| cause i’m a little unsteady (garrett) |
| | (#)Jeu 18 Mar - 21:29 | |
| hold on to me cause i’m a little unsteady
« Rosie? Qu’est-ce que tu fais là? » Tu lui offres un sourire sincère à ton fiancé qui semble momentanément troublé par ta présence dans le cadre de porte de son bureau. C’est que tu ne t’es pas annoncée avant de décider de venir rendre visite. C’est que t’as pas pris la peine d’appeler, ni même d’envoyer un message texte pour dire que tu pensais passer. T’es juste venue, parce que t’étais bloquée sur une scène de ton nouveau roman depuis plus d’une heure et que t’en pouvais plus, de tourner en rond dans cette minuscule bibliothèque au fond de la ville où il n’y a jamais personne. Alors t’as pris le chemin jusqu’à cette tour à bureau que tu connais trop bien puisqu’il y a ton frère et ton fiancé qui y travaillent depuis bon nombre d’années déjà et si c’est le premier que tu es réellement venue voir, tu ne pouvais pas mettre les pieds à la SunCorp sans au moins passer par le bureau de Lachlan, ne serait-ce que pour lui dire bonjour. « On avait rendez-vous? » Tu le vois qui cherche dans sa to-do list mentale s’il n’a pas oublié un dîner avec toi mais tu t’empresses de le rassurer. « Non, non. Je suis venue achaler Garrett et je me suis dit que ça te ferait plaisir de me voir en passant. » Il se détend dès lors, clairement un lunch avec toi ne rentrait pas dans son horaire de la journée mais il pouvait t’accorder deux minutes pour te dire bonjour et t’embrasser. Tu replaces sa cravate qui semble avoir été la victime de ses doigts nerveux entre deux appels et tu l’entends son téléphone qui se remet à sonner et tu sais que c’est la fin du temps qui t’est alloué, temps que tu es venue voler comme la petite parfaite fiancée que tu n’es pas pourtant. Tu plantes un dernier baiser sur ses lèvres et lui offre un signe de la main avant de sortir du bureau et tu peux l’entendre qui s’obstine déjà avec un énième client sur des sujets que tu ne maitrises toujours pas aujourd’hui.
Tu te promènes dans les longs couloirs de l’entreprise jusqu’à te rendre à cet autre bureau que tu connais trop bien. Tu pourrais cogner, mais où serait le fun là-dedans quand tu peux te permettre d’ouvrir la porte et t’imposer dans l’espace vital d’un Garrett qui n’a sans doute pas le temps de te sortir pour le lunch mais qui va le faire quand même si tu lui fais des yeux doux et que tu plaides que ça fait beaucoup trop longtemps qu’il n’a pas accordé un tête à tête à sa sœur préférée (chose qu’il n’avouera pas par principe, mais titre que tu t’attribues quand même juste parce que tu le peux.) Tu ouvres la porte et passe ta tête dans l’embrasure. Il ne t’a pas remarqué encore, la tête penchée au dessus d’une tonne de papiers en tout genre et tu te racles légèrement la gorge pour lui faire savoir ta présence. « Avoue que t’es tellement content de me voir que t’as envie de me payer le lunch. » Tu demandes jamais rien Rosie, tu t’imposes et tu présumes que tu peux te faire une place dans son horaire juste parce que toi, tu as envie ou plutôt besoin de passer un peu de temps avec ton grand frère. Il est le seul qui sache comment cimenter tes murs qui se fissurent sans jamais poser de questions, sans avoir besoin de savoir le comment du pourquoi. Le seul qui comprend pourquoi cette vie que tu mènes est le bon choix, le seul qui sache jouer des apparences parfaitement pour te rappeler ta place dans cette vie que tu n’as pas choisi mais qui est tienne quand même. Le seul qui sache rassurer les doutes que tu n’oses jamais mentionner à haute voix. Le seul avec qui les mots sont complètement désuets. « Et me dis pas que t’as trop de travail, c’est pas à ça que servent les assistants de tes assistants? » Et en langage codé de presque jumeaux, ça veut surtout dire que t’as besoin de lui et d’une distraction avant de te perdre trop loin dans tes pensées.
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| | | | (#)Jeu 25 Mar - 15:44 | |
| hold on to me cause i’m a little unsteady
Ce qui aurait dû être une délivrante émancipation s’est retrouvée être la plus belle volière spinescente dans laquelle Garrett s’était mis de lui-même. Depuis son accession au rang de président de la SunCorp, chose qu’il avait souhaité et pour laquelle il s’est battu comme un forcené rappelons-le, chaque minute de son temps libre était comptée à l’unité près. Il n’en était plus à faire des semaines de 120h et à devoir trouver des artifices pour réussir à se dédoubler lorsque des situations impérieuses se présentaient à lui certes, cependant il n’en restait pas moins un bourreau de travail. Durant ladite période de quête de promotion, le banquier avait dû jongler entre fidélité à l’entreprise et loyauté envers sa famille. Exercice périlleux qui si de prime abord semblait être réussi avait marqué deux ruptures : la première avec sa femme où les tensions se sont stabilisées à une échelle importante et enfin avec Wendy qui semble montrer une curiosité nouvelle à l’égard de l’aîne. Enfin nouvelle, il ne l’avait pas remarqué avant et peut-être que la raison pour laquelle il voit ce phénomène n’est dû qu’au poids des secrets qui commence à devenir trop lourd, même pour lui.
L’univers de Gary est réglé en apparence comme une horloge suisse, les rares moments d’improvisations ne le sont jamais vraiment et ils suivent tous un certain calibrage. C’est bien parce qu’il avait un don de prescience qu’il s’était hissé là où il est actuellement. L’homme d'affaires n’est pas surpris lorsque sa secrétaire lui annonce que sa sœur se trouve actuellement dans l’institution. Le brun réservait toujours trois créneaux surprises, un pour chacun des membres de sa fratrie, par semaine. Ils n’étaient pas toujours tous utilisés et ils arrivaient parfois qu’ils se chevauchent même. Rien, hormis son intuition, ne lui indique si Rosie est venue pour lui ou pour son fiancé. Il s’en persuade peut-être trop hâtivement mais il le sentait dans ses tripes, comme si un sixième sens s’était mis en alarme. Malgré les presque onze mois qui les séparaient, Garrett la considérait comme son égal, bien qu’il la traitait la plupart du temps comme sa -pas si- petite sœur. Malgré son sentiment d’arrivée imminente, il se remet à son travail à éplucher des dossiers et à observer ses graphiques tout en gardant un œil sur les courbes de la bourse. Il fait comme si de rien n'était et se remet sur sa tâche se faisant croire à lui-même que personne ne l’avait dérangé il y a quelques instants pour lui indiquer la présence de sa sœur dans les locaux.
Alors qu’il en pleine comparaison de données, il entend le mécanisme de la porte faire du bruit mais le brun décide à dessein de l’ignorer en mimant de se concentrer sur une tâche plus importante. Il avait perdu quelques dizaines de secondes à entendre sa secrétaire lui faire l’annonce et à réfléchir sur la venue de sa jumelle, il les récupérait maintenant. De tous les lieux dans lesquels il avait l’habitude de résider, ce bureau était certainement le nouveau cœur névralgique de son espace vital. Un endroit sacro-saint où ses vices cohabitent avec les plus grandes et douces des illusions. Les seules personnes à pouvoir prétendre rentrer ici sans autorisation sont les membres de sa fratrie et sa femme. Et quiconque les empêcheraient d’arriver à lui recevrait le courroux de l’homme d’affaires comme cela est déjà arrivé par le passé. C’était devenu une règle tacite qu’aujourd’hui tous respectaient.
« Avoue que t’es tellement content de me voir que t’as envie de me payer le lunch. » Garrett relève enfin la tête et son regard se plante sur celui de sa sœur. Son visage neutre ne tarde pas à laisser place à un petit mais non moins sincère sourire. L’air concentrée disparaît bien rapidement pour la surprise bien qu’elle soit partiellement mimée. Il s’apprête à ouvrir la bouche pour lui sortir l’excuse du travail afin d’éviter d’avoir à sortir et de ramener du travail à la maison. Elle ne le sait que trop bien, après tout ils se connaissent presque par cœur en apparence, et elle le coupe dans son élan. « Et me dis pas que t’as trop de travail, c’est pas à ça que servent les assistants de tes assistants? » Le brun lâche un léger éclat de rire autant amusé que consterné. « J’imagine que qu’importe l’excuse que je trouverai, tu auras une parade.» Il fait mine de résister alors qu’il sait pertinemment qu’il a perdu, et à vrai dire, le banquier ne cherche même pas à gagner. Puis cela fait trop longtemps qu'ils n'ont pas passé un moment entre eux. Un faux soupir s’échappe de ses lèvres. « C’est bien et uniquement parce que c’est toi qui le demande.» Traduction dans leur langage à eux : je serais toujours là pour toi.
Il récupère sa veste « Est-ce que j’ai au moins le droit de choisir le resto ou as-tu déjà une idée en tête ? » Simple question alors que son attention se dirige vers sa secrétaire pour lui donner les quelques consignes habituelles de ce départ imprévu avant de centrer toute son attention sur sa sœur alors qu’il feint d’éteindre ses portables. Ainsi pour les prochaines heures ils ne seraient qu’entre eux. « Comment ça va ? » C’est une question banale, presque innocente à laquelle la réponse est toujours affirmative. Cependant l’un et l’autre avaient fait de cette façade un moyen de jauger la détresse de l’autre. Cela leur évite à chacun d’égratigner leur fierté respective et surtout de montrer leur faiblesse aux yeux du monde, quelque chose que leurs parents leur avaient prohibé très -trop- tôt.
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| | | | (#)Dim 4 Avr - 14:33 | |
| hold on to me cause i’m a little unsteady
Si Garrett est sans aucun doute celui de ta fratrie de qui tu te rapproches le plus sous tous les points, il n’en demeure pas moins que certaines différences existent entre vous. La plus importante étant sans aucun doute les choix de carrière que vous avez fait. Là ou tu es une femme de mots et de créativité, il est être cartésien qui a consacré sa vie aux chiffres, dans l’espoir constant de voir celui de son porte-feuille augmenter constamment. Digne d’un Craine sans le moindre doute, ton frère avait suivi à la lettre le chemin tracé par votre père et si la rancune que vous éprouviez pour le patriarche n’était pas un secret pour personne, il n’en demeurait pas moins que jamais vous n’aviez questionné les attentes qui s’abattaient sur lui comme sur toi. Comme si malgré tout, malgré les travers et malgré la rancoeur, il était hors de question de remettre en cause tout ce qui était attendu de vous en tant qu’aînés de la fratrie. Vous le saviez pourtant, à quel point ça pouvait être lourd et contraignant. Pourtant, jamais il n’était question d’aller contre le courant. Jamais il n’était question de se rebeller contre les attentes, de mettre derrière le chemin qui avait été tracé pour vous. Vous aviez plutôt pris l’habitude de vous rappeler votre place quand les pensées divergeaient, de prendre un peu de ce poids qui pesait sur l’autre quand le besoin se faisait ressentir, sans jamais osé poser les vrais questions, sans jamais osé se regarder dans les yeux et se demander si vous étiez réellement heureux. Comme si le plus important au bout de tout, c’était de conserver les apparences, comme vos parents vous l’avaient si souvent enseigné. Elles sont faibles toutefois, tes façades, depuis quelques temps. Elles ne tiennent plus sur grand-chose et alors que tu te retrouves dans le bureau de ton frère, tu peines à savoir si tu veux vraiment qu’il t’aide à les reconstruire, à les stabiliser une bonne fois pour toute ou si tu préférerais qu’il te donne le bâton de baseball pour tout faire tomber. Pourtant, tu joues le jeu une fois entrée dans son bureau. Tu enfiles ce rôle que tu maîtrises à la perfection, offrant sourire sincère de le voir pour masquer tout le reste. « J’imagine que qu’importe l’excuse que je trouverai, tu auras une parade. » « Tu sais très bien qu’on ne me dit jamais non. » À ce jeu-là, tu excellais en presque permanence. Tu aimais avoir raison autant que tu aimais obtenir tout ce que tu désirais et peu nombreuses étaient les choses qui parvenaient à t’échapper. Il semblait pourtant déterminé à être l’une d’entre elle, dans une continuité qu’il te fallait oublié, d’où le besoin de te concentrer pleinement sur ton frère et son éclat de rire, faisant fit du fait que tu étais clairement en train de le déranger. « C’est bien et uniquement parce que c’est toi qui le demande. » Et tu le vois dans le fond de son regard qu’il comprend, Garrett. Qu’aujourd’hui, tu as besoin de partager le poids sur tes épaules avant d’être complètement écrasée par ce dernier.
Tu le regardes qui se lève et attrape sa veste alors que tu restes dans le cadre de porte en attendant qu’il te rejoigne. Tu ne peux t’empêcher de remarquer l’état de son bureau et toute la paperasse qui y habite en permanence, signe que dans quelques heures, il ne se privera pas de te blâmer pour tout le retard qu’il aura accumuler. « Est-ce que j’ai au moins le droit de choisir le resto ou as-tu déjà une idée en tête? » Tu fais mine d’y réfléchir pendant quelques secondes. Tu n’as rien de prévu, la vérité étant qu’il y a une heure à peine, tu n’avais même pas prévu de bifurquer jusqu’ici, ce lunch étant quelque chose qui s’était présenté comme un besoin au moment même ou tu en avais besoin. « Je me sens généreuse, je te laisse choisir. » Peu importe l’endroit, t’as seulement besoin de sortir un peu. Besoin de changer d’environnement et d’avoir l’impression que tu peux respirer librement, encore un peu alors que tout de ton quotidien t’étouffe sans cesse. Tu ne tournes pas la tête quand vous passez devant le bureau de Lachlan, tu le devines trop facilement le nez dans une pile de paperasse tout aussi haute que celle que tu viens de voir sur le bureau de ton frère. « Comment ça va? » Tu retiens un soupir à la fameuse question, celle à laquelle tu dois répondre de manière positive et convaincante pour ne pas alerter ton aîné, malgré les signes de fatigue sur ton visage et cette vulnérabilité nouvelle qui semble vouloir s’exposer de partout. Tu hoches légèrement de la tête, place un sourire aussi convaincant que possible sur tes lèvres. « Occupée. Entre la scénarisation de mon premier roman, un nouveau projet d’écriture et les quatre-vingt appels par jour de maman pour parler du mariage, ça ne me laisse plus beaucoup de temps libre. Je dois être pas loin de comprendre de quoi ton horaire est composé. » Tu essayes de faire dans l’humour, de parler de tout ce qui occupe ton agenda pour ne jamais avoir à répondre sincèrement à sa question. Que non, ça va pas. Que tu comprends plus ce que tu fais, ni pourquoi tu le fais. Que t’as l’impression que ton monde en entier est d’une fausseté que t’as toujours refusé de voir auparavant mais qui te semble impossible à ignorer maintenant. « C’est pas l’envie qui manque de tout laisser ça derrière et de partir sur un coup de tête. » Un rire, pour faire croire à la blague. Un rire, pour prétendre que ce n’est pas une idée qui t’obsède de plus en plus, surtout pas depuis qu’il l’a mentionné. « Toi, comment ça va? » Vite, changer le sujet. Pour qu’il te rappelle ta place, pour qu’il te rappelle ton rôle. Vite, vite, fermer les yeux et espérer que ça passe, comme tout le reste.
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| | | | (#)Sam 1 Mai - 18:47 | |
| hold on to me cause i’m a little unsteady
L’un et l’autre sont proches, presque identiques dans leur manière de paraître. Pour n’importe quel regard, elle et il se rapprocheraient davantage du père que de la mère dans leur choix de vie. Malgré des chemins suivis drastiquement différents dans le fond, la forme reste approximativement la même et tout ce qui importe est finalement la réussite. Chacun a brillé dans son domaine. Malgré toutes les tensions inhérentes à la famille Craine, c’est peut-être cette gloire lumineuse - aveuglante- qui permet de faire croire à un semblant d’innocence et maintient un fragile équilibre. Le dégout inspiré par les méthodes du paternel ont poussé les aînés à se promettre de réussir à protéger les leurs en rejetant les manières de Frank. Les deux ont toujours agi de concert pour préserver les intérêts familiaux. Toutefois, si Garrett pense sa sœur blanche comme nacre -ou du moins presque totalement innocente- , il sait pertinemment que de son côté la doctrine de la fin justifie les moyens l’a poussé à utiliser certains ressorts réprouvables. De cela il n’en parle même pas avec Rosie, considérant qu’elle n’a pas à porter comme fardeau les actions de son grand frère, même s’il fait un ridicule petit centimètre de moins qu’elle. Même si Gary joue en équipe avec sa jumelle, il y a de nombreux sujets que jamais il ne pourrait aborder avec elle explicitement et l’inverse doit être tout aussi vrai pour Rosie. La voilà qui débarque comme le ferait une souveraine dans le plus sacro-saint lieu de vie de Garrett. La Craine vient l'extirper de son temple, privilège que seuls ses sœurs et son frère ont. « Tu sais très bien qu’on ne me dit jamais non. » C’est un rire étouffé qui sort des lèvres du banquier. Son tempérament de contradiction le pousserait presque à refuser de sortir ou tout du moins de retourner la situation à son avantage. Cependant il se mur dans le silence, prenant déjà peut-être inconsciemment connaissance que quelque chose trouble sa sœur. Alors que le duo se met en route, la première question qui vient à l’esprit de Garrett est le choix du restaurant. « Je me sens généreuse, je te laisse choisir. » « Quelle largesse. » Il rit de bon cœur avant de se pencher plus sérieusement sur la question. « Je propose l’Indryia, sauf si tu n’as pas envie de manger épicer.» Ce restaurant de luxe se vante de faire la cuisine indienne la plus fine de tout Brisbane, ce qui n’est pas totalement faux. En théorie il faut réserver, mais dans la pratique quand on est un Craine, le nom permet d’avoir quelques avantages par-ci par-là. Par contre il est probable que le diététicien qui suit l'aîné Craine ne soit pas franchement ravi de cette nouvelle entorse à son régime. La seconde question qui lui vient à l’esprit après la découverte « Occupée. Entre la scénarisation de mon premier roman, un nouveau projet d’écriture et les quatre-vingt appels par jour de maman pour parler du mariage, ça ne me laisse plus beaucoup de temps libre. Je dois être pas loin de comprendre de quoi ton horaire est composé. » Le brun sent bien que sa sœur essaye de se détourner subtilement de la question originelle. Cependant il ne l'arrête pas et la laisse terminer. Sa pointe d’humour finale lui fait décrocher un sourire mais lui indique aussi ouvertement que quelque chose ne va pas. Il le sait car il a les mêmes réflexes. « Qu’est ce qu’il a mon agenda ? Il est très bien. » Il fait semblant de s’offusquer pour tenter à sa manière de détourner un peu la conversation. « C’est pas l’envie qui manque de tout laisser ça derrière et de partir sur un coup de tête. » Il entend la plainte derrière son trait humoristique. L’idée d’abandonner s’était déjà frayée un chemin à travers son esprit à plusieurs reprises bien qu’elle n’avait jamais pris vraiment trop d’importance -même si Alix pourrait dire le contraire-. « Toi, comment ça va? » « Toujours un peu fatigué, mais ça va on ne peut mieux. » Jamais il n'avouera que cela ne va plus, qu’il perd peu à peu pied et qu’il ne contrôle plus grand chose. Il a réussi le tour de force de parvenir à se mentir à lui-même pour mieux se berner dans le marais de son hubris. Rien que d’avouer être un peu fatigué lui demande un effort de franchise dont il est peu habitué, cependant il doit concéder ce fait pour ne pas éveiller de soupçons sur sa situation réelle même auprès de sa sœur pour qui il pourrait donner sa vie. « Toujours un peu fatigué, mais ça va on ne peut mieux. » Il passe son bras derrière ses épaules dans un élan d’affection maternel avant de la serrer légèrement contre lui. «Tu te préoccupes de trop de choses à la fois. En définissant quelques priorités et en réorganisant ton agenda, je suis sûr que tout ira pour le mieux. » Il sourit légèrement. « Puis il n’est pas impossible que je force Lachlan à prendre quelques jours de vacances prochainement. Je ne sais pas, ceci dit, si cela t’aidera à avancer beaucoup tes projets d’écriture. » L’idée était simple, leur faire passer du temps car Garrett pensait réellement que cela aiderait Rosie à se détendre. Combien de temps les deux n’avaient-ils pas eu une semaine pour eux ? C’est d’ailleurs sur le mariage que la conversation continue. « Je ne sais pas si cela peut te rassurer, mais mère a été une véritable sangsue concernant notre mariage à Alix et moi. Même si aujourd’hui elle doit être encore plus soucieuse qu’avant. J’hésitais à l’envoyer dans un stage pour architecte pour qu’elle essaye de retrouver sa passion d’antan. » Ou dans un centre pour personne alcoolique aussi puisque son principal intérêt est pour le rhum à n’importe quelle heure de la journée. Il est difficile de croire aujourd’hui qu’il y a presque quarante ans Frances Craine faisait les unes des magazines d’architectures et étaient vu comme l’un des espoirs de ce domaine. « Et si tu as besoin d’aide de quoique se soit, tu sais que tu peux compter sur moi. Que se soit pour l’organisation du mariage, t’aider dans tes affaires d’écritures ou voler le téléphone de mère.» Il rit un peu mais il sait très bien à quel point elle peut être infernale et puis Gary espère faire comprendre à sa sœur qu’il est pleinement en acte de pouvoir jouer le rôle de grand frère protecteur qu’il n’avait pas forcément pu assurer les mois précédents. Cependant, jamais il ne s’imposerait trop ouvertement à Rosie pour lui tirer les vers du nez. Si elle venait à parler de ses vrais problèmes, cela viendrait au cours de la discussion sinon tant pis. Il en est un peu attristé mais il ne pourrait pas la blâmer, il agit de la même manière. - ambiance restaurant:
Le duo arrive atteint sa destination. L’intérieur du restaurant est dominé par une atmosphère mi-sombre, mi-claire. Les Craine sont installés à une table et une carte leur est donnée à chacun. « Dis-moi, tes nouveaux projets d’écriture, ils sont top secret ou bien est-ce qu’en tant que très très grand fan de Rosalie Craine, j’ai le droit à un premier synopsis ? » Le banquier la regarde amusé en essayant de se donner un air de chien battu. |
| | | | (#)Mer 12 Mai - 10:39 | |
| hold on to me cause i’m a little unsteady
Tu te demandes s’il voit Garrett, que tu te sens particulièrement petite en ce moment. Tu te demandes s’il remarque tes traits fatigués, ton enthousiasme nettement diminué, la petite étincelle dans le fond de ton regard qui s’éteint au fil des jours alors que ce devrait être le contraire. Tu devrais pouvoir te délecter de tous les projets qui se placent sur ton chemin. Tu devrais être une fiancée excitée, à faire des plans tous plus fous les uns des autres pour ce grand jour qui approche trop rapidement à ton goût. Tu n’as rien de la fiancée de rêve toutefois, ni en terme de préparation, ni même auprès de ton fiancé qui te sent lui échapper jour après jour. De toute ta famille, Garrett est sans aucun doute celui qui est le plus susceptible de remarquer. Il est aussi celui qui risque le moins de t’en parler toutefois. Jamais directement du moins. Tu te fais croire que c’est ce dont t’as besoin. D’un peu plus de déni. De quelqu’un avec qui partager le poids sans jamais aller à l’origine des problèmes. Tu te fais croire que ça va te faire du bien, que c’est tout ce que tu as après tout. Alors tu joues le jeu, du mieux que tu peux, même si elle est loin d’être à la hauteur, ta performance. Loin des attentes qui ont été mises sur tes épaules il y a trop longtemps déjà. « Quelle largesse. » Il rit et tu souris à ton tour. Tu te forces à être dans le moment, ici avec ton frère. Le reste ne compte plus, ne doit plus compter. « Je propose l’Indriya, sauf si tu n’as pas envie de manger épicer. » Tu secoues la tête doucement. « Ça me va. » T’aurais dit oui à n’importe quel endroit après tout tant ce n’est pas le restaurant qui t’importe dans le moment mais bien la compagnie. Et puis t’as une boule dans le fond de l’estomac depuis plusieurs jours déjà, plusieurs semaines même si t’es complètement honnête, incapable de t’en défaire. Tu ne manges plus beaucoup dernièrement, mais devant Garrett, tout comme devant n’importe quel autre public, tu vas faire un effort. Te forcer à prendre plus que tu ne te sens véritablement capable. Pour ne pas l’inquiéter. Pour ne pas faire de vagues. Pour ne pas être un problème de plus à rajouter à sa liste déjà trop longue.
« Qu’est-ce qu’il a mon agenda? Il est très bien. » Il prétend s’offusquer et tu ris doucement. De tout ce que tu viens de dire, c’est le premier point qu’il relève, sans aucun doute une tentative d’alléger le ton de la conversation. Ton regard croise le sien quelques secondes avant de regarder devant toi. C’est plus facile de se concentrer sur la route devant toi, sur ou mettre tes pieds, l’un après l’autre, que de supporter le regard de ton frère et t’assurer de ne pas trop en montrer. « Toujours un peu fatigué, mais ça va on ne peut mieux. » Est-ce que ce serait un brin de faiblesse que tu entends dans la voix de ton frère? Est-ce que ça déborde de partout pour lui aussi? Il vient passer son bras autour de tes épaules et tu te détends légèrement à son contact. Tu relèves les yeux légèrement, cherche dans son regard quelque chose qui pourrait t’alarmer, mais tu n’y vois que les signes habituels de cette fatigue qu’il traîne depuis longtemps à force d’en faire toujours un peu plus, un peu trop. « Tu travailles trop. » que tu répliques sur un ton qui se veut léger, même si le fond de tes paroles est complètement vrai et qu’il le sait. T’es la première à voir l’impact que la SunCorp peut avoir après tout, autant sur la vie de ton frère que sur celle de ton fiancé. « Tu te préoccupes de trop de choses à la fois. En définissant quelques priorités et en réorganisant ton agenda, je suis sûr que tout ira mieux. Puis il n’est pas impossible que je force Lachlan à prendre quelques jours de vacances prochainement. Je ne sais pas, ceci dit, si cela t’aidera à avancer beaucoup tes projets d’écriture. » Il est forcé, le sourire qui vient se placer sur tes lèvres à la simple idée que Lachlan puisse avoir quelques jours de congé. Vous ne vous voyez presque pas comme c’est là et pourtant, tu trouves toujours le moyen de passer le moins de temps possible à la maison, comme si d’éviter le problème était vraiment une solution vivable à long terme. « Tu penses vraiment que tu peux te permettre de te passer de lui pendant quelques jours en ce moment? J’ai vu l’état de ton bureau et du sien aussi. Si t’es débordé, je doute pas un seul instant que lui aussi. » Bien plus facile de faire croire à ton frère que tu comprends qu’il a besoin de Lachlan que de devoir lui avouer que ce dont toi tu as besoin, c’est d’espace. Toujours plus d’espace. Même si ça va bien finir par te trahir, à un moment ou un autre. « Je ne sais pas si cela peut te rassurer, mais mère a été une véritable sangsue concernant notre mariage à Alix et moi. Même si aujourd’hui elle doit être encore plus soucieuse qu’avant. J’hésitais à l’envoyer dans un stage pour architecte pour qu’elle essaye de retrouver sa passion d’antan. » Il est cruel le ricanement que tu échappes à l’idée de ton frère. C’est que vous savez tous les deux que votre mère n’est pas en état de retourner au travail, ni de faire quoique ce soit la majorité du temps. « Je te confirme que t’aurais dû mal à la placer ou que ce soit. Elle est souvent ivre à partir de 14 heures. » Même si ce n’est pas parce qu’elle a le nez dans la bouteille que ça l’empêche de t’appeler et de faire des plans de moins en moins compréhensibles. Votre mère, cette alcoolique qui n’assume pas. Et tu te demandes si c’est ce qui t’attend, en choisissant le chemin qui a été tracé pour toi par tes parents.
« Et si tu as besoin d’aide de quoique ce soit, tu sais que tu peux compter sur moi. Que se soit pour l’organisation du mariage, t’aider dans tes affaires d’écriture ou voler le téléphone de mère. » Tu ne peux t’empêcher de rire à la dernière partie. C’est vrai que ça pourrait être utile si ta mère pouvait perdre son téléphone pendant quelques heures, ou quelques jours même. Ton frère, pragmatique comme toujours, offrant solutions par dessus solutions alors que tu sais trop bien que ce n’est pas un peu de réorganisation qui vont faire disparaître le poids sur tes épaules ou la boule dans le fond de ton ventre. « Et tu vas dormir quand si je rajoute ça à ton agenda? » Déjà que tu te demandes quand est-ce qu’il trouve le temps de se reposer, la dernière chose que tu as envie de faire, c’est d’en mettre un peu plus sur ses épaules. « Je sais me débrouiller. C’est juste beaucoup en ce moment. » Et surtout, ce ne sont pas vraiment les problèmes qui me pèsent, tu vois? Même si votre arrivée au restaurant est aléatoire, ça ne prend que quelques secondes entre le moment ou ton frère évoque votre nom et le moment ou une table se libère soudainement pour vous et voilà que tu te retrouves le nez dans le menu, sans savoir ce que tu as envie de manger. Tu cherches quelque chose de léger, quelque chose qui te permettra de manger assez devant ton frère pour ne pas l’alarmer. Tu sais déjà ce que tu vas boire toutefois sans même avoir à jeter un coup d’oeil à la carte des vins. « Dis-moi, tes nouveaux projets d’écriture, ils sont top secret ou bien est-ce qu’en tant que très très grand fan de Rosalie Craine, j’ai le droit à un premier synopsis? » Si tu aurais normalement été d’humeur à l’agacer, lui faire miroiter tes idées sans jamais lui dire de quoi il en est vraiment, tu n’as pas le coeur à parler de ton écriture en ce moment, encore moins le coeur de lui mentir plus que nécessaire. « Pour être tout à fait honnête avec toi, en ce moment c’est difficile... » Oh que c’est dur de l’admettre à voix haute, ça. « Je pense que je tourne un peu en rond en ce moment avec mon personnage principal, faut que je revois plusieurs choses... » L’histoire au complet, en soit. Parce que ton héroïne, tout comme toi, est bien trop perdue, bien trop prisonnière de ses démons pour se faire un chemin clair et précis. « J’pense que j’ai la tête un peu trop pleine. » que tu finis par avouer à demi-mots au même moment ou la serveuse vient prendre votre commande, et tu t’empresses de commander un verre de vin rouge.
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| | | | (#)Dim 23 Mai - 16:08 | |
| hold on to me cause i’m a little unsteady
Il ne lui faut pas longtemps à l’aîné Craine pour remarquer que des éléments intempestifs semblent s’immiscer dans l’esprit de sa jumelle de cœur. Il ne pourrait pas mettre de mots ou même d’argument pour justifier cette sensation. Il le sait et ça s’arrête là. C’est presque un don, l’un et l’autre ont toujours su voir quand les choses n’allaient pas pour l’un des deux. Pourtant aucun d’eux ne levait jamais directement la voix pour demander de l’aide. Les deux “grands” de la fratrie se muraient sempiternellement dans un silence de conventions pour éviter de s’interroger sur le fond des choses. Pourquoi ? Peut-être par déni du jugement de l’autre, de la crainte d’une retombée familiale et de la honte qui irait avec. Ou alors simplement qu’ils pourraient ensemble remarquer que leur monde ne tient que sur des préconçus et autres illusions en tout genre, et que chacun à sa manière vit une existence presque déplorable. Ils sont là, Rosie et Gary dans la rue à marcher côte à côte et pourtant ce sont des banalités qui sortent de leur bouche. Comme si tout allait bien et que le monde était merveilleux. Il voit pourtant son regard fuir le sien, elle qui d’habitude n’a aucun mal à le défier de son regard très légèrement plus haut que le sien. Le banquier est inquiet mais il ne montre rien et fait comme si tout était ordinaire. Dans le fond, est-ce que Rosie et Gary ne seraient pas meilleurs comédiens que leur petit frère ? Cette question, Garrett se la pose parfois. Il vient passer son bras derrière sa sœur pour la rassurer, lui faire comprendre qu’il est présent aussi bien physique que mentalement. Pour la rassurer, il se paie même le luxe de lui avouer un fragilité dans sa réponse, chose qu’il ne s’accorderait avec personne d’autre qu’elle -et Alix, même si dans l’autre cas c’est plutôt elle qui lui soutire ses moments de faiblesses qu’un aveu de bon coeur de sa part-. « Tu travailles trop. » « C’est vrai. Mais je suis en train de mettre les pieds sur le frein et tout rentre tranquillement dans l’ordre. » Et parce qu’elle le connaît, elle sait qu’il n’arrêtera pas jusqu’à l’usure complète. Que de 110h semaines, il est probablement passé à 95h de travail. Il n’ira pas plus loin dans les détails, considérant qu’il en a déjà probablement trop dit. Gary espère cependant que sa sœur comprendra que lui aussi a connu un moment de faiblesse ces derniers temps et que ce n’est pas grave. L’aîné tente de la conseiller son agenda. « Tu penses vraiment que tu peux te permettre de te passer de lui pendant quelques jours en ce moment? J’ai vu l’état de ton bureau et du sien aussi. Si t’es débordé, je doute pas un seul instant que lui aussi. » « Rosie toujours à penser aux autres avant toi. » Il soupire en secouant la tête tout en montrant sa plus belle risette. « Il n’y a aucun souci pour que je libère Lachlan quelques jours. Je m’en sortirai très bien sans lui. » Il repassera à 110h de travail par semaine temporairement, voilà tout. « Puis soit dit en passant, je suis un peu inquiet pour lui. Il semble un peu erratique parfois et à le regard qui se perd dans le vide. Je ne pense pas que des vacances seront de trop pour lui. » Rosie pourrait continuer d’argumenter, il finirait bien un moment ou un autre par imposer des vacances à Lachlan. Outre le fait qu’il soit un excellent associé et son futur beau-frère, il est par-dessus tout un ami fidèle auquel il tient. Hors de question de le tuer à la tâche donc. Puis Garrett pense sincèrement que cela fera du bien à Rosie de se retrouver seule avec son fiancé.
La discussion se détourne sur Frances. Le ricanement de ta soeur provoque le sien et chacun leur tour ils se moquent. « Je te confirme que t’aurais dû mal à la placer ou que ce soit. Elle est souvent ivre à partir de 14 heures. » « Je croyais que c’était 13h. Elle fait des progrès tu vois.» Ou elle régresse, à vrai dire cela fait un moment que Gary ne s’est plus préoccupé de la santé de la matriarche Craine. « Je pense qu’il faut trouver de quoi l’occuper. Lui faire changer d’air ne pourra de toute façon pas lui faire de mal et je ne pense pas que Wendy soit contre qu’on l’envoi vaquer ailleurs. » Il n’imagine pas ce que c’est de vivre avec et il ne veut même pas le savoir en fait, mais il faudra bien un jour tenter de régler ce problème qui traîne depuis trop longtemps. Les propositions il en a plein encore en réserve et s’il peut aider un tant soit peu sa sœur, alors il le fera. « Et tu vas dormir quand si je rajoute ça à ton agenda? » « Dormir c’est superflu. Puis je serais un piètre grand-frère si je n’aidais pas ma sœur non ? » Il cherche à la taquiner. « Je sais me débrouiller. C’est juste beaucoup en ce moment. » Garrett est prêt à renchérir avec une anecdote sur leur enfance -celle chez leur grand-parents quand les deux avaient semés Rory et s’étaient réfugiés dans arbre. Garrett avait voulu l’aider à monter plus haut mais Rosie avait rétorqué qu’elle savait se débrouiller mais il ne voulait rien entendre. Résultat des courses ils étaient tombés ensemble de leur perchoir et leur frère avait pleuré inquiet de leur chute ce qui avait ramené les parents- mais finalement il s’abstient se disant que ce n’était peut-être pas le bon moment.
Les deux aînés de la famille finissent par s’installer au restaurant. Curieux de savoir où elle en est dans son travail, et parce que peut-être au fond de lui il sait que c’est difficile d’écrire lorsqu’on est dans un situation difficile, il interroge sa sœur sur ses projets d’écriture. « Pour être tout à fait honnête avec toi, en ce moment c’est difficile... » Pour une surprise c'en est une et il est presque coupé de court, lui qui prévoyait déjà ses parades pour tenter de lui soutirer des informations. Oh que c’est dur de l’admettre à voix haute, ça. « Je pense que je tourne un peu en rond en ce moment avec mon personnage principal, faut que je revois plusieurs choses... » Il l’écoute attentivement, regrettant presque de ne pas trouver de mots instantanés pour pouvoir la réconforter, lui dire que ce n’est que temporaire et que tout ira mieux la semaine prochaine mais inconsciemment il se doute que ça n’ira pas mieux aussi facilement. « J’pense que j’ai la tête un peu trop pleine. » que tu finis par avouer à demi-mots au même moment ou la serveuse vient prendre votre commande, et tu t’empresses de commander un verre de vin rouge. « Un peu trop ? C’est un euphémisme Rosie. » Il rit légèrement. La serveuse qui arrive l’arrête dans sa lancée. Il suit sa sœur sur la commande de vin. « Je sais bien que je vais rien t’apprendre mais le mieux pour régler une situation c’est de prendre suffisamment de recul pour affronter le problème directement. » Dixit le champion de l’évasion et du contournement. « Peut-être que le plus simple serait de tout reprendre du début une fois que tu te seras vidés la tête. » S’il perçoit le malaise de sa sœur, à aucun moment il ne se doute de l’amplitude qu’il peut avoir. « Si tu veux esquiver les repas hebdomadaires dominicaux cette semaine et celle qui suit, il n’y a aucun problème. » Sous un air de solution pour alléger son emploi du temps, c’est également un rappel du rang à tenir lors des réunions familiales. La moindre faiblesse montrée sera probablement exploitée par Mark. « Et si j’organisais un dîner à la maison ? Rien que toi, Lachlan, Alix et moi, ça te tenterait ? »
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| | | | (#)Lun 28 Juin - 8:22 | |
| hold on to me cause i’m a little unsteady
« C’est vrai. Mais je suis en train de mettre les pieds sur le frein et tout rentre tranquillement dans l’ordre. » Tu te contentes de froncer les sourcils, sans pourtant répliquer parce que c’est ce que vous faites le mieux avec Garrett : accueillir les mensonges de l’autre pour se faire croire ne serait-ce qu’un petit peu plus que tout va bien, que tout va rentrer dans l’ordre et que surtout, surtout, vous gérez la situation. Tu sais qu’il ment pourtant, tout comme il sait très bien qu’il n’a pas la moindre intention de se mettre à moins travailler alors que tu as vu de quoi son composé les journées de ton fiancé, une pâle copie de celles de ton frère. Tu pousses un petit peu, juste assez pour voir s’il y a vraiment là de quoi s’inquiéter, mais Garrett s’empresse de se détourner de la conversation et ça t’arrache un sourire parce que ça te rappelle éternellement à quel point vous pouvez être le miroir l’un de l’autre. Mais t’as l’impression que tu craques bien plus que lui dernièrement, que la vitre s’écaille peu à peu et que bientôt, le verre va exploser et il sera impossible de ramasser les morceaux sans se couper. Mais si tu fermes les yeux, un peu plus longtemps, t’es pas obligée de contempler l’ampleur des dégâts. Si tu fermes les yeux, tu peux prétendre que t’as rien vu venir. « Rosie toujours a penser aux autres avant toi. » Tu ne saurais dire s’il est sarcastique ou pas, ça n’a aucune importance alors que tu ne fais qu’accueillir les mots d’un hochement de la tête. « Il n’y a aucun souci pour que je libère Lachlan pour quelques jours. Je m’en sortirai très bien sans lui. » Menteur, menteur. Hoche la tête et ferme les yeux Rosie, il ne veut pas que tu vois que son miroir à lui aussi est plein de fissures. « Puis soit dit en passant, je suis un peu inquiet pour lui. Il semble un peu erratique parfois et à le regard qui se perd dans le vide. Je ne pense pas que des vacances seront de trop pour lui. » Tu offres un sourire à ton frère. Tu le sais bien que les choses sont compliquées pour Lachlan aussi. Qu’il l’a ressent de partout, la distance que tu as installé entre vous depuis quelques semaines alors que les préparatifs du mariage et que vous devriez être plus proches que jamais. Des semaines que tu poses à peine les yeux sur lui, que vous vous êtes pas retrouvés comme vous le devriez. Si t’étais censée, tu prendrais ces possibles vacances comme une opportunité de renouer avec ton futur mari. T’es pas censée par contre et t’as pas envie de partir avec lui, mais ça, tu ne peux pas le dire à voix haute. « Tu sais comment c’est l’organisation d’un mariage avec Frances Craine, je pense que tout le monde a besoin d’une pause. »
Et si la discussion sur Lachlan se termine là, à ton grand soulagement, ce n’est que le début des mentions de la matriarche qui te rend complètement folle sur une base régulière. « Je croyais que c’était 13h. Elle fait des progrès tu vois. » Tu échappes un léger rire même si le fond de ce que vous dites n’a absolument rien de drôle. Elle est désolante à voir aller votre mère, et ce depuis bien longtemps et tu détestes le simple fait que tu lui ressembles de plus en plus avec les années qui passent, et pas seulement physiquement. C’est une pensée que tu chasses rapidement toutefois, l’une de celles que tu n’assumes pas du tout. « Je pense qu’il faut trouver de quoi l’occuper. Lui faire changer d’air ne pourra pas de toute façon pas lui faire de mal et je ne pense pas que Wendy soit contre qu’on l’envoi vaquer ailleurs. » Tu secoues la tête. Ce n’était certainement pas la benjamine qui allait se plaindre de ne plus avoir Frances entre les pattes, en effet, mais elle n’est pas ta priorité première. « Si tu trouves quelque chose pour la distraire du mariage, je suis preneuse. » Parce que Rosalie, mettre les autres en premier, ce n’est qu’une illusion. Les moindres de tes faits et gestes sont calculés pour tes propres gains, tout comme chacune des décisions que ton frère prend a pour but de lui offrir quelque chose ou de l’emmener plus près de ses buts. De vrais Craine que tu pourrais presque entendre la voix de ton père te chuchoter à l’oreille. « Dormir c’est superflu. Puis je serai un piètre grand-frère si je n’aidais pas ma sœur, non? » « Tu pourrais jamais être un piètre grand frère. » que tu chantonnes déjà alors que tu passes ton bras autour du sien, lui offrant un sourire qui se veut déjà bien plus sincère que ceux que tu lui as fait jusqu’à maintenant.
La scène est tout ce qu’il y a de plus typique alors que vous prenez place dans le restaurant et tu oses un moment de vulnérabilité qui ne te ressemble pas, tu le vois sur les traits du visage de ton frère qu’il est le premier surpris de ce tournant. C’est dur de l’admettre, encore bien plus dur de l’accepter. Tu ne sais pas ou tu vas avec ton roman, tu sais encore moins ce que t’es en train de faire avec ta vie, mais ça, c’est autre chose complètement. « Un peu trop? C’est un euphémisme Rosie. » Tu échappes un léger rire suivi d’un soupir. Encore une fois, vous êtes bien trop similaires à ce niveau. Il gère mieux que toi en ce moment, c’est tout. « Je sais bien que je vais rien t’apprendre mais le mieux pour régler une situation c’est de prendre assez de recul pour affronter le problème directement. » Tu hoches la tête, attentive, même si tu sais que tu es bien incapable de mettre en pratique ce qu’il te suggère. « Peut-être que le plus simple serait de tout reprendre du début une fois que tu te seras vidés la tête. » « C’est pas bête. » Retourner à la case départ. Prendre un tournant différent. C’est possible dans ton roman. Dans ta vie par contre, c’est légèrement plus compliqué. Ça demande de retourner à des moments de ton histoire, votre histoire que tu as trop longtemps gardé cacher et t’es pas certaine que la vérité puisse sauver quoique ce soit. T’as pas le temps de te perdre dans tes pensées toutefois que déjà la voix de ton frère s’élève à nouveau. « Si tu veux esquiver les repas hebdomadaires dominicaux cette semaine et celle qui suit, il n’y a aucun problème. » « Pas certaine que père soit du même avis. » Parce qu’apparemment qu’ils sont sacrés, les repas du dimanche soir. Quelle connerie. « Et si j’organisais un dîner à la maison? Rien que toi, Lachlan, Alix et moi, ça te tenterait? » À ça, tu ne peux t’empêcher d’éclater de rire. Un rire franc, un rire qui vient de loin, qui permet d’oublier un peu tout le reste pendant quelques instants. « No offense, mais non merci. J’pense que j’préfère encore les soupers du dimanche soir. » Parce que tolérer Alix dans un contexte de groupe ou il y a l’entièreté du clan Craine pour atténuer l’effet de sa présence, ça passe. Un double-date avec ton fiancé que tu évites et ta belle-sœur que tu supportes pas le trois-quart du temps? Non merci. « Ça c’est mieux de toute façon. » que tu dis en faisant référence à ce moment, juste lui et toi et un peu de vérité derrière vos apparences trop parfaites. Juste ça, ça fait du bien quand tu plonges ton nez dans le menu et que tu reprends ton rôle tel qu’il est écrit, que tu te souviens de ce que tu dois faire même si tu ne comprends plus vraiment pourquoi tu te forces tant à le faire.
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