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Sept heures trente. Je suis tirée du sommeil par les pleurs d’Isaac. Il est trop tôt, beaucoup trop tôt pour un dimanche. L’amour que l’on porte à son enfant à beau être inconditionnel, à cette heure précise je pense pouvoir affirmer que je le hais. Il faisait ses nuits depuis longtemps, mais il semblait prendre un malin plaisir à me réveiller aux aurores le week-end. C’est d’un soupir et les yeux encore collés que je me lève pour prendre dans mes bras le petit démon, qui s’arrête aussitôt de chouiner. Quel comédien. J’hésite un instant à me recoucher un peu avec lui, mais le soleil est déjà levé et Isaac ne se rendormira pas, je le sais. Autant profiter de cette journée dès maintenant.

J’allume la bouilloire pour me préparer un thé et commence à préparer le petit déjeuner d’Isaac. A bientôt deux ans, il ne voulait rien manger d’autre que du lait ou du jus de fruits le matin, impossible de lui faire avaler ne serait qu’un biscuit. Je me lance donc dans la confection d’une smoothie bien vitaminé, histoire qu’il ne manque pas d’énergie. A cette pensée, je lève mes yeux aux ciels. Non, de l’énergie il n’en manque pas. Il est d’ailleurs déjà en train de crapahuter au quatre coins de l’appartement. Il marchait correctement maintenant et il n’avait peur de rien. Cette assurance lui avait d’ailleurs déjà valu plus d’un bleu ou d’une bosse sur le crâne. « Isaac, calmes toi. Assieds toi pour boire ton jus. » Autant parler à un mur. Je soupire. Je n’ai pas la force pour élever la voix.

Je m’affale dans le canapé, mon thé en main et mon téléphone dans l’autre, espérant que mon fils fasse de même. Je parcours les réseaux sociaux, Instagram notamment que j’adore. J’absorbe un tel nombre d’images à une vitesse, que je ne fais même pas attention à ce que je vois. Je me perds un peu dans mes pensées à mesure que je m'éternise devant les photos de vacances ou de brunch dominical de parfaits inconnus. J’en oublierais presque Isaac, mais c’est sans compter sur la puissance de ses cordes vocales. Il pousse un hurlement qui me fait sursauter et mon regard se pose immédiatement sur lui. Il est tombé, une fois de plus, contre le coin du canapé. Rien de très alarmant, mais j’en connais un qui va encore passer une semaine avec une jolie bosse sur le front. C’est l’assistante maternelle qui va encore me demander si je m’en occupe correctement. Bon sang, comme si elle ne pouvait pas voir que cet enfant est turbulent. Non, elle préfère me juger, me toiser de son petit regard suffisant comme si elle était la mieux placée au monde pour me dire comment m’occuper de mon enfant.

Une fois le bobo soigné et les câlins de rigueur pour le calmer, je me dis qu’une balade au grand air serait efficace pour le fatiguer un peu. Je m’habille, légèrement, il fait encore très chaud à Brisbane. Un short en jean et une chemise légère feront l’affaire. J’attache Isaac dans sa poussette et nous voilà parti. Il est près de neuf heures désormais, et je me rends compte que nous ne sommes pas les seuls à s’être levé tôt ce matin. Des joggeurs, des familles, des promeneurs de chien ou encore des groupes de jeunes se bousculent sur les trottoirs. Je prends donc la direction des quais, au bord de la rivière, espérant échapper un peu à toute cette animation. Sur le chemin, je me perds encore dans mes pensées. Que serait ma vie sans ce petit ? Je ne l’imagine plus sans lui désormais, je mourrais de le perdre. Mais il me plait à penser qu’en ce dimanche, il y a deux ans de cela, je serais surement en train de décuver d’une folle soirée qui se serait terminée beaucoup trop tard. La belle vie. Ou peut-être pas. J’ai du mal à savoir si je préfère être un oiseau de nuit ou une lève-tôt.

En passant devant un quartier résidentiel, je me rappelle soudain que le père d’Amy vit ici. Bon sang, voilà un moment que la petite Abby était née et je n’avais absolument pas pris le temps d'aller lui rendre visite. Je lui avais envoyé quelques messages, certes, mais ils étaient beaucoup trop rapides et brefs pour une amie de longue date et qui plus est, qui venait d’accoucher.

Je m’empare donc de mon téléphone et compose le numéro de mon amie. Je compte les sonneries, non sans appréhension. Deux sonneries. Je crains qu’elle ne m’en veuille. Trois sonneries. J’en suis quasi-sûre. Quatre sonneries. Et merde. Messagerie. J’inspire un bon coup et prends mon air le plus enjoué possible. « Hé, Amy! Hm… Je passais devant chez ton père et je… Euh… Je me suis dit que ce serait une bonne idée de se voir, non ?! Je me promène avec Isaac, rejoins-nous… En fait, avec la petite je peux passer chez toi, c’est peut être mieux. » Merde une deuxième fois. Je suis clairement nulle pour laisser des messages vocaux. Je continue de marcher, l’esprit plus occupé cette fois. J’espère sincèrement qu’Amy n’est pas en colère. Et qu’elle me rappelera.

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Fatigue. Si elle devait se résumer avec un seul mot, c'est la fatigue. Fatiguée. Oui. Exténuée. Heureusement qu'elle n'est pas toute seule et qu'elle peut compter sur sa mère. Son son père, aussi. Mais également son beau-père. Elle reste bien entourée Amy. Et c'est pas plus mal.

Amy tourne dans son lit. Se met sur le côté. Et de l'autre côté. Elle a réussi à se rendormir après avoir donné un biberon à six heures du matin à Abby. Et Abby s'est également rendormie. Non, elle ne fait pas encore ses nuits. Pas totalement. Certaines nuits sont plus calmes que d'autres. Elle en convient. Elle s'étire un peu. Pensive. Elle voit, sur la table de chevet, qu'elle a un message sur sa boîte vocale. Jade. Elle passe une main dans ses cheveux. Elle pensait que Jade serait un peu plus présente. Mais elle conçoit que ça soit difficile aussi pour elle. Elle est mère célibataire. Elle joue les chasseuses de bijoux, également, en cherchant à mettre la main sur un riche petit gars. Et elle n'en oublie pas, d'ailleurs, qu'elle a toujours ses études d'infirmière. Des fois, Amy se dit qu'elle est bien courageuse. Vraiment. Elle sait pas trop comment elle fait pour tout mener de front. Quoi qu'il en soit, Amy écoute le message de Jade. Apparemment, elle n'est pas très loin de chez Elie. Et elle avait donc envie de voir Amy. Et peut-être bien de rencontrer Abby, par la même occasion. Après tout, hein, hormis quelques photos, Jade n'a pas encore pu la voir. Ca serait l'occasion de ... de se bouger un peu. Et d'aller se promener. Amy se lève et elle va vers la fenêtre. Il ne semble pas faire trop chaud dehors. Pourquoi pas après tout ? Comme elle est pas totalement réveillée, elle envoie un message à Jade. Pour lui indiquer qu'il y a un petit parc pas très loin de chez Elie. Jade doit forcément le connaître. Du moins, elle le suppose. Et Amy propose donc qu'elles se rejoignent là-bas.

Message envoyée, Amy prend une douche rapide. Pour se réveiller un peu. Elle descend tandis que sa mère s'occupe déjà de préparer le déjeuner. "tu manges avec nous ?" Amy hausse les épaules. "Je sais pas ... Prévois une assiette de plus, en plus de la mienne où cas où. J'vais voir." Laura sourit. "Tu nous tiens au courant." Comme toujours qu'elle répond. Comme toujours. Le sac de voyage est prêt. C'est ce qu'elle fait tous les soirs avant d'aller se coucher. Pour être sûr qu'il ne manque rien. Non. Et comme ça, elle n'a plus à le préparer dans la précipitation. Dans le cas où elle doit partir rapidement par exemple. Elle prépare la voiture. Parce qu'elle veut s'arrêter à la borne du starbuck pour prendre un petit quelque chose. Genre, un chocolat chaud. Et aussi un petit truc à se mettre sous la dent. Parce que là, juste sa pomme, elle va risquer de dépérir. Et pas qu'un peu. Voiture prête, elle va récupérer sa fille qui dort profondément. La mettre dans le cozy. Ca ne réveille pas la petie. Et tant mieux d'ailleurs !

Elles se mettent donc en route. Elle s'arrête au starbuck. A la section click and collect. Trop pratique. Tu commandes sur internet, tu vas sur la file du click and collect, et t'as pas besoin de sortir de la voiture ! Pratique quand tu as un enfant et que tu n'as pas envie de la sortir de la voiture ! Amy patiente quelques instants. Juste le temps qu'on lui amène la commande. Et elle finit par arriver au parc. Là, il lui faut bien cinq minutes pour tout sortir. Le sac à langer. Son sac qu'elle met en dessous de la poussette. Son téléphone dans la poche arrière de son short. Quelques gazouilles qui montrent que Abby a fini par se réveiller. "Ouais, ouais, je sais. J'te balade un peu. Mais ça te fait du bien !" Elles sortent tous les jours. Sauf s'il fait trop chaud. Ou s'il pleut. Mais comme c'est l'été, oui, c'est plutôt la chaleur qui les font rester à la maison. C'est mieux quand il fait trop chaud. Amy verrouille sa voiture. Se met derrière la poussette. Elle attrape le téléphone, juste pour appeler Jade. "Hey ... j'viens d'arriver. T'es de quel côté ?" Comme y'a plusieurs entrées au parc, c'est mieux de l'appeler pour savoir précisément où elle est. "Ok, j'arrive." Et il ne faut pas longtemps avant que Amy ne finisse par retrouver Jade. "Salut !" Elle la prend dans ses bras pour un câlin. "Désolée, j'ai pas pu décrocher ce matin. J'm'étais ... rendormie." Elle doit comprendre ça après tout.

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Au fil de ma balade, je me perds dans le quartier mais également dans mes pensées. Isaac, bien calé dans sa poussette, m’en sors de temps à autre grâce à un « Maman ! » bien sonore. Il cherche à me montrer un chien, un oiseau ou un petit garçon qui fait du vélo. Il s’émerveille de beaucoup de choses, ce qui a le don de me faire sourire. Quant à moi, je suis toujours étonnée de l’entendre parler. En à peine six mois, il est passé des gazouillis incompréhensibles à des mots qu’il prononce plus ou moins distinctement. Il adore répéter tout ce qu’il entend et je prends un malin plaisir à lui raconter toutes sortes de choses, histoire d’enrichir son vocabulaire. Je suis d’ailleurs en train de lui faire énoncer les couleurs de toutes les voitures qu’il croise lorsque je sens des vibrations dans mon sac. J’en tire mon téléphone, ravie de voir le nom d’Amy s’afficher sur mon écran. Elle me donne rendez-vous au parc, non loin d’ici. « Allez, je t’emmène au parc et tu vas rencontrer une nouvelle copine » dis-je à mon fils. Il se contorsionne dans sa poussette pour me regarder d’un air interrogateur « Copine ?! » Je profite du trajet pour lui parler de la petite fille d’Amy qui vient de naître.

J’imagine que si Amy a accepté de venir c’est qu’elle ne m’en veut pas. Elle doit probablement comprendre qu’entre Isaac, les cours et la vie en générale je n’ai pas spécialement le temps de faire ce que j’ai envie. Je suis néanmoins toujours un peu gênée lorsque je l’aperçois au loin traverser l’entrée du parc derrière une poussette. Je suis assise dans l’herbe avec Isaac, qui crapahute partout et s’amuse à effrayer les pigeons. Arrivée à notre niveau, elle me prend directement dans ses bras et s’excuse de ne pas avoir répondu à mon premier appel. Je lui rends son étreinte, chaleureusement. « Non mais ça va pas! C’est moi qui suis désolée de ne pas être venue te voir, je suis impardonnable ! » Mon attention se porte alors sur la petite Abby. Son visage de poupon est endormi et je ne peux m’empêcher de la trouver craquante. C’est fou comme le temps passe vite, j’ai l’impression que Isaac faisait encore cette taille hier. Mais il n’en est plus rien et c’est même avec plaisir que je vois mon fils devenir de plus en plus autonome. « Elle est tellement mignonne ! C’est une merveille. »

Je me rasseois dans l’herbe et invite Amy a en faire de même. A l’ombre des arbres, l’air est plus frais, plus agréable. « Comment ça se passe ? Tu arrives à gérer ? » Je n’ai aucun doute sur le fait que mon amie sache parfaitement s’adapter à sa nouvelle maternité, mais je m’en inquiète quand même. La fatigue, le stress, la solitude sont des sentiments fréquents chez les jeunes mamans seules. J’en connais quelque chose, ayant dû gérer Isaac seule. Je m’en étais sortie plutôt mal, même si rien n’avait été simple. Cette année j’avais d’ailleurs failli rater mes examens. Mais j’avais tenu bon, je m’étais démenée comme une dingue pour tout concilier ma vie étudiante et ma vie de maman, faisant donc totalement l’impasse sur ma vie de femme. C’était d’ailleurs probablement pour cela que j’étais encore, à l’heure d’aujourd’hui, célibataire. Toutefois, aujourd’hui le sujet ne concernait pas ma vie amoureuse. Je voulais apprendre à connaître cette nouvelle venue et m’intéresser entièrement à ma copine. « Elle a l’air calme, je me trompes ? »

Tout l’inverse d’Isaac d’ailleurs, qui a ce moment même, hurle pour je ne sais quelle raison et contre je ne sais quoi. « Isaac, arrête de crier. Il y a un bébé ici je te rappelle. » Cet enfant est inépuisable, contrairement à moi d’ailleurs. Il revient au pas de course vers nous et se jette dans mes bras. « C’est moi le bébé. » Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire devant son regard interrogateur. Je me mets alors à lui expliquer pourquoi il n’est plus un bébé. J’en profite pour lui présenter Abby également, qu’il regarde émerveillé et avec beaucoup de tendresse. Je me tourne vers Amy. « Profites du temps où elle ne parle pas, si elle devient comme lui ce sera un vrai moulin à paroles. » Isaac qui ne peut s’empêcher de faire le pitre, repars se jeter dans l’herbe en criant et répétant, non sans mal, à qui veut l’entendre « Un moulin à paroles. »

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Se préparer, ça a été. Heureusement qu'elle se charge de préparer les affaires de sa fille le soir. Sans quoi, ça serait compliqué. Ca serait vraiment compliqué. Plus long surtout. Enfin, Amy a commencé à prendre le coup de main. Elle sait très bien que parfois, elle est encore hésitante sur les choses à prendre. Mais ça va. Au départ, c'était quand même l'horreur. C'était très compliqué même. Elle oubliait toujours un truc. Et elle était obligée de faire demi-tour ou des choses dans le genre. C'est pas toujours facile. Non. Avoir un enfant et s'en occuper toute seule, y'a des jours où ... Elle aimerait baisser les bras. Et d'autres où elle se dit que sa fille, c'est quand même la plus belle chose au monde. Elle lui remonte le moral. Autant qu'elle le peut. Sa fille, c'est ... c'est sa petite princesse. C'est celle qui fait en sorte que tout aille bien pour Amy, en quelque sorte. Mais passons.

Amy et Abby retrouvent donc Jade et Isaac au parc, comme convenu. Amy s'excuse quelque peu en indiquant que ... Et bien, qu'elle dormait. Et que c'est pour ça qu'elle n'a pas décroché. Oui. Après, hein, elle sait très bien qu'elle ne pourra pas toujours décroché à la première sonnerie. Non. Parce que ... parce que Abby passera toujours la première. Si elle a les mains occupées et qu'elle doit s'occuper de sa fille, priorité à la petite. Toujours oui. Jade s'excuse, elle aussi. De ne pas être venue la voir. "Oh, ne t'inquiète pas." Elle lui offre un sourire. "Je sais qu'avec un enfant, on ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie." Il est vrai qu'avec un enfant sur les bras, parfois, on prévoit des choses. Et on ne peut pas forcément les faire. Non. Les imprévus de la vie, si on peut dire ainsi. Oui. Elle aussi elle en a. Enfin, le plus gros imprévu de sa vie, quand même, c'est la naissance de sa petite fille. Avoir un gamin aussi tôt, c'était pas dans ses projets immédiats. Mais Abby est là. C'est comme ça. Et elle va devoir faire avec. Voilà tout. Jade en profite pour jeter un coup d'oeil à la petite Abby qui dort. Pour le moment. "C'est ma petite princesse." Elle sourit. "Ma mère n'arrête pas de me dire qu'elle me ressemble beaucoup. Du moins, quand j'étais petites, c'est quasi mon portrait caché." Et ça lui va bien. Si elle avait été le portrait de Ash, ça aurait été compliqué. Bien sûr, la petite Abby a quelques traits de son père. C'est tout à fait normal. Elle espère juste ... qu'elle n'aura pas le caractère de son père. Ni le sien. Parce que ça va faire des étincelles mine de rien.

Amy finit par s'asseoir dans l'herbe, imitant Jade. Elles sont à l'abri du vent et du soleil. Là, sous cet arbre. "Y'a des jours avec et des jours sans." Elle essaie ... Elle essaie de tenir le bon bout. Mais des fois, elle déprime. Normal. "Après, j't'avoue que j'ai encore pas mal de travail à faire. En ce qui concerne l'organisation et tout ça. Mais j'm'en sors. Autant que possible." Elle sourit quelque peu. "Heureusement que j'peux compter sur ma mère !" Ca lui fait du bien d'être épaulée par Laura. Vraiment. Sans elle, Amy ne sait pas vraiment si elle arriverait à s'en sortir aussi bien. Sans doute que ... Elle ne sait pas trop. Elle ne veut pas présumer. Elle est bien. Elle fait son possible pour sa fille. Tout simplement. Jade fait une remarque. Sur le fait qu'elle soit plutôt calme. "Oh, pour le moment. Mais y'a des fois où j'arrête pas." Amy rigole un peu. "Qu'est-ce que ça va être quand elle va savoir marcher et qu'elle va courir à droite à gauche !" Elle ne dira pas que ça va être l'horreur. Mais ça va être ... encore plus sportif que maintenant ! Nul doute à ce sujet !

Isaac se met à crier. Et Jade essaie de le calmer un peu. Et Amy se met à rire quand il signale que c'est lui le bébé. C'est trop marrant. Et touchant d'ailleurs. "Ah, je crois que t'es un grand maintenant." Il est encore petit. Un peu bébé à sa façon. Mais c'est tout à fait normal. C'est pas demain la veille qu'il va grandir d'un seul coup. Jade lui fait voir Abby. Il reste comme ... sous le charme. Si on peut dire ça ainsi. "Et elle va parler. Encore et encore. Et courir partir !" Elle roule des yeux. "Et sans doute qu'elle me fera perdre mes moyens. Ou essaiera de me rendre chèvre. Mais j'ferais avec." Elle a pas le choix après tout. "Mon père dira que c'est un prêté pour un rendu si elle me fait tourner en bourrique." Elle rigole un peu.

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Lorsque je vois Amy au loin, je ressens comme un poids qui pèse lourdement au creux de mon ventre. Il faut dire que je suis loin d’avoir été une amie exemplaire ces derniers temps. Je lui avais promis d’être là, de l’aider dans ses débuts de toute jeune maman. Une promesse que je n’avais pas respectée. Ce n’était pas dans mes habitudes, mais sans réelle raison, je n’avais pas pris le temps. Heureusement, une fois arrivée près de moi, elle me prend dans ses bras. Elle m’assure ne pas m’en tenir rigueur. Je souffle un peu, me sentant redevenir un peu plus légère. L’avantage avec Amy, c’est qu’elle n’est pas rancunière et plutôt compréhensive. Je me considère chanceuse qu’elle ne m’accable pas.

Elle entame également les présentations avec la petite Abby. « C’est ma petite princesse. » m'indique- t-elle dans un sourire. Je ne peux m’empêcher de me fendre d’un sourire en voyant le visage poupin du nourrisson. On dirait une petite poupée, sagement endormie. Elle m’apprend que sa mère leur trouve des airs de ressemblance à toutes les deux. « Elle n’a pas tort. D’ici, on pourrait dire qu’elle a ton nez. » j’affirme en souriant. « Elle doit aussi avoir tes yeux, je verrai ça quand elle se réveillera. » Nous décidons de nous poser dans l’herbe. L’air est beaucoup plus doux à l'ombre des arbres. Nonchalamment, j’arrache des petits brins d’herbes de la main droite. J’observe Isaac courir après les pigeons et faire des roulades dans l’herbe. Cet enfant est infatigable, mais il aura néanmoins le don de me faire toujours rire.

J’écoute attentivement Amy me raconter comment elle vit ses premiers instants de maternité. Elle semble s’en sortir, et sa mère doit lui être une aide précieuse. J’aurais tant aimé pouvoir compter sur quelqu’un à l’arrivée d’Isaac. Certes, il y avait eu Connor, mais il n’était pas plus rencardé que moi sur le sujet. Disons que je pouvais compter sur lui pour galérer avec moi. Je lui fais également remarquer que la petite semble calme. Elle me fait comprendre que ça ne risque pas de durer. « Qu’est ce que ça va être quand elle va savoir marcher et qu’elle va courir à droite et à gauche. » Je désigne Isaac du menton. « Un démon comme lui là-bas. Une pile électrique. » Je repose mon regard sur mon amie. « Enfin, je ne te le souhaite pas! Avec un peu de chance ce sera une petite fille très douce. » En parlant de douceur, voilà Isaac qui se met à courir vers nous en hurlant.

Je tente de le faire taire avant que celui çi ne réveille le bébé. Il ne peut s’empêcher de faire le pitre. Je roule des yeux, priant pour Amy que sa fille ne devienne pas le même ouragan qu’est mon fils. Nous rigolons. « Et sans doute qu’elle me fera perdre mes moyens ou essayera de me rendre chèvre. Mais je ferais avec ! » Je hoche la tête. Je crois que c’est les bons mots, dans tous les cas, on fait avec. On s’adapte, on avance. « Mon père dira que c’est un prêté pour un rendu si elle me fait tourner en bourrique. » Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire à nouveau. « C’est vrai que dans mes souvenirs, étant ado, tu n’étais pas un vrai cadeau pour tes parents ! » Les souvenirs de nos années lycée étaient encore bien présents dans ma tête. Après tout, c’était il n’y a pas si longtemps encore. Quand je vois où nous en sommes désormais, en si peu de temps, j’hallucine un peu. « Est ce qu’au lycée tu aurais pensé, sérieusement, qu’on en serait là aujourd’hui ? » Je secoue la tête. « C’était clairement pas dans mes plans » Même si je n’ai aucun regret, aujourd’hui, j’ai plusieurs fois imaginée ma vie différemment. Quelqu’un a dit un jour que rien ne se passe jamais comme on le prévoit. Si je le croise un jour, j’aimerais d’ailleurs bien lui toucher deux mots à celui là…

En parlant de plan et de bug dans la matrice, me vient une chose en tête. Amy ne m’a jamais parlé du père de sa fille. Elle a peut-être tout d’une sainte, mais je sais qu’elle n’est pas non plus la Vierge Marie et qu’Abby n’est pas arrivée par le biais du Saint-Esprit. « Et le père de la petite dans tout ça ? Tu le vois encore ? » Je n’avais pas souvent vu Amy en compagnie de la gente masculine, c’était une indépendante, elle n’avait jamais eu besoin de personne. Je ne me rappelle donc pas de qui il pouvait s’agir. « Comment s’appelles t-il déjà ? » je lui demande, un peu curieuse.

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(#)Mar 02 Mar 2021, 06:25

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Retrouver Jade, ça lui fait du bien. Beaucoup de bien à dire vrai. Oui. Elle lui présente donc sa fille. Sa petite princesse. Elle a tenu bon ... parce qu'elle était là. Même si parfois, Amy avait des pensées ... bien négatives. Mais depuis qu'elle peut tenir sa fille dans ses bras, tout a changé. C'est différent. Bien différent. Et elle va la chérir cette petite. Elle va l'aimer. Et elle va finir ... par oublier. Tous les ennuis. Toutes les emmerdes. Et tout un tas d'autres choses, sans doute. Enfin. "Et mes oreilles aussi." En fait, elle lui ressemble beaucoup. Tant mieux. Elle espère juste qu'en grandissant, elle ne ressemblera pas trop à Ash. Parce que là, ça sera moins drôle. Quoi que d'ici là, ça ira peut-être mieux pour Amy. Peut-être qu'elle aura réussi à tourner la page ... Mouais, faut pas rêver. Elle est rancunière Amy. Faut voir avec son père, Elie. Elle a eu beaucoup de mal à le laisser rentrer dans sa vie. Ca a pris quelques années. Pas mal d'années même. Et maintenant, oui, ça va plutôt bien entre eux. D'un grand soutien il a été, tout comme sa mère, quand il y a eu l'échec Shephard. "Oui, elle a les miens aussi !" Enfin, elle aime à croire que ce sont les siens. Ash a les yeux clairs aussi.

Elles se posent. Au pied d'un arbre. A l'ombre. Amy bouge légèrement la poussette, comme pour border sa fille. Elle sait qu'elle se réveillera d'ici peu de temps. Qu'elle va réclamer son biberon. Un petit moment d'animation et hop, elle repartira pour les bras de Morphée. Ou pas. Peut-être qu'elle décidera de s'époumoner. Elle s'en fiche. Elles sont au parc. Si Abby décide de faire le cirque et de pleurer, encore et encore, ou bien de faire des gazouillis, elle n'en dira rien. Y'a pire quand même dans la vie, non ? Isaac, lui, il court partout. Tandis que les deux mamans discutent toujours. Être mère ... Franchement, elle n'aurait jamais cru qu'elle le serait aussi tôt dans sa vie. Jade ne la rassure pas trop. Mais elle se doute qu'en grandissant, elle sera un petit diable Abby. "Mouais ... me connaissant, si elle a pris le plus gros chez moi ... j'suis pas sûre que Abby rime avec calme." Elle se met à glousser quelque peu. Isaac se défoule. Et oui, Amy se met à se dire que d'ici à quelques années, ça sera Abby qui fera pareil. Qui va courir partout. Dans tous les sens. Et qui va réclamer de l'attention, encore et encore. Et ça ne la gêne pas. Pas plus que ça en tout cas. Un petit ouragan. Une tempête. Une petite fille ... qui va respirer la joie de vivre. En tout cas, elle espère. "Non, c'est vrai que ma mère et David ... ils avaient de quoi faire avec moi. Et j'te parle même pas de mon père quand il a essayé de revenir dans ma vie." En même temps, hein, c'était normal qu'elle lui en fasse voir de toutes les couleurs à lui. Elie le méritait. Sa mère et David moins. Mais bon. Elle n'a pas apprécié, au départ, de quitter les USA pour Brisbane. Ca l'a fait chier. Et elle le leur a bien fait comprendre à dire vrai !

Jade lui pose une question. Sur si elle avait imaginé que les choses tourneraient ainsi. "J'dois t'avouer que c'était pas dans mes plans non plus." Mais alors pas du tout. "On en aurait parlé à l'époque, j'aurais bien rigolé en indiquant que tu te moquais de moi." Bien sûr, Amy est contente de pouvoir tenir sa fille entre ses bras. Mais elle aurait préféré ... que ça n'arrive pas. Pas aussi tôt dans sa vie en tout cas. Si on lui avait laissé le choix, elle aurait attendu. Encore quelques années. Mais bon. C'est la vie comme on dit, non ? "Mais je présume que tu es comme moi et que tu dois être heureuse de l'avoir dans ta vie ?" Même s'il a tout chamboulé sur son passage. Tout comme Abby d'ailleurs. Amy frémit un peu. Quand Jade lui parle de Ash. "Non. Et j'ai pas l'intention de le revoir. C'est lui qui s'est tiré. Je ferais pas le premier pas." Elle secoue la tête. "Et à dire vrai, si ça ne tenait qu'à moi ..." D'une certaine manière, ça ne tient qu'à elle. "J'veux rien de lui. J'veux pas le voir. J'veux pas lui parler. Et j'veux encore moins qu'il voit ma fille." Elle devrait dire leur fille. Il a planté la graine. Mais il n'a rien d'un père. C'est un fourbe. Un menteur. Un lâche. Un enfoiré. Et elle est pas prête d'arrêter de pester contre lui ! Enfin, elle va rester polie parce que Isaac n'est pas loin et qu'il pourrait vouloir répéter les gros mots qu'elle pourrait dire. Et elle ne veut pas être celle qui lui a appris des gros mots. Il sait ... il sait que la petite Abby est née. Puisqu'il connaissait le terme. Plus ou moins à quelques jours. Mais il n'a pas de photos d'elle, hormis les échos qu'il aurait pu garder si c'est le cas, il ne sait pas comment elle s'appelle. Il ne sait pas à quoi elle ressemble. Et comme Amy a plus trop de contact avec le frère et la soeur de Ash, Cody et Adèle, c'est pas eux non plus qui pourront le rencarder. "Shephard. Ash. Je rajouterais bien des gros mots pour le qualifier. Mais y'a des petites oreilles qui fouinent." Elle parle d'Isaac. "Qu'il ait voulu se concentrer un peu sur sa carrière, j'comprends. Mais qu'il me fasse plus ou moins comprendre qu'il semblait s'en foutre d'elle et de moi, ça passe pas." Amy souffle un peu. "On peut parler d'autre chose que ce C.O.N ?" Elle fait exprès d'épeler le dernier mot histoire que Isaac ne comprenne pas.

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Après s’être remémorées quelques souvenirs d’adolescentes, je ne peux m’empêcher de demander à Amy si elle se serait imaginée à cette époque, ne serait-ce qu’une seconde, que nous en serions là aujourd’hui. Celle-ci secoue la tête. « On en aurait parlé à l’époque, j’aurais bien rigolé en indiquant que tu te moquais de moi » Quand j’y repense, c’est vrai que nous n’aurions jamais pu y croire. Nous étions des ados pleines de rêves et d’ambitions mais voir des enfants si tôt ne nous avait jamais effleuré l’esprit. Il nous arrivait parfois de nous confesser sur notre futur : combien d’enfants nous désirerions, quels prénoms nous leur donnerions… Mais nous parlions alors d’un futur plus qu'hypothétique et d'événements que nous n'imaginions pas nous arriver avant nos trente ans. Il fallait se rendre à l’évidence, la vie en avait décidé autrement. « Imagines moi, je t’aurais dit que tu étais folle de penser une telle chose. »

« Mais je présume que, comme moi, tu dois être heureuse de l’avoir dans ta vie ? » A cette question, mon regard se perd au loin. Évidemment que j’étais heureuse d’avoir Isaac, je mourrais qu’on me l’enlève à présent. Mais je n’avais pas toujours été dans cet état d’esprit. J’avais passé ma grossesse à être anxieuse, angoissée même, regrettant de ne pas l’avoir décelée plus tôt pour pouvoir avorter. A cette pensée, un frisson me parcourt et je ne peux m’empêcher de couver mon fils des yeux. Comment aurais-je pu seulement lui faire cela ? En le connaissant aujourd’hui cette idée me paraît forcément monstrueuse. « Tu n’imagines pas à quel point, c’est mon rayon de soleil… Tout comme il se révèle être parfois un vrai ouragan ! » je réponds à Amy. « Mais maintenant qu’il est, impossible de m’imaginer sans lui. » Mon fils représente pour moi tout ce que j’ai de plus cher au monde. J’aurais tellement aimé que Tommy soit encore parmi nous pour le voir grandir…

Je chasse rapidement la pensée de mon ex petit-ami de ma tête, l’heure n’était pas à la mélancolie. Une pensée en entraînant une autre, je me mets à songer au père de la petite Abby, que je ne connais pas. Je me risque donc à demander à mon amie si elle a encore contact avec lui et surtout, de me révéler son identité. Le visage d’Amy s’assombrit et elle se renfrogne lorsque j’évoque le géniteur de sa fille. « C’est lui qui s’est tiré. Je ne veux rien de lui. Je ne veux pas le voir. Je ne veux pas lui parler. Et je veux encore moins qu’il voit ma fille. » Tout cela avait le mérite d’être clair. Je ne connaissais pas leur histoire, à cette époque Amy et moi nous étions un peu perdues de vue, vaquant à nos vies et nos occupations. Si elle lui en voulait autant, c’est sûrement parce qu’il avait dû se comporter comme un goujat. « Wow, en effet, je vois que tu es sacrément remontée contre lui ! J’en déduis que ça ne s’est pas vraiment bien terminé entre vous. »

Elle finit enfin par me révéler son nom. « Shepard. Ash. » Je n’écoute alors plus ce qu’elle continue de me raconter. Ce prénom et ce nom me font l’effet d’une bombe. Mes joues rosissent contre mon gré et mes mains se mettent à trembler. Je tente tant bien que mal de masquer mon état à mon amie. J’avais rencontré Ash quelques jours plus tôt, à une soirée. Nous avons sympathisé et j’ai passé une merveilleuse soirée en sa compagnie. Je me mord la lèvre, ne sachant que penser de cette situation. J’avais donc passé du temps avec le père de la fille de mon amie. Le bordel. Je ne voyais pas d’autres mots pour définir cela. « On peut parler d’autres choses que de ce C-O-N ? » me prie t-elle en veillant bien à ne pas être grossière devant Isaac. « Oh, euh… Oui, oui bien sûr. Je comprends que tu n’aies pas envie d’en parler. » je bafouille un peu. Je prie intérieurement qu’Amy n’ait pas remarqué mon tourment.

Je ne savais pas si je devais lui parler de cette soirée. Après tout, il ne s’était rien passé de bien méchant entre Ash et moi. « Et puis tu n’étais pas au courant que c’était l’ex d’Amy. » me souffle ma petite voix dans ma tête. Certes, mais cela ne l’empêchera pas de m’en vouloir si elle l'apprend. Je ne sais pas vraiment quoi faire, de panique, je préfère changer de sujet en priant intérieurement que les expressions de mon visage ne m'aient pas trahie. « Tu comptes reprendre le boulot bientôt ? » Pour encore mieux noyer le poisson, je m’empresse de rajouter : « Je t’ai dit, d’ailleurs, que j’arrêtais les études d’infirmière ? »

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(#)Mer 10 Mar 2021, 00:19

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Oui. Le lycée ... C'était bien quand même. Pas de responsabilités. Rien de tout ça. Une vie légère. Oh, certes, Amy n'a pas trop aimé, au départ, de devoir finir sa scolarité sur Brisbane. Quitter en plein milieu de l'année le lycée, devoir recommencer ailleurs. Être la petite nouvelle du bahut ... C'était pas drôle. Mais elle est tombée sur Jade. Et ça a bien matché entre elles. Et c'est peut-être ce qui a fait que Amy a réussi à s'intégrer. Et à ne pas détester la fin de sa scolarité. Ouais. Il doit y avoir du vrai. Du bon dans tout ça. Et quand elles parlaient de futur, toutes les deux, elles ne se voyaient pas avec un enfant sur les bras à un âge si jeune. A croire que la vie aime bien faire des coups foireux. Et ça, c'en était un. Pour Jade. Comme pour Amy. "On nous aurait prises pour des folles, ouais, j'suis d'accord." Elle hoche la tête et jette un coup d'oeil sur la poussette. Puis sur Aaron. Avoir un enfant, c'était pas dans ses projets immédiat. Elle aimait Ash, bien sûr. Mais elle n'était pas prête. Et sans doute que lui non plus n'était pas prêt puisqu'il s'est échappé. Tel un Pokémon qu'on souhaite capturer, il s'est fait la malle. Et il est pas comme un boomerang. Il reviendra pas. Et quand même il pourrait revenir, elle utiliserait sa batte de base-ball juste pour l'envoyer loin d'elles. Loin d'Amy. Loin d'Abby. C'est mieux pour elles, enfin, surtout pour Amy, s'il reste loin.

Jade est comme Amy. Isaac, c'est son soleil. C'est sa vie. Même s'il est parfois compliqué. Amy sourit. Oui. C'est exactement ce qu'elle pense. Même si parfois, le simple fait de poser les yeux sur elle lui fait penser à Ash. Et ça la fout en rogne. Ca la fout en colère. Elle aimerait ... Pouvoir oublier. Pouvoir oublier Ash. Ne plus penser à lui. Mais c'est un peu comme si la foutue page du livre voulait pas se tourner. Et c'est dur. Ouais. C'est vraiment dur. "Tu sais ... quand j'ai eu mon accident ... j'ai souhaité ... j'ai souhaité perdre le bébé. J'me disais que ça serait mieux." Parce que ça faisait quinze jours qu'elle était séparée avec Ash. Qu'elle avait mal au coeur. Et qu'elle ne pouvait. Ou plutôt, elle ne voulait pas imaginer poursuivre sans lui. Trop tard pour avorter, ça aurait été si simple qu'elle ne soit plus là. "Mais en y repensant, maintenant, c'était ... un poil criminel quand même." Vraiment. Et puis, elle est pas si malheureuse avec sa choupette entre les pattes, si ?

Jade s'interroge. Sur Ash. Il est vrai qu'elles n'étaient pas les meilleures amies au monde à ce moment là. Oui. Elle n'a pas forcément eu l'occasion de beaucoup lui parler de lui. Et maintenant, tout ce qu'elle pourra lui dire ... Et bien, c'est pas des choses bien. Elle a la rancune tenace miss Castle. Et elle surveille son langage. Pour éviter les grossièretés que Isaac pourrait vouloir répéter. Parce que les enfants, ils aiment bien répéter, malheureusement. Et Amy sait qu'elle va devoir ... qu'elle va devoir surveiller son langage par rapport à Abby. Et pas qu'un peu. "Non, pas vraiment bien." Elle secoue la tête. "J'ai un sérieux complexe d'abandon. Mon père. Ma première relation sérieuse avec Simon. Et lui, il m'a farouchement répété, à de nombreuses reprises, qu'il ne m'abandonnerait jamais." Et c'est ce qu'il a fait. Elle ne sait pas vraiment à quel moment il a perdu foi entre eux. Mais ça fait mal. Elle avait peut-être dû lui donner son nom. Mais elle le lui rappelle, puisque Jade ne semble pas s'en souvenir. Jade bafouille un peu. Mais comme Amy est un peu en boule, elle ne le remarque pas. Elle veut parler d'autre chose. Elle ne veut pas évoquer Ash. La journée était plutôt belle et elle n'a pas envie de l'assombrir avec ... avec le sujet ASH. Surtout qu'elle aurait pas mal de choses à dire. Et qu'elle aurait ... Et qu'elle devrait grogner. Beaucoup. A ce sujet. "J'pense que j'vais attendre les six mois de Abby. Et puis, j'vais m'y relancer doucement." Avec son accident, la grossesse, il est vrai qu'elle est restée loin de son travail. Ca fait un moment. Un an à la mi-juin. Mais elle va bientôt se remettre en selle. Elle regarde Jade et fronce des sourcils. "Non, tu m'avais pas dit. Pourquoi t'arrêtes ?"

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Le soleil tape en cette après-midi, et bien qu’à l’ombre je commence à avoir chaud. J’observe Isaac, la chaleur ne semble pas le déranger, ou tout du moins, ne l’empêche pas de courir à droite à gauche et de faire des cabrioles dans l’herbe. Je ne peux m’empêcher de sourire en le regardant, remerciant la vie de me l’avoir apporté en cadeau, malgré tout. Si tout comme moi, Amy n’avait pas souhaitée être mère si tôt, nous nous rendions compte de tout le bonheur que ces deux petits êtres nous apportent au quotidien. Elle me fait d’ailleurs une confession un peu difficile. « Tu sais, quand j'ai eu mon accident... J'ai souhaité ... J'ai souhaité perdre le bébé. J'me disais que ça serait mieux. » Je pose une main sur son bras et lui sourit, compatissante. « Si ça peut te rassurer, j’ai regretté de ne pas pouvoir avorter à l’époque. » Ni elle ni moi n’étions à blâmer pour avoir eu de telles pensées, la plupart du temps les jeunes filles de notre âge au le plus souvent recours à l’avortement. « Quand tu penses que maintenant on ne sait même pas comment on ferait sans eux ! » lui dis-je. « Mais en y repensant, maintenant, c'était ... un poil criminel quand même » J’éclate de rire à cette phrase. « Un peu, certes. Mais on ne pouvait pas le savoir à l’époque. »

Nous abordons alors le sujet du père d’Abby, que je connaissais étrangement pas. Il faut dire qu’à cette époque, nous ne nous voyions que très peu avec Amy et nous avions peu de contact, chacune étant occupée à gérer sa vie au mieux. Notre relation avait été faite de grands moments de complicité mais aussi de quelques interruptions, non pas à cause de disputes mais plutôt parce que nous n’avions pas spécialement le temps de nous voir. Lorsqu’elle évoque le père de sa fille, mon amie se rembrunit. « J'ai un sérieux complexe d'abandon. Mon père. Ma première relation sérieuse avec Simon. Et lui, il m'a farouchement répété, à de nombreuses reprises, qu'il ne m'abandonnerai jamais » Je soupire. A moi aussi, Tommy m’avait fait la promesse de ne jamais me quitter. Mais contrairement à l’ex d’Amy, il m’avait abandonné, ainsi que tous ses proches, contre son gré. Je ne pouvais pas lui en vouloir si la vie avait décidé de nous l’arracher. Je me tourne vers mon amie. « Tu sais comment sont les hommes, pleins de promesses et lorsque viens le moment d’assumer leur responsabilité, ils disparaissent ! » Elle n’en croyait pas un traitre mot, persuadée qu’elle pouvait toujours faire confiance à la gente masculine, n’ayant jamais été réellement déçue par l’un d’entre eux. Mais elle se voulait être un soutien par Amy, et cela passait aussi par aller dans son sens.

Lorsqu’elle m'apprend l’identité de son ex, je me fige sur place. Choquée de découvrir que son ex n’est autre que la personne avec qui j’ai passé une soirée délicieuse il y a quelques jours. Je rougis, bafouille et des gouttes de sueur perle sur mon front à l’idée qu’Amy puisse le savoir. Elle m’en voudrait tellement, encore plus qu’elle à l’air d’être des plus remontées contre lui. Je tente tant bien que mal à cacher mon tourment et change donc maladroitement de sujet, lui demandant quand elle comptait reprendre le boulot. « J'pense que j'vais attendre les six mois de Abby. Et puis, j'vais m'y relancer doucement » Je hoche la tête. « Tu as raison, prends du temps pour toi et aussi pour profiter d’elle ! D’ailleurs, si tu cherches une crèche, je te déconseille celle où j’emmène Isaac. Elles sont très gentilles, mais elle passe leur temps à me regarder de travers, comme si elle n’avait jamais vu de maman de vingt ans. » je lui informe en roulant des yeux. J’informe également Amy que j’ai décidé de mettre un terme à mes études d’infirmière. « Non, tu m'avais pas dit. Pourquoi t'arrêtes ? » « Principalement parce que j’ai besoin d’argent. Je ne m’en sors plus, et je n’ai encore rencontré personne pour subvenir à mes besoins ! » je plaisante. Mais Amy sait très bien que je dis là une part de vérité, elle est au courant que je recherche partout l’homme qui pourra me faire mener la vie de château. Oh, il y aurait peut-être bien Ash, mais il vaut mieux que j’évite de lui en parler, d’autant plus que nous n’avions pas de compte à nous rendre et que je voyais en lui plus qu’un portefeuille. Je le respecte trop pour jouer les croqueuses de diamants avec lui. Je reprends, tentant de chasser Ash de mes pensées. « Je vais travailler dans un centre d’aide social. Le salaire est plutôt bon, et même si c’est radicalement différent du métier d’infirmière, je pense que ça peut me plaire. Il faut que je me rendre utile, un peu » Et accessoirement que j’arrive à nourrir mon fils jusqu’à la fin du mois, ce que mes études ne me permettait radicalement pas.

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(#)Mer 24 Mar 2021, 01:31

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L'avortement. En fait, l'idée lui a effleuré l'esprit une fraction de seconde. Quand elle s'est imaginée la réaction de Ash. Qu'il pourrait avoir quand elle lui apprendrait. Elle n'était pas certaine qu'il réagirait bien. Et dans le cas où ça aurait fait exploser leur couple immédiatement, oui. Elle serait passée par cette case. Seulement ... Seulement Ash était heureux. Il semblait vraiment vraiment content. Et l'idée lui a passée presque aussitôt. Oui. Et elle a commencé à s'imaginer qu'ils auraient leur famille. Et que tout irait comme sur des roulettes. Seulement, ça n'a pas explosé tout de suite entre eux. Et quand l'explosion a eu lieu, c'était trop tard. Trop tard pour qu'elle reconsidère la question. Trop tard pour qu'elle aille dans ce genre de clinique. Maintenant qu'elle a sa petite fille, elle ne la regrette pas. Mais elle s'est longuement demandé si ... c'était vraiment une bonne idée. Sans doute qu'elle n'aura jamais la réponse. Amy a un léger sourire quand Jade lui raconte que maintenant, elle n'imagine pas sa vie sans son fils. "J'en suis pas encore à ce stade, c'est un peu tôt. Même si ..." Elle esquisse un léger sourire. "Même s'il faudra sans doute pas longtemps avant que j'en vienne à la même conclusion." Elle se pince les lèvres. Parce que sa fille, elle l'aime. Elle est un peu comme un phare. Une lumière dans son tunnel. Dans son gouffre.

Sujet épineux. Sujet problématique quand Jade a envie d'en savoir un peu plus sur le père de la petite. Amy et Jade, quand bien même elles sont amies depuis pas mal d'années, à ce moment là, elles se voyaient moins. A dire vrai, elle n'a même pas eu le temps de lui présenter son prince charmant. Enfin, pas si charmant après tout puisqu'il s'est tiré la queue entre les jambes. Il a bien voulu revenir. Mais hors de question que Amy fasse comme si rien ne s'était passé. Hors de question qu'elle laisse faire ou qu'elle l'accueille les bras grands ouverts. Quand bien même elle aura, sans doute, toujours des sentiments et de l'affection pour lui, à part lui briser le coeur, encore et encore, il ne fera rien de bon pour elle. Seulement, Amy ne sait pas vraiment comment l'oublier. Et encore moins tourner la page. "Il a essayé de revenir. Après son break." Elle mime des guillemets avec ses doigts. "Mais pas question de le laisser revenir. Pour qu'il me fasse encore plus de mal ? A moi ou à Abby ?" Non. Elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas. Et elle ne le veut toujours pas. Elle sait qu'il cherche le contact. Elle sait qu'il veut être dans les parages. Mais c'est plus fort qu'elle. Elle ne veut pas. Parce que s'il revient, combien de temps il reviendra ? Combien de temps avant qu'il ne s'affiche au bras d'une pin-up ? Et encore une autre parce que la première lui plaira pas assez ? Combien de temps avant que la presse ne s'en empare, et que ladite presse cherche à gâcher sa vie, ou celle d'Abby ? Ca aurait été difficile, mais elle était prête à faire avec. "Il nous apportera rien de bon." Elle y croit dur comme fer. Qu'il reste loin. C'est mieux ... pour elles.

Amy ne l'a pas remarqué parce qu'elle jetait un coup d'oeil à sa fille, mais elle est pâle. Jade est bien plus pâle qu'à leur début de conversation. Le boulot ? Amy va attendre un peu. Mais elle sait que c'est pour bientôt. Est-ce qu'elle a hâte ? Alors que la plupart de ses pensées seront tournées vers sa petite fille ? Ca lui fera du bien. Et puis, avoir un enfant, ça l'empêchera pas de faire son boulot. "Oh, tu sais, pour la crèche, j'm'en fais pas tant que ça." Elle secoue la tête. "Le patron où j'bosse a fait en sorte qu'il y ait une garderie. Avec des employés plutôt bien formés. Donc, j'crois que Abby viendra au boulot avec maman." Elle hoche la tête. Et ça sera plutôt pas mal. Un baby blues pour Amy et elle aura toujours la possibilité de faire une petite pause et d'aller voir sa princesse. Au moins les premiers jours. Les premiers temps où elle va reprendre le travail. Après ... après elle sera peut-être plus cool avec le fait de ne pas y aller tout le temps. Amy reste surprise quand elle apprend que Jade a lâché ses études. Elle est sur le cul à dire vrai. Elle a besoin d'argent. D'où le fait qu'elle ne peut pas se permettre de continuer ses études si elle veut survivre avec son fils. "Te trouver un daddy sugar t'attirera que des ennuis." Elle hoche la tête. "On est des filles intelligentes ! On n'a pas besoin d'homme dans notre vie !" L'amour ? Si c'est pour souffrir, elle préfère rester toute seule et se contenter d'un coup d'un soir de temps à autre. Elle n'y croit plus. Jade va dans un centre d'aide social. Pour travailler. "Et tu vas faire quoi ? Donner des conseils ?" Elle voit pas trop ... En fait, elle arrive pas trop à voir ce qu'elle pourrait faire. "Si ça marche pas pour toi là-bas, j'peux toujours glisser un mot là où j'travaille. Les horaires sont bien. Ils sont arrangeants pour les parents seuls. Et le salaire est bien aussi." Elle se doute que Jade va refuser. Mais qu'elle garde l'idée en tête. Au cas où.

Abby gigote dans la poussette. Et pleure un peu. Amy finit par se lever. "J'crois pas que ça soit encore l'heure du biberon." Et puis, ça permettra à ce que Jade puisse la voir un peu mieux. "Hey toi !" Doucement, lentement, elle extraie sa fille de la poussette. Qui est sans doute un peu surprise du trop plein de lumière mais bon. Plus longtemps elle est debout en journée, mieux c'est à dire vrai. Elle ne pleure pas trop. Grogne plutôt. Peut-être qu'elle avait juste envie des bras de sa mère. "J'te présente un peu mieux la petite Abby." ajoute-t-elle dans un sourire.

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Je me sens terriblement mal au moment où j’entends Amy prononcer le nom de Ash. D’autant plus que j’observe sur son visage une mine renfrognée lorsqu’elle évoque le père de sa fille. Je tente de me rassurer : comment aurais-je pu deviner ? J’ai rencontré cet homme à une soirée caritative et je dois avouer que je suis rapidement tombée sous son charme. Je ne parle pas d’une attirance physique, non, c’était tout autre chose. J’ai comme l’impression qu’une réelle alchimie s’est créée entre nous ce soir-là. Néanmoins, l’idée qu’Amy soit au courant me terrifie, elle semble tellement en colère contre lui. Ce que je peux comprendre, c'est que la pauvre a dû assumer un enfant seule et s’est sentie abandonnée. Je ne peux toutefois m’empêcher de repenser aux dires de Ash qui s’est livré et m’a parlé de sa fille, il semblait vouloir me dire qu’il souhaitait sincèrement pouvoir s’occuper d’elle et soulager Amy. Chose à laquelle elle s’oppose totalement.

J'essuie mes mains moites sur le bas de mon chemisier et tente de faire bonne figure. « Il a essayé de revenir après son break » enchaîne-t-elle, remontée comme un coucou. « Mais pas question de le laisser revenir. Pour qu’il fasse encore plus de mal ? A moi ou à Abby ? » clame-t-elle sous mes yeux hagards. Elle conclut dans un soupir : « Il ne nous apportera rien de bon. » Je hoche la tête et reste silencieuse. Je n’aime pas mentir ou cacher des choses à mes amies, et je me retrouve face à un cas de conscience : dois-je avouer à Amy ce qu’il s’est passé entre Ash et moi ? Ce n’était qu’une soirée, quelques confidences autour d’un verre, mais j’ai tout de même l’impression de l’avoir trahie. Agacée, elle ne semble pas remarquer mon tourment et je prends donc la décision de passer sous silence cette information.

J'emmène la conversation sur un autre terrain, espérant reprendre un peu de couleurs et faire s’envoler ce poids au creux de mon ventre. Parler boulot me semble être le sujet parfait pour cela. Amy m’informe qu’elle ne reprendra le boulot que dans plusieurs mois et lorsque je lui propose de la mettre en contact avec la crèche où j’emmène Isaac, elle refuse poliment en m’expliquant que son employeur propose un service de garderie compétent et abordable. « Je crois qu’Abby viendra au boulot avec maman » dit-elle avec cette fois le sourire aux lèvres. Je lui rends son sourire. « Tant mieux, tu pourras profiter encore plus d’elle comme ça ! » De mon côté, j’aimais de temps à autre me séparer d’Isaac, cela me permettait de souffler un peu et de me sentir parfois comme une vraie jeune fille de mon âge.

Je lui fais part de ma décision d’arrêter mes études, ce qui semble la surprendre. Cette décision était mûrement réfléchie et je n’avais aucun regret, cet emploi au centre représentait un vrai tremplin, comme me l’avait souligné Monsieur McKullan, le directeur. « Et tu vas faire quoi ? Donner des conseils ? » me demande-t-elle. Son scepticisme me trouble un peu, j’ai l’impression qu’elle ne croit pas en cette reconversion. C’est pourtant tellement important pour moi, je m’attendais peut-être à plus d’enthousiasme de sa part. « Oui, entre autres. » je finis par lui dire. « Je vais aider des gens qui en ont besoin, des enfants ou des personnes plus âgées, avec tout un tas de soucis différents. » je lui explique. « Cela peut aller d’une simple aide administrative jusqu’à un réel accompagnement de vie. » je continue avec le sourire aux lèvres. La perspective de me rendre utile auprès du plus grand nombre m’enchantait et ce nouveau travail donnait un nouveau souffle à ma vie. Amy ne semble pas le comprendre, mais je ne lui en veux pas, nous sommes toutes deux assez différentes et parfois ils nous arrivent de ne pas être en accord. Elle me propose d’ailleurs de me pistonner pour travailler au centre d’appel d’urgence. Je secoue la tête et refuse gentiment. « Je te remercie, Amy, mais je suis très contente de travailler au centre » je lui explique. « Je garde toutefois ta proposition en tête, au cas où » je rajoute en lui faisant un clin d'œil.

Sur une note plus légère, je lui apprends aussi que j’ai besoin de ce travail pour des raisons financières. Je ne m’en sors plus pour subvenir à mes besoins et à ceux d’Isaac, mon train de vie est en chute libre et je ne peux plus le supporter. Surtout que je n’ai pas trouvé d’homme assez riche et généreux pour me faire rire, ce que je ne manque pas de souligner à mon amie, qui fronce les sourcils. « Te trouver un daddy-sugar ne t’attirera que des ennuis ! » me met-elle en garde. « On est des filles intelligentes ! On n’a pas besoin d’homme notre vie ! » continue t-elle. Je ne peux m’empêcher de rire, Amy a raison mais c’est tout de même plus fort que moi. « J’ai beau être intelligente, mes capacités intellectuelles ne me rapportent pas d’argent » j’argue en rigolant. « Je n’ai pas spécialement besoin d’un homme, mais de son portefeuille » je lui dis, tout sourire, en la poussant du coude.

La petite Abby nous coupe dans notre conversation par des pleurs, ce qui attire immédiatement l’attention d’Isaac, qui arrive vers nous en courant. « Bébé ? » demande-t-il de sa petite voix. Amy prend le nourrisson dans ses bras, qui cesse immédiatement de pleurer. Je ne peux m’empêcher de sourire face à son visage de poupon. Elle est si mignonne. « J’te présente un peu mieux la petite Abby » Avant même que j’ai pu prononcer le moindre mot, Isaac entoure la petite de ses deux bras pour lui faire un bisous sur la tête. Je fonds devant cette scène attendrissante mais je ne peut m’empêcher de mettre mon fils en garde : « Doucement Isaac, elle est fragile. » Je connais malheureusement mon fils et son manque de délicatesse, je redoute qu’il soit un peu trop brusque avec elle. Il cesse doucement son étreinte et viens s'asseoir dans le creux de mes jambes, repliées en tailleurs. « Elle est vraiment adorable, tu as bien bossé » je dis à mon amie.

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Pardonner. C'est le plus difficile. Passer à autre chose. Avoir confiance. Pardonner, elle le pourra peut-être. Avoir confiance de nouveau en Ash, ou bien dans les hommes, ça, c'est autre chose. Parce que mine de rien, Amy a été terriblement blessée par cette histoire. Elle a toujours eu ce complexe d'abandon. Ces personnes qui ... Et bien, ces personnes qui n'arrêtaient pas de dire qu'ils ne la laisseraient jamais alors que c'est la première chose qu'ils ont fait. Enfin, tout ça pour dire que ça fait terriblement mal. Et qu'elle ne sait pas vraiment si elle arrivera, un de ces jours, à ouvrir son coeur à nouveau. Sans doute que c'est ... foutu. C'est comme ça. Elle n'y peut pas grand chose. De toute manière, elle a de l'amour à revendre pour sa fille. Pour un homme, il va faire que lui briser le coeur. Une nouvelle fois. Ca veut pas dire qu'elle ne trouvera pas quelqu'un. Qu'elle n'aura pas quelqu'un avec qui elle arrivera à se lier un jour ou l'autre. Ca prendra du temps. L'éternité s'il le faut, si on peut dire ça ainsi. En tout cas, une chose est sûre. Face à tout ça, Jade est plutôt ... ultra silencieuse. Soit parce qu'elle ne sait pas quoi répondre à son amie. Soit parce que ... Parce qu'elle pourrait avoir des choses à cacher. Mais là, tout de suite, Amy n'y pense pas vraiment. Là, tout de suite, elle est juste ... un peu trop en colère contre Ash. Voilà tout.

La crèche ? Amy n'aura pas besoin de s'en occuper. Non. Parce que le patron a eu une bonne idée. Un service. A l'intérieur de l'entreprise. Directement où les enfants du personnel seront gardés. Amy ne dira pas que c'est un visionnaire. Mais presque. Dans le sens où, parfois, trouver une baby-sitteuse, c'est pas facile. Ou alors, de nuit. Y'a des employés qui travaillent de nuit et qui se retrouvent parfois sans personne pour garder leur enfant. Même si, honnêtement, Amy n'amènerait pas sa fille pour qu'elle y dorme la nuit. Ca, elle peut compte sur ses pères et sa mère pour qu'ils gardent la petite. Mais voilà, il est vrai que ça peut pas mal dépanner. "Faudrait pas non plus que je sois tout le temps sur son dos." Elle a un hochement de la tête. "Sans quoi ... Je risque de pas faire mon travail correctement." En fait, c'est de ça que Amy a peur. Si elle a Abby sous la main, ou presque, dans la pièce d'à côté, elle voudra passer du temps avec elle. Peut-être les premiers temps. Peut-être que ça lui passera. Elle verra quand elle y sera. C'est pour bientôt, elle le sait. Elle va devoir reprendre le travail. Être à la maison, c'est bien. Mais être derrière le téléphone, répondre à des gens qui ont besoin parce que ... parce qu'ils sont pas bien, parce qu'ils ont eu un accident ou des choses dans le genre, c'est pas mal. C'est encore mieux. Et à dire vrai, même si elle aime passer du temps avec sa fille, elle a envie de reprendre le travail. Un travail qui lui tient à coeur quand même. Et ça lui fera du bien. Qui sait ? Ca lui permettra peut-être de faire passer la pillule Ash plus facilement ? Ou pas.

Amy est surprise. Parce qu'elle pensait que Jade aimait les études qu'elle faisait. Mais elle peut aussi comprendre qu'à un moment, c'est pas forcément suffisant. Amy elle-même n'a pas eu le courage pour les études. Enfin, c'était plutôt une question d'envie. Parce qu'elle n'aimait rien. Parce qu'elle ne savait pas vraiment quoi faire comme études. Se lancer là où elle est, c'était un pari. Un pari gagnant. Et elle est plutôt bien où elle est. Alors, oui, au final, pas d'études, ça lui a bien réussi. Dans l'immédiat. Jade lui explique ce qu'elle va faire. Elle va aider les gens, elle aussi. Comme elle le pourra. "Ca a l'air d'être cool." Elle a un hochement de la tête. "J'vais croiser les doigts pour toi." Elle sourit. Mais si jamais, elle peut être là en back-up. Enfin, un seul mot de la part de Jade et elle parlera d'elle là où elle bosse si elle a vraiment besoin. "La proposition tient le temps qu'il faudra." Elle continue de lui sourire. Loin de se douter qu'elle la poignarde dans le dos en ce moment en lui cachant des choses, notamment sur Ash. Mais ça, Amy ne peut pas le savoir.

Amy joue les indépendantes, un peu. La met en garde. Sur les hommes. Ils ne sont pas tous des serpents. Mais y'a quand même ... pas mal d'enfoirés, bien malheureusement. Alors oui, elle préfère la prévenir. De faire attention. Parce qu'elle pourrait se retrouver ... dans une histoire rocambolesque. Ou alors se retrouver avec un boulot au pied. Jade se met à rire quelque peu. Pas pour se moquer. Loin de là. Mais elle lui fait remarquer que c'est pas parce qu'elles sont intelligentes que c'est ça qui ramène de l'argent. "Et c'est bien dommage !" Elle a un hochement de la tête. "On devrait faire breveter un truc pour qu'on gagne de l'argent parce qu'on est intelligentes." Outre un job ou bien une pension alimentaire ou que sais-je encore. Ce qui lui fait penser ... nan. Jamais elle ne s'abaissera à demander une pension à Ash. Parce que ça veut dire le laisser rentrer dans sa vie, dans leur vie. Et elle s'y refuse. Amy s'en sort plutôt bien pour le moment. Et elle compte bien continuer comme ça. Jade confirme qu'elle n'a pas besoin d'un homme. Juste d'un portefeuille. Ce qui fait sourire Amy quelque peu. C'est pas romantique. C'est clairement pas romantique mais bon. C'est du Jade tout craché.

Abby décide de remuer un peu. De bouger. Il ne faut pas longtemps pour que Amy se lève. Elle prend sa fille dans ses bras. Et oh magique, les pleurs cessent. Pour quelques minutes ? Plus ? Moins ? Difficile de dire. Ca va dépendre du bon vouloir d'Abby. Isaac n'a pas hésité une seule seconde à venir les rejoindre. Et en mode trop mignon, il fait un gros bisou sur la tête d'Abby. "Trop mignon." Ouais. So cute. "Tu verras, dans quelques années, ils vont se courir après tous les deux !" Enfin, si d'ici là, elles sont toujours en contact. Ce qui est moins sûr. Jade la complimente. "Merci. Même si à deux ou trois heures du matin, elle est parfois un peu moins adorable." Amy glousse. Jade sait ce que c'est. Isaac a dû lui faire le coup, également, quand il était bébé. "C'est dingue. Des fois, elle se met à pleurer. Il suffit juste que j'la prenne dans les bras et c'est fini." Des caprices, peut-être bien. Ou alors, elle a juste besoin de sentir sa mère. Elle ne sait pas trop. Le principal, c'est que ça marche.

you and i — i have galaxies hidden between my bones and i will love you until the stars burn out

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the sun stayed around

You and views all afternoon Look at all the time we don't have to give up

Le soleil est au plus haut et la chaleur est d’autant plus accablante. Je ne connais pas l’heure, mais il doit être bientôt midi. Isaac joue toujours sur la pelouse, infatigable. Je ne peux m’empêcher de le couver des yeux. Son énergie me rappelait souvent son père, Tommy, et cette pensée me serre le cœur. Lorsque j’entends Amy me parler d’Ash, j’aurais envie de lui dire qu’elle a encore de la chance d’avoir le père de sa fille présent, même si elle lui en veut. Mon avis est peut-être moins objectif maintenant que j’ai appris à connaître cet homme, je le reconnais, mais tout de même. Isaac ne connaîtra jamais son père car il n’est plus de ce monde et c’est mon plus grand regret. La petite Abby pourrait avoir cette chance. Je ne fais tout de fois pas part de mes pensées à Amy, de peur de rajouter de l’huile sur le feu. Elle a sûrement de bonnes raisons d’en vouloir à Ash, et en tant qu’amie, je ne dois pas la juger ou, pire, lui asséner des leçons de morales. Son choix est fait et je me dois de le respecter.

Lorsque nous abordons le sujet de la crèche, Amy me fait savoir que son travail a mis en place un service de garde au sein de l’entreprise. Une aubaine pour elle qui pourra passer encore plus de temps avec sa fille. Je me demande si Monsieur McKullan m'autoriserai à venir de temps à autre avec Isaac au centre. Il y a d’autres enfants de temps à autre, peut-être pourrait-il s’amuser avec eux ? C’est une question que je garde dans un coin de ma tête et que je poserai à mon patron lorsque je le reverrai. « Faudrait pas non plus que je sois tout le temps sur son dos » m’avoue Amy en couvant des yeux sa fille. « Sans quoi, je risque de pas faire mon travail correctement. » finit-elle par dire. Je rigole un peu. Je sais qu’Amy aime beaucoup son travail et j’ai du mal à l’imaginer ne pas donner le meilleur d’elle-même une fois de retour là bas. « Mais non ! » je m’exclame en posant une main sur son bras. « Tu verras, ça te fera même du bien de couper un peu avec la petite. Tu la laisseras avec la nourrice et tu pourras respirer un peu. » je lui dit. Pour ma part, j’appréciais les moments sans Isaac, même si je l’aimais à en mourir, retrouver un semblant de liberté une journée ou une soirée me faisait énormément de bien.

Je fais part ensuite de mes nouveaux projets à Amy. Je lui explique rapidement ce que je compte faire au centre d’aide sociale. Si elle semble au départ surprise par ce nouveau tournant de ma vie, elle finit par m’apporter son soutien. « Ca a l’air d’être cool. J’vais croiser les doigts pour toi » me dit-elle en souriant. Je croise mon index et mon majeur ensemble, priant de toutes mes forces que l’entretien de la semaine prochaine se passe bien. Je misais beaucoup sur ce nouveau travail et il était hors de question qu’il me passe sous le nez. Amy me propose toutefois une solution de repli, que je décline gentiment mais que je garde quand même dans un coin de ma tête. Rien n’était encore sur pour le centre, et si par malheur je ratais mon entretien la proposition de mon amie pourrait peut-être me sauver. « Merci, tu es une vraie amie ! Je sais que je peux toujours compter sur toi ! » A ces mots, le remords m’envahit à nouveau. Je ne pouvais pas en dire autant de ma personne, j’étais justement en train de mentir à cette amie qui me tendait la main. Mon visage s’assombrit à nouveau et la vérité est juste au bout de mes lèvres.

La petite Abby profite de ce moment pour se réveiller. Une fois de plus, je suis sauvée par le gong. Je me fais alors une promesse. Je suis censée revoir Ash, si ce second rendez-vous se passe bien, j’avouerais tout à Amy. Si ce n’est pas le cas, je ne reverrais plus jamais cet homme et passerais sous silence ce fâcheux épisode. Mon amie prend sa fille dans ses bras et Isaac en profite pour l’enlacer. La scène est vraiment trop adorable. « Tu verras, dans quelques années, ils vont se courir après tous les deux ! » me fait remarquer Amy. Cette perspective me fait sourire et me terrifie à la fois. Je n’imagine pas un seul instant mon fils devenir ado ou encore moins adulte… Pour moi, il sera toujours un bébé. Sur le ton de l’humour, je lui réponds : « Promis, je lui apprendrais à être gentil avec les filles et à ne pas se jouer d’elles ! Encore moins si c’est ta fille ! » Je ne sais pas si nous serons toujours en contact dans dix, quinze ou vingt ans, mais cette idée me fait sourire. Je complimente le visage de poupée de la petite Abby. « Merci. Même si à deux ou trois heures du matin, elle est parfois un peu moins adorable. » me dit-elle. Je rigole à sa phrase et désigne Isaac du coin de l'œil. « Ils ont beau être adorable, leur capacité à se changer en monstre m'étonnera toujours ! » « C'est dingue. Des fois, elle se met à pleurer. Il suffit juste que j'la prenne dans les bras et c'est fini. » me confie t-elle. « Ce sont également de très bons comédiens, tu verras » je lui confesse.

Comme pour confirmer mes paroles, Isaac se met d’un coup à chouiner entre mes jambes avant de s'accrocher à mon cou. « Maman… J’ai faim » Je regarde l’heure sur mon téléphone. Treize heures et quart. Je m’étonne même qu’il ne se soit pas plaint plus tôt. Hormis quelques biscuits, je n’ai rien de prévu pour le déjeuner, pensant que cette entrevue avec Amy durerait probablement moins longtemps. Je jette un coup d'œil à mon amie. « Je crois que je vais devoir te quitter, sinon dans dix minutes il va me faire une crise monumentale. Et crois moi, tu ne veux pas voir ça. » J’embrasse la petite Abby sur le front et ramasse les affaires qu’Isaac à laisser trainer un peu partout et je l’attache ensuite dans sa poussette. « On se revoit très vite ? Promis je n'attends pas plusieurs semaines avant de te rappeler ! » je dis à Amy en la prenant dans mes bras. « Ca m’a fait très plaisir de te voir » je lui dis avant de m’éloigner.

feat @Amy Castle

Awful

the sun stayed around
— with @"Jade Brown"

Elle a la rancune tenace Amy. Carrément. Mais parce que ... parce qu'être abandonnée, c'est quelque chose de ne pas agréable. Mais alors pas du tout. Son père l'a abandonnée. Elle a réussi à lui pardonner avec avec du temps. Beaucoup de temps. Plus d'une dizaine d'années. Simon, son premier petit copain, l'a larguée par sms. Elle lui en a voulu. Pendant pas mal de temps également. Et ils ont réussi à parler. Dans un ascenseur. Alors qu'elle déteste les ascenseurs d'ailleurs. Ils ont réussi à faire la part des choses. Elle a fini par lui pardonner, aussi. Ash ... Et bien, pour Ash, ça sera peut-être la même chose. Mais ça prendra du temps ces choses là également. oui. Ca ne va pas se faire du jour au lendemain, bien malheureusement. Ca serait tellement facile de claquer des doigts. Et que tout aille bien dans le meilleur des mondes si rapidement. Si facilement. Sauf que la vie, c'est pas ça. Et on n'est pas dans le monde des bisounours. La vie, malheureusement, c'est souffrance. Une grande souffrance. Elle ne dira pas qu'il n'y a que ça. Parce que y'a quand même de bons moments. Mais c'est pas ... Pour Amy, y'a bien plus de mauvais moments que de bons. Le meilleur de tous, c'est bien évidemment la naissance de sa fille. Mais tout ce qui a autour, et comment ça s'est passé, c'est pas ... la joie pour elle. Enfin. Elle a cru remarquer que parler de Ash gênait un peu Jade. Elle ne sait pas quoi. Ni comment. Elle ne sait pas si y'a un truc à ce sujet qui mériterait qu'elle creuse. Elle préfère laisser ça de côté. Pour le moment en tout cas.

Emmener sa fille au boulot, ou du moins, à la crèche ... Elle en a envie, bien sûr. Mais ça la terrifie en même temps. Dans le sens où elle a peur d'être tout le temps à la crèche, histoire de voir comment va sa fille. C'est pas une bonne chose, elle le sait. Jade se met à rire à ce sujet. Et tente de la réconforter. La rassurer. "J'la laisse de temps à autre à ma mère. Ou à un de mes pères." Elle hoche la tête. Elle a totalement confiance en eux. "Ca m'arrive même de prendre des journées détente ! Et quand je le fais ... j'crois que je culpabilise de l'avoir fait." Elle secoue la tête et elle rigole un peu. "Dans le sens où j'me dis que toutes mes pensées devraient se tourner vers ce petit bout de chou. Mais j'sais également que passer du temps sans elle, c'est pas une mauvaise chose aussi." Du tout. C'est même plutôt bien. Elle aime ... le fait de prendre un peu de temps pour elle. D'autant plus quand elle sait que sa fille est en sécurité avec sa mère ou bien ses pères. "Je présume que ça sera de plus en plus facile de la laisser, non ?" Elle penche la tête sur le côté tout en regardant Jade. Elle est passée par là. Elle ne peut que d'être de bons conseils à ce sujet.

Jade ? Ses projets ? Elle n'était pas au courant qu'elle lâchait ses études d'infirmière. Dommage. Mais Amy croit en son amie. Elle sait qu'elle fait ce qui est bien et bon pour elle. "Mais y'a pas de quoi." Loin de se douter que Jade est doucement en train de lui planter un couteau dans le dos. Et quand elle le découvrira, elle n'est pas certaine que ... qu'elle sera encore là. Adorable, c'est le mot qu'utilise Jade à l'encontre d'Abby. C'est vrai. Mais ça veut pas dire pour autant que ... qu'elle est tout le temps adorable à dire vrai. "Comme Jekyll et Hyde. Un côté ange. Un côté démon." Terrifiant. Ou presque. Oui. Y'a des moments où ... Abby est déjà une vraie petite peste. Comme le fait de vouloir dormir dans ses bras. Oh, les premiers temps, c'était difficile de la lâcher. Maintenant, c'est un peu plus facile. "J'crois qu'on est tous un peu des comédiens." Elle sourit. Mais oui, elle a pu s'en rendre compte déjà.

Isaac finit par chouiner un peu. Il a faim. Amy peut comprendre. Elle a mangé un peu sur le pouce ce matin. Elle rigole à la remarque de Jade. "Oh, t'inquiète. J'crois que nous aussi, on doit rentrer. J'commence à avoir l'estomac dans les talons." Elle a faim, elle aussi. Et elle est prête à rentrer pour aller manger un bout. Ou bien alors s'arrêter à un fast food, se prendre quelque chose au drive, et rentrer. Elle sait pas trop comment elle va faire les choses. "Mais j'espère bien !" Elle repose Abby dans la poussette. Un câlin rapide avec Jade. "Ca m'a fait plaisir aussi." Elle passe ses doigts dans les cheveux d'Isaac. "A plus bout de chou !" Une belle matinée. Oui. Loin de savoir qu'il y a des ombres très sombres au tableau.

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