«Fleming, on rentre à la base ? » la voix de mon binôme crépite dans mon casque et je lance un coup l’œil au dessus de mon épaule, mon regard se posant sur l'avion que ce dernier maintient en parfait équilibre à côté du mien    «Entendu, Evans» je confirme en hochant la tête. Lentement, je tourne le volant que je tiens en main et amorce un demi tour avant de mettre un nouveau coup d'accélérateur une fois l'appareil positionné correctement. La G-force qui me pousse dans mon siège propulse en même temps un joyeux cocktail d'adrénaline et endorphine dans mes veines, mon sourire éternel ne quittant pas mes lèvres.

Pas même lorsque je suis obligé de couper  le moteur de mon avion après l'avoir posé en douceur sur la piste d’atterrissage. Je caresse une dernière fois le volant en lui susurrant des mots doux et lui offre une dernière déclaration d'amour avant de me détacher, ouvrir la trappe et m'extirper de l'appareil. Retirant mon casque que je pose sur le siège, je descends par l'échelle mise en place et saute au sol, remerciant chaleureusement Jim qui me promet de prendre grand soin de Bernard, le nom affectueux que j'ai donné au F/A 18 Hornet , mon avion préféré de la base. Laissant ce dernier entre les mains expertes de mon collègue, je me dirige vers mon collègue qui s'est posé en même temps que moi et se dirige vers moi avec un large sourire   « T'as géré, Aquilla» qu'il m'interpelle par mon affectueux surnom. Surnom que j'ai fini par accepter et même l'apprécier à sa juste valeur. Car depuis toujours l'aigle est mon animal totem..   «Toi aussi, Sparrow» déclarais-je en tapant dans sa main en un high five bien calculé.

Nous nous séparons au moment d'entrer dans le hall et nous nous dirigeons vers les vestiaires respectifs. Je me débarrasse de mon uniforme que j'envoie valser dans la corbeille de linge sale et vais m'enfermer dans une cabine de douche. Pendant de longues minutes, je laisse l'eau chaude ruisseler sur mon corps, me procurant un bien fou, tandis qu'un sourire vient étirer mes lèvres. C'est la première fois depuis janvier dernier que j'ai a nouveau été autorisé à piloter un avion et mon dieu ce que ça m'avait manquer.

Dans un petit soupire, j'éteins l'eau et attrape une serviette avec laquelle je me sèche dans la vapeur qui m'entoure avant de ressortir dans le vestiaire. Je salut rapidement Julie et Marion qui travaillent dans la tour de contrôle et discutent encore un peu avec elles le temps de m'habiller. Bien décidée de profiter à fond de ma soirée, je sors des vestiaires et me dirige vers la sortir. Mais, arrivée dans le hall, j'aperçois Evans qui se dirige vers moi avec un air mystérieux sur le visage. Je fronce légèrement les sourcils et l'interroge du regard alors qu'il s'immobilise face à moi  «Y a quelqu'un dehors qui veut te parler» dit-il d'un air grave  «O...k ...» répondais-je, doucement, incertaine  «Et y a un problème ?»  «A toi de voir» qu'il me répond simplement en se décallant. Je continue à la fixer quelques instants avant de passer à côté de lui et sortir du hall pour me diriger vers l'extérieur de la base.

Arrivée à la barrière, je me fige subitement lorsque mon regard se pose sur Jackson Mills. Mon sourire disparaît, mes dents se serrent en même temps que mes poings sur les lanières de mon sac et mes yeux lancent des éclairs  «Qu'est-ce...» c'est tout ce que je peux dire avant que celui que je considérais comme mon meilleur ami ne reprenne la parole. Levant les mains en signe d'innocence il m'avoue n'être venu que pour parler et je laisse échapper un rire de dédain lorsqu'il ajoute qu'il m'épargnera l'accolade  «J'suis sûre que Mary sera super contente de l'avoir, cette putain d'accolade» grognais-je entre mes dents  «J'ai rien à te dire Mills. » reprenais-je en passant à côté de lui avant de me stopper et prendre une profonde inspiration  «Cela dit, t'as quand même de sacrées couilles pour venir ici dans une base militaire remplie de soldats surentraînés » je fixe mon regard dans celui du jeune homme.

 «Bon» je fini par soupirer et croise mes bras devant mon torse  «vas-y, je t'écoute» autant lui laisser une chance, non ?  « Mais je te préviens, si c'est pour t'excuse encore et encore d'avoir baiser ma copine....ex copine, ça ne sert à rien.»

Je fronce subitement les sourcils lorsque Jackson s'exclame, abasourdis, après que je lui ai dit qu'il ne devrait plus venir s'excuser pour avoir baiser avec mon ex copine. Scrutant le visage du jeune homme, je suis pas mal surprise en le voyant être sincèrement choqué par ce que je viens de lui dire, comme si ...comme s'il l'apprenait pour la première fois ? Comment est-ce possible ? Pourtant c'est lui le fautif dans tous ça. C'est lui qui a fait des avances à Mary et qui a décidé de son plein gré de lui faire l'amour alors qu'il savait pertinemment que j'étais avec elle.

Et pourtant ...il semble aussi choqué que moi lorsque j'ai apprit sa trahison. Et pour une bonne raison ! Il est, d'après lui, amnésique et je viens de lui apprendre la chose. J'incline légèrement la tête sur le côté, mes sourcils se fronçant encore plus. Est-ce vrai ? Dit-il réellement la vérité ? J'avoue avoir du mal à la croire. Et pourtant ...tout dans son regard et sa posture me montre que non, il ne me ment pas.

D'ailleurs il me montre en même temps sa cicatrice et je me sens encore plus con. Mais, fierté oblige, je ne laisse rien paraître et croise les bras en redressant légèrement le menton.  «Je vois » dis-je simplement en serrant un peu les dents. J'aimerais tellement le crois, en vrai, mais ça fait tellement longtemps que je lui en veux que, même s'il a une bonne raison pour ne pas se rappeler de toute la merde qu'il à foutu, moi je m'en rappelle parfaitement bien  « J'aimerais bien oublié cette partie, moi aussi» dis-je à mi voix  « Mais voilà, ce qui est fait est fait. Désolé pour ce qui t'arrive, vraiment. Mais je ...j'ai besoin un peu de temps» pour comprendre tout ce que tu viens de me dire et accepté tout cela.

C'est ainsi que je me remet en route et, après un simple  « Bonne journée» je le laisse là, derrière moi, seul avec ses questionnements et ses besoin de réponses qu'il n'aura pas tout de suite.