Jameson et Archie ont gagné et la soirée a été planifiée pour célébrer leur victoire. Autour de vingt heures, ils doivent se rejoindre dans un bar irlandais de la ville mais, pour le moment, le jeune homme ajuste son accoutrement en s’admirant dans le miroir. Il n’est pas peu fier d’avoir réussi à récupérer l’argent qu’il avait investi dans l’entreprise dorénavant écrasée par des dizaines de procès qui ont pour but de punir leur comportement ravageurs envers l’environnement. Son nom ne se fait pas tacher par les médias car il a su se retirer bien assez tôt et il est conscient que tout le mérite revient à celle qui a su se montrer professionnelle avec lui. Il ne remerciera jamais assez l’avocate qui se tenait derrière lui sur toute la durée de la procédure et il compte bien lui faire profiter de la soirée comme il se doit. Jusqu’à présent, ils se sont efforcés de rester professionnels mais les temps peuvent dorénavant changer : il n’est plus question de faire bonne impression en faisant usage des plus jolis mots du dictionnaire. Ce soir, ils trinqueront ensemble et mettront de côté tout le côté administratif et chiant de leur relation. Après tout, Archie a toujours été un fêtard et ça lui fera le plus grand bien de se montrer comme il a toujours été avec Jameson. Ça commençait à lui filer la migraine de jouer le rôle du gentil garçon à chaque fois qu’ils discutent affaires.
Il hésite entre deux nœuds papillons et c’est le rouge qui gagne le concours. En le nouant soigneusement autour de son cou devant le large miroir au milieu de son dressing, il fait finalement un tour sur lui-même pour s’assurer que son accoutrement est en norme. Aucun pli ne déforme le tissu, aucune tache négligée n’apparait à la surface. Il est fin prêt et il se permet même de lancer un clin d’œil à son reflet juste avant d’appeler son chauffeur personnel qui se rend chez lui une dizaine de minutes plus tard. Les yeux curieux et amusés se posent sur lui lorsqu’il arrive sur les lieux à bord de sa Mercedes et il remercie chaleureusement Jerry, derrière le volant, avant de lui indiquer qu’il se débrouillera lui-même pour rentrer chez lui une fois les festivités terminées. « Embrasse ta femme de ma part et gâte-la ce soir. T’as plus d’obligations avec moi alors profites-en. » Il se permet de souffler à travers la vitre baissée, d’humeur cocasse. Le visage ridé de son chauffeur se plisse et il secoue la tête de droite à gauche, faussement outré par sa proposition. « Je suis trop vieux pour ce genre de chose, Monsieur Kwanteen. » Mais il accompagne ses propos d’un rire creux avant de souhaiter une bonne soirée à son patron qu’il salue d’un signe de la main. Quelques secondes plus tard, la voiture de luxe au coin de la rue et Archie peut accueillir des regards intrigués de tous ces gens qui défilent sur le trottoir et qui ne sont en aucun cas vêtus de la même façon que lui. Ajustant son nœud papillon il louche un moment sur l’entrée du bar qui semble bien plus chaleureux que luxueux. Il aurait peut-être dû se renseigner quand Jameson lui a parlé de cet endroit. Il se sent un peu ridicule dans cet accoutrement chic mais il avale rapidement son malaise pour se diriger à l’entrée, là où il se fait inviter à entrer sans problème. Une fois à l’intérieur, il jette un coup d’œil à son téléphone pour s’assurer qu’il n’a pas manqué un appel de Jameson et ce n’est pas le cas. Il lui suffit de quelques secondes pour la trouver perchée à la hauteur du bar. Il la rejoint rapidement, se frayant un chemin à travers les hommes à chemises bon marché – et parfois à t-shirt ; décidemment, l’actionnaire faire terriblement tache dans cet endroit. « Maître Winters. » Il lance en premier pour saluer la femme. Devant elle, il fait un tour sur lui-même pour lui laisser le temps de se moquer. « Je pensais que c’était un bar luxueux alors me voilà vêtu de mon plus beau costume. » Il porterait certainement celui de James s’il l’avait terminé. « J’ai assumé que vous fréquentiez les endroits plus luxueux mais je me suis trompé. Vous savez vous amuser, alors ? » Il demande, les yeux malicieux, se posant sur le siège devant elle avant de lever la main pour attirer l’attention du barman. Il commande une bière et fait signe à sa compagnie de choisir sa consommation à son tour. Ce soir, c’est lui qui paye. « Faites-vous plaisir, vous n’aurez pas un seul dollar à payer. » Et il insiste du regard, déjà prêt à refuser toute objection de sa part quand elle tentera de faire comprendre que ça ne lui dérange pas d’utiliser sa carte de crédit pour étancher sa soif.
Spoiler:
J'espère que ça te convient, dis-moi si y'a un problème !
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
We all wear masks, yet the time comes when we cannot remove them without removing some of our own skin.
L’arôme de la nuit m’accueille dès que je mets un pied en dehors du véhicule. Fraîcheur marine en provenance de l’océan, air braisé s’élevant des terrasses animées, sur un fond de chaleur enveloppante au goût aventurier. Ambiance de début de soirée en cette fin d’été pour les passants qui se pressent contre les vitrines des bars afin de s’égayer le gosier. Mais pour moi, c’est l’odeur de la victoire que j’inspire à plein poumons. Mes talons claquent sur l’asphalte alors que je remonte la rue, guidée par la musique familière du violon et des guitares acoustiques indiquant le pub irlandais dans lequel j’ai donné rendez-vous à mon client satisfait. Dès que je pénètre dans l’établissement, les effluves de bois imprégné d’alcool me ramènent des années en arrière, au cœur de l’Irlande populaire qui m’a vue grandir. Peut-être que c’est pour cette raison que j’aime fêter mes réussites ici. Pour me rappeler d’où je viens, ce qui m’a construite et m’a permis de devenir la femme que je suis. Ou peut-être que je préfère simplement l’accent familier roulant sur les langues, l’alcool irlandais coulant dans ma gorge, les effusions chaleureuses fusant tout autour de moi et auxquelles je ne participe jamais ; spectatrice discrète goûtant l’atmosphère du bout des lèvres sans oser s’y mêler. Mais pas ce soir. Il est rare que j’invite des clients à me rejoindre. La plupart du temps, je me contente de les retrouver dans un établissement lisse et ennuyeux, histoire de marquer le coup et conserver le masque jusqu’au bout. Mais avec Archie, j’ai rapidement su que ce serait différent. En plus d’être passablement séduisant, il a ce petit quelque chose dans le regard que je ne m’explique pas. Quelque chose qui me donne l’impression de le connaître, peut-être parce que je repère chez lui la même distance que je mettais au début de ma carrière, quand j’étais viscéralement terrifiée à l’idée de laisser ma véritable nature filtrer. De ne pas être assez distinguée, assez forte, assez expérimentée. Toutes mes incertitudes, je les compensais par une assurance que j’étais loin de posséder. Le décalage s’exprime différemment chez mon client, et malgré mes petites tentatives discrètes pour tenter d’en apprendre davantage à son sujet, je ne suis guère parvenue à le percer à jour. Le mystère qui enrobait Mr Kwanteen lors de notre rencontre reste entier à ce jour, et c’est ma curiosité inassouvie qui m’a poussée à l’inviter ce soir ici, dans l’espoir de voir à quoi il peut ressembler en dehors de nos tours de verre et d’acier. Et peut-être aussi, parce que d’une certaine façon, j’en suis venue à l’apprécier. Un détail assez rare pour qu’il soit souligné.
Mes pas me dirigent vers le bar, mes yeux trouvent un tabouret recouvert d’un velours vert assez propre pour que j’aie envie d’y poser mon fessier. J’ai tout juste le temps de lisser le tissu de ma robe noire sur mes cuisses qu’une silhouette incongrue attire mon regard. Un petit sourire amusé au coin des lèvres, j’observe le jeune homme divinement apprêté dans son costume de bonne facture, rehaussé par un nœud papillon rouge, petite touche de créativité, souffle agréablement décalé venant confirmer mon intuition à son sujet. Il me repère presque aussitôt, fend la foule pour venir à ma rencontre, le regard distrait par quelques fêtards au look bien moins soigné. « Maître Winters. » Il souffle une fois arrivé à ma hauteur, une lueur mi rieuse, mi embarrassée au fond de ses yeux gris. « Mr Kwanteen. » Je le salue d’un signe de tête, résistant à l’envie de corriger une fois de plus le titre dont il m’a affublée. Pour l’instant. « Je pensais que c’était un bar luxueux alors me voilà vêtu de mon plus beau costume. » Une main délicatement appuyée contre mes lèvres pour contenir mon amusement, je le regarde tourner sur lui-même comme pour souligner ses paroles. « N’ayez crainte, il vous va à merveille. » Je ne peux m’empêcher de le taquiner, feignant de ne pas saisir le fond véritable de sa remarque. « J’ai assumé que vous fréquentiez les endroits plus luxueux mais je me suis trompé. Vous savez vous amuser, alors ? » Il a cessé de parader pour s’installer sur le siège à côté du mien, et c’est maintenant son tour de braquer sur moi un regard gouailleur. Mes lèvres esquissent un sourire entendu pour lui répondre. Les paroles n’ont toutefois pas le temps de suivre qu’un barman s’approche pour prendre sa commande avec un fort accent Dublinois. Archie part sur une bière. Un choix simple, stable, sans fioritures. Je ne peux m’empêcher de me demander si c’est pour compenser l’aspect recherché de son costume et se donner l’impression d’avoir davantage sa place dans cet environnement décontracté et résolument masculin. Mais au fond, son choix pourrait tout aussi bien ne rien indiquer d’autre que son jeune âge. Même en fin de vingtaine, sa génération semble garder un pied dans l’adolescence ; comme si les colocataires, les soirées qui durent jusqu’au petit matin et la bière coulant à flot dans leur gosier pouvait étirer ces années et repousser la trentaine qui menace de les écraser avec son lot de frustrations et de responsabilités.
Il me tire de mes pensées en me disant de commander ce qui me fait plaisir. Naturellement, je vais pour refuser. Par principe (je n’ai pas besoin d’un homme pour subvenir à mes besoins), mais par politesse aussi (je ne l’ai pas invité pour m’abreuver de son porte-monnaie). Sauf qu’il pare aussitôt à mes objections. Le regard droit, direct. Comme si c’était pour lui un honneur et un gage de remerciement. Quelque chose d’important. « Si vous insistez. » Je réponds alors, inclinant le menton pour le remercier à mon tour. « Un Jameson Ginger and Lime. » L’accent rebondit sur chacune de mes syllabes, arrondies comme à chaque fois par la présence d’un irlandais n’ayant pas passé les trente dernières années de sa vie à tenter d’aplanir les reliefs de son parler. Il s’éloigne avec un hochement de tête, chantonne en rythme un classique du pays repris gaiment par le groupe de folk rock acoustique depuis le plateau légèrement surélevé servant d’estrade au fond du pub. J’en profite pour reporter mon attention sur Archie. « Les endroits luxueux ne servent que l’ennui. » Vaguement énigmatique, je laisse mon regard errer sur le bar et ses habitants hauts en couleurs, leurs cris voyageant de table en table, les verres à moitié vide qui s’empilent dans les coins tandis que d’autres remplis à ras-bord viennent les remplacer au creux de leurs mains. « La musique, l’alcool et même les gens... Tout ici est plus vivant, plus authentique. » Mes yeux reviennent sur son visage afin de sonder les siens. Au même instant, le barman revient et dépose nos boissons devant nous, la note glissée sous la pinte de celui qui ce matin même était encore mon client. Les doigts refermés autour de mon verre glacé, j’attends qu’il l’ait signée avant d’en faire tinter le rebord contre le sien. « A une collaboration fructueuse et une victoire bien méritée. » Je trinque avec sincérité. Nous échangeons un regard puis portons le tout à nos lèvres. Le liquide est froid, pétillant dans ma gorge, amer contre mon palais. Délicieux, au demeurant. A l’image de cette aventure sur le point de s’achever. « En toute honnêteté, je suis presque attristée qu’elle soit déjà terminée. » J’avais trouvé les négociations palpitantes, un travail de finesse et de fermeté, de loin ceux que je préférais. J’avais apprécié son professionnalisme et la confiance totale qu’il m’avait accordée, ses réponses précises et directes concernant les points que je voulais vérifier. En de nombreux points, Archie avait été un client modèle. Et je brûlais de savoir ce qu’il deviendrait une fois libéré du rapport que nous avions instauré. « Mais puisque cela est à présent derrière nous, que diriez-vous de nous passer des titres pompeux comme du vouvoiement ? »
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Même si Archie a mal réfléchi son accoutrement pour la soirée, il n’est pas le moins du monde intimité par les regards curieux qui se posent sur lui tandis qu’il se faufile à travers les tables occupées. Il est même ravi de pouvoir parader avec ses beaux plumages devant toutes ces poules qui jacassent. Après tout, c’est devenu une habitude pour lui d’attirer un mélange d’admiration et de jalousie, bien que ce soit plutôt la seconde émotion qu’il sent posée sur lui ce soir tandis qu’il rejoint sa compagne. Il ne s’empêche pas de rire de sa maladresse parce qu’il n’a pas honte de présenter son prestige au monde entier, même quand il n’a personne à charmer. Alors il tourne, il tourne sur lui-même, un sourire jovial tapissé sur les lèvres quand il voit celui sur celles de Jameson. Ses habits lui collent parfaitement à la silhouette. « N’ayez crainte, il vous va à merveille. » Le compliment le caresse dans le sens du poil et c’est seulement à ce moment qu’il s’installe près de l’avocate, un air de félin satisfait sur le visage. Il se mettrait presque à ronronner s’il n’avait pas un honneur à préserver. « Et cette robe est parfaite. » Il répond à son tour parce qu’il n’a pas l’intention de la laisser pantoise. Il n’a jamais été question de draguer cette femme mais il lui voue depuis le début un respect inébranlable. Elle dégage un aura réconfortant ; elle sait ce qu’elle fait, elle ne perd jamais le nord et il ne penserait pas arriver à la déstabiliser même d’un coup de coude. Sa posture n’a d’égal que son statut estimable.
Le bar ne ressemble pas à ceux qu’Archie fréquente quand il a envie d’abreuver son gosier mais il ne se fait pas prier pour commander une première consommation. Il ne laisse d’ailleurs pas le choix à Jameson de se laisser gâter. C’est sa tournée ! « Si vous insistez. » Il n’aurait pas eu peur d’insister davantage à la moindre opposition. Il s’était d’ailleurs attendu à un refus de la part de celle qui n’a besoin de personne pour sortir l’épée de sa ceinture. Même si le jeu l’aurait amusé, il n’est pas pour autant déçu qu’elle accepte la boisson sans tirer la moindre excuse. « Un Jameson Ginger and Lime. » Un rictus étire ses traits. Il n’a jamais entendu le nom de cette boisson mais il lui semble terriblement familier. Peut-être parce qu’il partage celui de l’avocate ? « Quelle classe. Une boisson a hérité de votre nom. » Il plaisante, cherchant avidement sa réaction d’un regard attentif. Il veut voir s’il arrive à la faire rire, il veut creuser en dessous de sa carapace professionnelle qu’elle arbore depuis le premier jour – et avec raison. « Les endroits luxueux ne servent que l’ennui. » Il l’accompagne dans la contemplation du lieu. La place est festive, l’alcool coule à flot et les sourires sont permanents. Elle marque un point. Les bars qu’il fréquente habituellement ne ressemblent pas à celui-ci. Les gens se fichent de leur apparence, ici. Le constat a le mérite d’ébranler légèrement Archie qui desserre très légèrement son nœud papillon. « La musique, l’alcool et même les gens... Tout ici est plus vivant, plus authentique. » Elle n’a pas tort. Personne ne fait semblant, ici. « Vous avez raison. » Il se contente de conclure en se pinçant les lèvres, espérant qu’elle ne l’associe pas davantage à ces endroits luxueux qu’elle méprise visiblement. Il est pourtant le seul qui fait tache ici. Mais… Pourquoi son avis compterait-il autant ? Il ne s’est jamais laissé marcher sur les pieds. Juste à temps, le barman le sort de ses pensées en posant sa bière devant lui. Il voit en-dessous du liquide doré le reflet de la note qui n’attend que sa signature. Il a lui offre d’un mouvement gracieux et fluide qu’il connait par cœur à force d’accepter des contrats. Seulement après, il soulève sa pinte pour doucement la cogner contre le verre de Jameson. « Je ne pourrais pas dire mieux. » Il souffle en glissant un clin d’œil juste avant de submerger sa langue du liquide amer qui lui rappelle toutes ces soirées à profiter de cette jeunesse qui, à ce moment-là, paraissait éternelle. « En toute honnêteté, je suis presque attristée qu’elle soit déjà terminée. » Il s’empêche de ricaner pour ne pas s’étouffer dans son verre. Il le repose sur le comptoir en passant le revers de sa main sur ses lèvres pour cacher sa surprise. « J’ai beaucoup apprécié de travailler avec vous mais je ne vous cacherai pas que je suis heureux que cette histoire se trouve dernière nous, dorénavant. » Il n’a pas perdu d’argent et son image n’a pas été égratignée par les médias avides de potins. Aucun journaliste n’a eu le temps de mettre sa main sur ce soit disant actionnaire qui encourage une entreprise immorale. « Mais puisque cela est à présent derrière nous, que diriez-vous de nous passer des titres pompeux comme du vouvoiement ? » Il hausse un sourcil en observant son interlocutrice. Il ne réfléchit pas deux secondes avant d’accepter sa proposition. « Quelle excellente idée. » Un nouveau sourire malicieux décore son visage juste avant qu’il ne laisse son regard patiner d’une table à l’autre dans le bar irlandais. Peut-être cherche-t-il un moyen de se changer les idées avant de se lancer : « Puisqu’on y est, je peux aussi t’avouer que je n’y connais rien en environnement. » Il n’ose toujours pas reposer son attention sur elle mais il n’abandonne pas son sourire qui a pour ultime but d’alléger ses propos. « Mais je suis certain que tu es tellement futée que tu savais déjà depuis le jour 1. » Il la lorgne enfin, commissure de ses lèvres soulevée en une interrogation. « Dès l’instant où tu m’as trouvé en train de fouiner dans tes affaires, je savais que tu réfléchirais deux fois avant de me croire. » Il est conscient qu’il ne possède pas le physique d’un innocent petit ange. Au fil du temps, son visage s’est modifié, transformé, pour être à la hauteur de son comportement condescendant. Il ne perd jamais ses mimiques de politicien corrompu même quand il bat des cils. Soulevant le doigt, il s’exclame : « Oh, justement. » Il glisse sa main dans la poche de sa veste et en sort un magnifique stylo plume aussi lourd que quatre. Sa surface est aussi noire et lisse que le marbre. Il le pose sous le nez de Jameson, fier de s’être souvenu de ce détail. « Ton nom est gravé sur le côté. » Il le pivote légèrement pour effleurer la gravure avec son index. « Juste ici. Tu peux maintenant te vanter d’avoir une boisson et un crayon qui porte ton nom. » Qu’il ajoute, amusé, on ne peut plus fier de sa connerie.
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
We all wear masks, yet the time comes when we cannot remove them without removing some of our own skin.
« J’ai beaucoup apprécié de travailler avec vous mais je ne vous cacherai pas que je suis heureux que cette histoire se trouve dernière nous, dorénavant. » J’esquisse un hochement de tête compréhensif, couplé d’un sourire amusé que je dissimule aisément dans mon verre. Ce n’est pas la première fois que j’ai ce genre de retour. Mes clients me choisissent parce que j’ai la réputation d’être imbattable en négociation comme au tribunal. Pourtant, ils laissent tous leur nervosité instiller le doute dans leur esprit à mesure que l’échéance approche. Je le vois dans leurs yeux jusqu’à la dernière seconde, quand je leur rappelle n’avoir jamais essuyé le moindre échec dans l’espoir de les rassurer. C’est dans cette angoisse impénétrable qui avale leurs pupilles, s’imprime comme une question pour les maintenir en éveil au plus noir de la nuit. Et si j’étais le premier ? Seul le verdict leur permet enfin de retrouver la paix. C’est quelque chose que je peux comprendre. Quelque chose que j’ai ressenti dans mes tripes quand je me suis retrouvée sur le banc des accusés à l’aube de mes 17 ans. Une sensation de perte de contrôle que j’ai passé le reste de mon existence à fuir. Une sensation que j’enfouis dans une gorgée de whisky après avoir proposé à celui qui était encore mon client il y a quelques heures de m’appeler par mon prénom. « Quelle excellente idée. » Il semble à la fois surpris et satisfait, si j’en crois son sourcil redressé et le sourire espiègle qui s’affiche sur ses traits et peint sur son visage une insouciance juvénile presque touchante. « Puisqu’on y est, je peux aussi t’avouer que je n’y connais rien en environnement. » Si cet aveu ne me surprend pas particulièrement, la franchise de sa confession n’est pas sans me déconcerter. Intriguée, j’arque un sourcil et l’observe attentivement, mes doigts effleurant distraitement le contour de mon verre comme s’ils y faisaient du patin à glace. Son regard toujours dans le vague, il ne se défait pas de son sourire alors qu’il ajoute, charmeur : « Mais je suis certain que tu es tellement futée que tu savais déjà depuis le jour 1. » Nos yeux se croisent pile à temps pour qu’il puisse surprendre l’éclat de fierté dans les miens, l’amusement frémissant au coin de mes lèvres, le défi dans mon sourcil relevé. « Dès l’instant où tu m’as trouvé en train de fouiner dans tes affaires, je savais que tu réfléchirais deux fois avant de me croire. » Je ris de bon cœur, amusée par sa remarque. « C’est vrai que ça n’a pas forcément plaidé en ta faveur… mais à vrai dire ma méfiance a commencé un peu plus tôt : ton nom m’a intriguée dans la liste de mes rendez-vous. J’étais persuadée de l’avoir déjà lu quelque part. Disons qu’une rapide recherche m’a laissé entrevoir que l’environnement n’était pas vraiment au cœur de tes intérêts. » J’incline la tête, vaguement amusée et surtout curieuse de pouvoir enfin lui poser la question qui me turlupine depuis le début de cette mascarade, quand il semble soudain se souvenir de quelque chose : « Oh, justement. » Intriguée, je suis le mouvement de sa main qui disparaît dans la poche de sa veste pour en sortir un petit bâton luisant qu’il pose pompeusement devant moi. Avant même de laisser mon regard parcourir l’objet, je sais instinctivement ce dont il s’agit. C’est loin d’être le premier stylo plume que l’on m’offre et l’actionnaire le sait pertinemment. En revanche, c’est indéniablement le plus beau, et certainement le plus cher. Je suis prête à parier qu’il le sait aussi. Peut-être même qu’il en a fait un point d’honneur. « Je vois que tu n’as pas oublié ta promesse. » Je fais avec une pointe de malice, masque parfait pour l’étrange émotion qui me traverse lorsqu’il attire mon attention sur sa petite touche personnelle : « Ton nom est gravé sur le côté. Juste ici. » Il y a quelque chose de sensuel dans la manière dont il effleure le métal d’encre. Comme s’il promenait son doigt sur l’épiderme frémissant d’une femme. « Il est magnifique. » Du bout des doigts, je remplace les siens pour m’emparer de l’objet, découvrir ses contours sombres et scintillants, laisser son poids reposer dans ma paume. « Je suis sincèrement touchée par ton attention, merci. » Bien que je m’amuse parfois de déborder sous mes stylos, ça ne m’empêche pas d’adorer ces objets à la fois beaux et utiles. Par ailleurs, ils agissent comme une kyrielle de petits compliments qui me rappellent constamment la satisfaction de mes clients et la valeur qu’ils accordent au service que je leur ai fourni. « Tu peux maintenant te vanter d’avoir une boisson et un crayon qui porte ton nom. » Qu’il me lance alors, la mine imbibée de fierté. Sa bonne humeur est contagieuse et je secoue doucement la tête, un sourire aux lèvres. « Peu de gens le savent, mais j’ai aussi une chanson à ma collection. » Je lance avec un clin d’œil, sur le ton de la confidence. Je dois cet honneur à Ezékhiel, client occasionnel, plan cul régulier depuis une dizaine d’années, et surtout chanteur dans un groupe de rock à succès. Je n’ai pas de doute qu’Archie trouvera ça plutôt classe, comme quand il s’est étonné que je partage mon prénom avec une boisson. Sa remarque m’avait d’ailleurs arraché un petit rire franc bien que je n’ai pas eu l’occasion de relever ; interpellée par l’ambiance du lieu, pas certaine de vouloir partager les origines de mon prénom avant de m’être un peu trempé le gosier. Mais les bribes de cette histoire familiale qui est la mienne me reviennent maintenant que je le vois, gravé en lettres d’or blanc dans le métal brossé. « En toute honnêteté, en ce qui concerne la boisson… c’est plutôt moi qui ai hérité de son prénom. » Pour éviter de croiser son regard, j’accroche celui du barman et lui fait signe de m’en remettre un. « Je devais m’appeler James, comme mon père et son père avant lui. Il était tellement persuadé que je serais un garçon qu’il n’a pas pensé à un plan B. Imagine sa surprise le jour de ma naissance… » Une grimace sarcastique étire le coin de mes lèvres alors que je reporte mon attention sur mon interlocuteur. « Je ne sais pas très bien ce qui l’a poussé à m’appeler Jameson. » Mes sourcils se froncent tandis que mes yeux glissent au fond de la liqueur ambrée comme pour y puiser une réponse. Car je n’ai jamais compris pourquoi il avait renoncé à me donner son prénom… seulement pour en choisir un tout aussi masculin. L’envie d’asséner que j’aurais dû être le fils de James, peut-être. A moins qu’il ne l’ait choisi dans un moment de confusion-panique, sa tête enfoncée dans une chope d’eau de vie et les yeux accrochant les grandes lettres blanches sur le mur de la distillerie Jameson Whiskey bien en évidence sur l’autre rive de la Liffey. Un mystère que je n’éluciderai pas ce soir. Ni jamais, probablement. « Mais pour en revenir à notre collaboration… » Un sourire espiègle chasse les fantômes irlandais de mon visage alors que je reporte mon attention sur Archie. « Je suis curieuse de savoir ce qui t’a poussé à te présenter en grand défenseur des poissons menacés… Pensais-tu vraiment que je refuserais de te conseiller si tu m’avais simplement confié vouloir récupérer ton investissement ? »
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Archie ne ressent plus la pression des premiers jours. Il ne concentre pas tous ses efforts dans la préservation de son image puisque plus aucuns yeux dangereux ne sont tournés vers eux. Si quelques journalistes étaient présents lors du procès qui s’est déroulé quelques jours plus tôt, Jameson et Archie peuvent dorénavant jouir d’une victoire en toute tranquillité. C’est la première fois qu’ils se rencontrent en dehors des affaires et, naturellement, le jeune homme s’adapte rapidement à ce nouvel environnement. Il ne craint plus de trébucher dans ses mots et de révéler ses véritables intentions par erreur. Il a même l’intention de le faire pour se présenter comme il est vraiment à l’avocate de renom à côté de laquelle il s’est installé au bar. Ils n’ont plus de cas à gagner et c’est dorénavant à elle de décider si elle apprécie l’actionnaire sous ses véritables traits. Elle va peut-être rapidement se rendre compte qu’elle a devant lui rien d’autre un connard, comme beaucoup de gens le perçoivent de cette façon. Le masque qu’il pose sur son visage ne fait que protéger sa vraie nature. En compagnie de Jameson, quelques jours plus tôt, il portait même un second masque sur son premier. Certes, il n’a pas l’intention de lui tendre son cœur pour la laisser y examiner toutes les failles mais ça ne lui coûtera rien d’admettre qu’il jouait un rôle depuis le début : en fait, il n’y connait rien en poissons et en coraux. Ce n’est pas qu’il se fiche de l’environnement, c’est plutôt qu’il omet un peu trop souvent de le considérer. Il fait partie de cette catégorie de gens qui évitent de regarder des documentaires engagés pour ne pas s’inquiéter en pensant au futur. Ce sera le problème des autres générations, comme on dit.
Alors, certes, il est égoïste si on considère qu’il mange de la viande et qu’il ne fait pas plus d’efforts que monsieur et madame tout le monde pour ne pas empoisonner l’atmosphère. Il a été élevé pour devenir riche, pas pour prendre soin de l’environnement. Certes, cette raison ridicule ne le déculpabilisera pas mais jamais il n’a été question de le présenter comme un bon monsieur à la conscience écologique. Il mène d’autres combats, si on veut. Il espère peut-être, secrètement, que Jameson le conscientise à sa cause et c’est pour cette raison qu’il lui admet ne pas être celui qu’elle pense. Il ne manque pas l’occasion de lui glisser un compliment au passage pour amortir le choc de la nouvelle. Elle avait certainement deviné qu’il jouait un rôle dès lorsqu’elle l’a surpris à mettre le nez dans ses affaires personnelles. « C’est vrai que ça n’a pas forcément plaidé en ta faveur… mais à vrai dire ma méfiance a commencé un peu plus tôt : ton nom m’a intriguée dans la liste de mes rendez-vous. J’étais persuadée de l’avoir déjà lu quelque part. Disons qu’une rapide recherche m’a laissé entrevoir que l’environnement n’était pas vraiment au cœur de tes intérêts. » Il a fait ses recherches et elle aussi. Rien de bien surprenant. Un sourire amusé soulève la commissure de ses lèvres tandis qu’il passe sa langue sur ses lèvres pour les humecter. Elle n’est probablement pas tombée sur bien des potins nuisibles en espionnant son nom sur internet mais elle n’est certainement tombée sur aucun article qui le décrit comme une personne engagée. Ses petites victoires sont d’ordre financière, il n’a jamais sauvé de poissons dans toute sa vie. « Les nouveaux articles prétendent le contraire, maintenant. » Il se vante faussement. Il entre dorénavant dans la case des actionnaires responsables depuis qu’on parle positivement de lui, et de Jameson, sur tous les médias. Ensemble pour lutter contre la pollution des barrières de coraux – de beaux titres qui embellissaient leur image à tous les deux. « J’espère que tu n’es tombé sur rien de gênant, en faisant tes recherches. » Il se soucie ensuite en gloussant, paupières plissées, alors que le goulot de sa bière froide se pose sur sa bouche. Comme si une ampoule venait de s’allumer dans sa boîte crânienne, il se souvient le crayon qui attend sagement dans sa poche. Fièrement, il l’offre à Jameson, cherchant activement sa réaction. « Je vois que tu n’as pas oublié ta promesse. » Ce n’est pas le genre de promesse qu’il pourrait briser. S’il lui arrive de mentir pour se sortir de certaines situations – très souvent – il ne serait pas permis de manquer de respect à celle qui lui a sauvé la vie (la réputation). Fièrement, il lui présente les quelques lettres gravées sur le Montblanc, qui forment ensemble J-A-M-E-S-O-N. Il ronronnerait presque en attendant de lire le contentement dans le visage de celle à qui revient le cadeau hors de prix. « Il est magnifique. » Il hoche la tête puisqu’il le sait déjà. « Je suis sincèrement touchée par ton attention, merci. » Ça y est, il ronronne, et il passe sa main dans sa tignasse épaisse pour la ramener vers l’arrière. Il balaie ensuite l’air, faignant d’être humble. « C’est rien. » Qu’il bafouille ensuite le ton bas, laissant ses yeux se perdre dans la contemplation de l’endroit dans lequel il fait tache, vêtu de cet accoutrement typique de la classe bourgeoise. « Peu de gens le savent, mais j’ai aussi une chanson à ma collection. » Il ne possède rien de tout cela, Archie, et il en serait presque jaloux même s’il n’a pas une oreille musicale. « Rien que ça ! » Il ironise en ricanant. « Je n’y connais rien en musique, mais je tâcherai d’aller l’écouter, si ça ne me sort pas de la tête. » Il promet à moitié, presque certain que son cerveau se débarrassera trop rapidement de cette information, déjà saturé par son travail. Rares sont les moments où il prend le temps de ne rien faire, lui qui a été habitué à un train de vie rempli. « En toute honnêteté, en ce qui concerne la boisson… c’est plutôt moi qui ai hérité de son prénom. » Il repose son attention sur Jameson, sourcil levé en attendant la suite. Ses dents viennent machinalement coincer sa lèvre inférieure lorsqu’elle admet qu’elle aurait dû hériter du prénom James. Il fallait évidemment qu’il fasse le lien avec son « collègue de travail » mais il tente de chasser l’idée en se concentrant sur les mots de sa compagne du soir. Pourtant, et il ne peut le contenir, il souffle amusé : « James, hein… » Et il relance : « Je ne connaissais pas de Jameson avant toi alors, à mes yeux, il est féminin. » Il dit en haussant les épaules, si ça peut la rassurer. « Tu n’as qu’à lui demander, si la réponse t’intrigue autant. » Parce que ce n’est pas Archie qui arrivera à répondre à sa question, pas sans en savoir un peu plus sur celle à qui il a confié son cas avec assurance. « Mais pour en revenir à notre collaboration… » Il relève la tête, son intérêt piqué. « Je suis curieuse de savoir ce qui t’a poussé à te présenter en grand défenseur des poissons menacés… Pensais-tu vraiment que je refuserais de te conseiller si tu m’avais simplement confié vouloir récupérer ton investissement ? » Lèvres pincées, il observe le comptoir en faisant danser ses ongles sur sa surface lisse. La vérité, c’est qu’il comptait sur ses mensonges pour la charmer. Il l’a choisi parce qu’il connait l’influence qu’il a sur les femmes qui, souvent, le regardent avec de grands yeux brillants et envieux. La plupart des hommes voient en lui la compétition. Un adversaire en renverser et à piétiner pour atteindre le sommet de la montagne avant lui. « Tu veux la vérité ? » Il demande sur un ton un peu trop sérieux, bien qu’un sourire inébranlable règne encore sur ses lèvres. « Je voulais gagner des points, tout simplement. » Il avoue avant de boire une énième gorgée de bière pour éclaircir sa gorge. « Je me suis vite rendu compte que tu n’étais pas le même genre de femme que j’ai pour habitude de côtoyer. J’ai été surpris que tu ne poses pas plus de questions, à vrai dire, mais je me doute que tu tenais la cause à cœur. Peut-être plus que moi, même. » Il glousse. « Alors nous avons tous les deux gagné, n’est-ce pas ? » Il desserre de quelques centimètres sa cravate pour ne pas étouffer dans la chaleur de ce pub. Il comprend pourquoi personne ne porte ce qu’il porte lui-même, ici. Beaucoup trop de couches de tissu le séparent de l’air chaud, lui-même. « Une question me titille depuis notre rencontre. » Il marque une pause et attend qu’elle lui fasse signe de continuer. « Il y a un homme, dans ta vie ? Ou… Une femme, peut-être ? » Il cherche attentivement sa réaction, aucunement gêné. Dès le jour où ils se sont serrés la main, il a su qu’elle n’était pas comme toutes celles qui lui tournent autour comme des requins en chasse.
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
We all wear masks, yet the time comes when we cannot remove them without removing some of our own skin.
Comme je m’y attendais, la révélation concernant ce morceau qui porte mon prénom retient l’attention de mon compère. « Rien que ça ! Je n’y connais rien en musique, mais je tâcherai d’aller l’écouter, si ça ne me sort pas de la tête. » Mes sourcils délicatement redressés, je lui offre un sourire éloquent avant de disparaître dans mon verre, me gardant bien de lui révéler le nom du groupe qui l’a composée. Il ne vaut mieux pas, non. Que je songe avec un certain amusement. Bien que poétique, la prose du chanteur dresse le portrait relativement explicite d’une femme fatale, séduisante comme une gorgée de whisky brûlante à laquelle il ne peut résister. Une métaphore relativement facile qui n’est pourtant pas pour me déplaire tant elle dépeint fidèlement l’atmosphère embrasée de nos rencontres éphémères, l’attraction irrésistible qui nous lie, ce goût du risque que nous buvons aux lèvres de l’autre. Un hymne rock ‘n roll qui a su séduire les ondes comme son publique. Pour autant, chaque fois qu’ils la jouent en concert et que j’entends autour de moi la foule reprendre en cœur ses paroles, je me félicite de mon anonymat. Seuls Zekh et moi connaissons l’identité de la Jameson de sa chanson, et ça me va très bien comme ça. L’association au whisky portant la même appellation m’est bien moins personnelle et c’est précisément pour cela que je décide de m’y attarder, l’abreuvant de détails sur les origines floues de mon prénom. « James, hein… Je ne connaissais pas de Jameson avant toi alors, à mes yeux, il est féminin. » Sa remarque me surprend et m’arrache un petit rire sincère. « Tu es bien le premier ! » Depuis mon enfance, j’ai l’habitude de croiser le regard surpris des gens qui entendent mon prénom. Pareillement, de nombreux clients s’étonnent lorsque je les invite à entrer dans mon bureau, persuadés qu’ils ont fait erreur… quand ils ne me prennent pas pour une assistante. Mais il y a bien longtemps que je ne m’offense plus de ces quiproquos dont j’ai tristement l’habitude. Ce qui ne m’empêche pas de me demander régulièrement ce qui a bien pu passer dans la tête de mon paternel pour le convaincre de m’affubler d’un tel prénom. « Tu n’as qu’à lui demander, si la réponse t’intrigue autant. » Me souffle Archie avec sa logique implacable. « Impossible, nous n’avons pas échangé le moindre mot depuis 2006. » Aucune émotion ne filtre dans ma voix ni dans mon regard. Mon cœur scellé depuis des années avec tant de précaution qu’il y a bien longtemps que je ne parviens plus à sonder les émotions qui l’agitent encore parfois. « Tu étais peut-être trop jeune à l’époque, mais ça a fait un sacré scandale en Amérique du Nord. Ses ambitions se sont heurtées à mes convictions à la barre. Il a perdu le procès qui impliquait son entreprise dans un désastre écologique et ne m’a jamais pardonné t’avoir témoigné contre lui. » Il m’avait déshéritée suite à cela et mes parents avaient coupé toute communication avec moi. Une décision que je comprenais, au fond, et que j’avais même portée comme un badge d’honneur pendant des années. Aujourd’hui, je réalise que j’essayais surtout de me protéger du vide que j’avais ressenti lorsqu’ils avaient fait peser cette menace pour tenter de me pousser à mentir pour le protéger. Ça ne changera rien maman, vous êtes absent de ma vie depuis l’instant où tu m’as mise au monde. Quand à l’argent dont ils menaçaient de me priver, j’avais déjà décidé que je n’en voulais pas, que j’allais créer ma propre fortune et qu’elle ne s’appuierait pas sur le sang ou la sève des innocents.
Une pensée en amenant une autre, je l’interroge sur les raisons qui l’ont poussé à prétendre s’intéresser à la nature, me questionne sur l’intérêt de ne me révéler sa supercherie que maintenant. Ses lèvres se pincent en une mince ligne, ses yeux fixent la surface vernie du bois devant lui. « Tu veux la vérité ? » Le sourire qu’il esquisse contraste avec le sérieux qui imprègne sa voix comme son regard. Ma curiosité piquée, je hoche la tête sans avoir besoin d’y réfléchir. C’est ce que je te demande, non ? Les mensonges et les faux semblants ne m’intéressent pas, ne servent qu’à lisser les gens jusqu’à ce qu’ils se ressemblent tant qu’il devient impossible de séparer l’individu de la masse dans laquelle il évolue. « Je voulais gagner des points, tout simplement. » Je ne le suis pas. Pensait-il que je le défendrais plus efficacement s’il m’était sympathique ? C’était mal connaître ma soif de vaincre et mon ambition dévorante. Ou peut-être craignait-il que je refuse de le représenter ? Auquel cas il aurait aisément pu se trouver un autre avocat… Il ne répond pas véritablement à ma question, poursuit plutôt son développement : « Je me suis vite rendu compte que tu n’étais pas le même genre de femme que j’ai pour habitude de côtoyer. » Je ne peux m’empêcher de hausser un sourcil circonspect à cette réflexion. Tiens donc, et en quoi suis-je si différente d’elles ? Ce n’est pas la première fois que j’entends que je ne suis pas une femme comme les autres. Je serais plus forte, moins sensible, plus affirmée, plus ambitieuse. Je crois que les hommes pensent nous flatter en nous comparant ainsi les unes aux autres. Pour autant, je ne peux m’empêcher de me demander quels critères ils retiennent pour soutenir ainsi leur évaluation, et sur quel échantillon représentatif ils se basent pour construire ainsi leurs comparaisons. J’ose espérer que quelque part dans leur conscience, ils savent que deux femmes ne se ressemblent jamais. Que la seule chose qui nous lie vraiment est cet ensemble écrasant d’injonctions que la société patriarcale fait peser sur nos épaules dès notre plus tendre enfance. Des injonctions auxquelles certaines d’entre nous se conforment avec l’espoir inconscient d’être récompensées pour leur féminité performative… tandis que d’autres les rejettent et n’aspirent qu’à s’en libérer. Après avoir fait partie longtemps du second groupe, j’oscille désormais un peu entre les deux, mes opinions rattachées au féminisme radical tandis que mon apparence applique les codes de notre société afin de lisser mon apparence et faciliter mon ascension professionnelle dans ce métier d’image que j’exerce. Alors ouai, j’aurais pas mal de choses à dire sur le sujet, pourtant je pince les lèvres pour retenir ma question rhétorique et la tirade passionnée qui ne manquerait pas de la suivre. Ce sera un sujet pour un autre temps… éventuellement. Pour l’instant, il m’importe surtout d’entendre la suite de son explication. « J’ai été surpris que tu ne poses pas plus de questions, à vrai dire, mais je me doute que tu tenais la cause à cœur. Peut-être plus que moi, même. » Au final, je crois comprendre que c’est son envie de remporter ce désaccord et récupérer son argent qui a motivé sa décision de se façonner un personnage militant. Une raison simple et censée au fond, même si je ne peux m’empêcher de me demander en quoi avoir une image d’écolo lui semble si important. Peut-être qu’il ne s’en fiche pas tant que ça, dans le fond. Je garde cette intuition de côté, esquisse un sourire entendu alors qu’il ajoute avec un petit rire : « Alors nous avons tous les deux gagné, n’est-ce pas ? » J’acquiesce sobrement, lève discrètement mon verre pour appuyer ses paroles et le porte à mes lèvres. « Nous avons tous les deux gagné. » Je confirme avant d’en prendre une gorgée. « Mais tu sais, je t’aurais représenté même si tu m’avais avoué que tu te fichais complètement des océans. » Un sourire malicieux au coin des lèvres, je repousse mon verre du bout des doigts avant de lui confier : « Tu m’as ferrée dès l’instant où tu m’as révélé le nom de l’entreprise qui refusait de te rendre ton investissement. Etant donné les dégâts climatiques dont ils sont responsables, je me suis fait une joie de les fragiliser en précarisant leur trésorerie. »
Mais les pensées d’Archie semblent déjà ailleurs. D’un doigt agile, il desserre le nœud de sa cravate et ouvre légèrement sa chemise. A sa place, je la retirerais carrément et me débarrasserait de mon veston par la même occasion. Avec cette chaleur agréable de fin de soirée, je suis heureuse de porter une robe relativement aérée. « Une question me titille depuis notre rencontre. » Intéressée, je reporte mon attention sur son visage et ses yeux clairs qui semblent sonder les miens. « Je serais curieuse de savoir laquelle. » Je réponds, comme il semble attendre mon autorisation pour me la poser. Une réserve respectueuse qui me plait. Pour autant, cette petite pause ne pouvait guère me préparer aux paroles qui s’échappent d’entre ses lèvres. « Il y a un homme, dans ta vie ? Ou… Une femme, peut-être ? » Je hausse les sourcils, manque de m’étouffer avec la gorgée que je sirotais distraitement tandis qu’un petit rire amusée se faufile en sens inverse dans ma gorge. « De toutes les questions que tu aurais pu me poser, je ne m’attendais pas à celle-là. » J’avoue aisément en reposant délicatement mon verre. Son regard perçant ne quitte pas le mien, pas le moins du monde embarrassé. Je crois même qu’il est plutôt ravi de son petit effet. Rentrant aisément dans son jeu, je me penche légèrement vers lui par-dessus le bar, laisse mes yeux glisser vers ses lèvres, évaluer ses épaules et les contours de sa main fermement enveloppée autour de son verre. Un sourire espiègle au coin des lèvres, je cherche à nouveau son regard. « Pourquoi, tu es intéressé ? » Si c’est le cas, ça pourrait s’arranger… Je n’ajoute pas ces derniers mots, mais laisse filtrer dans le ton un peu suave de ma voix que je ne serais pas contrer évaluer ses avances s’il voulait se risquer à un jeu de séduction. Mes yeux dans les siens, je laisse une petite anticipation se tisser entre nous avant de m’écarter pour la dissiper. « Ou bien tu te demandes si une femme dans mon genre n’aurait pas plutôt tendance à préférer la compagnie de ces dernières ? » J’insiste un peu sur le terme, un sourire au coin des lèvres avant d’ajouter : « Tu n’aurais pas tort. Mais comme je ne suis pas du genre à me fermer des opportunités, I go both ways. » Je hausse une épaule pragmatique et fait signe au serveur de nous resservir une tournée. Malgré les premières années de mon enfance passées dans une Irlande encore profondément marquée par les dogmes catholiques, je n’ai jamais ressenti le moindre malaise vis-à-vis de mon orientation sexuelle. J’ai passé mon adolescence sans me poser la question, trop occupée par mes luttes pour m’intéresser aux garçons. Et si mes premières expériences n’ont figuré que les représentants de la gente masculine qui osaient me tirer de mes bouquins ou de mes manifestations pour m’inviter à dîner et plus si affinité, je n’ai jamais été aucunement troublée de constater les sentiments mitigés que m’évoquaient les femmes fantastiques avec lesquelles je me liais d’amitié. Avec elles, la plupart du temps, c’est d’ailleurs moi qui initiais. « Et toi ? » Je demande sans réaliser qu’au final, je n’ai pas vraiment répondu à sa première question, laissant planer le doute sur la présence d’un ou d’une partenaire. « Il y a un homme dans ta vie... ou une femme ? » Je reprends sur le même ton, amusée à l’idée de lui piquer son entrée en matière, intriguée surtout de découvrir ce que pourra m’apprendre sa réaction. Car je suis bien placée pour savoir qu’en général les hommes se sentent un peu heurté dans leur virilité si on ose remettre en cause leur écrasante hétérosexualité.
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Il n’aurait pas deviné que la relation qu’entretient Jameson avec son père est inexistante. Il s’était déjà mis à l’imaginer à trinquer à ses succès avec ce dernier, fier d’elle, comme son propre père est fier de son fils qui a emprunté une voie semblable à la sienne. Il mentirait s’il niait les raisons de son succès. Si Charles n’avait pas été là pour lui expliquer ce monde de requins dans lequel il est né, il ne possèderait pas toute cette richesse aujourd’hui. Il sait comment appâter les bêtes aux crocs acérés pour s’en débarrasser et, même les plus coriaces, il arrive à les contourner à la nage. Il y a si peu de choses qui arrivent à déstabiliser Archie et il doit cela à son paternel, sans aucun doute. « Oh, vraiment ? » Il demande d’un œil intrigué. « Tu étais peut-être trop jeune à l’époque, mais ça a fait un sacré scandale en Amérique du Nord. Ses ambitions se sont heurtées à mes convictions à la barre. Il a perdu le procès qui impliquait son entreprise dans un désastre écologique et ne m’a jamais pardonné t’avoir témoigné contre lui. » Il ne prend pas la peine de réfléchir à la question ou de creuser dans ses souvenirs. En 2006, il était occupé à faire le con. Il se souciait peu du monde, encore moins de ce qu’il se passait à des milliers kilomètres de son nombril. Secouant la tête de droite à gauche, il se justifie : « J’étais trop jeune, oui. Je ne connais pas cette histoire. À quinze ans, mes seules ambitions étaient de devenir le roi de l’école. » Il glousse. Avec le recul et la maturité qu’il a acquise, il se rend compte que ses actes n’étaient pas particulièrement intelligents, dans le passé. Il était plus égoïste qu’aujourd’hui – pas qu’il ne l’est plus aujourd’hui, mais il arrive tout de même à se conscientiser lorsqu’il le faut. Il ne s’attaque plus aux plus faibles : il préfère attraper les taureaux, robustes et puissants, par les cornes. « Mais cette histoire que tu racontes semble tirée d’un film. Il en faut, du caractère et des convictions, pour témoigner contre un membre de sa famille. » Il boit une gorgée de sa bouteille pour hydrater sa gorge. Le goût amer de la bière ne le fait plus grimacer. « Et ta mère, alors ? Elle se trouve encore dans les paysages ou cette histoire de procès a eu raison d’elle aussi ? » Il demande, véritablement intrigué de savoir si Jameson possède encore un peu de famille, de près ou de loin. « Ou des frères et des sœurs, peut-être. » Il ajoute en haussant les épaules. Les deux sœurs du jeune actionnaire possèdent une place importante dans son cœur. Il peut compter sur elles, elles peuvent compter sur lui et, ce, depuis toujours. Même lorsqu’il était le centre du monde. Même si Lola est partie quand il était très jeune, il a l’impression qu’elle tourne encore autour de lui ; un fantôme rassurant dans les murs de sa maison immense. Il n’a jamais peur lorsqu’il entend le parquet craquer en plein milieu de la nuit parce qu’il connait la source de ce bruit.
Dès l’instant où Jameson a proposé à Archie de laisser tomber l’usage du vouvoiement, il s’est mis en tête que cette relation n’était plus que professionnelle. Ça lui convient bien de mettre de côté les bons usages pendant une soirée. Cette nouvelle liberté le pousse même à admettre la vérité à l’avocate : il n’a jamais eu une conscience écologique et toute cette histoire de fracture de contrat servait plutôt à soigner son image jusqu’à présent irréprochable. Dans tous les cas, il pense que lui et la militante ont gagné ensemble, peu importe les raisons qui les ont poussés à se battre. « Nous avons tous les deux gagné. » Heureusement, la nouvelle ne semble pas agacer Jameson. Elle boit et il en fait de même pour célébrer. « Mais tu sais, je t’aurais représenté même si tu m’avais avoué que tu te fichais complètement des océans. » Il hausse un sourcil en soutenant son regard. « Tu m’as ferrée dès l’instant où tu m’as révélé le nom de l’entreprise qui refusait de te rendre ton investissement. Etant donné les dégâts climatiques dont ils sont responsables, je me suis fait une joie de les fragiliser en précarisant leur trésorerie. » Une moue défaitiste étire ses traits et il glousse. « J’ai joué la comédie pour rien, alors. Tu aurais pu me le dire plus tôt. » Il s’emporte, faussement vexé, tandis qu’un ricanement contenu fait délicatement vibrer sa gorge. Il jette un coup d’œil autour d’eux et se rappelle l’accoutrement simpliste des autres. Il se décide à retirer sa veste trop chaude et épaisse qu’il plie soigneusement sur ses genoux. La chaleur commence à lui monter aux joues maintenant que les festivités continuent. L’alcool n’y est pas pour rien. Tandis qu’il défroisse le tissu de son vêtement avec sa paume plate, il se permet de lancer un prochain sujet qui saura sûrement surprendre Jameson. Si sa réaction est négative, tant pis. Archie n’a jamais aimé les discussions inutiles et les verbiages de politesse. Il veut plutôt savoir ce qui se passe dans la tête de l’avocate lorsqu’il mentionne l’éventualité d’une petite amie, plutôt qu’un d’un copain. « De toutes les questions que tu aurais pu me poser, je ne m’attendais pas à celle-là. » Le sourire d’Archie s’allonge davantage pour dévoiler sa rangée de dents. Il s’accroche à son regard en attendant la suite. Peut-être que, au fond, il a envie qu’elle donne raison à son intuition. Il n’a jamais côtoyé de femme comme elle auparavant mais il n’admettra pas à voix haute qu’elle l’impressionne, elle et sa posture affirmée. « Pourquoi, tu es intéressé ? » Légèrement pris au dépourvu, il émet une sorte de gloussement surpris en soulevant sa main devant lui avant de s’expliquer : « Ce n’est pas pour ça que je demande. » À vrai dire, cela fait quelques semaines déjà qu’il ne porte plus autant d’intérêt envers le jeu de la drague. Il laisse naturellement ses yeux se poser là où la chaire est intéressante mais il passe rarement à l’action. Quelqu’un d’autre occupe ses pensées. « Ou bien tu te demandes si une femme dans mon genre n’aurait pas plutôt tendance à préférer la compagnie de ces dernières ? » Lèvres pincées, il joue la carte de l’honnêteté : « Touché. »« Tu n’aurais pas tort. Mais comme je ne suis pas du genre à me fermer des opportunités, I go both ways. » La réponse l’étonne. Il entrouvre les lèvres quelques secondes et les referme. Il se déteste déjà d’avoir envie de poser la prochaine question. C’est un sujet qu’il n’a abordé avec personne auparavant, pour plusieurs raisons. De son côté, il ne supporterait pas de ruiner sa relation avec ses parents. « Je vois. Et… Ça ne t’a jamais attiré des ennuis ? » Parce que, lui, il perdrait énormément de choses précieuses s’il écoutait ses envies plutôt que sa raison. Il n’est pas prêt à franchir le pas même si ce baiser échangé avec James revient plusieurs fois alimenter ses pensées et soulève la commissure de ses lèvres. Il se reprend toujours en se secouant les puces. « Et toi ? Il y a un homme dans ta vie... ou une femme ? » Il déglutit et ricane, faussement amusé. Son intention n’est absolument pas de blesser personne, seulement, il a une image à préserver. « J’ai vraiment l’air d’un type qui tourne autour des hommes ? » Il grimace en posant le goulot de sa bière sur ses lèvres, son regard se perdant ailleurs. « Naaaaah. » Il avale le contenu de sa bouteille en entier et fait signe au serveur de lui apporter une prochaine consommation. « Il n’y a personne dans ma vie. Je suis encore jeune alors j’essaye d’en profiter avant de regretter mon célibat. » Qu’il lance, ses ongles tapant doucement le comptoir. Les yeux brillants de malice, c’est à son tour de renvoyer la question à Jameson. « Pourquoi, tu es intéressée ? »Qu’est-ce que tu racontes Archie ?
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
We all wear masks, yet the time comes when we cannot remove them without removing some of our own skin.
Archie n’essaie pas de dissimuler sa surprise lorsque je lui annonce ne pas avoir adressé la parole à mon paternel depuis 2006. Il me confirme qu’il était trop jeune pour en avoir entendu parler à l’époque, confie dans un rire que ses centres d’intérêts adolescents se résumaient à sa seule conquête du lycée. « Il faut bien commencer par-là, avant de s’attaquer au reste monde. » Je commente avec un sourire complice, reconnaissant par la même occasion l’ambition dévorante qui ne l’a visiblement pas quitté et lui a permis de se tailler un nom à Brisbane. « Mais cette histoire que tu racontes semble tirée d’un film. Il en faut, du caractère et des convictions, pour témoigner contre un membre de sa famille. » Mon sourire se mue en une petite grimace tandis que mes doigts effleurent distraitement le bois brut du bar. « Il faut beaucoup de colère surtout… et un brin de naïveté. » Je ne crois pas que j’ai vraiment mesuré l’implication de ma décision à l’époque. Je sais juste que mon idéalisme me poussait aux limites de l’intransigeance et m’a trop souvent empêchée d’accepter les autres comme des êtres humains entiers, dans toute leur complexité. Ajoutons à cela les vestiges d’une rancœur adolescente pas tout à fait cicatrisée, et il ne m’en avait pas fallu beaucoup pour me persuader de témoigner, révéler devant la justice les fraudes auxquelles mon père s’adonnait pour s’assurer plus de profits sans se soucier des lois concernant la préservation de nos forêts. Les mêmes qui m’avaient horrifiées quand je les avais découvertes en rédigeant un rapport pour le lycée et m’avaient convaincue de m’engager dans la défense de la faune et la flore sauvage. « Et ta mère, alors ? Elle se trouve encore dans les paysages ou cette histoire de procès a eu raison d’elle aussi ? Ou des frères et des sœurs, peut-être. » J’accueille sa remarque avec un haussement de sourcils caustique, laisse échapper un petit rire que je noie aussitôt dans une gorgée de whisky. « Ma mère et moi n’avons jamais été proches. Je pense que la rupture s’est produite bien avant ce procès… qui n’a évidemment rien arrangé. » Je réplique avec un petit froncement de sourcils. En réalité, je ne serais pas surprise d’apprendre que couper les ponts avec moi était son idée. « Elle aimait raconter qu’elle m’a considérée comme une adulte à partir de l’instant où je suis née. J’ai mis longtemps à le réaliser, mais c’est peut-être le plus beau cadeau qu’elle m’ait fait. » Gamine, il m’est arrivé de rêvasser à une mère plus tendre, plus enveloppante. Une mère qui me prendrait dans ses bras en murmurant que tout allait bien et règlerait mes problèmes à ma place. Ce n’est qu’en grandissant que j’ai trouvé le cadeau caché de son éducation. En ne me protégeant jamais du monde extérieur, elle m’a habituée à y évoluer, me donnant un avantage non négligeable sur la majorité des jeunes adultes au moment où ils tentent de quitter le nid pour voler de leurs propres ailes, car les miennes me portaient depuis déjà des années. « Je suis fille unique… mais j’ai une cousine. » Mon expression s’adoucit alors que je repense à la douce énergie de nos retrouvailles. « Elle vivait au Canada alors je l’ai perdue de vue pendant des années, mais elle vient de s’installer à Brisbane. » Une réalité à laquelle j’ai encore du mal à me faire, habituée depuis ma plus tendre enfance à ce que nous soyons séparées par au moins un océan. « Et toi, quel genre de film ça donnerait si tu vendais les droits de ton histoire familiale à un cinéaste ? » Je demande avec un petit sourire, rebondissant sur sa remarque pour le taquiner.
L’alcool coule dans nos gosiers et nos langues se délient. La famille d’un côté, les affaires de l’autre… et cet aveu que je n’attendais pas concernant sa petite mascarade. Une stratégie admirable mais pas tellement utile, car j’ai décidé de le représenter à l’instant où il m’a annoncé le nom de l’entreprise avec laquelle il était en litige. Et je vois bien à sa petite moue rieuse que cette conclusion l’amuse autant qu’elle l’attriste. « J’ai joué la comédie pour rien, alors. Tu aurais pu me le dire plus tôt. » Il fait mine de s’emporter, la poitrine agitée d’un petit rire discret auquel je ne me prive pas de répondre. « Oh non, c’était bien plus amusant de t’écouter déclamer ta passion pour les coraux ! » Je réplique avec un petit sourire ou perce une pointe d’espièglerie. Cette rigolade semble enfin avoir raison de son sens pointu du style car le voilà qui retire enfin sa veste avant de la placer soigneusement sur ses genoux. Avec du recul, son geste me paraît annonciateur des prochaines festivités, nos questions plus précises tachant de mettre à nu des détails autrement plus personnels de notre vie privée. Je me lance d’abord, réponds avec un mélange de détachement et d’honnêteté à celle qu’il vient de me poser. J’ignore ce qui me pousse à lui révéler que je m’intéresse aussi bien aux femmes qu’aux hommes. Car si je suis loin de m’évertuer à cacher cette particularité, disons qu’il s’agit tout de même d’un sujet rarement abordé lorsque je célèbre une victoire avec d’anciens clients accoudée au bar. Il semble d’ailleurs passablement surpris, si j’en crois ses lèvres qui s’entrouvrent… et bien comme un poisson, justement. Il les referme aussitôt, mais je vois aisément à la confusion qui s’allume dans son regard que je viens de piquer son intérêt. « Je vois. Et… Ça ne t’a jamais attiré des ennuis ? » Sa question me remplit de perplexité, à tel point que pendant un instant, je reste sèche, incapable de savoir comment lui répondre. Jusqu’à ce qu’une pointe de sarcasme picote ma langue et s’échappe de mes lèvres avant même que je ne suis la retenir. « Tu n’as pas idée... » Je réplique avec un petit soupir dramatique, feignant l’espace d’un instant de confirmer ses préoccupations. « J’ai eu quelques expériences décevantes… et vu ma difficulté à trouver un mec correct, je me dis parfois que ma vie serait bien plus simple si j’aimais exclusivement les femmes. » Mon air faussement songeur s’évanouit pour laisser place à un petit sourire satisfait tandis que je lance un coup d’œil mutin dans sa direction avant de lui renvoyer sa question.
Sa réaction ne se fait pas attendre. Son corps se tend imperceptiblement et son rire se fait plus faux. « J’ai vraiment l’air d’un type qui tourne autour des hommes ? » Intriguée par sa réaction, je hausse nonchalamment les épaules comme pour lui demander qu’est-ce que j’en sais ? et l’observe à la dérobée tandis qu’il porte la bouteille de bière à ses lèvres. « Naaaaah. » Il la termine d’une traite, visiblement déterminé à ponctuer sa question rhétorique d’une petite démonstration de virilité. Je vois… « Il n’y a personne dans ma vie. Je suis encore jeune alors j’essaye d’en profiter avant de regretter mon célibat. » Je le sens plus sincère cette fois, aussi mes lèvres esquissent un petit sourire complice. « Je comprends, c’est aussi ma stratégie. » Je réplique, feignant de ne pas remarquer que pour une femme d’environ quarante piges, on ne peut plus vraiment parler de profiter de ses jeunes années. Je trinquerais bien pour appuyer mes paroles, mais le petit air malicieux de mon compagnon me retient tout en éveillant ma curiosité. « Pourquoi, tu es intéressée ? » Qu’il me lance alors, visiblement fier de son petit effet. Pour ma part, j’esquisse un sourire appréciateur, laisse mon regard l’évaluer pour la deuxième fois de la soirée. Ses yeux clairs, ses lèvres pleines, ses avant-bras puissants, ses mains entre force et délicatesse. « Ce n’est pas pour ça que je demande. » Je réponds en haussant un sourcil, laissant mes doigts courir sur le rebord de mon verre alors que je ne peux m’empêcher de me demander de quoi sont capable les siens. « Tu m’as demandé si tu as l’air d’un type qui tourne autour des hommes. » Je reprends plutôt, appuyant mes avant-bras sur le bar pour me pencher légèrement vers lui. « A première vue je dirais que non, pas vraiment. » Alors que certains homosexuels cherchent à afficher leur identité, il est pour la plupart impossible de deviner leur orientation rien qu’en les regardant. Pourtant, j’ai comme l’impression que ce concept ne satisfera pas tout à fait Archie, aussi je ne le fais pas trop attendre avant de préciser : « Mais tu n’as pas vraiment l’air d’un millionnaire non plus… et le monde entier te prend désormais pour un fervent défenseur de la cause environnementale. » Je me plais à lui rappeler avec un petit clin d’œil. « Quant à moi, j’ai appris à ne jamais juger un livre à sa couverture. » Je trempe mes lèvres dans ma boisson, savoure son goût intense avant de reporter mon attention sur lui. Il serait si facile de me convaincre que ses interrogations ne cachent rien d’autre qu’un petit intérêt à mon égard. Il ne serait pas le premier et certainement pas le dernier à tenter de fêter sa victoire au contact de ma peau entre les draps luxueux d’un hôtel du centre-ville. Il pourrait même figurer parmi les très rares élus que j’accepterais réellement de considérer. Car j’aime bien moi aussi profiter des opportunités, qu’elles soient liées au business ou purement charnelles. Mais je vois bien dans ses yeux que sa curiosité n’est pas réellement intéressée. Il n’y rougeoie pas cette petite étincelle, ce désir si reconnaissable que j’ai l’habitude de déceler dans le regard des hommes. Il a dit que ce n’est pas pour ça qu’il m’a posé la question, et je le crois sur parole. Je sais aussi que la réponse à mes interrogations ne se trouve pas affichée en première page ni en quatrième de couverture. Elle est dissimulée quelque part entre les lignes, et je n’aurai aucune chance de la décrypter à moins de lui demander gentiment de s’ouvrir un tout petit peu. « Alors plutôt que de me laisser deviner… si tu me disais ce qui t’a réellement motivé à me poser cette question ? »
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Archie aurait pu être surpris d’apprendre que Jameson s’était dressée contre son propre père mais, d’une certaine façon, il reconnaissait dans son comportement, et ce depuis le début, une once d’indépendance et de volonté qui lui suffisaient pour ne pas hausser les sourcils d’ahurissement. L’avocate s’était elle-même frayée un chemin dans ce monde et aujourd’hui elle se tenait bien droite, la tête haute, et il aurait juré que pas même un tremblement de terre n’arriverait à lui faire perdre pied. « Il faut beaucoup de colère surtout… et un brin de naïveté. » Le garçon penche la tête sur le côté en esquissant un sourire et ses doigts se mettent à pianoter sur le comptoir. Il mâche ses mots un moment et finit par hausser les épaules : « Et tu regrettes aujourd’hui d’avoir fait ça ? » Après tout, même si elle se trouve dans une position financière forte agréable et que son nom se lit souvent dans les articles de journaux, elle a laissé sa famille derrière elle pour en arriver là. Archie a toujours été très attaché envers le concept de famille et n’aurait jamais pu parcourir tout ce chemin si son père n’avait pas été là pour lui montrer la voie, et pour lui botter le cul de temps en temps. Il lui a appris toutes ses valeurs et parfois il a l’impression de croiser le regarder de son paternel quand il passe devant un miroir. Il n’est pas complètement lui-même mais il prétendra toujours que ça ne le dérange pas de ne pas avoir le plein pouvoir sur sa vie. Heureusement, il est assez bon menteur pour y croire.
Les mots s’écoulent des lèvres de Jameson et le jeune homme les boit avec une certaine admiration dans le regard. Une moue étire ses traits quand elle lui explique que sa mère la traitait comme une adulte depuis qu’elle était toute jeune. Il ne prend pas la peine de censurer la question qui lui vient à l’esprit, il la pose sans attendre : « Le plus beau cadeau ? De ne jamais avoir eu d’enfance ? » Il l’interroge du regard. Sa voix n’avait pas été amère, encore moins accusatrice, seulement curieuse. De son côté, il avait passé son enfance sous une montagne de cadeaux ; figurines de guerre, voitures de course, skateboard et rollers. Il avait collectionné tout ce dont les jeunes garçons de son âge rêvaient. Et tout ce qui ne captait pas son attention, à lui, honteusement différent des autres élèves. Ça avait été plus facile pour lui de faire semblant d’apprécier de jouer à la guerre. « Je suis fille unique… mais j’ai une cousine. Elle vivait au Canada alors je l’ai perdue de vue pendant des années, mais elle vient de s’installer à Brisbane. » Le fait d’apprendre qu’elle n’est pas totalement seule à l’autre bout du monde le rassure. Il sourit doucement, les yeux doux, et avale une gorgée de sa bière pour trinquer au retour de sa cousine. « Et toi, quel genre de film ça donnerait si tu vendais les droits de ton histoire familiale à un cinéaste ? » La façon dont est amenée la question le prend par surprise et il rit en secouant la tête de droite à gauche. « Je ne pense pas qu’un cinéaste voudrait les acheter, ces droits. » Certes, le cancer lui a arraché sa sœur ainée mais, ce malheur mis de côté, il avait été choyé comme un prince. Il était le meilleur de sa classe tout en étant le plus con (l’un ne vient pas sans l’autre, dans son cas), il tournait autour des filles, partageait les draps des plus belles, n’oubliait jamais d’aller récupérer Saddie après sa leçon de piano, glissait des chocolats dans la boîte à lunch de Madison pour lui voler un sourire à l’heure du diner… Il était le frère parfait et le manque d’imperfection n’attirerait pas tout bon réalisateur qui souhaite créer une merveille de film. « J’ai deux sœurs. » Inutile de mentionner le corps inerte de Lola dans le lit d’hôpital. « Un père, une mère, encore mariés et heureux. » Il hausse mollement les épaules, franchement désintéressé par sa propre histoire. Il préfère vanter ses succès, pas raconter le passé. « Plutôt religieux, mais rien d’exagéré. » Il précise en ricanant, passant sa main dans sa tignasse. S’il était un bon croyant, il ne pourrait pas rédiger une liste de toutes les femmes qu’il a fait jouir. Il se serait marié avec Autumn, peut-être, et aurait fait semblant d’être amoureux jusqu’à ce que la mort les sépare. « Disons que ce n’est pas en racontant mon histoire que j’arrive à divertir les foules. » Il conclut en terminant sa bière, cherchant du regard le barman qui s’est perdu un peu plus loin dans un groupe de garçons fêtards.
La cravate est desserrée et Archie se permet de mettre de côté les bonnes manières ainsi que son masque. Il admet à Jameson que son premier souci n’était pas la santé des océans. « Oh non, c’était bien plus amusant de t’écouter déclamer ta passion pour les coraux ! » Il grimace, faussement vexé, mais il ravale bien rapidement son embarras, plutôt rassuré de constater que l’avocate ne réagit pas négativement à la nouvelle. Ça l’amuse plus qu’autre chose. En constatant que l’alcool fracasse la barrière de tous les deux, il se permet de poser une question qui ne lui aurait jamais effleuré l’esprit si la situation ne le permettait pas. Il n’est toutefois pas surpris d’apprendre que Jameson ne cherche pas seulement la compagnie des hommes. Il ne saurait cependant pas expliquer pourquoi son instinct avait misé juste. C’est peut-être dans sa façon de se tenir droite ou dans les mots qu’elle emploie. Elle ne ressemble pas aux femmes qui lui tiennent habituellement compagnie. Il n’a pas l’impression qu’il pourrait l’impressionner en lui dévoilant les chiffres de son compte en banque. « Tu n’as pas idée... » Il hausse les sourcils, ses yeux devenus gros comme des melons. Il s’attend à la suite, mais elle ne vient pas. Jameson prend plutôt un malin plaisir à retourner ses attentes. Il espérait qu’elle confirme ses craintes : que le choix de ne pas lutter contre son homosexualité lui avait apporté que des malheurs. Et pourtant. Un faux sourire sépare le visage d’Archie en deux quand elle précise qu’elle préfère la compagnie des femmes. « Ah bon. » Il semble vaincu mais il préfère se taire dans sa défaite. Il trouve le fameux barman qui lui avait faussé compagnie et lui fait signe d’apporter une troisième consommation. Et, pour empêcher à Jameson de lire l’incompréhension dans son visage, il confirme d’une voix suave : « Je te confirme que la compagnie des femmes est bien plus intéressante. » Inutile d’approfondir le sujet. D’ailleurs, lorsqu’elle mentionne la minuscule hypothèse selon laquelle il pourrait lui aussi apprécier de jouer dans les deux camps, il se défend comme un ours à qui l’on vole l’ourson. L’entièreté de sa bouteille s’entasse dans son gosier et il ponctue son numéro d’un rot discret qu’il dissimule derrière le revers de sa main. Parfait. Un vrai homme. Il se tâte même à demander à l’avocate si elle ne serait elle-même pas intéressé à passer la nuit avec lui. Une question qu’il n’aurait jamais posée s’il ne ressentait pas le besoin irraisonné de se protéger. De quoi ? Il ne sait pas exactement. « Ce n’est pas pour ça que je demande. Tu m’as demandé si tu as l’air d’un type qui tourne autour des hommes. » Mâchoire serrée, il s’humecte les lèvres pour cacher son malaise. « A première vue je dirais que non, pas vraiment. » Il peut détendre ses muscles. Un soupir rassuré s’échappe de ses narines. Pourtant, les prochains exemples de Jameson font à nouveau naître l’inquiétude dans son ventre. Encore une fois, dans le seul but de se défendre, il sourit à pleines dents. « Tu me connais bien, maintenant. Tu ne peux pas te laisser influencer par ce que disent les articles. » Il se désigne de la main, redresse son dos, gonfle sa poitrine. « La couverture de mon livre me décrit parfaitement, à vrai dire. Tu peux t’y fier. » Il suffit de regarder son accoutrement pour constater qu’il se prend pour quelqu’un de mieux que la moyenne, la montre dorée à son poignet pour connaître ses revenus, et ce sourire ironique pour savoir qu’il en a rien à foutre de ce qu’on peut dire sur lui. Le tout formant une carapace solide qui empêche quiconque de voir plus loin que la page couverture du roman de sa vie. « Alors plutôt que de me laisser deviner… si tu me disais ce qui t’a réellement motivé à me poser cette question ? » Il joue les malins et bat des cils : « Laquelle ? Je t’en ai posé plusieurs. » Mais il voit bien qu’il n’a pas à faire avec une personne naïve, alors il se reprend en grognant, presque : « D’accord. Y’a peut-être un truc dans ma vie qui intéresserait les cinéastes. » Il marque une pause pour cherchant la meilleure façon d’amener le sujet sans se trahir : « Mes parents sont homophobes. Sans surprise, ils ont tenté de m’éduquer à leur façon et… Voilà. Tu es la première femme… Comme ça, à qui je parle. » Il vaudrait mieux pour lui de se taire. Mais il ne s’entend pas parler. « Tu as plutôt l’air normale alors je suis agréablement surpris. » Misère.
Spoiler:
Je m'excuse pour lui, il est un peu con.
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
We all wear masks, yet the time comes when we cannot remove them without removing some of our own skin.
« Et tu regrettes aujourd’hui d’avoir fait ça ? » La question me surprend, vient remuer des souvenirs que je ne revisite jamais vraiment, un petit froissement au cœur que je m’empresse de délier dans une grande gorgée de liquide ambré. « Non. » Je lui réponds sans la moindre hésitation. « La vie est trop courte pour avoir des regrets. » La voix de mon mentor résonne à mes oreilles, et je me demande si la mienne vibre aussi faux que celle que Kyte quand il affirmait cela. Il n’empêche qu’en dépit de mes encombrants sentiments, je crois fermement à ce dicton. Quand j’ai décidé de témoigner contre mon père, j’ai écouté mes convictions. Prendre une autre décision à l’époque serait revenu à trahir mes valeurs. Le temps qui passe, les informations émergeantes et les nouvelles expériences ont tendances à distordre le passé, nous torturer de et si ? stériles qui ne servent qu’à réécrire l’histoire en nous donnant l’illusion destructrice que nous pouvions la contrôler. Moi, je préfère le laisser là où il est et construire l’avenir. Un pas devant l’autre et le regard loin, très loin devant… Du moins jusqu’à ce que la question d’Archie me remette le nez dedans : « Le plus beau cadeau ? De ne jamais avoir eu d’enfance ? » La confusion fronce un instant mes sourcils. « Je n’avais jamais vu ça comme ça. » L’aveu s’échappe de mes lèvres avant que je ne puisse le retenir, mon étonnement bientôt remplacé par un petit sourire. « J’estime avoir eu une enfance, tu sais ? Il est vrai que j’ai dû grandir plus vite que je n’aurais dû, mais je suis persuadée de ne pas être la seule à vivre avec cette impression. » Au fond, je ne suis pas à plaindre. Dès l’instant où mes parents se sont installés au Canada, je n’ai manqué de rien. Chambre luxueuses, éducateurs, superbe cadre pour découvrir la nature, apprendre les langues et étudier, une scolarité à Harvard tous frais payés… beaucoup de personnes considèreraient que j’ai tout simplement été chanceuse, et d’ailleurs j’ai tendance à penser comme eux. Il m’a fallu longtemps pour admettre que la distance pudique qui avait toujours existé entre moi et mes parents avait créé un vide affectif dans mon cœur. Aujourd’hui encore, je me complais à soutenir que ce n’est pas un problème, que ça me rend plus forte. Dans un monde où les gens se laissent bien trop souvent emporter par le magma de leurs sentiments, je suis heureuse de pouvoir compter sur mon pragmatisme et de ne jamais laisser mes émois dicter mes décisions. Enfance pour enfance, la conversation dérive d’ailleurs vers celle d’Archie et quel genre de film elle donnerait si elle devait être portée à l’écran. « Je ne pense pas qu’un cinéaste voudrait les acheter, ces droits. » Une réponse sincèrement humble qui dénote presque comparé à l’attitude derrière laquelle il se drape depuis le début de notre collaboration. Pourtant, je suis persuadée qu’il se trompe, et c’est avec une attention franche que je l’écoute peindre le portrait de sa famille. « J’ai deux sœurs. Un père, une mère, encore mariés et heureux. Plutôt religieux, mais rien d’exagéré. » A l’écouter, son entourage est tout ce qu’il y a de plus classique. Une existence lisse, sans le moindre drame. Et je n’arrive pas à savoir s’il en est convaincu ou s’il perçoit des frictions dans ses rouages, des souvenirs plus sombres qu’il préfère éviter de partager ainsi accoudé à un bar. « Disons que ce n’est pas en racontant mon histoire que j’arrive à divertir les foules. » Le ton est léger, mais il manque dans sa voix comme une pointe d’humour. C’est peut-être pour ça que je me risque à la rajouter : « Rien que le fait d’avoir des parents encore mariés et heureux me semble passablement extraordinaire pour être honnête. » Car les miens n’ont jamais été ouvertement affectueux l’un envers l’autre, tant et si bien que j’ignore tout bonnement la nature de leurs sentiments. Un partenariat peut-être. Mais je serais incapable de dire s’ils s’aimaient ou même s’ils étaient heureux de partager du temps ensemble. Au fond, le mariage reste un mystère pour moi, et quand je vois le nombre de divorces chez mes collègues, je n’ai pas vraiment envie de tenter l’expérience.
La discussion prend pourtant cette voie, ou plutôt celle des relations sans attaches. La compagnie des femmes, que je recherche au même titre que celle des hommes… et qui m’apporte d’ailleurs bien moins d’emmerdes. Il y a un moment de flottement suite à cette révélation, durant laquelle Archie en profite pour demander au barman de lui remplir à nouveau son verre. « Je te confirme que la compagnie des femmes est bien plus intéressante. » Qu’il finit par susurrer comme pour clore le sujet. Mais je n’ai pas l’intention de le laisser filer sans avoir gratté sous la surface, car je suis persuadée qu’il l’a amené pour d’autres raisons que pour satisfaire un genre de curiosité à mon égard. Pourtant, quand je lui partage ma théorie, il la réfute aussitôt. « La couverture de mon livre me décrit parfaitement, à vrai dire. Tu peux t’y fier. » Malheureusement pour lui, mon métier m’a appris que les êtres humains sont bien plus complexes que ça, et que ce qu’ils présentent au monde n’est que le reflet trop lisse des affres plus bruts et plus authentiques qu’ils cachent dans leur cœur. Mais il est doué, évite mes questions avec une facilité si déconcertante que je n’aurais aucun scrupule à parier qu’il se prête souvent à l’exercice. « Laquelle ? Je t’en ai posé plusieurs. » Un sourire indulgent au coin des lèvres, je me contente d’incliner légèrement la tête, l’air de dire : on sait tous les deux que tu sais précisément ce à quoi je fais allusion. Il comprend aussitôt le message, esquisse une grimace embêtée, raccroche la discussion que nous avions quelques minutes plus tôt : « D’accord. Y’a peut-être un truc dans ma vie qui intéresserait les cinéastes. » Intriguée, je résiste pourtant à l’envie de me pencher légèrement pour mieux l’étudier et trempe plutôt mes lèvres dans mon verre, dans l’espoir qu’il se confie plus facilement si je ne le dévisage pas avec intérêt. « Mes parents sont homophobes. Sans surprise, ils ont tenté de m’éduquer à leur façon et… Voilà. Tu es la première femme… Comme ça, à qui je parle. » oh. Soudain, son petit aveu sur la famille religieuse - mais rien d’exagéré - me semble prendre tout son sens. Pour autant, je n’arrive pas à me départir de l’impression que son explication vient cacher une autre vérité, une qui lui serait plus difficile à aborder et que je ne parviens pas à identifier. « Tu as plutôt l’air normale alors je suis agréablement surpris. » Les sourcils vaguement haussés, je sens mes yeux s’arrondir légèrement. « Agréablement… ? » Que je répète, mon mot s’évanouissant dans ma surprise. Je suppose que si je m’identifiais plus intensément à la communauté LGB, je me serais offensée de sa remarque et de ce qu’elle sous-entend. Mais j’ai un peu trop l’habitude de faire des choix en marge de la société pour laisser les réactions des autres me heurter. En revanche, je dois admettre que je suis relativement intriguée par la perspective qu’Archie n’ait jamais rencontré personne qui ne soit exclusivement attirée par le sexe opposé. « Archie, tu as à peine trente ans… ne me dis pas que tu n’as jamais croisé aucune femme qui ne soit pas uniquement intéressée par les hommes ? » Je ne cherche même pas à cacher l’étonnement sincère qui s’est niché dans ma voix. A vrai dire, je pensais que les millenials avaient tous eu leur petite période bi-curious quand ils frôlaient la vingtaine il y a une dizaine d’années et que Katy Perry chantait à la radio comme elle avait aimé embrasser une fille aux lèvres qui goûtaient la cerise. Pourtant, le jeune millionnaire ne m’a jamais semblé aussi incertain qu’en cet instant. « Je pensais que tous les jeunes de ta génération s’étaient au moins posé la question une fois ou avaient tenté d’expérimenter de ce côté-là. » Je lui dis alors franchement. « Tu n’as jamais éprouvé de l’attirance pour un type dans un groupe de rock ou bien un ami à toi ? »
(c) DΛNDELION
Spoiler:
Pardon pardon pardon d'avoir mis autant de temps à répondre @Archie Kwanteen j'espère que ce sujet ne date pas trop pour toi, je reviens tout juste de mon absence et j'avais pas réalisé que ça faisait aussi longtemps
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
« La vie est trop courte pour avoir des regrets. » Il a rencontré si peu de femmes transpirant de la même assurance que Jameson. C’est peut-être l’âge et la maturité qui vient avec ; dans tous les cas, Archie se sent écrasé par la certitude et le caractère dont elle fait preuve, pensant avoir perdu quelques années pour retrouver son fin duvet de poil sous son nez et les plaques d’acné sur son cou et son visage, semblables à des champs de bataille modelés par une pluie d’obus. Jameson l’impression et lui cloue les lèvres qui ne forment plus qu’un amas de chair interdit. « J’estime avoir eu une enfance, tu sais ? Il est vrai que j’ai dû grandir plus vite que je n’aurais dû, mais je suis persuadée de ne pas être la seule à vivre avec cette impression. » Ils n’ont certainement pas vécu la même vie. Son adolescence à lui s’est prolongée jusqu’à la moitié de sa vingtaine et seulement là il a pris la décision de laisser son foie se reposer un peu après lui avoir imposé moult beuveries déraisonnables. « Est-ce que tu connais la sensation de te réveiller après avoir frôlé le comas éthylique ? Ou celle de perdre toutes tes barrières et de voir tous les gens autour de toi comme tes meilleurs amis à qui tu pourrais tout confier parce qu’ils auraient oublié le lendemain matin ? » C’est la nostalgie qui parle à sa place. Oui, cette vie-là lui manque parce qu’il ne connaissait pas les responsabilités. Il n’avait pas besoin de s’ébaudir pour soigner son image et il pouvait commettre des erreurs qui ne lui coûteraient rien de plus que quelques insultes ou quelques taloches. Aujourd’hui, la moindre faute pourrait lui confisquer son exubérante fortune. À cette pensée, il boit une gorgée de bière pour trinquer à ses souvenirs de jeunesse impétueuse.
Quand Archie est amené à parler de sa famille, il n’est jamais vraiment inspiré. Il aime ses parents et adule ses sœurs comme si elles avaient créé le monde et extirpé les îles du fond de l’océan. Mais, justement, les Kwanteen sont parfaits tout comme lui ; il n’y a rien à raconter, pas d’histoires intéressantes, pas de potins susceptibles d’alimenter trois saisons d’une série télévisée. Du moins, c’est ce qu’Archie préfère croire, parce que c’est plus facile de demeurer aveugle devant les brèches et les failles, jusqu’à ce qu’elles cèdent complètement. « Rien que le fait d’avoir des parents encore mariés et heureux me semble passablement extraordinaire pour être honnête. » La plupart des couples mariés se séparent lorsque la crise de la quarantaine frappe ou lorsque les intérêts de l’un et l’autre partent à l’est et à l’ouest. « Il n’y aurait pas d’histoire à raconter si le Titanic n’avait pas coulé. » Deux parents mariés et heureux ; et alors ? La sempiternelle routine s’est installée dans le quotidien de la famille depuis longtemps. Dîner en famille au moins deux fois par mois, appel vidéo quand l’un ou l’autre ne peut pas se présenter ce soir-là. La famille est unie, il n’y a rien de plus à raconter.
Toutefois, et Archie y pense parce que les bulles sont montées à son cerveau, il peut nommer un défaut à ses parents mais, surtout, à son père qui a un avis bien réfléchi au sujet de l’homosexualité. Il ne peut supporter la vision d’un drapeau arc-en-ciel et il souffle constamment sa rage par ses narines lorsqu’il croise dans la rue un homme à l’allure féminine, ou une fille couverte de piercings et de tatouages qui s’est rasé le crâne. Son esprit conservateur n’a jamais pu comprendre ces nouveaux mouvements abstrus qui lui hérissent les poils sur les bras. Malheureusement, tel père tel fils ; Archie a grandi en pensant lui aussi que l’homosexualité était une maladie et qu’il devait se soigner d’une façon ou d’une autre, sans prendre de médicaments, parce qu’il n’en existe pas. Il a énormément souffert et a cru naïvement que cette malédiction l’avait laissé tomber mais, hélas, James est rentré dans sa vie comme un tank blindé. « Agréablement… ? » Il hoche de la tête. Ouais. Il est agréablement surpris de constater que Jameson, malgré les choix qu’elle a faits dans sa vie, est plutôt normale. Dans la tête d’Archie, il ne s’agissait que d’un compliment inoffensif. « Archie, tu as à peine trente ans… ne me dis pas que tu n’as jamais croisé aucune femme qui ne soit pas uniquement intéressée par les hommes ? » Penaud, il détache son regard d’elle. Il se met à gratter sa bière pour arracher son étiquette. « Si, sûrement, mais je ne me suis jamais arrêté pour leur parler. » Il la regarde à nouveau, les yeux illuminés par une assurance qui le caractérise bien : « Je sais qu’elles ne seront pas intéressées par moi, alors pourquoi perdre mon temps ? » Imbécile. Il est peut-être un génie des finances, mais c’est parce qu’il a sacrifié toute son éthique et son empathie pour le devenir. « Je pensais que tous les jeunes de ta génération s’étaient au moins posé la question une fois ou avaient tenté d’expérimenter de ce côté-là. » Son visage se ferme, se crispe un peu même, tandis qu’il regarde les mouches voler en s’imaginant disparaître de là. Il ne peut que se blâmer car c’est sa faute, après tout : c’est lui qui a lancé la conversation. « Tu n’as jamais éprouvé de l’attirance pour un type dans un groupe de rock ou bien un ami à toi ? »« Non. » Le mot s’échappe de ses lèvres comme une fusée chargée d’une cargaison de mépris. Quelle ridicule question ! « Faut pas placer tout le monde dans la même catégorie ! Je ne suis pas passé par la phase découverte parce que je savais depuis le début qui j’étais. Faut croire que ce n’est pas tout le monde qui a ce luxe. » Il propose en arborant son unique sourire outrecuidant, balayant la poussière sur ses épaules parce que rien ne l’atteint ; il est né avec la hardiesse d’un conquérant. « Enfin, je posais la question pour en apprendre un peu plus sur toi, et j’ai eu mes réponses. C’est cool si tu as fait la paix avec toi-même. Je suis heureux pour toi. » Nouveau signe au barman pour se commander une autre bière (il en a bu combien, là ?) afin d’alléger un peu plus ses pensées trop chargées. Ça commence à devenir une routine de consommer autant d’alcool, mais ce n’est pas pour fêter comme avant et se trouver des amis chez autrui, c’est plutôt pour arrêter d’entendre la voix de James dans sa tête qui le traite d’hypocrite parce qu’il l’a embrassé et qu’il a adoré ça. « Roh, la ferme… » Il marmonne à James contre le goulot de sa troisième (quatrième ? cinquième ? sixième ?) bière.
Spoiler:
J'ai voulu répondre à ton mp puis je me suis dit que j'allais simplement répondre à ce rp pour te dire que je voulais évidemment le continuer même s'il date un peu ! Ça ne me dérange absolument pas.
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
We all wear masks, yet the time comes when we cannot remove them without removing some of our own skin.
« Est-ce que tu connais la sensation de te réveiller après avoir frôlé le coma éthylique ? Ou celle de perdre toutes tes barrières et de voir tous les gens autour de toi comme tes meilleurs amis à qui tu pourrais tout confier parce qu’ils auraient oublié le lendemain matin ? » Il y a de la nostalgie dans sa voix, un de ces appels puissants d’un passé insouciant que j’ai souvent perçu chez les jeunes de sa génération. Mes lèvres s’étirent en un sourire amusé alors que je secoue la tête à la négative. « Je dois admettre que non. » Ce n’est pas que je sois outrageusement sérieuse. A l'adolescence, j’ai fait mon lot de conneries et eu ma dose d’aventures, seulement elles n’étaient pas tout à fait du même acabit. Là où mes camarades s’inquiétaient de filer en douce pour rejoindre une fête alimentée à fûts de bière, je faisais le mur pour rejoindre d’autres activistes et mener des actions provocantes, pas très bien ficelées, et souvent dangereuses. Et s’il arrivait parfois que l’on arrose une mission réussie d’une tournée alcoolisée, j'en prenais rarement plus d'un verre. Car s’il y a bien un truc que j’ai toujours voulu éviter, tout au long de ma vie, c’est de perdre le contrôle. Mais ça, je ne l'admettrai jamais. « Tu penses que j’ai manqué quelque chose ? » Je le questionne toutefois, arquant un sourcil intrigué. Parce qu'au fond, je me pose réellement la question. Ce doit être l’arrivée de la quarantaine qui me pousse à me questionner, à me faire comprendre qu’en voulant aller trop vite, trop fort, je suis peut-être passée à côté d’expériences universelles et formatrices dont mes pairs ont bénéficié. L’insouciance d’un premier amour rebelle, une cuite monumentale la veille d’un examen, une erreur de parcours, le genre d'expérience qui vous donne une leçon et vous remet sur la bonne voie. A côté, j’ai parfois l’impression d’avoir passé une partie de ma vie dans un tunnel, consumée par les étapes à franchir, les dossiers à boucler, les droits à obtenir pour rétablir dans ce monde un peu de justice et d’équité. Et même si je n’ai aucun regret, je ne peux m’empêcher de me demander si je ne devrais pas ralentir et profiter du présent tant que je peux encore m'y arrimer.
Nous dérivons sur le sujet des relations, que j’ai tendance à consumer un peu trop rapidement. Hommes et femmes se succèdent dans ma vie et dans mon lit sans jamais y laisser leur marque. Mais ce n’est pas le caractère éphémère de ces idylles qui retient l’attention d’Archie. En réalité, il semble un peu perturbé à l’idée que je puisse ne pas accorder la moindre importance au sexe de mes amants lorsque je les choisis. Ce qui m’étonne sincèrement, c’est qu’il semble persuadé que je suis la première femme de ce genre avec qui il partage une discussion. Car les autres, il affirme ne jamais s’être arrêté pour leur parler. « Je sais qu’elles ne seront pas intéressées par moi, alors pourquoi perdre mon temps ? » A ces mots, je hausse un sourcil éloquent. « Enfin Archie, il t’arrive de parler à des hommes, n’est-ce pas ? » L'air faussement innocent, je taquine le renflement de mon verre du bout de mes ongles. « Quelle différence, sachant qu’il y a de fortes chances pour qu’eux non plus ne soient pas intéressés par toi de cette façon-là ? » Mettez une version de moi vingt ans plus jeune face à ce genre de remarques et je crois bien que j’aurais déjà renversé la table à défaut de pouvoir renverser le système et laissé de la fumée s’échapper par mes naseaux, les poings serrés le long du corps et les bras tremblants de colère. L’image me surprend par sa clarté, me pousse à me demander à quel moment j’ai laissé cette passion fougueuse derrière moi. Quand ce qui avait jadis été un cri de guerre s’était transformé en une couverture de valeurs confortables que j’emportais partout avec moi sans plus les laisser me consumer. Et comment j’en suis venue à pouvoir entendre ce genre de discours sans la moindre irritation, et répondre d’un ton sincèrement calme, animée par l’envie de débattre et provoquer des prises de consciences plutôt que celle de bousculer et tout détruire pour mieux reconstruire. Je suis persuadée que la Jaimie à peine majeure que j’ai été détesterait celle que je suis devenue. Et je ne suis pas certaine que j’aurais assez de patience pour ses idéaux parfois si détachés de la réalité.
Plutôt que de m’attarder sur cet auto-examen moyennement agréable, je reporte mon attention sur Archie, laisse transparaître ma surprise à l’idée qu’il n’ait jamais questionné sa sexualité, ou éprouvé la moindre attirance pour un acteur ou un musicien sexy. Pourtant c’est bien ce qu’il me confirme, la voix chargée de mépris. « Faut pas placer tout le monde dans la même catégorie ! Je ne suis pas passé par la phase découverte parce que je savais depuis le début qui j’étais. Faut croire que ce n’est pas tout le monde qui a ce luxe. » Le sourire qui découvre ses dents blanches et rondes est presque agressif tant il rejette cette idée avec violence. « Enfin, je posais la question pour en apprendre un peu plus sur toi, et j’ai eu mes réponses. » Après avoir lancé le sujet, voilà qu'il veut le fermer. Comme s’il n’avait pas envie de creuser, lui non plus, les pensées qui pourraient lui renvoyer une image différente de celle qu’il s’est construit au fil des années. « C’est cool si tu as fait la paix avec toi-même. Je suis heureux pour toi. » Qu’il ajoute avec un haussement d’épaules nonchalant. C’est cool, ouai. Sauf que… « Mais Archie, je n’ai jamais été en guerre. » Je ne peux m’empêcher de répliquer avec un petit froncement de sourcils. Car non seulement je n’ai jamais ressenti cette fébrilité, mais il ne me semble pas non plus avoir laissé entendre dans mes paroles que ça ait pu être le cas. Pourtant, quelque part, dans l’esprit d’Archie, homosexualité ou bisexualité semblent être synonyme de souffrance, et je n’arrive pas à savoir s’il ne fait que reporter un discours familial un peu rétrograde, ou s’il a une expérience plus proche avec ce sujet. Une sœur lesbienne que l’on aurait reniée, un drame sur lequel sa famille se serait déchirée. « En fait je ne me suis jamais vraiment posé la question, c’est venu assez naturellement et ça m’a surprise sans me surprendre. » Je partage avec un sourire, tente de dédramatiser la vision bien sombre qu’il semble avoir de tout cela. Je suis d'ailleurs sur le point d’en partager davantage quand soudain : « Roh, la ferme… » Les yeux ronds, les doigts toujours enroulés autour de mon verre, je sens mon sourire s’affaisser et mon regard abasourdi se durcir. « Je te demande pardon ? » Ses yeux à lui flottent quelque part dans le vague tandis que ses lèvres embrassent mollement le goulot de la bière qu’il devrait certainement reposer. Il n’y a personne autour de nous, et pourtant j’ai du mal à croire qu’il s’adresse à moi. Ce n’est pas qu’il n’oserait pas – c'est un jeune millionnaire après tout, ils ont la fâcheuse tendance à se croire tout permis. Mais j'ai l’impression que s’il devait le faire, il aurait au moins le bon goût de me regarder dans les yeux. « Je vais partir du principe que tu t’adressais à ta bière. » Je décide donc d’un ton neutre en lissant d’un revers de main un peu sec ma jupe crayon sombre. « Même si entre nous je pense qu’il serait judicieux que vous parveniez à régler vos différents… » Une fois plus ou moins certaine que ce commentaire ne m’était pas adressé, je ne peux visiblement pas m’empêcher de le taquiner. En vérité, ça me rappelle cette histoire de paix intérieure qu’il s’imagine que j’ai dû faire, et je ne peux m’empêcher de me demander si, au fond, ce n’est pas un peu de lui dont il parlait. Une lueur intriguée vient percer la colère froide qui s’était abattue comme un voile sombre sur mes yeux alors que je le dévisage avec plus d’attention. « Je te demanderais bien un penny for your thoughts mais étant donné la fortune dont tu disposes j’ai comme l’impression que ma proposition aurait peu de succès. » Un sourire aux lèvres, j’incline légèrement la tête pour appuyer ma plaisanterie avant de me détourner pour prendre une gorgée de ma propre boisson. Savourant la sensation du liquide qui s’écoule dans ma gorge, je me prends à me demander s’il saisira cette ouverture pour me partager une partie au moins de ce qui semble le troubler ou s'il préfèrera s'en sortir à l'aide d'une pirouette visant à me balancer un écran de fumée. Une chose est certaine, c’est que peu de mes clients m’ont autant intriguée par le passé.
(c) DΛNDELION
Spoiler:
Ahhh tant mieux parce que j'aime un peu trop ce sujet @Archie Kwanteen
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Archie considère qu’il a eu la meilleure vie, qu’il a grandi dans les meilleures conditions, qu’il a profité de sa jeunesse fougueuse de la bonne façon, qu’il n’a gâché aucun instant en les remplissant d’alcool, de jeux de cons, de défis dangereux ou de quelconque crétinerie. Depuis toujours, il est poursuivi par un préjugé au sujet des gens plus réservés ou introvertis, comme on les appelle aujourd’hui. Il pense qu’ils sont moins heureux que lui. Qu’ils sont silencieux parce qu’ils sont tristes dans leur petit monde de solitaire. Lui, il ne pourrait pas survivre sans être entouré par des centaines de têtes. Lui, il a besoin du regard des autres pour gonfler son égo, sa motivation et son enthousiasme. Seul, il réfléchit trop, et seulement des réflexions qui lui pourrissent le moral. « Je dois admettre que non. » Alors c’est tout naturel pour lui de se dire que Jameson a loupé quelque chose qui déteint sur elle aujourd’hui. Mais il n’est jamais trop tard, il se dit. Lui, il se calmera seulement quand il sera mort. « C’est triste, tu ne trouves pas ? » Il assume sans même lui demander si elle avait d’autres hobbies qui auraient pu la faire fleurir à sa façon. Dans sa petite tête autocentrée, il ne réalise pas que les êtres humains ne se ressemblent pas tous et qu’ils ne cherchent pas le même genre d’adrénaline. C’est sa vie à lui, qui est triste, au fond. « Tu penses que j’ai manqué quelque chose ? » Il hausse les épaules, sa façon hypocrite à lui de lui dire qu’il n’a pas les réponses à toutes les questions du monde mais l’idée est bien ficelée et inébranlable dans sa tête : oui, elle a manqué quelque chose. S’il croit pouvoir faire la morale à une femme bien plus mature et expérimentée que lui, il se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude.
Peut-être qu’Archie essaye de titiller ses propres cordes sensibles pour aborder des sujets qu’il a longtemps évités. Jameson lui a ouvert la porte en acceptant de répondre à ses interrogations au sujet de ses relations passées, hommes et femmes confondus. La vérité, c’est qu’il n’est pas particulièrement surpris d’apprendre qu’elle a une attirance pour les deux sexes parce qu’elle ne ressemble pas à toutes ces jeunes femmes qu’il côtoie. L’un de ses traits toxiques est probablement d’avoir pensé que Jameson ferait une meilleure avocate puisqu’elle ne rentre pas dans les stéréotypes de la femme clichée (encore une fois, la femme clichée qu’Archie chasse dans les bars pour passer une bonne soirée sans attaches). Il fait encore erreur en pensant qu’il connait tout de ce monde, alors qu’il ne sait que ce qu’il a vécu. Pourquoi continue-t-il à ignorer le fait que les hommes ont toujours capté son regard ? Ça fait partie de sa vie, ça aussi. « Enfin Archie, il t’arrive de parler à des hommes, n’est-ce pas ? » Et alors ? Qu’est-ce qu’elle insinue ? S’il parle à des hommes, c’est parce qu’il sait qu’il n’y aura jamais de jeux de séduction. Ce ne serait pas naturel. C’est ce qu’il a appris. « Quelle différence, sachant qu’il y a de fortes chances pour qu’eux non plus ne soient pas intéressés par toi de cette façon-là ? » Il esquisse un sourire amusé en grattant sa bouteille de bière avec son doigt. Son regard fuit Jameson une seconde, le temps de faire de l’ordre dans ses idées et ses arguments futurs. Il n’a pas le droit de se tromper, ce serait fatal pour lui, ô masculin garçon. « Je parle à des hommes pour le travail. C'est différent. Il faut faire la différence entre les amis et les clients. » Si seulement il ne se trouvait pas en face d'une personne qu'il a engagée, faisant de lui un client. Mais, au moins, il ne ment pas, cette fois. Il n’entretient aucune relation amicale avec un garçon. Tout ça, c’est du passé. Il n’entretient pas beaucoup de relations amicales, tout compte fait. Mais les quelques-unes tournent autour des filles. Autumn, Josephine… Eum… Il doit bien y en avoir d’autres, non ? Les filles chez Weatherton ? Le voient-elles autrement que comme l’actionnaire de la compagnie ? Bof. Tant pis. Il n’a pas besoin d’amis, de toute façon. Il est trop occupé pour ça. L’important, c’est qu’il continue de faire valoir son point : ce n’est pas parce que Jameson a des tendances libertines qu’elle a le droit d’assumer que tout le monde est comme elle.
Mais Archie, ne s’est pas exactement ce que tu essayes de faire ? Convaincre les autres qu’il n’y a pas meilleur moyen de vivre une vie qu’à ta façon et que tous les cerveaux désirent les mêmes choses que toi ? « Mais Archie, je n’ai jamais été en guerre. » La voix dans sa tête devient beaucoup trop réelle alors qu’il recroise, hébété, le regard de l’avocate devant lui. « Ah bon. » Il bredouille derrière sa barbe, s’humectant ensuite les lèvres pour tenter de calmer cette angoisse qui s’accroche à son estomac. « En fait je ne me suis jamais vraiment posé la question, c’est venu assez naturellement et ça m’a surprise sans me surprendre. » Et, cette fois, c’est l’alcool qui le pousse à répondre amèrement : « C’est parce que tu n’avais personne à décevoir. Tu n’as été en guerre contre personne non plus. » Après tous, c’est elle-même qui a dit ne pas avoir une bonne relation avec ses parents dès le départ. S’ils ne se parlent plus depuis 2006, alors le père n’a aucune raison de se soucier des aventures amoureuses de la fille. Elle s’est détachée de lui et de son opinion et, malheureusement, Archie n’a pas ce luxe. Il se fait d’ailleurs un honneur à être le parfait garçon dont des parents auraient pu rêver. Il n’a plus jamais pleuré devant eux quand il a tourné la page de la petite enfance.
Et ça le fâche, cette idée. Archie en veut à son entourage de faire de sa vie un enfer sans même le savoir. Il en veut aussi à ses propres désirs qui se manifestent envers James depuis qu’ils étaient dans la même classe de mathématiques. Mais il a toujours préféré mettre la faute sur l’autre garçon, comme si ce dernier avait voulu l’empoisonner. Et il a réussi à le faire, en posant ses lèvres sur les siennes. Alors il l’insulte. À voix haute, sans s’en rendre compte, parce que des petites bulles pétillent dans ses yeux brouillés par l’alcool. « Je te demande pardon ? » Il l’entend comme s’ils étaient séparés par un rideau. Il ne comprend pas tout de suite qu’il n’a pas rêvé sa prise de parole contrariée. « Je vais partir du principe que tu t’adressais à ta bière. » Il décolle la bière vide de ses lèvres et fronce les sourcils en la scrutant avec un certain dédain. Il ne réalise pas encore qu’il a laissé sa colère s’échapper. « Même si entre nous je pense qu’il serait judicieux que vous parveniez à régler vos différents… » Il ouvre les yeux gros comme des soucoupes. « Oh. J’ai parlé à voix haute, c’est ça ? » Il marmonne, réalisant enfin son erreur. Un ricanement fait ensuite vibrer sa gorge. Il pose la bouteille sur le comptoir, libérant sa main qui cherche aussitôt une autre façon de se tenir en mouvement. Il la passe sans arrêt sur le bord du comptoir comme pour ramasser de la poussière invisible. « Désolé. »« Je te demanderais bien un penny for your thoughts mais étant donné la fortune dont tu disposes j’ai comme l’impression que ma proposition aurait peu de succès. » Son ricanement se fait plus fort. Il secoue inconsciemment la tête de droite à gauche, mécanisme d’autodéfense bien ancré en lui. Mais, si son corps tente de communiquer son désaccord à sa façon, sa voix, elle, se libère du filet. « J’étais en train de me dire que je ferais mieux de chercher dans la salle une fille qui me plairait bien avant de tomber dans les vapes et de terminer la soirée seul avec mes pensées. » C’est sa façon de dire qu’il cherche plutôt à oublier James en se laissant submerger par le parfum d’une inconnue. Ce n’est pas la première fois qu’il le ferait. « Enfin, ne le prends pas mal, James, j’ai pas l’impression que c’est ce que tu recherches de ton côté. » À sa défense, il n’avait pas l’intention de boire autant. À sa défense, il espérait passer une soirée agréable avec une femme intelligente avec laquelle entretenir une discussion intéressante. À sa défense, aussi, il ne voulait pas parler d’orientation sexuelle mais… il l’a fait. À sa défense… Attendez. Il l’a appelée James, non ? « Jameson. Jameson. Désolé. » Il se corrige sans la regarder. « En temps normal, ce n’est pas le genre de plan que je révèle mais je crois que cinq… ou six..? bière, c’était un peu trop pour ce genre de soirée. » Il ajoute aussitôt en glissant un coup d’œil embarrassé à sa compagnie, priant pour qu’elle ne relève pas le lapsus qu’il vient de faire.
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
We all wear masks, yet the time comes when we cannot remove them without removing some of our own skin.
« C’est triste, tu ne trouves pas ? » Nous sommes si proches, ainsi accoudés au bar, que je peux presque sentir la chaleur qui émane de son corps. Et pourtant, je sens plus que jamais la distance qui nous sépare, Archie et moi. Ce n’est pas qu’une histoire d’années ou d’idéaux, d’avocate et de client. C’est toute notre vision du monde, et la façon dont on s’est construit dans ce dernier. La tristesse qu’il perçoit là où je ne ressens qu’une vive liberté ; les chaînes que j’imagine retenir sa gorge et ses poignets quand il évoque le fantôme de ces soirées étudiantes noyées dans les vapeurs d’éthanol. C’est à mon tour de hausser les épaules. Pas vraiment non. Pas triste. Juste différent. Différent, oui. Comme la façon dont nous percevons les relations entre les hommes et les femmes. Il esquive mon regard quand je le questionne, cherche à comprendre les mécanismes derrière les certitudes qu’il présente sans le moindre complexe. « Je parle à des hommes pour le travail. C'est différent. Il faut faire la différence entre les amis et les clients. » A ces mots, je hausse un sourcil éloquent, car je suis relativement bien placée pour savoir qu’il travaille aussi avec des femmes, et je serais étonnée d’apprendre qu’il trouve le temps de flirter entre deux investissements. Quoi que… L’avait-il seulement fait avec moi ? Je tente de me souvenir de notre première rencontre, je revois ses sourires et ses manières. Il était indéniablement dans un jeu de séduction auquel je ne répondais pas vraiment. Mais était-ce du flirt ? En rétrospective, je n’en ai pas l’impression. C’était plus un numéro de charme pour conclure une affaire. Parce qu’il avait vu en moi l’avocate parfaite pour gagner son litige, et il comptait bien s’assurer que j’accepterai de défendre ses intérêts. Une technique de business, ni plus ni moins. Mes réflexions ne quittent pas mes lèvres, que je plonge plutôt dans mon verre pour savourer la saveur brûlante de l’alcool sur ma langue.
Il semble surpris d’apprendre que je n’ai jamais été en guerre avec moi-même. Que mon attirance pour les femmes ne m’a pas troublée davantage que celle que je peux ressentir envers les hommes. Je le vois au regard ahuri qui s’arrête dans le mien, au pli amer qui se dessine au coin de ses lèvres fines. « C’est parce que tu n’avais personne à décevoir. Tu n’as été en guerre contre personne non plus. » Il parle un peu vite et dans le fond il doit le savoir. Ne lui ai-je pas confié le drame désastreux qui a éclaté entre mes parents et moi ? Je pince les lèvres, tapote songeusement le bois collant du bar. « Au contraire Archie. » Mes paroles s’échappent dans un souffle que je n’avais pas prévu de laisser filer. Une réflexion à peine conscientisée qui prend forme sous mes yeux en réponse à ses remarques. « Je n’ai jamais été en guerre contre moi-même parce que je n’ai jamais eu peur d’être en guerre avec les autres. » Ça m’apparait comme une évidence, une révélation qui m’éblouit presque par sa clarté. J’ai tant essayé d’être parfaite dans mon enfance, de répondre aux aspirations de mes parents en me diluant dans leurs projections. J’ai pourtant rapidement compris que c’était impossible. Parce que ma mère n’aurait jamais rien accepté de moins qu’un reflet de sa propre personne, et ne s’intéressait à moi que pour rechercher dans mes yeux d’enfant ses aspirations d’adulte. Mon père m’aurait surement aimée si j’avais eu la décence de naître avec les attributs d’un homme. Par moments, il oubliait qu’il avait une fille devant ses yeux, et nous pouvions partager quelques rares instants de complicité, ensemble dans la forêt. Je buvais ses paroles, le prenais pour un aventurier et rêvais de lui ressembler. Et puis son regard pétillant finissait immanquablement par se teinter d’une tristesse résignée alors que ma voix fluette et mes cheveux longs lui rappelaient le fantôme du fils qu’il n’aurait jamais. Je n’ai jamais été aussi mal dans ma peau qu’à cette époque charnière où je me déchirais et m’affaissais pour tenter de rentrer dans les moules qu’on voulait bien me présenter. Et je ne me suis jamais sentie aussi forte et libérée que le jour où j’ai décidé de tous les envoyer chier. « Décevoir ses proches est douloureux mais inévitable quand on veut vivre en accord avec ses convictions. A mes yeux, se trahir pour accommoder son entourage est la pire blessure que l’on puisse s’infliger. »
Les minutes s’écoulent, l’alcool aussi. Archie devient songeur, grommelle une grossièreté, braque sur moi un regard mauvais… jusqu’à ce que la compréhension le rattrape et arrondisse ses yeux pâles. « Oh. J’ai parlé à voix haute, c’est ça ? » Je confirme avec un hochement de tête, laisse échapper un petit rire pour accompagner le sien et lève une main entre nous comme pour balayer ses excuses. « Ce n’est rien. » Je lui assure sincèrement, plutôt amusée par ce quiproquo. Et puis la curiosité me taraude, l’envie de comprendre ce qui se cachait derrière ces mots lancés à la ronde sans raison apparente, de découvrir quelles pensées tournoient dans son esprit quand il se mure ainsi dans son silence, le regard rivé sur les bouteilles qui s’alignent devant nous de l’autre côté du bar. Je le questionne d’un ton léger, lâche une plaisanterie qui semble l’amuser. Il secoue la tête, peu enclin à se dévoiler, et pourtant ses paroles s’échappent sans même que j’ai à le relancer. « J’étais en train de me dire que je ferais mieux de chercher dans la salle une fille qui me plairait bien avant de tomber dans les vapes et de terminer la soirée seul avec mes pensées. » La remarque me prend de court, c’est le moins qu’on puisse dire. Je dois avoir un drôle d’air à le dévisager ainsi avec mes sourcils haussés, car il s’empresse de préciser : « Enfin, ne le prends pas mal, James, j’ai pas l’impression que c’est ce que tu recherches de ton côté. » Je sens un sourire étirer le coin de mes lèvres, vaguement amusée et pas le moins du monde offensée par sa brutale honnêteté. Il n’est pas difficile de voir qu’il a vraiment trop bu. Ses joues ont une jolie couleur rosée et ses yeux luisent comme le reflet des néons sur le nectar qui s’accumule au fond de nos verres. J’ouvre la bouche pour lui rappeler que le plan n’était en effet pas de passer une nuit torride ensemble mais de célébrer une victoire brillamment gagnée.
Je n’en ai toutefois pas l’occasion car il se reprend brusquement : « Jameson. Jameson. Désolé. » Je fronce les sourcils, mets un instant avant de comprendre la cause de son malaise. James. Il m’a appelée James. Ça ne m’a pas outrageusement perturbée. C’est un surnom que l’on m’a donné par le passé, à l’université. Et étant donné le nombre de bières qui s’accumulent dans son système, je serais bien mal avisée de m’offenser d’une telle familiarité. « En temps normal, ce n’est pas le genre de plan que je révèle mais je crois que cinq… ou six..? bière, c’était un peu trop pour ce genre de soirée. » Son regard croise enfin le mien, une lueur d’embarras au fond de ses yeux que je ne sais trop comment interpréter. « En Irlande, on appelle ça un échauffement. » Je commente avec un sourire amusé pour tenter de dissiper la pointe de malaise qui semble s’être emparée de lui et lui assurer par la même occasion que je n’ai pas l’intention de juger sa consommation… ou les plans qui en découlent. En revanche… « Tu as beaucoup de charme Archie et en d’autres circonstances je me serais certainement laissée tenter à l'idée de te distraire de tes pensées mais… j’ai pour principe de ne jamais coucher avec quelqu’un à qui on devrait confisquer ses clefs. » Et vu son état, il est clair qu’il serait dans l’incapacité de conduire une voiture, aussi je ne donne pas cher de son aptitude à prendre une décision éclairée. Je note d’ailleurs de m’assurer à ce qu’il ne s’installe pas au volant avant d’avoir sérieusement dégrisé. « Alors dis-moi, » je lance en promenant mon regard sur la salle qui s’étale autour de nous « avec quel genre de femme aurais-tu envie de finir la soirée ? » Je suis sincèrement curieuse d’en savoir davantage sur ses goûts, me demande si les nôtres se recoupent alors que mon regard s’attarde sur une jolie rousse à la peau de porcelaine et aux yeux pâles comme un glacier, ses courbes délicieusement mises en valeur par une robe noire moulante au style presque guindé cassé par ses docs et son perfecto en cuir sombre. Elle plisse ses lèvres finement coupées, m’adresse un sourire furtif auquel je réponds avant de me détourner, car je ne suis pas ici pour flirter. « Au fait, qui est James ? » Je tente sans trop savoir pourquoi, suivant une étrange intuition, la vague impression qu’il ne s’agit pas uniquement d’un surnom qu’il voulait me donner. Que peut-être, au détour d’un verre, sa langue a fourché.
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Se placer dans les chaussures des autres, Archie ne sait pas le faire. Il n’a pas vécu les malheurs des autres, a grandi dans une famille qui arrivait aisément à lui fournir tout ce dont il avait besoin. Il était bien nourri, bien élevé à table, savait réciter les prières de base mais ne les utilisait que très rarement parce qu’il en avait pas besoin, il était naturellement talentueux dans tout ce qu’il entreprenait, il avait déjà tout pour monter sur les podiums qui se présenteraient à lui sous la forme d’épreuves. Un petit garçon chanceux et gâté qui ne peut pas voir plus loin que le bout de ses orteils. Il connait seulement le deuil et aujourd’hui il ne pourrait pas se rappeler les émotions qui l’ont traversé lorsque sa sœur Lola a fermé les yeux si abruptement. Ça lui paraît si loin dans sa tête. Quinze ans. Un peu plus, même. Et la page a été tournée pour laisser place à seulement des projets et une richesse visiblement acquise, parce qu’il était né pour devenir l’homme qu’il est aujourd’hui. Ses plans n’ont jamais dévié. Il a gardé la tête bien haute, ne s’est laissé tenter par aucune distraction, ne connait pas l’amour et le ravage qu’il peut laisser derrière lui.
Quoique.
Il réussit à croire à ses propres mensonges, Archie. Il en a l’habitude. C’est plus facile de convaincre autrui de cette façon. Alors, non. Il ne parle pas aux hommes même si Jameson essaye de lui faire comprendre qu’ils sont entrés dans un air où il est possible de se laisser tenter par tous les fruits interdits. Hélas, pour Archie, craquer serait synonyme de trahison. Envers sa famille, mais aussi envers lui-même. Il ne détesterait pas autant James si ce dernier ne faisait pas naître en lui des sentiments contradictoires. « Au contraire Archie. » Il ne laisse rien paraître, mais il ne l’aime pas cette discussion. Jameson parle trop bien. Elle arrive à le déstabiliser. Elle est mature, beaucoup plus que lui, mais il ne l’admettra jamais. Il continuera encore et encore à s’opposer à ses idéologies parce qu’elle et lui proviennent vraisemblablement de deux mondes bien différents. Difficile, d’ouvrir la boîte crânienne de l’actionnaire pour y glisser de nouvelles valeurs. « Je n’ai jamais été en guerre contre moi-même parce que je n’ai jamais eu peur d’être en guerre avec les autres. » Une réponse à laquelle il ne réagit que très peu, seulement soulevé par un gloussement sec qu’il balaie ensuite du revers de la main. Il déteste avoir tort alors il préfère épuiser le débat le plus rapidement possible. Il a peut-être trente ans, il est toujours le même adolescent irresponsable qu’il était. La seule différence, c’est qu’il n’a plus besoin de papa ou maman pour manger tous les soirs (seulement de son traiteur qui lui fournit tous les repas en début de semaine). « Si tu le dis. » Agacé ? Un peu. Mais il ne laisse rien paraître, s’échappant derrière un sourire puis un hochement de la tête entendu. « Décevoir ses proches est douloureux mais inévitable quand on veut vivre en accord avec ses convictions. A mes yeux, se trahir pour accommoder son entourage est la pire blessure que l’on puisse s’infliger. » Encore plus agacé ? Oui, très certainement. Ses mots sont la vérité mais aussi un poison qu’Archie évite religieusement depuis toujours. Il a beau être aujourd’hui indépendant, il ne pourrait jamais se permettre de briser les liens forts (?...) qui l’unissent à son père qui n’accepterait jamais d’apprendre que son fils n’est pas comme il devrait être. Qu’il est brisé, et qu’il aurait peut-être besoin d’être réparé.
La thérapie de conversion ? Il y a déjà songé, plus jeune, quand il se perdait au fin fond d’internet lors de ses recherches inspirées par la peur. Petit enfant perdu qui se résolvait à lire les pires singeries sur un ordinateur parce qu’il n’a aucune autre ressource à portée de main – qu’il croyait. Il a du mal à croire que la femme devant lui n’ait jamais été inquiète en constatant que ses goûts se développaient plus loin qu’ils ne devraient. Il n’est pas le seul à être effrayé. C’est impossible. Non non non non non.
Il ne se rend pas compte que, pour se défendre contre cette discussion qui ne devrait pas avoir lieu, il boit, et il boit encore plus pour décharger les batteries dans son cerveau et s’empêcher de trop réfléchir à cette question qu’il déteste. Replonger dans ses démons ; il souhaite l’éviter. Jameson ne comprend pas, et elle ne comprendra jamais. Ils ne voient pas les choses de la même façon, c’est tout, mais c’est elle qui fait fausse route… Pas vrai ? « Ce n’est rien. » Il ne se rend pas compte que l’agressivité a attrapé ses rênes et même si sa compagnie semble davantage amusée que vexé, il conçoit bien qu’il a avalé un peu trop de bière sans s’en rendre compte, préférant coller le goulot des bouteilles sur ses lèvres plutôt que de parler de sujets qu’ils auraient dû éviter dès le début. Et, pourtant, c’est lui qui a posé la première question qui a fait éclore la fleur de sa curiosité. « En Irlande, on appelle ça un échauffement. » Répartie qui le fait mollement sourire. « Tu triches alors. Tu t’en sortiras entière contrairement à moi qui commence déjà à dire des conneries. » Elle a plus de pratique que lui, même s’il pensait avoir atteint un seuil de tolérance assez élevé grâce à ses habitudes de viveur. Elle pourrait lui tirer tous les vers du nez et il oublierait le lendemain matin. C’est injuste. « Tu as beaucoup de charme Archie et en d’autres circonstances je me serais certainement laissée tenter à l'idée de te distraire de tes pensées mais… j’ai pour principe de ne jamais coucher avec quelqu’un à qui on devrait confisquer ses clefs. » Il ne contrôle pas le ricanement amer qui suit. Il préfère s’imaginer avec Jameson plutôt qu’avec James. En fait non. Mais… Hum. Il n’arrive plus à penser correctement pour suivre le fil de ses pensées. Il secoue la tête de droite à gauche, puis de bas en haut, la bouche entrouverte. « C’est dommage. Je saurai qu’il vaudra mieux pour moi de m’arrêter après deux bières la prochaine fois. » Qu’il lâche dans un soupir étourdi, bien qu’il ne pense pas ces mots. Jameson est trop intelligente pour lui. Il a pris l’habitude de manipuler des femmes peu expérimentées pour que rien ne lui retombe dessus par la suite. Des filles qui se penseront idiotes d’avoir passé la nuit avec lui sans réaliser qu’il est le véritable problème. « Alors dis-moi, » L’attente est désagréable. Il tente de suivre le regard de l’avocate mais il n’y arrive pas. Plein de petites bulles ont pris la place de ses yeux dans ses orbites. « avec quel genre de femme aurais-tu envie de finir la soirée ? » James. James. James. James. James. Crève. Crève. Je t’aime. Mais crève. C’est ta faute. Merde. Merde. James… « Euh… »« Au fait, qui est James ? » A-t-il pensé à voix haute ? Il ne serait plus surpris si le prénom avait fuité de ses lèvres une seconde fois. Il est bien assez bourré pour monter sur la table et hurler tout ce qui lui passe par la tête, les évidences tout comme les secrets. Il jette un regard autour d’eux à la recherche d’une jolie demoiselle qui pourrait aiguiser ses sens mais ce sont bientôt des larmes sèches qui brouillent son regard plutôt que les bulles. « Personne. » Il souffle en empoignant son veston trop chic posé à l’arrache sur le comptoir. Il pose une liasse de billets à sa place, si confus qu’il a oublié avoir déjà payé les consommations, et il s’excuse à l’avocate qu’il ne regarde plus dans les yeux. « Je suis désolé, j’ai trop bu. Je ne voulais pas te faire cette impression. » Les mots sont sincères. La tape qu’il fait sur son épaule un peu moins. Comme s’il était un vieil ami d’enfance avec lequel il venait de reparler du bon vieux temps en s’enfilant les verres d’alcool. Ce n’est pas la première fois qu’il déraille autant. Tous les lendemains matins, quand sa tête le fait souffrir et que ses idées redeviennent claires, il se fait promettre de ne pas recommencer, hélas.
La faute à James, tout ça. Seulement lui.
Et il lui envoie son poing dans le visage, à ce James imaginaire qui se dresse devant lui mais qui, une fois tombé au sol, reprend le visage d’un étranger dans la trentaine qui ne lui ressemble pas. Le brouhaha du bar s’éteint en décrescendo, les têtes se tournent toutes vers lui et la victime innocente lâche un juron contrarié en recueillant le sang qui s’écoule de son nez abimé. Le silence qui suit est terrorisant. Archie, titubant sur place, cache sa main fautive dans sa poche comme s’il allait se décharger de toute responsabilité en faisant disparaître l’arme du crime. Il s’excuse seulement dans sa tête, jette un regard confus et navré à Jameson et se fraie aisément un chemin vers la sortie sous une horde d’yeux interrogateurs.
La faute à Archie, tout ça. Seulement lui.
Spoiler:
@Jameson Winters Je suis TERRIBLEMENT désolée pour ce retard ! Je me suis permise de me diriger vers la conclusion puisque ce rp date énormément, mais si tu veux ajouter quelque chose vas-y ! Sinon, alors on pourra discuter de la suite !