| it was gone with the wind (craker #5) |
| | (#)Mar 9 Mar 2021 - 23:05 | |
| Tout n'est que réflexe et habitude lorsque je gare ma voiture au bout de la rue. Qu'importent les années qui défilent l'endroit semble figer dans une familiarité qui se veut rassurante. Ce sont les mêmes immeubles, les mêmes petites boutiques et surtout le même café juste en face. Je pouvais passer des heures assises à la même table, enchaînant les cafés et les parts de gâteaux maisons tout en noircissant des pages et des pages de trame et d'histoires en tout genre. Le dimanche, lorsque j'étais d'humeur, je venais chercher notre petit-déjeuner avant de filer à nouveau dans l'immeuble a deux numéros de là. La gérante, une dame d'un âge, finissait toujours par m'offrir quelques-unes de mes consommations, me faisant promettre de revenir pour tester sa nouvelle recette de sucrerie. Est-ce qu'elle s'est demandée où j'ai bien pu passer lorsque j'ai cessé de venir du jour au lendemain ? Probablement pas. Après des années à éviter soigneusement l'endroit, j'ai fini par découvrir que Sara avait revendu son échoppe laissant place à une bande de hipster dégénérés qui se pense cool à importer du café de je ne sais quel pays branché. Qu'importe, ce n'est pas ce qui me ramène sans cesse dans le coin. Tout se joue aux souvenirs lorsque mes pas m'arrêtent devant la porte de l'immeuble. Mes doigts viennent pianoter le code d'accès que personne ne semble vouloir modifier qu'importe les années et les départs. Je ne m'attarde pas devant les boîtes aux lettres, ignore l'ascenseur pour mieux m'engouffrer dans la cage d'escaliers. J'ignore l'étage qui fut le nôtre pour mieux accéder aux dernières marches. Il faut jouer un peu avec la poignée, tirer la porte, caler la pierre que jamais personne n'a oser retirer pour finalement accéder au toit.
Une fois encore, l'endroit semble figés dans le temps. La même table bancale aux chaises dépareillées abîmées par le soleil dans un coin, les mêmes pots de plantes que Madame Wayne s'entête à faire pousser contre la façade. Le même silence surtout. Il est complaisant ce calme-là, il rassure, donne l'impression que rien n'a plus vraiment d'importance. Alors, enfin, je peux poser la sacoche qui me scie l'épaule. Je peux m'asseoir à même la dalle encore chauffée par la chaleur de la journée qui s'achève lentement. Je peux souffler, personne n'entendra rien, personne ne pourra soupçonner que le mur de façade se fissure parfois. D'un geste mal assuré, je tire le paquet de cigarettes qui réside à jamais dans le fond de ma poche. La première taffe relâche les tensions, la deuxième travaille sur les nerfs, c'est le relâchement qui semble nécessaire. Du coin de l'œil, je ne cesse d'observer le sac qui trône à mes pieds. À l'intérieur, un véritable trésor. La version finale, couverture dessinée et tout le bazar d'une Jules qui ne cherche plus que l'envolée et un titre pour bien aller. Il reste une étape, la plus compliquée même après des années. Celle qui réveille les vieux démons et qui fait trembler. Il reste ce putain d'échelon à gravir.
À tergiverser les minutes s'écoulent sans fin, les cigarettes s'enchaînent et il ne reste plus que le silence d'un jour qui s'achève. Ce que j'étais venu chercher à m'isoler ici, qu'importe les souvenirs que renferme l'appartement deux étages en dessous. Isoler du monde cette terrasse offre le climat idéal à un laisser aller jamais égaler au milieu des paires. Seul face à la ville, il ne reste que les sentiments qui tiraillent, ceux qui vont creuser trop loin, tellement qu'il vaut mieux s'isoler pour oser les accueillir pleinement. Ne subsiste que cette peur au bide d'oser avancer, de balancer - enfin - des écrits, un travail dont je suis fier, mais qui pourrait s'écrouler. Ne reste qu'un bordel monstre, une fragilité à peine acceptée. Alors tout se déverse, dans une énième clope, un millième soupir.
Le bruit de la porte qui s'ouvre me fige dans mes mouvements. C'est la ferraille qui grince, des bruits de pas sur le gravier, puis une silhouette qui se dessine. Elle devient bien trop familière à mesure que la personne s'approche sans jamais me remarquer, personnage devenu ombre adossée contre le mur en béton. Je me fais de marbre alors que Rosalie avance jusqu'à la table en me tournant le dos. Elle est tirée à quatre épingles la brune, elle jure avec le paysage dans sa robe guindée. Sans bouger, j'attends le moment où elle réalisera ne pas être seule sur ce toit. Sans broncher, j'observe celle que j'avais promis de ne plus jamais revoir. Trois semaines se sont écoulées sans que jamais l'un ne vacille. Ce n'est rien trois semaines, qu'un simple préambule dans ce qui semble nous attendre pour l'éternité. C’est un jeu d’enfant, normalement. Alors pourquoi, j’ai toujours cette même réaction physique lorsque mon regard se pose sur elle ? Je m'étais juré de ne plus céder, qu'importe si elle semble fatiguée, qu'importe si ses traits tirés sont les témoins de ce qui semble la contrarié. J'avais parié. Je comptais gagner. Son corps se tend dans un frisson avant que lentement son buste se tourne vers ma direction. Cigarette pendue aux lèvres, j’accueille son regard sans la moindre once d’émotions.
Qu’est-ce que tu viens faire ici Rosalie ?
@rosalie craine |
| | | | (#)Mer 10 Mar 2021 - 9:15 | |
| i finished crying in the instant that you left and i can't remember where or when or how and i banished every memory you and i had ever made
@celinedion Elle est lourde, la tension autour de la table des Craine alors que tous les regards se tournent vers toi tout en s’assurant de t’éviter. Ils sont nombreux les non-dits alors que tu vois de l’incompréhension dans les yeux de ton aîné, de l’inquiétude dans les yeux de ton cadet et un sourire en coin sur les lèvres de la benjamine qui semble éprouver un malin plaisir à te voir d’aussi mauvaise humeur, toi qui ne laisse généralement rien paraître de tes multiples états d’âmes. Sur ta cuisse, il y a la main de Lachlan que tu continues de repousser, intolérante au moindre de ses contacts depuis quelques temps déjà, non pas qu’il puisse mettre le doigt sur ce qui provoque cette nouvelle vague d’humeurs massacrantes chez une Rosalie pourtant reconnue pour ces dernières. Il s’impatiente d’ailleurs quand tu retires sa main une fois de plus, quand tu refuses de lui accorder un seul regard, quand tu réponds froidement à chacune des questions que l’on te pose, que ce soit lui ou ta mère qui insiste une fois de plus à vouloir parler du mariage alors que clairement, tous les Craine autour de la table en ont déjà trop entendu parler. Elle a bu ta mère, une bouteille ou peut-être deux. Toi aussi, t’as peut-être un peu trop bu quand la soirée tire à sa fin et qu’il est temps de rentrer. Tu fais ta loi quand même, quand tu décides que t’as pas envie de retourner chez toi, avec Lachlan. Que là, maintenant et tout de suite, t’as besoin d’air et t’as besoin d’espace. « Tu devrais pas conduire Rosie. » « Rory va te raccompagner, pas vrai? » que tu fais à l’attention de ton cadet qui vit pourtant dans le même quartier que tes parents et qui se retrouve maintenant responsable de ramener Lachlan à l’autre bout de la ville. Mais il dira rien Rory, parce que c’est qui il est. Il ne dit jamais non. Il fait ce qu’on lui demande sans jamais se plaindre. Et même si tout le monde voudrait protester et t’en empêcher, tu continues de clamer haut et fort que tu peux conduire, que t’es en état et puis voilà, t’es derrière le volant de ta voiture. C’est en direction opposé que tu traverses la moitié de la ville pour te rendre dans un quartier que tu ne fréquentes plus vraiment depuis longtemps déjà.
T’étais en état de conduire que tu finis par te convaincre quand tu te stationnes devant cet immeuble appartement aux allures un peu défraîchies. La nuit est calme, il n’y a pas beaucoup de gens qui se promènent dans la rue alors que le soleil se couche pour laisser place à une nuit qui est aussi lourde que les précédentes. Mais elles sont chaudes et rouges tes joues, et ils ne sont pas si assurés tes pas alors que tu te diriges vers l’entrée, entres le code d’accès pour entrer dans cet immeuble dont on ne pense pas nécessaire d’updater la sécurité une fois de temps en temps. C’est l’ascenseur qui te mène jusqu’au dernier étage et puis quelques marches que tu montes maladroitement jusqu’à la porte qui elle te mènera finalement sur un toit ou tu en as passé des soirées, avant. Ça fait longtemps que tu n’es pas venue, longtemps que tu n’as pas admirer la ville de cette vue, longtemps que tu n’as pas laissé la nostalgie prendre le dessus de cette façon. Tu échappes un long soupir alors que tu avances jusqu’à la table, le regard tourné vers le reste de la ville qui semble bien trop calme. D’un geste exaspérée, tu défais le chignon haut qui te serre le crâne depuis trop longtemps, tu laisses tomber tes talons sur le sol et t’es sur le point de t’asseoir sur l’une des chaises quand tu remarques finalement l’odeur de cigarette qui émane autour. Et puis tu le sens le regard dans ton dos. Tu devrais sans doute être surprise quand ton regard croise le sien, mais tu ne l’es pas, pas complètement. Trois semaines. Trois semaines sans un mot. Trois semaines à se croire capable de ne plus avoir besoin de l’autre. Trois semaines à avoir annoncer la fin juste après une St-Valentin qui vous aura laisser tous les deux bien trop vulnérables face à l’autre. Il n’y a rien de ça ce soir. Que deux regards neutres qui se dévisagent, malgré l’impression qu’il y a le monde qui arrête et puis qui recommence à tourner dans la même seconde. La chose censée à faire serait de repasser la porte, de retourner à ta voiture et rentrer chez toi. Pour ne pas perdre. Ou bien avez-vous tous les deux perdus dès l’instant ou vos yeux se sont trouvés? Tu ne sais pas combien de temps vous restez là à vous dévisager comme des perdus. Quelques secondes, quelques minutes? La notion du temps t’échappe quand tu décides finalement de marcher en sa direction et vient lui voler la clope qu’il tient encore entre ses doigts, toujours sans dire un mot. « Je pensais pas qu’il y aurait quelqu’un ici ce soir. » que tu annonces finalement, brisant le silence alors qu’un léger rire siffle d’entre tes lèvres. C’est l’alcool qui te fait ricaner comme ça, ça et l’univers qui semble se moquer de vous alors qu’au moment même ou vous avez décidé d’arrêter de vous voir, la vie vous ramène l’un vers l’autre, à cet endroit qui contient plus de bons souvenirs que de mauvais. Tu tires une latte et puis une autre avant de lui rendre la cigarette. « C’est quoi ça? » que tu demandes en pointant le sac que tu viens de remarquer, laissé non loin de tes souliers. C’est tout ce qu’il te reste, une question insignifiante pour remplir le silence d’un moment qui n’aurait jamais dû exister. Pour prétendre que t’es complètement indifférente de te retrouver là, juste à côté de lui alors que ça vient chambouler tout ce que tu te forces d’oublier depuis la dernière fois.
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| | | | (#)Sam 13 Mar 2021 - 12:36 | |
| Il fallait que le temps s’arrête de courir, juste un peu, juste quelques heures seulement. À venir m’isoler sur ce toit, je ne cherchais que la sécurité d’une pause à l’abri des regards. Un temps mort pour reprendre mon souffle, un temps pour réaliser que le grand saut allé arriver et qu’il était temps de ne plus jamais se laisser marcher sur les pieds. Terminer les inquiétudes, le questionnement sur la légitimité, les doutes qu’elle avait su instaurer. Il ne reste que les conseils d’Ariane qui hurle dans un coin qu’il était grand temps que je me fasse violence, il reste les encouragements de Ginny qui se voit déjà célébrer le succès. Par cent fois, j’ai juré ne plus rien avoir à perdre sans jamais me soucier de ce que l’on pourrait bien penser. L’inspiration s’était fait la malle, jusqu’au déclic. Il avait fallu fouiller dans les archives, se replonger dans des aventures différentes. Et bim. Soudainement, tout a pris un sens, les mots n’étaient plus simples jeter sur le papier, ils revenaient couler par milliers formant une histoire, propageant une idée. La machine est lancée, il me fallait juste souffler. Venir m’isoler sur ce toit, retrouver ce sentiment d’être le maître du monde alors que tout surplombe la ville. Expier les dernières chaînes, faire table rase du passé. Tout restera enfermer sur ce toit, les doutes, les craintes et tout ce qui avait bloqué. Tout allait changer.
Comme un pied de nez à mes envies, comme si l’Univers en avait décidé autrement, c’est Rosalie qui vient briser le moment. Comme un énième rappelle que tout ne pourra pas changer aussi facilement, que d’une manière ou d’une autre, elle finira toujours sur mon chemin. Elle ne se doute en rien de ma présence, elle qui semble tituber jusqu’à la rambarde. Je pourrais filer sans qu’elle ne le remarque, je pourrais lui hurler de partir, mais je reste là. J’attends dans le silence. Chacun de ses gestes m’apporte interprétation et autres déductions. Il semblerait que le dîner familial ne se soit pas déroulé de manière idéale. À croire qu’il devient dur de sauver les apparences chez les Craine quand tout n’est que faux semblant depuis si longtemps. Elle se tarde de commentaire sur ma famille lorsque la sienne n’a jamais semblé aussi dysfonctionnelle. La brune se défait de ses derniers artifices pensant pouvoir lâcher prise alors que mon regard ne se décolle pas de sa silhouette. Trois semaines sans se voir, un pari bien trop engagé et il fallait que l’on se retrouve sur ce toit ? Fuck you Universe.
« Je pensais pas qu’il y aurait quelqu’un ici ce soir. » Qu’elle souffle après avoir remarqué ma présence, après avoir hésité à s’enfuir en courant. Elle douée pour cela Rosalie : fuir. Pourtant, elle reste clouer sur place tandis que son regard se fait de plus en plus insistant. « Dommage, la place est prise. » que je marmonne sèchement. Elle m’exaspère à rester planter ainsi. Elle m’insupporte à sembler porter la misère du monde sur ses épaules lorsque l’on sait tous que c’est toi qui tyrannises tes sujets Rosalie. Il ne prendra pas son petit jeu, je l’avais juré, c’est bel et bien terminé. Tout ce qu’il reste n’est que colère et jugement quand elle se pavane avec son caillou. Elle s’est pas encore noyée avec cette merde ? Disparaît Rosalie, alors que t’as encore le temps. Dégage d’ici, va faire ta vie, celle que tu ne cesses de choisir en ton âme en conscience. Elle a perdu à l’instant où elle a pris ma clope, à la seconde où elle m’a adressé la parole. Game over. Elle a pas tant jouer la brune, lorsqu’à peine le pari mis en place, elle c’est empresser de poster une photo de ses fiançaillesBien sûr, qu’elle attendait une réaction. Elle voulait un message, une insulte, n’importe quoi. Je ne lui en jamais donner satisfaction. Une chose est claire, elle ne changera jamais d’avis. Elle va se marier à son pantin, devenir la pâle copie de ses géniteurs et il ne lui restera plus que sa personne pour s’en blâmer. Alors mon regard ne lâche pas le sien, lorsqu’elle me tend à nouveau la cigarette. Je la regarde sans jamais tendre la main pour récupérer l’objet. Qu’elle s’impatiente Rosalie, qu’elle charge en premier, je l’attends. « C’est quoi ça? » « Un sac. » Fin de la discussion. En rien, je n’ai envie d’épiloguer quand ce pan de ma vie ne pourra plus jamais se mélanger avec elle. On apprend de ses erreurs, paraît-il. Elle a su tout me voler une fois, elle n’est pas près de voir l’autre versant. Qu’elle s’attende a ce que je lui confie mes états d’âmes relève du miracle, qu’elle pense que je souhaite entamer la conversation n’est que risible.
Au fond de sa pochette, son téléphone sonne une fois, puis deux, alors que l’on, c’est livrer dans une bataille de regard courroucé. Puis une troisième fois encore pour commencer à me courir sur les nerfs. Elle ne répond pas, ne semble pas vouloir broncher, elle qui jure l’aimer plus que n’importe qui, elle qui promets de l’épouser. « Trouble in paradise ? » que je ricane sans hésiter. Il s’impatiente le futur mari, c’est qu’elle a joué sa meilleure carte contre lui : la fuite. À trop vouloir fuir, tu vas te retrouver seule Rosie. |
| | | | (#)Sam 13 Mar 2021 - 14:07 | |
| through the storm, we reach the shore you give it all but i want more And i'm waiting for you
Tu ne pourrais clairement expliquer ce qui t’a guidé jusqu’ici. Il n’y a aucune bonne raison qui te ramène à cet endroit que tu t’efforces normalement d’oublier. Ça et tout le reste. Pourtant, dans ton subconscient, c’est vers lui que tu ressens continuellement le besoin de te sauver. Vers lui que la vie te ramène sans cesse même quand les règles du jeu sont clairs : cap de plus se voir. Cap de plus avoir besoin de lui. Cap d’enfin mettre tout ça derrière toi et de te concentrer sur ton avenir. Ton avenir auprès de celui qui allait devenir ton mari dans neuf mois. Ton avenir auprès de celui qui était le bon choix, ou tout du moins, le choix sécuritaire. Celui qui savait plaire à tes parents et qui savait respecter toutes les attentes, mêmes les plus folles, même les plus insensées. Mais ta simple présence ici ce soir te rappelait éternellement que t’étais pas vraiment capable, non. Que t’en avais pas vraiment envie non plus. Combien de fois dans les trois dernières semaines est-ce que tu as appuyé sur son nom sur ton téléphone avec l’envie de briser ce silence qu’il a imposé trop tôt, trop vite? Des dizaines, des centaines peut-être même, dès que Lachlan avait le dos tourné, dès que l’appareil se trouvait un peu trop longtemps entre tes doigts, dès que t’oubliais de t’occuper l’esprit à coups de plume sur le papier. C’est une torture que tu connais depuis bien trop longtemps déjà, un jeu auquel tu ne prends plus aucun plaisir quand tu sais que tu as tant à perdre d’un côté comme de l’autre. Pourquoi est-ce que tu t’y perds encore? Pourquoi est-ce que t’es pas capable de passer à autre chose?
Pourquoi est-ce que t’es encore ici ce soir?
Le fait qu’il y soit aussi est sans doute la pire des coïncidences possibles, ou peut-être la meilleure, ton esprit embrumé ne parvient plus vraiment à faire la distinction. Ça change rien de toute façon, bon ou pas, il est là et toi aussi et c’est une autre partie qui se termine quand tu franchis la distance entre vous pour lui piquer sa clope. C’est ta voix qui brise le silence en premier et s’il te rappelle que c’est toi qui a perdu en premier, tu mettras ça sur le dos de l’alcool et non pas sur ce besoin obsessif d’entendre sa voix à nouveau. « Dommage, la place est prise. » Même si ce n’est pas un ton que tu aimes, même si les mots n’ont rien d’accueillants ou même de bienveillants, tu t’en fiches. Il y a encore ton coeur qui s’emballe comme un con et c’est toi la pire conne de réagir autant pour si peu. « Tu partages pas? » Et voilà que tu ricanes encore comme une adolescente et c’est bien là la preuve que non, t’aurais sans doute pas dû conduire jusqu’ici ce soir. Il a pas besoin de bien plus pour comprendre que t’as bu Wyatt, il a vu plus souvent qu’à son tour comment tu deviens quand t’as quelques verres de vin dans le nez. T’oublies rapidement que c’est terminé mais il te le rappelle constamment par la manière qu’il a de te regarder, par la manière qu’il a de refuser de reprendre sa clope qui n’attend qu’on en tire une latte à nouveau avant de s’éteindre. Devant son absence de réaction, tu te contentes de la laisser tomber sur le sol et en écrase le bout de ton talon nu, tant pis si ça chauffe un peu sur ta peau. « Un sac. » Un autre ricanement qui s’échappe de tes lèvres alors que tu secoues légèrement la tête, sans jamais lâcher son regard qui témoigne d’une indifférence que t’as toujours détester recevoir de sa part. La haine tu sais gérer, mais l’indifférence, ça te rend complètement folle alors que t’as juste une envie, celle de le secouer pour obtenir ne serait-ce qu’un peu plus de sa part.
Es-tu vraiment surprise qu’il n’ait plus rien à te donner, Rosie?
C’est le silence qui reprend toute la place dans une lourdeur qui t’écrase complètement jusqu’à ce que ton téléphone ne se mette à sonner. Un coup, puis deux et trois et t’as pas besoin de regarder pour savoir de qui il s’agit. Wyatt le devine aisément aussi alors que c’est lui qui se met à ricaner cette fois. « Trouble in paradise? » Et ça, juste ça, trois petits mots pour te faire comprendre que ça lui est pas encore complètement indifférent. C’est presque tordu, le soulagement que tu éprouves d’abord et avant tout de savoir que ça lui fait plaisir de savoir qu’entre Lachlan et toi, c’est loin d’être au beau fixe. Mais le sourire en coin qui vient habiter ton visage disparaît en quelques secondes à peine alors que tu t’efforces de te rappeler les règles du jeu. On joue encore, pas vrai? « Qu’est-ce que ça peut te faire? » La sonnerie s’arrête pendant quelques secondes alors que vous continuez de vous dévisager, la distance mince entre vous mais sécuritaire alors que le vent fait virevolter tes cheveux. L’été a laissé place à l’automne et si les journées sont encore douces, les soirées se font un peu plus fraîches. C’est au bout d’une minute à peine que ton téléphone recommence a sonné et c’est ce soir évidemment que Lachlan décide de se faire insistant. « Tu veux répondre peut-être? » que tu demandes à un Wyatt qui continue de se moquer silencieusement et voilà que tu franchis les quelques pas jusqu’à la table et sort ton téléphone de ton sac à main. Tu te rapproches de Wyatt et lui tend l’appareil qui continue de sonner d’un bruit qui se veut de plus en plus agressant à tes oreilles. « C’est pas toi qui rêvais de finalement te présenter auprès de lui? Vas-y fort, c’est ta chance. » Téléphone entre vous deux, tu joues avec le feu. Il s’en fout? Toi aussi. T’es en train de perdre la tête de toute façon.
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| | | | (#)Lun 15 Mar 2021 - 0:35 | |
| Elle ricane et je soupire. Elle ricane telle une adolescente qui ne serait tenir un verre d’alcool. Ses joues sont légèrement rouges, ses pupilles un poil trop brillantes. Il la laissé conduire seule, alors que tout le monde sait que Rosie ne tient pas très bien son alcool. Elle a dû boire pour ne pas laisser entrevoir que sa mère enchaînait les verres en toute impunité, pour ne plus participer à la conversation étriquée. Les repas chez les Craine étaient mon enfer sur terre, l’obligation de bien paraître, le devoir d’écouter encore et encore les mêmes histoires d’argent et de pouvoir, coincé entre l’aîné imbus de sa personne et le cadet perdu dans ses rêves. Il fallait faire bonne impression et à chaque fois, sans fauter, Rosalie me refaisait le speech. C’était toujours pareil, c’était bien trop régulier et pourtant, je m’y suis plié. Pour elle. Il faut croire que peu de chose on changer, si elle a décidé de s’échapper sur ce toit. « Tu partages pas? » Elle ricane encore et je m’exaspère. « Pas avec toi. » Le ton est donné. Avec n’importe qui cela aurait fait l’affaire, mais pas avec elle. J’aurais mieux accepté de devoir entretenir la conversation avec la vieille du troisième plutôt que devoir gérer une Rosie pompette. Pourquoi fallait-il qu’elle vienne ici ce soir précisément ? On avait statué. Cap de ne plus se revoir. Je comptais tenir la promesse, avancer l’échéance pour ne plus jamais replonger. En trois semaines, jamais je n’ai eu l’envie de céder. Je me suis entêté à l’effacer, à la plier en boule pour la laisser dans un coin. Il fallait que Rosalie se fasse discrète dans mon esprit, qu’elle redevienne une ombre du passé comme lorsque j’avais décidé d’embarquer à l’autre bout du monde. Tout était bien plus simple lorsque rien ne pouvait me rappeler les moments vécus en sa compagnie. Dans cette ville, tout rappelle au souvenir. La simple vu d’un café, un endroit que l’on avait tant fréquenté, ce foutu immeuble et tant d’autres instants volés à chaque coin de rue. Je voulais me désintoxiquer sans qu’elle ne revienne sans cesse se rappeler à ma mémoire. Et alors qu’elle se tient debout face à moi, je commence à perdre patience.
Va-t-en Rosalie, tant qu'il est tant.
À chaque taffe avaler, je me surprends à espérer qu’elle aura disparu dans le nuage de fumée. Désabusé, lasser de toujours devoir trouver une parade pour mieux la contrer, je laisse mon dos retomber contre le mur de briques. Une jambe repliée contre mon torse, l’autre tendu vers l’avant, je laisse l’arrière de mon crâne rencontrer le crépi pour mieux observer le ciel qui se couvre de son habille de nuit. L’ignorance, c’est la seule carte qui me reste à jouer. C’est la plus évidente du paquet, quand je réalise à quel point il n’est plus raisonnable de tomber. Le jeu m’a lassé, le jeu à trop durer quand jamais rien ne semble avancer. Alors pourquoi je me sens aussi énerver ? Alors pourquoi la sonnerie de son téléphone ne cesse de jouer avec mes nerfs ? Il insiste le fiancé, probablement désespérer à l’idée de ne plus trouver sa chère promise. Elle a fui sans rien dire, c’est bien sa spécialité.« Qu’est-ce que ça peut te faire? » Absolument rien Rosalie. Qu’est-ce que je pourrais bien en avoir à branler qu’il te cherche comme un désespéré ? Je hausse les épaules, écrase mon mégot sur le sol, prêt à me lever et à débarrasser le plancher. Je n’ai pas de temps à perdre, clairement pas l’envie de jouer au babysitter. Si elle veut passer la nuit ici à l’ignorer, ce n’est pas moi qui lui tiendrais compagnie. Elle semble bien moins assurer la Craine quand sa sonnerie s’enchaîne à intervalle régulier. À notre époque, elle aurait su que tout se finirait en dispute, dans les cris et la colère. Et avec lui ? Est-ce qu’il l’attend sans jamais rien dire ? Il doit être bien braver pour accepter tout ce qu’elle lui fait subir. Ils sont bien le pire des clichés et c’est moi qui finis par en ricaner.
« Tu veux répondre peut-être? » Je n’ai pas le temps de me redresser qu’elle attaque la brune. Je n’ai pas le temps de souffler la première réponse qui me vient que déjà, elle fouille son sac. Elle semble bien déterminée, alors qu’elle fulmine, alors qu’elle s’impatiente. C’est la sonnerie qui joue avec ses nerfs, c’est l’alcool qui débride son côté coincé. Elle s’empresse, elle s’emballe sans réfléchir plus loin que le bout de son nez. « C’est pas toi qui rêvais de finalement te présenter auprès de lui? Vas-y fort, c’est ta chance. » Elle commet la seule erreur qu’elle n’avait pas encore osée quand elle me tend son téléphone. Je voudrais en rire, mais la proposition est sérieuse. Elle attend que je prenne le combiné pour tout exposer. Il rappelle le fiancé et mon regard se dépose sur le mobile entre ses doigts. Tout ce qu’elle attend, c’est que mon impulsivité prenne le dessus, que je prenne l’appel, que je relève tout dans un accès de jalousie ou que sais-je. Tout ce qu’elle attend, c’est une preuve que je veux réellement la récupérer comme je l’ai si souvent chanté. Tout ce qu’elle n’avait pas vu venir, ce sont mes doigts qui récupèrent le téléphone pour l’envoyer avec force, valser par-dessus la rambarde et dans le vide. Le silence de la nuit tombante, ramène à nous comme un écho le bruit de l’appareil qui se brise en mille morceaux sur le trottoir en contrebas. « Problème résolu. » Elle n’a peur de rien ? Elle veut tant lui avouer ? Qu’elle le fasse d’elle-même. Je ne lui ferais pas le plaisir de porter le blâme, de devenir le responsable de ses fiançailles gâchées. « Je ne ferais pas le sale travail pour toi. » Ne me reste que le titre d’amant tapis dans l’ombre. C’est tout ce que je peux endosser. Si de nous deux quelqu’un s’en fout, ce sera moi avant tout. |
| | | | (#)Lun 15 Mar 2021 - 6:58 | |
| through the storm, we reach the shore you give it all but i want more And i'm waiting for you
L’esprit sous l’influence, ton regard qui se fait persistant contre celui de Wyatt, tu ne peux t’empêcher de te demander comment est-ce que tu as bien pu en arriver là, ici et maintenant. Comment est-ce qu’à presque trente-six ans, tu te retrouves encore à vivre une vie qui est menée et dictée par la volonté première d’un couple pour lequel tu peines à éprouver la moindre considération lors des meilleurs jours? Comment est-ce que tu parvenais encore à t’expliquer le pouvoir qu’avait Mark et Frances Craine sur les décisions que tu prenais dans la vie de tous les jours? Quand Wyatt n’est pas là devant toi, tu parviens encore à te faire croire que ce n’est à cause d’eux, pour eux que tu mènes cette vie. Tu parviens encore à te persuader de ta volonté propre, que tu te plais oh tellement dans ce rôle qui t’a été attribué dès l’enfance, celui de l’ambitieuse, celui de la gamine parfaite, et puis de la femme parfaite. Celle qui se tient droite, qui quémande le respect, qui ne laisse aucun travers paraître. Mais dès que ses yeux se posent sur toi, tu remets tout en question. Dernièrement, c’est pire que jamais. Tu ne comprends pas comment ça se fait que t’as pas cédé il y a trois semaines, ou six mois, un an ou même cinq ans à l’idée folle de tout plaquer et partir avec lui, comme il te l’a suggéré il n’y a pas si longtemps. Ce n’est qu’un jeu qu’une voix te rappelle. Il déteste tout ce que tu es et tu rabaisses constamment qui il est que ça siffle à nouveau dans ton esprit. Mais tu l’aimes et il t’aime. Ça compte ou pas? Tu sais pas, tu sais plus, surtout lorsqu’il affiche cet air d’indifférence le plus complet et que t’as l’impression d’être la seule à être torturée de la présente situation. Oh que tu détestes être en position d’infériorité. Oh que tu détestes perdre. Oh que tu veux plus être vulnérable face à lui. « Pas avec toi. » Tu hoches doucement la tête alors qu’un éclair de douleur traverse ton visage. Tu ne détournes pas le regard toutefois, ça lui ferait bien trop plaisir. « C’est fou comment t’as le discours qui change rapidement dernièrement. » Et tu ris encore, le mécanisme de défense de l’esprit alcoolisé qui agit encore plus impulsivement qu’à l’habitude. Chaud et froid, j’te prends pour mieux te jeter. Reste encore mais va-t’en surtout. Ça tourne, ça te donne mal au coeur et c’est clairement pas juste les effets du vin.
Le silence t’étouffe encore plus que les quelques bouffées de cigarette que tu tires juste pour t’occuper le corps pendant quelques instants. Mais dès que ton téléphone se met à sonner interminablement, tu te surprends à vouloir retrouver le silence alors qu’une fois de plus, Lachlan s’impose entre Wyatt et toi. C’est une énième chance de prendre la bonne décision. Répondre au téléphone, rassurer ton fiancé, rentrer à la maison. Prétendre qu’il est pas là, le Parker, à ne rien t’offrir de plus que des regards furtifs et un silence frustrant. Mais tu prends jamais les bonnes décisions Rosie, pas vrai? Tu provoques, un peu plus. Tu veux un signe, juste un, quelque chose à quoi te raccrocher alors que la folie s’empare de toi petit à petit. Tu lui tends ton téléphone, lui donne la chance de faire ce que t’as toujours refusé. Prouver l’existence d’un autre au sein de ton couple qui est tout sauf parfait. Tu continues d’offrir comme une conne, le téléphone tendu dans sa direction alors que ça continue de sonner, encore et encore. Il fini par attraper ton cellulaire et fuck, il est trop tard pour faire marche-arrière. Mais il te surprend Wyatt quand il envoie ton téléphone par dessus la rambarde et que la sonnerie se dissipe tranquillement jusqu’à disparaître complètement alors que tu devines l’appareil éclaté en mille morceaux sur l’asphalte. « Problème résolu. » Tu éclates de rire alors que tu t’approches de la rambarde pour regarder en bas. Tu ne vois pas grand-chose, il fait trop noir et puis vous êtes trop haut, trop loin. « Je ne ferais pas le sale travail pour toi. » Tu te retournes légèrement vers lui, le dos toujours contre la rambarde. Ça t’arrache un autre rire, mais ce n’est que temporaire tout ça alors que ton visage redevient sérieux trop rapidement, tes lèvres qui tremblent d’autre chose que d’un rire cette fois. Tu allais le faire. S’il avait pris le téléphone et qu’il avait décidé de répondre, tu ne l’aurais pas arrêter. Tu l’aurais laissé dire tout ce qu’il y avait à dire. Tu l’aurais laissé étaler la vérité, votre vérité juste pour te rassurer encore un peu qu’il y avait encore bel et bien un vous qui existait. Il est nerveux, le rire qui s’échappe de tes lèvres désormais alors que tu le suis des yeux pendant quelques secondes, sans toutefois oser accrocher son regard comme tu l’as fait auparavant. « Qu’est-ce que tu voudrais que j’te dise Wyatt? Que j’y pense de plus en plus? Que ça m’obsède, tout ce qu’on s’est dit? » Tu t’étais jurée de ne pas retourner là. Que les mots échangés cette nuit-là resteraient éternellement oubliés. Prétendre pour mieux avancer. Mais t’avances plus Rosie, ça fait tellement longtemps que tu fais du surplace, que tu recules même parfois. « Que j’ai vraiment mal joué la dernière fois qu’on s’est parlé? » Parce que ça reste un jeu tout ça, pas vrai? Les textos, les conneries que t’as balancé alors que t’es la première à te montrer vulnérable aujourd’hui, la première a prouvé une fois de plus que t’es pas fucking cap de mettre une croix sur lui. « Qu’est-ce que ça changerait, dis-moi, si c’était le cas? » Tu le regardes mais jamais assez longtemps pour maintenir le contact visuel alors que ça continue de tourner autour de toi. Tu t’accroches à la rambarde, te tourne légèrement, prétend de regarder la ville même si vraiment, tu ne vois rien. T’as les yeux qui se ferment légèrement alors que t’essayes de pas te laisser aller complètement à cette surcharge d’émotions qui est bien trop familière, celle que tu ne voulais pas revivre de sitôt auprès du Parker. « Ça changerait rien, pour nous deux. » que tu souffles finalement, dos à lui. Il est trop tard. T’as poussé trop loin, comme tu le fais toujours, mais il ne t’accorde plus rien Wyatt.
Tant pis pour toi Rosie.
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| | | | (#)Mer 17 Mar 2021 - 22:10 | |
| « C’est fou comment t’as le discours qui change rapidement dernièrement. » « Tu m’as tout appris. »
C’est au prix de ses nombreux efforts pour remporter le titre de garce de l’année, que j’ai su déceler le meilleur modèle de girouette à adopter. Un jour oui, un jour non. Donner un peu, pour mieux reprendre en retour au quintuple et par cent. Elle aura été le meilleur des exemples à ce jeu de ni chaud, ni froid et la désinvolture dans sa posture ne fait qu’enflammer cette colère qui monte. Jamais elle ne sera coupable de quoique ce soit Rosie, enfermer dans son carcan où vérité n’est que sienne. On lui a toujours appris qu’elle aurait parfaitement raison. Elle se débrouille à merveille pour écraser les autres tel des vermines sous la semelle. Elle excelle dans le domaine, la garce. Même son rire alcoolisé est emprunt d’une ironie mal placée, dans ce désir constant de prouver une supériorité. À jamais je ne serais que le gamin de la rue à ses yeux, celui qu’elle a tant voulu sauver, le tremplin qu’elle a su parfaitement manipuler. Un pantin parmi les autres, la distraction ostentatoire pour lui rappeler parfois qu’elle reste encore vivante dans sa cage dorée.
Elle est insupportable la sonnerie de téléphone. Elle m’agace, me tape sur les nerfs. C’est pire encore lorsqu’elle assène l’ordre de répondre, lorsqu’elle s’accorde un instant de folie, lorsqu’elle recherche la limite. Flirter avec le danger, c’est ce qui l’excite, ça réveille son cœur de glace, lui fait croire qu’elle peut encore exister en dehors du canevas idéalisé de sa vie orchestrer. Elle aimerait que je réponde. Elle voudrait que je lui donne cette chance, que je saute pour elle en premier. C’est tout ce qu’elle attend, tout ce qu’elle souhaite éperdument, pour encore s’accorder une victoire. Répondre reviendrait à tout lui donner sans concession. Jeter son téléphone dans le vide signe l’arrêt des supercheries. Trop longtemps, j’ai courbé l’échine acceptant plus que ce que les mortels se devrait d’encaisser. Je ne lui ferais pas ce plaisir de m’accorder le blâme, de me donner le sale rôle dans l’histoire. Elle qui semble en avoir rien à faire de tout, alors qu’elle se penche par-dessus la rambarde en riant. Adieu la solution de facilité. C’est dur à accepter, pas vrai Rosie ? Sans attendre, je recule, laisse tout l’espace du monde s’installer entre nous, pour récupérer mon sac, pour ne pas éterniser le moment. « Qu’est-ce que tu voudrais que j’te dise Wyatt? Que j’y pense de plus en plus? Que ça m’obsède, tout ce qu’on s’est dit? » Comme toujours, elle en décide autrement. Elle qui pose les questions, elle qui vacille soudainement. « Tu pourrais commencer comme ça. » que je marmonne sans pour autant relever les yeux dans sa direction. C’est terminé les soirées à cœur ouvert, les aveux à s’en faire saigner le cœur et tout le reste quand je lui ai déjà tant donner la dernière fois. Ce n’était pas suffisant quand j’ai promis de lui offrir encore des moments volés, quand j’ai prononcé les mots que je m’interdisais à son égard, quand je lui ai proposé de s’enfuir. Elle avait tout eu sur un plateau d’argent pour mieux préférer retourner dans son schéma parfaitement synchronisé. Qu’est-ce qu’elle veut que je lui donne de plus ? Mes fringues, ma dignité ? Je n’oublie pas les mots qu’elle a su envoyer pour encore mieux dénigrer ce qui avait été balancer dans un élan de sincérité. Une malheureuse photo et elle avaient préféré encore tout ruiner. Je joue encore l’étonner alors que c’est clairement devenu sa spécialité. « Que j’ai vraiment mal joué la dernière fois qu’on s’est parlé? » Les mots sont faibles tant elle, c’était foiré en beauté, m’accusant du pire quand on avait tous les deux bien trop donner. « Qu’est-ce que ça changerait, dis-moi, si c’était le cas? » Tout. Probablement tout. Si elle me donnait une part de vérité, tout pourrait changer, si elle admettait les faiblesses et les hésitations. C’est ce que je pourrais encore lui donner et probablement lui pardonner. « Ça changerait rien, pour nous deux. » Mais bien sûr, elle a réponse à tout, la brune. « C’est que ça ressemblerait presque à un caprice. » C’est là où elle avait tant chuté, là où son jugement n’avait pas fonctionné, quand elle avait ri de tout ce que j’avais pu lui confier. Cela avait été l’erreur de trop, une fois encore. L’erreur qui émanait d’elle comme à chaque fois, mais qu’elle s’est empressée de graver à mon nom dans son esprit et ses idées. Elle avait eu tort et elle le sait, je le lis dans chacun de ses gestes, dans ses regards qui ne s’attarde jamais depuis qu’elle a atterri sur ce toit. Petit à petit, elle sombre dans la toile qu’elle a elle-même tisser quand plus rien chez elle ne semble si assurer.
« Cesse de faire les questions et les réponses. » Cela a toujours été un pan de sa personnalité que j’ai férocement détesté. Elle ne vous laisse pas le temps d’argumenter Rosie, elle abat ses cartes, plaide la culpabilité des autres, joue la défense, deviens la pire des hypocrites et assène la réponse qui la satisfera le mieux qu’importe ce qui aurait pu être décidé. Sans cesse, elle cherche la facilité quand j’aimerais rien qu’une fois, qu’elle avoue ce qui semble tant la tracasser. Ce n’est pas anodin qu’elle soit là encore ce soir. Cette conversation que l’on prétend n’avoir jamais eue résonne avec violence tout autour de nous. Il y a des mots que l’on ne peut pas effacer, des sensations qui reste graver. « T’aurais appelé si tu m’avais pas trouvé. » Les autres soirs peut-être que non, mais cette nuit en particulier, elle aurait cherché à me contacter. « Et ça t’emmerde. » Ce n’est pas une question de rébellion, pas une envie de lui faire avouer ses fautes, mais rien que la stricte vérité. Elle n’est pas venue ici par hasard, pas elle. Alors, sans un mot, je prends place sur une des chaises libres, tirant l’autre de sous la table, lui indiquant de prendre place. Je n’ai pas envie de parler, pas envie de placer mon cœur sur la balance, j’ai bien trop donné. Je devrais partir, mais le calme qui s’impose sur la terrasse improviser, offre un semblant de pause dans le jeu effréné. Ce n’est rien de plus qu’un temps mort, une parenthèse qu’elle s’efforcera encore d’oublier. Qu’elle n’approche pas de trop, ce n’est que ma présence que je daigne lui offrir. Le silence, aucun regard, aucun geste si ce n’est celui de mon paquet de cigarettes ouvert sur la table et glisser dans sa direction. Entre mes lèvres, s’allume la troisième clope de la soirée tandis que je finis par lui tourner le dos, tête renverser vers l’arrière pour admirer le ciel sans nuage qui commence à s’illuminer de milliers d’étoiles.
Assieds-toi, Rosalie où je me casse. Assieds-toi, prends le temps de respirer.
« Fait pas chier. » que je râle pour la forme, que j’impose alors que je la sent tergiverser dans mon dos. Elle a jamais su lâcher prise. |
| | | | (#)Jeu 18 Mar 2021 - 11:24 | |
| all that we were, my love, is tragic and you're the last thing that i need
Pendant quelques secondes, tu te demandes de quoi aurait pu être fait la conversation entre les deux hommes si Wyatt avait décidé de répondre. Tu te demandes si Lachlan aurait raccroché en attendant une voix d’homme au bout du fil, préférant nier une vérité qui lui pend pourtant au bout du nez depuis tellement longtemps déjà. Ou s’il aurait plutôt écouté ce que le Parker avait à dire. Qu’est-ce qu’il aurait dit d’ailleurs? Tu t’imagines facilement deux-trois insultes au travers de deux-trois vérités salés. Ça devrait t’horrifier d’avoir ce genre de pensées, de ne pas être plus paniquée à la simple idée que ça puisse se produire, mais tu ne l’es pas, tu ne l’es plus. Comme si tu avais joué avec le feu si souvent que tu ne ressentais plus grand chose à chaque fois que tu te brûles les doigts. Rien de tout ça ne se réalise de toute façon lorsque la sonnerie disparaît et ton téléphone aussi. Lachlan n’existe plus entre vous, pour le moment alors que tu peines à offrir à Wyatt une bonne raison de rester. Tu l’as si souvent repoussé qu’elle n’est plus là, la main qu’il te tend généralement pour le ramener à toi. Alors tu te jettes dans le vide. Maladroitement. Avec des mots bien trop incertains pour une femme qui vit de sa prose. C’est un début, toi qui est bien plus habituée à prendre qu’à donner. « Tu pourrais commencer comme ça. » Tu baisses les yeux alors qu’il laisse son sac là, pour l’instant. Il allait partir, mais t’as attiré son attention, ne serait-ce que pour une minute de plus. Alors tu lâches d’autres mots. D’autres regrets qui te pèsent. Des pensées qui te harcèlent, sans jamais lui dire explicitement ce que tout ton corps voudrait crier. Que t’es désolée. Bordel, t’es tellement désolée. Mais il est trop tard et ça ne change rien, tu ne lui laisses même pas le temps de répondre à tes nombreuses questions, parce que t’as besoin de te sentir en contrôle d’une situation qui t’échappe complètement pourtant. Tu t’accroches à ce que tu connais. Tu prends les décisions parce que c’est ce qui a de plus simple, de plus facile, de plus naturel pour toi. « C’est que ça ressemblerait presque à un caprice. » Tu hausses les sourcils, léger sourire sur les lèvres. « Elle t’a fait du bien celle-là, avoue. » Pouvoir te remettre tes propres mots au visage maintenant que c’est toi qui baisse la garde un peu plus. Tu n’es pas sarcastique ou méchante dans tes propos, plutôt résignée comme tu l’es rarement, voire jamais. C’est là que tu devrais lui dire que t’es désolée, mais ils restent coincés dans le fond de ta gorge, les bons mots alors tu te contentes de regarder dans sa direction sans te perdre dans ses yeux parce qu’il te lit trop bien le Parker, et t’es assez vulnérable comme c’est là sans lui offrir un accès illimité à toutes tes pensées brisées.
« Cesse de faire les questions et les réponses. » Tu te pinces les lèvres légèrement pour t’empêcher de lâcher un commentaire sarcastique ou une réplique salée. T’es pas en position d’argumenter sur quoique ce soit et si normalement, ça ne t’arrête pas, tu le sais qu’ici et maintenant, c’est ta seule et unique chance de rectifier le tir, ta seule et unique chance de voler encore un peu de temps auprès du Parker. Parce que c’est plus que juste vouloir, t’as besoin de plus. Tu suffoques à l’idée que ce soit vraiment tout. Que la St-Valentin ait été votre dernière nuit ensemble. Que cette nuit où vous vous êtes finalement tout dit signe officiellement votre fin. T’es tout simplement incapable de l’accepter et il le sait le Parker. Il le lit dans toutes tes hésitations et dans tes mots maladroits et tes gestes incertains alors que tu rêves de te rapprocher juste pour pouvoir le sentir près de toi une fois de plus. « T’aurais appelé si tu m’avais pas trouvé. » Tu n’as même pas la force de nier. Il a raison, t’aurais sûrement appeler. À te retrouver ici, au milieu de milliers de souvenirs de vous, tu n’aurais pas su résister. T’es surprise d’avoir réussi à ne pas le faire pendant trois semaines. « Je te cherchais pas. » que tu souffles quand même, comme une mince protection complètement inutile parce que vous êtes là quand même. « Et ça t’emmerde. » « T’aurais répondu? » Non, bien sûr que non, il n’aurait pas répondu. Tu te retiens de répondre à la question mais tu secoues la tête, c’est plus fort que toi. T’es encore certaine qu’il va partir, mais une fois de plus il te surprend alors qu’il vient s’asseoir sur l’une des chaises et tire sur une autre comme une invitation silencieuse que tu hésites à prendre. C’est tout ce que tu voulais après tout, un peu plus de temps avec lui, mais le silence te pèse et t’as du mal à accepter tous les non-dits qui flottent autour de vous. Il s’installe, sort une nouvelle clope qu’il vient placer entre ses lèvres, ne t’accorde pas un regard de plus alors qu’il allume sa cigarette et toi, t’es restée immobile, toujours aussi incertaine de la prochaine étape, de la meilleure chose à faire.
« Fait pas chier. » qu’il te dit, dos à toi et tu t’exécutes finalement dans le silence le plus complet. Il a toujours la tête relevé vers le ciel et tu échappes un long soupir alors que tes doigts attrapent le paquet de cigarettes. T’en tires une à ton tour, toi qui ne fume presque jamais, juste pour avoir quelque chose à faire de tes doigts, juste pour occuper ton esprit d’actions mécaniques et simples à exécuter alors que ton cœur continue de s’emballer à être juste là, près de lui, sans le regarder, sans pouvoir le toucher. Ce serait tellement facile de t’imposer un peu plus, de te mettre devant lui, de le forcer à te regarder, mais tu n’en fais rien. Tu respectes la distance, tu respectes le silence. Les minutes filent dans le silence le plus complet entre deux souffles de boucane. Tu te demandes à quoi il pense. Tu te demandes s’il regrette, d’être resté. Tu te demandes si ça lui fait la même chose qu’à toi ou si il pense déjà à la manière qu’il va réinstaller le jeu entre vous à la minute même où vos chemins vont se séparés une fois de plus, une fois de trop. Tu te redresses légèrement sur la chaise, tu commences à être inconfortable autant sur le siège que dans la situation en générale. Tu te tournes vers lui, mais il t’ignore dans son silence. « Tu me manques. » que tu souffles finalement et tes yeux ne lâchent pas son visage même si lui ne te regarde pas. « J’aurais pas dû dire ça. Je le pensais pas vraiment. » Tu parles de ton commentaire sur son caprice qui n’en était pas vraiment un. Tu le pensais pas du tout même, mais déjà le simple fait d’admettre ça te demande tout ton petit change et plus encore. Il le sait Wyatt, que t’es pas le genre à reprendre tes paroles, encore moins le genre à t’excuser pour quoique ce soit et pourtant, t’es deux en deux en ce moment, si on considère aussi cette discussion qui fait mal quand on y pense mais qui fait mal aussi quand on l’ignore. « Ça change quelque chose? » Tu ne réponds pas cette fois. Tu veux l’entendre lui. C’est peut-être ta dernière chance après tout, même si tu le sais trop bien que tu ne la mérites pas, que tu ne le mérites pas.
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| | | | (#)Sam 20 Mar 2021 - 15:04 | |
| Les mots pèsent lourds entre nous, pèsent sur sa langue, entre ses lèvres. Tout semble difficultés lorsqu’elle cherche à s’exprimer, lorsqu’il ne lui reste plus que les mots pour me retenir alors que viens de voler par-dessus bord la chance qu’elle pensait se donner. C’était trop simple. Cela aurait résulte à tout lui pardonner, à lui offrir la porte de sortie qu’elle n’aurait cesser de me reprocher dès le lendemain. C’est bien plus intéressant de l’entendre buter sur les mots à employer lorsqu’elle semble avoir perdu son assurance désinvolte. Elle n’avait prévu qu’une seule issue : que je lâche enfin le secret qui ne cesse de la ronger. Elle n’avait rien envisager autrement, absolument pas pris en compte le fait que je ne me rendrais pas responsable de la révélation. Cela ne doit rester qu’une menace, la dernière issue lorsqu’elle aura définitivement franchi la limite. Le jour où j’irais de moi-même tout étaler sur la place publique, plus aucun n’avenir n’existera entre nous. Elle sera devenue une étrangère, celle vers qui plus jamais je ne me tournerais. Si la révélation devait venir de moi, elle n’en aimerait pas la finalité. Pas pour le moment, alors que par tous les moyens, elle cherche à me faire rester sur ce toit. « Elle t’a fait du bien celle-là, avoue. » C’est mon sourire qui rencontre le sien, juste une seconde. C’est tout ce qu’il nous reste, parfois, se moquer du mal que l’on se fait. Il y a des milliers de choses que je pourrais lui dire, exposer à quel point ce dernier échange avec briser quelque chose de supplémentaire, une part qui ne se réparera pas qu’importe les excuses et les promesses. Cela fait cinq ans qu’elle joue avec le feu, cinq ans qu’elle me voit rester, partir et revenir. C’était avant ses fiançailles, avant qu’elle n’aille trop loin avec l’autre.
C’est le silence qui la déstabilise, c’est de me voir rester sans parler, sans chercher à la pousser vers le vide. C’est tout un paradoxe qui m’habite, alors qu’en rien, je ne souhaite poursuivre la conversation, mais que je me retrouve bien incapable de partir. Alors, je reste encore un peu. Je gagne du temps en prétendant me foutre de sa présence. Y a drôlement d’étoiles dans le ciel ce soir, non ? Tout est bon prétexte pour ne surtout pas avoir à tourner la tête alors que j’assène quelques coups à mon tour. « Je te cherchais pas. » A d’autres. Je pourrais lui accorder que ce n’était pas intentionnel, mais ce sera tout. Cet endroit recèle bien trop de souvenirs, de moments de grâce ou tout allait bien. On s’accorde le droit d’être entièrement nous sans que le monde en soit témoin. « T’aurais répondu ? » « Non. » Elle le sait parfaitement. Je n’aurais pas répondu. J’aurais ignoré l’appel et les messages qui auraient suivi. Pour lui prouver, cette fois pour de bons, que je n’ai qu’une parole. Elle a sans cesse remis en doute la promesse que je lui ai faite. Cette fois, rien ne changera, je l’ai décidé. Qu’importe l’envie de rester en sa compagnie. Qu’importent tous ces sentiments de merde qui m’habitent. Non, je n’aurais pas répondu. C’est ce qui la tue.
Il ne me reste plus qu’à me retirer. Ce serait simple, attraper mon sac et faire demi-tour sans jamais me retourner. Appuyer les propos en quittant les lieux sans un mot de plus. Me voilà pourtant toujours assis sur ma chaise, cigarette pendue au coin des lèvres. Tout dans l’agitation qui gagne Rosie indique qu’elle n’en a pas terminé. Je ne la vois pas, mais je ressens. Son pied qui tapote le sol en béton, son regard qui se pose sur ma peau avant de fuir à l’opposé. Il y a quelque chose qui tangue sous la brise. « Tu me manques. » Ils lacèrent tous ces mots-là. Entame les fondations, fais trembler la carapace. Il amène la douleur sur mon visage alors que mes yeux se ferment violemment. Ne rien laisse transparaître, jouer la nonchalance. Ce n’est rien, que des mots calculé par avance. « J’aurais pas dû dire ça. Je le pensais pas vraiment. » Arrête Rosalie. Maintenant ! Elle insiste la brune, elle offre les mots qui ne sont employés que trop rarement. Les excuses cela n’a jamais été son fort. Elle mord, elle gifle, elle assassine, mais jamais elle ne s’excuse. À croire qu’elle sait, que tout est réellement différent. Cela aurait pu fonctionner auparavant, lorsqu’elle n’avait pas pris tout ce que je lui avais donné pour le transformer en une blague mal annoncée. Elle regrette et je continue à fixer le ciel. Qu’importent les loopings qu’est en train d’effectuer mon cœur, qu’importent les frissons. Sans même le comprendre, j’avais besoin de l’entendre ainsi. L’illusion même que la Rosalie que j’ai connue, celle que j’ai aimé, se cache toujours quelque part derrière l’écran de fumée. « Ça change quelque chose? » Il y a trois semaines encore, éperdu et déterminé, j’aurais tendu la main vers elle. Il y a trois semaines encore, avant cette discussion que l’on ne saura nommer, avant les répercussions, j’aurais pu pardonner. Encore une fois, la centième ou la millième on ne tiens plus les comptes. J’aurais pardonné, courber l’échine, je me serais laissé piétiner. « Non. » Pas ce soir. Pas alors que tout semble certain qu’elle cherche un moment de liberté dans l’horreur de sa soirée. Ce n’est qu’éphémère ce qu’elle propose, demain, elle attaquera de nouveau. « C’est pas suffisant. » Ce n’est pas assez quand elle a trop tiré sur la corde, quand elle a pris tout ce que j’avais à lui donner sans jamais rien concéder en retour. Ce n’est plus suffisant quand tant de fois, j’ai pardonné pour en revenir au même point suivant. Ce n’est pas assez quand sa bague me nargue du coin de la table, quand c’est lui qu’elle ira retrouver encore une fois.
C’est trop de rester encore sur ce toit, alors que je me devais de tenir cette promesse avancée de plusieurs mois. Dans une longue bouffée, je termine ma cigarette, viens en écraser le mégot sur la table en bois. Une marque de plus, qui vient rejoindre la centaine d’autres. Une blessure supplémentaire quand cette fois, je ne céderai pas. À trop vouloir jouer, elle avait su perdre. Je n’ai plus rien à lui donner. Sans jamais détourner la tête, mes doigts s’enroulent autour de la bride de mon sac et je me lève.
Mes pas sont lourds alors que je m’éloigne, alors que je sens son regard vriller mon dos. C’est mieux ainsi, paraît-il. C’est la meilleure décision. Personne n’a hurlé pour une fois, aucune insultes n’as réellement été lancé. Ce n’est plus une guerre ou un combat, mais la décision la plus censée qui gagne. « Bonne soirée Rosalie. » Un dernier regard, juste un. Avant de franchir la porte.
Je ne reviendrais probablement plus jamais sur ce toit. |
| | | | (#)Dim 21 Mar 2021 - 13:36 | |
| cause i'm broken when i'm lonesome and i don't feel right when you've gone away.
« Non. »
Tu savais pourtant alors pourquoi est-ce que ça fait aussi mal de l’entendre? Tu déglutis difficilement, hoches légèrement la tête, échappes un énième soupir. Elle te semble particulièrement cruelle la vie, de te remettre sur son chemin à ce moment précis, comme pour te mettre une fois de plus devant les faits tels qu’ils sont : Wyatt n’a pas changé d’idée et il ne changera pas d’idée. T’as poussé le jeu trop loin Rosie en t’offusquant pour une simple photo, en ridiculisant un moment qui n’avait pourtant rien de ridicule, en voulant te croire au dessus de tout une fois de plus, une fois de trop. T’es plus au dessus de rien de tout. Tu tombes. Tu sombres. Ça t’empêche de penser correctement, de fonctionner, de respirer putain tellement c’est lourd, tellement ça fait mal. Quand est-ce que le jeu a pris une tournure aussi sinistre, aussi difficile a encaissé? Tu ne comprends pas pourquoi il s’assit, pourquoi il tire la chaise, pourquoi il semble attendre après tout. Tu ne veux pas qu’il parte mais c’est de la torture de rester assise à côté de lui dans le silence absolu. Elles se fracassent d’un côté comme de l’autre, toutes les paroles que tu voudrais pouvoir lui dire. Tu n’oses pas, tu n’oses plus et lui non plus. Tu cherches un peu plus toutefois, parce que c’est ce que tu fais de mieux. Tu continues de demander, encore et encore sans jamais offrir en retour. Tu essayes pourtant. Elles sont fissurées depuis la dernière fois, tes barrières. Elles ne tiennent plus aussi bien en place. Elles laissent transparaître ce que t’as toujours gardé caché. Comme si maintenant que t’avais dit les mots que vous étaient interdits depuis si longtemps, t’étais plus aussi bonne pour camoufler ses semblables. Je t’aime. Tu me manques. J’ai besoin de toi. Je veux pas de fin. Je veux pas fuir. T’aurais beau les dire des millions de fois, tu sais que si chacune de tes actions crient le contraire, ça sert à rien. Et tu sais pas te défaire des apparences. Tu sais pas comment te détacher de celle que t’as construit de toute part depuis que Lachlan est dans ta vie, et même avant. Cette version de toi que Wyatt déteste si fort. Tu sais pas comment la faire tomber, comment la faire disparaître.
Alors tu te tais Rosalie et tu le laisses partir. Mais ça non plus, tu sais pas comment faire.
Il résonne le tu me manques, tu le ressens dans chacune des parcelles de ton corps et tu veux croire que lui aussi. Tu cherches son regard mais il te le refuse. Tu cherches une quelconque indication que ça peut encore faire une différence, mais tu le sais, tu le sens tout autour de vous que non, pas cette fois. Alors quand ils viennent les mots, les quelques syllabes à peine qui franchissent la barrière de ses lèvres, tu ne devrais pas être surprise. « Non. » Tu savais. Pourquoi t’as l’impression qu’on vient de te transpercer le coeur? Pourquoi il y a tes yeux qui se remplissent d’eau sans que tu ne puisses l’empêcher? Pourquoi t’as l’impression qu’on vient de te voler tout l’air ambiant tellement tu suffoques? « C’est pas suffisant. » Et sur le bout de tes lèvres, il y a la question que tu n’oses pas poser. Est-ce qu’il y a quelque chose qui serait suffisant? Est-ce qu’il y a encore quelque chose que tu peux faire ou si c’est vraiment la fin?
C’est fini. C’est fini. Pour de bon cette fois.
Il se lève et il t’échappe. Il attrape son sac et bientôt il va disparaître et ce lieu ne représentera plus qu’un passé que vous n’aurez jamais été en mesure de sauver. Et tout est de ta faute. Tu te le prends en pleine gueule, tout le blâme. Toutes tes erreurs, tous tes travers, toutes ses décisions prises impulsivement qui t’auront finalement coûter la personne que t’aimes le plus sur cette putain de terre. Il te l’avait dit cent fois pourtant, que tu finirais par tout perdre. T’as pas voulu écouter, t’as pas voulu croire. Quelque part à l’autre bout de la ville, t’as un fiancé qui t’attend pourtant. Celui qui continue d’appeler sur un téléphone qui n’existe plus. T’as pas envie d’aller le rejoindre. T’as pas envie d’être auprès de lui. T’as pas envie de retourner à cette vie qui ne te convient pas, qui ne te convient plus, qui ne t’as jamais vraiment convenu. Alors tu fais quoi maintenant? Tu continues la comédie parce que c’est tout ce qu’il te reste? Tu continues de suivre le chemin que l’on a tracé pour toi sans jamais s’assurer que c’était vraiment ce que tu voulais aussi? Celui duquel t’as essayé de te sauver des milliers de fois déjà sans jamais y parvenir? On se contente quitte à n’avoir rien d’autre? Pourquoi maintenant que c’est ta seule option, t’as moins envie que jamais de la prendre?
Ce que t’es conne Rosalie.
« Bonne soirée Rosalie. » Il se retourne vers toi et tu n’essayes même pas de les cacher, les larmes qui ont inondé tes joues une fois de plus. T’es silencieuse quand il se retourne, quand il ouvre la porte dans un bruit qui te donne envie de mourir et qu’il disparaît derrière. Tu voudrais te lever, lui crier d’arrêter, de revenir. Mais tes jambes sont trop lourdes, ta gorge trop sèche, ton coeur trop endolori pour faire ou dire quoique ce soit. Alors tu restes là, sur ce toit qui est parsemé de morceaux de lui et de toi, d’un vous qui n’est plus et tu laisses finalement tomber tous les murs, toutes les façades. Plus rien pour te soutenir. Plus rien pour te cacher. Plus rien.
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| | | | | | | | it was gone with the wind (craker #5) |
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