depuis quand rowan arrivait-elle à l'heure à un rendez-vous ? ça n'était jamais arrivé et ça n'arriverait sans doute jamais. rendez-vous 14h ? départ de la maison 14h10. voilà de quoi la retarder d'une bonne demi-heure. mais s'il n'y avait rien à dire au sujet de ce café, comme l'avait si bien dis madame, il n'y aurait rien de problématique à son retard ? vengeance ou simple habitude, le retard de rowan n'était pas vain.. et il n'était surtout pas à prendre à la légère.

hurlant à son chauffeur de taxi de s'arrêter devant le café, c'est une rowi plus resplendissante que jamais qui en sort, ramenant dans un claquement conséquent ses high heels sur le bitume ; non pas que rowan aimait se faire remarquer, mais se balader en entendant la cadence de ses pas était officieusement un plaisir coupable. la rousse se dérobe entre les silhouettes des passants jusqu'à l'entrée du café. elle se présente à l'intérieur de ce-dernier, le buste dévoilé par un haut col carré noir aux manches bouffantes. sa taille est cintrée par un jean mom droit bleu et uni ; elle semble être le mélange parfait entre les nineties et les sixties. son regard se dévoile après que la rousse ait retiré ses lunettes de soleil et ce-dernier se bloque d'ores et déjà sur le minois de madison, qu'elle reconnaît sans grand mal plus loin, vers de simples banquettes.

elle s'assoit sans grande gêne devant son date, du moins, à ses yeux et étrangement, elle engage la première la conversation.

"on peut oublier mon retard ? et dire que.. mon chauffeur de taxi était un sexagénaire qui ne savait pas rouler ?"

elle espérait que madison esquisserait l'ombre d'un sourire, ce qui la rendrait bien plus à l'aise qu'elle ne l'était quand même déjà. rowan avait tout donné sur sa tenue, elle s'apprêtait toujours convenablement bien que ses partenaires n'étaient pas sa motivation première. à vrai dire elle se préparait pour elle-même, et pour le plaisir de faire de jolis selfies dans le miroir.

@madison kwanteen

two decaf and a closet (ft. @rowan fitzwilliam )
 

T’as aucune raison valable d’être ici. Absolument rien ne t’obligeait à accepter cette rencontre. Surtout que ça fait quoi, plus de quatre ans que t’as pas vu Rowan ? Et d’un coup d’un seul, un message sorti de nul part. Heureusement que tu étais seule au studio quand c’est arrivé. Heureusement que tu ne te trouvais pas à l’appartement en compagnie d’Harry. Tu le connais, tu sais qu’il aurait forcément jeté un œil par-dessus ton épaule. Les questions posées tu les connaissais déjà ; c’est qui ? elle veut quoi ? Et tes quelques réponses balbutiées n’auraient fait que t’enfoncer. Au moins un drame évité, hein ? (Tu peux pas garder les messages dans ton téléphone, il va forcément venir t'interroger dessus.)

T’es déjà en train de cogiter sur toutes les raisons possibles et imaginables à cette reprise de contact. Y en a pas. T’en vois pas. Tu préfères pas. Ce qui t’inquiète le plus dans tout ça ? Ses intentions. Ce qu’elle a évoqué dans un de ses messages, t’as fait semblant de pas comprendre. T’as plus ou moins réussi à éluder mais t’es loin d’être certaine que ça soit suffisant. Si tu avais été maligne, tu aurais simplement bloqué le numéro et tu serais passée à autre chose. Mais faire ça, c’est pas toi. Trop curieuse, trop naïve pour ton propre bien.

Bien évidemment, t’es arrivée avec dix minutes d’avance. En avance comme toujours. Tu t’es installée à une table avec des banquettes et t’as commandé un expresso en attendant. T’es pas spécialement adepte de caféine en temps normal, mais tu te dis que tu vas clairement pouvoir utiliser le coup de fouet pour remettre de l’ordre dans ton esprit. Par moments, tu consultes ton téléphone. Le temps passe et tu te demandes si tu ferais pas mieux de déguerpir tant que t’as l’occasion. Tu te surprends presque à souhaiter qu’elle ne se montre pas, que tout ceci ne soit qu’une mauvaise blague ou quelque chose du genre. Et pourtant, t’es là à faire tourner la tasse vide entre tes doigts, les yeux toujours rivés sur ton portable. « on peut oublier mon retard ? et dire que.. mon chauffeur de taxi était un sexagénaire qui ne savait pas rouler ? » la voix te surprend et tu te tends légèrement sur le moment. T’étais tellement concentrée sur toutes tes questions que t’as même pas fait attention au fait qu’elle se soit déjà installée. Néanmoins, la remarque te fait étirer un sourire discret et tu hoches doucement la tête en inspirant. C’est pas si terrible. « Oui, ça paraît plausible comme raison. » tu plaisantes en retirant ta main de la tasse. Ca évitera des sursauts inutilement dangereux. Si t’es une boule de nervosité, tu fais de ton mieux pour mettre à profit tes compétences sociales et ne pas avoir l’air dans l’expectative. Tu sais toujours pas ce que tu fais là après tout. « Comment tu vas ? Ca faisait heu… Longtemps. » Bien ça, bon début.

visiblement la mission était réussie. rowan avait réussi à arracher le premier sourire d'une longue série d'autres, du moins, elle l'espérait. mais pas le temps de se reposer sur ce genre de futilités, si rowan était reparu si soudainement ça n'était pas sans arrière-pensées, loin de là. la récente reprise de contact entre elle et ethel l'avait poussée à reprendre sa vie en main, et bien qu'elle ne s'en était pas rendu compte, il était temps qu'elle le fasse. le bordel laissé avec la rupture était encore étalé partout, et si rowan ne souffrait plus du manque de cette relation depuis bel lurette, elle gardait l'amertume de la perte de celle qui fût jadis sa meilleure amie d'enfance.
quand rowan constata que madison avait déjà visiblement bu un café, elle quémanda la présence d'un serveur d'un lever de son index en l'air afin de s'assurer de la prise de sa commande. puis elle s'atela à répondre à madame.

"bien, la réponse ne sera jamais différente. et toi, tu vas comment ?" la réponse est usuelle, certes, mais elle est aussi accompagnée d'un sourire, discret sans doute mais relativement délicat, surtout.

et comme si rowan se prenait pour la plus inattendue des surprises au lieu d'une simple relique d'un temps de fête révolu, elle décline immédiatement une nouvelle question.

"je sais que c'est un peu surprenant ce café, mais j'ai jamais fonctionné de manière logique. si t'as des questions n'hésite pas à les poser."

elle redoutait toutes les questions qui pouvaient aller à son encontre, mais aussi ravagée pouvait-elle être, rowan ne s'en rendait compte que quand elle le voulait. et si elle ne voulait pas s'acharner à comprendre le monde, elle s'attendait pourtant à ce que ce soit ce-dernier qui s'adapte à elle ; et elle avait parfaitement conscience que ça ne serait jamais possible, du moins pas maintenant. rowan voulait mener à la baguette ce rendez-vous tout en se laissant surprendre par madi, qu'elle n'avait pas vu depuis bien longtemps ; et pourtant, en quatre ans, elle s'était surprise à parfois laisser vagabonder son âme sur le prénom de cette-dernière. aussi timide qu'elle était, ça n'avait jamais déplu à la rousse qui se plaisait visiblement à annoncer la première les couleurs d'un monde aussi impitoyable qu'attendrissant toujours rythmé par les goûts des uns et les saveurs des autres.

@madison kwanteen

two decaf and a closet (ft. @rowan fitzwilliam )
 

Aucune raison de s’inquiéter, hein ? C’est juste un café. Une simple reprise de contact avec une ancienne amie perdue de vue, rien d’alarmant ou de motif valable pour se mettre dans des états de nervosité pareil. Et pourtant t’es là à triturer tes doigts en appréhendant la rencontre. Tu sais pas à quoi t’attendre et l’inconnu a tendance à te mettre dans tous tes états. Mille questions, autant de craintes des réponses qui ne seront sûrement pas celles attendues. T’es prête à partir, à tourner la page et finalement Rowan montre le bout de son nez. La première interaction te rassure un peu, t’as même l’impression que tu vas pouvoir te détendre et peut-être juste profiter de la rencontre pour parler d’avant et voir ce qu’elle est devenue. Y a bien une chose en particulier que tu ne souhaites pas aborder et t’espères qu’elle abordera pas le sujet. Si ça se trouve l’alcool a fait des miracles et elle s’en souvient pas du tout et tu te fais des films pour rien.

Tu réussis à être étonnamment cohérente dans les salutations que tu lui adresses. « bien, la réponse ne sera jamais différente. et toi, tu vas comment ? » elle t’offre un sourire qui te conforte un peu dans l’idée que venir ici n’était sans doute pas une si mauvaise idée que ça. « Bien, bien.  » aussi peu loquace qu’en temps normal, tu passes nerveusement une mèche de cheveux derrière ton oreille. « je sais que c'est un peu surprenant ce café, mais j'ai jamais fonctionné de manière logique. si t'as des questions n'hésite pas à les poser. » Surprenant, c’est le moins de le dire. Mais pas absurde quand on connaît un peu la personne. Des questions, t’en as plein. Certaines te brûlent les lèvres plus que d’autres et pourtant tu sais que t’oseras pas en parler. Tu te mords l’intérieur de la joue en relevant les yeux vers elle, cherchant les bonnes demandes à formuler. T’es pas certaine de ce qu’elle attend vraiment, toi-même tu sais pas ce que t’es venue chercher là. « Hm… Alors tu deviens quoi ? » t’as beau chercher, tu vois pas ce qu’elle pourrait faire aujourd’hui. Tu tentes un nouveau sourire discret en te redressant un peu sur la banquette, cherchant une position plus confortable. Putain tu sais pas quoi faire de tes mains c’est terrible. « Pardon, c’est juste que je suis pas vraiment… Habituée à ce genre de rencontre improvisée. » tu t’excuses en grimaçant un peu. C’est pourtant pas vraiment nécessaire de le préciser, ça se voit dans chacun de tes gestes, c’est marqué sur ton visage. « Il y a une raison particulière à tout ça ou… Ou c’est juste que tu t’ennuyais et que t’as eu envie de sortir d’un seul coup ? » toujours dans l’appréhension des éventuelles motivations derrière cette demande soudaine, tu préfères en avoir le coeur net au plus vite.

si madison souhaitait planquer son stress autant que ses penchants saphiques, c'était raté. rowan se surprenait d'ailleurs à sourire devant le spectacle aussi enfantin qu'attendrissant qui se déroulait devant elle. sous les quelques regards furtifs et discrets lancés par madison qui visiblement n'arrivait pas à se retenir de s'arracher les doigts, l'espresso commandé par rowan arriva rapidement. d'un hochement de la tête, elle remercia le serveur qui rendit aux deux jeunes femmes l'intimité dont elles auraient besoin pour affronter l'orage.

la situation était plutôt comique, la nonchalance et l'angoisse qui s'entretenaient, là, à l'intérieur même d'un café dans lesquels rowan n'avait jamais mis les pieds. et tandis qu'elle glisse la boisson à ses lèvres rowan commence à peine à se demander ce qu'elle fout là. putain, la voilà d'jà qui rechigne un peu sa décision impulsive et qui réflexionne sur le peu de certitudes qu'elle a à être ici. ça s'accélère au creux de son ventre, quand finalement l'néant. "bien, bien" que l'autre dit. ça arrache un pincement de cœur à rowan, pour rien, et cette-dernière rétorque pas un simple sourire. "hm… alors tu deviens quoi ?" bah ouais.. [rowan qu'es'tu d'viens ?] un sourire, encore. la seule réponse. finalement, un mot, fébrile, s'échappe. "routine.. et toi alors ? tu deviens quoi ?" elle semble ne pas perdre de temps à récupérer l'éloquence qui la caractérise autant, se redressant sur sa chaise elle récupère une gorgée de son café, balançant un compliment à la volée. l'esquisse au visage, elle dégage une certaine assurance identique à celle d'il y a quatre ans. la même qui avait poussé rowan à s'approcher de madison la première. et cette soirée, elle ne l'avait pas oubliée. "mis à part continuer d'être celle que j'aimerai plus que tout voir sortir du placard ?" fallait bien l'avouer, madison c'était la timidité et le mystère tout ça compressé en une caboche brune trop charmante pour ne pas que rowan s'attarde dessus. ses intentions n'étaient ni pures, ni vaines, et malgré son honnêteté discutable, rowan se permettait toujours d'en rajouter pour arriver à ses fins. mais si cette dernière faisait autant dériver la conversation, ne serait-ce pas pour en éviter une autre ? rowan réfléchit encore et toujours, elle croûle sous l'énième question d'la brune qui visiblement cherche elle aussi à calmer son esprit tourmenté."tu préfèrerais qu'il y ai une intention à cette soudaine reprise de contact ou pas ? parce que moi, j'en ai pleins, des intentions. mais toi, pourquoi t'as accepté ?" ça intriguait autant rowan de savoir pourquoi madison avait accepté que ça intriguait madison de savoir pour rowan l'avait invitée. finalement, aussi assurée pouvait-elle être, rowan restait aussi prudent que son interlocutrice n'était stressée. et ça se voyait.

@madison kwanteen  

two decaf and a closet (ft. @rowan fitzwilliam )
 

T’aurais vraiment bien aimé que le serveur reste dans les parages. En fait non, s’il y a un risque de conversation gênante pour toi, t’aimes autant que d’autres oreilles ne trainent pas trop. Tu sais jamais qui peut écouter. Rowan t’invite à poser des questions, et tout ce que t’es capable de faire c’est demander ce qu’elle devient. Tu parles d’une banalité. « routine.. et toi alors ? tu deviens quoi ? » c’est plutôt concis. Au moins autant que ce que tu as l’habitude de dire. C’est facile comme réponse à apporter ça, tu t’apprêtes d’ailleurs à le faire mais elle enchaîne. « mis à part continuer d'être celle que j'aimerai plus que tout voir sortir du placard ? » Okay, t’aurais dû la voir venir celle-là. Les yeux écarquillés en grand, t’es particulièrement reconnaissante de n’avoir rien bu à cet instant précis. C’était un coup à tout recracher et à t’étouffer dans la foulée. Tu la fixes quelques instants, la bouche entrouverte, à la recherche de tes mots. Déjà, tu sens la pointe de tes oreilles chauffer et t’as soudainement envie de disparaître pour de bon. « Quoi ? Pourquoi tu- » L’interrogative meurt avant même d’arriver à son terme. Tu sais très bien pourquoi. Ton regard s’affole aux alentours. A tout instant, tu t’attends à voir ton père débarquer, talonné par Harry et ton frère. Mais tu te fais des films, tu sais très bien qu’aucun des trois n’a de temps à consacrer pour venir boire un café dans un endroit pareil en pleine journée. « Raconte pas n’importe quoi... » tu marmonnes, la voix à moitié étranglée. Visiblement si. Elle se souvient très bien et c’est sûrement la raison de toute cette mascarade. Mais toi tu veux pas en parler, de tout ça. Ca voulait rien dire, c’est arrivé qu’une fois et c’était déjà trop. T’as pas été élevée comme ça, c’est Archie qui avait raison là-dessus. « tu préfèrerais qu'il y ai une intention à cette soudaine reprise de contact ou pas ? parce que moi, j'en ai pleins, des intentions. mais toi, pourquoi t'as accepté ? » Et voilà, t’aurais pas dû demander ça. Elle te retourne la demande, et c’est clairement pas à ton avantage. (L’as tu jamais eu ? Certainement pas.) Tu déglutis, tes yeux scannant à nouveau la pièce à la recherche d’une menace inexistante avant de reporter ton attention sur la rouquine, le regard fuyant chaque fois que vos yeux se croisent. « Heu je- » Encore une fois, ce n’est pas l’éloquence qui t’étouffe. « Je voulais savoir comment ça allait, avoir des nouvelles ? » Ca sonne comme une question, parce qu’au final t’es pas du tout sûre de ta propre réponse. T’essaies de convaincre qui là exactement ? Parce que même toi tu ne réussis pas croire que t’es en train de dire l’exacte vérité. Tu passes une main nerveuse dans tes cheveux, comme si c’était suffisant pour dissimuler ton malaise grandissant. « Ca veut dire quoi ça, t’as plein d’intentions ? » une nouvelle fois, t’essaies d’éluder et de contourner les vraies questions. Tu demandes des trucs dont tu veux pas écouter les explications. Tu joues l’idiote quand dans le fond, tu sais très bien que tu n’aurais pas dû venir ici. Tu le savais d’avance et t’as laissé ta curiosité prendre le dessus.

tu t'amuses. tu t'amuses de tout ici, de tes doigts sous la table, de l'analyse que tu fais de gens qui t'entourent, mais surtout, tu t'amuses de voir madison. elle paraissait bien sûre d'elle lors de votre rencontre en 2016, mais avec plus de recul tu te rends bien compte que ça n'était qu'un des effets bénéfiques - le seul sans doute - de l'alcool. elle paraît tétanisée à chaque fois que tu prends la parole, elle balbutie quelques idioties mais tu te surprends à apprécier comme elle retombe si bien sur ses pattes, à chaque fois. et l'idée de te barrer sans payer te viens. t'oses pas répondre à ses questions, t'as pas envie. l'esquisse au visage tu zieutes à gauche puis à droite, espérant de tout ton coeur qu'on te choppera pas la main dans le sac. t'espère cependant qu'on te trouvera la main dans la sienne, non pas que tu veux lui attirer des ennuis, mais quelque part tu rêves de lui montrer comme vivre sa vie comme on l'entend reste la meilleure chose qui puisse arriver à trente ans. c'plus l'âge pour se cacher et tu rages intérieurement d'en voir flippés de sortir du placard. le monde à changer, les moeurs avec, et putain t'en rêves de c'moment. du moment où madison kwanteen pourra hurler au monde entier qui elle est.

mais là n'est pas le sujet, n'as-tu pas un café à fuir sans payer ? tu prends un air plus détendu, et tu fixes madi.. "ça veut dire quoi ça, t’as plein d’intentions ?", ça veut dire que t'en as des milliers d'intentions, mais qu'elles viendront une à une. aussi insupportable madi pouvait-elle être, t'as quand même envie de lui faire voir le monde sous un autre angle. t'es le diable sur l'épaule de tant de gens, et tu ne te réserveras pas pour faire de même avec elle. alors tu te lèves, sans rien dire glissant un simple "allons payer, j'ai quelque chose à te montrer." tu prends ton sac que tu remet sur ton dos, et tu replace convenablement tes lunettes de soleil sur le bout de ton nez. tu te rends le plus méconnaissable possible, et tant pis si madison le fait pas, elle trouvera un autre café que cet endroit. tu réfléchis, t'attends de voir si le serveur vous surveille, si celui qui s'attelle derrière le bar à faire les cafés te trouve suspecte, tu passes ton environnement au peigne fin, cherchant le laps de temps dont t'auras besoin pour emmener madi loin d'ici. mais, patiente, t'attends qu'elle réagisse, et qu'elle te suive. à voir si tu lui fais assez confiance pour te barrer sans la tirer par la main, auquel cas beaucoup d'yeux indiscrets seront témoins d'ça.

two decaf and a closet (ft. @rowan fitzwilliam )
 

T’es tendue comme jamais, prête à toutes les éventualités. Presque toutes. Tu t'attends au pire et pourtant rien ne vient. Si tu devais analyser la situation, tu irais même jusqu'à dire que Rowan semble s'amuser de la position dans laquelle tu te retrouves. Au moins une qui a l'air de passer un bon moment, c'est déjà ça. Même si c’est à tes dépends. Tu ne sais pas trop quoi faire de ses sous-entendus et de l'absence de réponse qu'elle t'offre lorsque tu oses demander des précisions. La mâchoire crispée, t'es toujours aussi paumée quand tu prends le temps de l'observer. Par moments, tes yeux croisent les siens et t’as l’impression qu’elle sait que tu la fixes. (Mais uniquement quand elle n’a pas son attention sur toi.) Ce petit sourire mutin qu'elle arbore, cette lueur qu'elle a au fond du regard, tout ça ne te dit rien qui vaille. C'est même tout le contraire. Tu t'imagines déjà toutes les raisons possibles qu'elle peut avoir à agir de la sorte. Si ça se trouve, elle attend le moment propice pour annoncer que c’est pour l’argent. C’est particulièrement idiot comme raisonnement, t’en as bien conscience. Mais c’est ton esprit qui dérive et part dans tous les sens, t’as pas beaucoup de contrôle là-dessus. Chaque fois qu’elle ouvre la bouche pour dire quelque chose, chaque esquisse de mouvement, tu te crispe un peu plus. Lorsqu’elle se lève après un silence agonisant, tu suis le moindre de ses gestes. « allons payer, j'ai quelque chose à te montrer. » la tête penchée sur le côté, les sourcils légèrement froncés par la confusion, tu finis par acquiescer en silence. Une fois tes affaires rassemblées, tu te lèves à ton tour. Sac sur l’épaule, tu remarques que Rowan semble guetter quelque chose derrière ses lunettes de soleil. Il te faut quelques secondes pour réaliser ce qu’elle a en tête et qu’elle ne compte pas aller jusqu’au comptoir pour régler la note. C’est long, quelques secondes, dans ces cas-là. Tu te mords l’intérieur de la joue pendant que tu balayes la salle des yeux, examinant chaque détails de la scène. Tu t’attardes sur les serveurs qui s’occupent d’autres clients et ne semblent pour le moment pas vous prêter la moindre attention, sur la sortie qui n’est pas loin de vous mais qui te paraît soudain si éloignée… Puis Rowan qui semble jauger ta réaction. Un défi silencieux qu’elle t’adresse et que tu te sens presque obligée d’accepter. Tous tes sens de crient non, que t’as juste à aller donner tes quelques dollars et que tout sera terminé. Et pourtant, t’as pas envie de la décevoir. Malgré tous tes doutes et l’appréhension grandissante, t’as envie de savoir ce qu’elle a en tête. Si t’arrives pas à mettre le doigt dessus, ça va te bouffer et tu le sais très bien. Tu redresses les épaules, main serrée sur la sangle de ton sac et t’es prête à la suivre. Dès qu’une opportunité s’offre à vous, tu lui emboîte le pas. Tu la suis vers la sortie, tête baissée et visage dissimulé au mieux derrière tes longues mèches de cheveux. (Une chose est sûre, que vous vous fassiez prendre ou pas, t’es pas prête à remettre les pieds ici.) Une fois la porte passée, vous marchez quelques mètres dans la rue avant de vous retrouver à courir pour vous éloigner le plus loin et le plus vite possible. Si quelqu’un a remarqué ou dit quoi que ce soit, toi t’as pas remarqué. Après ce qui te semble être une éternité, vous stoppez votre course effrénée après quelques ruelles supplémentaires, là où personne ne vous suivra. A bout de souffle, le visage rougit par l’effort physique et le sentiment de culpabilité qui commence déjà à t’assaillir, tu jettes des coups d’oeil anxieux par-dessus ton épaule. T’attrapes Rowan  par le poignet pour qu’elle regarde vers toi. « Ce-C’était quoi ça ? » que tu demandes en déglutissant, faisant de ton mieux pour calmer ta respiration saccadée. Encore une question idiote vu que t’es parfaitement au courant, t’as assisté à la scène. Pire, t’as participé. « Pourquoi tu- » t’inspires et tu finis par la lâcher, affichant une petite moue boudeuse. « C’était vraiment obligé ça ? »

" C’était vraiment obl... ? " tu la laisses même pas finir finalement puisque tu glisses ta main au creux de la sienne pour la tirer du côté opposé de la rue. t'as le rire facile et t'adores être la protagoniste de cette comédie qui pourtant, avait tout pour virer au tragique. t'enclenches une course plus rapide, le manège tourne à nouveau et tu te retrouves à zigzaguer entre les quelques habitants dépités de voir deux presque-trentenaire s'agiter. du haut de ton grand âge, ne devrais-tu pas être au travail ? visiblement pas, tu préfère profiter d'la vie à pleins poumons. comme d'habitude, ton patron te mettra un blâme mais tu l'esquiveras avec quelques courbettes courtoises. tu sais jouer de ton monde, et ça te plaît. tu reviens un peu à toi, le vent frais poignarde tes poumons et assèche ta bouche mais tu t'arrêtes pas pour autant, y'a les rayons du soleil qui accompagnent votre course folle, bifurquant eux-mêmes entre les rues sinueuses de brisbane. si madison n'était pas capable de s'amuser toute seule, tu te chargerai de le faire. t'as aucune idée du pourquoi ou du comment, tout ce que tu fais c'est l'entraîner dans ta course folle contre une entité imaginée de toute pièce. à la manière des gosses tu te fixes un point de repère à dépasser avant que la voiture rouge ou bien même la grise ne te dépasse, t'aimerais hurler ta joie mais tu te contiens, parce que y'a du monde, parce que c'est tabou. t'arrives enfin à un semblant de destination. les grands immeubles semblent loin derrière toi et une vaste étendue verte, bien que clôturée, s'étale devant toi. tu vois un vendeur de hot-dog, un vendeur de glace et même un libraire mobile. l'endroit parfait - enfin, si seulement la plupart des gosses présents n'étaient pas en train de chialer, et que les chiens des gens de la haute n'aboyait pas sur les premiers écureuils qu'ils voyaient de leur vie. tu relâches la main de madison, et t'espères juste qu'elle posera pas trop de questions. t'es pas adepte des longs discours, des discussions jusqu'à pas d'heure et des règlements de comptes. toi tu vis l'instant présent, tu t'jures de vivre un jour de plus en te levant le matin parce que y'a que ça qu'il faut prier. mais après mûre réflexion, tu acceptes de répondre à l'une des très - trop - nombreuses questions qu'avaient pu poser madison. ((" ça veut dire quoi ça, t’as plein d’intentions ?")) te tournant finalement vers elle, tu plantes ton regard dans le sien, et affichant ton plus espiègle sourire, tu rétorques un simple : " je n'ai pas d'autres intentions que de te faire voir comme le monde est grand. "

@madison kwanteen