Deux semaines se sont écoulées depuis mon accident et certains symptômes ont commencé à se faire moins fréquents. Ça ne veut pas dire pour autant que je peux recommencer à faire du sport ou à écouter la télévision, le médecin m’a bien fait comprendre que je n’ai pas le droit de faire tout ça tant qu’il ne me donne pas le feu vert. Alors je tourne en rond dans l’appartement de Danika quand elle n’y est pas et que je ne suis pas en train de faire une énième sieste de la journée. Je dors tellement le jour que parfois je passe mes nuits sur le balcon à attendre que les heures passent. Les journées se ressemblent au point que j’en viens à perdre la notion du temps, ne sachant jamais quel jour de la semaine on est ou même la date. Je n’ai donc pas réalisé ce matin que James Riley est mort depuis exactement un an. Que si Danika est distante et à fleur de peau aujourd’hui, c’est parce qu’elle pleure silencieusement le décès de son père.
Jusqu’à ce que je remarque les fleurs et les cartes qu’elle dépose sur le comptoir de la cuisine sans même s’y attarder. À partir de ce moment, je me force à ne pas être sur son dos, à me mordre l’intérieur de la joue plutôt que de répliquer quand elle réagit au quart de tour au moindre détail. Malgré la fatigue qui m’écrase de plus en plus au fil des heures, je continue de m’occuper de Maddox pour la laisser souffler, pour que le petit n’ait pas conscience de ce qui se passe sous son nez. Durant le repas, Danika est plus silencieuse qu’à son habitude alors je prends le relai pour distraire le petit et qu’il n’y voit que du feu. J’essaie même de faire participer Danika en lui posant des questions pour lui changer les idées mais ses réponses ne sont pas détaillées et son regard est perdu dans le vague. J’aimerais trouver les mots pour la réconforter mais je crains qu’elle se braque si j’ose aborder le sujet parce que je sais très bien qu’elle a de la difficulté à parler de ce qu’elle ressent, d’autant plus que d’avoir cette discussion devant Maddox n’est pas une très bonne idée. Alors je fais comme si de rien n’était en lançant quelques regards inquiets dans sa direction, impuissant.
Dès que le petit est couché, Danika disparaît dans sa chambre avant que j’aie le temps de lui dire le moindre mot. Je respecte son besoin d’intimité, j’en profite donc pour aller me reposer un peu en m’allongeant sur le canapé-lit. Quelques minutes plus tard, toutefois, le son de ses sanglots se fait entendre jusqu’au salon malgré la porte close et mon cœur se serre. Pendant une seconde, j’hésite à aller la rejoindre mais je suis incapable de rester là les bras croisés sans rien faire à écouter sa détresse. Silencieusement, je me relève du canapé-lit et je marche en direction de sa chambre presque sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Maddox. Prêt à me faire engueuler mais déterminé à être là pour elle comme elle l’a été pour moi après le rejet de Maddox, j’ouvre la porte. « Qu’est ce que tu fais là ? » Danika fige et ses sanglots cessent instantanément, à l’inverse de ses larmes qui continuent de rouler sur ses joues. L’image est évocatrice de toute la douleur qu’elle ressent et je ne peux y être insensible. Lorsque je l’aperçois recroquevillée dans un coin de sa chambre, mon cœur se serre un peu plus et un léger picotement commence à se faire sentir dans mes yeux. « Je t’entendais pleurer. » dis-je à voix basse en refermant lentement la porte derrière moi sans la quitter de mon regard inquiet. Je m’approche d’elle d’un pas prudent et je me penche pour agripper doucement ses deux poignets. « Viens, ne reste pas par terre. » Je l’attire vers moi et, dès qu’elle est debout, je lâche ses poignets pour essuyer ses joues avec mes pouces. « Je suis désolé Dan. » dis-je en lui souriant tristement avant de l’envelopper de mes deux bras pour la serrer contre moi. J’appuie doucement ma tête contre la sienne et je caresse son dos à deux mains sans trop savoir quoi dire pour soulager un peu sa peine. « Est-ce que tu veux en parler? » Je lui demande en murmurant même si je me doute bien de la réponse qu’elle risque de me donner. Et à cet instant, j’aurais aimé avoir une baguette magique pour pouvoir prendre tout le poids de sa peine sur mes épaules et revoir l’esquisse d’un sourire sur ses traits.
« Il n’y a rien à dire. Il est mort. » En entendant sa réponse, je me sens stupide de lui avoir posé la question. Danika a raison, il n’y a pas grand-chose à dire de plus sur le sujet, son père est mort et il n’y a rien qu’on puisse faire pour changer ça. Il faut laisser le temps faire son œuvre, adoucir son chagrin un jour à la fois. J’ai toujours ressenti un profond malaise lorsque je suis confronté à des émotions, qu’il s’agisse des miennes ou de celles des autres. Malgré ça, je tente comme je peux de la réconforter, mais j’ai l’impression que chaque mot que je prononce lui fait un peu plus mal, que le prochain sanglot pourrait jaillir à tout moment. Alors je ne rajoute rien et je me contente de l’étreindre en silence tout en continuant de lui caresser le dos pour aussi longtemps qu’elle en aura besoin.
Au bout d’un petit moment, elle se dégage de mes bras. « Ça va » dit-elle en essuyant ses joues humides, redressant ses épaules pour essayer de faire bonne contenance. Pendant un instant, je me demande si c’est elle ou moi qu’elle tente de convaincre, mais je ne lui demande pas, me contentant de la fixer en silence d’un air perplexe. « Ça va, tu peux y aller. C’était un moment de faiblesse. C’est rien. Ça va, t’inquiètes pas. » Évidemment, je ne la crois pas une seconde tout comme elle ne m’a pas cru lorsque j’ai tenté de lui faire croire que j’allais bien à l’hôpital. « Je ne suis pas un imbécile, je le vois bien que ça ne va pas, que t’es pas dans ton assiette depuis ce matin. » dis-je d’une voix douce en espérant la mettre suffisamment à l’aise pour qu’elle ne tente plus de cacher ce qu’elle ressent réellement. Mais je la connais assez bien pour me douter que mes mots ne changeront rien et que sa fierté prendra le dessus. « Il n’y a rien de mal à pleurer quand on perd quelqu’un à qui on tenait. » Je laisse ma tête basculer d’un côté en cherchant son regard avec le mien. On aurait pu croire que de s’ouvrir l’un à l’autre serait plus facile depuis le moment de vulnérabilité que nous avons passé ensemble en janvier, mais une fois n’est pas coutume. « J’ai pas envie que tu me vois comme ça. » Je hoche la tête en silence, comprenant parfaitement comment elle peut se sentir en ce moment. Mais malgré ça, je n’ai pas du tout l’intention d’exaucer son vœu en partant. « C’est pas comme si je ne t’ai jamais vue pleurer. » Tandis qu’elle serre son propre corps avec ses bras, je tente de l’encourager d’un sourire qui se veut rassurant.
Mais elle réitère sa demande : « Pars s’il te plait. » murmure-t-elle avant de relever son regard noyé de larmes vers le mien. Et si je ne réponds pas immédiatement, ce n’est pas parce que je contemple l’idée de la laisser tranquille, non, mais plutôt parce que ça me tue de la voir dans cet état et que je tente de contenir mes émotions parce que je veux me montrer fort pour pouvoir être son pilier. Ma gorge se noue tandis que je me perds un peu trop longtemps dans son regard noyé. Je me racle la gorge et je pose une main sur l’un de ses bras en secouant négativement la tête. « Non » Je réponds en lui caressant le bras doucement, incapable de partir en sachant trop bien qu’elle se remettra probablement à pleurer dès que j’aurai le dos tourné. « Je vais partir quand je serai convaincu que tu te sens mieux. » J’ajoute en posant ma main libre sur sa joue pour effacer les dernières traces de ses larmes dans une légère caresse avant de laisser retomber mes bras le long de mon corps tandis qu’une idée me traverse l’esprit. « Frappe-moi. » Le regard plongé dans le sien, je recule d’un pas pour mettre un peu de distance entre nous. Le dojo a toujours été un défouloir pour nous deux et, à défaut de s’y trouver, je me propose en punching bag humain pour qu’elle puisse se défouler et extérioriser sa peine et sa colère. D’une main, je donne deux tapes sur mes abdominaux pour lui indiquer où frapper. « Vas-y, frappe-moi, ça va te faire du bien. » L’air défiant, je l’encourage d’un hochement de tête en espérant qu’elle sera incapable de résister à la tentation et que ça lui fera un peu de bien de me taper dessus, à défaut de trouver les bons mots pour la consoler.
« Pars. » Elle réitère sa demande d’un ton plus froid cette fois, croyant à tort qu’elle réussira à me convaincre de partir aussi facilement. Je fronce les sourcils et je secoue la tête négativement une nouvelle fois. « Non. » Mon regard se durcit pour lui faire comprendre que je ne démordrai pas et qu’elle devra s’y faire, à moins qu’elle me pousse de force en dehors de sa chambre et je ne compte pas la laisser faire sans me débattre. Je pose ma main sur sa joue pour sécher ses larmes et elle n’a pas de mouvement de recul cette fois-ci, appuyant même sa joue contre ma paume. Un petit sourire prend place sur mes traits tandis que je sens sa résistance doucement s’affaiblir.
Nous nous ressemblons sur tellement de points que je sais exactement ce qui lui ferait du bien en ce moment. Je me recule donc un peu en lui demandant de me frapper pour qu’elle puisse évacuer toutes les émotions négatives qui l’étouffent. « Quoi? » Elle ne semble pas comprendre ce que je viens de lui dire alors que, pourtant, je suis convaincu qu’elle a très bien entendu ce que je lui ai dit. Malgré ça, je lui répète de me frapper en tapant mes abdominaux d’une main. « Je ne vais pas te frapper Law. » Je hausse les épaules en tournant mes paumes vers le plafond. « Pourquoi pas? Ça va te faire du bien, je le sais et tu le sais. Come on, frappe-moi. » Je l’implore du regard d’au moins essayer et un petit sourire en coin prend place sur mon visage lorsque je devine à son expression qu’elle contemple sérieusement l’idée. Nos regards se croisent et je l’encourage d’un hochement de tête en laissant mes bras retomber le long de mon corps. Mon sourire s’agrandit lorsque je la vois se placer en position d’attaque et je contracte mes muscles abdominaux prêt à encaisser son coup. Son premier coup est exempt de toute puissance, je relève les bras en l’air en faisant mine d’être surpris. « C’est tout ce que t’as? Plus fort. Laisse sortir ce que t’as en dedans. » Je tente de la provoquer un peu pour qu’elle se laisse aller, pour qu’elle se défoule pour mieux se sentir ensuite. Elle lance un deuxième coup et je serre les dents pour ne pas réagir. Elle s’apprête à en lancer un troisième mais elle s’arrête avant que son poing ne m’atteigne. « Qu’est-ce qu’il y a? » Son poing s’ouvre et elle pose sa main sur mon torse en relevant la tête. « J’ai pas envie de te frapper. » Ses paroles me déconcertent et je ne sais pas quoi suggérer d’autre pour qu’elle se sente mieux. « Ok. » Mon regard accroché au sien, mes traits s’adoucissent et je pose une main sur son avant-bras tendu vers moi, m’y agrippant.
Sans savoir quoi dire ni savoir quoi faire, je reste immobile face à elle en scrutant son visage. Je sens l’ambiance qui change du tout au tout et je sais que je devrais à ce moment m’éloigner avant de flancher mais j’ai l’impression d’être cloué sur place et Danika se hisse sur la pointe des pieds pour sceller nos lèvres. Si je me fige sur le moment malgré la décharge électrique qui parcourt mon corps et que je tente de me convaincre que ce n’est pas une bonne idée, il ne m’en faut pas beaucoup pour que je finisse par céder sans résistance et que mes mains viennent se poser sur la nuque de Danika pendant que ma langue rejoint la sienne. Lorsqu’elle presse son corps contre le mien, je pose l’une de mes mains dans le bas de son dos pour la presser un peu plus contre moi. Les battements de mon cœur s’accélèrent et je recule ma tête à contre-cœur en prenant conscience que si je n’arrête pas maintenant je voudrai plus. « Dan… » Je déglutis difficilement puis je passe ma langue sur mes lèvres en soupirant. Mes yeux sont fermés, je suis incapable de la regarder parce que je sais que je flancherai si mon regard croise encore le sien ou qu’il s’attarde un peu trop longtemps sur ses lèvres qui me manquent déjà. Ce moment, je l’espère depuis des semaines mais je n’arrive pas à me réjouir qu’on y soit enfin dans les circonstances. « On ne devrait pas… tu vas le regretter demain. » Et je sais que mon cœur ne pourra pas se contenter de n’être que des regrets.
« Je ne vais pas le regretter demain. » J’aimerais pouvoir lui faire confiance, avoir la certitude qu’elle dit vrai pour pouvoir m’abandonner une nouvelle fois dans ses bras, mais le doute persiste. Danika est fragile aujourd’hui et je sais qu’elle n’est pas apte à prendre une décision réfléchie. Tandis que chaque baiser et chaque caresse me fait perdre un peu plus mes moyens, je ne peux pas me résoudre à profiter de sa vulnérabilité. Alors j’écoute la petite voix dans ma tête qui me dit de mettre un frein pendant qu’il en est encore temps, malgré les sentiments qu’elle remue dans mon coeur, malgré le besoin de sentir sa chaleur un peu plus longtemps contre ma peau. « T’as pas les idées claires. » Je lui murmure sans oser ouvrir les yeux alors qu’une trop grande proximité demeure entre nos deux corps. Son souffle caresse mon visage à chaque respiration et, malgré que j’ai mis fin au baiser, mes deux mains n’ont pas quitté leur position sur son corps. Je m’enlise tout seul.
« Regarde moi Law. » Je me mords la lèvre inférieure, bien déterminé à résister à sa demande. Pourtant, une seconde plus tard mes yeux s’ouvrent et je sais dès que nos regards se croisent que je suis foutu. « Je sais que t’en as envie autant que moi. » Ses paroles font naître un petit sourire innocent sur mes traits. Je ne la contredis pas parce que nous savons tous les deux qu’elle a raison depuis que mon corps a exprimé malgré moi l’attirance que j’éprouve toujours pour elle malgré les années qui ont passées. « C’est pas l’envie qui manque, c’est pas ça le problème… » Je soupire bruyamment en laissant ma tête basculer sur le côté, sans réussir à détacher mon regard du sien pour autant. Mes doigts caressent sa nuque à la base de sa chevelure et je me dis qu’il serait si facile de l’attirer vers moi pour reprendre possession de ses lèvres. À cet instant, je m’en veux d’être éperdu d’amour au point de songer à transgresser mes principes parce que je sais trop bien que le réveil demain risque d’être brutal. Parce que Danika risque de le regretter cette fois-ci aussi et qu’elle n’hésitera pas à me broyer le cœur si elle doit le faire pour se protéger. Je la déteste autant que je l’aime parce que j’ai du mal à accepter qu’elle ait autant de pouvoir sur moi, qu’elle me fasse autant d’effet. C’était tellement plus simple de seulement la détester…
« Et si on arrêtait de se battre ? » Je sonde son visage à la recherche du moindre indice qui me confirmerait qu’elle ne pense pas vraiment les mots qu’elle vient de prononcer, comme à la recherche d’une porte de sortie, mais je n’y trouve rien. Ses mains caressent mon torse et lorsque son regard triste heurte le mien, je sens que je suis à deux doigts de la laisser gagner. « J’ai pas envie de me battre ce soir. » Et demain? La question me brûle les lèvres mais je n’ai pas le temps de lui poser qu’elle se hisse de nouveau sur la pointe des pieds pour venir effleurer mes lèvres avec les siennes. Et lorsqu’elle se laisse retomber sur ses pieds, je me retiens de suivre sa tête avec la mienne pour aller capturer ses lèvres. Je tente de trouver la force d’y résister même si, au fond, je sais déjà que mon cœur a pris la décision pour moi. Elle me supplie en silence et j’ai l’impression qu’elle me transperce du regard.
Le regard toujours plongé dans le sien, je recule lentement jusqu’à ce que mes jambes cognent contre le bord de son lit sur lequel je m’assois. « T’es sûre que c’est ce que tu veux? On ne pourra pas revenir en arrière. » Avant même qu’elle ouvre la bouche, je connais déjà sa réponse tout comme je connais déjà la mienne à la même question. Malgré mes doutes et la peur de sortir blessé de cette soirée, l’envie de pouvoir la chérir ouvertement se fait plus forte, quitte à ce que ce ne soit que pour l’espace de quelques heures. Alors j’attrape ses bras et je l’attire vers moi pour qu’elle prenne place entre mes cuisses, me surplombant légèrement maintenant que je suis assis et pas elle. Mon regard se promène sur sa silhouette et je ne peux faire autrement que me demander si son corps est comme dans mes souvenirs ou si la grossesse l’a bien changé. Mais comme je n’ai pas envie de me rappeler cette période que j’ai manquée, je chasse cette question d’un battement de cils et je me concentre plutôt sur la sensation de sa peau sous mes paumes tandis que mes mains remontent le long de son dos sous son chandail jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment hautes pour pouvoir l’étreindre de tous mes bras. J’approche lentement mon visage du sien pour embrasser furtivement ses lèvres, les quittant pour aller les poser cette fois contre son cou que je couvre de baisers. J’y reste un moment et je me laisse envahir par son odeur délicieuse qui m’a tant manquée en soupirant de satisfaction. « J’avais presque oublié à quel point tu sens bon. » Je lui souris tendrement tandis que je me redresse pour lui faire face en caressant son dos à deux mains, relevant ensuite légèrement le menton pour aller poser mes lèvres sur les siennes. N’étant pas habitué de la voir dans cet état, j’ai peur de la blesser donc je maîtrise ma fougue et je laisse la douceur prendre possession de mes moindres gestes.
« On peut déjà pas revenir en arrière. » Malgré mon cœur qui s’emballe dans ma poitrine et chaque centimètre de mon corps qui ne demande rien d’autre qu’à être en contact avec le sien, j’hésite à aller de l’avant avec sa demande, bien conscient que nous ne pourrons revenir en arrière lorsque nous aurons franchi cette ligne. Mais Danika a raison, il est déjà trop tard. Si j’ai toujours été persuadé depuis notre rupture que nous n’arriverons jamais à être de nouveau ensemble, le doute s’est peu à peu insinué dans mon esprit au fil des mois. Ces dernières semaines de cohabitation m’ont donné un aperçu de ce que pourrait être la vie de famille, elles m’ont donné l’espoir qu’on puisse arriver à vivre tous les trois en harmonie sous le même toit. Et si l’envie de voir où tout ça pourrait nous mener se précise, il y a toujours cette crainte que ce bonheur ne soit qu’illusoire, sans oublier le fait que ce souhait n’est pas forcément partagé. « Je sais… » murmuré-je en la contemplant. Danika pose ses mains sur mes joues et caresse ma barbe, dissipant mes craintes un peu plus à chaque seconde jusqu’à ce que mes sentiments l’emportent et que je succombe à son invitation en l’embrassant.
Le visage enfoui dans son cou, je hume son odeur en couvrant sa peau de tendres baisers, me redressant ensuite pour lui faire face. « Moi je n’ai pas oublié. J’y pense tout le temps. » Mon sourire s’épanouit à ses paroles et je hausse les sourcils d’un air surpris. « À ce point-là? Si j’avais su, je t’aurais laissé un de mes chandails pour la nuit. » Comme il m’était arrivé de le faire à quelques reprises quatre ans plus tôt, au départ par simple oubli, volontairement par la suite pour qu’elle pense à moi pendant mon absence. « Tu me rends dingue le matin-là à te balader torse nu. » Mon visage appuyé contre le sien, je ris silencieusement. Je n’ai toutefois pas le temps de répondre qu’elle reprend possession de mes lèvres et que nos langues s’entremêlent pendant que ses mains caressent la peau de mon dos. Lorsque je sens ses mains commencer à soulever mon chandail, je mets fin au baiser pour pouvoir le retirer complètement. Ce n’est qu’à ce moment que je prends finalement le temps de réagir à ses dernières paroles. « Et c’est que maintenant que tu craques? » souligné-je en relevant mes yeux pétillants vers les siens, réalisant à quel point ces joutes verbales m’ont manquées au fond.
Mon regard s’accroche au sien et un frisson me parcourt l’échine lorsque je prends connaissance de la façon dont elle me regarde. Tandis que ses doigts glissent sur mon torse, ma respiration s’accélère. Danika pose ses lèvres à l’endroit où ses doigts se trouvaient à peine quelques secondes plus tôt et je glisse une main dans ses cheveux pour les tenir afin d’en dégager son visage pendant que mon regard suit attentivement les mouvements de ses lèvres. Elle se redresse à son tour et nos lèvres se retrouvent furtivement. « Je vais pas tomber en morceaux Law. » Et pourtant, c’est bien ce qu’elle était en train de faire à peine quelques minutes plus tôt, tout juste avant de prendre l’initiative de m’embrasser, réanimant ainsi le brasier qui flambe actuellement dans ma poitrine. Même si je la sens à ce moment toujours fragile, je n’ai pas du tout envie d’argumenter avec elle présentement, alors je ne dis rien. Danika se recule et je l’observe silencieusement en humectant mes lèvres tandis qu’elle retire son propre chandail. Je ne croyais plus que j’aurais un jour l’occasion d’admirer de nouveau son corps, c’est donc sans aucune subtilité que je la dévore des yeux en le redécouvrant ce soir. Et lorsqu’elle se rapproche et que ses lèvres viennent retrouver les miennes, c’est sans aucune retenue cette fois que je l’embrasse et que je presse son corps contre le mien pour sentir la chaleur de sa peau contre la mienne, laissant la passion s’emparer de mes gestes.
Je me laisse faire lorsqu’elle me pousse et qu’elle grimpe sur moi, redressant légèrement la tête pour resceller mes lèvres avec les siennes dans un baiser enflammé tandis que mes mains caressent la moindre parcelle de sa peau. Je m’abandonne dans ses bras comme s’il n’y avait pas de lendemain, mon cœur s’emballant un peu plus à chaque regard, chaque caresse et chaque baiser. Lorsqu’elle murmure « Tu m’as manqué. » contre ma peau, un sourire immense se dessine sur mes traits. À ce moment, j’ai le goût de lui dire que je l’aime et si les mots franchissent presque mes lèvres, je me retiens de crainte que Danika prenne peur face à l’intensité de mes mots. « Toi aussi tu m’as manqué » me contenté-je de lui répondre en plongeant mon regard dans le sien tout en caressant ses joues avec mes pouces avant de l’embrasser une énième fois, me laissant enivrer par toute la joie qu’elle me procure. Je me sens vivant et pour le temps de quelques heures, il n’y a rien d’autre qui compte que cet amour fragile qui nous lie alors que nous refaisons le tour de l’autre dans ses draps froissés.
***
Je me réveille le lendemain matin au son des gazouillis des oiseaux et des rayons de soleil qui commencent à se répandre dans la chambre à travers les rideaux. J’ai le cœur léger et je suis incapable de comprimer le sourire radieux qui se dessine sur mes traits lorsque mon regard se pose sur Danika qui est allongée à côté de moi. Ses yeux sont clos et elle a l’air paisible tandis qu’elle dort encore, je le devine au rythme de sa respiration. Je l’observe un moment en silence, profitant de cette proximité qu’elle regrettera peut-être dès l’instant où elle ouvrira les yeux. Malgré cette crainte, toutefois, je ne tente pas de remettre de la distance entre nous comme je l’ai fait en janvier. Au contraire, je colle mon corps nu contre le sien et je caresse lentement son bras du bout des doigts, embrassant doucement sa peau de son épaule jusqu’à son cou. Lorsque je la sens qui commence à bouger, je passe un bras sous elle pour l’envelopper de mes deux bras, l’attirant un peu plus vers moi pour l’étreindre. « Hey. Bien dormi? » demandé-je d’une voix douce en relevant mes yeux vers les siens pour guetter nerveusement sa réaction en espérant qu’elle sera positive cette fois. Parce que Danika avait raison, il est trop tard pour revenir en arrière. Et présentement, j’ai tout sauf envie de partir et de retrouver la solitude de mon appartement bien trop vide sans eux. Alors je me croise les doigts pour que tout se passe bien, priant également pour que le petit ne se réveille pas tout de suite afin qu’elle n’ait pas à quitter la chaleur de mes bras.
Dernière édition par Lawrence Cabbott le Ven 9 Avr 2021 - 16:43, édité 1 fois
Même si je redoute la réaction que Danika aura à son réveil, je n’ai pas du tout envie de jouer la comédie ce matin. Cela fait des semaines que j’étouffe mes sentiments pour elle et que j’essaie de faire celui qui est indifférent, mais la tâche s’avère de plus en plus difficile au fil des semaines, surtout depuis que nous cohabitons. Après la nuit que nous venons de passer, je n’ai qu’une envie : lui faire part de ce que je ressens pour elle. Je veux qu’elle comprenne à quel point elle est importante pour moi, j’aimerais qu’elle voit à travers mes yeux comment je la perçois. Parce qu’elle a raison, après tout, il est trop tard pour revenir en arrière. De toute manière, j’ai tout sauf envie de faire comme s’il ne s’est rien passé entre nous, au contraire, passer la nuit avec elle n’a fait que renforcer l’idée qu’on pourrait véritablement être une famille tous les trois. Doucement, Danika se met à bouger et nos regards se croisent lorsqu’elle ouvre finalement les yeux. Je lui souris tout en guettant ses moindres faits et gestes. Je me raccroche à l’espoir en voyant qu’elle ne tente pas de se défaire de mon étreinte à la seconde où elle se réveille. Je lui demande si elle a bien dormi, mais elle demeure silencieuse tout en caressant ma barbe. Je ferme les yeux quelques secondes, profitant de ce contact. « Comme une pierre. Et toi ? » Je rouvre les yeux et je hoche lentement la tête. « Oui. Ton lit n’a vraiment rien à envier au canapé-lit, je me suis cru à l’hôtel. » blagué-je dans l’espoir de détendre un peu l’atmosphère. Danika se blottit davantage contre moi, enfouissant son visage dans mon cou tandis que ses jambes se mêlent aux miennes et que ses mains caressent mon dos. J’appuie doucement ma tête contre la sienne et je caresse son dos d’une main pendant que je me perds dans mes pensées. J’ai presque du mal à réaliser ce qui est en train de se passer, pourtant, l’odeur de Danika n’est pas le fruit de mon imagination et les sentiments qu’elle manifeste en moi non plus.
« J’aimerais rester là pendant je ne sais pas combien de temps. » Sa voix me sort de mes pensées et je ne peux m’empêcher de sourire à ses paroles, rassuré de voir que nous semblons être sur la même longueur d’ondes. « Moi aussi. J’ai pas le goût de me lever. » dis-je en tournant légèrement la tête pour l’embrasser sur la tempe. Danika recule légèrement la tête et les battements de mon cœur s’accélèrent lorsque mon regard s’accroche au sien. « Je regrette pas. » Trois mots qui paraissent si simples mais qui m’enlèvent un poids énorme. Et comme pour donner encore plus de poids à ses paroles, ses lèvres viennent rejoindre furtivement les miennes une première fois, puis plus longuement une deuxième fois. Je lui rends ses baisers sans aucune hésitation. « Non, je regrette pas du tout. Et toi ? » Le front toujours collé au sien, je relève mes yeux vers les siens mais ceux-ci sont clos, elle ne peut donc pas voir le sourire éclatant qui se dessine sur mes traits. Je remue lentement la tête pour caresser doucement son visage avec le bout de mon nez alors que je lui murmure « Mon seul regret est de ne pas l’avoir fait plus tôt », tout en lui caressant affectueusement la nuque du bout des doigts, glissant ceux-ci dans ses cheveux pour les agripper. Je relève le menton et je pose mes lèvres sur les siennes pour l’embrasser tendrement. À cet instant, j’aimerais que le temps s’arrête et qu’on puisse rester l’un contre l’autre toute la journée mais je sais que Maddox risque de se réveiller d’un instant à l’autre, je calme donc mes ardeurs en mettant fin au baiser à contrecœur, rouvrant les yeux pour l’observer d’un regard amoureux. Je me perds dans ses yeux pour l’énième fois tandis que je suis sur le point de perdre le combat que je mène contre moi-même pour ne pas prononcer les mots qui me brûlent les lèvres. « Je suis vraiment bien. » Je lui souris puis je passe ma langue sur mes lèvres, hésitant. « Dan, je… » Des hématomes que je n’avais pas remarqués la veille attirent mon attention. Je fronce les sourcils et je caresse délicatement sa peau violacée du bout des doigts pour ne pas lui faire mal. « Tu t’es fait ça comment? » demandé-je en plongeant mon regard dans le sien. Quelques minutes plus tard, le bruit d’un objet qui tombe résonne du babyphone. Déçu que le petit soit déjà réveillé, je laisse échapper une grimace boudeuse et je serre Danika davantage contre moi pour qu’elle ne puisse pas se lever. « Nonnnnnnn. Reste. » J’enroule mes jambes autour d’elle pour la bloquer, profitant de ces dernières secondes à deux pour l’embrasser une fois de plus avant de reculer mon visage pour la regarder. Je lui souris. « Je m’en occupe. » Je l’embrasse sur le bout du nez puis je relâche mon étreinte pour la libérer. Je me relève pour enfiler mon boxer et mon pantalon avant de regarder Danika avec complicité. « Habille-toi, je reviens. » Je lui lance mon chandail et je me penche pour l’embrasser une dernière fois, quittant sa chambre après lui avoir tapé une fesse.
« Hey little man. Bien dormi? » demandé-je à Maddox en m’approchant de son lit. Le sourire aux lèvres, il hoche lentement la tête sans rien dire, visiblement toujours un peu endormi. « On va voir maman? » Il hoche la tête en tassant une mèche de cheveux de ses yeux. Je tends mes bras vers lui pour le prendre mais il hésite un moment parce qu’il ne sait pas quelle peluche prendre avec lui. Après quelques secondes de réflexion, il en prend une qu’il blottit contre son torse. « Peut-être qu’on devrait juste rester ici tous les deux et ne pas aller voir maman, qu’est-ce que t’en penses? » dis-je sur un ton moqueur en fixant le babyphone. Maddox secoue vivement la tête en souriant. Je ris silencieusement et je le prends dans mes bras. « On s’en vient. » dis-je à l’attention de Danika en espérant qu’elle avait eu le temps de s’habiller. Quelques secondes plus tard, nous franchissons la porte de la chambre de Dan. Je m’assois sur le lit puis je me recouche en serrant le petit contre moi pour qu’il ne tombe pas, le déposant ensuite entre nous deux. Maddox s’allonge en serrant sa peluche contre lui et il se blottit contre sa mère. Pendant ce temps, je me tourne face à eux et je replis un bras sous ma tête sans les quitter des yeux, le regard pétillant. Je caresse discrètement les cheveux de Danika à l’abri du regard du petit. Parce que même si à l’instant tout semble parfait, je sais que l’équilibre entre nous demeure fragile. Malgré ça, en ce moment, j’ai envie d’y croire.
« Plains toi va, ça aurait pu être pire j’aurais pu te faire dormir sur un matelas de camping ! » Mon rire se mélange au sien tandis que je fais semblant d’avoir l’air offusqué. « En quoi dire que je me suis cru à l’hôtel c’est me plaindre, exactement? Tu cherches des poux où y’en a pas. » Je lui pince une hanche en riant avant de reprendre un air un peu plus sérieux. « Pire encore, t’aurais pu ne pas m’offrir de venir ici. » Et si ça avait été le cas, notre relation n’en serait clairement pas au même point, tout comme ma relation avec Maddox. Même si notre avenir à deux – ou à trois – demeure incertain, à cet instant je ne regrette pas du tout d’avoir accepté son offre de venir habiter ici temporairement. « Sans toi, j’aurais probablement atterri chez Stacey et Mila. » Je rapproche un peu ma tête de la sienne comme pour lui dire un secret. « Je pense que leur père serait porté disparu aujourd’hui, c’est impossible que j’aurais réussi à l’endurer. » murmuré-je en grimaçant avant d’ouvrir grand les yeux en riant. « Oh my god, mais j’aurais pas eu besoin de supporter Mia toute une soirée. » dis-je en levant les yeux au ciel avant de retourner la tête vers elle pour l’implorer du regard. « Ne me fais plus jamais ça. » Je pense que j’aimerais mieux prendre le risque de me casser la gueule dans ma douche tout seul que de devoir l’endurer une soirée de plus.
Les rapprochements que nous avons eus hier soir suscitent tout un paquet de questions que je meurs d’envie de lui poser afin d’être fixé, mais je sais que ce n’est pas le moment alors je demeure silencieux et j’attends que Danika s’exprime sans lui mettre de pression. Lorsqu’elle confirme qu’elle ne regrette pas du tout ce qui s’est passé, mon cœur devient instantanément plus léger. Je me sens rassuré même si je me sens également perdu puisque je n’ai aucune idée de ce qu’elle désire pour la suite. Ce que je sais, cependant, c’est que je n’ai pas envie de me contenter d’être une distraction pour elle. Je rêve d’enfin pouvoir me poser après toutes ces années à aller voir à droite et à gauche et j’aperçois une lueur d’espoir dans le comportement que Danika a avec moi ce matin. Lorsque nos lèvres se retrouvent et qu’elle arque son corps contre le mien, je pose ma main libre dans le creux de ses reins pour presser son corps davantage contre le mien, comme deux pièces de puzzle qui s’emboîtent parfaitement. Jusqu’à ce que nous mettions fin au baiser, conscients que Maddox risque de se réveiller d’une minute à l’autre. À cet instant, tandis que mon regard s’attarde sur son visage, je décide de faire disparaître les doutes en lui faisant part de mes sentiments mais mon regard est attiré par des hématomes que je n’avais pas remarqués la veille tout juste avant que je prononce les mots. Inquiet, je lui demande ce qui s’est passé. « Oh rien…c’était au dojo j’ai pas fait gaffe. » Rassuré, je hoche lentement la tête en souriant. « Je ne savais pas que tu avais recommencé à te battre. » dis-je en repensant à ce soir de janvier où la boxe semblait être un sujet toujours tabou pour elle.
Comme nous l’avions deviné, Maddox se réveille et je décide d’aller le chercher pendant que Danika s’habille. C’est avec le sourire aux lèvres que je pénètre de nouveau dans la chambre de Danika avec le petit dans les bras, cette fois-ci. « Hey Maddy. » Je dépose le petit sur le lit avant de m’allonger à mon tour tandis que Danika enveloppe notre fils avec ses bras. Maddox commence à raconter son rêve pendant que je caresse les cheveux de mon ex sans la quitter des yeux une seconde, un petit sourire au coin des lèvres. Malgré les derniers mois qui n’ont pas toujours été faciles, je me sens chanceux présentement de partager ce moment avec eux et je n’ai pas envie d’être nulle part ailleurs. « Il y avait qui d’autre dans ton rêve Maddy ? » Je pose mon regard sur Maddox pour écouter la suite de son récit dont il nous raconte les moindres détails avec passion. « Il y avait toi Maman, tu avais un grand dragon noir ! Et puis il y avait Papa sur un grand dragon rouge. » Mes doigts cessent instantanément de bouger dans la chevelure de Danika tandis que je l’interroge du regard pour vérifier que j’ai bien entendu ce que le petit vient de dire et que ce n’est pas mon imagination qui me joue des tours. « Est-ce qu’il vient juste de… » murmuré-je d’une voix à peine audible pendant que mon cœur s’affole dans ma poitrine et que mes yeux commencent à me picoter. « T’as pas peur des dragons rouges hein Papa ? » Je secoue négativement la tête en déglutissant difficilement, trop ému pour prononcer le moindre mot. Quelques larmes de joie ruissellent le long de mes joues et je me dépêche de les essuyer du bout des doigts avant que Maddox ne remarque quoi que ce soit. « Oh tu sais, Papa c’est un froussard, sur un grand dragon rouge il va avoir peur. Peut être qu’un bébé dragon ça serait moins effrayant. » Je secoue la tête en me mordillant la lèvre inférieur, le regard pétillant. « C’est ce qui m’a allumé chez toi, ta taille de naine. » Je lui fais un clin d’œil et je ne peux m’empêcher de rire à mon tour à force d’entendre le petit rire de nos taquineries. « Mais noooooon tu racontes n’importe quoi ! Papa c’est un géant il lui faut un super grand dragon ! » Je hausse les sourcils en fixant Danika tout en point Maddox avec mon index. « La vérité sort de la bouche des enfants. » J’ouvre ma paume pour que le petit tape dans ma main. « Je vais aller chercher mon dragon! » Je l’aide à descendre du lit puis je le regarde sortir de la chambre avec fierté. Lorsqu’il disparait de mon champ de vision, je me laisse retomber sur le lit et j’en profite pour embrasser Danika avant qu’il revienne tout en recroisant mes jambes avec les siennes. « Merci de m’avoir laissé ma chance. » dis-je la voix rempli d’émotions tout en caressant affectueusement son avant-bras du bout des doigts en espérant que ce petit moment en famille n'était que le premier d'une longue série .
« Vis pour ce que demain a à t’offrir et non pour ce que hier t’a enlevé. »