Bien qu'il soit 22h30, la tour ABC ronronne d'une activité que même la nuit tombée ne parvient à ralentir. Debout face à la porte, Jackson hésite. Frapper ? Ouvrir sans demander la permission ? Bien qu'il se sache coupable de lui avoir brisé le coeur et de se présenter sur son lieu de travail sans y avoir été invité, Mills ne peut chasser de son esprit la certitude de mériter autant qu'elle les souvenirs communs qu'il est venu récupérer ce soir. Ce bureau devant lequel il se tient avec son oeil au beurre noir à moitié résorbé - dont la présence lui à valu quelques regards intigués au moment de traverser le hall - c'est celui de la direction de la programmation. S'il hésite à ce point avant d'entrer, c'est parceque Jackson sait de source sûre qu'Elizabeth se trouve à l'intérieur. Pas compliqué pour un plaqué fédéral de remonter la piste d'un badge tombé au sol et de bénéficier de l'aide de son collègue pirate informatique pour savoir qui se trouve où et quand dans les locaux de la chaîne.
*** Quelques jours plus tôt ***
« Tu ne te souviens pas de qui je suis. » Cette fois-ci, la brune n'a pas besoin de le toucher pour l'atteindre. Mills encaisse mais les muscles sayant de sa mâchoire crispée laissent transparaître ses émotions. Le fait est que de se faire cracher cette vérité au visage n'arrange rien à son sentiment de culpabilité. Rien non plus à la colère profonde qu'il éprouve envers lui-même parce qu'il se retrouve dans ce genre d'incapacité aussi humiliante qu'encombrante. « Depuis quand ? Novembre ? » Plus, en réalité, si elle parle de la date de son dernier souvenir viable, mais à quoi bon rentrer dans les détails ? Jax se contente d'acquiesser, sachant dors et déjà que cette conversation est sur le point de finir en noeud de boudin. Il le sait parcequ'il le sent ; parceque, sans connaître cette femme, il parvient tout de même à saisir à quel point elle est à " ça " de déborder. Comme lui. Un trop plein d'informations et d'émotions simultanées. Trop pour leur tête. Trop pour leur coeur. Trop pour saisir tous les enjeux qui se cachent derrière ces retrouvailles. « Comment est-ce que t'as pu faire ça ? » Mills serre les poings, tente de contenir sa colère. Faire quoi, PUTAIN ? « Tu m'as lachement abandonnée ... » L'aveux le stoppe dans sa montée en pression et coupe l'herbe sous le pied de son agressivité prête à s'exprimer verbalement. Désarçonné, Jackson écoute Elizabeth lui raconter ses faiblesses et ses crimes. La sentir fébrile derrière la fermeté de ses propos l'empêche de nier les faits. Il voudrait se persuader qu'elle a tort, qu'elle délire ou bien qu'elle abuse de son amnésie pour ajuster la vérité à sa sauce mais un poids au niveau de l'estomac l'empêche de se voiler la face. Et puis la chronologie lui donne raison. Tout ce qu'il trouve à faire, c'est de la laisser partir, cloué sur place par ses reproches et perturbé à l'idée que les brides de souvenirs responsables de sa migraine ne soient en réalité que des preuves venus appuyer les dires de la brune.
***
Secouant la tête pour chasser de ses pensées l'ombre de ce souvenir, Jackson finit par frapper trois coups secs sans attendre pour entrer. Il ne sait plus s'il est venu pour demander ou exiger l'aide de la brune. Tout ce qu'il sait au moment où son regard se pose sur elle, c'est qu'elle lui fait le même effet que dans la salle d'attente du dojo : un mélange entre le vide vertigineux de tout ce dont il ne se souvient pas à son propos et le plein étrange dilatant les contours de sa cage thoracique. Debout sur le pas de la porte, Mills la regarde avec intensité. Les mots ne rendraient pas service à l'expression de ses pensées. Il s'en remet aux canaux de communication implicites et à ces ondes émanant de lui sans qu'il le conscientise parfaitement. Quelque part en son for intérieur, l'agent sait que la belle connait déjà les raisons de sa venue.
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Dernière édition par Jackson Mills le Lun 15 Mar 2021 - 20:28, édité 2 fois
22H30 et encore au travail…Elizabeth n’en était pas vraiment fière. Elle avait placé en haut de sa liste de résolutions pour l’année 2021 de mettre davantage de barrières avec ses occupations professionnelles. Avant, elle ne vivait que pour son job. Et d’une certaine façon, jusqu’à présent cela lui avait réussi étant donné sa position au sein de la célèbre chaîne. Mais sa dépression de l’année dernière lui avait ouvert les yeux, ou lui avait plutôt offert un nouveau regard sur sa vie entière. Elle ne voulait pas se perdre sous l’amas de ses dossiers et des urgences quotidiennes qui se présentaient à elle. Elle voulait qu’il y ait autre chose…une autre raison de sortir du lit le matin. Elle voulait continuer de se battre pour son bonheur malgré les heurts auxquels le destin la confrontait. Elle voulait s’accrocher à l’espoir d’un futur plus lumineux, plus joyeux, plus…amoureux.
Elle souffla en regardant son dernier mail. Un dernier et elle s’en irait. L’affaire fut heureusement vite réglée et elle poussa un soupir de soulagement à la fin. Elle avait trop tiré sur la corde sans s’en rendre compte. Mais depuis qu’elle avait découvert que Jackson était en réalité Connor, elle avait volontairement décidé de se noyer dans le travail pour tenter d'oublier cette vérité. Connor…Ou plutôt Jackson. Elle avait beau essayer de se distraire un maximum avec une horde de mails, elle ne pouvait pas le chasser de ses pensées. Elle n’arrivait pas à relier tous les points, à comprendre exactement ce qu’il avait pu se passer étant donné qu’elle avait des connaissances limitées mais elle n’était pas sûre non plus de le vouloir. L’avoir revu avait déjà été assez remuant. Pourquoi est-ce que la braise présente en elle s’était ravivée en un claquement de doigts ? Avait-elle réellement tourné la page ? Elle le souhaitait de tout son être mais son cœur en avait peut-être décidé autrement…
Elle fut interrompue dans ses pensées par trois coups nets à la porte. Ca ressemblait tout à fait à ce que son assistante aurait pu faire comme geste pour interrompre sa boss à cette heure-ci mais c’était plutôt curieux car elle était censée être partie il y a au moins une heure. Peut-être plus…Elizabeth avait perdu la notion du temps. Encore plus surprenant fut quand la porte s’ouvrit alors qu’elle n’avait donné aucune indication de rentrer. Et bientôt se révéla face à elle l’intriguant Jackson. Il n’hésita pas pénétrer dans l’antre de la belle. Quel culot. De plus, il avait l’insolence de la mitrailler d’un regard soutenu et profond. Mais bon sang, qu’il était beau ce regard…Il avait toujours su exprimer tellement avec ces deux billes intenses. Elle rompit le contact visuel, il fallait qu’elle garde les pieds sur terre et qu’elle ne se perde plus dans cette histoire dramatique. De toute façon, qui aimait ça dans la vraie vie ?
« Bonsoir Jackson »
Prononcer son prénom, c’était une façon de souligner qu’elle avait très bien entendu et retenu quelle était sa véritable identité. Mais finalement, qui était réellement cet homme ? Connor n’avait-il était qu’un personnage ? Quel était le vrai du faux ? Elle avait tellement de questions qui se battaient à l’intérieur d’elle.
« Je vois que vous n’avez pas besoin d’attendre quelconque autorisation pour faire ce que vous voulez »
Sur ça au moins, il y avait bien un point commun avec le Connor qu’elle avait connu…Et elle prit un malin plaisir à le souligner. Pensait-il réellement pouvoir débarquer dans son bureau sans qu’elle n’en dise rien ? Elle ne put s’empêcher de repenser à la dernière fois où il était venu dans cette pièce et un silence se fit le temps qu’elle revive cette scène dans son écran interne. Mais Jackson, pris dans son propre état d’âme, n’avait pas réagi pendant ce laps de temps. Et heureusement car elle ne voulait pas…ou plutôt plus, bien qu’il ne s’en rappelait pas, lui laisser la mainmise sur elle entre ces quatre murs.
« Vous tombez plutôt mal, j’étais sur le départ. Je n’ai donc pas vraiment de temps à vous accorder »
Elle se doutait bien de pourquoi il se présentait à elle aujourd’hui. Non, cette fois-ci, il n'arriverait pas à apaiser la méfiance de la lionne, elle ne tomberait pas dans son piège. Même si…c’était quand même tentant.
Jackson saisit l'irritation de la brune mais ne relève pas. Une étrange impression de déjà vu détourne son attention du bureau derrière lequel elle lui reproche subtilement de la déranger. Il n'avait de toute façon pas prévu de s'excuser pour ses insubordinations, ni à elle, ni à aucun de ceux que ses façons de faire irritent au sein du gouvernement. A croire qu'il est le seul à trouver cela normal de ne pas vouloir tourner la page de son passé sacrifié sur l'autel de la lutte contre le crime. Faudrait-il qu'il accepte son sort sans même jouer de son droit le plus fondamental à reprendre ce qui lui appartient de droit ? Intrigué, Jax balaye la pièce du regard, détaille les formes et les couleurs à la recherche d'un élément déclencheur quelconque. Depuis leur discussion dans le dojo, il n'a eu de cesse d'essayer de reproduire le genre de flash ressenti au contact d'Elizabeth mais sa mémoire ne semble pas disposée à coopérer aussi facilement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il s'autorise à envahir l'espace de la brune, alors même qu'elle s'est montrée des plus explicites lors de son départ : elle ne veut rien avoir à faire avec lui.
« Vous tombez plutôt mal, j’étais sur le départ. Je n’ai donc pas vraiment de temps à vous accorder » Jackson ravale un soupire. Le bras de fer commence. Ecoute, Commence-t-il tout en refermant la porte derrière lui. Ce genre de conversation requiert de l'intimité. Qui plus est, rester campé devant la sortie est une manière comme une autre de s'assurer qu'elle ne lui échappera pas. J'suis pas venu pour nier le fait que j'ai été un connard. Le pincement de lèvres accompagnant son aveu témoigne de sa sincérité. Après plusieurs nuits blanches passées en tête à tête avec lui même, seul face au miroir de ses remords et bien qu'il ne parvienne toujours pas à se reconnaître dans les actes que lui a raconté Warren, Jax ne se présente pas à elle pour sauver son honneur. J'suis là pour comprendre pourquoi. Pourquoi avoir agi de la sorte ? Pour quelle raison valable ? Et j'suis sûr que la réponse t'intéresse autant que moi.
Parce qu'il a beau avoir oublié les détails, les certitudes, elles, restent gravées dans le marbre : Jackson n'est pas ce genre de mec. Les types uniquement bons à ghoster les filles après les avoir eu dans leur lit, il les a en horreur. On ne l'a pas élevé comme ça. Par ailleurs, le dossier de l'enquête sur laquelle il travaillait à l'époque contient beaucoup trop de zones d'ombre pour ne pas lui mettre la puce à l'oreille. Tout dans cette histoire pue la corruption en col blanc à plein nez et s'il en est à ce point convaincu c'est que cela a toujours été son job de flairer ce genre de magouilles. Sa récente entrevue avec Anwar ne laisse que très peu de place aux coïncidences : le départ précipité de Jackson pour Sydney était probablement un traquenard.
Et s'il avait eu un mauvais pressentiment ? Si couper les ponts avec Elizabeth, Louisa et sa famille n'avait servi à rien d'autre qu'à leur éviter de devenir des dommages collatéraux dans une affaire de secret d'état ? Depuis qu'il la sait directrice au sein des bureaux d'une grande chaîne nationale, Mills ne peut s'empêcher de faire le lien entre la radicalité de son silence vis à vis d'Elizabeth et la montagne d'emmerdes que cela aurait pu apporter à la brune si elle s'était retrouvée mêlée d'une manière ou d'une autre à une affaire de contre-espionnage finissant droit dans le mur.
Après lui avoir gentiment indiqué qu’il n’était pas le bienvenu, Jackson avait toujours l’air décidé à discuter et ne pas diriger ses belles fesses vers l’extérieur du bureau de la directrice de la programmation. Il n’hésita d’ailleurs pas à aller refermer la porte. Elle leva les sourcils, d’un air condescendant qui exprimait clairement qu’elle ne comprenait pas pour qui il se prenait…Elle ne le lâcha pas du regard, attentive à ses mouvements.
« J'suis pas venu pour nier le fait que j'ai été un connard. »
Il pinça ses lèvres, probablement indécis de la suite de son discours. Elle sentait qu’il cherchait à émettre du contrôle mais tout en étant sincère en même temps. Et puis au moins, il assumait avoir eu un comportement de goujat, c’était déjà ça. Ce vocabulaire dépréciatif suffit à ce que la brune soit d’accord pour ouvrir ses oreilles et ne pas se diriger directement vers la porte sans se retourner, quitte à le laisser camper dedans. Dans le pire des cas, elle pourrait appeler la sécurité pour s’en débarrasser.
« C’est déjà un bon départ »
Elle le regarda, déterminée à ne pas baisser sa garde. Elle savait le danger qu’il représentait, elle se devait d’être prudente.
« J'suis là pour comprendre pourquoi. »
Et voilà, c’était clairement énoncé. Elle le savait mais là, elle ne pouvait plus se cacher derrière une hypothèse : Jackson voulait son aide. Qu’allait-elle faire ? Elle avait tellement envie de tourner la page mais était-ce aussi facile que cela ? Elle savait qu’elle se posait encore beaucoup de questions.
« Et j'suis sûr que la réponse t'intéresse autant que moi. »
C’était comme si il avait pu lire dans ses pensées, comme il avait pu le faire à l’époque également…Evidemment, il n’était peut-être pas lieutenant mais il était bel et bien policier et il avait à son arc une capacité d’analyse relativement bien développée. Mais le fait qu’il ait été capable de lire en elle la fit rager. Elle qui arrivait toujours tellement à rester de marbre dans ce qu’elle dégageait, surtout lors de négociations, car c’en était bien une n’est-ce pas ? Mais avec lui, était-ce vraiment possible de feindre l’indifférence ? Elle prit la décision d’esquiver la question et de le confronter directement. Après tout, c’était à lui d’arriver à la mettre de son côté. Et même si ce n’était pas gagné, elle était prête à lui laisser une chance. Au fond, elle en avait envie de le laisser l’amener sur son bateau, elle espérait juste que ce ne serait pas pour couler cette fois-ci…
Elle posa ses affaires au pied de son bureau et s’assied sur son siège, invitant Jackson à se positionner sur la place invité en face d’elle. Il fallait qu’elle garde tout de même l’ascendant et le maintenir à une distance de sécurité semblait être de mise avec cet homme. Elle le défia ensuite avec ses deux billes qui dégageaient sans aucun doute fermeté et courage.
« Vous avez cinq minutes pour me convaincre de pourquoi je devrais accepter de vous aider »
Elle ouvrit le tiroir de son bureau et sortit de sa cachette spéciale deux petits verres et une bouteille de whisky qu'elle se gardait pour les moments difficiles dont celui-ci faisait définitivement parti...Elle regarda Jackson qui acquiesça du visage et servit un fond dans chacun des verres. Cinq minutes...Vraiment ? Mais l'idée d'avoir un remontant pour l'encourager était irrésistible.
« Vous avez cinq minutes pour me convaincre de pourquoi je devrais accepter de vous aider » Jackson observe Elizabeth se rasseoir, à la fois satisfait d'avoir gagné son attention et conscient qu'il en faudra bien plus s'il veut la faire passer de la curiosité à l'approbation. Aussi accepte-t-il un, de s'asseoir ; deux, le whisky qu'elle lui propose. Cul sec. La brûlure de l'alcool l'aide à remettre de l'ordre dans son argumentation. Posant les coudes sur les genoux, Mills se penche en avant et se met à lui parler avec les mains. Aucune de ses manières ne laisse supposer qu'il vient la voir en tant qu'agent fédéral, sa posture est celle de la confidence soucieuse de ne pas se faire entendre. Premièrement, parce qu'on a besoin de te savoir en sécurité. Répond-il, à la fois inquiet et méfiant car il ne sait que trop bien à quel point cette entrée en matière risque de le faire passer pour quelqu'un de paranoïaque aux yeux de la directrice de la programmation. Tant pis. Cinq minutes c'est court, pas le temps d'adoucir la réalité derrière des mots plus longtemps réfléchis : J'suis certain que cette enquête dépasse le cadre strictement privé de ce qui a pu se passer entre toi et moi ... Même s'il n'est pas encore en mesure de le prouver où plus simplement de s'en souvenir. Les indices convergent tous dans la même direction : ce n'était pas la première fois que le gouvernement se connectait au serveur d'ABC pour vérifier spécifiquement la présence de Warren en ces lieux. Une information dénichée par Néo lors de son infiltration au sein du système informatique de la chaîne. Pourtant, impossible de retracer la source. Quelqu'un - qui qu'il soit - garde un œil très attentif sur elle. Quelqu'un d'assez doué pour passer sous les radars et effacer les traces de ses espionnages illégaux. Deuxièmement, Reprend-il, bien décidé à utiliser chacune des secondes qu'Elizabeth lui alloue pour plaider sa cause, quitte à s'enfoncer dans un monologue ne souffrant d'aucune réponse de la part de son interlocutrice. parce que j'suis pas ce genre de mec et que j'vais te le prouver. Carte sur table, le tout ponctué du bruit de son verre qu'il repose sur le bois du bureau dans une attitude à cheval entre l'excès de confiance et la détermination inébranlable. Troisièmement ...
Mills la gratifie d'un regard perçant. Il marque un silence dont il sait qu'elle connait toute la valeur. Après tout, dans cette négociation chronométrée, chaque seconde compte et accepter d'en perdre plusieurs pour ne rien dire est plus révélateur qu'un long discours pour expliquer que le point qui va suivre est aussi celui qui l'obsède le plus. J'en peux plus de te voir nue uniquement dans mes souvenirs. Sous entendu qu'il préférerait du live mais, ça, même l'animal impulsif qu'est Jackson sait qu'il vaut mieux de ne pas l'articuler à voix haute.
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Dernière édition par Jackson Mills le Sam 27 Mar 2021 - 6:56, édité 1 fois
Elle avança le verre de whisky près de Jackson qu’il s’empressa de boire cul sec. Elle ne peut s’empêcher de lever les sourcils. Etait-ce si difficile de lui faire face ? Cela dit, cette idée lui plaisait bien. Bien que l’image de lionne qu’elle avait dans son milieu la fatiguait parfois, la plupart du temps elle prenait un certain plaisir à savoir qu’elle intimidait. C’est juste qu’elle pensait qu’il en aurait fallu plus pour impressionner l’agent fédéral qui lui faisait face. Elle était sans doute plus redoutable qu’elle ne pensait. Il se pencha légèrement en avant, cherchant une position et probablement ses mots au passage. Elle prit une gorgée de la liqueur revigorante, savourant la galère dans laquelle se trouvait cet homme qui l’avait tant blessée. Etait-ce sadique ? Oui, un peu. Mérité ? Très certainement. Il pouvait au moins galérer un dixième de ce qu’elle l’avait fait l’année dernière...
« Premièrement, parce qu'on a besoin de te savoir en sécurité. »
Au moins, il rentrait directement dans le vif du sujet. Mais il avait raison d’aller à l’essentiel, elle n’avait pas que cela à faire lui accorder de son précieux temps. Cela dit, Elizabeth fut interpellée par ce propos. Elle pouvait pressentir que Jackson n’était pas du genre à exagérer et elle n’avait pas envie de prendre à la légère sa confidence même si elle pensait être tout à fait capable de prendre soin d’elle. Mais Jackson semblait persuadé que l’enquête qu’il avait menée avait dépassé le cadre de la vie privée, et donc qu’elle s’étendait au-delà de leur relation.
« Deuxièmement, parce que j'suis pas ce genre de mec et que j'vais te le prouver. »
Elizabeth ne put s’empêcher d’émettre un petit son d’ironie, comme une sorte de rire retenu…En voilà une bonne. Combien de personnes avaient tenté de sortir cette phrase après avoir blessé quelqu’un ? Elizabeth faisait partie de celles qui pensent que les actions reflètent la personne. Et Jackson ne pouvait rien changer au comportement qu’il avait eu. Elle était donc curieuse de savoir comment il comptait s’y prendre pour lui prouver qu'il n'était pas "ce genre de mec".
« Troisièmement ... »
L’agent fédéral marqua une pause. Ce silence était volontaire, elle le savait car elle était la reine des négociations dans son milieu. Elle connaissait donc l’importance d’un moment calme pour insister sur un point en particulier. Le regard de Jackson tenta de venir percer le voile qui protégeait les deux billes noisettes de la femme d’affaires. Il voulait savoir s’il arriverait à l’atteindre, elle pouvait le sentir venir. Elle se préparait pour rester de marbre, elle se guindait un maximum.
« J'en peux plus de te voir nue uniquement dans mes souvenirs. »
Mais malheureusement, elle ne put s’empêcher de réagir avec un grand sourire, qu’elle tentait pourtant de retenir un maximum en pinçant ses lèvres. Bon sang, il avait réussi à la toucher. Elle savait qu’elle venait de lui donner un indicateur qu’il pouvait remporter cette bataille. Est-ce que c’était mal qu’une partie d’elle se réjouissait de percevoir qu’il pouvait la convaincre de la laisser l’approcher de nouveau ? Oui, c’était mal…mais elle n’arrivait pas à faire taire cette partie-là d’elle. Cela dit, elle n’avait pas encore perdu et la voix raisonnable à l’intérieur d’elle comptait bien répliquer à cet argumentaire. Etait-ce son ego de femmes d’affaires qui voulait faire semblant de se battre ou une réelle volonté de le garder éloigné ? A ce stade, elle ne savait pas si elle pouvait l'identifier mais en tous cas, elle ne resta pas silencieuse longtemps, montrant bien sa capacité à riposter. Elle s’amusa d’ailleurs à lui répondre sur le même schéma de fonctionnement qu’il avait utilisé.
« Premièrement, comment peut-on vérifier que je sois en sécurité ? »
Et ça, c’était la question la plus importante de toutes à ses yeux. Si le moindre danger la guettait, elle préférait le savoir pour pouvoir construire une défense.
Elle ne s’était même pas rendu compte qu’elle était passée au tutoiement, envoyant déjà balader l’une de ses barrières…
« Troisièmement, est-ce si désagréable que ça ? »
Et un nouveau sourire apparut sur ses lèvres. Au fond, elle était fière du fait qu’il n’avait pas tout oublié de ce qui s’était passé entre eux, révélant peut-être que cela avait un peu compté tout de même…
Le sourire qu'affiche Elizabeth provoque celui de Jackson. Un sourire de biais, à mi-chemin entre la complicité et l'auto satisfaction. Bien qu'il ne vende pas la peau de la lionne avant de l'avoir domptée, Mills se sait désormais en position de l'amadouer et c'est tout ce dont il a besoin pour recevoir ses retours de questions sans plus douter du fait qu'il parviendra à la convaincre. Ce qu'il lui faut, désormais, c'est mettre les formes et se montrer particulièrement convaincant. Sur ce dernier point, Jax ne manque pas de ressources ; sur le précédent, en revanche, il cultive un style très personnel ...
Lorsqu'il se lève, son regard est implacable, solide, aussi compact que la masse de sa musculature tendue par les images mentales que ravive la conversation. La preuve physique et silencieuse que Jackson Mills n'est pas mort, n'en déplaise à ceux qui l'auraient bien vu pousser son dernier soupir sur ce trottoir crasseux de Sydney. Derrière la montagne des insécurités qu'ont fait naître en lui l'amnésie et la paranoïa, Jax n'en reste pas moins l'homme fort et charismatique qu'il a toujours été. Ce genre d'homme capable de contourner le bureau de la directrice de programmation comme s'il était chez lui, sans douter ni paraître hésitant lorsqu'il pose une fesse sur le coin de la table.
- On va commencer par vérifier que tu n'es ni suivie, ni sur écoute. Répond-il calmement, visiblement trop habitué à ce type de mesures préventives pour encore être soumis au stress que des révélations de ce genre provoquent chez les civils lambdas. Lentement, son avant bras se pose sur le bureau afin de balayer la bouteille de whisky ainsi que les verres qu'il repousse loin d'Elizabeth. Ne restent plus entre eux qu'un vide de quelques dizaines de centimètres que Jackson grignote en se penchant à son oreille. Je suis un homme d'action, Elizabeth. Une affirmation que ses cicatrices et son coquard toujours visible attestent passivement. Comment compte-t-il s’y prendre ? Comme ça : Je ne préviens pas. J'agis. Sa voix se fait plus grave est plus basse tandis qu'il inspire profondément l'odeur émanant de sa chevelure brune. Il pourrait presque l'entendre retenir son souffle. Un frisson lui parcourt l'échine mais Jax n'en montre rien, trop concentré sur son approche pour se laisser distraire par ce genre de détails. À peine quelques secondes qu’il se trouve à distance de toucher d'elle et voilà que l'air s'épaissit déjà, comme rendu moite par sa respiration. Si il le sent, c'est qu'elle aussi en a conscience. Avec un petit sourire dans la voix, il ajoute alors : " Désagréable, non. Frustrant … T'as pas idée à quel point. " Puis se dégage de son cou afin de briser la tension que la proximité physique leur impose au-delà des souvenirs oubliés et des rancœurs toujours présentes.
Jackson se leva. Le cœur d’Elizabeth ne manqua pas une miette de cette impulsivité. Si elle redoutait ce qu’il allait faire, elle l’attendait avec encore plus de hâte…Le regard de l'agent fédéral était ferme, déterminé. N’importe qui aurait pu y lire que rien ne l’arrêterait. Enfin rien, sauf peut-être une Elizabeth Warren, plus redoutable qu’une lionne défendant son royaume. Il contourna délibérément le bureau de la femme d’affaires pour venir asseoir sur le coin du bureau une fesse, et probablement son autorité aussi au passage. Sa nonchalance était toute aussi agaçante qu’attirante…
« On va commencer par vérifier que tu n'es ni suivie, ni sur écoute. »
Il était serein, on pouvait sentir qu’il n’était ni surpris par la situation, ni décontenancé. Il savait comment faire face à ce genre d'hypothèse. Probablement y avait-il été confronté plus d'une fois dans le cadre de son travail. C'en était presque naturel et le fait qu'il soit aussi à l'aise lui octroyait une confiance presque excessive. Il maîtrisait son sujet et il comptait s'en servir à son avantage. Heureusement pour elle, Elizabeth n’avait aucune difficulté à faire face au stress et elle savait garder son calme. La pression ne la faisait jamais céder, enfin pas quand elle concernait le travail en tous cas. Pas sûr que s’il se rapprochait davantage, elle arriverait à ne pas faire exploser la tension qui grandissait à l’intérieur d’elle au fur et à mesure qu’ils restaient à côté l’un de l’autre. Etait-il capable de sentir cette électricité lui aussi ? Est-ce que cette attirance indéniable était due aux souvenirs partagés ou à une alchimie incontrôlable ?
Il retira les verres et la bouteille qu’il balaya d’un coup de main. Elizabeth sentit sa respiration se couper. Même si elle les repoussait de toutes ses forces, elle ne pouvait retenir des images connotées envahir son esprit. Et ce fut bien pire quand il murmura à son oreille « Je suis un homme d'action, Elizabeth. ». Il savait ce qu’il faisait, il était malin. Il se servait volontairement de son charme, mais n’était-ce pas un jeu dangereux dans lequel lui-même pouvait se perdre ? Il était loin de se douter qu'il avait un adversaire à la hauteur en face de lui. Peut-être pas en cet instant précis mais Elizabeth savait ce qu'il y avait dans ses tripes et que ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle s'en serve pour se relever et dominer à son tour le tapis de jeu.
« Je ne préviens pas. J'agis. »
Elle retenait toujours son souffle, elle savait qu’il avait le dessus mais elle ne comptait pas le laisser faire. Elle reprit une inspiration, laissa ce satané frisson la parcourir afin de le faire disparaître et s’arma de son cran habituel pour faire face à cette tempête de plein fouet.
« Qu’est-ce que tu attends alors pour agir ? »
Et elle le fixa avec un regard provocant à souhait. Aucun d'entre eux ne voulait perdre cette bataille. Alors qu'elle pouvait apercevoir le feu qui naissait dans les yeux de Jackson, elle réalisa qu’elle avait laissé une place monumentale au sous-entendu. Non, ce n'était pas ce qu'elle voulait qu'il agisse...Cependant, qu'elle le veuille ou non, l’inconscient ne trompait pas. Mais elle, elle était prête à essayer de le tromper.
« Si je suis suivie, tu dois bien avoir un moyen de le savoir avec tes connaissances. Donc je t’en prie, agis »
Elle avait questionné Jackson sur ce qu’il pouvait ressentir lorsqu’il se sentait envahi par les souvenirs de leurs ébats, ce qui était arrivé plus d’une fois à priori. Il avait esquivé jusqu’alors la réponse, attendant le moment parfait pour se servir de la bombe qu’il préparait machiavéliquement. Il était décidément résolu à la faire céder et elle n’était pas sûre d’arriver à tenir bon face à tant de dextérité charismatique.
« Désagréable, non. Frustrant … T'as pas idée à quel point. »
Que cherchait-il ? Etait-il vraiment dérouté, voire perdu face à ce qu'il pouvait ressentir ou était-ce une façon déplorable de la manipuler à recommencer pour pouvoir tenter de retrouver sa mémoire ? Etait-il prêt à tout pour y voir plus clair ? Elle n’en aurait pas été étonnée…Son radar de méfiance était toujours allumé, même si son bas ventre lui envoyait plutôt un signal de feu vert.
« Il parait que quand on est confronté à la frustration, cela permet de savoir qui on est réellement à l’intérieur de nous. Je suppose que ça va révéler de quel matériau tu es fait. »
Elle avait envie de le savoir, qui il était réellement, comment il en était arrivé à mettre en œuvre les choix qu’il avait faits, mais à quel prix ? Et était-elle prête à le payer surtout ?
Crampe dans le bas-ventre de Jackson. Aussi brièvement que lui sont revenus en mémoire les flashes de leurs ébats passés, une vision de lui la plaquant sauvagement sur le bureau lui traverse l’esprit. Souvenir ? Fantasme ? Anticipation ? Mills est incapable de le dire. Son cerveau ne peut à la fois analyser ses réactions internes et les vivres. Face aux provocations de la brune, Jax n’est plus qu’un animal animé du désir de lui sauter dessus. La définition même de la pulsion, moteur de son comportement depuis son accident.
Heureusement, Warren enchaîne, le ramenant à la réalité grâce à ses anecdotes concernant la frustration. La partie lucide de l’esprit de Jackson reprend le dessus ; l’empêche de gâcher son effet en gestes trop brusques ou trop tactiles. Je suppose que tu as raison... Répond-il du tac au tac, curieux de voir la réaction d’Elizabeth face à ce sentiment capable de leur nouer les tripes si fort qu’il leur est possible de le deviner chez l’autre d’un seul coup d’œil. A aucun moment Mills ne doute du fait que ce test en est également un pour la jeune femme. Il y a trop de profondeur dans le regard de panthère qu’elle lui jette pour laisser place à quelque doute que ce soit. Jax sait reconnaître ce que des pupilles dilatées à ce point veulent dire et le fait de savoir interpréter le langage non verbal de son interlocutrice rend toute cette mise en scène d'autant plus excitante. Il joue avec un sérieux redoutable, à la fois metteur en scène de son charme calculé et d'une sincérité presque paradoxale lorsqu'il reprend : ... c’est pourquoi je ne te prendrai pas ce soir. .
Pause. Une seconde de deuil pour laisser à Elizabeth le temps d'encaisser cette affirmation dégoulinante de testostérone ouvertement décomplexée. Sur ce, Mills enchaîne, implacable : Tu ne m’as donné que cinq minutes, ... dit-il en regardant sa montre plus pour appuyer ses propos que pour s’inquiéter de l’heure ... il ne m’en reste plus qu’une. Clairement pas assez pour jouir ; ça ne l’intéresse donc pas. Ce qui l’intéresse, en revanche, c’est de savoir qu’il vient de lui planter dans la tête une idée pornographique et que cela pèsera possiblement son poids dans la balance. Je terminerai donc en répétant que je ne suis pas ce genre de mec et que tu en auras la preuve si tu me donnes l’occasion de te le montrer. Il bombe le torse et se redresse, prêt à conclure. Ta protection contre mes souvenirs. Gagnant - Gagnant. Parce qu’il est comme ça, Jax, et que la belle n’a pas le monopole d’être douée en affaires. Debout, l'agent se tient face à la brune toujours assise sur son siège. Doucement, il se penche juste assez pour se rapprocher de ses lèvres pulpeuses et tentatrices. Je te propose de rentrer chez toi et d’y réfléchir. À défaut de la raccompagner et de lui arracher tous ses vêtements. Elle qui était sur le départ aura de quoi méditer avant de s'endormir.
Il laissa sa phrase en suspens. Le silence était pesant. Qu’allait-il dire ? Qu’allait-il faire ? Elizabeth était à l’affût du moindre geste, du moindre son. Il la testait, elle le testait. Qui ressortirait gagnant ? Car il ne pouvait n’y en avait qu’un seul de victorieux…situation des plus darwiniennes. Il se servait probablement de l’attente pour estimer son degré de sang-froid. Un chasseur devait toujours étudier sa proie pour savoir comment la piéger. Mais la proie était parfois bien trop vivre pour être attrapée. Allait-il lancer son offensive maintenant ? Pendant l’espace de quelques secondes, elle crut qu’il allait tout envoyer valser ce qui se trouvait sur le bureau pour passer à un autre type de confrontation. Plus bestiale. Elle le détestait…d’avoir autant d’emprise sur elle et sur son bas ventre. Pour autant, elle n’en montrerait rien. Plutôt mourir que de lui révéler par quelconque détail qu’il avait l’ascendant sur elle. L’ego de la femme d’affaires était bien trop important pour s’effacer, même face à la plus dangereuse des pulsions animales. Il ne la quitta pas du regard, cherchant probablement à y lire des informations importantes pour le cours de cette négociation. Même s’il était éventuellement capable de lire son comportement non verbal, car après tout peut-être était-il aussi doué, elle ne cèderait pas.
« ... c’est pourquoi je ne te prendrai pas ce soir. . »
Il cherchait à la déstabiliser. Il abattait la carte de la franchise avec une promesse ambitieuse. S’il pensait qu’il arriverait à la prendre tout court, il se fourvoyait. Son affront ne donnait qu’encore plus envie à la belle de ne pas s’aliéner à son désir. Il était là, elle ne pouvait pas l’ignorer mais elle pouvait se battre corps et âme contre lui et malheureusement pour l’agent fédéral, Elizabeth avait récupéré toute son énergie psychique et physique.
La pause qu’il émit à ce moment précis était calculée. Elle devait admettre que c’était bien joué de sa part. Mais un adversaire pouvait abattre une bonne carte et tout de même perdre la partie…Il reprit son discours en mettant en avant la question du temps, bien très précieux pour la femme d’affaires. Il ne lui restait qu’une minute.
« Je terminerai donc en répétant que je ne suis pas ce genre de mec et que tu en auras la preuve si tu me donnes l’occasion de te le montrer. »
Pas ce genre de mec…celui qui ne donne plus de nouvelles après avoir obtenu ce qu’il veut, celui qui prend ses jambes à son coup quand ça devient sérieux…Encore une promesse présomptueuse dont elle se méfiait. Le challenge était élevé, il devait en avoir conscience avant de se lancer là-dedans.
« Tu devrais faire attention aux promesses qu’on ne peut pas respecter. »
Il bomba le torse et se redressa. Il avait parfaitement entendu sa phrase mais il continua comme si elle n’avait pas été prononcée.
« Ta protection contre mes souvenirs. »
Elle pensait que c’était plutôt de lui dont elle avait besoin d’être protégée mais cela n’effaçait en rien la potentielle menace qu’il avait évoquée et qu’elle était loin de ne pas la prendre au sérieux. Elizabeth était une femme intelligente et raisonnée, même si ses émotions étaient ébranlées par le retour de cet homme.
Il se pencha, se retrouvant extrêmement proche de ses lèvres. Pendant un instant, elle avait pensé qu’il lui donnerait un avant-goût de ses intentions, car elles n’étaient plus très claires…Courrait-il après ses souvenirs ou après la femme dedans ? Si le projet de l’aider dans sa convalescence voyait vraiment le jour, il y avait fort à parier qu’il devrait choisir l’un ou l’autre à un moment donné...
« Je te propose de rentrer chez toi et d’y réfléchir. »
Il se releva et se dirigea vers la porte.
« Si tu penses que ton petit manège va suffire pour me déstabiliser, tu te trompes. »
Il marqua une pause sans se retourner. Là encore, il l’avait entendue mais il poursuivit son chemin vers la sortie. Elle attendit d’être sûre qu’il ne revienne pas pour souffler un grand coup en mettant ses mains sur son visage, dépitée et vidée. Heureusement que son ami le whisky était déjà sorti. Elle eut un pincement au cœur en rependant aux bouteilles qu’elle avait bues pour oublier ce qu’il lui avait faire subir, aux larmes qu’elle avait versées en pensant qu’il l’avait rejetée. Et aujourd’hui, il revenait, proclamait que ce n’était peut-être pas vrai. Mais qu’est-ce qui était vrai finalement ? Qu’allait-elle décider ?