≈ ≈ ≈
{i'm just curious, is it serious?}
crédit/(hqgifhunting/tumblr) ✰ w/@Itziar Cortés de Aguilar

Dans un sens, tu es déjà ton propre patron. Oui, c'est toi qui décides combien d'heures tu veux passer au studio par semaine, quel type de classe tu veux donner et quel jour, le nombre d'élèves présents, etc... Même avec ton métier de la nuit, c'est toujours toi qui détermines où et quand, tu peux même te permettre de refuser certains clients et de ne pas faire ton apparition à telle ou telle soirée. Et ce même si quand il y a un refus de ta part, ta boite mail professionnelle se retrouve envahie de messages plus que désagréables, il est très facile d'ignorer tout ceci et de rester en contrôle. Car c'est cela que tu as acquis depuis que tu as quitté les bancs universitaires et ce que tu ne pourrais abandonner pour rien au monde, faire ce qui te plaît, quand tu le veux. Et pourtant, les mots échangés avec Itziar il y a des mois de cela, cette idée folle d'avoir votre propre club pour gentlemen, elle ne t'a pas quittée et tu te retrouves souvent à y penser quand tu devrais songer à autre chose.
Tu penses à des uniformes, roses et colorés, quand tu es en train de regarder un film avec Evelyn; tu te dis que tu pourrais apprendre telle ou telle chorégraphie à des futures employées quand tu es sur les planches du studio de Spring Hill à échanger avec des débutants et tu te dis qu'Itziar a l'expertise nécessaire pour se charger d'un bar et tout ce qui touche de près ou de loin à de la consommation d'alcool. Alors tu as fini par sauter le pas et tu as contacté un agent immobilier en février, ne sachant pas vraiment ce que tu cherchais, lui demandant de te donner un coup de fil dès qu'un espace serait libre et à un prix abordable. Car le but ne serait pas de se ruiner, n'est-ce pas ? Tu ne sais même pas quel serait le but de l'opération, tu es surprise par ta propre initiative, et encore plus aujourd'hui, tandis que tu sors de ton Uber, quelques mèches encore blondes s'échappant de ta queue-de-cheval et serrant la main de l'homme en costume. Il est plus âgé et il fait plus professionnel que toi dans ton habituelle combo mini-jupe/veste en plaid, mais tu t'en fiches, vous avez déjà passé l'étape où il t'interroge sur tes finances et il sait que tu as de quoi voir venir, n'est-ce pas la seule chose qui intéresse un agent immobilier maintenant que tu y songes.
"Elle ne devrait pas tarder..." Tu fais référence à Itziar, tu lui as envoyé un message il y a trois jours de cela pour qu'elle te rejoigne aujourd'hui et tu lui en as envoyé quelques-uns de plus la vieille et sur le trajet. Tu n'attends pas l'arrivée de ta meilleure amie et tu vas inspecter la devanture toi-même, le panneau A LOUER est plus que tentant, et tu jettes un coup d'œil par la fenêtre, tu peux déjà apercevoir un comptoir et la présence de nombreuses tables et chaises... l'endroit a plus des allures de set de films d'horreur qu'autre chose, mais il est de taille plus que raisonnable. Tu pivotes sur tes talons en entendant l'arrivée d'un autre véhicule et tu tires pratiquement Itziar hors du dit véhicule, t'emparant déjà de la main de la blonde. "Okay, l'idée est complètement folle et pourquoi je t'ai demandé de me retrouver à neuf heures, oui je sais, c'est tôt mais regarde..." Un bonjour serait sûrement le bienvenu, mais tu es trop excitée et il faut que tu fasses quelque chose de tout ce trop-plein d'énergie, c'est certain. L'agent immobilier vous suit et il gratifie Itziar d'un sourire poli avant de brandir ses clefs et de vous laisser rentrer dans le bâtiment en question. Il se charge d'allumer les lumières, plus qu'une seule ampoule qui fonctionne et tu réalises que oui, il y aura sans doute beaucoup de travail à faire pour remettre tout ca à neuf, mais il y a suffiraient de place pour installer une scène. "C'est un espace à louer, c'est un ancien restaurant, visiblement ils ont dû fermer à cause d'une inspection sanitaire..." Tu hausses les épaules, les détails importent très peu à ce stade, ton regard se portant de nouveau sur Izzie. "Alors t'en penses quoi ?"

Elle ne lui avait pas donné beaucoup d'informations, Lara. Elle avait même été plutôt mystérieuse. Avait éludé ses questions. Elle avait donc reçu une adresse, Itziar. Une adresse et une heure à laquelle elle devait s'y présenter. Rien de plus. C'était étrange. Autant le lieu en lui-même, que l'heure du rendez-vous, à la fois matinale, mais pas tant que ça. Sa curiosité avait été piquée à vif. Surtout quand ses questions sur le pourquoi du comment n'avaient obtenues aucune réponse. Elle avait donc pris son mal en patience avec la promesse que les réponses à ses questions lui seraient apportées en temps voulu. Elle avait reçu quelques autres messages de la part de son amie la veille et ce matin. Comme si elle avait peur qu'elle oublie ou qu'elle ne vienne pas à l'heure qui avait été fixée. Il n'y avait pas de risque. Itziar était bien trop curieuse pour oublier. Il y avait des chances qu'elle soit en retard. C'était toujours une possibilité avec l'espagnole. La probabilité était en revanche plutôt minime quand il semblait y avoir un enjeu comme aujourd'hui. Parce qu'elle avait essayé de fouiner un peu, trouver des réponses à ses propres questions d'elle-même. Elle avait cherché l'adresse sur Google pour voir où Lara voulait qu'elles se retrouvent. Ça l'avait conduite sur la page d'un restaurant, visiblement fermé depuis des mois de manière définitive. Ca ne l'avait donc pas plus avancée que cela. Elle n'arrivait pas bien à imaginer un quelconque rapport entre un restaurant un peu glauque, fermé depuis un moment et Lara. Si c'était pour se montrer outrée de la fermeture d'un de ses restaurants préférés, elle aurait été plus directe, elle n'aurait pas fait jouer le suspens et elle ne l'aurait pas faite venir à neuf heures du matin à Redcliffe pour lui faire part de son mécontentement. Il y avait donc autre chose, même si elle ne savait pas quoi.

Elle avait commandé un Uber en urgence, parce qu'elle était déjà juste niveau timing et qu'elle n'avait pas le temps de se battre avec son scooter qui se montrait récalcitrant, calant avant même qu'elle n'arrive à démarrer correctement. Elle était allée reposer son casque chez elle avant de sauter à l'arrière de la voiture, laissant le problème de côté pour plus tard. Qui sait, quand elle rentrerait chez elle tout à l'heure, peut-être qu'il se mettra miraculeusement à démarrer sans le moindre souci. Une utopie dont elle était parfaitement conscience et qui ne l'inquiétait pas plus que cela. Il y avait bien plus grave que cela dans la vie et elle, elle avait bien mieux que ça à faire. Notamment parce que la voiture arrivait à l'adresse que lui avait envoyé Lara et qu'elle pouvait voir la jeune femme attendre sur le trottoir accompagné d'un homme costume. D'ailleurs, une fois que son chauffeur s'arrête, elle n'a même pas le temps de vraiment le remercier pour la course, esquissant un bref 'au revoir' alors que Lara la tire par la main hors de la voiture. Pas de bonjour, juste une mention d'idée folle et une invitation à regarder en face d'elle. C'est un sourcil interrogateur qu'elle offre comme réponse à l'australienne avant de s'intéresser un peu plus à la devanture du bâtiment. "Qu'est-ce que c'est ?" demande-t-elle à Lara. Une question plus rhétorique qu'autre chose, parce qu'elle est loin d'être aveugle et qu'elle n'a pas manqué le panneau à l'entrée, indiquant que l'endroit est à louer. Elle ne capte pourtant pas tout de suite, l'espagnole. Elle suit l'agent immobilier qui leur ouvre la porte avant de pouvoir rentrer à l'intérieur, curieuse. D'autant plus quand elle constate l'état plutôt délabré des lieux. La seule ampoule s'allumant encore et ayant donc la tâche d'éclairer tout l'établissement n'est pas franchement des plus accueillantes. Vu comme ça, ça ressemble plus à un endroit dans lequel elle éviterait de se retrouver seule en pleine nuit. Elle est plutôt dubitative, sur le moment. Puis Lara en dit plus. Elle la ramène quelques mois en arrière, sur la piste de danse improvisée dans cette villa où avait lieu l'anniversaire d'un type plus riche que riche qui ne se refusait rien. Elle se souvient de la discussion plutôt légère qu'elles avaient eu quant à cette idée saugrenue d'ouvrir leur propre club. Un club qu'elles transformeraient en safe space pour les filles qui y travailleraient et feraient les choses à leur manière, selon leurs règles. Quand ça lui revient, elle voit l'endroit d'un œil différent. "J'en pense que l'idée est complètement folle." Qu'elle commence par dire, reprenant les mots de sa meilleure amie. Parce que c'était vrai. C'était fou comme projet. D'ailleurs, est-ce que s'en était un ? Elles étaient en train de plaisanter quand elles parlaient de ça la dernière fois. Ce n'était que des paroles en l'air après tout. Non ? "Mais en même temps, le bar là-bas à l'air quasi fonctionnel vu d'ici. Un peu sale, peut-être. J'crois qu'il faudrait désinfecter du sol au plafond et puis éparpiller de la mort aux rats un peu partout." Continue-t-elle en s'approchant un peu plus du comptoir. Elle n'hésite d'ailleurs pas à passer derrière. Elle fait comme chez elle. Elle inspecte. Elle se hype toute seule, peut-être sans raison. C'est son côté rêveur. Celui qui lui fait imaginer que rien n'est impossible. "Il y a la place d'installer une grande scène aussi. Soit au milieu avec les tables tout autour, soit au fond là-bas." Elle n'est pas architecte, ni designer d'intérieur, mais ça ne l'empêche pas de se projeter et de visualiser ce qu'elle raconte. "Mais ça reste une idée complètement folle ! Je croyais que c'était quelque chose que tu considérerais réellement que si t'avais des verres dans le nez ?" Lui demande-t-elle en riant. Après tout, ça faisait partie des plans sur la comète qu'elle était capable de mettre en place quand elle était à quatre grammes et perdait tout sens de la réalité.

≈ ≈ ≈
{i'm just curious, is it serious?}
crédit/(hqgifhunting/tumblr) ✰ w/@Itziar Cortés de Aguilar

Oui, tu es connue pour prendre des décisions sur des coup de têtes. Oui, c’est un fait et c’est quelque chose que l’on peut associer sans aucun problème avec Lara Zara Pearson et c’est même quelque chose qu’Evelyn t’a reprochée lors de votre seule et unique dispute. Mais pour toi, il ne s’agit pas du tout d’être impulsive, ou complètement immature et téméraire, non, tu écoutes ton cœur, tu suis ton instinct et ce peu importe où cela te mène. Dans tous les cas, tu te retrousses les manches et tu fais de ton mieux pour avancer, sans jamais baisser les bras. C’est un peu ... comme être sur une piste de danse, quand tu te retrouves à improviser, tu écoutes le rythme, tu écoutes les trémolos de ton cœur et tu bouges en fonction, et c’est tout. C’est pour cette raison que tu es partie de chez tes parents il y a des années de cela, pourquoi tu as fini par quitter l’université et ce chemin tout tracé pour toi, pourquoi tu es devenue une strip-teaseuse et même ce qui t’a poussée à emménager avec Evelyn alors que tu aurais pu décider de couper les ponts avec tout le clan Pearson. Cela ne fait pas vraiment de sens, tu ne saurais pas vraiment l’expliquer mais tu te dis que si quelqu’un peut bien le comprendre, c’est Itziar.
Il n’y a jamais rien eu de calculé, de surjoué ou d’hypocrite dans vos rencontres et vos échanges, la blonde sait parfaitement comment tu fonctionnes, et plus que jamais, tu as besoin qu’elle comprenne qu’il ne s’agit pas d’un coup de tête, mais une de ces décisions qui sont importantes pour toi et qui vont déterminer les prochaines semaines à venir. Car il est hors de question de te lancer dans tout ceci sans la blonde à tes côtés, si sa réponse est négative, alors tu n’en parleras plus jamais, et bien entendu, tu ne lui en voudras pas du tout. Bien sûr que non, chacun ses opinions et chacun son avis et plus que jamais, tu veux entendre celui d’Izzie. Que tu as entraîné à l’intérieur et tandis qu’elle observe les lieux elle-même, toi, tu l’observes pendant une longue minute, écoutant sa réaction, riant avec la blonde l’instant d’après, ayant complètement oublié l’agent immobilier qui vous accompagne. "L’idée EST complètement folle, Izzie, complètement." Que tu répètes, car il s’agit d’un fait et de la vérité, mais c’est elle qui vient de mentionner le fait que le bar est fonctionnel et que l’endroit à un semblant de potentiel. C’est assez pour que ton sourire s’agrandisse et tu finis par prendre une profonde inspiration, tes yeux parcourant l’espace et là où tu peux déjà voir une scène et tu hausses les épaules, jouant la carte de l’honnêteté.
"Et je ne sais pas, depuis qu’on en a parlé, je n’arrête pas d’y penser, et j’ai contacté un agent immobilier en pensant qu’il ne trouverait rien de décent dans mes prix mais..." Mais vous êtes bien là aujourd’hui, il n’y a rien de figé, vous n’avez encore rien signé, mais se projeter te fait... un bien fou. Oui, on t’a assurée que tu finirais par regretter de ne pas avoir fini tes études, et que tout cela reviendrait te hanter, cependant, plus tu t’éloignes de cette vie-là, plus tu fais ce qui te plait et mieux tu te sens. Tu as peut-être ce nom de famille-là, mais tu es libre, complètement libre de faire ce que tu veux, et cela n’a jamais été autant vrai qu’aujourd’hui. "Si on nettoie tout et qu’on trouve quelqu’un pour tout retaper, et qu’on s’occupe du bar, qu’on finit bien par installer une scène... Et quelques lumières et projecteurs décents..." Oui, l’endroit fait peur à voir et oui, tu réalises bien qu’il va falloir déverser une petite fortune pour pouvoir ouvrir un vrai établissement, un vrai club pour gentlemen, mais pas que, un club où tous se sentiraient en sécurité, surtout les danseuses, et où vous pourriez veiller au grain et accepter qui vous voulez, quand vous le voulez. "Tout ça pourrait être à nous." Tu termines ta phrase, ton regard retombant sur Itziar, une certaine nervosité te saisit l’instant suivant, parce que tu réalises bien ce que tu es en train de faire. Tu ne veux rien imposer à Itziar mais elle est l’autre pièce essentielle du puzzle, cela ne fait absolument aucun doute à tes yeux.
"Et oui, j’ai dit nous, et cette fois-ci, je suis totalement sérieuse..." Tu n’as jamais été aussi sérieuse de toute ta vie, mais ça, l’autre jeune femme doit sans douter et elle te connait assez pour pouvoir identifier les signes. "Voyons le reste avant que tu ne me répondes..." Que tu ajoutes rapidement et tu fais un signe de tête vers l’agent immobilier pour qu’il vous en montre plus. Il t’offre un sourire professionnel avant de vous guider vers ce qui a été une cuisine et l’arrière-boutique. Où tu tires déjà Izzie, prête à voir plus.

L'idée était folle. Complètement folle. Elle avait tout d'un plan sur la comète à première vue. Le genre de choses dont on parle avec légèreté. Le genre de plan qu'on envisage sans vraiment l'envisager complètement. On en parle, on se dit toujours qu'un jour, peut-être, on ferait de cette idée folle une réalité. Quand on aurait le temps. Quand on aurait l'argent pour la concrétiser. Ou quand on aurait tout simplement l'occasion de le faire. Pour les idées comme celles-ci, le bon moment n'arrivait en général jamais. Ce n'était pas un problème pour autant. Parce que c'était le genre d'idée qu'on lançait comme ça en parfaite connaissance de cause. Elle n'avait pas l'habitude que ces idées deviennent un peu plus concrètes, Itziar. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de se retourner quelques mois en arrière, sur la piste de danse de cette villa gigantesque qui avait accueilli cette fête d'anniversaire complètement démesurée. Elle avait été emballée par l'idée à ce moment précis. Elle aurait pu faire bien plus de plans à ce sujet aussi. Ce n'était donc pas bien difficile pour elle de se projeter. Même si l'endroit, vu comme ça, n'avait rien de flatteur. Il était clair que les anciens locataires qui s'occupaient du restaurant n'avaient pas pris la peine de prendre soin des lieux. Le propriétaire n'avait quant à lui, pas particulièrement jugé opportun de donner un petit coup de neuf au local avant de le remettre sur le marché. Il ne leur restait donc que leur imagination pour imaginer ce à quoi cet endroit pourrait ressembler avec un peu d'huile de coude et quelques idées. Des idées et de l'imagination, Itziar en avait à revendre. Surtout quand elle était lancée. "Mais il a trouvé et t'aurais pas pu continuer sans jeter un oeil ?" Qu'elle demande, continuant la phrase de Lara en souriant. Parce qu'elle pouvait comprendre. Elle aussi quand elle avait quelque chose en tête, elle avait du mal à s'en défaire et le seul moyen était bien souvent d'aller au bout de ses pensées. Quand elle avait une idée, elle ne savait rien faire d'autre que foncer. Impulsive, elle l'était, c'était certain, mais elle n'avait pourtant pas vraiment l'impression de prendre des décisions inconsidérées. Elle suivait son instinct, plus qu'autre chose.

Son instinct lui rappelait qu'il ne fallait pas juger un livre par sa couverture. Que ce dicton était tout aussi applicable à cet endroit qu'à quoi que ce soit d'autre. A première vue, ça n'avait rien d'un palace et ressemblait plus à un taudis qu'autre chose. En un clin d'oeil on pouvait comprendre pourquoi le restaurant qui avait longtemps occupé les lieux avait fini par fermer pour raisons sanitaires. Cependant, en y regardant de plus près, Itziar voit le potentiel. Elle voit l'espace suffisant pour installer le nécessaire pour en faire un club digne de ce nom. Elle n'a pas de mal à imaginer un bon ménage de fond en comble pour redonner une deuxième jeunesse à chaque centimètre carré. Il y avait certes des installations et une bonne dose de bricolage à faire, mais l'endroit n'était pas à détruire. Il fallait simplement pallier des années de négligence de la part des anciens locataires qui étaient sans l'ombre d'un doute peu scrupuleux tant qu'ils pouvaient faire tourner leur petite affaire. "Ca reste complètement fou." Qu'elle répond. Parce qu'elle a besoin de le dire une fois de plus. Comme si Lara n'en était pas vraiment consciente. Parce que même si elle n'a aucun mal à se projeter et à imaginer l'endroit complètement remis à neuf, elle a bien du mal à imaginer que Lara et elle pourraient en être à la tête. Ça semblait irréel. Même dans la bouche de sa meilleure amie. Même quand elle confirme qu'elle est totalement sérieuse et qu'elle l'emmène visiter la suite avant qu'elle ne lui donne une quelconque réponse. Ça lui va comme compromis. Parce qu'en en voyant un peu plus, peut-être qu'elle arrivera un peu plus à réaliser le sérieux de la situation. A imaginer que si elle le voulait vraiment, cette idée pouvait finalement être plus qu'une simple plaisanterie que l'on lance comme ça, à pas d'heure, au milieu d'une piste de danse en se déhanchant sur de la musique. Elle se laisse donc entraîner pour le reste de la visite. En premier, ce qui était à l'époque la cuisine du restaurant. Une pièce qui ne leur servira sans doute pas en l'état si le projet abouti, mais une pièce qu'elle pourront bien évidemment utiliser pour autre chose. Un vestiaire, peut-être, pour les danseuses. Ce serait bien plus spacieux que nécessaire et permettrait à chacune d'avoir son petit espace personnel. L'arrière boutique qui vient après pourrait elle aussi être utilisée, notamment pour stocker toutes les provisions nécessaires au bar. L'endroit bénéficie aussi de toilettes, qui ne manquent pas d'attirer l'attention de l'espagnole. "J'aurai pensé que les toilettes seraient dans un pire état." Qu'elle déclare après y avoir jeté un rapide coup d'œil. C'est certes, à l'image du reste des lieux, mais ce n'est pas pire, comme elle aurait pu l'imaginer pour cet endroit, bien souvent délaissé par la propreté. "En vrai c'est pas mal du tout. C'est pas beau et ça ne vend pas forcément du rêve comme ça, mais c'est juste que ça n'a pas été entretenu." Voilà ce qu'elle retient de cette visite. Parce qu'elle est capable de voire outre le délabrement et le clair manque d'entretien de tous les recoins. "Mais on pourrait vraiment en faire quelque chose de cool. Toi et moi. Il n'y a aucun doute là-dessus." Qu'elle continue avant d'ajouter. "Maintenant avant que je m'emballe trop faut que tu me dises combien ça nous coûterait. Autant le loyer que les travaux parce qu'il est clair que si on fait ça ensemble, je veux contribuer tout autant." Et c'était là qu'elle s'en remettait complètement à Lara et à l'agent immobilier, parce qu'elle n'avait aucune notion du prix de ce genre de choses.

≈ ≈ ≈
{i'm just curious, is it serious?}
crédit/(hqgifhunting/tumblr) ✰ w/@Itziar Cortés de Aguilar

"Exactement." Que tu murmures simplement quand la blonde résume parfaitement bien le sentiment qui s'est emparé de toi quand l'agent immobilier a fini par te rappeler. Tu aurais été bien incapable de continuer ta journée voire même ta semaine sans venir faire un tour par ici et observer le lieu toi-même et tu es bien contente dans le fond qu'Itziar le comprenne et qu'elle ne le remette pas en question, non. Elle est toujours là, elle n'a pas encore essayé de te faire redescendre sur terre, et tu ne sais même pas si quelqu'un y arriverait dans la présente car tu es beaucoup trop excitée pour cela et vous continuez le reste de la visite. "Complètement fou." Tu laisses échapper les mots suivants, resserrant ta prise sur le poignet d'Itziar, plus que prête à en voir plus. La taille de l'ancienne cuisine est plus que respectable et tu réalises rapidement que vous ne pourrez pas utiliser la moitié du matériel qui s'y trouve actuellement. Du matériel dans un état plus que pitoyable mais dont il faudrait se débarrasser, pourquoi pas faire de cet espace-ci des salles pour des danses privées, pour les clients qui ne veulent vraiment pas partager et qui sont prêts à en dépenser plus...
Tu es plus que familière avec ce type de clients-là, en général, ce sont eux qui laissent les meilleurs pourboires, ils ne regardent même pas au prix et ils sont prêts à donner beaucoup, juste pour voir leurs danseuses préférées. Tu ranges l'idée dans un coin de ta tête et la visite continue, vers l'arrière-boutique, puis des toilettes qui ont connu de meilleurs jours, mais qui ne sont pas si déplorables que ça... un bon coup de ménage pourrait certainement aider dans un premier temps et faire toute la différence. Et tu as l'impression qu'Izzie lit dans tes pensées, vraiment, quand elle te donne son avis l'instant suivant, les propos de la blonde correspondant exactement à ton propre ressenti. Cela ne peut pas juste être une coïncidence, pas vrai ? Tu te tournes vers elle en hochant vigoureusement la tête, ton sourire ne faiblissant pas, bien au contraire."Tu le penses vraiment ? Parce que je suis tout à fait d'accord avec toi, okay, il faudrait refaire des bons travaux et s'assurer que tout est aux normes et que les futures danseuses se sentent en sécurité partout mais... ça serait totalement faisable." Ce n'est pas la pire idée du siècle et si on se concentre simplement sur l'aspect business de la chose, vous êtes presque assurées de toujours avoir des clients, après tout, la perspective de voir des filles en tenues légères a toujours attiré, tu fais ce métier depuis presque trois ans maintenant et les opportunités ne manquent pas. Les endroits où exercer ta profession en toute tranquillité et sécurité ? Ils sont plus que rares.
Izzie pose la bonne question ensuite, vous n'êtes plus des gamines et vous savez très bien que faire ce genre de plan, cela nécessite de l'argent. "Ce n'est pas à moi qu'il faut demander cela..." Tu as un coup de tête vers l'agent immobilier, ce dernier s'est mis à pianoter sur son téléphone portable et tu captes son attention en t'éclaircissant la gorge. "Si on décidait d'acheter les murs ça serait combien ?" Tu poses la question avec toute la confiance que tu possèdes, tentant de lui faire comprendre que oui, vous êtes intéressées et qu'il ne doit absolument pas se dire qu'il perd son temps parce que vous êtes deux jeunes femmes de moins de trente ans. Il n'a aucun moyen de savoir comment vous occupez votre temps libre alors... "L'offre actuelle du propriétaire est à 185 000 dollars, mais je dois avouer que le restaurant est sur le marché depuis pas mal de temps et il cherche à s'en débarrasser, il y aurait moyen de négocier jusqu'à 170 000 ..." Le prix qu'il annonce est élevé, bien entendu, tu n'en attendais pas moins, acheter une propriété n'a jamais été à la portée de tout le monde et tu fais un rapide calcul dans ta tête à toute vitesse, avant de te tourner de nouveau vers lui."Donnez-nous juste un instant, okay ?" Tu entraines Itziar de nouveau dans la pièce principale avant de considérer vos options.
"Toujours partante ?" Tu poses la question car tu ne lui en voudras pas si elle décide de reculer, à dire vrai, il vaut mieux qu'elle le dise maintenant plutôt qu'en chemin vers la banque ou en chemin pour signer les papiers. Car tu vois vraiment le potentiel de cet endroit, l'emplacement est plutôt avantageux, vous ne serez pas obligées de faire face aux étudiants et autres curieux du centre-ville, il y a largement de quoi faire installer une scène, créer des espaces privées et un vestiaire de taille conséquente pour les danseuses... "Bon, je ne vais pas te mentir, je n'ai pas cette somme-là sur mon compte en banque, mais tu sais très bien que je gagne bien ma vie et si je fais quelques grosses soirées pendant une ou deux semaines, j'aurais assez pour un prêt dans n'importe quelle banque..." Que tu expliques rapidement, et puis il faut l'avouer, tu as plus l'habitude de garder ton argent dans des boites de chaussures qui sont elles cachées sous ton lit, plutôt que d'aller le déposer à la banque. Question d'habitude et toutes les danseuses que tu connais le font alors... Alors tu pourrais avoir ce genre de capital et même rapidement, assez rapidement pour faire une offre et ... quoi ? Avoir votre propre club ? Oui, quelque chose comme cela, et la pensée est plus que tentante.

Bien sûr qu'elle pense vraiment ce qu'elle vient de dire. Elle n'est pas du genre à mentir, Itziar. Encore moins avec Lara et encore moins quand il s'agit d'un projet sérieux. Elle ne plaisanterait pas sur ça. Pas à ce stade. Elle aurait pu plaisanter s'il avait seulement été question de se retrouver dans son salon, ordinateur portable posé sur la table basse pour faire défiler des annonces toutes les attrayantes les unes que les autres. Là, elle aurait pu plaisanter. Là, elle aurait pu prétendre qu'elle considérait vraiment mettre la main sur le bien le plus cher qu'elle n'avait clairement pas les moyens de se payer. Parce que si elle ne s'était pas trouvée là, aujourd'hui, avec un agent immobilier, ça n'aurait pas été très sérieux et elle aurait pu mentir, ou dire des choses qu'elle ne pensait pas. Cependant, là, elle captait tout de suite l'enjeu. Elle comprenait que c'était plus que sérieux et que son avis avait une réelle importance. "Bien sûr que je le pense vraiment. Est-ce que je suis raisonnable de penser comme ça ? Pas forcément, mais on se refait pas." Qu'elle répond en souriant. Ce n'était pas raisonnable. Ce n'était pas le genre de choses qu'elle s'était un jour imaginé faire. Avant aujourd'hui. Avant qu'elle ne se trouve dans cet endroit dans lequel elle n'avait étrangement pas de mal à s'imaginer construire quelque chose. Ça relevait sans doute un peu du rêve, à ce stade, mais elle était rêveuse. Faire des plans sur la comète ne lui posait donc pas de problème et elle avait vécu dans l'insouciance sur la réalité de la vie tellement longtemps qu'avoir la folie des grandeurs était comme une seconde nature pour elle. Cependant, elle n'avait pas particulièrement l'impression que le projet était démesuré ou qu'elles voulaient s'embarquer dans quelque chose bien plus important que ce qu'elles ne pourraient gérer d'une main de maître. Peut-être qu'elle était un peu trop sûre d'elle. Peut-être que le prix qui allait être annoncé était bien plus élevé que ce qu'elle pouvait imaginer et qu'en une demie-seconde, l'agent leur couperait l'herbe sous le pied. Parce que le prix, c'est l'élément qui lui vient vite en tête. Outre les idées qu'elle pourrait avoir pour transformer l'endroit et en faire un club à leur image, le prix était un facteur important. Si ce n'était pas le plus important. L'agent immobilier à la réponse, c'est lui qui a le pouvoir de mettre fin à la rêverie. Elle se tourne vers lui, Itziar, elle attend qu'il annonce la couleur quand Lara le lui demande. Elle ne sait pas vraiment à quoi s'attendre l'espagnole. Ce serait mentir que dire qu'elle connaît la vraie valeur des choses. Il y a une époque, pour elle, le prix annoncé aurait été dérisoire. Elle savait que ce qu'elle allait entendre dépassait probablement l'intégralité de ses économies et bien plus encore. Cependant, elle n'aurait pas été capable de chiffrer toute seule.

Et puis il chiffre, l'agent immobilier. Il annonce la couleur. La somme est importante, mais finalement, moins que ce qu'elle s'apprêtait à entendre. Ça dépasse bien largement les fonds disponibles sur son compte en banque, mais ça ne lui parait pas non plus être une somme astronomique. Elle se laisse d'ailleurs entraîner par Lara dans la pièce principale. Revenant là où elles avaient débuté la visite un peu plus tôt. Là où elle s'était sans doute montrée un peu critique. Où elle avait vu tous les défauts avant de rapidement les occulter pour voir ce qu'elles pourraient faire du lieu. Voir la manière dont elles pourraient le façonner à leur image. Lara lui demande si elle est toujours partante et elle lutte contre son impulsivité pour ne pas répondre du tac au tac. Elle prend un instant pour réfléchir, parce que ce n’est pas une décision en l’air. Ce n’est pas une décision qu’elle peut prendre à la légère aujourd’hui sans se soucier de ce que ça peut bien vouloir dire pour l’avenir. Elle n’est pas en train de décider de sa nouvelle lubie ou de son nouveau passe temps du moment. Alors, elle réfléchit quelques instants tout de même. Elle se demande si elle est prête à s’engager de la sorte, plus que si elle est partante. Est-ce qu’elle se sent capable de se lancer dans un projet aussi sérieux que celui-ci ? Elle pense que oui. D’autant plus si Lara est de la partie. “Toujours partante et toi ?” Parce que le fait que Lara fasse partie de l’équation, c’était l’assurance qu’elle ne fasse pas tout foirer. Puisqu’il ne s’agissait pas seulement d’elle-même, il y avait cette motivation supplémentaire. Cette envie de ne pas décevoir. D’autant plus quand il s’agissait de sa meilleure amie. S’il y avait bien quelque chose qu’elle ne voulait pas voir sur son visage, c’était de la déception la concernant. “Je peux mettre la main à la patte aussi. D’ailleurs, je veux le faire, hors de question que tout vienne de toi. Je suis plus que sérieuse. Après pour le prêt t’es clairement celle qui a le plus de chance d’en décrocher un pour des raisons évidentes.” A commencer par le fait qu’elle soit ici seulement parce qu’un bout de papier collé dans son passeport l’autorise à rester. Sans s’y connaître, il n’était pas difficile pour elle d’imaginer que sa nationalité pouvait être un frein. “En attendant, si tu veux que je vienne en renfort à tes grosses soirées, ça fera toujours plus d’argent.” Elle n’avait pas peur de se mouiller, Itziar et celle qui pensait finir sa vie en étant rentière s’avérait ne pas rechigner quand il s’agissait de travailler. Avoir un but, finalement, ça rendait le travail un peu plus facile. Elle ne travaillait plus sans raison, juste pour payer les factures, elle travaillait pour ne plus avoir à dépendre des autres, ce qui était une motivation des plus suffisante. "Tu penses qu'on peut le faire ? Tu penses qu'on peut vraiment réussir et qu'on n'est pas en train d'agir comme deux filles à papa qui croient vivre dans le monde des Bisounours ?" Qu'elle demande à Lara, alors qu'elle s'apprête à retourner dans la pièce d'à côté où attend toujours l'agent immobilier. "C'est clairement le truc le plus adulte que j'aurai fait de toute ma vie jusqu'à présent." Et c'était donc beaucoup. Certains commençaient par s'acheter un appartement, ou une voiture, elles, elles tapaient plus haut, avec tout ce que ça pouvait impliquer.

≈ ≈ ≈
{i'm just curious, is it serious?}
crédit/(hqgifhunting/tumblr) ✰ w/@Itziar Cortés de Aguilar

La réponse de la blonde est positive et cela est assez pour faire naitre un autre type de sourire sur ton visage, et tu es plus que prête à sauter sur place, ou à tout simplement sauter dans les bras d’Itziar et la remercier, vraiment, de ne pas t’avoir mise sur la touche et de croire en toi tout simplement. Tu ne le fais pas, mais le nouveau rythme avec lequel bat ton cœur est bien la preuve que tout cela est important pour toi et que la présence d’Itziar est toute aussi cruciale que rassurante. Car tu ne peux pas dire que beaucoup de gens t’ont accordée le bénéfice du doute au cours de ta vie, non, à part la blonde en face de toi et Evie, les gens ont toujours eu quelque chose à dire... sur absolument tout, sur tes agissements, sur ta façon de te tenir, sur ce que tu aimes, sur qui tu aimes... et au fil des années, cela est devenu drainant, mais plutôt que de te démotiver, cela t’a toujours donnée l’envie d’être toi-même dès que l’occasion s’y prête. Oui, toi-même, sans aucun compromis, sans détour et en acceptant que cela allait en faire fuir plus d’un ou que ta personnalité haute en couleur ne serait pas au goût de tout le monde. Tant pis, tu ne le regrettes pas, et tout cela t’a conduit jusqu’ici, pour entendre la réponse positive d’Izzie et tu hoches la tête quand elle te dit qu’elle veut mettre la main à la patte, tu n’aurais pas imaginé les choses autrement.
Vous allez être égales et absolument tout partager, du coup financier aux tâches, c’est le seul moyen de s’assurer que tout le monde y trouve son compte au final. Et les questions qu’elle pose ensuite sont tout à fait légitimes, ce n’est que l’écho de ce que tu ressens déjà et ton expression demeure inchangée. Pas parce que tu as déjà toutes les réponses et que tu vas repousser ses doutes à elle bien loin, non, tu n’as absolument pas les réponses, tu n’en sais rien... et ce n’est pas un problème, ne pas savoir ne t’effraie pas tant que cela, du tout même, pas quand tu es aussi bien accompagnée. "Hey. Déjà je t’interdis de dire ça, on n’est pas juste des filles à papa... on se débrouille très bien, autant que toi que moi alors..." Alors on peut vous accuser d’avoir grandi, toutes les deux en plus, dans une bulle, mais vous avez parcouru beaucoup de chemin depuis. Itziar est tout autant dépendante que toi, elle a un métier, vit avec une floppée de colocataires car c’est la chose responsable à faire vu l’économie de la ville et elle survient à ses propres besoins... franchement, si cela n’est pas être une femme brillante et accomplie, alors tu ne comprends plus rien. "Alors oui, tu as raison si on se décide, on fait les adultes jusqu’au bout et on ne peut pas retourner en arrière et peut-être que cela pourra se solder par un échec plus que conséquent et peut-être qu’on ne voudra plus se parler au final, qu’on s’enverra juste des piques et qu’on sera endettées mais..."
Est-ce que c’était le début d’un discours motivant au possible ? Probablement tu t’égares un peu en chemin, honnête au possible et n’imaginant pas un monde où tu ne parles à Itziar. Ce serait tout simplement impossible et il n’y a jamais eu d’accroc dans votre relation, vous êtes passées d’amantes à amies tout simplement, sans aucune difficulté et parce que vous êtes aussi directe l’une que l’autre. Et rien ne pourra changer cela. "Mais si ça fonctionne, on aura toujours un endroit rien qu’à nous, un endroit pour d’autres filles comme nous et personne ne pourra nous dire quoi faire..." Une idée qui te plait un peu trop pour être mise de côté à dire vrai. "C’est risqué mais... tout l’est, non ?" Tu n’essayes pas d’être philosophique, mais c’est la vérité, quand tu as abandonné tes études il y a deux ans de cela, ton entourage le plus proche t’a assurée que tu faisais une erreur colossale et que tu n’étais pas prête pour le monde, le vrai, et surtout sans le cocon des Pearsons et la sécurité apportée par tes parents. Et tu t’en es sortie, tu as appris des choses sur toi-même et tu sais maintenant, plus que jamais, de quoi tu es faite. Et tu ne baisses pas les bras quand quelque chose te plait, et tu ne laisses pas non plus tes proches sur la touche, jamais d’ailleurs. "Si on arrive respectivement à marcher sur plus de 7 cm de talons plus de douze heures par jour pour le boulot... on peut tout faire."
Et tu laisses échapper un léger rire à cette remarque parce que tu es autant sérieuse qu’euphorique en disant cela et tu finis par te tourner vers l’agent immobilier la seconde suivante, une idée qui te traverse l’esprit soudainement. "Okay si on veut faire une offre, est-ce possible de ... je ne sais pas comment ça marche moi, faire en sorte que cette propriété ne soit plus sur le marché pour quelqu’un d’autre, comme une sorte de réservation." Tu ne lui laisses pas le temps de répondre, tu fourres ton téléphone dans les mains d’Izzie, te penchant vers ton sac, contente de ne pas l’avoir complètement vidé, ayant quelques pourboires de la vielle, sans plus de cérémonies, tu mets deux liasses de billets conséquentes dans les mains du professionnel, toujours un franc sourire sur le visage. "Et avant que vous ne répondiez, oui, j’ai tout ça sur moi, non je ne fais rien d’illégal et vous êtes agent immobilier, je suis certaine que vous avez plein de collègues qui apprécient les filles en tenues légères; vous pourriez avoir une réduction dans notre futur établissement, vous et vos collègues." Il y doit avoir quoi ? Près de 4000 dollars dans les mains et tu es prête à aller utiliser le distributeur le plus proche pour montrer ton sérieux. Cela ne semble pas nécessaire car il t’observe avec un air étonné pendant deux secondes, avant de faire un rapide calcul pour lui et de poser ton argent sur le comptoir. "... Je vais voir ce que je peux faire pour vous." Des mots qui semblent plus que positifs maintenant, voilà ce que tu te dis tandis qu’il t’indique qu’il a un coup de fil à passer, et tu te tournes de nouveau vers Izzie.

Elle le sait, Itziar, qu'elle et Lara ne sont pas que des filles à papa. Elle l'a été pendant un moment. Très longtemps même et elle se confortait même dans cette position. Elle appréciait la sécurité que ça lui apportait sans chercher à voir ailleurs, sans chercher à voir plus. C'était derrière elle tout ça. Malgré elle, mais finalement, elle n'en était pas moins heureuse dans sa vie. Certes, les challenges n'étaient pas les mêmes et elle avait découvert des préoccupations qui ne lui avaient jamais traversé l'esprit, mais elle avait l'impression de faire quelque chose de sa vie. D'être plus que la fille de quelqu'un avec de l'argent. Ce n'était pas ça qui la définissait. Elle avait son propre monde, ses propres réussites tout comme ses propres échecs. Cependant, la question lui semble légitime. Elles n'ont aucune expérience. Elles ne peuvent pas se vanter d'avoir mené à bien un quelconque projet similaire de près ou de loin à celui-ci. Est-ce que toute la bonne volonté du monde pouvait suffire ? C'était surtout ça qui l'inquiétait. Elle n'avait pas peur de se salir les mains, elle n'avait pas peur de devoir organiser son emploi du temps à la minute près pour pouvoir tout concilier. Parce qu'elle savait que ça allait être une charge de travail en plus. Des heures venant s'ajouter à des semaines déjà bien remplies entre les cours et son travail au bar. Elle ne pouvait pas tout lâcher d'un coup. Tant que leur projet ne roulait pas, elle ne pouvait pas vraiment se permettre de démissionner et de tirer un trait sur son unique rentrée d'argent. Pour ses cours, elle ne pouvait pas non plus abandonner si près du but. D'autant plus quand ce n'était pas ce qui lui prenait le plus de temps. Elle était prête à faire des concessions. Elle était prête à dire adieu à quelques heures de sommeil en plus, à ses séances de surf matinales et à ses sorties se terminant à pas d'heure. Elle était prête à faire autant d'effort. C'était à quel point elle était motivée. Les paroles de Lara ne font que s'ajouter à cette motivation. Elles sont sur la même longueur d'onde, un signe annonciateur de leur réussite future dans ce projet, oserait-elle penser ? Elle veut y croire en tout cas. Elle veut se prouver qu'elles sont capables de se lancer dans une telle aventure et la mener à terme. "J'ai du mal à imaginer qu'on pourrait ne plus se parler. Endettées, je dis pas. Ne plus se parler et s'envoyer des piques ? Dans une autre vie peut-être." Qu'elle répond en riant. Parce que ça ne lui paraissait pas crédible, que Lara et elle finissent un jour par ne plus pouvoir se voir. D'ailleurs, ça paraissait encore plus fou que ce projet dans lequel elles se lançaient un peu plus chaque seconde. C'était pour dire. En revanche, ce que Lara disait faisait sens. Tout était risqué dans la vie, ou tout du moins, tout ce qui impliquait une certaine récompense à la clé. La récompense de ce projet, elle pouvait être belle. Elle faisait même rêver, encore plus quand l'australienne le dit à voix haute. Un lieu à elles, un lieu pour les autres femmes, un lieu pour se défaire de l'autorité de quiconque. "C'est pour ça qu'on dit qui ne tente rien n'a rien non ?" Qu'elle conclut à sa manière. Parce qu'elle n'a pas peur de prendre des risques, elle avait simplement besoin de s'assurer que Lara avait la même vision des choses. Même si finalement, ça semblait évident. "Je dirai même que si on arrive à pas se laisser bouffer par tous les hommes en manque de pouvoir dans la vie de tous les jours, on peut tout faire." Parce qu'il en fallait des efforts pour y parvenir. Un peu plus, un peu moins, perchées sur sept centimètres de talons, ou pas, elles n'étaient plus à ça près et la vie nocturne de Brisbane n'avait qu'à bien se tenir.

Elle laisse Lara prendre les rênes. C'est elle qui a organisé cette visite, c'est elle qui semble quand même bien plus calée sur la question. Elle, elle se contente de récupérer le téléphone que l'australienne vient lui poser dans les mains. Elle la regarde fouiller dans son sac et en sortir une liasse de billets. Elle ne peut s'empêcher de jeter un regard à l'agent immobilier pour capter sa réaction. Pas de doute, ce n'était probablement pas ce qu'il s'attendait à voir quand il les a vues débarquer ce matin. Elle retient un rire quand sa meilleure amie s'empresse de mettre les choses au clair. Qu'il ne se fasse pas d'idées. Cet argent, elle l'a gagné en toute légalité. "T'avais vraiment tout prévu ou c'est le hasard ?" Qu'elle demande à la jeune femme en ricanant alors que l'homme s'éloigne pour passer son coup de fil. "Parce qu'en vrai j'ai déjà des idées pour le business plan et tout, j'ai pas pu m'empêcher d'y réfléchir après la soirée." Qu'elle avoue. Rien de très sérieux. Elle n'a pas passé des heures à faire des recherches et à élaborer quoi que ce soit, mais elle a bien gribouillé dans un carnet à plusieurs reprises, notant les idées qui lui passaient par la tête. Rien n'était prévu, ce n'était que de la plaisanterie pure et simple, mais elle s'était dit que ça pourrait toujours servir. Un jour. Dans un futur plutôt lointain, pour un job quelconque. Tout partait d'une idée, alors elle n'avait pas laissé les siennes s'échapper et avait préféré les coucher sur le papier, au cas où. "Alors, j'ai eu mon collègue qui se charge aussi de faire visiter le bien." Elle tourne la tête quand l'agent revient vers elles. Elle l'écoute avec attention, ne parvenant pas à lire quoi que ce soit sur son visage. "Il y a deux autres visites de prévues. Une cet après-midi et une demain. Si vous voulez vous positionner, il faut que vous décidiez rapidement. Vous pouvez déposer un acompte pour la réservation. Il faudrait aussi que vous remplissiez un dossier. J'ai le temps de vous accompagner à l'agence pour le faire si vous le souhaitez. C'est une décision qui ne se fait pas à la légère donc si vous n'êtes pas sûres, il n'y a pas d'obligation." Déclare-t-il et Itziar se tourne vers Lara, sourire aux lèvres, scrutant sa réaction. "Si on fait tout ça ce matin, on a l'assurance qu'il n'y aura pas d'autres visites et que le bien sera pour tout ? Sous condition qu'on obtienne le prêt et tous les papiers nécessaires ?" Demande-t-elle comme confirmation. L'agent lui répond d'un oui de la tête avant d'ajouter "En principe oui, s'il s'avère que vous ne pouvez pas obtenir de prêt, le contrat ne pourra pas aboutir bien entendu. Avec ou sans réservation." Ca paraissait clair. Ca semblait bien plus réel que ce à quoi elle s'était attendue en arrivant sur les lieux ce matin. "On se lance ? On va jusqu'au bout de la folie et on révolutionne la vie nocturne de Brisbane ?" Qu'elle demande, comme dernière assurance à Lara. Si elle veut revenir en arrière, c'est maintenant ou jamais.

≈ ≈ ≈
{i'm just curious, is it serious?}
crédit/(hqgifhunting/tumblr) ✰ w/@Itziar Cortés de Aguilar

"Je suis absolument d'accord avec toi, on peut TOUT faire." Plus que jamais, cela est une certitude et pas juste ton ego qui parle. Ou alors juste en partie, l'autre partie c'est parce que tu as déjà dû te débrouiller toute seule et que tu connais le sérieux et le professionalisme d'Izzie et tu sais que cela n'est pas sur le point de changer parce que vous envisagez de devenir partenaire et cette fois-ci pour autre chose. Au contraire, vous allez être encore plus impliquées et encore plus passionnées qu'auparavant et encore plus dédiées que jamais à faire en sorte que votre petite entreprise marche. Et la blonde a totalement raison, impossible de prédire le futur, impossible de savoir de quoi les prochains jours seront faits, mais le risque est totalement calculé et cela en vaut vraiment la peine. Et non, tu n'avais même pas prévu que l'endroit te plaise autant ou que la blonde décide d'être de la partie, c'est un gros coup de poker que tu as joué ce matin, et tu es très contente que cela finisse par payer et que tout semble même s'aligner. "Non, sois contente que je suis suffisamment flemmarde pour ne pas changer de sac hein... on sait toutes les deux que je ne suis pas organisée à ce point." Que tu réponds avec un léger rire, un peu nerveux, car tu es organisée pour ton travail et c'est tout...
Le reste de ta vie est un peu plus chaotique, Izzie le sait, mais quand il s'agit d'affaires, on pourrait presque penser que tu es une autre personne. Ou alors que tu deviens une autre personne. Ceci étant dit, quand l'agent immobilier revient vers vous, tu croises les doigts, intérieurement seulement, pour que ta proposition ne paraisse pas si immature ou farfelue que cela. Tu n'y connais absolument rien en matière d'immobilier, même dans l'appartement dans lequel tu vis, avec Evie, c'est elle qui s'est chargée d'organiser les visites, du contrat et de tous les petits détails qui te donnent envie de froncer les sourcils... ton quotidien ne marche malheureusement pas comme cela, tu danses, tu es payée et c'est aussi simple que cela, il va te falloir prêter attention à tout ça désormais et tu te fais une note mentale de demander son expertise à Evelyn également, ne doutant absolument pas de son expérience. Tu te concentres sur les mots de l'agent immobilier la seconde suivante, hochant la tête face à ce qu'il dit, deux autres visites, okay, cela ne veut absolument rien dire... juste un dossier à remplir et une grosse somme à aller demander à la banque, cela parait presque trop simple et il est certain que tout ce qu'il vient de dire, ne va pas se faire d'un simple claquement de doigts. Izzie pose la bonne question la seconde suivante, puis elle se tourne vers toi, comme si tu hésitais encore, ce n'est pas le cas, ce n'est pas le cas du tout. "Oui, on se lance... ça me va parfaitement!" Que tu confirmes pour vous deux visiblement, sur un ton plus qu'excité, l'homme en face de vous hoche la tête avant de reprendre la parole.  
"Ravi de l'entendre, je suis garé pas loin, je vais chercher mon véhicule et je peux vous emmener à l'agence, cela devrait vous prendre une bonne demi-heure pour remplir le dossier..." Il vous adresse un signe de tête avant de s'éloigner pour aller chercher ledit véhicule et tu attends qu'il soit à une distance respectable pour te tourner vers Itziar et cette fois-ci c'est plus fort que toi, vraiment, tu t'empares d'une de ses mains, pour vraiment sautiller sur place. "On se lance et merci, merci, merci... merci de ne pas penser que je suis complètement folle." Que tu lâches enfin sur un ton enjoué, avant d'enfin arrêter de bouger, histoire que l'agent ne t'aperçoive pas comme ça ou se mette à douter de tout ceci. Son avis ne compte pas vraiment, il ne compte pas du tout au final, non la chose la plus importante, c'est qu'Itziar et toi vous y trouviez votre compte et que vous crééiz un endroit typiquement vous. Aussi assuré et grande gueule que vous, un endroit où passer un bon moment et c'est tout. "Quoi qu'il se passe au niveau du business, ça ne changera absolument rien entre nous, je ne suis pas du genre à faire des promesses mais... cela en est une, une vraie." Ce n'est définitivement pas un discours qui te ressemble et cela, la jeune femme en face de toi doit très bien en avoir conscience, tu détestes l'engagement, tu redoutes tout ce qui est permanent et les promesses ? Tu n'en fais simplement jamais, c'est un bon moyen d'être déçue.
Mais tu es sûre de ce projet et plus que tout, tu es sûre d'Itziar et de la direction naturelle que vont prendre les choses et quoi qu'il se passe, elle fera toujours partie de ta vie, et ce, peu importe les circonstances. "Et maintenant je veux entendre toutes tes idées pour notre futur business..." Tu me dis cela au moment où l'agent immobilier se gare à quelques mètres de vous, au volant de votre véhicule, indiquant bien que oui, plus aucun retour en arrière désormais.

Elle confirme Lara. Elle confirme qu'elles se lancent. Qu'elles tentent l'aventure et qu'elles verront bien où tout ça les mènera. Nulle part peut-être. C'était une possibilité. Ca pouvait aussi être le début de quelque chose de grandiose. Elles formaient l'équipe parfaite aux yeux d'Itziar. L'équipe qui pouvait soulever des montagnes et était capable de se débrouiller en partant de rien. Elles avaient des idées, elles avaient de la motivation. C'était sans l'ombre d'un doute les ingrédients nécessaires à la réussite de tout projet. Le reste, elles n'avaient qu'à le laisser à la chance et voir ce que le futur avait en stock pour elles. L'agent, lui, hoche la tête avant de reprendre la parole. Il est plus pragmatique qu'elles. Après tout, aujourd'hui est sans doute un jour comme les autres pour lui. Vendre des biens fait partie de son quotidien et il n'a donc aucune raison de participer à l'excitation ambiante. Il ne fait pas partie du projet, il le facilite, certes, mais ça s'arrête là. Il touchera un chèque quand la transaction aurait été faite et il passera à autre chose. Il vendra un autre bien à d'autres personnes qui peut-être, à l'image des deux jeunes femmes, ne mesurent pas forcément tout ce qu'un projet comme celui-là implique. Elle hoche la tête aussi, Itziar, quand il leur indique qu'il va chercher la voiture pour qu'ils puissent se rendre à l'agence et s'occuper de la paperasse. Il est d'ailleurs à peine partie que c'est Lara qui attrape l'une de ses mains avant de se mettre à sautiller. Elle en fait de même, l'espagnole. Elle rit aussi, sans vraiment savoir pourquoi. Parce que ce projet est un peu fou, mais qu'elle ne le réalise pas vraiment. Parce qu'elle a vraiment l'impression que la Pearson et elle peuvent tout faire. Rien ne pourrait les arrêter, elle en est persuadée. "Je sais pas si t'es folle ou pas, mais si tu l'es, ça veut surement dire que je le suis aussi. Or, je suis 100% convaincue d'être saine d'esprit." qu'elle déclare en riant de plus belle. La folie avait du bon quand elle ne prenait pas toute la place. Il fallait bien un peu de folie pour avoir le courage nécessaire pour se lancer parfois. Sans un peu de folie, elles ne seraient probablement pas là aujourd'hui. Sans un peu de folie, cette idée serait restée là où elle était née. Sur la piste de danse improvisée de cette extravagante villa alors que la fête battait son plein. Pendant un moment, elles s'étaient autorisées le droit de rêver un peu, sans se prendre au sérieux. Ca les avait menées ici. Pour le meilleur et exclusivement le meilleur. Elle ne pouvait pas penser au pire, Itziar. Ce n'était pas envisageable. Elle n'avait pas besoin de la promesse de Lara pour être convaincue que quoi qu'il arrive avec ce projet, ça ne changera rien à leur amitié. Cependant, elle était touchée par cette promesse. Parce qu'elle connaissait son amie, elle savait que l'engagement n'était pas son truc. Elle ne lui avait jamais promis quoi que ce soit, même une chose des plus banales. Elle mesurait donc parfaitement l'importance de ces paroles. "Si c'est une vraie promesse, il faut absolument la sceller comme il se doit." annonce-t-elle sur un ton des plus sérieux avant d'ajouter. "Tu sais ce que ça veut dire ?" Qu'elle demande levant sa main sous le nez de Lara, son petit doigt tendu. "Pinky promise!" Il n'y avait que ça de vrai, tout le monde le savait. Il n'était pas possible de revenir sur une pinky promise. Ca avait bien plus de pouvoir que n'importe quel accord signé sur un bout de papier, aussi officiel soit-il. Pour ce qui était des idées, elle en avait, Itziar. Elle n'en manquait pas. Tout n'était pas à garder, il y avait surement des choses qui ne valaient pas vraiment le coup, des choses qui à bien y réfléchir lui semblaient bien plus intéressantes sur le moment. Beaucoup moins avec le recul. Elle en avait quand même une flopée et elle n'y avait pourtant pas réfléchi bien sérieusement à ce projet. "Un peu de patience pour les idées." Qu'elle déclare en voyant la voiture de l'agent immobilier se garer devant l'entrée. "On verra ça comme de vraies femmes d'affaires autour d'un café. Je peux juste te dire que le client n'est pas roi, il a seulement l'impression de l'être." Parce qu'en poussant les portes de leurs futurs clubs, ils entreraient dans un monde où les femmes ont le pouvoir. Où les débordements ne seraient pas permis et où les danseuses viendraient travailler en sécurité.