Le jour J. Si, il y a encore un an l’italien s’était imaginé se marier aujourd’hui, même pas en rêve. Encore moins avec Katherine. Mais c’était pour la bonne cause. Enfin, pour sa cause en tout cas. Pas une question d’amour, même pas une belle amitié. Juste ses besoins de rester en Australie, d’obtenir ses papiers, sa naturalisation et qu’on en parle plus.
Il fallait être crédible et pour ça, ça voulait dire : un costume, une robe de marié, quelques invités. Pas la peine de rameuter la ville entière, Vitto, son frère ferait l’affaire, Maze à l’arrière, Allie serait surement en retard aussi. Nino se doutait que les frères de Kate allaient être de la partie aussi. Il en fallait au moins un pour signer les documents avec eux. Concernant Adèle, il ne comptait pas sur sa venue et sincèrement, n’avait pas envie qu’elle voit ça. C’était un sujet suffisamment épineux entre eux, sources de grosses tensions… jusqu’à la dernière minute elle lui demandait encore d’annuler. Il ignorait ce qu’il allait en être vraiment de leur relation une fois que tout ceci serait officiel. Elle imaginait sans doute qu’il allait annuler au dernier moment, se raisonner, mais il était maintenant bien trop près du but pour faire machine arrière… Il était passé à travers les mailles du filet, n’avait subit aucun de ces contrôles que redoutait Katherine alors pourquoi se priver ? Il était comme un adolescent qui découvrait la vie, rien n’allait lui résister, il se sentait invincible, tout lui souriait – ou presque.
L’italien était sorti du uber qui l’avait déposé devant l’annexe de la mairie de Logan City, là où habitait Katherine – et lui aussi, logiquement. Il avait un smoking que son frère lui avait trouvé sur Vinted et d’après lui, c’était l’un des meilleurs qu’il n’aurait jamais l’occasion de porter. Contre toute attente, l’italien avait apprécié son reflet à travers le miroir. Il ne s’était jamais vu aussi apprêté, il n’avait jamais porté de costume trois pièce et n’avait jamais été aussi bien coiffé. Un petit budget quand même mais il avait pu avoir une petite avance sur son salaire pour n’avoir aucune dette envers son frère qui avait trouvé l’argent.
Il attendait devant la mairie, se demandant comment serait Katherine. On l’invita à rentrer en attendant… « Ne stressez pas, tout va bien se passer, à moins que la mariée ne décide de fuir. » L’italien jeta un œil désapprobateur à cette femme qui se mêlait de ce qui ne la regardait pas. Et si elle avait raison ? Si Katherine avait finalement décidé elle-même de fuir ? De changer d’avis ? Il n’y avait pas pensé une seule seconde…

@Katherine Beauregard

Il trouvait le temps long l’italien, mais il avait reçu quelques remarques pour le rassurer, lui disant que la mariée se faisait toujours attendre, que c’était presque une tradition. Comme s’il ne fallait pas croire qu’elle était acquise. Le silence était pesant, lourd. Aucun sourire sur leurs visages, ni celui de Vitto, ni celui de Nino, il mettait ça sur le coup du stress, de l’attente. Il ne fallait surtout pas que les gens savent, que les gens doutent ne serait-ce qu’une seconde de la sincérité de cette union. « Je vais aller jeter un œil. » il lui lança un regard approbateur, la laissant sortir pour aller voir si la mariée était dans le coin. L’italien se tourna alors vers son frère, cherchant dans son regard une sortie de réconfort, qu’il lui dise que tout se passerait bien. Et puis, si elle l’avait laissé tomber, il trouverait bien une autre solution. Pour l’instant, il avait gagné du temps. Les démarches administratives avaient au moins suspendu son obligation de quitter le territoire, lui laissant un peu de répit, mais si jamais elle se décidait à ne pas venir, il serait de nouveau menacé de partir. Mais pour Lucia, il savait qu’elle ne le ferait pas. Il s’en voulait presque de faire peser Lucia autant, de la mettre à contribution, mais lui-même n’avait pas envie d’en être séparé. Jamais.
La porte s’ouvrit à nouveau quelques minutes plus tard et c’est Katherine qui entra, seule, dans la salle. Le regard de l’italien était plus serein, il était aussi ébloui en la découvrant dans sa robe. Elle était si belle Katherine, et surtout, elle était là. Il eut, l’espace de quelques seconde, l’occasion de se détendre. Il se demandait où était Lucia, elle qui devait venir avec sa mère, pourquoi Kath était entrée dans la salle de cérémonie seule ?
Elle s’approcha de lui, ce regard qu’il ne compris pas tout de suite et la surprise de ses lèvres sur les siennes. Mais pourquoi être surpris ? N’était-ce pas le jour de son mariage ? Preuve de leur amour éternel ? Reprend toi Nino, tu dois jouer le jeu aussi. Elle ne fait que répondre à ton appel depuis ces longs mois d’attendre, vous y étiez enfin. Alors qu’elle échange quelques gestes complices avec lui, il était plus sur la retenu, il mettrait ça sur le coup de la pudeur et du stress, encore. « T'es sûr que tu veux toujours faire ça ? » qu’elle glissa au creux de son oreille, discrétion de mise. « Certain… » qu’il répondit, glissant ses doigts entre les siens et aujourd’hui, le regard qu’il échangea avec sa future épouse valait miles mots. Il lui était et lui serait éternellement reconnaissant. Elle n’imaginait pas à quel point ce mariage lui sauvait la vie. « Alors, on commence quand ? » qu’il s’écria presque en regardant les agents administratifs de la mairie. « Il y a la plus belle femme du monde qui doit porter mon nom. » ah, vraiment ? Ce n’était pourtant pas à l’ordre du jour, que Katherine porte le nom de l’italien ? Mais n’ était-ce pas le plus crédible également ?
La famille Beauregard fit alors son entrée dans la salle, tout le monde prenait place, le petit comité s’était fait sur son 31 et comme prévu, Allie arriva alors qu’une bonne partie de la cérémonie avait commencé, mais elle arrivait pile au bon moment. « Monsieur Nino Marchetti, voulez prendre pour épouse Katherine Beauregard ici présente ? » il plongea son regard dans celui de Katherine, elle n’avait rien d’une femme heureuse aujourd’hui, mais il se promettait de lui rendre sa liberté. « Si, je le veux. » « Mademoiselle Katherine Beauregard, voulez vous prendre pour époux Monsieur Nino Marchetti ? » l’italien jeta un œil vers Maze qui se trouvait derrière, elle avait apporté deux bagues qui feraient l’affaire pour des alliances. C’est elle qui lui avait posé la question deux heures avant le début du mariage et qui s’était empressé d’aller trouver deux anneaux pour l’occasion. Elle avait montré la bague de Katherine en arrivant, fière de sa trouvaille et l’italien était aussi certain qu’elle lui plairait, au moins pour quelques minutes. Elle s’avançait, prête à dégainée dès lors que Katherine aurait dit Oui.

Elle était belle Katherine, un air angélique, la jolie blonde dans sa robe blanche. Robe qui se voulait moderne, loin de la robe de princesse dont l’italien s’imaginait. Mais, elle était pas conventionnelle, Katherine. On pourrait s’y méprendre, elle donne cette impression de jeune femme un peu passe partout, au caractère plat, ordinaire en soit, pas trop capable de s’affirmer. Mais dès le début, Nino savait qu’elle n’était pas de ce genre. Sacré caractère, qui n’a pas froid aux yeux, qui sait ce qu’elle veut, elle s’impose souvent à lui et pour une fois, juste une fois, c’est le contraire qui s’est produit. Nino avait su la faire plier, il savait que ce ne serait pas facile, elle n’a pas lâché le morceau si facilement, imposant ses conditions aussi. Et les voilà, le jour J. Celui qui annonçait sans doute le vrai début des soucis. Jusqu’à présent, l’italien ne se rendait pas compte, il s’était pourtant mis à dos Adèle, mais il savait que ça finirait par passer, qu’elle finirait tôt ou tard par accepter cette situation. Et si elle ne comprenait pas, c’est qu’elle ne le méritait pas. Il finirait par passer à autre chose, mais pour le moment, il s’accrochait encore. Il espérait qu’elle accepte, il espérait qu’elle s’apaise et qu’elle comprenne. Lui-même avait du mal à ne pas comprendre la déception d’Adèle. A côté de la plaque l’italien ? Sans doute.
L’italien avait donné son accord. Il avait prononcé les mots fatidiques, ceux qui allaient le lier pour les semaines, les mois à venir avec la Beauregard. C’était à son tour à présent de donner sa réponse et jusqu’à ce qu’elle donne sa réponse, l’italien sent la pression monter. C’est long pour l’italien, et il redoutait que leur accord ne tombe en éclat. Et finalement. « Oui, je le veux. » il s’autorisa à souffler, un soulagement et un sourire nerveux sur son visage. Il se tourna vers son frère, le plan fonctionnait, tout fonctionnait à merveille. « Je vous déclare à présent, mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée. » Nino se braqua vers la jolie blonde et sans plus réfléchir, il l’embrassa brièvement, bien moins chaleureusement que lors de leurs ébats il y a quelques années, ceci dit.
Chacun passait à leur tour pour signer le registre et c’était à présent une page qui se tournait. Une bonne chose de faite. Ils reçurent les félicitations des représentants de l’administration australienne. Chacun pouvait à présent quitter les lieux, leurs bagues aux doigts.
A la sortie de la mairie, de faux sourires sur tous les visages, des fausses embrassades. Il fallait bien jouer le jeu jusqu’au bout. Puis, petit à petit, chacun se dispersait, ne laissant plus que quelques membres de leurs familles sur place et enfin, plus que Katherine et Nino. « On va boire un verre, pour fêter ça ? » comme ça, dans ces tenues ? Pourquoi pas. Nino voyait sa guerre déjà gagnée, il était encore au bout de ses peines pourtant, ce registre signé ne signifiait pas totalement qu’il allait avoir sa nationalité, il avait encore bien des dossiers à remplir et à faire valider, mais il allait bientôt en avoir réellement fini. C’était son billet pour la liberté. « Enfin, je t’invite… au moins pour te remercier. » parce que, il n’était pas certaine que la Beauregard souhaite réellement « fêter ça. »