Edward & Laurel Do you think how it would have been sometimes ?
"I
've been hearing your heartbeat inside of me, I keep your photograph beside my bed... " La musique qui lui passe dans les oreilles, et le minois qui, au rythme, se dodeline tantôt à gauche, tantôt à droite. Contre toute attente, voilà près d'une heure et quart que Marsh a mit le nez hors de chez elle pour aller courir, et ce, malgré la grisaille ambiante ce matin. Les sentiers humides et boueux à cause de la pluie tombée toute la nuit auraient pu l'en dissuader, mais il n'en fut rien. Il n'y a pas de quoi s'alarmer après tout. Et puis, Rhodes est de repos aujourd'hui, alors Marsh, elle en profite un peu. En revanche, si elle avait sû que ses poumons lui brûleraient autant la poitrine, elle y aurait peut-etre réfléchit à deux fois. Courir est une habitude qu'elle n'a plus, et qu'elle est chèrement en train de payer ce matin; pour sûr elle rentrera en marchant. Une chance qu'elle ne soit ni fumeuse, ni asthmatique. Ceci étant, moralement, ça lui a libérer l'esprit et lui a fait le plus grand bien.
On ne peut pas dire que tout soit rose ces jours-ci au sein du foyer Rhodes, à croire que se disputer et/ou se faire la gueule est devenu le passe-temps favoris du couple Marsh/Rhodes. Et pourtant, dieu sait à quel point la brunette déteste être en conflit avec lui, en réalité, c'est bien simple, Marsh déteste être en froid avec les personnes qu'elle aime. C'est juste que cela semble compliqué en ce moment, elle et Edward n'arrivent plus à communiquer, à se comprendre, comme s'ils n'étaient plus sur la même longueur d'onde. Parfois, elle se surprend même à se demander s'ils ne devraient pas consulter, suivre une thérapie de couple, c'est dire. Elle l'aime, il l'aime, elle n'a aucun doute là dessus, c'est juste que.. c'est compliqué. C'est cela oui, c'est compliqué. Ils sont en train de se perdre l'un et l'autre, et Marsh semble avoir du mal à trouver une issu à tout cela, sans oublier qu'elle redoute l'instant où elle le confrontera à son envie de confier Alex à la garderie jusqu'à la rentrée scolaire prochaine, pour ainsi lui permettre de reprendre le travail plus tôt que prévus. Sur le chemin de retour, elle s'est arrêtée prendre du pain frais et des viennoiseries pour le petit déjeuner - petit plaisir du dimanche et/ou des jours de repos -, priant pour que Rhodes et son fils n'aient guère prit le temps de petit déjeuner en son absence.
En rentrant, c'est délicatement qu'elle referme la porte derrière elle, n'ayant aucune idée de s'ils dorment encore ou non. Mais, à en juger les échos de voix qui viennent lui chatouiller les oreilles lorsqu'elle retire ses écouteurs, nul doute quand au fait que mari et enfant son éveillés et déjà dans la cuisine.
« Tu es rentré tard cette nuit.» Lance t-elle alors qu'elle pénètre tout juste dans la cuisine. Pas le moindre reproche dans le ton de sa voix, juste une constatation. Une pure et simple constatation. Il la pensait sans doute endormie alors qu'il n'en fut rien. Le sommeil lui est léger et ce, depuis des semaines. « J'espère que je ne t'ai pas réveillé, je suis allé courir un peu, je t'avais laissé un mot, je ne sais pas si tu l'as vu.» Qu'elle enchaîne, déposant baguette et paquet de viennoiseries sur l'ilot central de la cuisine. Il ne l'a sans doute pas vu cette nuit dans la pénombre, mais la longue chevelure brune de Marsh n'est plus; elle a tout fait coupé hier pour un carré mi-long. Besoin de changement et de renouveau. « Tu lui as déjà donné son biberon ? » Questionne t-elle, alors qu'elle vient déposer un baiser sur la tignasse brune d'Alex sagement installé dans sa chaise haute, les lippes étirées d'un sourire tendre et maternel. Son fils, plus il grandit, et plus il devient le portrait craché de son père.
Do you think how it would have been sometimes ? @Laurel Rhodes
A-t-il le droit d’être sur la défensive ? A peine levé, alors qu’il prépare le biberon de son fils en maugréant - à son âge, cette mauvaise habitude devrait être révolue depuis longtemps - est-ce légitime d’être bougon sous prétexte qu’il s’est réveillé seul ? Lorsqu’il a ouvert les yeux, il était seul dans son lit king size, mais ne se moque-t-il pas lui-même de la charité d’avoir envie de l’envoyer paître quand elle s’est couchée sans lui ? Est-il hypocrite de songer la rabrouer alors qu’il est effectivement rentré tard ? Trop tard pour remarquer qu’elle a coupé ses cheveux et, par conséquent, s’interroger sur ces premiers signes évidents de la tempête qui s’annonce ? Les femmes ne changent pas de tête par hasard. S’il en croit le fruit de ses expériences - principalement avec ses soeurs - c’est généralement la preuve qu’elles ont besoin de changement, de renouveau, que le besoin de plaire et de renouer avec leur féminité est plus prégnant que leur rôle de mère. Si, la veille, il ne s’était pas attardé à manger des Donuts avec Hannah Whitemore dans une voiture, au milieu du parking d’un supermarché déserté par la clientèle, il aurait pu lui souffler à l’oreille ô combien il la trouvait jolie avec cette nouvelle coupe. Il l’aurait serrée dans ses bras et se serait souvenu de ce qu’elle est désirable dès lors qu’il la dévisage à travers le prisme de l’amour et non du père de famille. Sauf qu’il était absent. Il n’était pas là pour lui souhaiter une bonne nuit de la plus douce des façons. Il n’était pas à ses côtés lorsqu’elle s’est assoupie. Il était ailleurs, avec une autre, certes sagement, mais ça ne change pas grand chose. Il a fui le domicile conjugal pour ne pas affronter ces problèmes de couple qui enflent encore et toujours plus. Ils remplissent tous les espaces de cette maison qu’ils ont dû mal à apprivoiser. Sont-ils vraiment chez eux ? Serait-ce une excuse que d’invoquer le déménagement comme une cause non négligeable de leur éloignement ? S’en convaincre a au minimum le mérite de le déculpabiliser et, quoique sa marmite de tempérance bouillonne sous le feu feu de la frustration - elle rentre sans le saluer et embrasse son fils sans un regard pour le père - il se tait. Il ne proteste ni ne reproche. Il se tourne simplement vers elle pour lui offrir un sourire et secouer le dit-biberon en guise de réponse : il n’est pas donné, c’est en cours. Alex s’impatiente d’ailleurs. Il tend les bras vers son Graal, si bien qu’avant une tentative pour ouvrir le dialogue avec sa femme, Edward le confie au marmot non sans avoir embrassé son front au passage. « C’est quoi ? » lance-t-il en entourant les paquets d’un geste du menton. Il se doute évidemment. Il sait leurs habitudes, il cherche surtout un moyen d’éluder les questions sous-entendues par les constatations de Marsh. Elle le tendrait, se crisperait, comme un honnête citoyen pris en flagrant délit de fourberie. « Et je n’ai pas vu ton mot, mais tu as bien fait. » Prétendre l’inverse serait mentir. Le cas échéant, il est bien incapable de camoufler l’inquiétude de sa voix. Elle est palpable et, par orgueil, dès lors que son épouse contourne la chaise d’Alex, il se permet sans gêne de saisir le poignet de sa maman. « Et moi ? Je n’ai pas le droit à un bonjour ? » Un en bonne et due forme, pas celui qui ressemble à une formalité parce qu’il est motivé par la force de l’habitude. Un qui ressemble à ce baiser qu’il lui vole lui-même. «ça te va bien. Tes cheveux, ça te va bien. Tu as changé la couleur aussi ? » N’était-il pas plus foncés auparavant ? « Est-ce que je dois m’inquiéter ? » Un sourire étire ses lèvres : il feint la boutade, mais il n’en mène pas large. Il se souvient parfaitement du jour où, après une rupture, Mary a taillé sa crinière avant de s’envoler pour Melbourne.
Edward & Laurel Do you think how it would have been sometimes ?
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n effet, il lui aurait été très mal venu de balancer la moindre réflexion, ou de l'envoyer promener quant on sait qu'il passe la plus grande majeur partie de son temps à l'hôpital, qu'il enchaine les gardes et qu'elle se couche seule la plupart du temps, comme s'il fuyait le domicile conjugal, repoussait une énième dispute au sein de leur couple. Couple qui n'en est d'ailleurs que le simulacre depuis des semaines. Depuis combien de temps n'ont-ils pas eu une franche conversation sans se prendre le bec ? Depuis combien de temps n'ont-ils tout simplement pas eu un moment à eux, rien qu'à eux ? Marsh ne saurait le dire, et il est fort probable que Rhodes non plus. Leur déménagement n'en est pas la cause, il a certes participé à l'amplification des choses, mais il faut se rendre à l'évidence, leurs problèmes de couple avaient commencés bien au delà de ça.
Il a beau ne rien dire, ne balancer aucune pique, Marsh ne le connaît que trop bien, et les tensions qu'émanent de Rhodes sont plus que palpables, à point tel qu'elle lui rend son sourire, un semblant désolée. Désolée, mais de quoi au juste ? De cette situation un peu merdique dans laquelle ils sont, de cette spontanéité qui n'est plus, du manque de conversation, et d'une liste qui n'en serait pas moins exhaustive. « Croissants au beurre et pain aux raisins. » Qu'elle lui répond, tout simplement. Alors oui, elle connait les petites manières d'Edward et ses goûts parfois douteux en matière de céréales, mais elle sait aussi ô combien il peut apprécier ces viennoiseries qui sont vendu à la boulangerie du coin, tenu par un français. « Je me suis dis qu'après cette énième garde de la semaine, que ça te ferait plaisir.» Se risque t-elle à ajouter, tout en haussant les épaules, l'air presque nonchalante, détachée, comme pour dissimuler ce semblant de.. reproche ? Presque.
Elle s'apprêtait à ouvrir un placard quand elle s'est vu avorter son geste, pour la simple et bonne raison que Rhodes lui saisit le poignet, la forçant ainsi à virevolter de moitié et lui faire face.« Et moi ? Je n’ai pas le droit à un bonjour ? » Un sourcil s'hausse, et l'espace d'un quart de seconde, elle semble complètement éberluée. Aussi s'apprêtait-elle à lui répondre tandis qu'il prend les devants, une fois de plus, et lui vole un baiser. Baiser auquel elle répond malgré elle de la plus douce des manières. Et le rire qui s'échappe d'entre ses lèvres lorsqu'elle recule d'un pas. « Je suis dégoulinante de sueur, Rhodes.» Comme si cela allait le rebuter. Faux prétexte pour combler le manque de son "devoir" conjugal. Et le compliment qui, il faut bien l'avouer fait plaisir, tellement ils se font de plus en plus rare, les compliments. « Merci. Oui, j'avais envie de.. changer un peu.» N'est-ce pas Coco Chanel qui a dit qu'une femme qui se coupait les cheveux était une femme qui s'apprêtait à changer de vie ? Mhm. En effet, les cheveux sont plus courts, un poil plus clairs aussi. Le coiffeur a dit que cela éclairerait son joli minois, et que le carré, - bien que tendance - , la rendrait très certainement davantage femme, et cette féminité, c'est bien ce que Marsh compte retrouver, comme un tas d'autres choses. De nouveau un léger rire qui s'échappe, presque jaune. Et Marsh de lui répondre. « Penses-tu que tu devrais ? T'inquiéter ? » Lui répondre par une autre question, il déteste ça, et ça, Marsh le sait très bien, à croire que ça l'amuse. Ou pas. Peut-être qu'elle le cherche, le provoque, ou le teste, même si, au fond, il serait étonnant que Rhodes puisse encore se montrer jaloux. Les billes teintées de malice, un sourire presque narquois de pendu aux lèvres, Marsh se détourne à peine, juste ce qu'il faut pour choper deux mugs dans le placard. « Je ne pense pas que tu puisses t'inquiéter de Jacob dans tous les cas. » Ce dernier, bien que très bel homme et récemment séparé de sa femme n'a de yeux pour cette dernière, et la relation qu'il entretien avec Marsh est comme celle d'un frère avec sa soeur.
Do you think how it would have been sometimes ? @Laurel Rhodes
La semaine durant, j’ai ourdi des plans fumeux pour me préserver de cette ambiance glaciale qui s’installe entre Laurel et moi une fois Alex au lit. Les silences de Marsh me gêne alors, ce matin, tandis qu’elle m’honore d’une délicatesse - elle a ramené des viennoiseries pour le petite-déjeuner - je m’efforce de nourrir le feu de notre échange, aussi banal soit-il, afin qu’il réchauffe l’ambiance. Pour ce faire, je table sur la normalité des couples fatigués par la routine même si, je dois bien l’admettre, j’en suis chagriné. Ai-je été naïf d’imaginer que jamais elle ne nous impacterait ? Que mon mariage était si solide qu’il servirait d’exception à cette règle qui s’applique aux autres ? Ai-je été présomptueux qu’en concédant à notre amour assez de force pour se relever de toutes les épreuves ? En lui réclamant ce baiser, celui dénanti de la passion pré-partum, celui qu’elle m’offre du bout des lèvres - elle est trop crispée pour s’en flatter, j’ai douté de nous, une fois de plus, si bien que les babillages de notre fils m’a déchiré le coeur. Pour son équilibre, je refuse de jeter l’éponge trop vite, d’abandonner sans partir en guerre pour reconquérir ma femme. Sauf que je suis impuissant si elle se borne à me narguer par ses changements de cap radicaux. Je ne peux pas entrer seul sur le ring pour combattre notre ennemi, mais comment l’inviter à enfiler les gants pour s’allier à moi pour, au minimum, le premier round ? Comment l’inviter à me faire confiance quand je doute autant qu’elle ? Comment nous reconstruire si elle n’y met pas du sien ? J’apprécie son geste évidemment. Je l’ai par ailleurs remerciée de s’être arrêtée par la boulangerie, mais je déteste quand elle m’invente des prétextes pour se dérober à une marque d’affection. « Et alors ? Tu m’as fait plaisir. » ai-je admis en désignant du menton le paquet huileux de douceur. « J’avais envie de te le montrer. Tu serais pleine de boue que ça n’aurait rien changé pour moi.» Sous-entendu, pas pour elle et ça aussi, ça me désole. c’est un mur qu’elle dresse entre nous désormais et j’ai songé à relâcher son poignet. J’y ai pensé, mais un compliment plus noble que la flagornerie m’a arrêté parce qu’elle est belle, ma femme. Malgré ses traits rougis, elle rayonne d’une aura nouvelle ou, pour être exact, dont je n'avais plus été témoin depuis une éternité. Aussi, ai-je paniqué. Je l’ai présumée amoureuse d’un autre, un autre qui serait plus présent, plus attentif à ses besoins, plus à même de recueillir ses confidences. Alarmiste, je me suis demandé s’il envisageait de divorcer jusqu’à ce que je me raisonne. Il y a une différence notoire entre une attirance pour un autre et tout envoyer valser pour une lubie. Hormis cette nouvelle coupe de cheveux, il n’est rien qui puisse me permettre que mes inquiétudes sont fondées. Alors, je l’interroge. Je la questionne sans m’être réellement préparé à ce qu’elle me nargue et cite, sans scrupule, le prénom d’un autre. Le sol s’est aussitôt ouvert sous mes pieds et, déstabilisé, j’ai froncé les sourcils. Le petit est dans la pièce. L’heure n’est pas à la dispute, mais la contrariété gronde en moi comme le tonnerre. « Jacob ? Qui est Jacob ? » Elle ne travaille pas pour le moment. Ce n’est donc pas un collègue de travail dont l’identité m’aurait échappé. Il n’est pas comparable à cette consoeur avec laquelle j’ai dessiné l’ébauche d’un projet professionnel. Alors, qui est-il ? Pourquoi est-ce que je serre aussi fort ma tasse de café ? Pourquoi est-ce que je suis convaincu que, si ma jalousie est saine - elle est preuve que je l’aime encore - je n’arriverai pas à faire dérailler le train du désamour, le sien. « Marsh, tu ne m’amuses pas. C’est qui ce Jacob ? » ai-je chuchoté pour que mon humeur n’ait aucune conséquence sur celle de mon fils. Il est trop jeune pour assister à une querelle, bien trop pour être laissé sous surveillance et, pourtant, je tire ma moitié jusqu’au milieu du couloir. De là, je peux observer mon fils et veiller à ce qu’il ne se mette pas en danger. D’ici, je peux obtenir les explications dont j’ai besoin pour me convaincre que la catastrophe que je sens poindre depuis longtemps. « Comment veux-tu que je ne m'inquiète pas si tu me dis que je dois pas m’inquiéter tout en parlant d’un type que je connais pas. Et, le tout, dans la même phrase. Tu me fais quoi là ? » A nouveau, je ne parle pas trop fort… il n’est pas question que ma frustration dame le pion de mes bonnes intentions.
Edward & Laurel Do you think how it would have been sometimes ?
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l est parfois difficile d'admettre que ça va mal. Notre couple est en pleine crise, et j'ai parfaitement conscience que la plupart des couples vivent et traversent des crises, on ne m'apprend rien là dessus. Certaines sont plus ou moins longues, et les motifs diffèrent selon chacun, mais celle qui plane au dessus de nos têtes depuis des semaines, voir même des mois, ne semble pas vouloir s'estomper, et au contraire, semble s'accentuer un peu plus chaque jours. Nous avons signé pour le meilleur et pour le pire, mais le meilleur ne serait-il pas loin derrière nous à présent ? J'ai l'impression que cela fait une éternité que je n'ai pas entendu les rires d'Edward, ou tout du moins, que je ne les ai pas partagés. Et aussi difficile que cela puisse être à admettre je regrette notre vie d'avant. Pas forcément celle avant la naissance d'Alex, mais celle avant notre arrivée à Brisbane. Bien entendu, je ne peux pas rejeter toute la faute sur ce déménagement - nos problèmes ayant commencés un peu avant - mais cela n'a rien arrangé non plus il faut être honnête. Et si je l'étais réellement honnête, j'admettrais que je suis las. Las de ces disputes, et de cette image de couple parfait que l'on se complait à transmettre à l'extérieur mais qui n'en est rien. Nous ne savons plus communiqué sans nous prendre le bec, et il m'est de plus en plus difficile de me confier à lui comme jadis - a tel point que je préfère écrire anonymement à travers un blog mes émois et nos problèmes de couple - alors qu'il était mon meilleur ami en plus d'être mon amant et mon mari. Il était, et c'est bien ça le problème; aujourd'hui ces disputes ont tellement pris leur place et de l'ampleur que je n'arrive plus à communiquer aussi naturellement qu'avant avec lui, comme si, je devais prendre des pincettes pour éviter la crise, qui, soyons franc arrive toujours tôt ou tard. Vous savez ce qu'on dit, chassez le naturel, il revient au galop. Je n'arrive pas à faire semblant, tout du moins, je n'y arrive plus. Finirons-nous comme tous ces couples, à renoncer, à ne plus pouvoir et à nous détester ? Bien entendu, nous n'en sommes pas à ce stade - j'ose du moins l'espérer - mais il est difficile de ne pas y penser, parfois. La routine, l'affreuse routine est en train de nous mener à notre perte. Je ne rétorque pas et me contente de lui sourire quand il se justifie face à mon excuse aussi moisi soit-elle. Edward est loin d'être idiot, et je sais parfaitement qu'il a comprit et il vaut mieux ne rien ajouter plutôt que d'envenimer les choses.
Je sais son compliment sincère, quand il me dit que cette nouvelle coupe me va bien; Edward n'est pas du genre à balancer des choses qu'il ne pense pas. Et le sourire que je lui adresse lorsque je le remercie, est sincère. Je nous sers, café pour lui, thé pour moi, et désormais, je devine qu'une lueur maligne brille dans mon regard. Je l'ai cherché, provoqué, je plaide coupable, mais je ne m'attendais certaine pas à ce que la simple évocation du prénom d'un autre fasse surgir une telle réaction de la part de mon cher et tendre. L'espace d'un instant, je suis partagée entre l'idée de m'amuser un peu histoire de voir jusqu'où il serait prêt à aller ou bien couper court à toute crise de jalousie qui pourrait surgir. Ceci étant, Rhodes n'a pas l'air de bien le prendre à point tel que je n'ai pas le temps de dire ouf que nous nous retrouvons en deux temps trois mouvements dans le couloir. « Wow, wow, wow. On se calme Rhodes. » D'un geste de la main, je l'invite à baisser d'un ton, tout en lançant une oeillade vers Alex qui bien qu'installé sur sa chaise haute à penché la tête sur le côté pour mieux percevoir ses parents. Je secoue la tête, avec l'irrésistible envie de rire. Rire de l'absurdité de cette scène; je sais que ça serait mal venu, et pourtant, c'est plus fort que moi, je ne peux empêcher un rire de s'extirper d'entre mes lèvres. « Tu es ridicule Rhodes. Ceci étant, c'est amusant de voir qu'après toutes ces années, tu peux encore te montrer jaloux. » Je dois bien admettre que sur le coup, sa réaction a au moins eu l'effet de renforcer un tantinet mon égo. « Jacob. Jacob Copeland. » Tu sais, ce garçon dont j'étais amoureuse quand j'avais quoi, cinq ou six ans. Bon j'avoue que même adolescente, j'en pinçais peut-être encore un peu pour lui mais ça n'a jamais été plus qu'une amitié fraternel entre lui et moi. « Le fils d'un couple d'amis à mes parents. Il nous avait invité à son mariage, il y a six ans, mais j'y suis allé seule parce que tu étais en pleine période d'examens. Il vit à Brisbane, avec sa femme. » Oui, je tiens à souligner qu'il est marié, même si son couple traverse actuellement lui aussi une crise. Je déteste devoir me justifier, et encore plus quand je n'ai strictement rien à me reprocher, même si oui, je le sais, je l'ai cherché. « Ca nous arrive de nous voir, mais ça, tu le saurais si tu étais plus présent à la maison.» Il adore Alex, et inversement, mais ça, je me garde bien de le lui balancer, ce serait plus que mal venu, comme la dernière pique que je viens de lui adresser d'ailleurs. Je n'aurais peut-être pas dû, mais c'est trop tard.
Do you think how it would have been sometimes ? @Laurel Rhodes
J’aurais largement préféré qu’au lieu d’un silence, elle m’envoie une pique acérée alors que je découds volontairement son faux prétexte pour se dérober. Mon geste était naturel pourtant. Certes, il a probablement manqué de naturel. Abîmé par nos fréquentes disputes, je ne sais plus vraiment comment me comporter avec ma femme, mais s’enlacer ou s’embrasser pour se saluer, dans un couple sain, relève surtout de la normalité. C’était la nôtre avant la naissance de notre fils. A moins que je fasse erreur… Nous aurais-je sous-estimé ? Notre relation s’éffilochait-t-elle déjà avant l’arrivée d’Alex ? Je n’ai jamais eu l’impression que nous l’avions conçu pour tenter de nous sauver. Au contraire, je me suis longtemps persuadé que c’était la suite logique que de créer un petit être qui nous ressemble, un qui serait le fruit d’un amour indéfectible. Sauf que je doute à présent. Je doute et c’est entièrement de la faute de ma femme. Quel plaisir trouve-t-elle à m’éconduire quand je fais des efforts ? De quelle joie s’enthousiasme-t-elle lorsqu’elle est muette et non plus combative ? Par quel contentement justifie-t-elle qu’elle attise ma jalousie quand je suis à peine réveillé et que mon fils est à moins d’un mètre de cette nervosité qu’elle éveille en moi ? Marsh se comporte comme une égoïste. Elle m’horripile, mais je suis incapable d’être raisonnable et de retarder cette conversation qui menace de tourner à l’orage. Déjà je l’entraîne dans le hall. J’ancre également mes pupilles aux siennes, non pas pour l’intimider - ce n’est pas mon genre - mais pour percevoir, si je suis toujours apte à le faire, dans quelle mesure elle me mentirait à propos de ce Jacob. Le prénom de cet inconnu me crispe. Il me tend autant que la réaction de Laurel. Je déteste quand elle me prend ouvertement pour un con et, les bras enfin croisés sur mon torse - loin de moi l’idée d’être oppressant ou trop brusque - je fulmine. Je me contiens, mais ma colère est menaçante. Elle prévoit d’exploser au coeur de cette pièce avec mon bambin pour témoin. Je ne suis plus qu’une cocotte minute qu’on aurait oublié sur le feu. Je me fiche qu’elle m’ait au préalable servi un café. J’ai abandonné la tasse sur la table. J’ai délaissé mon besoin de caféine au profit de l’urgence d’obtenir des explications, celles que j’attends de pied ferme, le coeur battant et l’inquiétude supplantée par l’ire. Elle prend dessus alors qu’en réalité je suis tracassé. J’ignore simplement comment l’exprimer alors que je la soupçonne de manquer de transparence. « Je suis calme. » Je l’étais, c’est toi qui me rend fou. « Et c’est toi qui es ridicule si c’est une manoeuvre pour te rassurer. Pourquoi je ne le serais pas ? » Ce n’est pas un trait notoire de ma personnalité, mais je tiens assez à mon mariage pour sortir les crocs et devenir territorialiste quand l’envahisseur campe aux portes de mon royaume. « Si je te disais qu’hier, j’étais avec une autre, tu ne serais pas jalouse ? » ai-je persiflé, conscient que je joue avec le feu en invoquant une vérité. Mais, qu’ai-je à craindre ? Je n’ai rien à me reprocher. J’ai fui mon foyer, c’est vrai, mais je n’entretiens pas avec Whitemore une relation qui va au-delà du professionnel. Qu’en est-il de celle qu’elle entretient avec ce Copeland ? Copeland. Le patronyme m’est familier. M’en aurait-elle déjà parlé ? A-t-il fait l’objet d’une confidence sur l’oreiller ? Je n’arrive pas à m’en souvenir et ça me met mal à l’aise. « Je le connais ? » A priori, oui, puisque nous avons été invité à ses noces, noces auxquelles ma femme s’est présentée seule. Je suis d’emblée envahi par une bouffée de regrets que je dissimule au mieux. Cette émotion, elle bridera mon envie de comprendre pourquoi je n’étais pas au courant qu’elle le fréquentait. « De temps en temps… et sa femme est d’accord avec ça ou elle se couvre de ridicule, comme moi ?» ai-je demandé, irrité, jusqu’à ce qu’elle me plante un couteau dans le dos. Sa remarque à propos de mes horaires est malvenue puisque, je le maintiens, elle est responsable de mes fugues. De toutes, sans exception et, n’y tenant plus, j’ai craché : « Plus présent ? Et pourquoi je serais là puisque tu es jamais contente ? Pourquoi je rentrerais si tu m’ignores ? Pourquoi je me fatiguerais alors que tu te coupes les cheveux pour un autre type, marié en plus. Dis-moi, puisque si tu es si maligne. Pourquoi je ne repartirais pas après avoir mis le petit au lit avec toi alors que tu en as clairement rien à foutre que je reste ou non ? »
Edward & Laurel Do you think how it would have been sometimes ?
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on instinct me dit que cette histoire va mal se terminer, je le sens comme le nez au milieu de la figure. Cela dure depuis bien trop longtemps pour que ça ne puisse pas exploser d’un moment à l’autre. Edward semble sous haute tension au moins autant que moi et je n’apprécie que moyennement, pour ne pas dire pas du tout la manière qu’il a de m’entrainer avec lui dans le couloir. D’ailleurs, je ne me suis pas gênée de l’en informer à la manière dont je me suis "débattu", et ce, malgré qu’il n’y ait eu aucune brutalité, ni même animosité venant de sa part., et de nous deux, je suis certainement la plus impulsive. Il est quoi, même pas dix heures, et nous en sommes déjà au round 1 de la journée ; journée qui s’annonce en toute somme merdique. Et je suis soudainement prise de remords, non pas pour mon mari, mais pour mon fils, qui même s’il est en âge de comprendre, assiste une fois de plus, - de loin certes - au théâtre du couple en crise que nous sommes. Et tout ça à cause de quoi ? D’un tour chez le coiffeur et d’une coupe de cheveux. Risible, ça l’est complètement, même si au fond, je ris jaune pour ma part. « Non tu ne l’es pas. » Rétorquais-je aussitôt. Il ne lui sert à rien de me prendre pour une idiote, je connais mon mari – même si aujourd’hui il me semble parfois inconnu – comme si je l’avais fait. Son sang bouillonne dans ses veines, et son rythme cardiaque est en train de s’accélérer, même s’il tente de ne rien laisser transparaitre, je le sais, parce que c’est aussi le cas de mon côté, à la différence, que je suis moins douée que lui pour le dissimuler. Je serre les poings, quant à son allusion de fausse manœuvre où je ne sais quoi. Oui, je l’ai cherché un peu, et alors ? Mais il n’y avait là aucunes mauvaises intentions de départ, si ce n’est "taquinerie", certes mal placée, je l’admets. C’est d’ailleurs ce que je m’apprêtais à lui dire avant qu’il ne me lâche sa bombe. Attends. Est-ce qu’il vient sérieusement d’avouer qu’il était avec une autre la veille au soir ? Je fronce les sourcils, la bouche entrouverte, très certainement incapable de dissimuler la stupéfaction sur mon faciès. De nous deux, j’ai toujours été celle qui était également la plus jalouse, pas maladive – encore heureux – et la plus possessive, non pas que je n’ai jamais eu confiance en Edward – bien au contraire – mais plutôt envers la gente féminine ; je sais qu’une femme n’abandonne que rarement pour obtenir ce dont elle désire. Désormais, c’est tout un tas de questions qui taraude ma psyché. Qui est-elle ? A quoi ressemble-t-elle ? Quelle est la nature exacte de leur relation ? J’en ai la nausée rien que d’y penser. Ne pas tirer de conclusions trop hâtives me répète mon moi intérieur. Je secoue la tête, comme pour reprendre mes esprits et chasser ces pensées d’ondes négatives. « Et ça t’amuse ? » De me balancer ce genre d’info, comme pour enfoncer un peu plus le clou ? C’est lui contre moi, moi contre lui, sauf qu’à continuer à jouer ainsi avec le feu, nous allons nous brûler et perdre tous les deux. Qu’est-ce que la femme de Jacob vient à faire là-dedans ? M’écoute-t-il lorsque je parle où le fait-il exprès ? « Tu es en train de tout mélanger Rhodes. Est-ce que tu t’écoutes parler ? Je ne vais pas me justifier une fois de plus. Jacob n’est qu’un ami. » Et ça l’a toujours été. « Tu peux bien me reprocher des choses, mais certainement pas ce dont à quoi tu fais allusion. » Le ton est monté, je n’ai pas su le contrôler. Je n’ai rien à me reprocher avec Jacob ni avec aucune autre d’ailleurs, j’ai toujours été droite. Edward plus que quiconque devrait savoir à quel point la fidélité, la loyauté et la confiance sont des valeurs primordiales à ma vie, à mon équilibre et aux relations que je mène, quelles soit professionnelles, amicales et sentimentales. L’idée qu’il ai pu songer ne serait-ce qu’une seconde que je puisse commettre l’irréparable me fend le cœur. Littéralement. Et le couplet qui s’en suit ne fait qu’accroitre la chose. J’encaisse, incapable de prononcer le moindre mot tant ces palabres font écho en moi. Tu vas trop loin Edward. Je ne suis pas parfaite, et je veux bien reconnaitre mes tors quand ils sont justifiés, mais de là à tout me mettre sur le dos, c’est un peu gros. Nous sommes deux dans cette histoire, et c’est trop facile de ne rejeter la faute que sur l’un des deux parties. La gifle est partie toute seule. C’est bien la première fois que ça arrive. Ce ne sont pourtant pas les envie qui ont manquées, de lui faire rabattre son clapet de la sorte, lorsque nous étions encore sur les bancs de la fac en proie à un éternel jeu de compétition. « A la seule différence entre toi et moi, c’est que je réitère, Jacob n’est qu’un ami, et que je traine avec lui jusqu’à pas d’heure la nuit pendant que mon mari couche seul dans notre lit. Et si je m’en fichais, nous n’aurions pas cette discussion. » Le ton a été cinglant, je le sais, mais il l’a cherché. Je prends sur moi, pour ne pas craquer, même si je sens mes iris s’embuer peu à peu. Pas devant lui, ni devant notre fils dont les chouinements ne font entendre et m’alertent qu’il est grand temps de couper court à cette discussion. Je n’ai mais alors aucun scrupule à le planter là sans un regard pour rejoindre notre chérubin dans la cuisine. Après tout, il l’a avoué lui-même, il se porte mieux quand il n’est pas à la maison, loin de moi. Et bien qu’il fasse, c’est sa journée de repos, je le "libère" pour la journée.
Do you think how it would have been sometimes ? @Laurel Rhodes
Par esprit de contrariété, je pourrais insister et prétendre, encore et encore, que je suis d’un calme olympien, mais à quoi bon ? A quoi mentir quand nos années de couple lui confèrent un avantage certain : elle anticipe mes réactions et distingue mes émotions malgré mes ruses pour les dissimuler. J’en déduis donc qu’il est inutile de lutter et de persister à mentir. Le mieux est de me contenter d’un silence et d’un interrogatoire que j’estime à propos. Elle n’a pas le droit d’évoquer un autre homme - et je n’arrive toujours pas à remettre de visage sur un nom, ce qui m’agace plus encore - pour ensuite affirmer sans scrupule que je suis grotesque. Elle n’a pas le droit de me traiter comme si j’étais l’idiot du village, l’imbécile heureux un peu trop naïf que l’on peut insulter sans qu’il ne s’offusque. Je ne peux rester impassible alors que je suis blessé dans mon orgueil d’époux et que je suis mort de trouille à l’idée que mon mariage touche à sa fin. J’en doute parfois, mais la force de cette inédite jalousie sous-entend que mes sentiments sont toujours là, présents, quelque part au fond de moi et parfois particulièrement discrets à cause de la déception, mais ils existent. Il se terre derrière ma fierté qu’elle met drôlement à mal. Plus elle me blâme de reproches, plus je la trouve injuste. Difficile de lever les yeux au ciel pour la moquer. Elle ne se gêne pas pour le faire, elle. Elle y met beaucoup de cœur d’ailleurs. « M’amuser ? Qu’est-ce que tu crois comprendre, Marsh ? » ai-je sifflé entre mes dents, comme en aparté, histoire de ne pas alarmer mon fils qui avale son biberon en babillant. « J’ai dit SI. J’ai essayé de t’inviter à te mettre à ma place pour que tu puisses comprendre ce que ça me fait que tu passes du temps avec un mec que je connais pas. » Et, je le devrais pourtant. J’ai été invité à son mariage : pourquoi donc n’ai-je plus la moindre idée de son faciès ? « Et je n’ai pas dit non plus qu’il se passait un truc avec lui, je dis que ça me plait pas de savoir que tu le vois…» N’est-ce pas normal ? N’est-ce pas sain ? « Putain, mais qu’est-ce qui ne va pas chez toi en ce moment ? » ai-je ponctué, furieux, peinant à ne pas hausser le ton. A défaut de pouvoir me libérer de ma frustration, je dépasse les bornes du tolérable en me défendant de cette pique sournoise qu’elle m’a jeté à la figure. Bien sûr, je ne me rends pas compte. Je le réalise dès lors qu’elle m’administre une gifle retentissante. Elle m’a laissé pantois, m’a coupé le sifflet et le souffle parce qu’à mon sens, je ne la méritais pas. Certes, il y a du vrai dans ce qu’elle avance, mais à moins d’être médium - le cas échéant, je le saurais - elle n’a aucune certitude quant à ce qui a occupé ma soirée. Elle n’a sous le bras que des suppositions et je les maudis. Je les maudis en grinçant les dents, mâchoires serrées, parce que je ne peux même pas rétorquer : elle fuit. Elle récupère le petit dans sa chaise haute et se barre à l’étage sans se soucier de moi ou de ma déception.
Que faire ? Rester ou partir. Vivre ma vie dans cette maison comme si de rien n’était ou m’enfuir pour assurer des heures supplémentaires à l’hôpital. Demeurer dans cette maison où nous nous déchirons et attendre sagement l’heure de la sieste pour régler ça. Je me dis que le mieux, c’est de le boire mon fichue café et de m’enterrer dans la salle de bain le temps d’une douche et, ensuite, dans mon bureau. Sauf que j’ai été incapable de me concentrer sur une quelconque lecture. J’ai ressassé, encore et encore. J’ai même décidé que je ne lui parlerais pas, à mon épouse, tant qu’elle ne fera pas son mea culpa. Alors, tandis que mon fils s’endort sur le coup de 14 heures, je suis descendu à la cuisine, convaincu que j’y trouverais Marsh et, résolu à ne pas mettre de côté ma vanité, je me suis pavané au rez-de-chaussée sans lui piper le moindre mot et en faisant mine d’être très occupé à fouiller dans les placards.
Edward & Laurel Do you think how it would have been sometimes ?
"P
ourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il s'excite de la sorte ? Sa réaction est excessive. Trop excessive à mon goût. J'ai du mal à le saisir. Je n'ai pas envie de me justifier une fois de plus, mais j'aimerais néanmoins comprendre. Nous n'avons jamais eu de soucis à Perth avec nos amis, nos collègues, du sexe opposé, parce que nous avions justement confiance l'un envers l'autre. Pourquoi est-ce différent cette fois ? Putain Rhodes. Se pourrait-il que cette confiance, de base si solide, soit justement en train de dépérir ? Notre couple, notre mariage part en fumée, et je crains de plus en plus, que notre amour ne suffise pas. Ne suffise plus. Les disputes sont devenues notre quotidien, et quelque part au fond de moi, je ne peux le blâmer de fuir le domicile conjugal pour éviter les crises. En revanche, je ne tolère qu'il ne rejette toute la faute sur moi. Nous sommes deux, et il est temps qu'il mette son putain d'égo de côté et assume lui aussi sa part de responsabilité. « Ah, parce que pour le coup, il faudrait que je me mette à ta place ? C'est nouveau ça. Et quand moi je t'ai demandé d'essayer de te mettre à ma place quand j'ai seulement évoqué le fait que le boulot puisse me manquer ? Mais non, au lieu de ça, je devrais m'estimer heureuse de voir notre fils grandir. Et avant que tu n'ajoutes quoique ce soit, je suis HEUREUSE de le voir grandir, mais mon boulot me manque. Et on sait tous les deux, que ça aurait été la même pour toi. Alors ne viens pas me chercher sur ce terrain Rhodes.» A t-il seulement essayé, ne serait-ce qu'une fois ? J'en doute. Mais au fond de lui-même, s'il est honnête avec lui, avec moi, il sait que j'ai raison. Je sais à quel point Edward aime son fils et qu'il regrette de ne pas avoir assisté à certains moments clé de sa vie, mais nous savons pertinemment tous les deux, et justement parce que nous avons cette passion commune pour nos boulots respectifs qui nous anime, qu'il ne serait pas resté autant de temps sans travailler. Chose que je ne lui aurais jamais reproché, enfin je pense. Ce ne sont que des suppositions, on ne peut jamais être sûr de rien, et tant que l'on a pas vécue la ou les choses, difficile de s'imaginer et pouvoir complètement se mettre à la place de. Comment ça, qu'est-ce qui ne va pas chez moi, il est sérieux ? Je rêve. J'hallucine, complètement, et mon regard ne se cache pas de le lui faire comprendre.« Oh non. Non, non, non.» Et je secoue la tête, de gauche à droite, comme pour accentuer mes paroles, tout en agitant l'index de ma main droite vers lui. Ca y est, il m'agace au plus haut point et mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines.« Il est hors de question que tu rejettes toute la faute sur moi. Tu ne le dis pas ouvertement, mais tes insinuations en disent long sur ce qui se trame dans ton esprit.» Et puis c'est parti tout seul. La gifle. Je ne suis même pas certaine qu'il ai réellement comprit le sens ni même l'élément déclencheur de cette dernière, comme je ne suis certaine qu'il ai assimilé m'avoir blessé avec ses insinuations à la con. Tu fais chier Rhodes.
Nous nous sommes évités tout le reste de la matinée. Lui enfermé dans son bureau, moi à relâcher la pression en m'occupant du petit. Je n'ai rien avalé, ni ce matin, ni ce midi, et me connaissant, il est fort probable que je n'arrive à avaler quoique ce soit de la journée. Les nerfs sont en train de me bouffer, bien que la colère soit redescendu. C'est le spleen et la nostalgie qui m'ont poussé à sortir les vieux albums photos, dont celui de notre mariage que je feuillette, observe depuis une quinzaine de minutes. Je me souviens de ce jour comme ci c'était hier; c'était un mariage intimiste, en petit comité, rien de bien clinquant, ni de bling-bling, parfait à mes yeux et nous étions.. heureux ? J'ai à croire, à espérer que oui. Je relève légèrement le regard vers lui lorsqu'il daigne montrer le bout de son nez dans la cuisine. Il m'exaspère déjà, avec son petit jeu sournois du "je fais genre je cherche quelque chose dans l'espoir que tu l'ouvres en premier." Il oublie que je le connais, et le pire là dedans, c'est que nous savons tout deux que ça va fonctionner. Il m'exaspère, et pourtant, je ne peux m'empêcher de le trouver beau, mon mari. Edward fait partie de ces hommes qui, en vieillissant se bonifient, comme le bon vin. En revanche, on ne peut dire que ce soit la même chose niveau caractère. Je soupire et referme l'album photo devant moi. Ce n'est pas dans ces placard que tu la trouveras, la force d'admettre que tu l'avais mérité. Je suis bien tenté de la lui envoyer celle-là, mais j'ai pleinement conscience que ça ne saurait que remettre de l'huile sur le feu et préfère m'y résigner. Je tords le bouche tantôt à droite, tantôt à gauche. On a l'air comme deux cons là, tout aussi penaud l'un que l'autre. « Je suis désolée.» Je le suis, sincèrement, même s'il la méritait à mon sens. « Pour la gifle.» Et à présent qu'il s'est retourné, je ne peine aucunement à soutenir ses iris bleutées - dont Alex a hérité soit dit en passant - , le silence planant à nouveau. Pesant et dérangeant.
Do you think how it would have been sometimes ? @Laurel Rhodes
Avons-nous d’autres choix que de faire preuve d’empathie ? Au contraire, n’allons-nous pas droit dans le mur si nous ne nous écoutons ? Est-ce réellement moi qui suis incapable de le faire ? De l’entendre et de la comprendre ? Je n’en ai pas l’impression, mais je pourrais l’accepter, ma part. Je pourrais revoir mes comportements et changer mon fusil d’épaule pour rétablir le dialogue entre nous. Mais, pourquoi le ferais-je ? Pourquoi m’y collerais-je si elle hausse le ton sur moi ? Si elle se regarde perpétuellement le nombril ? Si elle ne s’attarde que sur ce qui la chagrine au lieu d’envisager aussi ce qui moi me désole en tant que père ? « Non, ce n’est pas nouveau. C’est normal. Tu as signé pour ça. On l’a fait tous les deux.» Et moi, j’aurais souhaité que nous continuions à avancer ensemble. J’aurais espéré que les complications que rencontrent parfois les couples ne soient pour nous que des futilités. Or, la situation s’aggrave de jour en jour. Je fuis la maison. Elle fréquente d’autres types atteignant la cime d’une montagne de jalousie qui chatouillerait les pieds du ciel. C’est dire s’il est difficile de l’éveiller. C’est dire comme j’ai toujours eu confiance en elle et en nous. Peut-être dois-je doucement, mais sûrement, commencer à faire mon deuil de notre complicité et de notre amour. « Tu aimes bien t’écouter parler, mais tu n’es plus même cohérente, Marsh. Quelle est le problème à t’estimer heureuse d’être avec ton fils si tu l’es ? Pourquoi tu passes ton temps à me chercher des poux ?» ai-je haussé le ton, furieux qu’elle m’accuse de ne pas me concentrer sur elle mais uniquement sur moi. Je comprends que son job lui manque : il était l’objet de ses ambitions. « Tu devrais ouvrir un dico et chercher la définition de la compromission, ça pourrait t’être utile.» Je suis insultant maintenant, mais n’est-ce pas la réponse à ses injures ? Me pointer de son index, c’est le summum du mépris. « Baisse le doigt, Laurel. Arrête ça, tu es grotesque. Et, tu sais ce qui l’est aussi ? Me reprocher de communiquer par des allusions quand c’est exactement ce que tu fais toi-même. De toute façon, je ne sais pas pourquoi je me fatigue : on ne sait pas discuter avec toi.» Ce fut sans doute la remarque de trop : j’ai écopé d’une gifle et, furieux, penaud, surpris également, je me suis rembruni plutôt que de hurler. Je m’abaisserai pas à son niveau. Elle ne mérite pas que je brade quand sa seule réaction, quand nous nous disputons autour de notre problème, c’est la violence. La violence, l’impertinence et la mauvaise foi. Aussi, me suis-je isolée, loin d’elle, dans mon bureau. Dans ce refuge, je l’ai maudite de me priver d’une journée de congé que j’aurais pu partager avec mon fils. Sauf que je préfère mourir plutôt que de l’admettre, de sortir de mon repaire et me battre pour gagner le droit de distribuer mon temps avec ma famille. Sans la faim, j’aurais dormi sur le tout-petit canapé dans la pièce. Au lieu de ça, je descends. J’envahis le territoire. Je traine mes savates de la cuisine et fourre mon nez dans le placard en quête d’un paquet de chips. J’en trouve un, je l’ouvre tandis que Laurel l’exprime, son mea culpa. « Moi aussi, je suis désolé. » lui ai-je soufflé, malheureux, mais refusant de le lui montrer. Je ne suis pas en train de lui présenter des excuses, mais de pointer du doigt l’excessivité de ses réactions et non des miennes. Certes, je peux reconnaître que, moi aussi, j’ai exagéré. Mais, le cas échéant, je n’ai pour l’affirmer qu’un soupçon de douceur dans ma voix et un soupir de dépit alors que je m’assois à côté d’elle dans le divan. « Je suis désolé que ta seule réponse a été de me gifler. Il y avait d’autres moyens, Marsh. Il y en a d’autres. Et je suis aussi désolé qu’on n’arrive plus à se comprendre, que tu me considères comme un ennemi aussi. J’entends ce qui te tracasse, mais comment veux-tu que je cherche des solutions si tu me dis que la moitié du problème ou si tu me les dis comme ça ? » En criant ? En me provoquant ? En me titillant sur de nouveaux terrains après avoir m’avoir envoyé de mauvais signaux.
Edward & Laurel Do you think how it would have been sometimes ?
"J
e ne dis rien, me contentant de le fixer dans la lumière du petit matin. Et je l'écoute, j'encaisse la moindre de ses remarques, comme j'encaisserais les coups sur un ring de boxe sans prendre la peine de me défendre. Je pourrais très certainement continuer à surenchérir encore et encore, à me justifier et à tenter de lui prouver par a+b qu'être heureuse de voir mon enfant grandir n'a rien d'incohérent avec le fait que le travail puisse me manquer. L'un n'empêche pas l'autre. Edward fait rarement dans la demi mesure, pour lui, c'est blanc ou noir, rarement gris, et il me le prouve une fois de plus ce matin. L'incompréhension qui se dresse entre nous ne fait que s'accroître de jour en jour, et je ne suis pas certaine - sur l'instant T - d'avoir envie à continuer de m'épuiser dans cette dispute Je nous ne reconnais plus. J'en viens presque à regretter qu'il ne travail pas aujourd'hui pour le coup, tant la douleur consume ma poitrine et ma gorge se serre au fur et à mesure de son flot de paroles. Comment ose t-il parler de compromis quand d'un commun accord nous avons convenu que c'est moi qui mettrais ma carrière entre parenthèse un temps pour m'occuper d'Alex ? Ce culot. Il me scotch carrément, en témoignent la stupéfaction sur mon visage et mon regard éberlué. « Mais arrête ! Je n'ai rien insinué du tout.» Ce n'est pas de la mauvaise foi. J'ai simplement, je pense été maladroite en balançant le prénom de Jacob - comme j'aurais très bien pu sortir Isaac, ou Yelahiah qui sont les trois hommes en plus d'Edward qui m'arrive de fréquenter régulièrement - mais en aucun cas je n'ai insinué ce dont il est train de me reprocher. Tout ça ne prouve qu'une fois de plus que nous ne sommes plus apte à nous comprendre. Nous nous éloignons de jour en jour et je dois reconnaitre que la peur de perdre mon époux me guette, mais que je ne sais pas non plus comment le garder. Sommes-nous en train de devenir comme tous ces couples qui ne restent ensemble simplement parce qu'un chérubin se situe au centre ? Cette pensée m'en crève le coeur. Mais je n'ai pas le temps de m'y attarder tant ses paroles dont de nouveau écho en moi. Je n'ai pas répondu, tout du moins, pas à haute voix. C'est ma main, celle de droite plus précisément, qui est venu s'échouer - comme les vagues s'échoueraient sur un rocher - sur sa joue gauche.« Dans ce cas, ne perds pas ton temps. » Lui ai-je soufflé après mon geste, la voix teinté par l'amertume de cet échange. Et je suis parti. Je me suis occupée d'Alex, une bonne partie de la matinée non pas sans ruminer ce qui me provoqua une violente migraine. Je me sens complètement désarçonnée, et pourtant, je sais que tôt ou tard, nous allons devoir reprendre cette discussion et mettre les choses à plat. Du moins, essayer.
J'ai toujours aimé les photos; en prendre des tonnes pour ensuite les faire développer et les coller dans des albums photos avec différentes annotations ici et là. Elles regorgent de souvenirs et d'émotions les photos, et je me plais parfois à consulter nos albums. Celui de notre mariage respire la joie, la bonne humeur et l'amour. Un léger voile brumeux passe sur mon regard lorsque je les observe, ces photos. J'ai toujours entendu ma mère dire que dans un couple, après quelques années, tout reste, sauf la passion. Elle avait peut-être raison ma mère; la passion n'est plus entre Edward et moi, et qu'en est-il de notre amour ? Sera t-il assez solide pour contrer cette période conflictuelle entre lui et moi, ou bien au contraire, va t-il s'étioler au fur et à mesure ? Je sais pourtant mon amour immuable pour Edward, mais est-ce seulement suffisant aujourd'hui ? Un soupir franchit la barrière de mes lèvres, tandis que je referme l'album photo, et relève le regard vers Edward dont la silhouette vint à prendre place à mes côtés. « Je suis désolé que ta seule réponse a été de me gifler. Il y avait d’autres moyens, Marsh. Il y en a d’autres. Et je suis aussi désolé qu’on n’arrive plus à se comprendre, que tu me considères comme un ennemi aussi. J’entends ce qui te tracasse, mais comment veux-tu que je cherche des solutions si tu me dis que la moitié du problème ou si tu me les dis comme ça ? » Il a raison, je l'admets, j'ai été trop loin en le giflant de la sorte, mais à quoi bon remettre ça sur le tapis ? Ce qui est fait, est fait. Je l'écoute, j'assimile chacun de ces mots et je reconnais une fois de plus ne pas avoir toujours la bonne manière de faire et/ou de dire les choses. « Peut-être parce que je ne sais tout bonnement plus comment te dire les choses sans avoir la crainte de te froisser ? Peut-être parce que j'ai le sentiment de devoir prendre des pincettes et de devoir peser chaque mot, peut-être parce que je suis las de ces disputes ? Et tout simplement parce que je n'ai peut-être plus envie de me sentir jugée, coupable. » Il ne le fait peut-être pas exprès, pas consciemment, mais indirectement nos disputes me font culpabiliser sur mon envie de reprendre le travail et mon rôle de mère. J'ai trop entendu ma mère regretter d'avoir mit ses ambitions de côtés pour moi, pour devenir comme elle. Je marque une pause, le temps d'observer la moindre mimique sur la faciès d'Edward, mais également de peser le pour et le contre. Est-il apte à comprendre, mais surtout est-il non seulement prêt à entendre et à encaisser mes maux ? Et moi, suis-je seulement prête à les partager avec lui, et surtout, à les assumer pleinement ? Suis-je prête à affronter mes « démons », a reconnaître que tout ne va pas pour le meilleur des mondes et à ne pas percevoir cela comme un simple signe de faiblesse de ma part ? J’inspire dès lors profondément avant de poursuivre. « Je ne me suis pas coupé les cheveux pour un autre. Je l'ai fais pour moi. » Et accessoirement, pour lui, pour qu'il me trouve jolie, et peut-être même de nouveau désirable ? Oui, c'est cela, désirable. Je dévie dès lors le regard, réfléchissant à nouveau à comment amener les choses sans que cela ne dégénère ou autre chose qui pourrait s'en rapprocher. « Tu ne me regardes plus, Rhodes. Ou tout du moins, tu ne vois plus en moi que la mère de ton fils. » Mais je suis une femme avant tout; et je suis, sa femme. L'espace d'un instant, je repense à ses paroles, ses insinuations balancées quelques heures plus tôt. Je me suis promise de ne pas poser de questions, de ne pas tirer de conclusions trop hâtives, mais les questions ne peuvent s'empêcher de venir infiltrer mon esprit. Etait-il réellement avec une autre la veille au soir alors que je le pensais de garde jusque tard dans la nuit ? Mon mari me délaisse t-il au profit d'une autre ? Ne nous sommes pas promit amour et fidélité ? Je me refuse d'y songer ne serait-ce qu'une seconde de plus, même si cela me brûle les lèvres. Je n'ai pas envie de savoir, pas maintenant. J'en crèverais sur le champs. « J'ai besoin de me retrouver moi. Besoin de travailler à nouveau, de retrouver une vie sociale. Je n'ai jamais été et je ne serais jamais comme toutes ces femmes simplement bonnes à rester à la maison en attendant que leur époux rentre le soir. Attention, je ne dis pas qu'elles ont tors ou autre, juste que ça n'est pas moi. Ca n'est pas moi. Et je pensais que toi, mieux que quiconque aurait pu me comprendre là dessus. » Je me tais à nouveau, jaugeant la moindre réaction d'Edward.
Do you think how it would have been sometimes ? @Laurel Rhodes
Je ne m’attendais ni à la surprise qui se dessine sur son visage ni à cette gifle qu’elle me sert. D’après moi, elle est sans fondement et s’il y avait dans son discours de quoi discuter, de quoi attendrir mon arrogance afin que nous puissions enfin trouver un terrain d’entente. Et, je pourrais le faire. Je ne suis pas borné et j’ai souvent fait du bien-être de Marsh une priorité. Elle me coupe cependant toute envie de me comporter en mari aimant parce qu’elle n’assume rien ou plus rien. Parler de Jacob, n’était-ce pas des insinuations ? N’a-t-elle pas cherché à me provoquer par ce biais alors que, ce matin, j’ai fait un effort. J’ai clairement fait un pas vers elle en l’embrassant. Mon compliment, je l’ai pensé et mon tracas devant sa coupe de cheveux était bien réel. Moi, je demandais juste à être rassuré, pas giflé en plein visage au sens figuré et, plus tard, au sens propre. C'en est trop pour pour moi si bien que je me retranche dans mon bureau. Je me prive de mon fils pour ne pas exploser devant cette succession d’affront. Sa mauvaise foi est pendable et si je nourris beaucoup de colère contre elle, je dois admettre que je suis surtout déçu. Je ne la reconnais plus, Marsh. Peu à peu, elle me devient étrangère et ça me désole. Où est-elle passée cette fille intelligente qui discutait toujours et ne frappait jamais qu’avec les mots ? L’ai-je changée malgré moi ? Se pourrait-il qu’elle ait tout simplement cessé de m’aimer ? Cette baffe, est-ce l’aveu de ce qu’aujourd’hui elle me déteste ? Je le répète : je ne la reconnais plus et toute l’abnégation du monde ne pourra m'aider à comprendre cette inconnue que j’ai eu plus tôt en face de moi. Cette femme n’est plus combattive, elle est hargneuse et je déteste ça. Je n’aime pas ce que nous sommes en train de devenir alors que la vie nous a donné un enfant magnifique et en bonne santé. Alex, pour moi qui ai toujours voulu des enfants et avec elle seulement, est certes ma fierté, mais aussi le symbole de nos années de bonheur. Où sont-elles à présent ? Ne sont-elles plus que des brèves de notre existence à ranger dans la case du souvenir ? Tout doucement, mon ire est supplantée par le désarroi et en descendant au salon, mon coeur est triste. Il l’est tellement que j’entends ses excuses sans en être ébranlé positivement. J’y crois à peine à cause de cette lueur satisfaite que j’ai cru voir danser dans ses yeux au moment où sa main est partie. Alors, je lui confie avec arrogance mon amertume, avec arrogance, mais aussi l’espoir fou qu’elle adhère à mon point de vue ou, qu’a minima, elle ne le discute plus comme une enfant capricieuse. Je me fiche que ça sonne comme un reproche. Dans le fonds, il en est peut-être un. Je n’ai jamais toléré la violence : c’est l’acte du faible, du pris en faute, c’est le paquetage de la bêtise.
Au moins a-t-elle recouvré la raison. Pour la première fois depuis des mois, elle me confie sa fatigue, celle qui fait écho à la mienne et, enfin, je me suis assis près d’elle dans le divan. Je suis prompt à déposer nos problèmes, à les éplucher et à trouver des solutions avec elle. Mon ego est prêt à s’effacer si elle se montre habile et subtile, assez pour ne pas le froisser. « Moi aussi, je suis fatigué de tout ça, tu sais. Ce matin, j’avais envie que ça se passe bien et je comprends pas ce qui a foiré. Je ne comprends pas pourquoi tu fuis dès que je fais un pas vers toi. J’ai cru que Jacob était la réponse, que c’est celle que tu me donnais en tout cas. » Je ne suis pas un gars jaloux, mais j’aurais un idio de ne pas m’inquiéter, au vu de l’état de notre couple qu’un autre homme lui tourne autour. J’en suis toujours tracassé d’ailleurs. « Et je ne comprends pas non plus en quoi je te culpabilise. » Est-ce en rapport avec notre fils ? A cause de ma façon d’envisager de ce que reprendre le travail la chagrinera lorsqu’il sera grand, ce qui arrivera trop vite à notre goût ? Est-ce parce que j’ai peur qu’elle s’en veuille de ne pas avoir assez profité de son enfance tant qu’il a besoin de nous ? Qu’il réclame des câlins ? Moi, j’en souffre. Je souffre de ne pas être aussi présent que je le souhaiterais. Avoir peur pour elle, est-ce anormal ? S’imagine-t-elle que je lui impose le sacrifice de sa carrière ? A priori, je ne suis pas loin de la vérité. C’est, pour le mois, ce que je saisis de toutes ces explications et ça me tend. Dommage ! J’étais rassuré qu’elle ait décidé de se couper les cheveux pour elle et non pas pour un autre type. J’étais réconforté qu’il soit le moteur de ses envies de renouveau. Peut-être que celui-là n’implique pas que nous nous séparions. Peut-être que je dramatise après tout. J’en doute. J’ai foi en mon jugement. Mais, je ne jurerais de rien… je ne mettrai pas la charrue avant les boeufs alors que nous dialoguons pour la première fois depuis une éternité et que notre vie sexuelle ressemble à un désert rempli de cactus. Si j’approche, elle pique. « Ce n’est pas vrai. Je te vois. Je te vois tous les jours. Il y en a pas un où je ne me dis pas que tu es magnifique. » Je pense aussi que la maternité lui va bien, mais je n’oserais pas l’affirmer. Je doute qu’elle en soit flattée, alors je m’abstiens. « Je n’ai jamais dit que tu devais être comme toutes les autres. Je n’ai même pas considéré un seul instant que tu devais passer ta vie à la maison à m’attendre. Je...» Qu’ajouter ? J’ai refusé la possibilité d’envoyer mon bébé à la crèche. Et, la suite, ce serait partager mon manque d’amour, celui qui m’a meurtri durant toute mon enfance, parce que j’ai perdu mon père et que ma mère se suicide à petit peu. « Et, je comprends ce dont tu as besoin, mais Alex va bientôt commencer l’école.» Qui ira le chercher à l’école ? Avec mes horaires et mes nouveaux projets, ce n’est pas envisageable. Dans ce cas, comment trouver un équilibre qui nous conviendra à tous les deux ? Je suis à court d’idées et, perdu, je soupire. « Je ne sais pas quoi te dire. Je n’ai pas de solutions pour toi. Mais, on est là et je me doute que toi, tu as déjà réfléchi à la question. Alors, je t’écoute. Dis-moi. Qu’est-ce que tu veux ? » me suis-je enquis, mon corps tourné vers elle et mes yeux cadenassés aux siens. Je suis attentif à ses besoins, comme toujours, à la différence que j’ai l’intention de ne plus décider à sa place… tout du moins, vais-je essayer.
Edward & Laurel Do you think how it would have been sometimes ?
"L
e calme, après la tempête. Je serais tenté de penser jusqu'à la prochaine tant nous les enchaînons depuis des mois. Je déteste clairement cette sensation, celle d'être morte de trouille. Morte de trouille à l'idée que mon mariage puisse se briser d'un éclat de verre parce que nous en sommes arrivés à un point où Edward et moi ne nous comprenons plus. Et cette impression de pouvoir le perdre d'un moment à l'autre. Si l'un pense noir, l'autre va penser blanc, et ainsi de suite. C'est le jeu du chien qui se mord la queue entre nous. La situation m'échappe totalement, et j'en perds le contrôle; preuve est, je l'ai giflé plus tôt dans la journée. Ca n'était jamais arrivé, et même si, je ne démords pas du fait qu'il l'ait mérité, j'en culpabilise, et je lui accorde raison, parce qu'il y avait et qu'il y a toujours d'autres moyens de régler les choses. Je me sens impuissante, et intérieurement, je continue de pester, contre lui, contre moi. Surtout contre moi en fait. Je déteste me sentir vulnérable comme je le suis actuellement. Mes angoisses, mes craintes et mes peurs ne sont que faiblesse - du moins, c'est ce que j'ai longtemps pensé avant de me rendre compte que j'étais loin d'être la seule -, et les avouer à haute voix, qui plus est à mon mari, me terrifie. Je ne devrais pas, et pourtant, c'est bien là la triste résultats de nos disputes à répétitions et de ce climat sous haute tension qui plane dans cette maison depuis bien trop longtemps. [color:cf0a=##ff6600]« Moi aussi, je suis fatigué de tout ça, tu sais. Ce matin, j’avais envie que ça se passe bien et je comprends pas ce qui a foiré. Je ne comprends pas pourquoi tu fuis dès que je fais un pas vers toi. J’ai cru que Jacob était la réponse, que c’est celle que tu me donnais en tout cas. » Je plisse les yeux, tandis qu'un énième soupire fuse et s'échappe d'entre mes lèvres. « J'ai été maladroite.» Pour Jacob. Bien sûr, que j'en ai joué par la suite - grosse erreur d'ailleurs - alors que de base, je voulais simplement le rassurer du fait que je n'avais pas changé de coupe de cheveux pour un autre, et qu'il n'avait pas à s'inquiéter de Jacob, puisque ce dernier est sans doute le seul homme hormis mon mari qu'il m'arrive de voire régulièrement ces temps-ci. Et quand bien même je le répète, ce dernier est très bel homme, il n'y a rien entre lui et moi si ce n'est une profonde amitié. Jacob est comme le grand frère que je n'ai jamais eu. Il a raison, Edward, quand il me dit que je recule dès lors qu'il fait un pas vers moi. C'est vrai, je fuis, comme lui fuis bien souvent - trop à mon goût - la maison. J'en suis arrivée à la conclusion qu'il n'avait tout bonnement pas envie d'être là, ou tout du moins, pas avec moi. Comment pourrais-je interpréter toutes ces tentatives vaines d'approches, si quelque part au fond de moi je suis persuadée qu'il le fait par simple habitude et non pas par réelle envie ? Je n'ai pas envie de ressembler à ces couples qui n'agissent que par simple automatisme après tant d'année. Quand bien même la passion ainsi que notre complicité se soient essoufflées, j'ose espérer qu'elles n'ont pas sombrées dans les affres de l'oublie et que quelque part au fond de nous, subsistent de petites lueurs d'espoir. « Ce n’est pas vrai. Je te vois. Je te vois tous les jours. Il y en a pas un où je ne me dis pas que tu es magnifique. » Même ça, j'en suis à me dire que c'est uniquement dans le but de me faire plaisir, et d'apaiser ma fureur. C'est triste, et je ne trouve rien à répondre, si ce n'est que de lui adresser un mini sourire. Je sais que cela part d'une bonne attention, je n'en doute pas c'est juste que.. Comment pourrait-il me trouver encore féminine et magnifique quand justement moi, il me semble avoir perdu cette partie de moi-même ? Est-ce que tous nos problèmes viennent simplement de moi et de cette partie qu'il manque à ma vie ? Suis-je trop égoïste, ou bien trop exigeante envers lui, envers moi-même ? « Non, tu ne l'as pas dis, c'est vrai. Mais tu n'es pas forcément pour non plus.» Le fait de devoir confier Alex à la crèche, ou bien à une nourrice. Pourtant, je suis sûre que cela lui ferait le plus grand bien, de pouvoir commencer à couper le cordon avant de commencer l'école, de se sociabiliser d'avantage. « Je sais très bien les questions que tu te poses, mais tu ne peux savoir à ma place ce dont j'ai besoin. Et ni toi ni moi ne savons à l'avance si c'est un choix que je regretterais ou pas. Je sais simplement que je ne veux pas devenir comme ma mère.» Je ne veux pas reprocher indirectement à mon fils d'avoir mis ma carrière entre parenthèse, d'avoir mis mes rêves et mes ambitions de côtés comme m'a mère a pu le faire jadis. Je n'ai jamais douté de l'amour de ma mère, ni même de son envie de m'avoir à ses côtés dans sa vie, mais je l'ai trop souvent entendu dire à tel ou untel qu'elle avait abandonné ses choix de carrière pour moi et quand bien même était-ce sans attention de me blesser ou autre, j'en ai souffert par le passé, et je ne veux pas ça pour notre fils. Je ne le veux pas. « J'ai besoin d'exister pour moi. Et pas seulement pour notre fils. Aujourd'hui, je ne suis qu'une maman.» Peut-être suis-je trop dure, trop direct. Mais il ne sert plus à rien d'emprunter mille et un chemin pour tenter de froisser ni l'un ni l'autre. « Le problème qui se pose aujourd'hui, sera le même dans six mois, dans un an, ou dix. Nous sommes tous deux médecins.» Qu'il ose prétendre le contraire serait mentir, ou bien se voiler la face. Aujourd'hui peut-être voit-il les choses à court terme, ou sur le moment en se demandant qui ira la chercher à l'école, qui le bordera le soir, mais sur le long terme, quand il faudra l'accompagner à ses leçons de musiques, ou lorsqu'il faudra assister à ses entrainements ou matchs de rugby - qu'en sais-je, je ne sais pas ce que notre fils préfèrera -, les questions d'aujourd'hui sont aussi les questions de demain, et si nous n'arrivons pas aujourd'hui à trouver une solution, je doute que cela fonctionne sur le long terme. A t-il seulement conscience de tout cela ? Bien sûr, je pourrais continuer à l'accabler d'avantage, parce qu'il y a le soucis de sa famille, que nous voyons très peu finalement, et dont il se fait de plus en plus secret. Mais chaque chose à la fois.
Do you think how it would have been sometimes ? @Laurel Rhodes
Maladroite ? Le mot est si faible que je lui sers un bol de soupe à la grimace. N’aurait-elle pas convoqué ce Jacob à la table du petit-déjeuner que je n’aurais pas écopé d'une gifle. Je me fiche que la relation de cause à effet, selon mon point de vue, ne soit qu’un grossier raccourci. Ma jalousie est légitime. Qu’importe qu’elle ne me ressemble pas. Dans le fond, elle est l’expression d’une souffrance latente que nos problèmes de couple distille savamment dans chaque artère de mon corps. Elle a nourri ma colère tout au long de l’après-midi, mais je suis plus calme à présent. Trouver Marsh plongée dans nos souvenirs figés sur papier glacé m’a apaisé, un peu, juste assez pour que j’encaisse argent comptant sa justification. Je m’arrête sur un “maladroite” sans le commenter. Je n’en pense pas moins, mais je ne dis rien. Pas plus que je ne l’interroge à propos de ce Jacob. Pas maintenant. Au contraire, j’allumerais l’allumette qui bouterait le feu à l’atmosphère chargée du gaz de nos frustrations respectives. Or, je n’aspire plus qu’à nous éviter l’explosion maintenant qu’elle a formulé un semblant d’excuses dont je me contente. Nous sommes deux êtres fiers. Un combat de coq ne nous mènera nulle part, certainement sur la voie de la réconciliation et, si tant est qu’elle puisse s’envisager, je me promets de débroussailler l’orée du bois qui cache le sentier vers cet objectif-là. Sera-t-il long ? Est-ce un parcours semé d’embûches ? D’épreuves à surmonter ? Est-il constitué d’étapes à respecter ? De bonne composition, je conviens que la première est d’ouvrir mon esprit à la tolérance et je fais aussitôt fi de mon intransigeance pour lui confier mon ressenti. D’après moi, c’est un pas de géant en avant que de la dértromper puisque je la vois, ma femme. Je la regarde encore et qu’elle en doute me peine : je ne le cache pas. Certes, elle ne l’avoue pas tout de go. Je le déduis plutôt de son silence et n’est-ce pas pire encore ? Mu par l’anxiété, j’ai saisi sa main et j’ai répété son surnom : « Tu entends ce que je te dis ?» ai-je apostrophé son mutisme en quête d’une réaction. « Pourquoi tu ne me crois pas ?» En quoi est-ce difficile de se figurer belle à mes yeux malgré la maternité ? Manque-t-elle de confiance en elle aujourd’hui ? Qu’ai-je raté pour que mes mots ne l’atteignent plus ? N’a-t-elle plus foi en moi parce que je suggère, sans le désirer, que sa place est à la maison ? Qu’une mère doit, au minimum, être prête à réduire sa charge de travail pour prendre soin de sa progéniture ? N’est-ce pas plutôt ce que j’aurais souhaité comme modèle familial alors que j’ai grandi avec une mère en perdition et sans père ? J’ai beau dénié, je serais menteur si j’affirmais que cette potentielle situation ne m’arrangerait pas. Pour Aex, parce que j’ai peur qu’il manque d’une mère, comme moi, bien que Laurel n’est en rien comparable à Ellie Rhodes. Pour mon épouse également : je crains qu’elle regrette d’avoir confié l’éducation de son fils à une étrangère. Et, pour moi, parce que c’est confortable de la savoir dévoué à sa famille quand j’ai crevé des dysfonctionnements de la mienne. Mais, tous ces arguments sont-ils valables ? Ne sont-ils pas simplement égoïstes ? Ne sont-ce pas là des hypothèses ? N’a-t-elle pas, une fois de plus, raison, ma conjointe N’est-ce pas la dénaturer et nous plonger dans une débâcle sans nom ? Je dois me rendre à l’évidence : la tourmente n’est plus à la porte de notre maison. Elle est présente. Elle plane entre nous et, malheureusement, je ne peux exclure que mes préceptes ataviques n’en sont pas responsables. « Et moi, je ne veux pas qu’Alex vive la mienne ou une qui lui ressemblerait. Mais, tu as raison. » Et ça me coûte de l’admettre. Mon arrogance est au tapis : je l’ai mis moi-même KO. « Et je n’ai pas de solutions. » ai-je capitulé de guerre lasse. Si le souci est insoluble, de quelles options jouissons-nous ? La séparation ? Je refuse. Ce serait de loin la plus mauvaise idée pour nous tous ou, tout du moins, mon fils et moi. Ralentir sur mes horaires pour offrir plus de largesse à Laurel quant aux siens dès lors qu’elle reprendra le boulot ? Je pourrais l’envisager, mais je me suis lancé dans des projets auxquels je tiens, des projets chronophages que je n’ai pas à coeur d’abandonner. J’en serais malheureux, mais là encore, est-ce que je me regarde le nombril en désavouant ses émotions au profit des miennes ? « Arrête, il y a des tas de gens qui arrivent à cumuler leur boulot et leur vie de famille. Pourquoi on n'y arriverait pas ? » Peut-être que l’explication tient à ce que j’ai mal d’imaginer mon fils confié à une nounou. « Et tu n’es pas qu’une maman... » Elle est aussi ma femme, mais est-ce que ça a encore une quelconque importance à ses yeux ? « J’entends tout ce que tu me dis. » Elle est en train de souligner toutes ces fautes, teintées de bienveillance, mais qu’elle m’impute tout de même comme si j’étais le pire gars que la terre ait jamais porté. « Mais, ça ne me dit pas ce que tu veux. De quoi as-tu besoin, Laurel ? » ai-je réitéré, pragmatique à souhait. Je ne m’épuise pas en conjecture. J’ai besoin de faits pour envisager une approche qui, je l’espère, nous agréera tous les deux, si possible.. .