Il se dégage des arômes d'adulation et de chaleur fiévreuse dans la salle. Tapi derrière les rideaux du théâtre, Nolan observe le public et sent que le trac monte. Pourtant, il n'est pas souvent emprunt à ce genre de sentiments. C'est surtout car il se produit pour la première fois au théâtre, en complément du tournage qu'il effectue également sur Brisbane. Mais aussi parce qu'il ne sait pas comment le public accueillera sa performance, ni s'il sera à la hauteur, ou tout simplement, qu'on le juge encore par rapport à cette infamie qu'on lui colle au dos. Nolan est reconnaissant, car il a été choisit pour cette pièce spécifiquement parce qu'il est une figure de proue du thème de la collecte de fond pour ce soir. Engagé pour les enfants défavorisés dans le monde, la collecte s'accomplit dans ce but. Il ignore par quel moyen il a pu avoir ce rôle, car il n'est pas des plus appréciés ces temps-ci. Fagoté de son costume aux allures des années 40, le maquillage sur le visage, il fait en sorte de respirer le temps que son acte arrive. Il entre en scène quelques minutes plus tard. Ses paroles sortent d'elles-mêmes. Il a fière allure et oublie son trac. Mais, son regard se distille au premier rang sans le vouloir, et il s'arrête. Coupé, mortifié, cisaillé par la personne sur laquelle il a posé les yeux. Il y avait bien une chose qu'il avait espéré ne pas connaître, c'était le blanc total face à tant d'individus. Une véritable page blanche.
L'avalanche de souvenirs l'avait percuté de plein fouet. Nolan voyait ses yeux briller, cette teinte qu'il avait si bien connu, dans lesquels il s'était perdu tant de fois. Et qu'il avait apprit à détester. Un regard si transperçant. Halston. Assise là, à le regarder, l'observer. Sur le visage de Nolan, on devait voir qu'il était livide. Pourtant, cet arrêt ne dura que dix secondes à tout casser, avant qu'il ne coupe tout contact visuel et reprenne son sérieux. Il était professionnel, et ce n'était pas Halston qui allait gâcher ce moment. Nolan fut donc sur scène durant quatre scènes après cela, et il tenta par tous les moyens de regarder ailleurs que dans cette direction.
Lorsque tout fut terminé, il se rendit dans sa loge en trombe, pour reprendre ses esprits. Il respira trois fois et se dirigea directement vers la petite table au fond de la loge. Un verre. Il avait besoin d'un verre pour éponger ce trop plein de sentiments. Nolan n'avait pas la force de se changer pour aller accueillir l'événement d'après scène, réservé à tous les donateurs et à la production. Il savait, qu'il allait croiser Halston. Il savait aussi, que les regards seraient figés sur eux car la plupart connaissait feu le couple Waterford. Pourtant, il était contraint d'y assister. Et Nolan se disait qu'il n'allait pas se gâcher la vie pour elle. Elle l'avait déjà brisé et il ne lui donnerait pas satisfaction de le faire à nouveau. Autant, elle ne souhaiterait peut-être pas lui parler et c'était mieux ainsi. Nolan priait pour cela. Il se rendit donc à l'arrière de sa loge pour se doucher et se changer. Un costume trois pièces luxueux, aux couleurs de la nuit et aussi sombre que les ténèbres, contrastant avec sa couleur d'yeux. Les festivités se passaient dans une salle à l'intérieur du théâtre, il allait donc s'y rendre en feignant ne pas voir Halston. "Je vous remercie d'être venu, comment avez-vous trouvé la pièce ?" C'était ce qu'il disait à tout le monde, passant de mains en mains, de têtes en têtes. Mais, avec ce monde, il ne remarqua même pas dans la foule que la prochaine personne à qui il aurait à faire était son ex-femme. Lorsqu'il se rendit compte que sa main s'était tendue sans même regarder qui était son interlocuteur, il la rabaissa directement. La mâchoire serrée, le regard pourtant qui ne fuyait pas. Nolan fit face à Halston, son pire cauchemar. "Je pense que les remerciements ne sont pas de mises à ton égard." qu'il lâcha simplement en teignant son regard dans le sien, sans le relâcher.
L’argent, tout tournait toujours autour de lui, mais Halston ne s’en était vraiment rendue compte que lorsque sa famille commençait à réellement s’enrichir. Elle n’était encore qu’une adolescente, lorsqu’on l’amena pour la première fois à un gala de bienfaisance. Elle y avait découvert un nouvel univers, elle comprit très vite qu’il ne s’agissait que de la démonstration parfaite de l’opulence, chose à laquelle elle n’avait pas toujours adhéré. Faire couler à flot l’argent alors que des millions de personnes vivaient dans la pauvreté, cela avait quelque chose d’assez tapageur et hypocrite, car elle savait bien que la richesse se faisait souvent sur le dos des autres. La brunette en avait eu une belle preuve avec ses parents, qui ne donnaient que le salaire minimum à la majorité de ses employés, chose dont ils n’avaient pas honte, mais qui la gênait elle. Halston avait quelque peu changé d’état d’esprit, en choisissant ironiquement d’exercer un métier dont le salaire dépendrait de ce qu’elle prendrait du cachet d’autrui. La demoiselle n’avait pas mauvaise conscience pour autant, car lorsqu’on lui faisait la remarque, elle expliquait simplement qu’elle ne faisait que de prendre une petite part à des personnes qui gagnaient déjà bien leurs vies. Elle se gardait bien de dire que durant une grande partie de son existence, elle avait toujours distribué au moins un tiers de ce qu’elle gagnait, à diverses associations. Elle n’avait jamais ressenti le besoin de mener un quotidien ultra luxueux, alors ce fut avec plaisir qu’elle accepta d’accompagner un ami à une représentation théâtrale, qui avait pour but de ramasser un maximum de dons pour des enfants.
Une place de choix avait été désignée pour elle, en plein milieu de la première rangée. Elle se sentait particulièrement chanceuse ce jour-là car le matin même, elle avait déjà eu une très belle surprise de la part de la marque Elie Saab, qui lui prêta une magnifique robe pour l’occasion. Halston avait l’impression de retrouver une certaine reconnaissance, dont elle avait été privée dans son pays suite aux scandales dans lesquels elle avait été impliquée malgré elle. Elle riait aux éclats comme elle ne l’avait pas fait depuis bien longtemps. Soudainement, le rideau s’ouvrit alors qu’elle regardait encore en direction de son ami et le visage de celui-ci se décomposa. Elle comprit ce revirement de situation en entendant les premières paroles du comédien qui était sur scène. La brunette se figea à son tour, avant de se tourner lentement vers le décor. Ce n’était pas le fruit de son imagination, c’était bien son ex-mari qui se retrouvait à seulement quelques mètres d’elle. Il avait perdu la parole, visiblement choqué d’avoir croisé son regard. Elle ne put s’empêcher de penser qu’il était idiot, comment pouvait-il être passé à côté du fait qu’elle vivait à Brisbane ? Et encore plus qu’elle puisse se retrouver ici, cette grande ville devenait particulièrement restreinte lorsqu’il s’agissait de tomber sur les endroits où se trouvait le show-biz. L’accompagnateur de l’agente de stars s’attendait à ce qu’elle se lève et à ce qu’elle s’en aille à toute vitesse, elle n’en fit rien. C’était le meilleur moyen de se faire remarquer par tout le monde et ce n’était pas son but. Elle devint muette comme une tombe et se priva d’applaudir, même si les partenaires de Nolan ne le méritaient pas, elle ne voulait pas faire preuve de faux-semblant.
C’est avec une boule au ventre qu’elle quitta son siège, une indisposition qui fut rapidement repérée par son ami qui lui demanda si ça allait, si elle voulait bien rester malgré tout. Elle fit mine que ce n’était que passager, mais elle était entièrement en vrac. Halston n’arrivait pas à croire que son ex-mari débarquerait pile au moment où elle commençait à tourner la page, elle s’était rendue à un rencard un mois auparavant, chose qu’elle n’avait pas faite depuis que leur divorce avait été acté ce qui représentait donc un grand pas en avant. Elle essaya de se rassurer en se disant qu’il y avait du monde, qu’ils ne seraient aucunement obligés de se parler ni même de se croiser. Cependant sa chance s’était définitivement faite la malle, puisqu’elle se retrouva nez à nez avec lui, qui n’avait pas prêté attention à sa présence dans ce recoin de la salle. Elle avait cette désagréable sensation d’être acculée et elle ne pouvait pas faire la sourde oreille, elle s’était prise sa remarque cinglante en pleine face. L’agente de stars ne se démontera pas pour autant, ce n’était pas une personne qui avait partagé sa vie pendant des années qui allait lui faire peur. « L’ingratitude c’est laid. » Elle n’en attendait pas moins d’un homme qu’elle considérait comme un monstre d’orgueil. La brunette n’avait pas oublié tous les gros cachets qu’elle avait négocié pour lui ainsi que les rôles qu’elle lui avait dégotés, il lui devait une partie de sa réussite mais ça il ne l’admettra plus. Quitte à se retrouver à devoir lui parler, elle comptait bien obtenir quelques éclaircissements. « Je peux savoir ce que tu fais dans les parages ? » Elle ne passait pas par quatre chemins, elle savait que c’était complètement inutile avec lui. Halston espérait que cela n’avait rien à voir avec sa vie professionnelle, qu’il ne s’était pas rabattu sur l’Australie dans l’espoir de faire oublier ses déboires, cela serait un choix de très mauvais goût elle dirait même jusqu’à dire que c’était de la provocation.
C'était un tout qui se mélangeait quand il se retrouvait face à Halston. « L’ingratitude c’est laid. » D'abord, il ne le dirait à personne, mais pourquoi était-elle si attrayante dans cette robe haute couture, et pourtant, avait la langue aussi tranchante qu'une vipère ? Elle avait le chic pour être deux contraires et Nolan se haïssait de penser ainsi. Le pire, c'est que les couleurs de leurs vêtements étaient accordées. Etait-ce une mauvaise blague de l'agente de stars ? « Désolé, je ne répond aux charognes dans ton genre. » qu'il lui répondit en faisant les gros yeux. Le dédain sur les traits. Il ne comptait pas rester planté là à entendre ses jérémiades ou à se faire rabaisser par une femme - son ex-femme - qui lui avait sciemment tournée le dos et qui avait préféré croire ses amies. Une amie en particulier, Sophia. La maîtresse de la fourberie, la garce qui avait monté son ex-femme contre lui. Par pure jalousie. Elle était la raclure à abattre pour Nolan et il avait prit soin qu'elle tombe dans l'oubli. Encore plus que lui et sa carrière déjà en chute libre. Cette pimbêche cupide et envieuse avait tout prit de la vie de Nolan, elle était une véritable plaie et il ne valait mieux pas qu'elle croise son chemin. Il ne se remettrait certainement jamais de l'abandon d'Halston et même si la vérité venait un jour à éclater, il ne pourrait jamais s'entendre avec elle. Il considérait toutefois que cela avait tourmenté la brune. Tout avait repercuté sur elle par ricochet et il en avait été désolé. Il se souvenait encore des supplications qu'il avait faite lorsqu'elle sortait de ses gonds. Nolan avait beau eu s'expliquer, c'est toujours son côté playboy qui revenait sur le tapis et qui trahissait sa pseudo culpabilité. Non, Nolan ne pourrait jamais pardonner à Halston. Il n'en était pas là bien sûr. Mais il était persuadé qu'un jour, son innocence serait clamée. L'espoir fait vivre.
« Je peux savoir ce que tu fais dans les parages ? » A cette remarque, Nolan grimaça. Lui, avait bien été mit au fait que son ex se trouvait en Australie, dans cette ville en particulier. Comment diable n'avait-elle pas été au courant ? Et qui était l'abruti qui avait envoyé une invitation à Halston ? Il se le demandait bien. Et c'est bien parce qu'il était en position de faiblesse en ce moment qu'il ne dirait rien. Mais il n'en pensait pas mieux. Si la situation n'avait pas été telle qu'elle est aujourd'hui, il aurait fait son caprice de star. Le grand brun haussa des épaules pour prendre une coupe de champagne au passage d'un serveur. « Envie d'explorer le monde. De sortir du pays. » Il souriait à sa propre réponse en ne lâchant pas Halston du regard. Il apporta la coupe à ses lèvres pour en prendre une gorgée. Le pétillant du champagne firent éclater ses papilles, et il se sentit revigoré. Comme une boisson magique aux arômes d'impétuosité. « C'est étrange que tu n'ai pas été mise au courant avant aujourd'hui que j'étais dans les parages. Ca fait déjà six mois que je suis ici. Dieu merci, on ne s'est pas croisé avant. » Il avait prié les cieux pour ne pas croiser sa route et pourtant, on l'avait puni pour avoir trop espéré. Il fallait bien que ce jour arrive, et Nolan devrait concilier le fait qu'il allait sûrement la recroiser. Pourquoi pas au fleuriste du coin ? Mieux encore, au pub. Cependant, il espérait qu'elle ne le recontre pas quand il serait accompagné d'une femme. Car elle ferait en sorte de tout gâcher, il en était sûr. « J'ai été appelé pour un film. Surprise ! je suis pas complètement à la ramasse. » Il tournait cela en dérision, car ce n'était pas tout à fait la réalité. Il avait dû batailler pour avoir ce rôle qui était bien différent de ceux qu'il avait déjà joué. C'était nouveau pour lui et il était tout excité à cette idée. Son regard se détacha enfin de celui d'Halston, ne supportant plus la vue de son ex-femme. Il n'était qu'amertume à son égard et il ressentait à nouveau ce sentiment d'impuissance qui avait possédé tout son être lorsqu'elle l'avait quitté. Halston était celle qui avait brisé son coeur bien plus qu'il n'avait brisé le sien. Car elle avait perdu confiance en lui, piétinant leur amour, l'amour qu'il lui portait. Pauvre Nolan, il se faisait pitié à lui-même.
Charogne ? Est-ce qu’il avait osé l’appeler ainsi devant tout un tas de personnes, dont les oreilles étaient indiscrètement tournées vers eux ? Il manquait de classe et ce n’était pas son fringant costume qui allait le faire oublier. Elle avait eu la décence de ne jamais parler de lui en des termes aussi bas en public, même en privé elle ne se souvenait pas d’avoir utilisé de d’expression aussi injurieuse à son égard. Il restait l’homme qui lui avait passé la bague au doigt, celui avec qui elle s’était imaginée finir sa vie, même s’il n’y avait pas eu d’enfant dans l’équation, cela méritait quand même de faire preuve d’un minimum de respect envers lui. Une façon de penser qui avait été incomprise, mais qui lui avait permis de rester digne. Elle avait pourtant été approchée par des médias, avides de révélations et de piques acérées, elle aurait pu l’humilier à de multiples de reprises mais elle ne l’avait pas fait. Elle se contenta de plisser des yeux, elle n’allait pas se rabaisser à son niveau durant une telle soirée. La question qui lui avait brûlé les lèvres dès l’instant où elle l’avait vu sur scène, avait été posée. Il trahira le fait qu’il savait qu’elle était ici avec une grimace, avant de se plonger dans la réflexion. L’interrogation était pourtant simple, mais il semblait avoir envie de tourner autour du pot. Lorsqu’il prétexta qu’il avait juste envie d’explorer le monde, elle se retint de rire sarcastiquement et croisa ses bras. « Sérieusement ? » C’était un mensonge des plus décelables, car ils avaient voyagé ensemble lorsqu’ils étaient mariés, principalement pour se rendre à des avants-premières, mais ils étaient loin d’avoir été sédentaires. Ils y avaient pris goût, l’anonymat qu’ils pouvaient trouver dans certains pays les avait soulagés de nombreuses fois, ils avaient pu être à l’abri des paparazzis et des fans qui ne les accostaient que pour qu’elle puisse les prendre en photos avec son mari. Il s’agissait certainement des moments où elle avait le plus profité de lui, elle ne risquait pas de les oublier.
La langue du brun aux yeux bleus commença à se délier, sûrement grâce au champagne qu’il venait de prendre. Un mal pour un bien ? Sûrement, elle n’avait pas envie d’entamer une longue conversation afin d’obtenir les informations qu’elle voulait. Cependant elle n’aimait pas le voir reprendre autant en confiance, c’était mauvais signe et elle avait vu juste, puisqu’il lui balança que cela faisait six mois qu’il était ici. Il ne manquerait plus qu’il lui dise qu’il logeait dans le même quartier qu’elle et ça serait la goute d’eau, mais serait-il assez fou pour accepter de vivre aussi près de sa pire ennemie, Sophia ? Elle ne le pensait pas. Néanmoins cela lui glaçait le sang d’imaginer qu’elle aurait pu le rencontrer n’importe où, n’importe quand ou pire encore : avec une femme à son bras. Il aurait très bien pu inventer qu’il était venu à Brisbane pour une histoire d’amour, cela lui aurait donné une claque monumentale dont elle ne se serait pas remise de sitôt. Il décida de lui dévoiler la véritable raison, qui se trouvait être la deuxième des plus mauvaises options possibles, celle à laquelle elle avait pensé en premier. Il avait cessé de la regarder, mais elle s’était résolue à ce qu’il soit forcé de le faire de nouveau. Elle se mit à taper dans ses mains de manière très lente. « Il existe plus d’une centaine de pays dans le monde, un certain nombre où la langue anglaise est pratiquée mais toi tu as bien évidemment choisi celui où se trouve ton ex-femme. Bravo. Il n’y a pas à dire tu mérites qu’on te discerne la palme du plus grand masochiste ou celui du plus grand crétin, au choix. » L’insulte lui avait échappé, la colère était un peu trop montée pour qu’elle puisse se contenir totalement. Il avait joué le misérable celui qui avait été anéanti par sa demande de divorce et pourtant il avait le culot de se pointer ici. Deux personnes ne se gênaient plus pour les regarder, elle n’aimait pas se donner en spectacle ainsi mais il ne lui avait pas laissé le choix. « C’est quoi la prochaine étape ? Essayer de prendre l’une de mes collègues comme agente ? Te mettre en concurrence directe avec mes acteurs ? » Il y avait bien des façons de lui pourrir la vie, mais elle ne savait pas s’il serait assez immature pour s’y mettre. « Oh non suis-je bête, j’ai oublié quelque chose d’important, tu ne risques pas de leur faire de l’ombre avec la réputation que tu te coltines. »
CODAGE PAR AMATIS
Dernière édition par Halston Hargreeves le Jeu 6 Mai 2021 - 23:33, édité 1 fois
Nolan s'était toujours posée la question : pourquoi Halston avait préféré croire les autres plutôt que son propre mari ? Pourtant, ils avaient été marié durant six années. Nolan avait toujours été fidèle, et il avait toujours prit soin d'elle malgré le fait qu'il ait un comportement difficile. Il en avait conclu, au final, que ça avait été plus facile pour Halston de croire en sa culpabilité plutôt que de le soutenir dans cette dure épreuve qui le pointait du doigt. Car tous les doigts, les yeux, étaient rivés sur lui, et elle en avait payé le prix également. Elle avait été lâche à son égard, préférant se ranger du côté qui l'incriminait car c'était plus facile pour elle plutôt que de se battre à ses côtés contre une innocence qu'il mettrait du temps à prouver. Plutôt dur, car les hommes accusés lors du mouvement Me Too n'en sortait pas indemne. La parole était toujours aux victimes, aux femmes ayant subi. Alors, il s'était longtemps battu dans le vent, jusqu'à lâcher prise et faire avec. Echanger quelques banalités avec elle n'était pas de tout repos et plus difficile que ce qu'il aurait pensé. Halston sortait les griffes, piquait à vif et c'était incisif. Ca ne manquait pas de mettre Nolan sérieusement en rogne. Heureusement, il avait sa coupe de champagne pour distraction et qui le requinquait. Puis, les gestes et les paroles d'Halston eurent le don de le mettre en ébullition. « Il existe plus d’une centaine de pays dans le monde, un certain nombre où la langue anglaise est pratiquée mais toi tu as bien évidemment choisi celui où se trouve ton ex-femme. Bravo. Il n’y a pas à dire tu mérites qu’on te discerne la palme du plus grand masochiste ou celui du plus grand crétin, au choix » Nolan grimaça à nouveau, complètement ahuri par ce qu'il venait d'entendre. Puis, sans le vouloir, il se mit à sourire nerveusement mais assez discrètement pour qu'on ne le voit pas aux alentours. « Eh oh, y avait pas une pancarte à l'entrée de la ville avec écrit 'Ville approprié à Halston Hargreeves, refuge d'une ex-femme qui veut se faire oublier'. » Il n'en croyait pas ses oreilles. Il prenait cette fois, deux gorgées de champagne et continua tout en la brandissant dans tous les sens en harmonie avec ses gestes. « Je savais pas que t'étais ici, on me l'a apprit un mois après que je sois arrivé et bien sûr, c'était le but de me le cacher. Mais qu'on se le dise. Même si je savais que t'étais ici, je serais venu. C'est pas toi qui va m'empêcher de vivre. » Nolan remarqua que deux personnes les observaient du coin de l'oeil, interpellés par l'adage acerbe venant de l'ancien couple. Il continua à écouter Halston sans la regarder et termina sa coupe de champagne qu'il déposa sur une table à côté d'eux. « C’est quoi la prochaine étape ? Essayer de prendre l’une de mes collègues comme agente ? Te mettre en concurrence directe avec mes acteurs ? » Elle avait le chic pour faire tout tourner autour du professionnel. Il espérait qu'Halston ait autre chose dans vie que son boulot et s'amusait autant que lui. Car il était triste de penser que c'était elle qui l'avait quitté et qu'elle n'en profitait pas. « Oh non suis-je bête, j’ai oublié quelque chose d’important, tu ne risques pas de leur faire de l’ombre avec la réputation que tu te coltines. » Les paroles d'Halston allait trop loin à son goût, et sur les traits du brun, les ténèbres s'étincelèrent. Elle devait l'apercevoir, si elle le connaissait bien. Et elle savait qu'il ne faudrait pas le pousser à bout car Nolan n'en avait que faire de se donner en spectacle contrairement à elle. Il avait déjà une réputation entachée, et il était connu pour dire ce qu'il pensait. Elle voulait le contrarier, l'écraser, avec l'option en prime de l'humilier en public. Et Nolan, il n'en avait que faire. On l'avait déjà traîné dans la boue, dans la baie des cochons, et il en était sortit avec des séquelles mais pourtant, toujours bien vivant. « Va falloir changer de disque, celui-là commence à être rouillée. » Il mima un violon en même temps qu'il lui disait cela. Halston était toujours fermement convaincu qu'il était l'auteur de ces pseudos accusations et il en était sidéré. Comment faisait-elle pour être aussi persuadée qu'il était coupable et l'utiliser contre lui ? « N'abordons pas ce sujet. Pente glissante. Et puis, je ne vais pas te supplier à nouveau de me croire, ce serait comme parler à un mur. » Il l'avait fait souvent, trop souvent. Nolan se retint de la traiter de girouette. La vérité, elle l'avait, mais elle l'ignorait pour se conforter dans le plaisir d'être du côté des gentils - pas si gentils, et c'était ça la vérité. Il joignit ses mains et replanta ses prunelles dans les siennes. « Sur ce, il vaut mieux que j'aille voir ailleurs ? »
Elle lui avait laissé sa chance à Nolan et ce plus d’une fois. La première remontait à l’époque où ils venaient de se rencontrer, malgré un coup de foudre instantané elle avait quand même une réticence à l’idée de tomber dans les bras d’un tombeur comme lui. L’agente de stars s’était faite quelque peu désirée, une poignée de semaines avant de craquer totalement. Il avait manié les mots comme personne, il lui avait entièrement retourner le cerveau, elle n’écoutait plus du tout les revendications de ses proches, qui ne voyaient pas ce rapprochement d’un bon œil pour la plupart. Si un film s’était inspiré de leur histoire il se serait très certainement nommé Us against the World. L’inacceptation de leur amour avait eu tout l’effet inverse, celui de les rendre plus soudés, de donner envie de montrer au monde entier qu’ils avaient raison et que les autres avaient tort. Elle était devenue Mme Waterford au bout de dix mois seulement, fermant un nombre incroyable de clapets qui pensaient qu’il allait bientôt l’éjecter comme un produit qui venait de périmer. Les trois premières années de leur romance n’avaient connu aucune ombre au tableau, la laissant penser qu’elle avait enfin trouvé l’homme avec qui elle fonderait une famille. Cependant un sombre nuage fit subitement son apparition, il se nommait Lydia, une actrice en manque de buzz, qui profita du mouvement MeToo pour entacher la réputation de Nolan. Halston n’avait pas cru les paroles de cette inconnue, qui lui avait tout l’air d’une mythomane de première. Elle soutint son époux du mieux qu’elle le pouvait, ce qui lui valut la vilaine image de femme qui cautionnait et n’aidait pas la cause. Peu de temps plus tard, elle fut accusée de ne pas avoir soutenu une de ses protégées, qui avait mal vécu un tournage à cause du comportement déplacé du réalisateur, qui était un de ses amis. Être pointée du doigt ainsi la pesait, mais elle essayait de garder la tête haute et de retrouver une légitimité dans le milieu. Trois ans plus tard, alors qu’elle pensait commencer à sortir la tête de l’eau, trois femmes sortirent de nouvelles accusations contre Nolan, lui donnant le coup de massue de trop. Elle n’arrivait plus à le croire, elle n’avait plus la force de se battre alors elle l’avait quitté.
L’agente de stars se souvenait parfaitement des derniers mots qu’elle lui avait dit, c’était qu’elle ne voulait plus jamais le revoir. Elle n’avait plus aucune raison de le faire, leur demeure avait été vendue, leurs biens répartis, les papiers du divorce étaient signés en bonne et due forme. Halston avait même cessé de parler à toutes les personnes qui les reliaient, leurs amis en commun en avaient donc fait les frais. La brunette ne voulait plus entendre parler de lui, elle voulait juste refaire sa vie et elle ne l’avait pas fait à moitié, elle avait fait ses bagages pour partir à l’autre bout du monde. Un effort considérable qui paraissait bien vain maintenant qu’elle se trouvait face à son ex-mari, qui osait prétendre qu’il n’avait pas toujours su qu’elle habitait ici. « Ce n’est pas comme si une simple recherche google te permettait de tomber sur le site de mon agence. » Elle exagérait peut-être un peu, car ce n’était pas la seule chose qui pouvait ressortir du moteur de recherche, on pouvait également tomber sur des articles parlant de la chute de la chaîne hôtelière Hargreeves ou bien de tous les articles people qui parlaient de leur couple. Sauf qu’elle était persuadée qu’en cherchant bien, on pouvait toujours finir par trouver des informations, en cette ère numérique le droit à l’oubli n’était qu’une vaste fumisterie. L’entendre dire que même en sachant pertinemment qu’elle était à Brisbane, il serait quand même venu parce qu’elle ne l’empêcherait pas de vivre, lui coupa le souffle. Elle avait tout sacrifié pour écrire un nouveau chapitre de sa vie et lui n’avait aucune gêne à l’idée de venir le déchiqueter. Halston n’avait plus la moindre envie d’avoir pitié de lui, elle choisit de remuer le couteau dans la plaie. Il faisait mine de ne pas être touché, mais s’il y avait bien une chose qui ne trompait jamais c’était bien son regard, qui s’était obscurci. Il lui rappela la ligne rouge à ne pas franchir, avant de lui dire qu’il ne la suppliera plus de croire en son innocence. Il lui fit une proposition qu’elle ne pouvait refuser, celle d’aller voir ailleurs. « Yes get out of my life, for good this time. » Clama-t-elle avec son plus bel accent américain.
Soudainement, l’ami de l’agente de stars s’approcha d’eux, il regarda de haut en bas Nolan avant de regarder Halston avec dépit. « Oh sweetie, je te laisse seule cinq pauvres minutes et je te retrouve avec ton ex-mari. Je ne t’ai jamais vu dans un tel état, calme-toi. » Cela faisait plus longtemps qu’il était parti fumer, mais soit, elle n’allait pas lui tenir rigueur car si elle s’était retrouvée dans cette situation, c’était un peu de sa faute car elle n’avait pas snobé l’acteur. Il passa son bras autour de son épaule, pour la forcer à s’éloigner de l’homme qu'elle n’arrivait pas à quitter du regard. « Tu as besoin de prendre l’air. » Heureusement qu’il était là pour la sortir de sa contradiction, celle de ne plus vouloir voir son portrait tout en restant immobile, à le fixer. Il avait toujours le don de lui faire ressentir des sentiments opposés et cela l’agaçait au plus haut point. Elle se laissa entraînée par son accompagnateur jusqu’à la sortie.
Halston n'avait que faire de l'humilier devant ce beau monde, ou de rappeler les anciennes blessures qui les avaient éloignés conduisant à leur séparation. Ca avait été un vrai coup dur pour Nolan, il avait perdu pied et s'était sentit mal durant des mois. Il avait sombré dans l'alcool à cette époque et n'avait aucune proposition de scénarios. Les choses ne se calmaient pas alors il avait dû faire avec et abandonner grand nombre de ses biens. Déjà, la séparation des biens du couple l'avait destitué de choses dont il tenait beaucoup. Finalement, il avait été rassuré de les perdre après un certain moment car tout cela lui rappelait trop son ex-femme. Ils avaient coupé les ponts après leur divorce, ne se parlant plus. Il avait été mit au courant qu'elle avait quitté le pays mais il n'aurait jamais imaginé qu'elle s'abrite à Brisbane. En fait, il n'avait même jamais recherché à savoir ce qu'elle devenait. C'était ainsi plus facile pour lui de passer à autre chose, ou plutôt, d'enfouir tous ces souvenirs douloureux et ces moments de leurs vies qui furent chaotiques. Il n'avait donc jamais regardé en arrière après ces mois de désolation, et Halston n'avait jamais été dans ses pensées jusqu'à ce qu'il passe le panneau de Brisbane. On lui avait caché ce détail le temps qu'il s'installe et rencontre le personnel du tournage. Quand il l'avait apprit, il avait été dans sa loge. Et bien sûr, il était sortit de ses gonds. Hors de lui qu'on lui cache une telle chose, il avait balancé des tables, des vases, bref, tout ce qui traînait autour de lui. Il avait fallu attendre une journée entière pour qu'il se calme. Nolan n'avait pas le choix. C'était le seul projet qu'on lui avait proposé depuis des lustres et le pire, c'est qu'il était inspiré par ce qu'on lui proposait. Il ne pouvait donc pas tourner le dos à cette opportunité, et même si son ex-femme était dans les parages, il ferait avec. La vie continuait et aucune mesure d'éloignement n'avait été faite. Il avait donc tous les droits d'être ici. Pourtant, Halston ne l'entendait pas de cette manière et le fit bien comprendre à Nolan. « Ce n’est pas comme si une simple recherche google te permettait de tomber sur le site de mon agence. » Ses mains vinrent se braquer contre sa poitrine pour se justifier sur ce qu'elle venait de lui dire. « Bien sûr. Pourquoi j'aurais fais ça ? Contrairement à toi, j'ai tourné la page sur notre histoire. » Rien que d'imaginer la scène, il ne se voyait pas du tout prendre son portable, assit sur sa terrasse et se dire 'tiens, et si je tapais le nom de mon ex pour voir ce qu'elle devient ?'. Non, Nolan était passé à autre chose et pour s'en convaincre, il ne devait plus rien rechercher sur Halston Hargreeves. C'était elle qui l'avait quitté, elle qui voulait sortir de sa vie, elle qui ne l'avait pas cru, ne lui avait pas fait confiance. Comment aurait-il pu faire autrement que de la laisser tranquille ? Cela s'entendait ainsi pour l'acteur à ne pas poursuivre son chemin à sonder son ex. Halston sous-entendait qu'il avait fait exprès de revenir en ville pour elle. Même si l'idée de lui pourrir la vie dans sa nouvelle tranquillité plaisait assez au brun. Peut-être était-ce l'envie de son ex-femme au final, qu'il revienne dans sa vie pour la rendre plus vivante ? Ou croyait-elle sérieusement que Nolan tenait encore tellement à elle qu'il serait assez fou pour poser un pied à Brisbane de son plein gré ? Il manquait des données à Halston, et Nolan se retint donc de lui laisser le plaisir d'obtenir des explications justes. La laisser cogiter sur son arrivée et se poser mille et une question était ce qui satisfaisait Nolan. Oh oui, il était machiavélique lorsqu'il s'agissait de ceux qui l'avaient blessés. Il protégeait les siens, son entourage précieux, mais détruisait tout ceux qui lui faisaient du mal.
Après quelques échanges, Nolan décida donc qu'il était temps de s'éclipser loin de cette chipie. Et comme il était courtois, il lui laissait la chance de décider ou non si elle souhaitait continuer ces échanges féroces entre eux. « Yes get out of my life, for good this time. » Nolan s'inclina donc comme un prince pour prendre congé avant qu'un homme ne vienne aux côtés de son ex-femme. « Oh sweetie, je te laisse seule cinq pauvres minutes et je te retrouve avec ton ex-mari. Je ne t’ai jamais vu dans un tel état, calme-toi. » Nolan leva les yeux au ciel, exaspéré par un tel esprit chevaleresque. C'était Halston qui devait être heureuse de pavaner un homme à son bras pour tenter de le faire enrager. Mauvaise pioche, il n'en avait rien à faire. L'acteur ne riposta donc pas, se contentant de les observer pour comprendre quel était l'étendue de leur relation. Le chevalier servant passa ses bras autour des épaules de la brune pour l'emmener. « Un vrai gentleman. » qu'il murmura en souriant. « Tu as besoin de prendre l’air. » Le regard d'Halston était toujours posé sur Nolan, elle ne le quittait pas des yeux. Mais dedans, se lisait une haine considérable. Il se contenta ainsi de lever la main droite en gesticulant ses doigts pour leur dire au revoir, un sourire en coin sur les lèvres. Le don de Nolan pour provoquer les gens était un point fort de sa personne. Le sarcasme était la clé de sa réussite, ce qui le rendait attachant mais tout aussi détestable. Lorsqu'ils furent hors de sa vue, Nolan se rendit au buffet pour prendre un autre verre et remplir un peu son ventre. Sa pièce ainsi que ses échanges avec tout ce monde lui avait ouvert l'appétit. Il passa le restant du temps à parler de futilité avec les invités, certains qu'il connaissait assez bien lui parlèrent de son échange avec son ex. Il se contenta simplement de changer de sujets pour faire comprendre qu'il ne voulait ni en parler avec eux, ni ressasser cet instant pénible. Une petite heure et demi plus tard, après un discours final par Nolan et les membres émérites de l'association, tout le monde fut convié à rentrer. L'acteur s'éclipsa dans les premiers pour rejoindre la berline qui l'avait emmené ici. Le chauffeur l'attendait déjà et Nolan priait le ciel pour ne rencontrer personne d'ici qu'il monte dans sa voiture.