« j’ai pas compris les règles du jeu, reviens… » mia mckullan, dylane bradford & mason bradford
Toutes ses saisons qui passent, pour que Mason se rende compte que rien n’avance, qu’il fait du surplace. Depuis qu’il a recroisé Mia sur la plage, elle hante son esprit, et si il pensait pouvoir la combattre. La chasser de son esprit, elle reste là, à l’encre indélébile. Elle porte une place dans ce cœur éteint, fragile. Qui se voulait mort, c’était du moins la chose la plus plausible selon lui, parce qu’il n’a jamais accepté qu’on lui rappelle autre chose. Il n’est pas prêt à affronter ses propres démons, mais elle a réveillé en lui, un électrochoc. Elle a réveillé ce qu’il pensait éteint, lointain, disparut en pleine tempête. Et aujourd’hui plus qu’aucune autre fois, qu’aucun autre jour, il a besoin de la ressentir contre lui. Cette douleur latente, ce goût du risque, cette passion déferlante qui l’a autrefois poussé à fuir, à ne pas la retenir. Il regrette, et les mots sont faibles, mais elle l’a dit elle-même, c’est trop tard et il réalise tout ce qu’il vient de perdre en une fraction de secondes. Ce baiser fût celui de l’adieu, de deux corps qui ne se mêleront plus l’un contre l’autre. Cet adieu était certainement le plus douloureux qu’il est eu besoin de faire, et c’est aussi celui pour lequel, il se raccroche, à cette bouée de sauvetage. Parce qu’il a besoin d’elle dans sa vie, besoin qu’elle lui tienne la main. Parce qu’il se meurt à petit feu loin d’elle, mais que son égo lui a toujours interdit de montrer quoi que ce soit, de prouver au reste du monde, qu’il n’est pas que comme on voudrait l’exposer. Cette sensation est terrible, et son but à présent c’est de la retrouver. C’est la raison pour laquelle, il se remonte à présent les ruelles de son propre quartier, là où il habite. Mais là aussi, où elle habite, la McKullan. Elle hante son esprit, furtif et éphémère, elle n’en est jamais vraiment partie. Et c’est douloureux pour lui de s’en rendre compte, de devoir mettre des mots sur ses sentiments, lorsqu’il n’a été qu’un poison pour elle, qu’un monstre, rejetant toute la faute sur l’unique personne qui l’a aimé, sincèrement. Qu’il a aussi aimé, autrefois, à sa manière, pas celle que Mia aurait voulue, sans doute. Sa vie n’est qu’un déclin, et il ne se rend pas compte de ce qui se passe autour de lui, de ce qu’il pourrait lui proposer. Il ne se rend pas compte que son avenir est déjà scellé, et en tout cas, qu’il ne formera jamais rien avec la journaliste. Qu’elle est passée à autre chose à l’instant même où elle a claqué la porte de son appartement. Où elle attendait des excuses, des explications et qu’elle s’est vue fermé la porte à double tour, de son cœur, de ses pensées. De cet avenir prometteur qu’il possédait au creux de ses mains. Elle ne faisait pas partie de son futur, elle ne faisait pas partie du plan, et il s’en contenta. A l’époque. Sans chercher à la retenir, sans chercher à vouloir poser des mots sur ses agissements. Elle n’était peut-être qu’un jeu, un nom de plus sur une longue liste – c’est en tout cas ce qu’il n’a pas cherché à démentir à l’époque. Et aujourd’hui, qu’elle lui échappe, il voudrait la récupérer pour lui. Il voudrait qu’elle retrouve ses bras. Il la voudrait contre lui. Pour combien de temps ? Pour de mauvaises raisons sans doute, parce qu’il ne sait pas aimer Mason, il ne sait pas accepter la simplicité. Il ne sait pas profiter de ce qu’il possède, il en veut toujours plus, toujours autant. Quitte à blesser, quitte à faire souffrir. Et Mia mérite bien mieux qu’être une coupe à son effigie. Pourtant, il se trouve à présent devant le numéro 97, et il ne tarde pas à toquer à sa porte. Une porte close. Une porte qui mérite une attention particulière, lorsqu’il se souvient encore de leurs ébats. Autrefois. Il toque une fois de plus, impatient, « Mia, ouvre-moi, je sais que t’es là… » Il ne devrait pas être là et au fond de lui, il sait combien il n’a pas suffisamment combattu son cœur, ni cette fierté qu’elle lui échappe… Une nouvelle fois. Elle finit par lui ouvrir la porte, mais il sent que dans son regard rien ne prédit de bon. Que rien ne sera comme avant, et que cette main tendue d’autrefois, n’existera plus jamais. Il le sait tout ça, mais le refuse. « Est-ce qu’on peut parler ? » Il demande, sans pour autant être certain de savoir quoi lui dire. Le basketteur n’est pas celui qui se confie le plus, c’est elle, habituellement qui possède les bons mots pour blessés, ou pour aimer. Pas lui. Et pourtant, il est là, abîmé plus que jamais.
Ces derniers mois ont été compliqués. Depuis mon accident, les choses se sont enchaînées, parvenant à peine à reprendre mon souffle entre deux disputes, deux déceptions, deux contrariétés. L’impression d’étouffer, de perdre mes repères quand tout s’emmêlait, ne plus savoir quel chemin choisir. Celui de la raison quand pourtant j’ai été incapable de m’éloigner de lui. Celui de la sagesse quand j’ai préféré noyer mon chagrin et retomber à l’âge de l’insouciance où avec des amis proches nous n’avons su nous imposer aucune limite. Enfin, celui du pardon quand trop de personnes autour de moi m’ont tourné le dos, m’ont déçu et que j’ai toujours été incapable de laisser ma rancœur de côté. Pourtant, il semblerait que ce dernier chemin soit celui que j’emprunte progressivement quand je parviens enfin à faire un pas en avant vers mon père, à qui j’ai su dire je t’aime, lui avouer qu’il m’avait manqué, que notre complicité me manquait et que j’avais envie de renouer avec lui pour de bon. Quand j’ai su aussi retourner vers Geo, ce père de substitution, malgré les mensonges. Quand j’ai su pardonner les mots durs que Pete ou Knox ont eu envers moi… Tout comme j’ai su reconnaitre mes torts à l’égard de ces personnes qui me sont chères. Mais est-ce que je peux en dire autant quant au chemin de la raison ? Quand j’aurai dû me tenir éloigné d’Alec depuis des mois et que j’en ai été incapable ? Ce chemin-là, je l’ignore, je tire même un trait dessus quand ce matin, c’est dans ses bras que je me réveille. Quand nous nous autorisons enfin à être heureux ensemble, à nous laisser une chance. La chance de former ce couple que nous nous sommes toujours refusé d’être. Il dort paisiblement à mes côtés et un sourire vient étirer mes lèvres parce que je me sens bien dans ses bras. Heureuse. Je savoure l’instant, ma main venant caresser son bras qui m’enlace, ce bras qui me retient, comme pour être sûr que je ne vais pas fuir. Et à regret pourtant, je me détache de son emprise pour me diriger vers la salle de bain. Il m’y rejoindra quelques instants plus tard, avant que je ne le laisse terminer de prendre sa douche pour aller préparer le petit déjeuner.
Alors que le café s’écoule dans la tasse, ça toque à la porte. Une fois. J’arrête la cafetière et entend à nouveau toquer. L’impatience semble se trouver derrière la porte. « Mia, ouvre-moi, je sais que t’es là… ». La voix que j’entends ne m’est pas étrangère. Je la reconnais dès le premier mot prononcé. Je me fige même alors que je me dirige vers la porte, marquant un temps d’arrêt. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ? Qu’est-ce qu’il veut ? Je respire et finit par ouvrir la porte, à moitié. « Est-ce qu’on peut parler ? » « Non, Mason, ce n’est définitivement pas le bon moment ». J’ai ce regard méprisant alors que je suis déterminée à ne pas lui ouvrir davantage la porte pour le laisser entrer. Non, il n’y aura aucune conversation entre nous. Il n’y en a plus eu depuis longtemps, et ce n’est certainement pas aujourd’hui que cela va changer « Tu n’as plus le droit de débarquer comme ça. Tu n’en as plus le droit depuis longtemps. Va-t’en ». Et je ne lui laisse pas vraiment le choix quand la porte finit par se refermer sur lui, qu’elle claque un peu plus fort que d’habitude parce qu’il a suscité en moi une colère soudaine, abrupte, dont je me serai passée… Je viens prendre appui contre celle-ci, collant mon dos contre la porte, ma tête partant en arrière contre également. Je soupire. Parce que je n’étais pas préparé à cette visite éventuelle et que j’ai peut-être aussi cette curiosité de savoir pourquoi il veut me parler. Lui à qui j’ai tendu cette main, maintes et maintes fois, qu’il n’a fait que repousser, encore et encore. Quand il a fini par nous briser tous les deux, et que notre dernière rencontre a été un adieu définitif, où j’ai décidé, où nous avons décidé, que plus jamais nous ne ferons partie de la vie de l’autre. Et derrière cette porte, pourtant, je n’entends pas de pas qui prennent la direction de l’ascenseur, quand j’ai la sensation d’entendre sa respiration, haletante, et que je sens venir les mots qu’il a, malgré tout, besoin de me dire.
« j’ai pas compris les règles du jeu, reviens… » mia mckullan, dylane bradford & mason bradford
Il a été sa bête noire durant ses dernières années, un poison qui se répand dans son cœur et dans son corps de manière si brutale, que lui-même n’a jamais voulu endosser ce rôle. Prendre du recul, fuir lâchement n’ont étés que des réponses à ses actions, mauvaises et pourtant existantes. Il avait eu envie de se rattraper, parfois quand son cœur lourd et solitaire criait vouloir être entouré, quand ses plaies ne pouvaient être pansé que par Mia. Mais la vérité, c’est qu’il n’a jamais pu voir cette douloureuse vérité devant lui, il a toujours nié, pire encore rejetant la faute sur elle, la seule qu’il n’aurait jamais dû blesser. Il s’en veut et aujourd’hui, il n’accepte pas qu’elle puisse lui tourner le dos, qu’elle ne soit plus sienne. Qu’il n’est plus d’emprise sur elle, c’est pourtant un combat perdu d’avance et il en a conscience. Tout au fond de lui, qu’elle a changé, qu’elle est quelqu’un d’autre à présent. Qu’elle n’est plus celle qu’il a rencontrée, qu’elle n’est plus celle qui l’a aimé. Aujourd’hui, elle est devenue plus forte, et elle ose s’affirmer, quand à l’époque, elle le laissait croire ce qu’il souhaitait, pourvu que ça le calme. Pourvu que ça l’apaise. Il rejoint cette porte fermée, frappe voulant déjà l’affronter, ce besoin qui l’anime bien malgré lui. Il entend ses pas derrière la porte, et déjà un sourire satisfait lorgne sur son visage, évitant de penser qu’elle pourrait être accompagnée, qu’elle ne serait peut-être pas seule. Rien ne change la donne, il est déjà allé trop loin désormais pour faire marche arrière et compte bien ce qu’elle entende tout, que ça l’enchante ou pas. « Non, Mason, ce n’est définitivement pas le bon moment. » La porte s’ouvre de quelques centimètres, jusqu’au crochet, il tente de passer son pied pour forcer un peu, la main dans l’ouverture de la porte alors que son regard s’agrippe à celui de la journaliste. Elle ne lui fait plus confiance, n’est-ce pas ? Pourquoi n’ouvre-t’elle pas plus la porte sinon ? Serait-il devenu celui à abattre dans la vie de la McKullan ? Il serre les dents, sa poigne resserre la porte qu’il tient pourtant entre les doigts, se doutant que si il n’voulait pas se retrouver à douiller dans quelques instants, quand elle claquerait cette porte, faudrait qu’il la lâche, qu’il abandonne l’idée même de s’approcher d’elle. Mais ça fait mal, c’est douloureux même pour lui. Que ce soit de l’égo ou de l’amour, ça reste profondément marqué. « C’est jamais le bon moment avec toi… » Il ne capitule pas, proteste, il voudrait simplement rentrer quelques instants et repartir si elle le lui ordonne. Mais elle ne le lui ordonnera jamais, si il venait à pénétrer à l’intérieur. Parce que les mots qu’il n’avait jamais eu autrefois, et qu’elle aurait tué pour les entendre de sa propre bouche, il les possède, les convoite, les utilise à bon escient aujourd’hui. Il a mûrit, c’est du moins ce qu’il cherchera à se convaincre, mais il suffit qu’une seule carte de son château ne soit pas bien placée pour que le tout s’effondre. Une nouvelle fois, une fois de trop. Il la regarde, il la toise d’un regard qu’elle ne cherche même pas à s’attarder, encore moins à comprendre. « J’ai besoin de te parler, Mia, ça ne durera pas longtemps… » Elle connaît la chanson par cœur avec lui. Mason est fermé pendant des mois, voire des années, et le jour où Monsieur se réveille, tout le monde doit être à ses pieds pour l’écouter, le comprendre, aller dans son sens. Mais la vie n’est pas ainsi faite. Et elle sait le lui montrer, le lui prouver en ne lui laissant pas le choix. « Tu n’as plus le droit de débarquer comme ça. Tu n’en as plus le droit depuis longtemps. Va-t’en… » Et sans même qu’il ne trouve à protester, cette fois, la porte claque sous ses yeux, il a tout juste le temps de retirer son pied et sa main, qu’elle claque si fort que ça résonne encore de longues secondes dans ses oreilles et dans son cœur. Il ne sait pas si c’est cette douleur, qui se répand en lui, ou si ça signifie d’avantage. Mais il ne compte pas l’écouter, il ne compte pas partir, et il pose sa main sur la porte, comme pour savoir si elle est encore là, si il pourrait la ressentir à travers la porte, s’il entend des pas, une voix masculine. Mais c’est le vide. Le vide partout, en lui, et autour de lui. « Mia… Je sais que t’es là, derrière cette porte… » Sa voix est plus calme, plus douce comme si il ne voulait pas qu’on entende ce qu’il avait à dire… Mais il pourrait y avoir des oreilles qui traînent ici, que rien ne changera… « Je t’en prie crois-moi, je regrette ce qui s’est passé sur la plage, je n’aurai jamais dû me comporter comme ça après ce qu’on a vécu… » Un long moment de silence s’empare de lui, « ce n’était pas un baiser d’adieu… » Il n’a jamais été question de lui dire adieu…
« C’est jamais le bon moment avec toi… » Quelle mauvaise foi dans ses mots quand je lui ai toujours accordé le temps nécessaire. Quand je lui ai accordé bien plus que ce que je n’aurai dû, quand le seul remerciement que j’ai reçu est une indifférence totale. Une indifférence qu’il a su me démontrer davantage lors de notre dernière rencontre. Cruel, impartial, remuant le couteau dans la plaie quand j’ai tenté une dernière fois d’obtenir des explications et qu’il n’a pas daigné m’en donner. Et parce qu’il semble être désormais prêt à le faire, il faudrait que j’accepte. Que j’accepte de l’écouter, que je lui ouvre à nouveau grand cette porte qu’il essaye de retenir ouverte quand elle l’a suffisamment été. Qu’elle l’a trop été. Il n’a plus sa place, il ne l’aura plus. Plus jamais. Parce qu’il a laissé passer sa chance et parce qu’il ne compte plus comme il a pu compter autrefois. Alors, comme pour ne pas éveiller cette colère, ce ressentiment qui sommeille en moi contre lui, je préfère rire. D’un rire jaune, quand il ose me sortir une absurdité pareille. L’hôpital qui se fou de la charité. « J’ai besoin de te parler, Mia, ça ne durera pas longtemps… ». Ma tête tourne doucement de gauche à droite car je ne changerai pas d’avis, je ne lui accorderai pas une seconde de plus de mon temps. Il ne rentrera pas, il ne fera pas un pas de plus dans cet appartement qu’il a déjà bien trop fréquenté par le passé, lorsqu’il avait eu toutes les occasions de me parler. Alors, oui, j’évite peut-être ce regard, son regard pour ne pas accepter de l’écouter, peut-être pour ne pas prendre conscience qu’il se tient devant ma porte pour me dire enfin ce que j’ai toujours voulu entendre, comprendre. Ce comportement, cette indifférence à mon égard, même si cela ne changera rien à ce que je peux ressentir envers lui. Parce ce quoi qu’il puisse dire aujourd’hui, ses paroles n’auront pas les répercussions qu’elles auraient pu avoir hier. Elles n’auront plus aucun effet, elles ne me feront pas revenir en arrière sur ma décision du passé. Il était trop tard. Alors, comme pour lui faire comprendre un peu plus vite, et aussi parce qu’il y a bel et bien cette autre présence de l’autre côté de la porte, que j’ai peur qu’il débarque d’une minute à l’autre et puisse lui tomber dessus, je claque la porte au nez de Mason, non sans lui adresser quelques derniers mots. Va-t-en est tout ce qu’il doit retenir. Et surtout entendre et accepter. Accepter de partir et ne jamais revenir, parce que nous nous étions dit adieu durant cette matinée de novembre.
Il ne le fera pas car je n’entends aucun bruit de pas s’éloigner de cette porte. Et qu’à la place, après un mince instant de silence, où je suis appuyée contre cette porte, de peur peut-être qu’il puisse forcer l’entrée, j’entends à nouveau sa voix. Mon cœur accélère alors dans ma poitrine, parce que je comprends à cet instant, qu’il n’arrêtera pas de parler, que cette barrière érigée par cette porte ne le stoppera pas et qu’il va parler au travers… Mes yeux se ferment, dans l’espoir sûrement que je me réveille de ce cauchemar où il va parler trop…beaucoup trop… « Mia… Je sais que t’es là, derrière cette porte ». Mes yeux se réouvrent et je soupire parce qu’il emprunte en plus cette voix douce, presque apaisante, comme pour m’amadouer. Parce que, si en six mois, j’ai eu le temps d’apprendre à connaitre ce qui l’aider lui à s’apaiser, il le sait aussi pour moi. « Je t’en pris crois-moi, je regrette ce qui s’est passé sur la plage, je n’aurai jamais dû me comporter comme ça après ce qu’on a vécu… ». Elles sont là les excuses. Celle que j’ai toujours attendu, que je n’ai jamais reçu de sa part. Je me décolle progressivement de la porte, me retournant pour faire face à celle-ci « ce n’était pas un baiser d’adieu… ». Mon bras se tend et ma main vient saisir cette poignée pour rouvrir cette porte. Mais cette fois, parce qu’il n’est toujours pas question qu’il pénètre à l’intérieur, je suis celle qui passe le pas de la porte et referme cette dernière immédiatement derrière moi. Je le repousse alors de mes deux mains, pour l’inciter à reculer et à partir « Comment tu oses venir me dire ça maintenant Mason ?! ». La colère se lit sur mon visage, dans mon regard et même si j’ai envie de lui crier dessus, je tente de contrôler le volume de ma voix pour ne pas qu’on nous entende. Parce qu’il n’y a pas de raison d’ameuter tout le monde quand il n’y a plus rien à se dire, que plus rien n’a d’importance, quand ses mots ne m’atteignent plus. « Je m’en fou de tes excuses, je m’en fou que tu ais des regrets… C’est trop tard maintenant ! Pars ! ». Je reste là quelques secondes à le regarder, et puis tourne les talons. Pourtant, mon bras qui se lève pour saisir la poignée à nouveau, se rabaisse, me pivotant à nouveau pour lui faire face « Ce n’était rien d’autre qu’un baiser d’adieu » je lance alors dans un soupir « Rien d’autre ! » j’ajoute avec un ton plus ferme. « Les adieux ont été prononcés il y a bien longtemps et jamais rien ne changera ». La discussion se terminait là pour moi, lui tournant le dos définitivement pour retrouver celui qui, désormais, faisait partie de mon présent.
« j’ai pas compris les règles du jeu, reviens… » mia mckullan, dylane bradford & mason bradford
C’est un trou béant qu’elle a laissé, un vide immense dont elle ne mesure pas la grandeur. Parce qu’il n’est pas de ceux qui s’attachent facilement, encore moins qui montre quoi que ce soit. De ses sentiments, de ce qu’il pourrait ressentir. Il est bien plus souvent dans un jeu installé, dans des promesses qu’il ne saura même pas tenir. Et le joueur en lui ne cède jamais, il ne veut pas perdre, alors il fera tout pour fuir avant que le piège ne se referme sur lui. Et c’est ce qui s’est passé avec la journaliste. Elle aurait pu le changer. Et si seulement, il n’avait pas été aussi buté, il l’aurait laissé faire, il lui aurait fait la promesse de veiller sur elle, que quoi qu’il arrive, que rien n’aurait pu les séparer. Pas même le basket. Pas même son côté arrogant, qui veille à ce que personne ne s’approche trop près de lui et de son cœur. Mais elle l’aura marqué, pas de la manière dont elle aurait voulu à l’époque, pas celle qui fait que ça aurait pu être elle et lui contre le reste. Mais elle l’a marqué, plus qu’il n’a voulu lui faire part à l’époque. Elle l’a marqué, et aujourd’hui, il succombe à ses envies. Elles sont mauvaises, puérils. Que d’égo en lui quand il vient jusqu’à chez elle. Quand il l’affronte. Quand il sait quoi faire pour marquer des points. Elles n’ont pas l’effet escompté, parce lui voudrait juste qu’elle baisse les armes, comme lui n’a jamais su faire. Il voudrait juste qu’elle l’écoute et qu’elle cesse de le contredire. Il a mal, mais il ne veut pas lui montrer, ne veut pas qu’elle le voit. Et si elle décide de refermer la porte jamais il ne lâchera, jamais avant qu’elle le regarde droit dans les yeux pour lui indiquer qu’elle ne ressent plus que haine et dégoût pour lui. Il ne cessera jamais d’y croire parce que rien n’indique que sa chance est devenue nulle, il s’engouffrera dans ce putain de terrain glissant, qui l’use, le fatigue et le rend malheureux. « Comment tu oses venir me dire ça maintenant Mason ?! » Elle le pousse violemment une première fois, puis une seconde fois. Mais qu’est-ce qu’elle croyait ? Que parce qu’elle était rentrée chez elle, que parce qu’elle avait refermé la porte à double tour derrière son passage, qu’elle est hors d’atteinte ? Elle n’attend même pas qu’il en dise davantage, pour que la porte se rouvre et qu’elle le rejoigne sur le palier. Sa voix est calme, limpide, basse. Mais son regard parle pour lui, elle le déteste et il le devine aisément, sans une once de difficulté. Elle l’affronte et le sourire du basketteur ne faiblit pas. Il obtient ce qu’il désire et si elle n’est pas en mesure de le voir, lui sait qu’il marque des points. Que ce serait quitte ou double, et qu’il ne se laissera pas mettre sur le banc de touche. Pas comme ça, pas maintenant, pas aussi facilement… « Parce que tu les ressens toi aussi, je l’ai vu… » Parce que sinon elle serait pas là, devant lui. Parce que sinon elle rentrerait dans son maudit appartement. « Je m’en fou de tes excuses, je m’en fou que tu ais des regrets… C’est trop tard maintenant ! Pars ! » Elle le repousse de nouveau, mais c’est pas ça qui le démotivera, et il est presque déçu qu’elle pense ça de lui. « J’ai essayé de t’oublier depuis la plage, mais j’ai besoin qu’on revive ce qu’on a vécu en 2018, Mia… » Sa voix est plus faible, et pourtant il cherche à ce qu’elle se retourne vers lui, à attirer son regard sur lui. Il cherche à refaire naître ses sentiments d’autrefois. « Retourne-toi Mia… » Elle a cette main sur la poignée de sa porte, tête baissée, il peut entendre ses soupires, sa respiration devenue plus saccadée, elle hésite. Il le sent qu’elle hésite, alors il s’avance d’un pas, puis d’un autre jusqu’à ce que son corps puisse presque toucher le siens si il le voulait vraiment. « Ce n’était rien d’autre qu’un baiser d’adieu… Elle pivote vers lui en plaçant son doigt sur son torse, rien d’autre ! » Qu’elle lâche plus fermement. « Tu sais très bien que c’est faux… » Il a cette hargne lui aussi de lui faire entendre raison, mais à quel prix. Au risque de la blesser elle, et aussi Dylane si elle venait à l’apprendre. « Les adieux ont été prononcés il y a bien longtemps et jamais rien ne changera… » Il lève les yeux au ciel. Attrapant son bras avant même qu’elle n’est le temps de s’échapper cette fois, dos au mur juste à côté de sa porte d’entrée, ses lèvres qui se rapprochent des siennes. Que fais-tu Mason ? « Je sais ce que tu as ressentie ce jour là… » Il a ressenti la même chose lui aussi. Il souffle contre son visage de l’air chaud, sans jamais faire tomber ses yeux des siens. Narguant ce besoin avide de compléter cette distance, qu’il ne complètera pas, pas cette fois. Parce qu’elle n’est plus sienne. « Et je sais ce que signifiait tes larmes… » Qu’il souffle de nouveau, sans même sentir une présence derrière lui, alors qu’il était à deux doigts de commettre l’irréparable devant d’autres regards. Les pires sans aucun doute. « Je ne veux que toi Mia… » Le cœur battant, sa poigne qui ne se dégage toujours pas de la journaliste comme si il avait peur qu’elle finisse une fois de plus à lui tourner le dos, et à le planter là…
Le temps pourrait bien finir par nous figer. Ce que tu fais même quand c’est pas assez, ça vaut de l’or… Détruit moi, sers-toi de moi, j’peux tenir encore…
Si tu savais comme dans ma tête ça éclate Comme mon cœur bat vite, comme quand je dérape Combien de fois j'ai voulu tout arrêter Tout envoyer en l'air, tout recommencer
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Encore une garde de nuit de terminée, ça doit être la cinquième d'affilée sans un seul jour de repos donc autant dire qu'elle est sur les rotules et qu'elle ne rêve que d'une seule chose retrouver son lit et si cela pouvait être en compagnie d'Elias, cela serait encore mieux mais vu qu'il fait le jour, c'est assez complexe pour se voir. Alors elle mord sur sa chique la brune et attend impatiemment ses jours de repos. Changée, elle fait signe à ses collègues et sort de la caserne pour rejoindre sa voiture. Ce n'est qu'une fois au boulot et en voyant l'heure qu'elle se dit qu'elle passerait bien avec le petit déjeuner chez Mia avant qu'elle ne quitte son logement pour se rendre à son boulot car elle aussi, elle ne l'a plus vue depuis leur weekend entre filles et sa soeur de coeur lui manque. Un arrêt à la boulangerie fait, elle se stoppe au starbucks pour prendre deux cafés à emporter. Ayant tout ce qu'il faut, c'est avec le sourire aux lèvres malgré la fatigue qu'elle prend la route en direction du logement de la blonde. Les bouchons sont déjà bien présents ce qui la fait soupirer. En temps normal, elle ne met que quinze minutes de la caserne tandis qu'ici, il lui a fallu une bonne demi heure. Sa voiture garée, elle fait le reste du chemin à pied prenant soin de ne pas renverser les boissons chaudes bien qu'en soi, elle est certaine que Mia a tout ce qu'il faut chez elle. La porte du bâtiment passée, elle entre dans l'ascenseur et appuie sur le numéro de l'étage demandé. La bonne odeur des croissants lui donne encore plus faim et elle a hâte de pouvoir croquer dans un de ceux-ci en compagnie de son amie en espérant qu'elle ne s'endorme pas sur son divan. Bien que cela ne serait pas la première fois que ça lui arrive. Le ding lui fait prendre conscience qu'elle est arrivée, elle sort alors et marche tranquillement mais se stoppe arrivée au coin du couloir menant chez Mia ayant reconnu la voix de .... son frère, Mason. Qu'est ce qu'il fout là ? sont les premières pensées qui lui viennent en tête. A la place de foncer tête baissée et sans savoir pourquoi, elle décide de rester cachée et d'écouter ce qui se dit ... Une chose qu'elle va vite regretter. Mia a toujours été la personne en qui elle a mis toute sa confiance. Elle est celle qui est son modèle féminin, celle qu'elle respecte et aime comme une soeur, celle à qui elle confierait sa vie .... Dylane n'est pas prête à entendre les mots qui vont suivre et pourtant la vie va faire en sorte que la vérité éclate enfin. Une bonne chose ? Sûrement pas et encore moins de cette façon. N'entendant pas très bien, elle se rapproche un peu, toujours sans se faire voir. « Tu n’as plus le droit de débarquer comme ça. Tu n’en as plus le droit depuis longtemps. Va-t’en » Les paroles de Mia lui font arquer un sourcil. Comment ça débarquer ? Il est déjà venu? Bien sur qu'elle sait qu'ils se connaissent mais elle n'aurait pas du tout imaginer que Mason ait déjà pu mettre les pieds chez la blonde. Et surtout pourquoi elle n'est pas au courant. Jusque là, elle ne fait que se poser des questions et tente de se rassurer en se disant qu'il a dû venir la faire chier pour des raisons idiotes. « Je t’en prie crois-moi, je regrette ce qui s’est passé sur la plage, je n’aurai jamais dû me comporter comme ça après ce qu’on a vécu… » Son coeur rate un battement à cette phrase et elle sent que la suite ne va pas du tout lui plaire. « ce n’était pas un baiser d’adieu… » Les mains de la brune commencent doucement à trembler quand elle commence à comprendre ce qui a pu se passer entre eux. Elle ne veut pas y croire, elle ne peut pas ... Il invente tout et Mia va lui répondre qu'il est fou n'est-ce-pas ? Il faut qu'elle lui réponde ça. Elle ne peut pas lui avoir fait ça, pas elle, pas avec lui. « Je m’en fou de tes excuses, je m’en fou que tu ais des regrets… C’est trop tard maintenant ! Pars ! ». (...) « Ce n’était rien d’autre qu’un baiser d’adieu » (...) « Les adieux ont été prononcés il y a bien longtemps et jamais rien ne changera » Plus les mots sortent, plus elle sent le poignard s'enfoncer un peu plus dans son coeur de gamine. Un flot d'émotions envahissent tout son corps, si bien qu'elle n'arrive pas à bouger, qu'elle a l'impression d'étouffer, qu'elle sent le sol se dérober sous ses pieds. C'est un cauchemar et je vais me réveiller ... Je vous en supplie, faites que je me réveille « J’ai essayé de t’oublier depuis la plage, mais j’ai besoin qu’on revive ce qu’on a vécu en 2018, Mia… » 2018 ... Cette année, la mort de Tommy. Non non non Des perles salées viennent rouler doucement sur ses joues alors qu'elle n'a toujours pas bouger d'un iota par contre les cafés s'échappent de ses mains et tombent sur le sol déversant le contenu sur le carrelage du couloir. « Je ne veux que toi Mia… » La bonne blague ... Pendant tout ce temps, ils se sont foutus d'elle tous les deux. C'est trop pour la brunette qui sort de son état léthargique et fait un pas en avant pour montrer son visage meurtri par les révélations qu'elle vient d'entendre. Son regard se porte tout d'abord vers Mia, celle qui était tout pour elle, celle à qui elle s'était encore confiée récemment. Jamais elle n'aurait cru se sentir autant humiliée de sa vie. « Je te faisais confiance » Qu'elle dit en premier les mots ayant du mal à sortir tellement sa gorge est serrée. «Et pendant tout ce temps, tu étais avec ... lui » Dit-elle en jetant un regard de dégoût envers la personne qui n'est nulle autre que son frère, même si ce titre il ne le mérite plus depuis bien longtemps. « Encore la dernière fois, je t'ai confié ce qu'il me faisait endurer. Vous avez bien du vous marrer tous les deux en fait. « La colère monte chez la brune mais étonnement elle parle d'une voix calme ce qui est bien pire que si elle s'énervait et ça ils le savent tous les deux. » Alors qu'il me mettait tout sur le dos après la mort de Tommy, toi tu te le tapais dans mon dos. Si encore tu me l'avais dit ... Mais non, j'en valais pas assez la peine faut croire. Jamais j'aurais cru ça de toi, non pas de toi ... » Dit-elle avec tristesse et amertume. Ses yeux se posent alors sur Mason, celui pour qui elle aurait tout fait à une époque. « Et toi, parmi toutes les femmes qui te veulent, il a fallu que tu te tapes Mia ? Tu voulais quoi en fait ? Me faire encore plus de mal ? Et bien bravo, tu as réussi et en beauté. T'es doué pour faire du mal ... Tu me dégoûtes Mason. » Elle s'avance alors pour être à sa hauteur et lui flanque une gifle digne de ce nom. « Quand je pense que j'ai pleuré pour toi, que j'aurais tout fait pour qu'on se retrouve un jour ... Je suis tellement stupide. Cette fois-ci, c'est moi qui vais le dire, je n'ai plus de frère, tu n'es plus rien à mes yeux. » Elle se positionne alors pour les regarder tous les deux. « Vous êtes morts à mes yeux. » Le sac du petit déjeuner toujours entre ses mains, elle le balance sur le torse de Mason « Profitez bien, c'est la dernière chose que vous aurez de moi. » Et elle tourne les talons n'en menant pas large du tout ... Voulant juste fuir loin d'elle, loin de lui. Elle a mal Dylane, elle est perdue Dylane, elle est au fond du trou ... Un trou que Mason a creusé et où Mia l'a poussée ...
Il ne se réveille plus seul. Chaque nuit ou presque est passé chez lui ou chez elle. C’est la première chose qu’il sent, le parfum de ses cheveux près de son visage, c’est la première chose qu’il touche, sa peau si douce contre lui. Il se sent libéré enfin, d’avoir arrêté de se mentir à lui-même, de prétendre qu’elle n’occupe pas ses pensées ou ses nuits, de prétendre qu’il ne ressent rien pour elle quand il est clair qu’il l’aime plus qu’il n’a aimé personne depuis longtemps. Alors quand il se réveille ce matin-là, il la serre doucement contre lui, grognant lorsqu’il la sent s’échapper de son emprise alors qu’il n’est pas vraiment réveillé, le corps chaud quittant le lit, le vide le réveillant finalement. Il entend l’eau de la salle de bain couler et finit par se lever pour la rejoindre, venant déposer un baiser dans son cou. « Bonjour. » Les mots sont susurrés doucement. Elle finit par quitter la chaleur de l’eau chaude et il doit se retenir de la rattraper, comme s’il avait un besoin de rattraper tout ce temps qu’ils avaient perdu en étant loin de l’autre.
Alec fronce les sourcils quand il entend sonner, se demandant qui cela peut être et ce froncement s’accentue lorsque la porte se claque, violemment, avec une colère qui se ressent jusque dans la salle de bain. C’est pour ça qu’il coupe l’eau, afin de pouvoir écouter ce qui se passe dans la salle de bain. Lorsqu’elle se réouvre au bruit de pas il comprend qu’elle est sortie de l’appartement. Se demandant quoi, il se décide finalement à sortir, s’essuyant, enfilant rapidement sous vêtement et jean pour voir ce qu’il en est. Mia n’est plus dans l’appartement et il fronce les sourcils, s’approchant lentement de la porte, s’arrêtant lorsqu’il entend le son de la voix de la jeune femme plein de colère Il s’apprête à ouvrir la porte, inquiet pour elle face à l’agressivité qu’il entend dans sa voix, la personne n’étant clairement pas quelqu’un qu’elle a envie de voir. « J’ai essayé de t’oublier depuis la plage, mais j’ai besoin qu’on revive ce qu’on a vécu en 2018, Mia… » Sa main s’arrête sur la poignée, son corps se fige. La voix masculine parle de souvenirs, prononce son prénom comme s’il l’avait prononcé encore et encore. Cette voix est celle d’un homme amoureux.
« Je m’en fous de tes excuses, je m’en fous que tu ais des regrets… C’est trop tard maintenant ! Pars ! Ce n’était rien d’autre qu’un baiser d’adieu. Rien d’autre ! »Il comprend que c’est son ex petit ami derrière la porte, comprend qu’il y a eu un baiser récemment, assez pour que l’homme vienne la supplier de l’écouter devant sa porte. « Tu sais très bien que c’est faux… » La voix est certaine, elle y croit dure comme fer et elle arrive à convaincre Alec avec. Il sent naître la jalousie dans son cœur et se demande soudainement quelle est cette histoire, de quand date-t-elle, qui est-t-il ? « Les adieux ont été prononcés il y a bien longtemps et jamais rien ne changera… » Pourquoi n’arrive-t-il pas à la croire elle quand elle affirme que sa relation en question est du passé ? Les doutes s’entrechoquent, deviennent venimeux. « Je sais ce que tu as ressentie ce jour là… » Il ne le voit pas s’approcher, il ne se doute pas que son visage est à quelques centimètres de celui de Mia et pourtant rien qu’au son de sa voix il sait qu’il est trop proche, bien trop proche. « Et je sais ce que signifiait tes larmes… » Le cadet des Strange grimace. Quand est ce que cette relation s’est terminée ? Qu’a-t-il fait ? Plus que la jalousie, il y a une colère protectrice qui se réveille, qui ne supporte pas l’idée que quelqu’un ait pu blesser la femme qu’il aime. « Je ne veux que toi Mia… » Ca y est, il va sortir, il se voit appuyer sur la poignée, prisonnier d’un tourbillon d’émotions, quand soudain c’est la voix de quelqu’un d’autre qui retentit, d’une jeune femme bien plus en colère que l’ancien couple. « Je te faisais confiance. Et pendant tout ce temps, tu étais avec ... lui » Le visage d’Alec pâlit, son cœur se serre. Elle ne peut pas lui avoir menti ? Elle ne peut pas avoir prétendu être avec lui et avec l’homme derrière la porte, non ? Elle n’est pas comme ça, il la connait. Mais est ce qu’il la connait vraiment ? Il se met à questionner chaque moment passé à avec elle, chaque instant où ils s’étaient déchirés incapable de rester éloignés l’un de l’autre. La jalousie grandit plus la jeune femme parle. Elle aussi est en colère, il comprend que c’est la sœur de l’homme en question, finit par devine que c’est Dylane qui parle, Mia lui avait déjà parlé d’elle. « Profitez bien, c'est la dernière chose que vous aurez de moi. » C’est à ce moment là qu’il décide d’ouvrir la porte brutalement.
Ses cheveux sont encore humies, il n’a pas pris la peine de mettre un t-shirt. Son visage est un masque de froideur, son regard un puit de colère qu’il tente en vain de contrôler. Il devine que leurs corps ont été beaucoup trop proches quelques instants auparavant. Il regarde à peine Mia, son regard se plante dans celui de l’inconnu, l’ancien amant, le passé, ou bien le présent ? Il ne sait pas, se contente de croiser les bras et d’un calme presque olympien qui n’est que fiction, il demande, glacial : « Il y a un problème ? » Toujours sans croiser le regard de Mia il demande : « C’est qui Mia ? » Et s’il parait calme, n’importe qui le connaissait un tant soit peu savait que ce n’était qu’un volcan en train de se réveiller, que le moindre mot de trop, de geste de trop réveillerait une colère et une jalousie dont il n’avait pas le contrôle. Alec Strange est calme et pourtant il est déjà en train de se demander de quelle manière il va recolorer le visage de petit con du gamin en face de lui.
Je lui ai fermé cette porte au nez et pourtant, il ne part pas. Il décide de rester ancrer là, de me dire coute que coute ce qu’il a soi-disant à me dire, quand pour moi, ses mots n’ont plus d’importance et qu’il est déjà bien trop tard. Je n’ai d’autres choix que de sortir quand rien ne l’arrête, quand il y a des regrets de prononcer qui n’ont plus lieu d’être. Quand il y a des sous-entendus que je n’ai pas envie qu’Alec puisse entendre, parce qu’il n’aurait aucune raison de s’inquiéter ou de perdre son sang froid devant lui, devant ce minable qu’il est à mes yeux désormais. « Parce que tu les ressens toi aussi, je l’ai vu… ». De quoi il parle ? De sentiments ? C’est ce qu’il croit. Je laisse échapper un petit rire tellement je le trouve ridicule, et il se contentera de celui-ci quand je n’ai rien d’autre à ajouter. Je redeviens vite sérieuse en lui demandant de déguerpir, accompagnant le geste à la parole, le repoussant à nouveau car il ne semble ne rien vouloir entendre « J’ai essayé de t’oublier depuis la plage, mais j’ai besoin qu’on revive ce qu’on a vécu en 2018, Mia… ». Je me fige, incapable d’ouvrir cette porte pour m’éloigner de tout ça, m’éloigner de lui, fuir. Fuir quand il m’avoue me regretter, quand il m’avoue … que je lui manque. Le souffle coupé. La sensation qu’un poignard vient de m’être enfoncé dans le cœur. Encore. Une blessure qui s’ouvre à nouveau. Je ne dois pas flancher, je ne dois pas lui montrer que cela me touche. Parce que ce serait lui montrer de l’importance quand je ne veux plus qu’il en est. « Retourne-toi Mia… ». Ces mots, les mêmes qu’il a prononcé sur cette plage. Quand il voulait que j’aie le courage de le regarder, alors que je ne voulais plus me retourner sur ce passé que je voulais oublier. Parce que, sur cette plage, s’il pense que mes larmes lui étaient adressées, il se trompe. Ce sont les événements récents, les événements similaires à notre histoire, à la fin de notre histoire, qui m’ont rendu vulnérable ce jour-là. Où toute ma colère, toute ma haine, toute cette déception à l’égard d’Alec, m’a refait penser à notre histoire… Celle que nous avions tenté de construire trois ans plus tôt… ou plutôt que j’ai tenté de construire seule… en vain. Et pourtant, je reste inerte, encore, ma main tendue pour saisir la poignée pour m’engouffrer dans cet appartement où j’espère qu’Alec ne se trouve pas juste derrière cette porte. Où j’espère qu’il n’a rien entendu de cette conversation. Que personne d’autre n’ait pu entendre. Je le sens proche, quand je peux sentir sa respiration sur moi. Je finis par me pivoter pour lui faire face à nouveau, mon doigt posé sur son torse pour lui dire que ce baiser d’adieu, qu’il a initié, auquel je n’ai pas répondu n’était rien qu’autre que le nom qu’il porte si bien : un baiser d’adieu. « Tu sais très bien que c’est faux… ». Il m’agace, il m’insupporte à chercher à avoir le dernier mot, à me faire hésiter, à me faire me demander si vraiment, il ne s’agissait que de ça, alors que j’en suis certaine. Pour moi, il n’y a pas de retour en arrière possible quand j’ai tiré définitivement un trait, bien avant l’histoire de ce baiser en novembre. Mais il n’accepte pas Mason, non, il ne veut pas s’avouer vaincu et semble être capable de tout pour me reconquérir aujourd’hui. Au point qu’il m’empêche de partir, qu’il vient à me coincer contre le mur alors qu’il n’y a quelques centimètres qui nous séparent, que mon regard plonge dans le sien et que nos lèvres sont bien trop proches. Prise au dépourvue, je suis à nouveau figé alors qu’il reprend la parole « Je sais ce que tu as ressentie ce jour-là… ». « Tu ne sais rien » je souffle alors d’un ton catégorique. Il est proche, beaucoup trop proche. « Et je sais ce que signifiait tes larmes… ». La colère gronde en moi, je bouillonne par cette ténacité qu’il a de prétendre pouvoir décrypter mes émotions quand il n’a jamais été capable de le faire « du dégoût » je renchéris parce qu’il est hors de question qu’il gagne cette partie. Il ignore mes réponses, ne voulant rien entendre quand il cherche absolument à me faire flancher « Je ne veux que toi Mia… ». Encore. Il sait quels mots utilisés quand ces derniers me rappellent ceux qu’il a prononcé le jour où tout à commencer entre nous… trois ans auparavant. Je ne veux rester qu’avec toi. Mon regard dans le sien, une fraction de secondes de silence, une fraction durant laquelle il a pu voir dans mes yeux ce clignement qui cherche à retenir ces quelques larmes qui veulent s’échapper, alors que ma gorge, elle, s’est nouée. Injuste. Cruel. Je me dégage de son emprise, celle qu’il a sur mon bras depuis quelques minutes, alors que j’ai été incapable de m’en défaire avant. « Je ne veux plus de toi, Mason ! ». Je reprends alors sa phrase, le défiant du regard pour qu’il comprenne bien que ce n’était plus mon cas. Que je ne voulais plus de lui. J’essaye de le repousser, prête à lui avouer que mon cœur était pris désormais, prête à le défier de passer le pas de la porte pour voir que j’étais passé à autre chose depuis longtemps. Mais le temps ne m’en est pas donné…
Interrompue dans mon élan par cette voix féminine que je reconnaitrais parmi mille. Dylane. Mon regard se tourne aussitôt sur elle alors que je suis toujours proche de son frère. Et je sais, à ce moment-là, que la colère de celle qui est tout pour moi, cette petite sœur que je n’ai jamais eue, va être grande… Et que le chemin à parcourir pour réparer ce lien si particulier sera long et sinueux… « Je te faisais confiance » « Dylane… » je réussis à dire, prête à lui expliquer. Mais lui expliquer quoi finalement ? Que je lui ai menti pendant toutes ces années alors que j’aurai pu lui en parler maintes et maintes fois ? Il n’y a pas vraiment d’excuses à ce mensonge, je le sais… « Et pendant tout ce temps, tu étais avec… lui ». Ma tête tourne de gauche à droite, parce que je ne veux pas qu’elle pense que notre relation a duré plus que ce qu’elle a bien trop duré. « Encore la dernière fois, je t’ai confié ce qu’il me faisait endurer. Vous avez bien du vous marrer tous les deux en fait ». Non je refuse qu’elle puisse penser ça alors je repousse Mason à l’aide de mon avant-bras, incapable autant lui que moi de bouger jusqu’alors, pour faire un pas prudent vers Dylane « Alors qu’il me mettait tout sur le dos après la mort de Tommy, toi tu te le tapais dans mon dos. Si encore tu me l’avais dit… Mais non, j’en valais pas assez la peine faut croire. Jamais j’aurais cru ça de toi, non pas de toi… ». Et je la sens la déception dans sa voix. Mes yeux s’embrument alors, parce que je n’accepte pas de la voir souffrir de la sorte, du fait de cette stupide relation qu’il y a eu entre Mason et moi. Parce qu’à mes yeux, elle est celle que je dois protéger envers et contre tous. Et que jamais je n’ai voulu lui faire du mal quand elle a déjà suffisamment souffert. La perte de Tommy, l’absence d’une mère, l’éloignement de Mason. Elle s’adresse à lui et je suis incapable de me concentrer sur ses dires quand les mots qu’elle m’a adressés se répètent en boucle dans ma tête. Je ne la lâche pas du regard mais mon cerveau est comme déconnecté, comme si quelqu’un m’avait mis un gros coup derrière la tête. En une fraction de secondes, tout est parti en vrille… « Vous êtes morts à mes yeux ». Ce n’est pas un picotement que je ressens mais une énorme douleur quand elle prononce ces mots. Ils sont difficiles à entendre, difficiles à avaler. Une larme s’échappe, puis une deuxième. Je reste statique, incapable de prononcer un mot. Puis je vois ce petit sac qu’elle jette alors sur Mason. Ce sac qui montre qu’elle était venue ici pour passer du temps avec moi, comme elle en avait souvent l’habitude, apportant le petit déjeuner pour nous deux, où elle aurait certainement fini par s’endormir sur mon canapé. Si Mason n’avait pas été là, rien de tout ça ne serait entrain de se passer. Je n’aurai pas eu à lire la déception, la colère et la tristesse dans son regard. Non, à la place, j’y aurai vu de la joie, de la bonne humeur et des yeux pétillants, parce que c’était tout ce dont je me souvenais d’elle lors de notre dernier weekend passé ensemble. Une jeune femme heureuse et radieuse. A qui j’aurai été ravie de lui dire que j’ai écouté ses conseils, elle qui n’avait jamais été friande de l’amour, et à qui j’aurai pu lui présenter celui que j’aime, celui dont je lui parle depuis des mois… « Profitez bien, c’est la dernière chose que vous aurez de moi ». Elle tourne les talons et il est hors de question que je ne dise rien « Dylane, attends, » je souffle alors, pour la stopper « Ce n’est pas que tu en valais pas la peine Dylane. C’est qu’il n’en valait pas la peine. Lui » Je me tourne alors vers Mason à ce moment-là, le regard sombre « Rien de tout ça ne méritait d’être raconté quand ça n’a été qu’une perte de temps… un moment d’égarement ». Mes mots sont durs pour Mason, mais ma colère est grande. Et surtout, mes mots ne sont pas assez convaincants et ne changeront pas l’opinion de Dylane. Cela ne suffira pas… Tout comme le « Je suis d… » que je laisse échapper mais que je n’ai pas le temps de terminer.
Parce qu’évidemment il a entendu. Evident quand il a dû se rendre compte de mon absence en sortant de la douche, quand il a entendu ces voix dans le couloir. Mon estomac se noue davantage, mon regard se posant immédiatement sur lui quand je le vois apparaitre dans l’embrasure de la porte, qu’il se plante là, et que je reconnais que trop bien cet air fermé qu’il adopte, et qui ne présage rien de bon « Il y a un problème ? ». Il ne me regarde pas moi, non. Son regard est porté sur Mason. Je soupire alors, regardant Dylane d’un air attristé. Je ne réponds rien à cette question, car je ne peux pas prétendre qu’il n’y a pas de problème quand il n’y a plus d’un. « C’est qui Mia ? ». Je le sais qu’il peut exploser à tout moment, je le sais parce que je l’ai vu de mes propres yeux. J’ai vu de quoi il est capable quand il est en colère. Je n’ai pas envie que cela se reproduise. Alors, à contre cœur, je refais quelques pas en arrière pour venir me mettre à côté d’Alec, et poser une main sur son bras… Comme par garantie qu’il ne vrillera pas « Personne », je soupire alors. « Il s’apprêtait à partir de toute façon ». Je pose alors mon regard sur Mason, l’invitant par celui-ci à ne pas insister, à ne pas oser dire quelque chose. Parce que, si je connais Alec dont le calme ne présage rien de bon, je connais aussi Mason qui serait capable de provoquer Alec, juste par plaisir… et par jalousie. Et, parce que je ne l’oublie pas, elle, je tourne mon regard à nouveau sur Dylane… et de l’avoir déçu à ce point me fend le cœur… Et je sais que je ne parviendrai pas maintenant à la faire entendre raison… quand il n’y a finalement aucune excuse qui pourrait justifier ce mensonge…
« j’ai pas compris les règles du jeu, reviens… » mia mckullan, dylane bradford, alec strange & mason bradford
Il aurait voulu paraître plus fort Mason, croire encore qu’en fuyant ce passé, rien ne lui reviendrait comme un boomerang. Croire que parce qu’il n’avait pas saisi cette main, sa main il y a quelques années, qu’il n’aurait plus le droit aujourd’hui, de la lui demander. Croire que parce qu’entre eux c’est du passé, qu’il ne doit plus avoir la prétention de quoi que ce soit la concernant. Mais les choses ne sont pas si simples, pas pour lui. Il aimerait tant pouvoir faire marche arrière, quitter ce couloir. Quitter cet immeuble, et l’effacer de sa mémoire. Ne plus entendre ses rires encore résonnait dans ses oreilles, ou ne plus voir son visage lorsque parfois il s’endort seul dans son lit. Elle a animé bien des tempêtes chez lui, une tension palpable qu’il ne parvient aujourd’hui, plus à maîtriser. Mais elle semble ne plus rien vouloir savoir de lui. Elle semble si différente qu’à cette époque qu’il devrait savoir qu’un autre homme que lui a pris cette place à présent. Qu’il vient combattre, mais trop tard. Que le combat est déjà terminé, et qu’il n’est pas celui qui a gagné. Il devrait le savoir tout ça, le voir, le sentir. Elle a devant elle un homme affaiblie, par toute ses années de lutte où il avait pensé que lui seul pouvait s’en sortir, et que personne ne pouvait l’y aider. Que personne ne comprendrait – pas même elle. Il aurait voulu lui décrocher cette lune à l’époque, lui promettre qu’à deux ils s’en sortiraient. Coûte que coûte. C’était ça que Mia avait attendu pendant des semaines, des mois et même des années après. Même lorsque Mason n’avait pas su la retenir, n’avait pas su lui dire réellement ce qu’il ressentait au plus profond de lui, il aurait encore pu revenir vers elle, les mois d’après. Il aurait dû trouver ses mots, qui aujourd’hui, perlent sur le bout de sa langue, logeant profondément dans son cœur et bloqués dans sa gorge créant un embouteillage d’envergure. « Tu ne sais rien… » Qu’elle proteste, bien trop certaine d’elle, et de ce qu’elle ressent au fond d’elle. Il aurait voulu que les choses soient aujourd’hui différentes, « du dégoût, » qu’elle répond, alors qu’il arque un sourcil, « Du dégoût, vraiment ? » Qu’il répète, avant de poursuivre toujours aussi près d’elle et de son corps, « si ça avait été le cas, tu m’aurais repoussé lors du baiser… » Qu’il prononce parce qu’elle est là cette vérité. Elle ne l’aime peut-être plus comme autrefois, comme avant, mais elle est toujours attirée par lui. Une part d’elle, l’est et elle pourra prétendre quoi que ce soit, Mason ne pourra jamais la croire si elle venait à prétendre l’inverse. « Je ne veux plus de toi, Mason ! » Elle ne le repousse qu’à peine, mais ce moment est bien vite interrompue par cette voix qui se tient dans son dos. Et qu’il pourrait reconnaître entre mille. La voix de sa sœur, Dylane. La voix de celle qu’il aurait dû protéger depuis bien longtemps, mais dont il s’est volontairement éloigné. Pire encore, parce qu’il s’est comporté comme un con avec elle, comme un lâche. Et si ça avait été l’un de ses frères à sa place, il ne l’aurait jamais accepté. « Je te faisais confiance. Et pendant tout ce temps, tu étais avec… lui… » Il n’ose pas même se retourner entièrement vers sa sœur, mais il relève ses yeux lorsqu’elle prononce le dernier mot, remplie de dédain le concernant, d’amertume. De colère et de tristesse aussi. Si elle parle en direction de Mia, il sait aussi qu’il ne sera pas épargné. Et qu’elle finira par l’accuser de tous les maux de la terre, comme lui, l’a fait pour Tommy. Elle finit par se retourner vers le basketteur, après avoir éclaircie ce qu’elle pense l’être avec sa sœur de cœur. « Et toi, parmi toutes les femmes qui te veulent, il a fallu que tu te tapes Mia ? Tu voulais quoi en fait ? Me faire encore plus de mal ? Et bien bravo, tu as réussi et en beauté. T'es doué pour faire du mal ... Tu me dégoûtes Mason. » Au pied du mur, jamais il n’avait pu penser qu’elle serait là, cachée dans ce couloir et qu’elle écouterait tout. Jamais il n’aurait pu songer que tout serait dévoilé au grand jour mais peut-être que si Mia l’avait laissé rentrer chez elle, comme il lui a demandé, tout ça, ne se serait pas passé ainsi… « Quand je pense que j'ai pleuré pour toi, que j'aurais tout fait pour qu'on se retrouve un jour ... Je suis tellement stupide. Cette fois-ci, c'est moi qui vais le dire, je n'ai plus de frère, tu n'es plus rien à mes yeux. » Ses mots lui font mal, le touche bien plus qu’il n’en prendra conscience. Et il ne cherchera même pas à la retenir, même pas à protester. Parce que la vérité est là, aussi pesante et dérangeante. Aussi ingrate et avec aucune compassion. « Vous êtes morts à mes yeux ! » Qu’elle lâche finalement comme si ça la libère d’un poids. « Profitez bien, c’est la dernière chose que vous aurez de moi… » Que pourrait-il dire ? Que pouvait-il trouver pour se sortir de ce traquenard ? Il va pour ouvrir la bouche alors qu’elle lui balance son sachet qu’il réceptionne sans même y faire attention à plus que cela, tandis qu’elle tourne les talons. La voix de Mia la fige sur place, et Mason les regarde, tour à tour, « Dylane, attends, ce n’est pas que tu en valais pas la peine Dylane. C’est qu’il n’en valait pas la peine. Lui… » Il détourne son visage brusquement sur la McKullan. Elle s’amuse à quoi ? Elle est prête à le sacrifier pour sauver ses fesses, sérieusement ? Comme si il était le seul fautif, comme si il avait pu lui mettre le couteau sous la gorge ? « Rien de tout ça ne méritait d’être raconté quand ça n’a été qu’une perte de temps… un moment d’égarement… » Il lève les yeux au ciel et n’allait certainement pas se donner en spectacle devant sa sœur sur ses coups d’un soir ou sur ses éventuelles amourettes ! « Un moment d’égarement ? » Qu’il répète, immobile en plein milieu de ce couloir, il ne savait pas vraiment si on le regardait ou si on l’écoutait à travers les portes du bâtiment. La porte de l’appartement de Mia s’ouvre, mais Mason n’y fait même pas attention, bien trop tapé dans son orgueil à présent pour détacher son regard froid de celui de la journaliste. « Ôte moi d’un doute, quand on était dans ton appartement, je t’ai attachée, et menacée pour obtenir quelque chose de toi ?! » Sa voix est cinglante, et il ne prend qu’à peine sa respiration avant de prolonger, avec froideur. « Quand je t’ai embrassé sur cette plage, tu aurais pu, tu aurais dû alors me repousser… » Les cartes sont posés, son jeu est fait. L’homme s’avance, ne restant plus dans l’ombre. Il a tout entendu, c’est du moins ce qu’espère le Basketteur lorsqu’il finit par le remarquer. « Il y a un problème ? » Tout va très vite, tout va trop vite pour Mason, qui ne comprend pas tout, qui ne pige pas ce qui se passe en réalité. Cet homme qui sort de l’appartement de la journaliste torse-nu – comme si Mason pouvait louper ce détail quand lui-même s’est déjà retrouvé bien plus dévêtu que cet homme à l’intérieur. Il ne veut même pas songer à ce qu’il pourrait représenter pour Mia. Savoir qu’elle l’aurait remplacé par ce type le rend mauvais, et sa mâchoire est crispée, son corps avec. Alors qu’il le toise du regard, « c’est qui Mia ? » Que l’homme demande, en reportant à présent son attention sur la journaliste. Comme si Mason allait se présenter. « Personne, Mason arque un sourcil, il s’apprêtait à partir de toute façon… » Elle ne lui laisse guère le choix, et désormais qu’elle a été honnête, qu’elle a posé les cartes sur la table, il n’est plus vraiment sûr de vouloir rester là. « Tu m’as donc remplacé par ce gigolo ? » Qu’il demande, à présent, provoquant, piquant avec ce sourire en coin, laissant parler cet égo en lui, cette fierté mal placée, en référence à son haut dévêtu. Elle retient le bras d’Alec pour pas qu’il entame une éventuelle bagarre, parce qu’elle le sait, Mason ripostera. Mais les deux finiront par se retrouver, par se revoir, c’est certain. Et si Mason devait jouer à la basse-cour, il ne serait pas le dernier, mais pour l’heure, son seul désir était de retrouver Dylane. De vouloir réparer ce qui pourrait l’être, non sans se retourner vers Mia, « à présent, laisse ma famille en dehors de tout ça, tu as assez fait de mal comme ça… » Qu’il use, provoque, la toisant du regard. Il est profondément déçu par elle, et si il ne donne plus signe de vie envers son frère et sa sœur, il ne tolérera jamais qu’on puisse s’en prendre à eux… Et il s’éclipse du couloir non sans balancer le sac en leur direction, « vous en aurez besoin pour la réconciliation, j’imagine… » Et ça l’amuse le petit con…
Elle ne l’a pas repoussé lors de ce baiser. Ce baiser dont il n’a aucune idée de la date ou ud moment, qui aurait pu arriver hier comme il y a des mois. Plus il entend l’homme parler plus il pense que c’est récent, ça ne peut être que récent après tout sinon l’homme serait passé à autre chose, non ? Les souvenirs se mélangent, les jours aussi et le doute les colore d’un goût amer. Mia a beau dire qu’’elle ne veut plus de ce Mason, ses mots ont moins d’impact que ceux de l’homme. Il assiste silencieusement à l’écroulement d’une masquerade, alors qu’il entend une troisième voix, celle d’une femme qui vient d’apprendre des secrets qu’elle n’aurait pas dû savoir. Cela lui rappelle étrangement cette allée où Mia était tombée sur lui et Geo prêts à une escalade de violence. Lui cette fois est spectateur secret, caché derrière la porte il se demande s’il doit sortir ou prétendre que ce n’est jamais arrivé et ne jamais évoquer le sujet avec Mia.
Mia parle de l’homme comme d’un moment d’égarement et pourtant l’homme en face contredit chaque parole, rappelant sa présence consentie dans cet appartement. Cet appartement dans lequel Alec est aujourd’hui à sa place. C’est à ce moment-là qu’il ne résiste plus qu’il se décide à sortir dans le couloir. Son regard s’ancre dans celui de l’intru, alors qu’il pose les questions qui lui brulent les lèvres. Qui est-t-il ?
« Personne, il s’apprêtait à partir de toute façon… » Son regard n’a pas quitté le visage du jeune homme en face de lui et seule la main de Mia l’empêche de faire un pas en avant, menaçant. « Tu m’as donc remplacé par ce gigolo ? » Un rire glacial secoue ses épaules, c’est tout ce qu’il a dans le ventre le petit ? Il s’imagine soudainement fracasser son beau visage, ça serait une expérience agréable, qu’il ne regretterait pas.
L’homme ne provoque pas plus, choisit de blesser Mia à la place, la remarque faisant serrer la mâchoire d’Alec. Plus que tout il ne supportera pas qu’il ose la blesser elle. Mais déjà il part et le couple se retrouve seul à seul dans ce couloir. Alec prend une profonde respiration et se dégage de la main de Mia, entrant de nouveau à l’intérieur, allant enfiler un t-shirt cette fois. Lorsqu’il fait de nouveau face à Mia, il reste un silencieux, tentant de contrôler sa colère et sa jalousie. Sans succès. « C’est pas personne, alors, c’est qui ? » demande-t-il froidement en croisant les bras.
Il ose revenir… Deux ans après. Deux ans durant lesquels j’ai usé de faux semblants pour ne jamais montrer qu’il a été bien plus qu’un ami à quiconque. Deux ans où j’ai camouflé cette blessure qu’il avait laissé. Celle d’un homme qui n’a pas daigné m’accorder l’importance que je lui ai donné. Celle d’un homme qui n’a pas daigné me donner l’amour que je lui ai donné. J’ai voulu ignorer cette blessure moi-même, essayant de me convaincre que cette relation n’a pas vraiment compté. Que j’étais capable de passer encore du temps avec lui après ça, en simple ami, en allant surfer à ses côtés parfois. Mais il fallait se rendre à l’évidence, cela m’était impossible. Et en ce matin de novembre où je l’ai rencontré sur cette plage, où j’ai été pour la première fois avec lui distante et froide, je lui ai montré qu’il m’a blessé. Que je lui en voulais, qu’il y avait toujours cette amertume à son égard même après ces deux années écoulées. Parce qu’il n’a jamais daigné s’excuser. C’est tout ce que je voulais entendre. Et cette vulnérabilité qu’il a pu voir sur la plage, il s’en sert aujourd’hui comme arme contre moi. Et parce qu’il m’a vu dans cet état, il pense qu’il peut revenir et que de simples excuses feront que je retomberais dans ses bras. Il se trompe. Parce que même si j’ai toujours voulu entendre ses excuses, peut-être même ses regrets, jamais je ne reviendrai en arrière…Parce qu’il ne compte plus comme il a pu compter, parce que je ne l’aime plus comme j’ai pu l’aimer. Parce que depuis deux ans, il n’a pas changé et qu’il reste toujours le même. Que même si au fond de moi, je comprends qu’il se soit perdu en chemin à cause du décès de son frère, cela ne pardonne en rien l’indifférence qu’il a pu montrer… envers moi mais aussi envers sa famille.
Alors, ce matin, quand il est derrière cette porte et qu’il veut avoir cette conversation, que je suis en colère contre lui parce qu’il insiste et tient absolument à me parler alors que je n’ai plus envie de le voir, alors que l’homme que j’aime désormais est derrière cette même porte et que je ne veux pas qu’il pense que Mason puisse être un quelconque danger, je perds patience. J’explose, je ne retiens plus les mots que j’ai pu retenir pendant des années à son égard, lui faisant comprendre que plus rien ne sera envisageable entre nous désormais. Alors j’utilise des mots durs, il n’y a plus de pincettes utilisées comme j’ai pu toujours le faire jusqu’à présent avec lui. Il n’y a que de la haine dans mes paroles, des mots peut-être prononcés parfois trop vite sans réfléchir mais que j’ai besoin d’extérioriser quand il a le toupet de se pointer et de penser que tout sera facile. Parce qu’il sait aussi ce qui peut me faire flancher, comme ce moment où nous nous retrouvons bien trop proche physiquement lui et moi. Il pense que je pourrais céder à nouveau, céder à la tentation de ses lèvres. Alors, pour me défendre, et pour lui montrer qu’il n’en sera rien, j’utilise toujours les mots parce que je suis incapable de bouger « Du dégoût, vraiment ? si ça avait été le cas, tu m’aurais repoussé lors du baiser… ». Il continue de faire référence à ce baiser, inlassablement, comme s’il cherchait à se raccrocher à celui-ci pour y croire encore. Comme si ce baiser n’avait pas été un baiser d’adieu mais le commencement de quelque chose de nouveau entre nous. Il pense que c’est une porte ouverte à revenir dans ma vie, quand pour moi, ce baiser n’était rien d’autre qu’un trait tiré définitivement sur cette relation.
Et comme si cette visite ne suffisait pas en elle-même pour raviver de vieux souvenirs et de vieilles blessures, voilà que Dylane surprend notre conversation. Elle nous en veut, elle m’en veut surtout, au point qu’elle a ces mots tranchants qui sortent d’entre ses lèvres Vous êtes morts à mes yeux ! Un déchirement, un de plus, un que je ne suis pas capable d’accepter, de supporter. Alors, j’essaye, en vain de la convaincre de m’écouter, de lui expliquer que cette relation avec son frère n’en valait pas la peine. Pas la peine d’être racontée quand elle n’a été que souffrance pour moi. Au point que j’en viens à la qualifier de moment d’égarement et, là bien sûr, Mason ne peut s’empêcher de réagir « Un moment d’égarement ? ». Je me rends compte que j’y suis allée fort en qualifiant notre relation de la sorte, mais la colère a parlé pour moi tout comme les blessures toujours omniprésentes, malgré tout… « Ote moi d’un doute, quand on était dans ton appartement, je t’ai attachée, et menacée pour obtenir quelque chose de toi ?! » Il ne s’arrête plus, même le bruit de cette porte qui s’ouvre et qui me laisse entrevoir Alec et qui me fige à nouveau « Quand je t’ai embrassé sur cette plage, tu aurais pu, tu aurais dû alors me repousser… ». Il enfonce encore un peu plus le couteau, il est incapable de s’arrêter et je me demande s’il n’est pas en train de volontairement en dire plus parce qu’il sait qui se tient derrière lui. Celui qui a pris sa place dans mon cœur depuis longtemps, celui pour qui aussi il a peut-être payé ce matin là sur la plage. Parce que ce jour-là, la souffrance était multiple, mais c’était surtout celle de la découverte du secret dont Alec m’a toujours tenu éloigné qui était la plus forte. Une déception entremêlée d’anciennes, dont Mason faisait partie… Mon regard fixe celui de Mason même si je vois Alec s’approchait de moi. Je décide de ne rien répondre, mon regard montrant de la déception, encore et de la haine à son égard. Et pour le blesser à mon tour, je préfère répondre à Alec qu’il n’est personne et qu’il s’apprêtait à partir, pour l’inviter à réellement le faire cette fois-ci. « Tu m’as donc remplacé par ce gigolo ? ». Ma main est venue se poser sur son bras parce que je savais Mason capable de le provoquer. Le rire d’Alec me fait poser mon regard sur lui, inquiète qu’il puisse riposter mais il ne dira rien, il ne fera rien. Surtout que Mason décide d’aller suivre sa petite sœur qui s’en est évidemment allée, ma gorge se serrant en remarquant qu’elle n’est plus dans ce couloir et que les morceaux seront difficiles à recoller. « A présent, laisse ma famille en dehors de tout ça, tu as assez fait de mal comme ça… ». Mes yeux s’humidifient et pourtant je bouillonne quand je l’entends m’accuser de tous les maux de sa famille quand il en est le seul fautif. Mais je comprends aussi que je lui ai fait du mal à lui par mes mots abruptes et sans pitié. Je l’observe tourner les talons non sans penser à nous jeter le sac de viennoiseries apportés par sa petite sœur, qu’elle lui a elle-même balancé quelques minutes plus tôt « vous en aurez besoin pour la réconciliation, j’imagine ». Mon regard est froid et foudroyant quand je le regarde s’éloigner alors qu’une larme se met aussi à rouler sur mes joues avant que je ne la fasse disparaitre d’un revers de main.
Le couloir retrouve subitement son calme… Et lorsque je me retourne, Alec s’éloigne à son tour, pour retourner dans l’appartement. Et je comprends alors qu’à lui aussi, je vais devoir lui donner des explications…