It's the "trip to the country" for me
ft  @Garrett Craine  @Rosalie Craine  @Rory Craine

Il faut avoir fréquemment voyagé au-dessus des nuages pour comprendre le complexe de supériorité que peuvent avoir les gens aisés. Pour les personnes du commun, un décollage amène un sentiment d’allégresse qui se distingue du quotidien. Le trajet en avion lui-même devient une expérience s’additionnant à l’émerveillement associé à la découverte d’un Nouveau Monde. Une amie m’a déjà décrit les papillons qu’elle avait dans l’estomac lors de son premier vol, elle disait que c’était comme tomber amoureux. Pour moi, ce n’est qu’un procédé à l’image d’un autre. Je ne savais pas encore marcher, que j’avais préalablement fait plusieurs fois des allers-retours en jet. Je ne me souviens pas de mon premier vol, tout comme le dernier ne sera pas extraordinaire. Survoler la mer et les continents est aussi banal pour moi que de voir s’éterniser les longues heures en voiture : c’est interminable et drainant. Les genoux relevés sous le menton, je fais le tour de mes vieux sms machinalement, tentant de me faire oublier que je n’ai pas de réseau internet. Je soupire, alors qu’un serrement à la poitrine m’informe de la décente. Mon pouce s’arrête sur le groupe-chat familial, que j’ouvre par principe. Remontant mécaniquement le fil de textos, je freine sur le message de Garrett pour m’assurer que j’avais bien lu le communiqué qu’il avait envoyé :

Garrett Craine a écrit:

Chers Craines,
Nous fêtons l’anniversaire de l’un des nôtres et je propose un week-end champêtre loin de toute agitation pour célébrer ça.
Réservez le week-end du 20-21 mars, pour un événement festif en toute simplicité. Prévoyez simplement de quoi vous baigner. On se retrouvera à la gare de Brisbane à 7h00 tapante.
Des bisous.

Je tourne le visage vers le hublot qui m’offre un panorama d’ile paradisiaque. Où étions-nous après trois heures et demie de vol? Probablement quelque part en Indonésie. Nous repasserons pour le week-end champêtre. Je lance un regard interrogateur à Rory qui semble aussi confus que moi. Je tire la langue pour signifier que nous sommes dans le même bateau… ou le même jet privé. Décidément, Garrett n’avait pas chômé en organisant cette escapade. Je me demande quel genre de surprises nous attend sur ces terres étrangères. Tout parait calme et peu habité. Mon intuition me dit qu’il n’y aura que notre famille et des employés. Pourtant, je me sens déjà agacée par l’absence de réseau sur les lieux. Je n’ose pas le verbaliser à voix haute, car je pressens d’avance un discours moralisateur de la part de Rosalie. Je me contente de soupirer alors que les roues de l’engin rencontrent la piste d’atterrissage. Ce n’est pas trop tôt. Je délaisse mon portable pour examiner la destination de rêve. « Garry really said : je vous offre le paradis » Une petite voix en moi me nargue en laissant sous-entendre que les Craine n’ont certainement pas leur place au ciel.
Après ce qui me semble une éternité, je pose un énorme chapeau de plage sur ma tête et bondis hors de mon siège. Puis, observe ma famille orchestrer le débarquement. Un sourire taquin m’étire les lèvres. « Le dernier qui descend devra s’occuper du bar toute la soirée ! » Éclatant de rire, je cours vers la porte de sortie et me propulse vers les escaliers en bousculant l’organisateur de l’événement. Une main posée sur mon couvre-chef pour le protéger du vent, je passe la tête à travers le cadre, quelques mèches de cheveux me chatouillant le nez. « Il y a même un terrain de tennis mate ! » Les yeux plissés à cause du soleil, je tente de deviner ce que cachent les habitations où nous allons certainement loger. Quelqu’un me bouscule pour descendre avant moi et je grogne, faussement indignée. Je m’élance à sa suite dans les escaliers en riant.

families are like branches on a tree. we grow in different directions
yet our roots remain as one.

@rory craine, @rosalie craine & @wendy craine

Garrett avait hésité longuement sur la manière d’envoyer l’invitation à sa fratrie. Le texto pour la familiarité, le mail pour la formalité ou bien la lettre pour l’usage. Un détail certes, mais l’homme d'affaires sait où se cache le diable même si finalement il n’a pas eu à réfléchir trop longtemps faute de temps. La simplicité l’emportait cette fois-ci. L'aîné Craine savait de toute façon que s’il arriverait à surprendre relativement facilement les plus jeunes, Rosie verrait partiellement clair dans son jeu, après tout les deux avaient le même schéma de réflexion. Derrière les mots simple, champêtre et gare se cachaient presque des antonymes. Comme si notre protagoniste pouvait se contenter de l’ordinaire pour satisfaire ceux pour qui il a le plus d’estime. Il a menti, sans aucune vergogne, et ce n’est qu’un mirage parmi une litanie d’autres mais là c’est pour la bonne cause -comme toujours-.  Tout a été préparé par ses propres soins : la réservation du lieu, le rendez-vous à la gare pour se détourner vers l’aérodrome, l’arrivée sur les lieux et les activités à faire. Il savait également que tout ce circuit serait malmené, au mieux par Wendy et au moins par l’euphorie du groupe, qu’une partie tomberait à l’eau et qu’il râlerait faussement car c’était les premiers jours de vacances qu’il s’accordait véritablement depuis… un certain nombre de mois. Ainsi, si la devanture du séjour paraissait minutieusement préparée, la structure même de l’organisation était totalement bancale voire presque inopérante. De toute façon ce n’était pas son week-end mais celui de Rory et de la fratrie. Deux jours où ils ne seraient qu’eux quatre coupés du reste du monde, loin de tout. Derrière le désir altruiste de Garrett de célébrer l’anniversaire de son frère en grande pompe avec Wendy et Rosie se cachait une réalité intrinsèquement plus sombre : exclure Mark et Frances de l’évènement. Le banquier ne voulait pas avoir à jouer l’arbitre ni à les supporter plus que de raison. Ce voyage de deux jours était simplement une autre consécration de la rupture des enfants avec leur parent et du fait que Gary veuille garder un contrôle relatif sur la situation familiale. C’était un coup de couteau qui laisserait une entaille supplémentaire dans sa relation avec son paternel, mais ce ne serait qu’un de plus parmi la centaine d’autres. Évidemment, l’ancien patriarche avait protesté avec zèle cependant il n’était plus en position de dicter quoi que ce soit et son râle n’aurait aucune conséquence. Les rapports de force sont inversés depuis trop longtemps.

Le quatuor avait fini par embarquer pour l'île de Nukutepipi dans le Pacifique. Un atoll possédé par un riche milliardaire qui le loue à ses proches pour des sommes plus ou moins raisonnables. Les avantages de gérer les fonds de ce genre de personnalités, c’est que ça permet plus facilement d’avoir accès à certaines ressources dont cette fameuse location. Jusqu’au bout Garrett avait gardé le secret sur la destination se contentant de francs sourires alors que chacun vaquait à ses occupations durant le trajet dans le jet privé de la SunCorp. Il s’amusait quelquefois à jeter des regards sur sa fratrie pour les observer s'atteler à combler la durée du trajet avant de replonger sur ses dossiers concernant des situations propices aux investissements. Même à des centaines de kilomètres de l’Australie, en congé et avec sa fratrie, le travail le poursuivait. Il s’était fait la promesse qu’une fois pied à terre il laisserait tout de côté pour se contenter de se vider l’esprit. Piètre tentative de mensonge. En attendant, le regard luisant de Rory, les roulements d’yeux de Wendy et les quelques phrases sourdes échangées avec Rosalie le rendaient véritablement heureux. Depuis combien de temps n’avaient-ils pas partagé un moment ensemble, loin de tous les tracas du quotidien ?

Le jet entame sa descente et finit par atterrir. L’excitation est palpable. Le banquier espère que la surprise aura de quoi les époustoufler car c’est l’effet recherché. Wendy est la première à réagir en lançant son défi. Rosie lui demande de se calmer alors que pourtant celle qui ne tarde pas à réagir à cet appel à la compétition ce qui ne manque pas de provoquer un éclat de rire chez notre homme. « Je suis presque sûr que ceux qui fêtent leur anniversaire sont dispensés de corvée de bar. » « Pas de passe-droit, même si c’est ton anniversaire. Je te laisse aller découvrir ton cadeau le temps que je donne des consignes au pilote. » Déplacer les bagages dans les chambres, s’occuper de vérifier que tout soit bien en place, même si Garrett lui-même ne savait pas ce que ce tout signifiait vraiment, ainsi que donner la consigne de départ et l’heure à laquelle il devrait venir les chercher pour le retour. A chacun ses moyens de transport.

Le chemin pavé vers la résidence principale est entouré d’un sable fin. L’horizon est dominé par l’océan azur qui semble s’étendre à l’infini. Un grand soleil domine le ciel bleu alors que le zénith approche. Un vrai coin de paradis sur terre pour les meilleurs. « Il y a même un terrain de tennis mate! » « T’avais peur qu’on sache pas quoi faire ici? » «Bien sûr, c’est pour ça que j’ai aussi fais attention qu’il y ait une salle de sport, un sauna, un voilier, un hamac de toile pour quatre, un four à pizza, un jacuzzi sur la tour que tu vois là-bas et tout un tas d’autres dont je vous laisse la surprise.»Le ton est à l’ironie, le sourire est malicieux et ça le fait rire. En termes de surenchère, il était difficile de faire plus, et ils n’auraient jamais le temps de tout essayer, mais il voulait le mieux et marquer les esprits. C’est presque une excuse pour sa relative absence de l’année dernière, des anniversaires fêtaient fades les années précédentes et de toutes les autres erreurs que l'aîné a pu faire. C’était suffisant pour soulager au moins temporairement sa conscience. «Avouez qu’à défaut d’être content d’être là, vous êtes surpris.» L’aîné s’amuse des réactions de ses cadets, ils les grignotent même. Puis il pourra noter dans son notebook qu’il aura réussi à surprendre Rosie.  

La conversation bascule sur le terrain de tennis. « Deux contre deux, les perdants jouent les barmans pour la soirée ? » « Si tu as pas peur de te faire laminer le jour de ton anniv. » Il lance un regard à sa presque jumelle qui veut dire : t’es prête à laminer les plus jeunes ? Et évidemment il ne peut pas s’empêcher d’en rajouter une couche. « Et si on corsait les choses en disant que les perdants seraient les obligés des gagnants pour le reste du séjour. » Ils avaient tous ça dans le sang, la compétition. Chacun à leur manière ils brillaient dans leur domaine et même s’ils ne comprenaient pas entièrement les choix des autres, ils sont bien incapable de résister à l’appel de la concurrence. Mais avant, ils allaient bien devoir déposer leur affaire.  

« Week-end champêtre en toute simplicité, avoue que c’est ce que tu avais en tête Rory. » « Évidemment, ma définition de champêtre incluait forcément des palmiers et des lagons. » C’était simplement un autre style de campagne. « Comment on se sent d’avoir 30 ans? » « Comme quelqu'un qui va quitter le « Top 30 Male Australian Actors Under 30 ». Ça me fout un coup au moral rien que d'y penser. » Il s’amuse à imaginer quelques instants son frère dans ce genre de top. Cela lui donnerait presque quelques idées diaboliques. « Heureusement je suis avec trois des personnes les plus chères à mon cœur, alors ça peut être qu'un super week-end. » Gary arque un sourcil avant d’ironiser pieusement «On est pas les plus chères ? J’espère que je suis encore premier dans ce top au moins. » Un regard faussement offusqué est jeté et bientôt un franc sourire s’affiche de nouveau. Ohh que ce piédestal où ce frère le place devient fragile.

« Et toi Garrett, comment tu te sens à l'idée que le prochain gros cap à fêter, ce sera tes quarante ans ? » «J’ai hâte d’avoir des rides et des cheveux blancs. » C’est amusé qu’il dit ça. Si le brun accordait de l’importance aux anniversaires de ses pairs, il oublierait le sien s’il ne recevait pas cette pluie de sms annuels et s'il ne s’obligeait à fêter dignement la chose chaque année. « T'avais pas à te donner tant de mal, tu sais. » « Parce que c’est de ma faute si tu mérites le mieux ? Je me suis pas donné tant de mal tu sais, c’est une simple réservation.» Tout est relatif dans ce simple. « Puis ça me fait plaisir de vous offrir ça à tous les trois.» Une sincère risette se dessine sur son visage.

Finalement le groupe arrive devant la porte de l’entrée. Le large vestibule laisse place à une immense salle de séjour avec baie vitrée et vue sur la plage. « Il y a 21 chambres chacune avec un thème , je vous laisse choisir. » Et 26 salles de bains donc il ne risquait pas d’y avoir la queue. « On se retrouve au terrain de tennis tout à l’heure ? »

***

Finalement après une première exploration des lieux et s’être changer, les voilà sur le court de tennis. Les vieux sages contre la fougueuse jeunesse. Après un lancer de pièce, les aînés récupèrent le premier service. « Prêt à vous faire démolir. » Ce grand sourire faussement angélique. Cela à beau être l’anniversaire de Rory, une victoire est une victoire et il est nécessaire de tout donner pour l’obtenir.

Diceeeeee:

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Rory fête ses trente ans ce week-end. Il a huit ans de plus que moi ; huit ans passés sans moi. À chaque nouvelle année qu’il accumule, je lui répète qu’il a de l’avance sur moi. Je le menace en lui disant qu’un jour je vais le rattraper. Au fond, les souvenirs qu’il a engrangé avant mon existence m’agacent, parce qu’à mes yeux, l’univers n’existe pas sans lui. C’est en feignant la déconfiture que je lui lègue la première place, c’est le cadeau que je lui fais pour la trentaine. Je le laisse dominer ce voyage, lui permettant de graver sa victoire dans sa mémoire. Je ne lui souhaite que du beau à mon frère. Je cours derrière lui tout sourire, m’assurant de bloquer le passage aux ainés. « Je suis presque sûr que ceux qui fêtent leur anniversaire sont dispensés de corvée de bar. » Je ris comme si j’étais agacée, mais au fond, il a tout mon assentiment. Je revois les gâteaux de fête qu’apportait nounou lorsqu’on célébrait encore les anniversaires à la maison. Maman et papa se forçaient à feindre l’enthousiasme, les ainés venaient passer le week-end à la résidence Craine selon leur emploi du temps et Rory soufflait les chandelles. Qu’il était beau le tableau savamment peint par les Craine. « Pas de passe-droit, même si c’est ton anniversaire. Je te laisse aller découvrir ton cadeau le temps que je donne des consignes au pilote. » Je pouffe de rire en reconnaissant le ton sérieux de Garrett et prends une pause dans le sable pour observer la procession familiale. « Deux contre deux, les perdants jouent les barmans pour la soirée ? » Propose le fêté pour régler la question. « Si tu as pas peur de te faire laminer le jour de ton anniv. Et si on corsait les choses en disant que les perdants seraient les obligés des gagnants pour le reste du séjour. » Enjouée, je plisse le nez. S’il y a bien un détail qui unit le clan, c’est bien l’esprit de compétition. « Oh voyons Garichou, t’as décidé d’être le député du care ce week-end ? C’est bien risqué que de se frotter à la jeunesse. »
À chaque escapade, les choses commencent comme ça. Je déborde d’entrain et me retrouve exclu de la conversation principale, comme si je savais que ma place était au fond de la voiture. Garrett prend les rênes et s’assure du bon déroulement des événements. Rory lui tourne autour, alors que Rosalie s’occupe de prendre soin du moral des troupes. L’image du grand déménagement Craine me revient en tête. L’ainé assis à l’avant du véhicule, donnant les directions à maman et échangeant des regards entendus avec sa presque jumelle. Elle, comme d’habitude, se penche vers les cadets pour s’assurer que tout va bien.
Je me dandine sur un pied et puis sur l’autre, subissant la brulure du sable chaud sur mes orteils. Je fais attention de ne pas croiser les bras, de ne pas faire rouler la manche de mon t-shirt entre mes doigts, pour éviter d’attirer l’attention sur moi. « Comment on se sent d’avoir 30 ans ? » « Comme quelqu’un qui va quitter le “Top 30 Male Australian Actors Under 30”. Ça me fout un coup au moral rien que d’y penser. » Je sais bien qu’il ne s’inquiète pas réellement à ce sujet, il a trop confiance en lui-même. « Heureusement je suis avec trois des personnes les plus chères à mon cœur, alors ça peut être qu’un super week-end. » « On est pas les plus chères ? J’espère que je suis encore premier dans ce top au moins. » Je m’élance entre eux pour m’accrocher au cou de mon favori et tire la langue à l’initiateur de l’événement. « Oh, tu sais bien que je t’ai détrôné depuis longtemps. » Je l’affronte, gardant un sourire stupide pour lui faire miroiter ma victoire. « Et toi Garrett, comment tu te sens à l’idée que le prochain gros cap à fêter, ce sera tes quarante ans ? » « J’ai hâte d’avoir des rides et des cheveux blancs. » Je lâche un hoquet de surprise, avant de m’élancer au-devant de ma fratrie au petit trop. L’habitation qui s’offre à nous est à couper le souffle et j’exulte à l’idée de découvrir les secrets du logis. Ils discutent de choses plus officieuses et je les laisse faire, sachant d’avance que j’aurai mes moments privilégiés avec chacun d’eux dans les prochaines heures. Garrett nous dit de choisir nos chambres et je ne me fais pas prier.
J’ouvre violemment la porte d’entrée, surprenant le domestique qui n’avait pas eu le temps de réagir à mon approche. « Oh, pardon » sans plus de cérémonie, je cours sur le plancher fraichement ciré, malgré le squick-squick que font mes sandales sur le dallage. « Pour une fois, c’est moi qui aurai le premier choix. » La pièce dans laquelle je me trouve paraît bénie des dieux, franchement illuminés par les innombrables fenêtres. Des plantes exotiques égaient chaque côté de la pièce et un parfum fruité embaume l’air. Pourtant, je décide de ne pas me laisser distraire et je m’élance vers un passage qui semble mener vers les chambres. En souvenir, je revois les nombreux couloirs d’hôtel que j’ai exploré au cours de mon existence. Ils ont tous en commun l’odeur de chlore de la piscine intérieure. Les hommes d’affaires et les familles en visite congestionnent toujours le hall d’entrée, on apprend donc rapidement à se faufiler entre eux. La plupart semblaient chercher un sens à leur vie. Ils étaient tous encombrés de bagages. Ici, les couloirs sont vides : c’est un paradis réservé aux Craine. Je longe le corridor et ouvre la première porte qui attire mon attention. « CHASSE GARDÉE ! » Dis-je d’un ton triomphant. Aussitôt dit, aussitôt regretté. L’appartement est intégralement décorée d’orange et de vert vif. Le sol est recouvert de tapis couleur citrouille et l’entièreté du matériel électronique est rétro. Deux énormes matelas kings trônent au centre de la pièce, avec des couvre-lits aux designs populaires dans les années 70. Je laisse tomber mon chapeau sur le bureau, déconfite par ma trouvaille, mais trop orgueilleuse pour rebrousser chemin. « Well, y’a qu’a prétendre que je suis une boomer en voyage. »[/color] Je déambule autour de la chambre et pousse le bouton du lecteur de disque installé sur une table de chevet. Aussitôt, la chanson Hard days night des Beatles commence à jouer et je soupire.

***

Une fois rafraichie, je retrouve la troupe sur le terrain de tennis de la même manière que l’avait proposé l’héritier de la famille. Habillée d’un ensemble de sport court, mais confortable, je prends la pose, raquette en main. Je promène un regard aiguisé sur le terrain et sur mes opposants. J’explore un nouvel espace-temps, comme une touriste des temps modernes. Je profite de chaque minute, comme si je gagnais un temps que je n’ai pas l’occasion d’exploiter. Je ne peux pas prévoir intégralement le déroulement du match, mais je sais d’avance que le fils parfait sera trop confiant dans son attaque. « Prêt à vous faire démolir. » Je me campe sur mes pieds, faisant entièrement confiance à mon frère favori. « C’est comme quand Garrett venait visiter et qu’il découvrait nos nouvelles consoles. Il s’imaginait toujours qu’il pouvait nous battre parce qu’il avait grandi avec les vieux Nintendo et se voyait surpris de notre agilité devant la Wii. » Je hausse les épaules en me penchant un peu. « J’ai confiance en nos capacités. » Puis, j’affiche une mimique rusée en toisant Rosalie, sachant que la compétition s’installera plus facilement entre elle et moi. Je secoue les fesses, prête à bondir vers la balle à tous moments. « Non, mais vas-y ! T’attends que j’aie ton âge avant de frapper ? » Sans se faire prier, il offre un service de base et sans effort, je renvoie la balle de l’autre côté. S’ensuit un échange pas trop épuisant, plutôt morne l’espace d’un instant.

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@garrett craine, @rosalie craine & @wendy craine

Dispensé ou non de corvée de bar pour son trentième anniversaire, Rory n'aurait pas pu être plus heureux que de passer ce week-end avec son frère et ses sœurs, eux sans qui il ne serait rien. Mettre un pied dans la trentaine et marcher sur les traces de ses aînés ne pourrait pas le rendre plus fier, pourtant une partie de lui aurait voulu que l'écart avec sa cadette cesse de se creuser. Ce n'est pas comme si ça changeait quoi que ce soit, de toute manière, Wendy savait que leur complicité ne serait jamais altérée par le temps, qu'il ait trente ou soixante-quinze ans. Elle serait toujours sa première confidente, celle avec qui il inventerait des plans toujours plus novateurs – certains diraient foireux – et qu'il harcèlerait de messages jour après jour juste pour s'assurer qu'elle n'oublierait jamais combien il l'aimait. Il savait que Wendy pouvait parfois se sentir un peu à l'écart, étant la plus jeune de leur fratrie, et ce week-end serait l'occasion pour tous de resserrer les liens. Un sourire amusé sur les lèvres, il écouta son frère leur énumérer toutes les choses qu'ils auraient la chance de faire et de découvrir au cours de leur séjour, pas surpris un seul instant que Garrett ait vu (très) grand. Espérons qu'après tant d'organisation il lui resterait quand même assez d'énergie pour dispenser ce match de tennis. « Si toi t'as pas peur de devoir te mettre derrière les fourneaux. Et ce coup-ci c'est pas ta recette de pancakes qui remplira nos estomacs. » Il glissa pour le taquiner, sachant très bien que Garrett pourrait les étonner s'ils lui confiaient leurs estomacs l'espace d'un week-end. Pas sûr toutefois que cette perspective vende du rêve à l’aîné de la fratrie, qui était aussi compétiteur que Rosie et sûrement pas près de s'avouer vaincu. Un match qui s'annonçait donc ardu, mais les Craine avaient toujours aimé les défis. Rory, lui, se sentit obligé de tempérer le jeu lorsque chacun y alla de sa petite hypothèse quant au membre de la fratrie qu'il préférait. Comme s'il pouvait seulement les aimer de manière différente, eux qui étaient les personnes les plus importantes de sa vie. « Joker. Vous savez que je vous aime tous les trois et que c'est pas près de changer. Même quand vous serez tous les deux en maison de retraite et qu'avec Wendy on viendra organiser des tournois de tennis sur table. » Comment ça, il n'avait que cinq ans d'écart avec Rosalie et seulement six avec Garrett ? Peu importe, il faudrait bien que les plus jeunes prennent soin des plus âgés lorsque leurs parents ne seront plus là, quand bien même ils pourraient toujours compter sur Alix et Lachlan pour prendre soin d'eux. Rory voulait juste lever le moindre doute qu'il pouvait y avoir sur son attachement envers eux. Et même si Garrett était théoriquement le prochain à franchir un cap symbolique, ils ne fêteraient ses quarante ans que dans quelques années et Rory se le promettait déjà, ils feraient fort là aussi. « Ouh, on dirait que la cohésion d'équipe est déjà fragile de ce coté-ci.  Ça s'annonce bien pour nous, Wendy. » Il s'amusa à la remarque de Rosie sur les hypothétiques marques de vieillesses de leur frère, sur qui le temps ne semblait en réalité n'avoir que peu d'effets. Il avait toujours ce regard vif, cette silhouette sculpturale et de l'énergie à revendre. Preuve en était qu'avec tout ce qu'il gérait déjà d'habitude, il avait trouvé le temps de leur organiser ce week-end. « Je pensais pas te dire ça un jour, mais t'es beaucoup trop modeste, Garrett. » Et malgré l'évidente malice derrière ses propos, son sourire se voulait tendre et lui réellement touché de pouvoir fêter son anniversaire dans un cadre aussi privilégié.

Avec vingt-et-une chambres – la vache, c'était plus que dans certains hôtels – ça n'était pas le choix qui leur manquerait au moment de choisir où dormir et justement, la chasse ne tarda pas à être lancée. Wendy disparut sans demander son reste, tirant un rire à Rory qui n'était pas un seul instant étonné qu'elle s'empresse d'aller débusquer la meilleure chambre. Rosalie et Garrett, eux, s'aventurèrent ensemble dans le couloir opposé et leur cadet comprit en apercevant la porte communicante qu'ils auraient l'occasion de traîner ensemble même à la nuit tombée. « Wendy qui part la première débusquer sa chambre, vous deux qui vous retrouvez presque colocataires. Y'a des choses qui changent pas. » Et ça l'amusait qu'après toutes ces années, la dynamique au sein de leur fratrie reste la même. Il ne restait donc plus que lui et c'est sans tarder qu'il partit à son tour explorer un couloir puis qu'il poussa la porte d'une chambre qui d'extérieur lui paraissait accueillante. Et il ne s'y trompa pas, découvrant à peine entré que le thème de la chambre en question était l'espace, comme il n'était pas difficile de le deviner à son plafond aux étoiles scintillantes. Le lit double reprenait les teintes bleues nuits de la chambre, les luminaires étaient tous en forme d'astres et les effets lumineux plongeaient la pièce dans une ambiance céleste des plus agréables. Il y avait même un authentique télescope pour observer les étoiles depuis la large fenêtre donnant sur la mer. Le rêveur qu'il était n’aurait que l'embarras du choix pour repousser le moment de tomber entre les bras de Morphée. « Celle-là sera parfaite. » Et il attendit à peine qu'on lui ait apporté ses affaires pour se laisser tomber à la renverse sur le matelas, définitivement l'un des plus confortables qu'il ait testé. Rory ferma ensuite les yeux une seconde, comme s'il s'autorisait enfin à pleinement souffler après une année intense sur beaucoup trop de plans. Il pensa à cet instant à ceux avec qui il ne fêterait pas son anniversaire mais qui auraient une place dans son cœur pendant tout le week-end.

***

La fin de leur exploration des lieux sonna aussi le début de ce match générationnel à l'issue duquel chaque équipe comptait bien ressortir gagnante. Tous dans leur tenue de sport, tous armés de la même détermination, ils en oublieraient pour un instant ce week-end d'anniversaire pour tout donner et démolir d'adversaire. Le premier service, initié par Garrett, fut sans grande difficulté pour l'équipe des plus jeunes et Wendy ne tarda pas à montrer de quoi elle était capable en marquant un premier point. « La jeunesse prouve qu'elle en a dans le ventre. Bien joué, Wendy ! » Rory adressa à sa jeune sœur dans un sourire confiant, déterminé à ce que leur équipe conserve sa légère avance. « Je suis déjà entrain d'imaginer les bons petits plats que vous allez nous concocter. » Il ne put retenir cette remarque amusée à l'attention de leurs aînés, qui à leur place n'auraient sûrement pas non plus laissé passer l'occasion de les charrier un peu. C'était peut être un match familial, mais tous les coups étaient permis car chez les Craine, on ne plaisantait pas avec la compétition. Les scores restaient finalement très serrés à raison de plusieurs points marqués d'un coté comme de l'autre. « Ils se défendent bien, mais je suis sûr qu'avec quelques efforts on aura pas de mal à les fatiguer. Plus on frappera haut, plus y'aura de chances qu'on les déstabilise. » Rory avait conscience que sa taille était un avantage certain pour compliquer la tâche de son frère et sa sœur, à condition toutefois de jouer intelligemment car un faux mouvement pourrait tout autant pénaliser son équipe. Il se plaça en position pour servir, jetant un dernier coup d’œil complice à Wendy.

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ft  @Garrett Craine  @Rosalie Craine  @Rory Craine

J’ai 10 ans lors d’un voyage en Espagne avec les parents. Je suis la seule enfant qui les accompagne, parce que je suis trop jeune pour rester à la maison. Le soir, on se retrouve dans la salle de réception pour manger. Il n’y a pas d’éclat de rire, on fait ce qu’on a à faire. Pas de réseau internet, c’est le calme plat. Impossible d’aller sur MSN, Club Penguin ou Neopets pour passer l’ennui.

***

« Je serais pas si sûre si j’étais toi. » Rosalie, toujours aussi confiante et énervante. Un jour, elle n’aura pas le choix de reconnaitre que sur bien des plans, mes capacités surpassent les siennes. Garrett, il n’est pas impressionnant non plus dans son jeu. Je suis presque déçue. « La jeunesse prouve qu’elle en a dans le ventre. Bien joué, Wendy ! »[/color] Mauvaise joueuse, je prends une pose pédante pour faire baver ma fratrie. L’équipe des puinés surclasse le duo adverse pendant un moment. « Je suis déjà en train d’imaginer les bons petits plats que vous allez nous concocter. » « Tu crois qu’ils sont capables de faire des sushis ? J’aimerais les voir se débrouiller. » Les échanges se poursuivent, chaque Craine se sent prêt à en faire voir de toutes les couleurs à l’autre. Lorsque le pointage est serré, j’éprouve le gout de la victoire dans tout mon corps. Il n’est pas question qu’ils gagnent. « Réveille-toi vieillard, j’ai pas l’intention de jouer la servante tout le week-end moi ! » Elle est compétitive mon ainée et elle s’assure que je fasse un minimum d’effort. Si elle s’était montrée désintéressée, je me serais sans doute ennuyée. « Je fais ce que je peux. » « C’est pas assez Garrichou. » D’un bon, je m’élance et frappe la balle. Ma phrase est coupée court par mon acharnement.
 Rory se place pour faire le service et nous échangeons un coup d’œil entendu. Lorsqu’on joue ensemble, peu importe les circonstances, nos corps semblent se comprendre et réagir à l’autre. « Ils se défendent bien, mais je suis sûr qu’avec quelques efforts on aura pas de mal à les fatiguer. Plus on frappera haut, plus y’aura de chances qu’on les déstabilise. » Entendue, je hoche la tête. Nous avons définitivement un avantage de taille sur nos ainés. À croire que nous avons eu droit à plus de nutriments pendant l’enfance. Nous entamons une valse endiablée, heurtant la balle puissamment et en hauteur. Convaincu d’être en maitrise de ses moyens, Garrett bondit pour faire un smash… qui vient s’arrêter dans le filet.
Folle de joie, je lance ma raquette sur le terrain et m’élance vers mon favori. D’un bon, je saute dans ses bras et m’accroche à son cou. Je l’imagine déjà rouspéter à cause de la sueur, mais je m’en fous. « WE ARE NUMBER ONE BABY!!!! » Élégante comme une gazelle, je retourne sur le sol. Sagement, je redonne une composition à mon visage pour faire semblant d’être une meilleure personne que je ne le suis vraiment. « C’était un beau match. Bravo. » Faussement humble, je hoche la tête. « Merci, oui, certainement. » Sentant la tension retomber, je serre la main de mes adversaires, tout en retenant un sourire débile.
Chez les Craine, c’est assez rare de se retrouver tous les quatre simultanément et de façon authentique. Nous avons plutôt l’habitude de nous croiser dans les événements familiaux, affichant des rictus pincés et des platitudes traditionnelles. Ils diront que papa mine l’ambiance, parce qu’il est une mauvaise personne. Moi, je mettrais amplement la faute sur maman qui a de la misère à enchainer deux phrases cohérentes passé 18 h. Je dois admettre que le sport n’a jamais été véritablement ma tasse de thé, mais la perspective de faire compétition avec ma fratrie m’avait réjoui. Enfant, j’étais souvent trop jeune pour participer aux activités et puis aujourd’hui… Les choses sont comme elles sont.
« Que pouvons-nous faire pour vous messires ? » Jamais de ma vie je n’aurais imaginé Garrett dans la position de subordonnée. Amusée, j’échange un regard avec le seul Craine qui me dépasse en taille. « Garry, tu pourrais transporter mes affaires dans la chambre de Rory. Je pense que je vais sleep over chez lui. Tu m’avais dit que je pouvais changer de dortoir, pas vrai ? » Oh, qu’il s’était marré en voyant la pièce horrible que je m’étais attribuée par mégarde. Le banquier m’avait nargué en déclarant que je trouverais peut-être une chambre plus à mon gout ailleurs dans le bâtiment. Il avait même suggéré qu’un décor rosé était plus de mon style et j’avais roulé les yeux à en apercevoir mon cerveau. Pour lui, je suis un mystère de quatorze ans qui dort encore avec ses animaux en peluche. À se demander s’il réalise que j’ai grandi depuis le temps ! « Devons-nous commencer par préparer le repas... » « Oh god, oui je meurs de faim. J’ai soif aussi et la boisson se fait attendre. Je croyais qu’on était venu pour fêter !? » C’est bien dommage, car il y a probablement un chef de qualité sur cette ile, qui ne pourra pas nous présenter ses plats. Évidemment, la perspective d’un bon repas me fait saliver, mais je ne peux qu’être amusée à l’idée de voir les membres de ma famille derrière les fourneaux. « Ou bien préférez-vous que l’on commence par un massage ? » Je glousse et secoue la tête. « J’ai surtout envie d’une douche bien chaude. Profitez-en pour choisir le menu. » Cela dit, je leur fais un signe de la main et prends la direction du logement, fébrile à l’éventualité de passer une belle soirée.

***

Le soleil se couche tranquillement sur la plage. Le ressac des vagues est une musique douce aux oreilles. Un feu de joie brule plus loin sur le sable, donnant une teinte orangée à la coutellerie sur la table. Une grande terrasse a été aménagée devant la mer pour les Craine. On y trouve un bar classique d’un côté, surplombé par un enchevêtrement de rideaux et de luminaires. Garrett s’active avec les bouteilles d’alcool, démontrant un talent étonnant pour le mélange des breuvages. À sa gauche, un énorme barbecue est incrusté dans la pierre qui recouvre le comptoir. La nourriture pétille sur la grille et l’arôme de différents aliments s’entremêle en créant un fumet étourdissant. Dans nos assiettes, de la salade déjà bien entamée nous nargue. La préparation du menu avait pris un certain temps et j’avais imposé une entrée rapide pour commencer. Mon estomac criait famine et je devenais agressive. Sous le regard ahuri des autres, j’avais coupé une série de légumes que j’avais remués dans un bol en bois avec de l’huile et du vinaigre balsamique. Ce n’était pas du grand art, mais ça avait calmé nos panses.
D’une main, je retiens un bol aquarium à moitié vide contre ma poitrine, tenant ma paille de l’autre. Un mélange de fruits, d’alcool divers et de jus de teintes étonnements colorés y est contenu. Ce breuvage, il goute le paradis. « Garichou, tu m’épates. Ça goute les friandises, on ne décèle pratiquement pas l’alcool. » Mon timbre de voix suggère que je ne suis pas insensible aux effets de la boisson. « Je crois qu’il faudra que tu sois barman à mon anniversaire aussi. Tu vas faire un malheur. » [/color] C’est le genre de choses qu’on dit, sous l’effet du moment, mais qui ne se réaliseront probablement jamais. Je doute fort bien qu’il participe à une fiesta avec mes amies. N’empêche que ce serait amusant à voir. Je me penche vers Rory. « Y’a quoi dans ton verre ? J’ai presque peur que ce soit du witchcraft or something… »
Me désintéressant de ma boisson, je me dirige vers Rosalie qui s’occupe de la cuisson. Plusieurs galettes végétariennes parfaitement modelées sont ordonnées à droite sur la grille. À gauche, différents morceaux de légumes sont en train de griller pour accompagner les hamburgers. Ma sœur ne fait jamais rien sans suivre les instructions à la lettre. « T’es certaine que tu sais comment faire cuire les boulettes? C’est pas comme de la viande, c’est beaucoup moins gras et ça risque de coller sur la plaque. » Est-ce que je sais vraiment comment apprêter des boulettes végétariennes ? Non, mais j’ai souvent entendu Nounou faire ce commentaire. J’ai simplement envie de faire mon intéressante devant ma sœur, comme si moi aussi, j’avais certains talents pour la cuisine. Lorsque la cuisson est terminée, je me charge de transporter les assiettes sur la table. Personne ne pourra me reprocher de ne rien faire. Et puis de toute façon, je leur fais déjà don de ma fameuse répartie.
Le repas va bon train et les blagues sont échangées. Il est question d’aller se baigner après avoir mangé. Non, il faut attendre une heure après le goûter, si non… Sinon quoi ? On rit, on discute de la journée, de nos projets… C’est presque comme si nous étions véritablement une famille modèle. Je termine ma consommation, avant de faire signe à mes compagnons de me donner l’attention. Je tire un sac cadeau de sous la table et me lève pour faire un petit discours. « Ce soir, c’est l’anniversaire de 30 ans de notre adorable Rory. Déjà, je suis émue, parce qu’il était le dernier dans mon équipe et qu’il me laisse toute seule dans la vingtaine. » J’éclate de rire un peu, puis secoue la tête. « Rory, je suis réellement fière de l’homme que tu es devenu et de tout le chemin que tu as parcouru. Vraiment, t’es le meilleur frère — l’un des meilleurs frères, qu’une fille puisse avoir. Je te souhaite tout le bonheur du monde. Je t’aime. » Je perds légèrement l’équilibre sous l’effet de l’alcool, mais reprends bonne figure aussitôt. Puis, je l’embrasse sur la joue avant de lui remettre son cadeau. C’est une surprise débile et j’espère qu’il en saisira l’ironie.

Cadeau: