Elle est dure la reprise. Me voilà rentré de mon voyage avec Birdie depuis seulement quelques jours que malgré le décalage horaire et le manque de motivation, je suis déjà de retour au travail pour pouvoir assurer mon cours sur les principales phases de la macroévolution des céphalopodes. Un sujet passionnant, en soit, mais se remettre au travail et se couper de ces semaines de blagues, de rires et de conneries, croyez-moi que ça n’a rien d’évident. Est-ce qu’on peut considérer les jours qui ont suivi le mariage étaient notre lune de miel ? Peut-être, et le penser m’amuse et pourrait presque me faire mourir de rire alors que je suis devant un amphithéâtre à moitié rempli. Le costume est ressorti, les lunettes aussi ce qui me donnent un air d’autant plus sérieux. Fini les t-shirts Iron Man, Star Wars ou Pokemon, ici le Will encore gamin dans sa tête il est bien loin. Je parais même presque beaucoup trop sérieux quand j’interroge mes élèves sur les quatre sous-classes des céphalopodes. La plupart savent me répondre et ça me rassure grandement puisqu’il s’agit d’une question qu’on avait déjà abordé l’année dernière. Mais en même temps, on rigole pas avec la paléontologie. On rigole pas avec les études, et c’est d’ailleurs sûrement un des seuls points avec lequel j’ai toujours été des plus sérieux. Quand on nous demandait un devoir pour telle ou telle date, je le rendais jamais en retard et la plupart du temps, j’adorais même le travail qu’on nous demandait. Surtout si c’était de la science ou de l’histoire, là j’y mettais toute mon énergie et toute ma motivation. C’étaient mes deux matières préférées à l’école et de loin celles où j’excellais le plus sans même réellement avoir à y travailler pendant des heures chez moi. Parce que ça me passionnait, alors je buvais les paroles des profs et en ressortant du cours je faisais partie de ces chanceux qui avaient retenu la moitié du cours. Ils sont motivés, la plupart des élèves que j’ai eu en cours aujourd’hui et heureusement parce que de l’envie, de la motivation et de la détermination il en faut pour des études pareilles. À la fin du cours certains viennent me voir pour des questions, d’autres pour des complètements d’informations. J’essaie d’être disponible pour eux, je leur réponds même si mes yeux sont scotchés à ma montre qui affiche 16h30 passées. Dans vingt minutes je suis censé rejoindre mes amis sur discord pour qu’on puisse lancer une partie d’Among us et potentiellement y passer la soirée – la nuit même, soyons honnête. – À ce rythme-là j’y serais jamais, et j’ai passé quasiment trois semaines sans jouer – ou sans trop jouer du moins alors je voulais me rattraper ce soir. Mais mes élèves bien trop motivés semblent en avoir décidé autrement pour moi. C’est nul, être un adulte responsable.
Ce sont les mots qui tournent en boucle dans mon esprit alors que je marche dans les couloirs en direction de mon bureau. C’est trop tard et vu l’heure je risque d’arriver à la coloc bien trop tard, je soupire, vraiment blasé de cette constatation alors que je pousse la porte de mon bureau les yeux rivés sur mon écran de portable envoyant un message à mes amis pour les prévenir de mon retard. « William. » Je sursaute tellement que mon portable a bien failli finir par terre. « Par la barbe d’Odin ! » Que je cris presque, une main posée sur mon cœur en pleine tachycardie, résultat direct de cette surprise que…Sofia me fait. Sofia ? Il me faut bien cinq secondes pour réaliser qu’il s’agit bien de mon ex-femme qui m’attendait dans mon bureau. Une fois la surprise passée, je pose mon portable sur mon bureau et referme la porte de celui-ci derrière moi avant de la regarder de nouveau. Sûrement pour vérifier que c’est bien elle. Et oui. Elle est bien là, dans mon bureau. Ça fait longtemps qu’on s’est pas vus elle et moi, je pense même que la dernière fois c’était quand le divorce a été officiellement prononcé. Surpris par sa présence dans mon bureau mais sûrement un peu déstabilisé, je remonte mes lunettes et fini enfin par lui poser la question fatidique, celle que tout le monde aurait déjà posé. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Un mélange de confusion, de surprise mais aussi de curiosité dans ma voix alors que je bouge un peu dans la pièce. « Je n’aurais pas dû venir. Je n’avais nul part ou aller je suis désolée de venir squatter sur ton lieu de travail. » Nulle part où aller ? Mais t’es pas censée avoir un chez toi, Sofia ? Elle me prend de court, encore une fois et cette fois au lieu de remonter mes lunettes je les enlève complètement pour les poser sur mon bureau juste à côté de mon téléphone portable. « Non non t’inquiète pas… » Enfin, je crois ? J’en sais rien en fait. Je ne sais pas pourquoi elle est là, mais je me souviens que la dernière fois qu’on s’est vus tous les deux, j’avais encore beaucoup de rancune envers elle. En même temps j’en avais toutes les raisons du monde, se faire tromper deux fois par la même femme, ça n’a rien d’agréable. « Tu as bonne mine, les dinosaures semblent toujours autant te combler. » Et oui les dinosaures me comblent toujours autant il faut croire, phrase qui pourrait paraître un peu triste pour tout le monde mais moi, elle me fait sourire. « Y a des choses qui changerons jamais. » Que je lui réponds, amusé. « Mais m’appelle pas William, s’il te plaît. Je déteste toujours autant. » Parce que oui, comme je lui ai bien dis, il y a des choses qui ne sont pas prêtes de changer.
Il me faut tout de même quelques secondes pour réaliser que la personne qui était en train de m’attendre dans mon bureau n’est nulle autre que mon ex-femme. Sofia est là, allongée sur ce petit canapé et je ne peux pas nier le fait que sa présence me déstabilise presque autant qu’elle ne me surprend. On est pas vraiment resté en contact. On se parle plus et la dernière fois qu’on s’est vus date d’il y a plusieurs années. Je suis tellement focalisé sur la présence de mon ex-femme que je ne remarque pas Sparky avant qu’il ne se redresse pour s’approcher de moi. Il est content, il aboie et de toute façon, moi aussi quand je le vois un grand sourire se dessine sur mon visage et je me baisse à sa hauteur pour le caresser. Je l’ai toujours aimé ce chien et si j’ai décidé de m’en prendre un moi aussi c’est certainement une manière de combler le vide qu’il avait laissé. C’est un point commun qu’on a tous les deux, on aime les animaux. Tous les animaux avec peut-être une petite préférence pour les chiens – parce que sérieux, les chats c’est la représentation même de Satan on est d’accord ? – Après avoir un peu profité de Sparky je me redresse et je retrouve mon sérieux que j’avais complètement perdu en voyant ce chien se diriger vers moi. De toute façon elle me connait Sofia, elle me connait même très bien alors elle le sait que pour moi rester sérieux plus de dix minutes relève d’un véritable exploit. « Sparky avait envie de te voir je crois, c'est lui qui m'a conduit jusqu'à toi. » Un petit sourire s’étire sur mes lèvres. Léger, mais il a le mérite d’exister. « T’es comme Krypto ? T’es un chien kryptonien avec pleins de pouvoirs trop cool ? » C’est à Sparky que je m’adresse et oui, je viens vraiment de lui demander s’il est comme le chien de Superman. Je m’attends pas spécialement à une réponse de sa part et si Sparky a appris à parler depuis notre divorce, je risque d’avoir beaucoup de questions à poser à Sofia. J’accepte sa réponse qui n’en est pas vraiment une et je nourris un peu la conversation quand elle s’engage dans du blabla inutile. Oui, j’aime toujours autant les dinosaures, non je n’ai pas grandi, non je ne suis pas plus mature. Parce qu’à quoi bon ? « Tant que tout ça te rends heureux, c'est tout ce qui compte. » Et si pour beaucoup trouver l’amour et être en couple c’est la clé du bonheur, moi, je ne fais pas partie de ce genre de personnes qui pensent ça. Contrairement à Sofia. Et elle le sait, puisque c’est en partie ça qui nous a séparé et qui nous a poussé au divorce. Parce que je suis qu’un gamin qui n’évolue pas et qui ne veut pas d’enfant. Je souris un peu alors que mon regard se pose sur une peluche que je lui avais offerte il y a longtemps. Très longtemps. « Tu l’as encore ? » Que je lui demande en désignant d’un signe de tête Arlo, cette peluche dinosaure beaucoup trop cool. Et des peluches dinosaure, j’en ai pas offerte beaucoup dans ma vie. Une à Birdie quand on était bien plus jeunes et une à Sofia. « Moi j'aime bien William, mais si tu préfères je peux reprendre Willy. » Mon nez se plisse mimant une grimace. « À la limite tu peux m’appeler Willy Wonka, il est cool. » Je lui réponds le plus simplement du monde en haussant les épaules mais je ne dis rien de plus, j’attends qu’elle finisse par répondre à ma première question sur les raisons de sa présence ici sur mon lieu de travail. Parce qu’on revient pas comme ça sans raison. Juste pour faire un petit coucou. Si elle est là c’est qu’elle a une vraie raison, un truc me demander, une idée en tête. « Tu m'as demandé ce que je faisais là. » Je relève les yeux vers Sofia tout en prenant appui sur mon bureau. Oui je t’ai demandé ce que tu faisais là, et une vraie réponse serait la bienvenue quand même. Sparky va vers sa maîtresse quand elle l’appelle, et moi je la regarde toujours, attendant simplement qu’elle développe un peu plus sa pensée. « J'avais peur de rester seule chez moi. Qu'il soit là à m'attendre. » Mes sourcils se froncent montrant mon incompréhension. Elle avait peur de rester seule chez elle qu’il soit là à l’attendre ? Je ne suis pas sûr de comprendre. Non, enfin fait je n’y comprends rien du tout. « Je ne veux pas te mêler à tout ça, j'avais juste besoin de me sentir en sécurité. » À deux doigts de faire une blague, de sortir une connerie mais quand elle me parle d’être en sécurité je comprends que c’est sérieux, alors je la ferme. « Je peux rester ici quelques heures ? Je partirais demain avant même que tu ne reviennes au travail. » Est-ce qu’elle est en train de me demander si elle peut rester dormir ici cette nuit ? Elle n’a pas l’air bien, Sofia. Elle a pas ce petit sourire habituel, ses yeux pétillants et cette joie de vivre qui, à l’époque me plaisait beaucoup. « Qu’est-ce qu’il y a ? Il se passe quoi au juste ? » Un ton légèrement inquiet, je croise les bras contre mon torse et sans vraiment lui laisser le temps de répondre à mes questions, j’enchaîne. « Pourquoi tu peux pas rester chez toi ? On dirait qu’il y a Voldemort qui te suit à la trace pour te tuer et que tu le fuis. » Au final, ma blague est sortie tout seul. Les situations trop sérieuses sont pas faites pour moi. I'm Chandler, I make jokes when I'm uncomfortable. Moi c’est la même chose. Parce qu’elle débarque comme ça, au bout de plusieurs années de silence pour me faire comprendre qu’elle ne se sent pas en sécurité, c’est beaucoup trop pour moi.
« Il a pleins de pouvoirs si tu savais tu serais jaloux, mais je veux le garder pour moi, alors je lui ai appris à ne pas les montrer à n'importe qui. » Un petit sourire s’étire sur mes lèvres. Petit, mais qui a quand même le mérite d’exister. Un des points communs que j’ai avec Sofia, c’est notre amour pour les animaux. On aime tous les deux ça et Sparky, il a été mon chien aussi un peu et dire que je n’ai jamais pensé à lui depuis le divorce serait mentir. « Il me manque un peu je t’avoue. » Je m’étais habitué à sa présence moi aussi et c’est peut-être aussi un peu pour ça que j’ai Miaouss maintenant. La présence d’un animal de compagnie commençait vraiment à me manquer. Alors pourquoi pas adopter un chien pour remplacer celui qui me manque ? Je reste sur la retenue avec Sofia. Parce que je ne sais pas comment me comporter avec elle. On est censés être comment avec son ex-femme qui débarque à l’improviste ? Y a sûrement toujours cette partie de moi qui lui en veut un peu. Parce qu’avec elle, mon égo en a quand même pris un sacré coup. Cocu x2. Mais je ravale ma fierté face à elle parce que je vois bien qu’elle ne va pas bien. Elle est bien loin la Sofia qui sourit, rigole et fait des blagues. « Tu pensais quand même pas que j'allais le jeter ? C'est Arlo ! Il est censé me guider et me ramener chez moi quand je suis perdue. » Moi je l’ai jamais aimé ce film mais c’était l’un des préférés de Sofia. Alors je l’ai vu un grand nombre de fois un peu contre ma volonté. Tout comme je suis sûr qu’elle se serait bien passé de voir les versions longues du seigneur des anneaux passer dans notre salon plusieurs fois par an. Avec et sans les commentaires des réalisateurs, parce que ces films, cette trilogie, c’est un vrai chef-d’œuvre. Des films que ne l’intéressaient pas, des documentaires à ses yeux inintéressants, elle en a vus, Sofia, et pas qu’un peu. Elle a eu de la patience ave moi. Beaucoup de patience. Mais elle en a eu marre, elle a été voir ailleurs, elle a voulu tester son charme sur d’autres hommes sûrement plus attentionnés que moi, des mecs qui étaient encore intéressés. Est-ce qu’on peut lui reprocher ? Oui et non. Parce que tromper n’est jamais la bonne solution, mais de l’autre côté elle est simplement allée chercher ailleurs ce que je ne lui donnais plus vraiment. J’ai autant de torts qu’elle et c’est sûrement la raison pour laquelle je n’ai pas le droit de lui en vouloir plusieurs années plus tard. C’est sûrement pour ça que je l’ai pas encore envoyé chier en lui demandant de quitter mon bureau sur le champ. Et peut-être qu’il y a une partie de moi qui est content de la revoir. Peut-être.
Elle m’inquiète, Sofia. Dans ses propos mais aussi dans son attitude mais je suis obligé de dédramatiser la situation avec une énième référence cinématographique. Mais elle n’ose même plus me regarder et c’est à ce moment-là que je comprends que c’est grave. « Si seulement c'était Voldemort que je fuyais, je suis sûre que tu serais le premier à être volontaire pour tenter de m'aider à le vaincre celui là. » Mais elle réagit encore à mes blagues pourries et cette fois c’est un vrai grand sourire qui se dessine sur mon visage. « Oh, il doit pas être très difficile à avoir. » Je commence par lever les épaules et je reprends. « On va pas s’mentir, c’est un noob, il s’est fait battre par un lycéen quand même. » Cette dernière phrase je la murmure presque comme si c’était un secret, et je grimace aussi. Parce que même si j’aime plutôt bien le personnage, il est loin d’être le meilleur méchant du septième art. « J'ai quitté quelqu'un ce matin parce qu'il s'est mal comporté envers moi, il était furieux et j'ai peur de ce qu'il pourrait faire, je ne savais pas ou allait pour qu'il ne me trouve pas, alors je suis venue ici. » Premières pensées qui me traversent l’esprit : bien sûr qu’elle a quelqu’un – avait – bien sûr que son problème est lié à un autre mec. Elle est belle Sofia. Elle est même très belle. Et c’est après que je réalise ce qu’elle est en train de me dire. Elle a peur de ce mec. Elle n’a pas confiance en lui. Elle a peur de ce qu’il pourrait faire. Elle se sent pas en sécurité. C’est sérieux tout ça. Je me redresse légèrement et elle reprend la parole. « Je ne veux pas te mêler à tout ça, je vais me débrouiller, je veux juste rester loin de lui le temps qu'il se calme, une nuit ou deux et ça ira. » Je l’écoute oui, mais je reste bloqué sur ce qu’elle m’a dit un peu plus tôt. « Comment ça, il s’est mal comporté avec toi ? » Je lui demande et oui, il y a sûrement une pointe d’inquiétude dans ma voix. « T’as peur de lui ? » Je suis cash, je préfère lui poser clairement la question en comptant sur elle pour ne pas tourner autour du pot et pour être honnête avec moi. « Il peut être violent ? » Une autre question. Cette fois je suis sérieux et il n’est plus question de faire des blagues. « Dans quelle merde tu t’es encore foutue Sofia ? » Un léger soupir et c’est en fermant les yeux que je passe mes mains dans mes cheveux. Mais elle m’a demandé mon aide alors je vais lui apporter. « Tu peux rester un peu à la coloc si tu veux. » Oui, parce que maintenant je vis en colocation, Sofia. Peut-être que je suis trop gentil. Peut-être que c’est normal, mais je choisis de l’aider.
Elle est dans la merde, Sofia, si j’en crois non seulement ses paroles mais aussi son attitude. Elle est pas comme d’habitude, elle sourit pas comme elle le faisait avant, elle est même presque distante. Peut-être que ça, c’est parce qu’elle et moi on est plus mariés ? On est plus amoureux, elle ne me doit rien. Si elle a envie de faire la gueule sans aucune raison elle en a le droit mais le truc c’est qu’elle ne fait pas ça sans raison. Elle a pas laissé sa bonne humeur et son sourire juste pour le plaisir. Elle a rencontré quelqu’un et je ne sais pas si c’est de la jalousie ou bien si simplement l’idée de l’imaginer avec un autre homme me fait bizarre, mais c’est une information qui ne me laisse pas réellement indifférent. Bien sûr qu’elle a rencontré quelqu’un et connaissant Sofia ça ne devrait même mas m’étonner. J’aurais dû m’y attendre, j’aurais dû savoir qu’elle ne tarderait pas pour se remettre en couple. Enfin même si on est officiellement divorcé depuis quatre ans. C’est pas parce que t’es incapable de te trouver une copine que tout le monde doit être comme toi, Will. Mais c’est finalement pas l’information à retenir, ce mec qu’elle a rencontré, il a pas l’air très sympa. Il s’est mal comporté avec elle. Ce sont ses mots, pas les miens. « Il a bu, s’est énervé et s’est montré agressif et menaçant. Alors je suis partie. » Un mec qui boit qui la menace et qui est agressif, Sofia, elle est vraiment prête à tout pour trouver le grand amour. Comme quoi je l’ai pas entièrement cassé, comme quoi elle réussit à avoir envie de croire que quelque part dans ce monde, il y a un mec qui est fait pour elle. Que des conneries toutes ces histoires, comme si une personne était réellement faite pour une autre. Les âmes-sœurs et toutes ces conneries-là, moi, j’y ai jamais cru. Sûrement encore une raison pour laquelle Sofia et moi ça pouvait pas marcher. Malheureusement. Ouais, malheureusement. Parce qu’au final je peux dire tout ce que je veux mais moi je suis tombé amoureux qu’une seule fois dans ma vie, et c’était bien d’elle. Et depuis, plus rien. Même si je n’ai jamais vraiment cherché à rencontrer quelqu’un appréciant beaucoup trop ma vie de célibataire, mais vous allez me dire qu’à l’époque je ne cherchais pas non plus et au final j’avais quand même fini par trouver l’amour. Elle a peur de lui, elle me répond sans me mentir et c’est franchement pas rassurant. « Je l’avais jamais vu comme ça auparavant. Il a perdu ses nerfs ce soir et je crois qu’il pourrait être violent oui. » Encore une fois, j’ai connu plus rassurant comme information. « Il a déjà levé la main sur toi ? » Je lui demande en plongeant mon regard bleuté dans le sien. « Me mens pas, j’te connais, je sais quand t’essaies de me cacher des trucs. » Comme les fois où tu m’as trompée, par exemple. Et c’est quand ce genre de pensée me traverse l’esprit que je me rends compte qu’il y a sûrement encore une pointe d’amertume en moi concernant son infidélité. Mais ça se comprend, non ? J’étais peut-être pas le plus attentionné des mari mais moi au moins, j’ai jamais été voir ailleurs. La fidélité pour moi c’est vraiment très important. Même si elle avait tendance à croire qu’il pouvait se passer quelque chose entre Birdie et moi – ahahahaha ouais je sais, ewww. – « Je sais pas. Tu sais la logique et moi ça n’a jamais été vraiment le grand amour. » J’hausse les épaules et lui réponds presque au tac-au-tac. « Ouais. Pourtant toi, tu t’y connais concernant le grand amour. » Je sais même pas ce que cette phrase veut dire. À vous de voir, à vous d’analyser. « Je crois que dans un film d’horreur je serais la première à mourir, tu sais l’idiote de service qui fait tout ce qu’il ne faut surtout pas faire, et bien c’est moi. » Là c’est un petit rire qui ressort d’entre mes lippes et alors que j’avais détourné mon regard en évoquant le grand amour je la regarde de nouveau, un petit sourire amusé colle aux lèvres. « Ouais, clairement. » J’acquiesce ses paroles. « Moi je serais le mec super relou qui prend rien au sérieux et qui meurt au milieu du film. » On sait tous les deux que c’est vrai. Moi j’ai jamais rien pris au sérieux, certainement un défaut pour certains et une qualité pour d’autres. Mais au moins je sais m’amuser. « Tu n’as pas à faire ça. » Non je n’ai pas à faire ça. Et je vois déjà Birdie d’ici m’insulter de tous les noms parce que j’ai choisi d’héberger mon ex-femme qui n’a clairement pas eu le meilleur des comportements avec moi. J’ai comme le sentiment que cette situation va créer la merde entre ma meilleure amie et moi. « Mais la coloc, tu vis avec des gens ? Je ne peux pas m’imposer, je dois assumer mes conneries, je suis pas certaine d’avoir ma place chez toi. » Je secoue la tête de droite à gauche et lui réponds. « Ouais avec plusieurs mecs ; un qui s’appelle Sheldon, l’autre Rajesh mais tout le monde l’appelle Raj, et Howard. Oh et notre voisine est blonde est hyper canon, je rêve de pouvoir coucher avec elle un jour. » Du sarcasme, de l’ironie, des blagues et oui, parce que Sofia n’arrêtait pas de me dire que j’aurais pu facilement me glisser dans le groupe des nerds scientifiques de big bang theory, ce que je n’ai jamais nié à condition d’avoir le rôle de Leonard qui semblait être le moins désespéré de tous à mes yeux. « Bon plus sérieusement oui je vis en coloc. Avec Adèle et d’autres filles. » Adèle, elle la connait, ça lui fera un autre visage familier. « J'ai juste besoin de quelques jours, je te promets de me faire discrète, merci Will. » Au fond, même si on est plus mariés, elle restera toujours assez importante pour moi. Même si elle s’est foutue de ma gueule. Même si elle m’a fait bien plus mal que je n’ose l’avouer devant qui que ce soit. « De rien. » Que je lui réponds tout simplement tout en jouant avec l’anneau autour de mon index. Et dire qu’il y avait quelques années, c’était une toute autre bague qui était sur ce même doigt. Une alliance preuve et signe d’un mariage qui était déjà voué à l’échec avant même d’être officialisé. « Allez viens. » Un signe de tête et nous voilà quelques minutes plus tard en dehors des murs de l’Université. « Tu deviens quoi sinon ? » En quatre ans, pas de nouvelles, pas de signe de vie de ma part ni de la sienne, il y a bien des choses qui ont changées dans sa vie durant cette période. Ou du moins, je suppose.
Cette conversation est beaucoup trop sérieuse pour moi, je suis presque en train d’angoisser parce que je sais que je suis capable de lâcher une connerie sans même m’en rendre compte. Les conversations aussi sérieuses, tout le monde sait que c’est pas fait pour moi. Tout le monde sait que moi je suis ce boulet qui va très certainement faire une blague qui ne fera rire personne simplement pour désamorcer la situation et la rendre plus légère. J’ai jamais été doué pour ce genre de situation et ça, Sofia elle le sait. Mais pourtant c’est bien vers moi qu’elle a décidé de se tourner et j’avoue ne pas vraiment comprendre pourquoi. On est divorcé, on ne se parle plus depuis qu’on a tous les deux signés ce papier officialisant la fin de notre union et par la même occasion, la fin de notre amour. Même si je pense que finalement, notre amour était déjà mort depuis un petit moment. On a juste préféré l’ignorer. Vous savez, parce que le déni, c’est la vie. Mais j’essaie de rester sérieux, j’essaie de me concentrer sur ce qu’elle me dit parce que c’est du sérieux et quand je lui demande si son mec – son ex, du coup ? – a déjà levé la main sur elle et elle ne me répond pas tout de suite. Je sais bien ce que ça veut dire, elle n’ose juste pas me répondre et quand je la vois me montrer ses poignets mes yeux se baissent sur ses marques qui ne laissent aucun doute sur ce qu’elle veut me dire sans réellement oser le dire. « Avant aujourd'hui non. Mais, je l'avais déjà vu en colère, c'est quelqu'un de colérique quand il n'a pas ce qu'il veut, je savais qu'il pouvait s'énerver facilement mais jamais contre moi, enfin pas par la violence. » Avant aujourd’hui, non. C’est quelqu’un de colérique quand il n’a pas ce qu’il veut. Mais pourtant, elle savait qu’il pouvait être violent, elle savait que c’était pas quelqu’un de confiance mais elle est restée. Sofia, elle est tellement prête à tout pour aimer et être aimée qu’elle n’écoute pas son instinct et malheureusement, je suis même pas étonné d’apprendre qu’elle avait des doutes sur son ex mais qu’elle a finalement attendue qu’il ne passe réellement à l’acte avant de le quitter. « Pourquoi t’es pas partie avant ? » Au fond, je me fiche que la question que je lui pose soit compliquée, je me fiche qu’elle ne sache même pas quoi me répondre. C’est tout moi, ça, poser des questions auxquelles mon interlocuteur n’a même pas réellement les réponses. « Je suis pas sure que ma vie soit un bel exemple pour défendre la notion de grand amour. » Encore faut-il que grand amour il y a. Encore faut-il que tous ces trucs-là existent et Sofia, elle connait bien mon avis sur ce sujet. L’amour oui bien sûr que ça existe, moi aussi je suis tombé amoureux il n’y a pas si longtemps que ça. Mais l’amour avec un grand A, l’âme-sœur, ça par contre, c’est des conneries. Mais elle y croit Sofia. Elle y croit dur comme fer et au final, chacun ces croyances. Je suis mal placé pour juger quoique ce soit. « L'avantage d'être l'idiote de service et de mourir en première c'est que j'aurais pas à connaitre un monde sans Will Dunham et j'aurais pas non plus à supporter tes blagues lourdes alors qu'on a un tueur fou à nos trousses. » Un petit sourire se dessine sur mon visage. Pourtant tu vis déjà dans un monde sans Will Dunham depuis quelques années. Et d’ailleurs je suis censé lui dire quand que Will Dunham a laissé place à Will Cadburry depuis un mois ? J’en sais rien, mais c’est délicat, parce que Birdie et elle s’aimaient tellement. « Arrête, tu les aimes mes blagues. Tout le monde les aime. » Ou pas. Mais en tout cas j’ai réussi à complètement changer de sujet, si elle veut continuer à me parler de ses problèmes et de ses peurs concernant son ex qui a l’air extrêmement charmant, je l’écouterais. Mais je ne peux pas la forcer dans cette conversation qu’elle ne voudra peut-être pas avoir. Préférant largement la faire rire en comparant mon mode de vie à celui des héros de big bang theory et à quelques détails près on mène le même genre de vie. Des nerds scientifiques qui vivent pour leur passion et le monde de la pop culture. On train de vie que j’aime toujours et que je ne changerais pour rien au monde. « Ah oui tu fantasmes sur les blondes toi maintenant ? » Elle réussit à vraiment me faire rire en tout cas. « Oh non. » Je suis pas si superficiel que ça. Enfin j’espère. « La couleur de cheveux m’est égal. » Et toi, Sofia, tu préfères les bruns maintenant ? Les grands mecs qui ont pas grand-chose dans le crâne ? Elle pourrait maintenant avoir une préférence pour mon total opposé, ce qui expliquerait aussi en petite partie pourquoi elle est allée voir ailleurs à deux reprises. Je lui propose de rester avec moi à la coloc pendant quelques jours, le temps qu’elle puisse se retourner et trouver un plan, une solution pour se sortir de cette merde dans laquelle elle s’est foutue et c’est donc sur ces derniers mots qu’on quitte l’université pour se rendre à l’appartement. « Je travaille toujours à l’hôpital, j'ai fais quelques voyages depuis, enfin ces dernières années. J'ai pris des cours de guitare mais en vrai je suis toujours aussi nulle, je sais pas tenir le manche de ma main gauche. Et sinon, comme tu as pu le deviner, je suis célibataire. » Je pourrais lui dire que je reviens d’ailleurs d’un voyage. À Las Vegas. Avec ma meilleure amie. Peut-être même que je pourrais ajouter que je suis moi aussi célibataire. Célibataire, mais marié. Mais ce n’est pas sur ces points-là que je réagis. « T’es toujours aussi nulle à la guitare ? Tu fais vraiment aucun effort… » Que je lui réponds d’un air léger. « C‘est pas comme si j’avais déjà passé plusieurs heures à essayer de te faire évoluer. » C’est pas une réflexion méchante mais simplement la vérité. Elle c’était le piano, moi la guitare. « J’ai pas retouché à un piano depuis… » Longtemps. Depuis le divorce. Comme si ce mot était interdit entre nous. « Au faite, tu as fini par le trouver ? Ton anneau, tu pourras me le prêter si jamais il revient ? Je pourrais me cacher grâce à lui. A moins que depuis quatre ans, tu as aussi trouver la cape d’invisibilité, et si tu l'as tu es obligé de me la montrer, c'est trop cool comme pouvoir. » Mon regard suit le sien pour se poser sur mon index portant l’anneau et je ne tarde pas à lui répondre. « T’es folle ! » Je cris presque. Enfin peut-être que je cris même beaucoup. « C’est mon précieux, ça se prête pas ce genre de merveille. » Oui parce que c’est carrément une merveille oui. « Mais par contre je peux te prêter ma cape d’invisibilité si tu veux. Ça, ça peut se faire ouais. » Parce que finalement j’accepte de l’aider mais pas au point de la laisser porter l’anneau, qui en plus, est mon alliance soit dit en passant. Certes, c’est un mariage platonique mais ça ne veut pas dire que c’est pas sérieux.
Dans notre couple c’était Sofia la grande romantique. Celle qui croyait au grand amour, celle voulait vivre l’amour avec un grand A, celle qui croyait avoir trouvé son prince charmant – ahahaha. – Et pourtant comprendre qu’elle était loin du compte n’était pas si difficile que ça. Il lui suffisait de me regarder ou même de me parler pour comprendre que je n’ai jamais été son prince charmant. De l’amour pour elle oui j’en ai eu. J’en ai eu vraiment beaucoup. Mais ça faisait pas de moi un prince charmant, le romantisme et moi on a jamais vraiment été amis. Pourtant il m’était arrivé d’essayer, de temps en temps, pour lui faire plaisir, pour la voir sourire mais c’était vraiment très rare. Sofia, elle est presque prête à tout pour trouver l’amour qui la fait tant rêver. « Je pensais qu'il m'aimait. » Quand on aime, on frappe pas, Sofia. Je pourrais lui dire ça mais à part l’enfoncer j’en vois pas vraiment le but. Je pourrais aussi lui dire que quand on aime, on va pas voir ailleurs, mais c’est pas vraiment le sujet et c’est seulement des veilles rancœurs qui reviennent à la surface. Je ne creuse pas le sujet plus que ça, parce que si elle a envie d’en parler davantage elle le fera et si elle en a pas envie je n’ai pas vraiment envie de l’y forcer. J’ai même presque envie de lui demander si elle a connu beaucoup d’hommes depuis notre divorce mais ça me regarde pas, allez Will, arrête tes conneries et ressaisis-toi.« Toujours aussi modeste. A défaut d'être drôle tu as confiance en toi c'est déjà pas mal. » Mais je suis drôle aussi, et elle le sait, Sofia. Il fut un temps où elle riait toujours sincèrement à mes blagues. Mais tout ça, c’est fini. Depuis un moment déjà. À partir du moment où j’ai choisi ma console mon ordinateur et ma liberté face à elle j’ai perdu tout droit de la faire rire, ou même de recevoir des compliments de sa part. « C’est super important la confiance en soi. » Si je n’avais pas confiance en moi et en mes capacités je n’aurais jamais été jusqu’au doctorat, je n’arriverais pas tous les jours à donner des cours devant des amphi bondé de jeunes adultes passionnés pour certains, et perdus pour d’autres. Et s’il y avait d’ailleurs bien une passion qu’on avait en commun Sofia et moi c’était la musique – et le cinéma – « Faut croire que tu dois pas être un très bon prof. Ouch. Ça, ça fait mal. Je grimace. « Mais c'est pas de ma faute. Mes doigts sont trop petits, ou la guitare trop grande j'en sais rien, j'ai vraiment essayé, j'en ai acheté une pour m’entraîner mais on est pas compatible elle et moi, je l'aime pas et elle me le rends bien. » Mes yeux se posent sur ses doigts quand elle les mentionne et je ne peux pas m’empêcher de rire, parce qu’elle a toujours été comme ça Sofia, elle essayait toujours de se trouver des excuses bidon pour m’expliquer les raisons pour lesquelles elle n’arrivait pas à jouer de cet instrument. « Alors pour ma défense si, je suis un super prof. T’aurais pu demander à mes élèves à la sortie de l’amphi, je suis un prof cool. » Je me considère vraiment tel quel en plus. Mais professeur de paléontologie ou professeur de guitare, c’est pas la même chose. « Mais t’inquiète pas si ça peut te rassurer je dois toujours être nul au piano. » Cet instrument si agréable à écouter, si beau et il fut un temps où j’aimais écouter jouer Sofia. Ça me détendait, surtout lors des périodes de stress pendant mes examens. Mais moi j’ai jamais excellé au piano ; Tu manques de délicatesse, Will. Appuie sur les touches plus doucement. C’est ce qu’elle me disait tout le temps et j’avais beau essayer de suivre ses instructions rien n’y faisait.
« Tu sais qu'il est très convoité, maintenant que je sais que tu l'as trouvé, je pourrais chercher à m'en emparer moi aussi. Surveilles tes arrières. » Je la regarde du coin de l’œil d’un air suspicieux. Elle ose me dire qu’elle serait capable de me voler mon anneau ? Moi qui ai mis tant de temps pour le trouver ? La quête fut rude, longue, et dangereuse, hors de question de laisser qui que ce soit le toucher. Non et puis surtout, cet anneau c’est non seulement l’anneau le plus beau le plus classe et le plus cheaté de tous les temps mais il a aussi une signification particulière pour moi. Un mariage. Une blague ayant pris des proportions énormes mais qui a fini par trouver une réelle signification. Cet anneau nous uni, Birdie et moi, pas en tant que couple mais en tant que meilleurs amis. Une manière bien à nous que crier haut et fort notre amour platonique sur tous les toits. Et dire que certains trouvent cette idée complètement bizarre, d’autres disent même que ça pourrait nous permettre de peut-être développer des sentiments autres qu’amicaux. Ahahaha. No fucking way. Birdie, ma meilleure amie, ma jumelle, ma plus vieille amie, ma femme. « Et toi Will, à part ta quête de l'anneau, qu'est-ce qui s'est passé de beau dans ta vie ? » Rien de spécial je viens tout juste de me marier mais sinon, rien de nouveau. J’hausse les épaules avant de souffler doucement. « Oooh pas grand-chose. » Je commence par dire avant de laisser un blanc de quelques secondes et je reprends la parole. « Avec Birdie on revient tout juste d’un petit road trip. On a été à Las Vegas, on a fait un petit stop vers la zone 51 et puis on a été en Birmanie. » Je sais que Sofia n’a jamais aimé Birdie, mais elle demande les derniers événements de ma vie, alors je lui réponds – omettant le mariage, bien sûr – « En Birmanie y a mur de calcaire de plus d’un kilomètre de long sur lequel on a retrouvé 5055 empreintes de huit espèces différentes de dinosaures. C’était beaucoup trop bien. Et puis je voulais essayer d’adopter un alien, c’est pour ça qu’on s’est arrêté vers la zone 51, mais ces petits cons se cachent super bien. » Et Las Vegas parce qu’on s’est mariés, mais ça, encore une fois, je le garde pour moi.
« J'imagine qu'ils doivent t'apprécier, tu es passionnant quand tu parles de dinosaures, tu as les yeux qui pétillent, c'est presque mign ... euh marrant, enfin pour ceux qui aiment les dinos quoi, et toi tu as enfin des gens avec qui en parler sans endormir ton auditoire. » C’est presque mign…mign- quoi ? Mignon ? C’est presque mignon ? Je suis presque mignon quand je parle de dinosaures ? Sérieux ? Il fut un temps où j’aurais aimé ce petit compliment, j’en aurais même fait des caisses mais là aujourd’hui je n’en dis rien mais pourtant je ne fais même pas attention au reste de sa phrase et je ne sais même pas pourquoi je suis presque perturbé par ce qui semble être un petit compliment de sa part. Je suis presque mignon tant je suis passionné par les dinosaures mais c’est pourtant pas ce qu’elle me disait les derniers mois de notre relation. Elle en avait marre, elle en pouvait plus et j’aurais dû le voir, j’aurais dû réagir mais j’ai décidé de fermer les yeux et de faire comme si je n’avais rien vu. Pourtant je le savais. Je savais qu’elle me trouvait agaçant. Mais je crois que j’en avais marre, je crois que j’avais perdu tout espoir en nous, en notre couple alors pourquoi essayer de se battre ? Pourquoi essayer de recoller les morceaux qui étaient déjà brisés depuis bien longtemps ? On ne s’intéressait plus vraiment à la vie de l’un et de l’autre et je sais que des années plus tard je ne peux plus vraiment lui en vouloir pour ses tromperies parce que j’ai moi-même une grande part de responsabilité dans la mort de notre couple. J’aurais pu faire plus attention à elle. J’aurais pu être plus attentif, parce qu’elle avait besoin de tout ça, Sofia. D’un mec attentif, romantique et fou amoureux. Spoiler alert ; je n’étais rien de tout ça. Attentif : non pas du tout. J’étais ce mari qui ne faisait pas toujours attention quand elle avait une nouvelle coupe de cheveux. Romantique ? Ahahaha. Non. Pas du tout. C’est presque le point qui me correspond le moins. Je suis le mari qui sort le 14 Février avec sa meilleure amie pour une soirée pendant laquelle on se laissait guider là où le vent nous menait – mais pour ma défense, j’avais oublié qu’on était la St Valentin et même si je trouve que c’est une fête complètement ridicule il m’arrivait des faire quelques efforts et de l’inviter au restaurant ce jour-là. Quand même. Et enfin, fou amoureux ? Oui et non. Amoureux oui, je l’étais. Vraiment. Je l’ai réellement aimé Sofia, sinon je ne lui aurais pas demandé de m’épouser je n’aurais pas essayé de sauver notre couple, mais je pense que mes sentiments pour elle n’étaient plus assez forts.
« Dis moi que tu as essayé de les compter toi même les 5055 empreintes ? » J’aurais pu. J’aurais dû. L’idée d’imaginer Birdie m’attendre les bras croisés en m’insultant de tous les noms est super drôle sérieusement. « Pas assez grand pour toutes les voir. » Certaines d’entre-elles étant tout en haut du mur. « Les désavantages d’avoir plus ou moins la même taille qu’un Hobbit. » Bon, j’abuse. J’abuse clairement parce que je suis pas si petit que ça, mais je suis pas dans la catégorie des mecs qu’on peut qualifier comme étant grand. Mais je le vis plutôt bien je vous rassure. « Adopter un alien ! Mais qu'est-ce que tu voulais faire d'un alien ? Tu voulais faire un remake d'E.T ? Tu sais qu'aux yeux des gens tu es presque déjà un alien toi même. » J’hausse les épaules et lui réponds avec la plus grande simplicité du monde. « Je voulais qu’il devienne mon meilleur ami. Un peu comme Roger et Steve dans American Dad. Imagine si les aliens en vrai sont aussi fun que lui ? » Un petit bonhomme gris qui se déguise pour cacher sa véritable identité et qui l’utilise pour sortir sans se faire repérer par la CIA ? C’est le life goal de tous les aliens j’en suis sûr. « J'ai jamais mis les pieds à Vegas, c'est vraiment comme dans les films ? La fête, les machines à sous, la décadence, l'excès ? On dit que c'est la ville du péché alors as tu succombé toi aussi ? » Oui ma chère Sofia, tu as devant toi un homme nouvellement marié et très heureux dans ce mariage bien plus libre et super drôle. Mais ça je ne peux pas lui dire. Pourtant elle finira par l’apprendre, je le sais j’en ai aucun doute mais je préfère me taire – pour une fois. « En vrai ? C’est exactement comme dans les films. » J’ouvre la porte de l’immeuble et la guide vers l’ascenseur dans lequel nous montons. « La tentation de céder à tout ce qu’il y a autour de toi, franchement, faut avoir beaucoup de volonté pour résister. Mais je t’avoue que j’ai pas eu beaucoup de chance et j’ai perdu un peu d’argent là-bas que je lui avoue en lâchant un petit rire. mais c’était super. Et oui j’ai cédé à pas mal de tentation. » Le mariage, le LSD bien que ça ne soit pas la première fois pour aucune de ces choses, et je finis enfin par sortir mes clefs pour ouvrir la porte d’entrée de l’appartement. Miaouss aboie et court vers moi, je souris, je lui parle un peu tout en me baissant pour le caresser un peu et referme la porte derrière Sofia. « Bienvenue dans mon nouveau chez moi. » Qui n’est plus si nouveau que ça, d’ailleurs. « Dépose tes affaires je vais te faire visiter un peu. » Sofia est chez moi, à la coloc et jamais je n’aurais pensé que ça pourrait arriver.