elle refuserait, et lui ne souhaitait pas s’imposer l’affront. “Qui ne voudrait pas d’un canard sur sa déclaration d’impôts ?” plaisantait-il plutôt que de traduire ses pensées honnêtement. Qu’il lui suggère de faire passer les travaux en priorité ou de faire appel à de l’aide comme une nounou pour les premiers mois de ce quotidien chamboulé, Jamie savait qu’il parlerait à un mur. Un mur bien plus fier qu’elle ne le laissait paraître. Elle n’avait pas besoin de ses suggestions, de ses conseils ou de la profusion de ses mains tendues, à la fois bienveillantes et paternalistes malgré lui. Il était à sa place lorsqu’il lui proposait son aide dans le cadre de son doctorat puisque lui seul était en mesure de faciliter ce projet. Du reste, Joanne était une femme adulte et une mère prenant ses propres décisions et capable de jauger de ce qui était le mieux pour ses enfants. Tant pis si cela ne collait pas à l’idéal du père.

La semaine suivante, le Keynes avait prévu de se rendre en Angleterre. Il y craignait toujours autant l’opinion publique, mais le besoin de mettre de la distance entre les événements de Brisbane et le mal du pays avait finalement eu raison de son appréhension. Que pouvaient-ils lui faire là-bas qui ne lui avait pas déjà été fait ici ? Le planning n’était pas défini, mais une chose était certaine, Jamie comptait garder l’esprit occupé. “Travailler, un peu. Entre la Fondation et le domaine, il y a toujours quelque chose à faire.” répondit-il à Joanne. “Les employés du château me tannent pour ouvrir les portes au public plus souvent.” Ils s’ennuyaient probablement, d’une part, et de l’autre, plus de jours de travail signifiait quelques livres supplémentaires à l’année. Jamie misait sur ces motivations plus qu’une quelconque envie d’exposer l’intérieur de la bâtisse austère aux touristes. Les locaux, eux, se contentaient parfaitement de l’accès aux jardins. “Il y aurait des rénovations à prévoir aussi, apparemment.” Un bâtiment aussi vieux tombait continuellement en ruines de toute manière, il ne passait pas un jour sans que quelque chose ait besoin d’une réparation. Cependant, sur place, l’anglais aurait une meilleure idée de l’ampleur des besoins de cette année pour retaper le château et continuer de le maintenir sous respirateur pour encore un siècle. “Je devrais juste vendre cet endroit et mettre ses fantômes sur les bras de quelqu’un d’autre.” soupira-t-il avec amertume. Mais ce qu’il ressentait à propos du domaine Keynes n’avait pas sa place ce jour-là, pendant cette conversation. Il ravala le tout avec une gorgée de thé. Il ne pourrait jamais se résigner à vendre. Sa haine pour ses parents ne dépasserait jamais la valeur de pareil héritage, de ce patrimoine. S’il s’en séparait, il s’en voudrait immédiatement, il le savait. “Je rendrai visite à ma mère aussi, sûrement.” il reprit. Elle l’appellerait Oli encore une fois, hurlerait son déni de la réalité, puis elle finirait par le reconnaître et le traiter de raté ou de judas. Il se jurerait une fois encore de ne plus y retourner, puis il y retournerait à l’occasion suivante. Au fond, en dehors de ses propres enfants, Marie était la seule famille qui lui restait désormais. Jamie ne se résignait pas à tirer un trait dessus. En revanche, il avait conscience que ni Daniel ni Louise ne connaîtraient un jour le moindre de leurs grands-parents paternels. En dehors du matériel, d’un pourcentage probablement trop haut de consanguinité dans le sang, ainsi que l'appétence pour des maladies mentales, il avait bien peu de choses à leur transmettre. “Je passerai le bonjour de ta part aux équipes de la Fondation.” ajouta Jamie avec un léger sourire, retrouvant un sujet plus agréable. Il avait la ferme intention de s’y rendre avec les bras débordant de cadeaux pour les salariés. Cela demeurait toujours la meilleure manière de se faire pardonner son absence, n’est-ce pas ?

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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyDim 25 Avr 2021 - 23:37

IN THE SHADOW OF YOUR HEART
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Le chamboulement qui s'associait tout naturellement au divorce incitait la jeune femme à remettre beaucoup de choses en question. Elle se demandait si Jamie ne ressentait pas la même culpabiliité à l'idée que d'être éloigné aussi longtemps de ses enfants. Même si ce voyage était dans son intérêt afin de prendre le recul nécessaire pour reprendre sur de meilleures bases. Un retour aux racines indispensable, bien qu'il avait tout fait jusque là pour ne plus y être associé. Peut-être que ce n'était qu'elle, mais Joanne avait l'impression que ses paroles avaient généré une légère tension. Mais ni lui, ni elle, ne semblait avoir la volonté de le relever et de le pimenter davantage. La journée était déjà assez éprouvante pour eux deux. "Tu en as besoin, de ce voyage." répondit-elle doucement, avec un rictus hésitant. Elle le comprenait qu'il en ait besoin. Joanne avait encore beaucoup d'empathie pour lui. Le seul sujet sur lequel ils n'étaient pas dans un profond désaccord était celui des enfants. Il était hors de question qu'ils soient privés de leurs parents, ou limités de les voir par la législation. Ils s'arrangeraient entre eux. Ils avaient le mérite d'être d'accord là-dessus. Un sujet en moins à débattre. Jamie savait que Joanne ferait tout son possible pour répondre à ses attentes à ce niveau-là, faire en sorte que ça fonctionne. Elle lui rendit son sourire, bien que le sien fut bien plus mesuré. Afin de prendre également un nouveau départ de son côté, Joanne avait un petit peu rafraîchi la décoration de sa maison à Toowong. Elle avait un projet d'agrandissement, qu'elle préférait temporiser. Avec ses propres économies et la pension versée par Jamie mensuellement, elle aurait amplement les moyens financiers de mener ces travaux à bien. La petite blonde sourit à la plaisanterie de son ex-mari. "Peut-être que ça me ferait gagner quelques bons points, qui sait." répondit-elle tout en plaçant ses doigts autant de son mug. "Mais je doute que l'art encore très abstrait de Louise soit apprécié à sa juste valeur." plaisantait-elle à son tour. Joanne savait que Jamie n'aimait pas la maison dans laquelle elle allait vivre. Trop petite, dans un quartier qu'il n'aimait pas vraiment. L'immense écart qu'il y avait dans les milieux dans lesquels ils avaient chacun grandi n'en devenait que plus flagrant. Joanne ne voyait pas l'intérêt de vivre dans une maison aussi grande que celle dont ils avaient rêvé ensemble. C'était bien trop grand pour trois personnes. Joanne y voyait d'immenses espaces qu'elle n'utiliserait jamais; les sols prendraient la poussière et les vitres seraient de plus en plus marqué par les pluies parfois torrentielles de la région. Elle essayait de ne pas être attristée qu'il ne comprenne pas sa vision des choses. Et elle finissait par se dire que oui, annoncer le divorce était peut-être la meilleure chose à faire. Joannne était déterminée à se prouver qu'elle était capable d'être indépendance. Depuis aussi longtemps qu'elle pouvait s'en souvenir, elle n'envisageait rien d'autre qu'une vie à deux, et puis, une vie de famille. Elle pensait ne pas être faite pour être seule. La voilà une nouvelle fois célibataire, mais cette fois-ci mère de deux enfants. Elle voulait savoir si elle était capable de gérer sa vie telle qu'elle était, sans nécessairement faire appel à qui que ce soit. Il y en avait qui devaient bien se débrouiller seule, pensait-elle, alors pourquoi pas elle ? Le résultat se montrerait au bout de quelques temps. Si elle allait effectivement être dépassée, elle prendrait probablement un certain temps pour l'accepter et trouver des solutions. Mais là n'était pas encore la question.

Jamie avait de quoi faire une fois qu'il aura mis le pied dans son pays natal. Des impératifs qui lui tenaient à coeur. "Et tu comptes le faire ouvrir plus souvent ? Ou tu ne préférerais pas ?" lui demanda-t-elle, curieuse de savoir s'il avait davantage réfléchi à cette question. Le manoir du Kent avait un passé chargé de nombreuses histoires. Depuis des générations et des générations, ils possédaient ces murs et ces terres. Qui sait tout ce qui avait pu se passer. Joanne ne s'était pas véritablement plongée dans l'histoire de la famille de Jamie et ce dernier ne s'en vantait pas vraiment non plus. Mais elle n'en restait pas moins curieuse, de connaître ses secrets, les racines de cette famille. "Il s'agirait de rénovations importantes ?" lui demanda-t-elle. Entre changer toute une toiture et refaire les joints de la salle de bain par exemple, le degré de rénovations était bien différent. "Je suppose que ce ne doit pas être évident de trouver des artisans qui sont spécialisés dans la rénovation de ce genre d'édifice." Trouver les bons maçons, les meilleurs ébénistes, des connaisseurs sur l'architecture du manoir,... Joanne supposait que cela requérait des compétences et un savoir-faire spécifiques. Ca ne pouvait pas être réalisé par n'importe quoi. Et là, Jamie parlait de mettre en vente le domaine, ce qui la surprit plus qu'autre chose. "Tu disais aimer y aller, quand tu étais plus jeune." se souvint-elle, le regard soucieux posé sur lui. "Tu songes véritablement à mettre le domaine ?" Elle craignait que s'il se lançait dans cette procédure là, il le regrette, à un moment ou à un autre. "Je pense que même si tu t'en séparais, ces fantômes là seront toujours avec toi." Ce n'était pas la maison qui les maintenait en vie, c'était les personnes qui savaient qu'ils existaient. Jamie aurait beau se débarrasser du matériel pur et dur, il aurait son héritage éternellement lié à lui, qu'il s'agisse de beaux souvenirs ou de toutes ces âmes en peine qui complétaient son arbre généalogique. Au moment où ils discutaient ensemble, il y pensait alors qu'ils se trouvaient au parfait opposé du globe terrestre. Le britannique comptait également passer voir sa mère, bien que chaque visite s'avérait être difficile pour lui à faire. Mais il n'allait décemment pas abandonner sa mère parce qu'elle était placée et que son état mental l'avait totalement détachée de la réalité. Joanne sentait qu'il ne désirait pas s'attarder outre mesure sur ce sujet. Ses parents l'avaient suffisamment fait souffrir et rejeté pour qu'on le lui rappelle en discutant de sa mère. "Avec plaisir. Merci beaucoup." lui répondit-elle lorsqu'il parlait de la Fondation, que Joanne avait dirigé pendant quelques mois. Bien qu'elle y avait renoncé elle-même, la petite blonde avait beaucoup aimé s'investir dans cette cause durant cette période. Elle s'était attachée au personnel, ainsi qu'aux jeunes à qui ils venaient en aide. "J'espère qu'ils se portent tous bien. As-tu des retours récents de comment ça se passe là-bas ?" Si les demandes étaient toujours aussi importantes, si tout se passait aussi bien pour le personnel. Des gens bien. "Ca leur fera plaisir que tu passes du temps avec eux." Ils auraient pu se sentir abandonnés pendant que le président de la Fondation avait concentré beaucoup de son énergie sur le nouveau bâtiment érigé dans le Queensland. "Comme tu t'y consacres entièrement, tu songes à aller en Angleterre plus souvent, pour les voir ou faire avancer des projets que tu as peut-être prévu pour là-bas ?" Le manque évident de communication au sein du couple l'année précédente avait également limité le flot d'informations qu'auraient pu avoir Joanne à ce sujet. Pas qu'elle ne s'y intéressait plus, loin de là. Elle avait simplement d'autre choses à penser. "Tu n'auras finalement pas tant de temps libre que ça, avec tout ce que tu as prévu." lui fit-elle remarquer avec un sourire sincère. Un programme chargé pour se vider un peu la tête. "Tu penses tout de même dormir au domaine ?" Elle s'était posée après que Jamie ait confessé qu'il envisageait peut-être de la mettre. Est-ce que cet endroit le mettait mal à l'aise au point de plus vouloir y dormir ? Ou y trouvait-il tout de même un certain confort et un peu de sérénité ?
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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptySam 15 Mai 2021 - 15:44

► In the shadow of your heart
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Malgré le fait que Joanne validait sans amertume aucune la volonté du Keynes de mettre autant de distance que possible entre lui et Brisbane pendant les prochaines semaines, celui-ci avait conscience de l’égoïsme du geste. Quelque part entre le reproche et le soulagement que lui procurait d’avance ce changement de paysage, Jamie s’efforçait de voir ce voyage comme une nécessité et une manoeuvre saine avant de replonger tête la première dans son quotidien de père divorcé et toute la médiatisation de ces dernières années. Même les vilains dans les histoires avaient besoin de vacances. Ce dont il ne s’agissait pas à proprement parler, à l’entendre énumérer les différentes tâches qui l’attendaient à l’autre bout du globe, à commencer par ses devoirs vis-à-vis de sa région natale et l’héritage qui lui restait là-bas. Il aurait souhaité que Joanne et lui y passent plus de temps, au domaine, cependant cela n’aurait fait que plus de souvenirs à chasser sans relâche. Cela allait être étrange de s’y rendre seul, arpenter toutes ces salles vides, ces grands couloirs, le terrain qui n’en finissait pas. Une disgrâce pour des lieux pensés pour abriter plusieurs générations sous le même toit. Désormais, c’était à peine si les touristes y étaient autorisés moins d’une demi douzaine de fois à l’année. “Je pense que ça serait de l’argent par les fenêtres.” confessa Jamie en toute honnêteté face à l’hypothèse d’ouvrir les portes au public plus souvent. Il voyait les besoins en chauffage, en ménage, les risques d’usures, d’accidents envers le mobilier, les antiquités, les tableaux, et cela n’en valait pas la peine, aussi friand de culture soit-il. “Mais le fils des concierges a suggéré qu’on transforme le manoir en grande maison hantée pour les Halloween et c’est probablement ce qui me botte le plus.” il ajouta néanmoins avec un petit rire. A choisir entre les demandes du club de chasse à la courre et les férus d’histoire voyant les nombreux hectares comme le parfait théâtre de leurs reconstitutions de batailles de la région, Jamie préférait de loin cette option -bien qu’il ne la considérait pas sérieusement. Il se faisait un devoir de protéger les lieux des effets du temps et des Hommes, bien plus que d’en faire une attraction touristique. “On m’a parlé de toiture, de chauffage et forcément d’humidité. La trinité cauchemardesque.” il soupira en faisant la liste des quelques réparations à venir. Cela n’en finissait jamais vraiment ; lorsque la plomberie ne faisait pas des siennes il fallait mettre l’électricité aux normes, et quand une tempête de formait pas un trou entre les tuiles c’était les cheminées qui avaient besoin d’être ramonées. Sans oublier l’entretien des écuries, du lac, des haies et du sous-bois. Le domaine était comme une personne âgée en constant besoin de soins. Dans un sens, il vivait au rythme du monde et survivait à tous. “La région est pleine de ce genre de bâtisses, alors il y a toujours quelques artisans locaux qui savent s’en occuper.” Avec le temps, ces personnes se raréfiaient et les prix s’envolaient, mais les Keynes n’avaient jamais regardé à la dépense lorsqu’il était question de Chilham. Être Lord ne valait plus rien dans le monde moderne, alors ils se raccrochaient à la terre. Le titre n’avait jamais eu d’importance pour Jamie, et la manière dont il en avait hérité lui tordait toujours un peu l’estomac. Pour lui le manoir n’était que le domicile de fantômes sous la forme de souvenirs et d’émotions vouées à se répéter encore et encore jusqu’à être oubliés des vivants. Une enfance dans les grands espaces, des vacances entre Londres, le Kent et la France, les plus grandes parties de chat et de cache-cache qu’on puisse s’imaginer et les balades à cheval. Peut-être parmi les temps les plus heureux que l’anglais ait connus, en réalité. “Non, pas vraiment, admit-il finalement à propos de l’hypothèse d’une vente du domaine. Je sais que je le regretterai immédiatement.” Il ne pouvait pas se détourner de ses racines à jamais, tirer une croix sur cet héritage ; l’instant présent le prouvait, le mal du pays qui l’avait tourmenté pendant des mois, le besoin de renouer avec la campagne verte du sud de l’Angleterre comme on remonterait à la surface en quête d’air. Il n’aurait jamais songé que pareil sentiment soit possible, lui qui en était parti pour ne plus étouffer.

Etait-ce lui qui avait changé, ou était-ce l’âge qui permettait à Jamie de jeter un regard différent sur le passé ? Voilà cinq années que son père était décédé, et le brun voyait d’un oeil nouveau leur histoire et son héritage. La peine et la colère ne l’avaient pas tout à fait quittés, cependant le Keynes n’était plus l’âme torturée qui avait trouvé en Joanne une bouée de sauvetage à laquelle se cramponner. Le calme et la stabilité émotionnelle étaient synthétiques, l’équilibre fragile, mais la différence était réelle. Il suffisait de le voir à cet instant, les mains autour de son thé, pour constater le chemin parcouru. Quelques années plus tôt, il aurait probablement défoulé sa frustration et le sentiment d’échec sur le nez de son avocat ou dans les murs du palais de justice, il aurait explosé devant le juge, craqué sur le parking. Ce divorce l’aurait déchiré de l’intérieur si fort qu’il aurait eu l’impression d’être scindé en deux. La violence de l’émotion l’aurait tordu de douleur. Jamie ne savait toujours pas s’il n’aurait pas préféré ceci à l’atonie intérieure du moment présent, mais une chose était certaine ; si cela avait été le cas, jamais n’aurait-il été capable de continuer à se donner du mal pour sauver ce qu’il restait à sauver de sa relation avec Joanne. Il était trop tard pour leur mariage, mais pas pour leur affection. Il espérait d’autres moments tels que celui-ci, des discussions, différentes sortes de thé. Leurs estomacs seraient moins noués, avec le temps, et feraient de la place pour un scone ou un déjeuner. Ils avaient encore des choses à se dire, il en était convaincu. Ils avaient toute une année de dialogue à rattraper, pour commencer, de petites choses et de grands projets. “J’ai des rapports, régulièrement. Je n’ai pas eu vent de drames en tout cas.” reprit Jamie au sujet de la Fondation en Angleterre. Ce qui avait d’abord été un cadeau empoisonné était devenu sa cause et l’esprit sans repos du brun fourmillait d’idées pour étendre l’action de l’association dans son pays natal et celui d’adoption. D’une certaine manière, tout était mis en pause en attendant le divorce. Maintenant que le chapitre était clos, la machine redémarrerait doucement. “C’est une possibilité, de diviser mon temps entre l’Australie et l’Angleterre. Je n’y ai pas encore assez réfléchi.” Cela lui demandait une énergie toute particulière, mais il était prêt à la mettre dans ces projets. Il avait seulement besoin d’être à Brisbane un week-end toutes les deux semaines désormais. Mais il ne s’imaginait pas disparaître du continent aussi fréquemment et s’éloigner de ses enfants trop régulièrement. Le vieux pays lui sortirait de nouveau par les yeux bien assez vite de toute manière. “Sans doute, il reprit à propos de son séjour à Chilham. J’aime toujours y aller, c’est juste… J’ai des émotions conflictuelles avec tout ce qui est en rapport avec ma famille en Angleterre. Parfois j’ai envie de tout brûler, et d’autres fois j’aimerais ramener tout le manoir brique par brique en Australie.” Comme ces monastères qu’on éloignait des falaises usées par les vagues sur les côtes italiennes. “Et oui, je me suis déjà informé à ce sujet, mais non, je ne le ferai pas.” il ajouta avec un rire. Là se trouvait la ligne rouge de la mégalomanie. La bâtisse ne serait pas de bon goût au milieu du bush de toute manière.

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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyMer 23 Juin 2021 - 0:21

IN THE SHADOW OF YOUR HEART
and a falling star fell from your heart and landed in my eyes.I screamed aloud, as it tore through thema nd now it's left me blind - ft. @jamie keynes

Joanne avait probablement enfermé la plupart de ses émotions dans une boîte, scellée depuis plus d'un an désormais. Parfois, il y avait quelques fuites, comme en ce moment fort qu'était l'officialisation de leur divorce. Son manque de loquacité était relativement naturel, mais dans ce genre de situations, les mots se faisaient rares. Une boîte de Pandore, cette boîte d'émotions qu'elle n'extériorisait absolument pas. Dieu seul savait ce qu'il se passerait le jour où elle s'ouvrirait. Sa passivité actuelle pouvait être mal interprétée. Elle ne s'en fichait pas, que Jamie ait besoin de partir tout ce temps dans ce pays natal. Elle n'avait plus son mot à dire et malgré les rancœurs et les non-dits, elle souhaitait qu'il fasse ce qu'il juge être essentiel pour lui. Alors si ce voyage dans le Kent lui était vital, ce n'était pas elle qui allait s'y opposer. Ca ne lui viendrait même pas à l'idée. Jamie semblait avoir de nombreux impératifs à régler là-bas, à commencer par l'entretien et les travaux du domaine des Keynes. Il ne voyait aucune utilité à déployer des moyens pour augmenter le quota de visites de touristes qu'il tolérait. Peut-être ne voulait-il pas que ce manoir, hanté de nombreux fantômes, ne soit visible par tous. De plus, autoriser les visites demandait de l'organisation, et aussi de l'entretien. Jamie usait d'un petit peu d'humour qui fit sourire timidement son ex-épouse. "Il doit bien y avoir quelques fantômes qui se promènent dans les couloirs et qui seraient susceptibles de leur faire une petite frayeur." Le manoir avait abrité de nombreuses générations des Keynes. Et pendant longtemps, de nombreux décès se déroulaient à domicile. Alors oui, cette vieille bâtisse devait enfermer non seulement quelques secrets, mais aussi plusieurs fantômes. Joanne s'était intéressée de loin aux ancêtres de Jamie, alors que ce dernier ne cherchait qu'à les fuir. Il savait sa famille malade, parfois malveillante. Malgré tout, il gardait une sorte d'attachement à ses racines. "Mais ces réparations en vaillent la peine." lui assurait-elle, connaissant désormais l'ampleur des travaux. "Ce manoir a tant d'histoires, tant de reliques là-bas, tout ceci mérite d'être préservé." Il s'adressait à une conservatrice après tout. Joanne avait toujours tenu à défendre l'histoire et l'histoire de l'art autant qu'elle le pouvait. Alors qu'il n'envisage pas de se débarrasser du domaine la rassurait un peu. "Peut-être y découvriras-tu des trésors que tu n'auras jamais remarqué jusque là." Joanne y avait déjà été allée avec Jamie et ils avaient su se forger quelques souvenirs là-bas également. Elle avait déjà déambulé dans les couloirs et quelques pièces mais si elle s'attardait à chaque élément qui éveillait sa curiosité, elle en aurait pour des heures et des heures d'exploration.

A ce stade, Joanne était très loin d'être dans la même dynamique que son ex-mari, nourri par une volonté certaine de ne pas mettre en échec total leur relation. A défaut d'être mari et femme, il espérait peut-être la considérer comme une amie, en plus d'être la mère de ses enfants. Il avait déjà enclenché tout ce processus, cette forme de deuil, plus que jamais prêt à avancer et à tourner cette page là afin de laisser l'histoire avec Mina derrière lui. Et par conséquent, laisser une partie de son histoire avec Joanne aussi. “Ca me rassure, de savoir que tout se passe bien là-bas.” Elle gardait toujours en tête l’adolescent qui s’était suicidé lorsque c’était elle qui gérait a Fondation. Comment l’oublier ? Jamie se consacrait pleinement à la Fondation. C’était devenu son emploi à plein temps et il s’y attelait avec détermination. Ils fonctionnaient tous les deux de façon foncièrement différente. Ils allaient donc gérer leurs émotions bien différemment au cours des prochaines semaines, des prochains mois. Jamie restait au fond de lui très attaché à sa famille et à son pays natal. Depuis qu'elle le connaissait, elle l'avait vu se battre pour ne jamais ressembler à ses parents, mais gardait une certaine fierté de ses origines. Un paradoxe qu'il entretenait toujours. Elle l'entendait même envisager de partager son temps entre sa terre d'accueil et l'Angleterre. Les voyages jusqu'en Europe étaient longs, et éprouvants. Comptait-il s'absenter entre chaque weekend de garde, ou allait-il renoncer à certains d'entre eux pour passer plus de temps en Angleterre ? Jamie y réfléchissait, ignorant encore comment il allait organiser son quotidien. "Le manoir détonnerait sacrément dans le décor, si tu l'installais ici." lui fit-elle remarquer avec une pointe d'amusement, avec un rictus discret. "Je comprends que tu aies des sentiments partagés, mais à chaque fois que tu m'en parlais, ce n'était que pour de beaux souvenirs. Tu as toujours eu une étincelle particulière quand tu me parlais de cette époque là." se souvint-elle. Surtout des souvenirs avec son grand frère. Elle ignorait pourquoi, mais elle avait gardé un souvenir précis du jour où Jamie lui avait dit qu'Oliver et elle auraient formé un beau couple. "Mais qu'il y avait quand même quelques histoires tristes qui se sont passées entre ces murs." Elle aurait voulu en savoir plus. Joanne jugeait cette curiosité malsaine, sachant très bien que ce n'était pas quelque chose dont il voulait nécessairement parler. "A défaut d'emmener tout le manoir dans ta valise pour le voyage du retour, rien ne t'empêche d'emmener avec toi quelques souvenirs, ceux qui te rendent heureux. Tu aurais un petit bout du manoir chez toi." Une décoration, une photo, un jouet, un livre,  les options étaient infinies. Joanne avait à peine touché à la boisson qu'elle avait commandée. Ses mains restaient collées contre les parois chaudes du mug pendant qu'elle se laissait happer par ses pensées pendant quelques secondes. "Tu penses emmener les enfants un jour avec toi ?" se demanda-t-elle alors. "Quand ils seront tous les deux en âge de se forger des souvenirs." Encore une fois, simple curiosité. "Ca leur appartiendra un jour." Louise et Daniel ne manquaient de rien et n'allaient pas être dans le besoin pendant longtemps. Grâce à leur père principalement, ils disposaient déjà d'un patrimoine conséquent, d'un héritage familial qui, malgré ses défauts, ne devrait pas être négligé. "Ils adoreraient sûrement vadrouiller dans les couloir ou profiter de l'extérieur." Le domaine était immense, ils ne risquaient pas de s'y ennuyer. Cela aurait pu être un projet qu'ils auraient pu faire tous ensemble. Le projet était toujours possible, il n'y aurait simplement pas Joanne dans le paysage.
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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyVen 23 Juil 2021 - 22:49

► In the shadow of your heart
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S’il existait de beaux souvenirs liés à l’enfance du Keynes, ils se trouvaient forcément dans le Kent. Quelque part dans la forêt, les hectares de jardin, les kilomètres de couloirs qui traversaient le manoir, il y avait des rires, des jeux, de la naïveté, des rêves. Le déménagement de la famille à Londres avait changé leur dynamique de manière irréversible. Ou peut-être était-ce l’idée qu’il s’en était fait. Peut-être ce qui lui restait de son regard de jeune garçon à l’époque qui idéalisait les années à la campagne tandis que la capitale était synonyme de la mort de son frère - ce que lui dirait son thérapeute à coup sûr. Edward avait toujours été le même, et Marie aussi. Ils n’avaient pas changé une fois les valises posées à Camden -juste à côté du zoo et ses fameux pingouins. Seul Oliver s’était perdu en chemin. C’était malgré tout à la vie dans le domaine de Chilham que Jamie préférait songer, se replonger. Une époque plus douce, plus simple, baignée dans le vert, le bleu et le grand air. Puis l’anglais pensa au fait qu’il n’aurait pas même ce genre de souvenirs à donner à ses propres enfants, lui qui s’était juré de faire mieux. Pas la grande maison, pas la famille unie. Il avait pourtant essayé, et échoué tout près du but. Son regard se baissa, sa tasse était vide. Il laissa le bout de ses doigts glisser le long de sa anse, le bord de la coupelle. “Je ne sais pas si je pourrais.” il répondit à l’idée de rapporter des bouts de souvenirs de Chilham. Cela semblait pourtant simple : prendre une babiole, l’envelopper correctement, la placer dans une valise. Mais emporter un bout de cet endroit n’était pas comme revenir avec un nouveau porte-clés. Cela dépendait des murs, pas de lui. “Tout a tellement l’air d’être à sa place là-bas, comme si bouger un détail dénaturait l’ensemble. Comme si tout devait traverser le temps exactement tel que cela avait été pensé au départ.” Et même les Keynes qui y passaient des vies entières, même eux n’étaient là qu’en visite par rapport à la longévité du manoir. Hébergés gracieusement par la pierre qui ne demandait que quelques soins en retour. Une mémoire éternelle codépendante. “C’est un endroit étrange.” conclut Jamie avec un léger sourire. Il ne s’attendait pas à ce que Joanne comprenne. Peut-être que Daniel et Louise ne comprendront pas non plus à leur tour, plus tard. Bien sûr, il avait l’intention de les emmener dans le Kent aussi souvent qu’il en aurait l’occasion. “Probablement, oui.” Après tout, cela était autant chez eux que chez lui et il était important, à ses yeux, qu’ils s’y sentent bien. Un jour le manoir leur appartiendrait ainsi que la responsabilité de l’entretenir. Mais avant cela, eux aussi devaient emplir l’air de leurs rires, leurs jeux, leurs rêves. “Peut-être qu’ils ne verront pas d’intérêt dans ces vieilleries.” supposa Jamie tandis que l’hypothèse lui traversait l’esprit. Par esprit de contradiction ou simplement parce qu’ils porteraient leur attention sur d’autres choses plus contemporaines ; rien ne pouvait encore permettre à leurs parents de prédire quelles seraient leurs passions, leur vocation, et c’était là tout le mystère d’avoir des enfants. “Quelle ironie ça serait, hm ?” Eux qui s’étaient rencontrés au musée, eux qui n’avaient plus que cela en commun.

Il se surprit à effectuer une courte rétrospective. Parler du passé avait souvent cet effet là, n’est-ce pas ? Il remonta le fil du temps en quête de moment de bonheur comme ceux dont il avait le souvenir à Chilham. D’autres jours où les sourires avaient été sincères, où il ne sentait pas d’ombre planer au-dessus de sa tête. Et les images défilaient comme une cassette en accéléré. Londres, Cambridge, Londres encore. Les étés dans le sud de la France peut-être. Les trajets en voiture entre la rédaction de la BBC et ses lieux d’enquête au cours de ses premières années de journalisme. Le jour où il avait acheté son billet d’avion pour Brisbane. La naissance de Daniel, puis Louise. Le mariage surprise avec Joanne. Des pointillés dans une vie. Mais était-ce assez ? “On a été heureux, n’est-ce pas ?” finit-il par demander, out of the blue. Leur rencontre lui semblait remonter à une éternité, et parfois, à l'existence de deux personnes qui n’étaient pas eux. Peut-être que cela avait été eux, un jour. Peut-être avaient-ils trop changé en chemin pour s’y reconnaître. “A un moment, une journée, un mois. Tu as été heureuse ?” Jamie voulait oublier tous les faux pas, les cris, les larmes, le temps perdu. Séparer le bon grain de l’ivraie, comme on dirait, et ne garder que les bons souvenirs de ces années en commun. Mais c’était le flou. Qu’est-ce qu’il restait, lorsqu’on retirait les faux pas, les cris, les larmes ? Que pouvaient-ils garder près de leur cœur pour se réconforter, se faire croire que toutes ces années n’avaient pas été qu’une vaste perte de leur temps ? L’air iodé d’une journée à la plage. La musique d’un gala. Les ombres sur la coquille de l’opéra.

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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyLun 16 Aoû 2021 - 9:56

IN THE SHADOW OF YOUR HEART
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Voilà une question sur laquelle ils pouvaient débattre des heures durant. Une interrogation pourtant simple, une question à laquelle elle ne pouvait répondre que par un oui ou un non si elle le voulait. Pourtant, Joanne était déroutée. Jamie avait repris parole sans crier gare, à en savoir plus sur son état d'esprit sans que le sujet qu'ils avaient abordé précédemment ne les y mène. Jamie avait déjà beaucoup d'avance sur son ex-femme concernant le cheminement de leur divorce. Il semblait être bien plus prêt qu'elle à avancer dans cette nouvelle étape de sa vie tandis que Joanne était encore sonnée par la signature des papiers. Elle se sentait presque prise de court face à sa question. Le temps qu'avait pris sa réponse à venir était peut-être court. Pourtant la phrase de Jamie lui avait suscité une vive émotion. Pourquoi cette question ? Pourquoi maintenant ? Elle en ignorait le but. S'il désirait simplement savoir, s'il ne voulait qu'extraire le meilleur de leurs années à deux afin de se souvenir que du meilleur, si persévérer autant qu'ils l'avaient fait en avait valu la peine. "Oui, bien sûr." répondit-elle alors en levant ses yeux embués vers lui. "Pas toi ?" lui demanda-t-elle en retour d'une gorge bien serrée. Il était peut-être difficile de le remarquer. Entre les incertitudes constantes de Joanne et sa tendance dépressive, et l'humeur instable de Jamie ainsi que sa mélancolie omniprésente, il était probablement difficile de voir où se logeaient les moments heureux. Joanne, bien qu'écoeurée par la façon dont leur relation amoureuse se terminait, voyait clairement ces moments-là. Il lui était simplement difficile de le mettre dans des phrases, dans la mesure où elle n'était pas aussi prête que lui à prendre autant de recul sur les six années écoulées. "Le soir où nous nous sommes revus au musée, notre premier rencard..." commençait-elle à énumérer bien que raviver ces doux souvenirs lui faisaient bien plus de mal que de bien à l'heure actuelle. L'arrivée de Jamie dans sa vie lui avait permis de sortir de la bulle dans laquelle elle s'était enfermée depuis sa séparation avec Hassan. "Nos weekends en campagne, quand nous étions loin de tout. Nos soirées, qu'il s'agisse de gala ou quand nous avions le temps de regarder un film tous les deux." Quoiqu'il y avait bien une soirée que Joanne souhaitait rayer de sa mémoire à tout jamais. Elle avait bien pensé à toutes ces nuits qu'ils avaient passé ensemble, mais elle était bien trop timide pour le dire à haute voix, juste comme ça, surtout en de telles circonstances. Enumérer ces instants heureux était plus éprouvant qu'elle ne l'aurait pensé. Elle levait son regard bordé de larmes pour regarder autour d'elle. Une main passait sur l'un de ses yeux avant de revenir vers lui. "Nous avons le mérite d'avoir deux beaux enfants, qui sont tous les deux en bonne santé." Malgré les difficultés de Joanne pour avoir un enfant, malgré la réticence de Jamie au premier abord. Alors oui, il y avait bien plus d'un souvenir heureux à faire ressortir de leur relation. Son intensité avait très probablement accéléré tout un processus dont ils avaient fini par perdre le contrôle. Leur complicité, cette connexion entre eux qu’ils ne s’expliquaient pas, la force de leurs sentiments partagés n’avaient plus suffi. “Et c’est aussi grâce à toi que j’ai osé me lancer dans un doctorat. Même si la décision a été prise bien plus tard, je n’aurais jamais fait tout ce cheminement toute seule.” Joanne n’avait aucun mal à l’admettre. Cet empowerment, elle le lui devait. “Pourquoi ce questionnement ?” finit-elle par lui demander après un instant d’hésitation. “Ca me donne l’impression que tu as réussi à déjà prendre un certain recul par rapport à tout ça.” Tout ça étant leur vie de couple, ses hauts et ses bas. Elle n’était pas aussi optimiste que lui. Les mots qu’Hassan lui avait prononcés quelque temps plus tôt résonnèrent soudainement dans sa tête : ces six ans passés avec Jamie avaient compté. Avec les souvenirs, avec les regrets et l’impact que cela aura sur leur vie future. Bien qu’elle ne croyait toujours pas au hasard, elle ne comprenait définitivement pas pourquoi elle aurait été prédestinée à endurer deux divorces. “Je ne me suis pas vraiment permise d’avoir ces moments de réflexion, concernant ces six dernières années.”  Alors oui, ils allaient être amenés à se revoir de façon régulière, ne désirant pas que l’un d’eux ne s’efface du paysage de leurs enfants. Jamie allait toujours être un petit peu présent. De par les messages échangés, les regards croisés, la somme mensuelle qu’il comptait lui envoyer... Tout ça, c’était quelque chose de nouveau pour elle. “Je ne serai pas très loquace dans les prochains temps, Jamie.” finit-elle par lui dire, d’un ton particulièrement hésitant. L’on remarquait qu’elle bégayait à certains moments, ou qu’elle réfléchissait sur certains de ses mots. Elle ne couperait pas non plus toute forme de communication. Elle risquait surtout d’être très factuelle dans ce qu’elle allait lui dire dans un premier temps. Peut-être qu’avec le temps, elle parviendrait à s’ouvrir à nouveau à lui. “Je ne voudrais pas que tu le prennes personnellement. Ce n’est vraiment pas toi.” Car c’était son processus à elle, c’était ainsi qu’elle fonctionnait et qu’elle fonctionnerait probablement toujours.
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Message(#)joamie #130 + in the shadow of your heart EmptyMer 1 Sep 2021 - 20:56

► In the shadow of your heart
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Être heureux n’avait jamais été une notion qui coulait de source pour l’anglais, probablement parce qu’il apprenait encore à créer à ce concept une définition qui lui était propre. Le bonheur était un principe vague et optionnel pendant si longtemps dont personne ne s'était chargé de lui apprendre comment le reconnaître lorsqu’il se trouvait sous ses yeux. Et cela expliquait sûrement pourquoi il passait si aisément à côté de tant de beaux moments. Être heureux, aussi loin qu’il s’en souvienne, consistait à acquérir le plus de choses et à en faire l’étalage ; le bonheur se traduisait par l’envie que l’on suscitait chez les autres. Des caches-misère, vraiment, si on le lui demandait désormais. Pourtant cela ne l’avait jamais totalement quitté ; les cadeaux coûteux pour faire amende honorable, les voitures hors de prix, les voyages dans les plus beaux hôtels. Une partie du bonheur se payait forcément. Puis il se l’était empêché lui-même, d’être heureux. Autosabotage sur autosabotage, conscient comme inconscient, Jamie avait toujours eu le don de se rendre plus misérable qu’il ne l’était comme pour se punir de quelque chose -se punir d’être le frère restant mais le moins méritant. Avec Joanne, il lui avait semblé apprendre à se pardonner, à dompter la culpabilité du survivant. Il avait trouvé le bonheur dans les petites choses. Il avait été heureux, oui, plus d’une fois le long de la ligne sinueuse de leur histoire. Ses phases mélancoliques avaient simplement le don de dissimuler ces instants dans leur ombre. “Parfois c’est… difficile de mettre le doigt sur les moments heureux.” résuma-t-il. Jamie se sentait cependant soulagé que Joanne puisse lui répondre avec tant de facilité. Leurs années ensemble n’étaient donc pas un parfait gâchis. Et il y avait leurs enfants, bien sûr. Leurs naissances étaient probablement les souvenirs les plus heureux qu’il gardait de ce chapitre de leurs vies. Ils partageraient encore bien d’autres moments riches en affection grâce à eux. Enfin, le Keynes pouvait assurément se vanter d’avoir permis à son ex-femme de prendre doucement conscience de son propre potentiel, de lui avoir redonné confiance en elle. Il ne l’avait pas fait comme il l’aurait souhaité, il n’était définitivement pas taillé pour être coach de vie. Mais à la fin, Joanne avait pris son envol. Elle fleurissait tandis qu’il se terrait. Il y avait une certaine justice là-dedans. “Ca fait bien plus de quelques heures que nous sommes divorcés, pour moi, fit-il à propos du recul dont il faisait preuve sur les événements. Ça fait des mois.” Leur mariage avait pris fin le jour où ils avaient conclu que divorcer était la meilleure solution pour tous. Jamie n’avait pas eu besoin de signer un papier pour ratifier cette information. Il avait commencé son deuil de cet idéal lorsqu’il avait pris son premier rendez-vous chez son avocat. Il avait mastiqué, avalé et digéré les faits à chaque fois qu’ils ne parvenaient pas à s’entendre sur les termes de cette séparation. Et la démarche avait commencé il y avait des mois de cela. “Il y a encore plus de temps depuis la dernière fois où nous avons pu prétendre être un couple. Alors oui, j’ai eu beaucoup de temps pour prendre du recul.” Puisque l’issue était décidée, il s’était préparé. Il ne pouvait pas se permettre de partir en vrille, de se saboter, d’être submergé par les émotions, par la réalité de l’échec. Pas cette fois. Il n’avait pas moins mal. Toutes les heures de thérapie lui avaient simplement permis d’appréhender ce moment, de préparer le chemin qui lui permettrait de traverser cette période avec de moindres heurts. Mais comme tout ce qui était mis en place afin de le monitorer, Jamie se retrouvait dans le siège spectateur de sa vie, et la salle avait trop de clim. Joanne, en revanche, ne s’était pas accordée de réelle mise en perspective. Et en attendant qu’elle le fasse, elle prendrait ses distances plus encore que cela ne fut déjà le cas, ce qui semblait tout naturel. “Bien sûr que c’est moi, corrigea Jamie, déterminé à prendre le blâme même s’il comprenait parfaitement son besoin d’espace et de temps. Tu es blessée, tu es triste, tu as pris sur toi bien plus que tu ne l’aurais dû ces derniers temps. Et tout ça c’est de ma faute.” Non, la faute de Mina. Bien qu’il n’avait jamais nié son tort dans l’histoire, il ne pouvait s’empêcher de songer qu’il n’y aurait jamais eu d’affaire Mina sans les esclandres de la jeune femme. Il n’était pas son genre de la pointer du doigt -pas explicitement en tout cas. Il gardait son amertume pour lui seul. “Tu as traversé trop d’épreuves à cause de moi, Joanne. Ca serait normal et sain que tu m’en veuilles encore un moment. Je le comprendrais.” Hors de question que Joanne éprouve de la culpabilité à ce sujet. Le moment parut bien choisi pour l’anglais de laisser son ex-femme sur cette conclusion. Il saisissait bien qu’il était trop tôt pour simplement discuter comme deux anciens amis partageant des souvenirs communs. Il avait bien assez forcé la chose comme cela et, elle, avait fourni bien assez d’efforts pour prouver qu’elle avait la même volonté que lui que leur relation ne vire pas du tout au tout. Alors il récupéra ses affaires, quitta sa chaise, la repoussa sous la table machinalement. “Je suis désolé si je continue de trop en demander. Prends ton temps.” Il conclut sur un sourire se voulant rassurant et affectueux avant de quitter le café, laissant derrière lui quelques billets qui règleraient la note. L'atmosphère de la ville l’étrangla une fois dehors ; il avait besoin de mettre de la distance entre lui et ces lieux qu’il reverrait, sans s’en douter, bien assez tôt.

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