♛ Goddamn, man child. You act like a kid even though you stand six foot two
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« Birdiiiiiiiieeeeeeee !!! » Que je cris presque alors que je frappe en continue sur la porte d’entrée de la villa. Elle est pas contente, Birdie. Elle n’a même pas répondu à mes derniers messages. Bien sûr que je savais très bien qu’elle ne sauterait pas de joie quand elle allait savoir que Sofia était de retour dans ma vie. Et encore, est-ce qu’on peut réellement dire qu’elle est de retour ? Elle est juste revenue vers moi parce qu’elle avait besoin d’aide et d’une personne en qui elle avait confiance. Je suis toujours en train de frapper sur la porte et si je continue comme ça je vais finir par me faire mal à la main. Mais c’est pas grave. Je continue. Mon poing frappe encore et encore sur la porte et je vais continuer jusqu’à ce qu’on me réponde. « Allez mon muffin au nutella ouvre-moi c’est bon, la plaisanterie a assez durée. » De quelle plaisanterie je suis en train de parler, vous devez sûrement vous demander ? C’est une bonne question. Mais j’ai malheureusement aucune réponse à vous apporter. Après peut-être que si personne ne répond c’est aussi tout simplement parce que personne n’est là ? Peut-être que Birdie est avec son crush éternel en train de sourire et rire comme une adolescente de seize ans à tout ce qu’il dit, peut-être qu’elle a les yeux en cœur en le regardant, comme une jeune fille qui découvre l’amour. C’est mignon quand même, vous trouvez pas ? Mais elle ne l’assume pas, elle ne l’accepte pas alors que même Hannah Montana semble l’avoir compris. Elle aussi elle a vu que Birdie avait un petit – gros – crush pour un certain Italien. « Tu vas vraiment me laisser dehors pour nos un mois de mariage ? » Je la prends par les sentiments, là. Allez Birdie, c’est bon, ouvre, je sais que tu en meurs d’envie. Ou pas. Elle est peut-être vraiment en colère contre moi. Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle m’en veut ? J’ai beau y réfléchir je ne comprends vraiment pas sa colère. C’est moi qui accepte de laisser mon ex-femme entrer dans ma vie à nouveau. C’est moi qui accepte de l’héberger pour quelques jours. Mais qui aurait fait le contraire ? Qui l’aurait envoyé chier ? Qui lui aurait demandé de rentrer chez elle ? Un chez elle où elle ne se sent apparemment pas en sécurité. Pas moi en tout cas. Parce qu’après tout, il fut un temps où Sofia, je l’ai vraiment aimée. Et certes les choses ne se sont pas terminées de la meilleure des manières entre nous mais je sais que j’ai mes torts dans le fail complet que fut notre mariage. Je ne peux pas tout lui mettre sur le dos.
Après avoir fait une pause de quelques secondes, encore une fois, je m’y remets, je frappe contre la porte. Parce que je suis tenace quand j’ai une idée en tête. Et là, aujourd’hui, j’ai décidé de remettre les choses à plat avec ma femme. Oui parce que peu importe à quel point cette blague peut sembler folle, insensée voire même ridicule, aux yeux de la loi, Birdie est considérée comme ma femme. « Tu me brises le cœur Birdie Olive Cadburry. » Peut-être même qu’elle ne m’entend même pas. Peut-être qu’elle est en train de s’enjailler en écoutant de la musique. J’en sais rien. Mais tout ce que je sais c’est qu’elle ne me répond pas et que je vais bientôt commencer à perdre patience. « Allez c’est bon fais pas ta drama queen. » C’est moi qui dis ça, oui. Je suis mal placé pour la juger là-dessus mais en attendant c’est bien elle qui semble me faire la gueule et refuser de m’en expliquer les vraies raisons – bien que j’ai compris que c’était en lien avec Sofia. – La porte s’ouvre et c’est Birdie qui m’accueille. Un grand sourire s’étire sur mes lèvres et je me penche vers elle pour l’embrasser sur la joue. « Salut sweetheart. » Sweetheart ou ce genre de surnom débile que je n’avais jamais vraiment donné avant mais avec Birdie c’est du second degré donc c’est forcément drôle. J’entre sans attendre qu’elle m’y invite réellement. « Je commençais à croire que tu m’ignorais. » Un mélange de déception et de second degré dans ma voix. Mais mon message, elle l’a clairement ignoré ça elle ne pourra pas le nier.
« Birdiiiiiiiieeeeeeee !!! » La tête baissée contre la machine à coudre qui n’a presque de répit que quand tu n’es trop occupée à aller te défrustrer ailleurs en ce moment-là. Au milieu des tissus et des boutons que t’as piqué à James (avec son accord, même s’il ne te l’a pas dit, tu sais que tu l’as quoiqu’il arrive), en tailleur sur le plancher de ta chambre, des rubans autour de ton cou et surtout les doigts, les traits, le visage, les gestes toujours aussi brusques. Il faut croire que ni Jordan ni Heather n'ont réussi à suffire à te calmer. Pas même les mots de Malachi, chez qui t’es allée réviser ton vocabulaire d’insultes en italien autour d’un dîner et avec le regard réprobateur du brun. Tu t’en es presque voulue à ce moment-là de prendre cette histoire trop à cœur. Sofia est revenue, oui, et alors ? Qu’est-ce que cela change à ta vie ? Pas grand chose. Malachi a réussi à te rendre raisonnable pendant deux minutes, parce qu’il a ce foutu pouvoir et non, tu ne te poseras pas plus de question parce que ce n’est absolument pas le sujet. « Allez mon muffin au nutella ouvre-moi c’est bon, la plaisanterie a assez durée. » Le voilà, le sujet qui traîne en longueur sur plusieurs jours. Si tu n’as pas répondu à ses messages, c’est qu’il y avait une raison. Alors pourquoi il vient tabasser la pauvre porte qui n’a rien demandé à personne ? Heureusement que Mason n’est pas là, sinon, il est certain qu’il les aurait étripés l’un et l’autre sans se poser plus de questions parce qu’il n’est pas là pour leur drame de meilleurs amis mariés sûrement. « Tu vas vraiment me laisser dehors pour nos un mois de mariage ? » Oui. T’es tellement frustrée que oui, t’as bien la volonté de le laisser croupir dehors et lui offrir la plus affreuse des punitions : ton silence. Alors tu continues à faire du bruit avec ta machine, plus de frustration et moins avec la volonté de faire le top que t’avais prévu à la base. Dammit, damn you, Will. Si en plus tu perds un bon tissu par sa faute, tu l’étripe toi-même - as if.
« Tu me brises le cœur Birdie Olive Cadburry. » Ah non. Il n’a pas le droit. Pourquoi est-il toujours là ? C’est quoi, cette volonté, cette ambition soudaine, là ? Il est pire qu’une mouche, à faire autant de bruit alors qu’il n’est pas si impressionnant que ça. « Allez c’est bon fais pas ta drama queen. » Tu râles en tapant sur la machine parce que tu as définitivement perdu toute concentration et c’est à cause de lui qui ose dire que tu fais ta drama queen alors que- que- ugh, il n’a juste pas le droit, un point, c’est tout. Surtout venant de sa part, c’est vraiment très mal perçu - d’habitude, tu te moques de lui mais là, tu n’en as pas envie. Ni de rire, ni te moquer et encore moins lui parler. Et pourtant, tu finis par lever tes fesses du plancher pour traverser ton bordel à grandes enjambées puis le salon avec la cuisine ouverte, la lumière des grandes baies ne suffisant même pas à apaiser ta rancœur mal placée. Décidément, t’aurais dû rester chez Malachi plus que pour un repas.
T’ouvres la porte avec violence, offrant à ton mari l’étendu de la colère sur les traits de ton visage, qui reste crispé au possible. Tu as juste ouvert pour qu’il puisse dire ce qu’il a à dire et qu’il te laisse poursuivre ta future œuvre. Mais non. Ce con vient embrasser ta joue, plantant son sourire contre toi, un simple « Salut sweetheart. » au bord des lèvres et il rentre comme un prince dans des lieux qui lui appartiennent - ce qui est faux, absolument scandaleux et oh Birdie, take a breath, girl. « Je commençais à croire que tu m’ignorais. » Tu te mords la lèvre, tu t’empêches de faire la moindre déclaration alors que tu renfermes la porte avec fracas, tes bras se croisant tout en respirant de frustration. S’il est tenace pour rentrer, t’es tenace aussi pour être chiante. Et silencieuse. Parce qu’elle n’a pas fini de t’ignorer, Will. Elle le fait juste en te contemplant. Drama queen.
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Je frappe tellement fort sur sa porte d’entrée que les voisins aux alentours pourraient bientôt commencer à s’inquiéter et à se demander si je suis pas un psychopathe prêt à défoncer la porte pour leur faire du mal. Mais en même temps, c’est de sa faute aussi, si elle venait m’ouvrir la porte on en serait pas là. Si elle avait répondu à mes messages non plus. Mais elle a décidé de bouder Birdie. Pour je ne sais quelle raison. Bien que j’ai tout de même compris que c’était en lien avec la réapparition soudaine de Sofia. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi elle l’a toujours tant détesté. Parce qu’au début ça se passait bien avec Sofia. Ça se passait même très bien, j’étais amoureux, j’étais bien, j’étais heureux. Je faisais des études qui me passionnaient et j’étais bien entouré. Sauf que Birdie n’a jamais accepté la présence de Sofia dans ma vie et bien qu’elle n’a pas sauté de joie à notre divorce je sais que ça ne l’a pas affecté plus que ça. Enfin du moins, elle n’a pas sauté de joie devant moi. La connaissant, elle a dû avoir ce petit sourire satisfait au moins une fois en y pensant. Après de longues – trop longues – minutes d’acharnement sur sa porte et mes mains qui commençaient à devenir douloureuses, Birdie finit par m’ouvrir. Avec toute la délicatesse pour laquelle elle est connue. Elle me sourit, même. Non, ça c’est dans ma tête. Elle me fusille du regard là et si je la connaissais pas je serais sûrement parti en courant. Elle m’ignore par message mais également quand je suis devant elle puisque je viens d’entrer, je lui parle et je m’obtiens aucune réponse de sa part. Elle semble vraiment décidée à me faire chier, je soupire. Vraiment. Parce que c’est agaçant quand même. Tu me fais chier Birdie quand tu t’y mets sérieux. Pourtant je décide de ne pas lui montrer mon agacement. Je décide de prendre sur moi et de garder son sarcasme et mon humour légendaire pour lui parler. « T’aurais pu me prévenir qu’on jouait au roi du silence quand même. Moi j’étais pas au courant, c’est d’la triche. » En d’autres circonstances elle aurait pu être amusée par ma réflexion mais là je suis pertinemment que je vais l’énerver encore plus. Je m’enfonce tout seul et je l’assume. Mais en même temps je lui en veux aussi de m’ignorer à ce point, elle compte disparaître une deuxième fois pendant deux ans ? « Tu sais très bien que je peux alimenter une conversation tout seul hein, c’est pas un problème pour moi. » Elle est comme moi habituellement sauf qu’aujourd’hui elle m’en veut encore. Pourquoi ? J’en ai pas la moindre idée – note à moi-même ; penser à lui demander les raisons de ce drama qu’elle est en train de me faire. « Y a quelques semaines on a trouvé le fossile d’un elaphrosaurus en Australie. C’est un truc de ouf parce que c’est un dinosaure super rare. Il appartenait à la famille des théropodes, deux mètres de long un cou immense et c’est la toute première fois qu’on trouve une trace de ce dinosaure en Australie. Jusqu’ici on savait qu’il était présent en Tanzanie en Argentine et en Chine, et c’est des paléontologues de Melbourne qui étudient le fossile. J’aurais bien aimé déposer ma candidature pour partir les aider. » J’hausse les épaules. C’est faux. Enfin tout est vrai mais sauf la partie où je lui dis que j’avais en tête de quitter Brisbane pour quelques mois/années mais j’ai envie de la faire réagir et je sais que là, elle ne pourra pas rester de marbre. « S’ils retiennent ma candidature ça risque d’être long. Quelques mois, quelques années je sais pas. C’est une putain d’avancée scientifique, je sais pas si tu te rends compte. » Et en soit oui si on me proposer de travailler sur un tel projet je ne suis pas sûr que je refuserais, mais c’est pas le cas. J’essaie juste de te faire réagir, Birdie. « T’en penses quoi ? » Première question, allez vas-y, parle s’il te plaît. « Au moins tu pourras plus me faire la gueule parce que je revoie Sofia. » Enfin, parce que j’aide mon ex-femme qui est dans la merde surtout.
« T’aurais pu me prévenir qu’on jouait au roi du silence quand même. Moi j’étais pas au courant, c’est d’la triche. » Il a le toupet de soupirer, de montrer à quel point t’es chiante et de toute façon, tu n’as pas besoin de le voir pour savoir tout ce qu’il doit penser. Tu le connais sûrement mieux que toi-même, vous fonctionnez pareil, à quelques exceptions près. Et c’est à cause d’une de ces ‘exceptions près’ qu’il y a discorde entre vous depuis des jours, un silence qui ne peut présager qu’une tempête cinglante. Sûrement que ça ne va durer que deux minutes, mais elles seront les deux minutes les plus amères et les plus longues de vos existences. Vous êtes des enfants tous les deux, vous agissez pareils que des gamins, vous boudez, vous grognez, vous vous disputez comme des mômes. Alors forcément, que tu fasses vœu de silence pour répondre à son imbécilité latente, cela a du sens. « Tu sais très bien que je peux alimenter une conversation tout seul hein, c’est pas un problème pour moi. » Oh oui, tu le sais. Tu as le même talent. Fais la conversation alors, Will, je t’en prie. Fais comme si ta meilleure amie n’est pas en train de t’envoyer des éclairs par ses yeux, comme si elle ne bouillonne pas intérieurement. T’as bien conscience que tu prends les choses trop à cœur, Birdie. Mais il s’agit de Will donc forcément que tu vas prendre les choses trop à cœur. Quand ça concerne tes proches, tu prends les choses toujours trop à cœur. On croit que tu n’en as pas et pourtant, c’est dans des moments comme ça qu’on s’en rend compte que t’en as et qu’il fonctionne. Comme quand tu vas voir Malachi avec l’excuse de l’araignée. Comme quand tu te pointes chez James avec l’excuse du vin. Comme quand tu vas voir Asher l’air de rien alors que c’est absolument tout. Mais Will, Will, est différent. Tu n’as jamais aucune raison de t’inquiéter pour lui, tu lui fais confiance pour savoir prendre soin de lui-même autant que de venir te voir au moindre problème.
Et pourtant, c’est bien à cause de ton coeur que tu es énervée contre lui. Pas de jalousie, cela serait futile de penser que Birdie puisse se sentir en danger, mais pas prévoyance. Comme si t’as une boule de cristal qui te permet de voir que les ennuis arrivent à gros coups de sabots et que ça t’exaspère qu’il soit aussi chill face à cette situation aberrante - plus aberrante que se marier à son meilleur ami ? Shut it. Will se met à parler de ce qu’il connait le mieux ; les dinosaures. Son sujet de confort, face à sa meilleure amie qui reste les bras croisés, impassible et pourtant à l’écoute. Tu n’aurais pas pensé qu’il aurait parlé de ça mais soit. Tu peux comprendre la démarche, tu as tendance à faire la même chose aussi ; utiliser un chemin parallèle pour minimiser et aborder le sujet qui fâche sous le signe de l’humour. Désamorcer la bombe. Cependant, pas sûr que ça fonctionne admirablement. Il parle d’Argentine, de Chine puis de Melbourne. « S’ils retiennent ma candidature ça risque d’être long. Quelques mois, quelques années je sais pas. C’est une putain d’avancée scientifique, je sais pas si tu te rends compte. » Il essaie de te faire réagir de la plus affreuse des manières. A Melbourne, en plus, alors qu’il sait ce que ça a représenté pour toi quand t’es partie là-bas. T’ignores encore ce qui te retient de le baffer, vraiment.
« T’en penses quoi ? » « Au moins tu pourras plus me faire la gueule parce que je revois Sofia. »
T’allais lui lancer une pique comme ça mais au lieu de ça, t’avances de quelques pas vers lui pour la lui foutre, ta main sur sa joue. Des jours que tu la retiens et là, il ose te balancer ça comme ça. “Que si t’es assez grand pour te foutre dans la merde, t’es assez grand pour partir où bon te semble.” Tu siffles, tu n’es vraiment pas contente et dans le fond, tu penses vraiment qu’il peut partir et que ça ne te fera rien. Qu’il se barre, qu’il quitte Brisbane, t’en as rien à faire. “Oublie pas de prendre ta baldracca* avec toi. Elle a peut-être des amants là-bas, qui sait.” Malachi serait fier - ou pas, vraiment pas mais après tout, si t’as voulu réapprendre les insultes en italien, ce n’était pas pour écrire une comptine. Tu tournes les talons magistralement pour te diriger vers la cuisine. T’as aucune idée de ce que tu veux y foutre mais t’as besoin d’occuper tes mains. Alors tu commences à ouvrir le tiroir des couverts et à les déverser tous dans le lavabo. Est-ce que tu comptes faire la vaisselle de couteaux, fourchettes et cuillères déjà lavés juste pour occuper tes doigts ? Oui.
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Ils sont rares les sujets de dispute entre nous. Les vraies disputes, pas nos engueulades qui durent à peine cinq minutes. Mais quand il y a un réel sujet de discorde entre nous du coup, en général, ça explose. Ça pète, on s’engueule, on boude comme des enfants de cinq ans un certain temps et puis après c’est comme si rien ne s’était jamais passé. Sauf que Birdie, elle a décidé d’en faire qu’à sa tête parce que le pire, c’est que je ne sais même pas réellement pourquoi elle me fait la gueule. Pourquoi elle râle, pourquoi elle a décidé de ne plus me parler même aujourd’hui alors que je me suis déplacé jusqu’à chez elle pour qu’on puisse parler comme des adultes responsables – ahaha. – Et malgré le ton léger que j’emploie en lui parlant, cette situation commence sérieusement à m’énerver. Rien n’y fait, elle ne parle pas, elle pourrait facilement gagner l’award du meilleur joueur au roi du silence sérieusement. Je la prends par les sentiments en lui parlant d’un possible départ de ma part pour Melbourne pour le travail. Et tout ce que je lui dis est vrai, on a vraiment trouvé un fossile de elaphrosaurus, de paléontologues sont vraiment en train de l’étudier à Melbourne et oui, j’aimerais un jour pouvoir participer à un projet aussi passionnant qu’important dans le milieu de la paléontologie mais pour l’instant je me contente de mon petit confort et je n’ose pas vraiment en ressortir. Alors que j’étais à peu près sûr que ça la ferait réagir, elle me surprend encore, Birdie, parce qu’elle l’a toujours pas ouvert. Je désespère et la seule chose qu’elle trouve à faire c’est s’avancer un peu vers moi – et je vous assure que vu le regard qu’elle me lance je sais très bien que c’est pas pour me prendre dans ses bras – au lieu de ça, sa main vient rencontrer avec une parfaite délicatesse et tendresse ma joue. Alors ça, je m’y attendais pas vraiment. Ma main se pose sur ma joue comme dans un réflexe et mes yeux se relève vers elle. Mais croyez-moi, dans mon regard il y a plus cette pointe d’amusement et de légèreté. “Que si t’es assez grand pour te foutre dans la merde, t’es assez grand pour partir où bon te semble.” Elle est sérieuse ? Je ne sais pas ce qu’il me retient de réagir mais en tout cas c’est à mon tour de ne rien dire. Mais mon regard parle pour moi. Elle a réussi à m’énerver alors que j’étais venu prêt à oublier son comportement que je ne comprends pas. “Oublie pas de prendre ta baldracca* avec toi. Elle a peut-être des amants là-bas, qui sait.” Oh fuck. Donc tout ça pour ça ? Sérieusement Birdie ? Simplement parce que j’ai accepté d’aider mon ex-femme ? Sur ces magnifiques mots, elle se tourne dos à moi pour faire quitter la pièce telle la drama queen qu’elle est. Et moi je reste planté là, comme un con, j’essaie de prendre sur moi. Parce que c’est Birdie, et si ça n’avait pas été ma meilleure amie en face de moi j’aurais déjà réagi, mais Birdie, c’est différent. Sauf que là, elle va trop loin et je ne peux pas accepter cette gifle injustifiée et ce comportement. Alors je fais comme chez moi, je la rejoins dans la cuisine faisant à mon tour une entrée digne de ce nom. « Tu sais quoi Birdie ? » Que je dis – cris presque – à peine un pied dans la cuisine. « Fuck you. » Et je le pense vraiment, elle m’énerve, et quand Birdie m’énerve, je lui dis. Quand elle me fait rire, je lui dis. Parce qu’entre nous il y a pas de filtres, enfin du moins il est pas censé y en avoir. « J’vois pas ce que c’est ton problème c’est pas comme si Sofia et moi on s’était remis ensemble. » Et le pire c’est que c’est clairement pas dans mes plans. Oui, la revoir m’a fait bizarre et ne m’a pas franchement laissé indifférent mais ça ne veut pas dire que je suis toujours amoureux d’elle. Je pense que c’est normal étant donné qu’on ne s’était plus jamais revu depuis la signature des papiers officialisant notre divorce. Des sentiments pour Sofia, j’en avais certainement déjà plus quand on était encore mariés. « Et puis c’est super en tout cas je vois que j’aurais jamais ton soutien en tout cas. » Je suis à deux doigts de partir et cette fois, c’est pas moi qui refera à nouveau le premier pas. Mais je lui laisse une dernière chance. Une toute dernière, parce que je suis pas venu ici pour me faire traiter comme ça.
« Tu sais quoi Birdie ? » Non mais t’as la sensation que tu n’as pas besoin de lui demander ce qu’il y a parce que de un, il va le dire de lui-même ce qui entraîne le numéro deux, tu t’en fiches. C’est ce que tu veux afficher, en tout cas. T’es forte, t’es indépendante, tu n’as besoin de personne, pas même Will. Essaie de te le répéter autant que tu veux, tu sais que ça ne fonctionnera pas. T’as déjà passé deux ans sans lui, tu n’as pas envie de remettre le couvert. Mais le peu de fierté que t’as t’empêche de dire que ça t’emmerderait, que ça te ferait incroyablement chier s’il venait à l’abandonner à son tour. Une preuve de faiblesse pour l’oiseau volage que t’es - et pourtant, tu n’es pas volage en amitié. Il serait temps d’arrêter de se mentir, Birdie, et d’accepter que tu tiens à beaucoup trop de gens, Will étant très très très haut dans la liste. Ton meilleur ami, ton jumeau, ton mari. « Fuck you. » Celui-là même qui t’insulte et que ça te passe totalement au-dessus. Tu préfères t’acharner sur la pauvre fourchette qui est déjà propre mais t’es sûre qu’y a une tâche qui persiste - non, c’est juste un mauvais reflet avec la lumière environnante mais tu t’en fiches de ça aussi. Y a plein de choses dont tu te fous.
Et en même temps, y a encore plus de trucs que tu prends trop à coeur et qui te foutent en l’air comme ce qu’il se passe en ce moment. « J’vois pas ce que c’est ton problème c’est pas comme si Sofia et moi on s’était remis ensemble. » Tu t'exclames, tu t’insurges sans même réfléchir ni retenir. “Il manquerait plus que ça!” Ça vient du coeur, au moins, on ne peut pas te retirer ça. La fourchette te glisse des doigts et tu la poses sur l’égouttoir de frustration avant de t’en prendre au prochain couteau. « Et puis c’est super en tout cas je vois que j’aurais jamais ton soutien en tout cas. » Tu redresses le buste, tu regardes le carrelage du mur de la cuisine en face de toi, ta nuque te donnant l’impression de se crisper bien plus qu’il ne faudrait. “Mon soutien pour quoi, exactement ?” Tu te retournes, le couteau et l’éponge dans les mains, n’ayant rien à faire de mettre de l’eau et du savon à même le sol et encore moins sur tes doigts de pieds nus. “Pour te remettre avec la salope qui t’a trompé ? T'as besoin à ce que je te le rappelle qu'elle l'a fait deux fois ? Tu penses vraiment que je vais soutenir ça ?” Que tu trompes ton monde est une chose. Tu n’as jamais prétendu être engagée à qui que ce soit. Mais qu’on manque de respect à tes proches, c’est une ligne à franchir dont le retour est impossible. Tu finis par jeter le couteau de rage dans le lavabo. Mason va se poser des questions, il va peut-être gueuler aussi mais c’est le cadet de tes soucis pour le moment. “Mon problème, c’est qu’elle revient comme une fleur et toi, la première chose que tu fais, c’est de l’héberger chez toi. Excuse-moi de trouver ça un peu précipitée comme retrouvailles. Elle t’a dit quoi pour t'amadouer ?” Après tout, si Will l’a accepté chez elle, qu’est-ce qui pourrait te laisser croire qu’il ne va pas non plus la laisser entrer de nouveau dans sa vie ? Il ne comprend pas que t’es inquiète sur ce point ? Non, Birdie, il ne peut pas le comprendre si tu lui offres que des silences, des reproches et des gifles. Il a qu’à lire entre les lignes, aussi, le gars plus doué avec les dinosaures qu’avec les humains.
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“Il manquerait plus que ça!” Oui bah non. Sofia m’a fait beaucoup trop de mal et ses tromperies ont clairement piétinées mon égo. Je suis pas assez fou pour retourner avec elle. 1) je n’en ai absolument pas envie. Depuis notre divorce je redécouvre la liberté et la vie de célibataire et je dois bien avouer que tout m’avait manqué. Pouvoir jouer à la console jusqu’à trois heures du matin sans qu’elle ne râle parce que je fais trop de bruit. Rentrer à l’heure que je veux, quand je veux et sans avoir à rendre de compte à personne. Je suis bien moi tout seul. Pas que je profite réellement de mon statut de célibataire pour tourner autour des filles qui me plaisent, mais j’en profite surtout pour faire tout ce que Sofia détestait chez moi. Au début, mon côté geeky nerd lui plaisait beaucoup, mais ça c’était avant que je ne la repousse plus d’une fois parce que je n’avais pas encore fini ma partie. Il n’y a plus personne qui passe devant la télé, me bloquant la vue quelques secondes seulement, mais ce court laps de temps était suffisant pour qu’on me tue et que je perde la partie. Non la vie de couple ne me manque pas, au contraire. Je crois que j’aime bien trop ma liberté pour ça. “Mon soutien pour quoi, exactement ?” Elle se retourne, Birdie, et maintenant je n’ai plus à faire à son dos mais à une Birdie qui tient fermement un couteau et une éponge d’une autre main. Mais moi, mes yeux bloquent sur le couteau et je suis presque sérieusement en train de me demander si elle compte me poignarder avec. Et finalement, oui, son soutien pour quoi, Will ? J’hausse les épaules ne sachant même pas quoi lui répondre. “Pour te remettre avec la salope qui t’a trompé ? T'as besoin à ce que je te le rappelle qu'elle l'a fait deux fois ? Tu penses vraiment que je vais soutenir ça ?” Comme si on avait besoin de me le rappeler. Je soupire et secoue la tête de droite à gauche. Parce que oui, je fais le malin je prends tout à la légère mais finalement les tromperies de Sofia m’ont fait beaucoup de mal. Sûrement bien plus que je n’ai osé le dire à voix haute à qui que ce soit. « Oui non c’est bon t’en fais pas je l’ai pas oublié ça. J’y pense assez comme ça, pas la peine de me le rappeler encore et encore. » Pas la peine de me rappeler que j’ai été assez nul pour ne pas réussir à satisfaire ma femme. Le couteau qu’elle tenait fermement fini par atterri dans le lavabo et je le préfère largement là-bas plutôt que dans sa main. « Et arrête ça ! J’viens de te dire que je compte pas me remettre avec elle. Je suis pas fait pour la vie de couple de toute façon. » Je suis dans le fond un solitaire. Un solitaire sociable, qui aime la compagnie des autres. De temps en temps, pas trop souvent, mais juste quelque fois. J’aime beaucoup trop pouvoir faire ce que je veux quand je veux et on a tous les deux vu à quel point j’étais nul dans une relation amoureuse. “Mon problème, c’est qu’elle revient comme une fleur et toi, la première chose que tu fais, c’est de l’héberger chez toi. Excuse-moi de trouver ça un peu précipitée comme retrouvailles. Elle t’a dit quoi pour t'amadouer ?” Peut-être qu’elle a raison, Birdie. Peut-être que je suis trop gentil. Peut-être que j’aurais dû envoyer chier Sofia. J’aurais peut-être dû lui suggérer de trouver un autre endroit pour se loger mais laisser quelqu’un dans la merde, ça me ressemble pas. Du moins pas quelqu’un que j’ai vraiment aimé à un moment donné dans ma vie. « Un mec violent avec elle, elle l’a fui et elle se sentait pas en sécurité chez elle. J’étais censé faire quoi ? La renvoyer chez elle ? La laisser se démerder toute seule ? » Je suis un peu moins énervé, je la regarde, je lui pose ces questions et peut-être que j’attends vraiment une réponse de sa part j’en sais rien. Mais tout ce que je sais c’est que quand il est question de Sofia, elle perd toute objectivité. « Je l’aide juste, c’est tout. Rien de plus. » Je lui assure, espérant voir son visage fermé se détendre un peu. Parce que j’aime pas être en froid avec ma meilleure amie.
« Oui non c’est bon t’en fais pas je l’ai pas oublié ça. J’y pense assez comme ça, pas la peine de me le rappeler encore et encore. » Oh que si tu vas le lui rappeler. L’écrire, le hurler, le tatouer même s’il le faut. Jusqu’à ce que t’ai son cerveau enseveli sous une tonne de gravats et de combinaisons de manette aussi délirantes que précises. Il ne faut pas te sous-estimer quand t’es comme ça ; t’aimes tellement que tu pourrais détruire tout sur ton passage, même (surtout) la personne concernée. T’es sûrement un peu borderline sur le moment, avec une réaction complètement disproportionnée et les pensées aussi rationnelles que quand vous étiez sous LSD, les couleurs et les montagnes russes en moins. Mais c’est ta façon d’être, ta manière de montrer que t’as un foutu cœur et aussi beaucoup trop d’esprit qui te font réfléchir bien plus qu’il ne le faudrait et que ça te rend dingue, dingue, de savoir qu’il y a cette groupie qui habite chez Will. Elle a retrouvé le trajet de ton lit, Will, ou tu dors sur le canapé, en preux chevalier que tu peux être ? Ça te dégoûte furieusement alors que t’aimerais passer outre et t’en foutre royalement. Mais ça concerne Will donc forcément que tu ne peux pas t’en foutre. « Et arrête ça ! J’viens de te dire que je compte pas me remettre avec elle. Je suis pas fait pour la vie de couple de toute façon. » S’il continue, tu vas le récupérer, ce couteau qui est perdu dans le lavabo. Mais non, pour l’instant, c’est seulement ton doigt que tu brandis avec un air menaçant. “Ne me dis pas d’arrêter, Will Dunham, ou je te jure que je te brise les genoux.” Borderline, ne l’oublions pas. Dans le fond, c’est une véritable déclaration d’amour que t’es en train de faire. C’est juste que t’as tes façons de le montrer. Pas forcément juste, pas forcément dans les normes mais depuis quand tu l’es de toute façon ?
T’as une main sur la hanche, l’autre qui tapote furieusement le bord du lavabo sur lequel tu te retiens pour ne pas lui envoyer l’éponge à la figure. Juste comme ça. Mais tu sais que si tu fais ça, Will va se barrer. Il a beau être chill autant qu’il le décrit, il a lui aussi son caractère et c’est bien pour cela que c’est ton meilleur ami. Un stupide idiot de meilleur ami mais un meilleur ami nouvellement époux. Oh que la lune de miel aura été bien avortée. « Un mec violent avec elle, elle l’a fui et elle se sentait pas en sécurité chez elle. J’étais censé faire quoi ? La renvoyer chez elle ? La laisser se démerder toute seule ? » Bouhou. La pauvre chérie. T’es une garce, là, Birdie. Don’t care. “Les hôtels, ça te parle ? Oh, laisse-moi deviner. Elle est fauchée ?” Elle est sdf ? Il ne lui reste que son corps à vendre pour se substituer ? Un gamin à nourrir ? Voire plusieurs ? T’as plusieurs scénarios aussi délirants que fous qui te passent dans le cerveau. « Je l’aide juste, c’est tout. Rien de plus. » Will a l’air de s’apaiser mais ce n’est pas encore le cas de sa femme. La nouvelle, la blonde, la colérique, la tempétueuse. La chiante, surtout. “Elle est pas supposée avoir de la famille ? Des amis ? La populaire Sofia, la pétillante Sofia, la jolie Sofia, elle doit bien avoir d’autres personnes sous la main pour l’aider, non ? Pourquoi elle t’a choisi toi ?” T’as vraiment envie de souligner tout ce qui ne va pas dans ce plan foireux parce que c’est juste un peu vieux plan complètement pourri et que t’es certaine qu’y a d’autres intentions derrière tout ça. L’acte de la jouvencelle en détresse fonctionne toujours auprès des hommes. “Quand y a un mec violent dans les parages, tu vas voir la police, pas ton ex mari. Quelle preuve d’altruisme pour les autres elle fait.” Surtout si l’ex mari en question est le nouveau mari de Birdie Cadburry, pas vrai ?
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“Ne me dis pas d’arrêter, Will Dunham, ou je te jure que je te brise les genoux.” C’est beau, c’est mignon, c’est touchant, c’est émouvant. Si si, je vous assure, parce que de la part de Birdie je sais que c’est presque comme une sorte de déclaration d’amour cheloue qu’elle me fait là. Mais ça reste quand même une menace, de me faire du mal et plus précisément me briser les genoux. J’essaie de redescendre et de me calmer mais le regard que je lui lance ne laisse aucun doute sur l’énervement dans lequel elle réussit à me mettre assez facilement. Et je me demande ce qui me retient pour me pas lui jeter le torchon qui est posé sur le plan de travail à côté de moi. Peut-être que je me retiens parce que je sais que ça n’aura aucun bénéfice à part celui de l’énerver encore plus. Alors je me retiens. Parce que j’arrive encore à avoir de la retenue et quand elle me demande les raisons qui ont poussées Sofia à venir toquer à ma porte je n’hésite pas une seule seconde pour lui raconter la vérité. De toute façon je lui dis tout. Toujours. Et même si je me doute que Sofia ne serait vraiment pas contente de savoir que j’en ai parlé à Birdie, elle n’a plus le droit de me demander de garder des secrets, non ? On est divorcé et maintenant ma femme, c’est Birdie pour le meilleur et pour le pire. Et le voilà le fameux pire, notre première vraie dispute en tant que mari et femme et pas des moindres puisqu’on s’engueule à cause de mon ex-femme – ahaha et d’ailleurs s’il ne s’agissait que d’une petit engueulade pas vraiment sérieuse je lui aurais fait cette remarque en rigolant mais là je m’abstiens. – Comme quoi j’arrive à me rendre compte quand il est temps pour moi de la fermer, c’est bien, j’ai grandi. Bravo William. “Les hôtels, ça te parle ? Oh, laisse-moi deviner. Elle est fauchée ?” Hôtels ? Non je connais pas non. Je suis à deux doigts de lui répondre ça mais je pense que le sarcasme n’est pas franchement le bienvenu et je me souviens bien qu’elle a tout un tas de couteaux à sa disposition, des couteaux bien pointus, coupants et tranchants. « J’en sais rien je pense pas non. » Et puis c’est vrai, je dois vous avouer que lui poser des questions sur son compte en banque ne m’est pas vraiment venu à l’esprit franchement. J’étais bien trop perturbé par sa présence dans mon bureau pour penser à quoique ce soit d’ailleurs. “Elle est pas supposée avoir de la famille ? Des amis ? La populaire Sofia, la pétillante Sofia, la jolie Sofia, elle doit bien avoir d’autres personnes sous la main pour l’aider, non ? Pourquoi elle t’a choisi toi ?” La populaire Sofia, la pétillante Sofia, la jolie Sofia qu’elle dit. Allez Birdie, vient on arrête ces conneries parce que là c’est plus drôle. Je soupire et lève les yeux au ciel quand elle utilise tous ces adjectifs pour parler de mon ex, ça m’énervait à l’époque et il faut croire que certaines choses ne changent pas. « Mais j’en sais rien moi ! » Alors que je commençais à me calmer le ton de ma voix s’élève à nouveau. « J’suppose que son mec doit savoir où vivent ses amis et sa famille proche, elle serait pas vraiment en sécurité avec eux alors qu’il connait rien de moi. » Seule explication logique que j’arrive à trouver mais rien ne me prouve que c’est la bonne. C’est simplement une supposition. “Quand y a un mec violent dans les parages, tu vas voir la police, pas ton ex mari. Quelle preuve d’altruisme pour les autres elle fait.” Là c’est juste sa haine envers mon ex-femme qui parle. « Tu m’casses les couilles Cadburry. » On peut pas faire plus clair là quand même, et puis il y a aussi mes mains qui viennent trouver le chemin vers mes cheveux pour venir tirer doucement dessus au niveau de la racine en fermant les yeux un instant. Elle est chiante. Elle m’énerve. Qui a dit que le deuxième mariage serait plus chill que le premier ? « Je sais que t’es inquiète pour moi mais t’as aucune raison de l’être. J’ai plus de sentiment pour elle, c’est du passé elle et moi. Je suis pas assez con pour retomber amoureux d’elle. » Enfin je suppose qu’elle est inquiète pour moi et que c’est pour ça qu’elle me fait toute cette scène-là. Parce que Birdie elle dit pas les choses simplement comme tout le monde, elle préfère toujours agir dans l’excès et de manière, elle veut se démarquer des autres.
« J’en sais rien je pense pas non. » C’était une question presque rhétorique, Will. Parce que tu t’en fiches de la réponse, en vrai. Il aurait pu dire l’inverse que ta réaction serait la même que maintenant ; tu t’en fous royalement. La seule chose qui t’importe, c’est qu’elle aurait pu aller dans un hôtel mais qu’elle a préféré retourner chez son ex mari qu’elle a pourtant sali - deux fois - avant de se rendre compte que tu avais eu raison depuis le début ; ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre. Mais comme d’habitude, on ne t’écoute pas parce qu’on te prend (trop souvent) pour une gamine qui ne réfléchit pas - ce qui est le cas et ce qui est aussi faux. Tu réfléchis parfois beaucoup trop et c’est sûrement pour cela que tu as une liste d’arguments, de suppositions, d’histoires et d’hypothèses dans ta cabosse ; parce que le nombre de jours de silence face à Will t’ont donné le temps nécessaire pour élaborer tout ça. Ton cerveau part bien trop rapidement dans l’extrême et l’absurde. Ce n’est pas pour rien que tu t’imagines déjà Sofia avec des cheveux à la Médusa en train d’aspirer l’essence de vie de ton meilleur ami. « Mais j’en sais rien moi ! » Il hausse le ton, il soupire, il lève les yeux et il n’en sait rien. Y a pas beaucoup de choses qu'il sait contrairement à toi qui sait en tout cas que ça augmente un peu plus l’énervement dans tes veines. Pourtant, t’essaies de te maîtriser parce que si tu ne le fais pas, Will va partir et ça va te prendre la tête encore plus. Et franchement, tu n’as pas envie de ravoir Sofia qui se mêle entre vous.
Mais pour l’instant, la pilule ne passe pas, le choc est toujours là alors que tu pensais être tranquille. « J’suppose que son mec doit savoir où vivent ses amis et sa famille proche, elle serait pas vraiment en sécurité avec eux alors qu’il connait rien de moi. » Tu arques un sourcil. “Evidemment. Il fallait bien s’assurer que tu sois vraiment la dernière personne sur Terre qu’elle appellerait, hein.” Non, Birdie, tu serais la dernière personne sur Terre qu’elle appellerait. Et il est clair que toi, tu lui aurais mis un grand panneau stop dans la tronche avant même que le son est le temps de passer ses adorables perfides petites lèvres. “Et ça va, tu le vis bien d’être le dernier recours alors que c’est déjà à cause d’elle si vous avez arrêté votre petite relation idyllique qui allait droit dans le mur ?” D’accord, même si le ton est calme, il est clair que ça reste cinglant malgré tout et que même tes dents serrées ne suffisent pas à atténuer l’aigreur de tes mots. « Tu m’casses les couilles Cadburry. » Il parait même que c’est ta spécialité. Ce qui est beau, c’est que t’assumes et t’en es même fière. Au moins, les gens n’oublient pas les personnes qui les saoulent. C’est une conception étrange mais c’est la tienne, made in cadburry. Tu le regardes sans rien dire parce qu’il n’y a rien à rétorquer à ça, ça n’en vaut pas la peine. Tu observes Will se torturer les cheveux qu’il décoiffe un peu plus dans le processus. Tu restes raide et t’attends. Patiemment. « Je sais que t’es inquiète pour moi mais t’as aucune raison de l’être. J’ai plus de sentiment pour elle, c’est du passé elle et moi. Je suis pas assez con pour retomber amoureux d’elle. » Le petit con a capté et ça te chagrine presque d’avoir été percée à jour aussi rapidement. Mais tu te rappelles que c’est Will en face de toi donc forcément il va appuyer directement là où ça fait mal plus rapidement que Buzz l’Eclair lui-même. Là, c’est toi qui soupire avant de croiser les bras tout en t’avançant quelques pas vers lui - assez loin des couverts du lavabo mais assez proche des torchons qui trainent sur les poignées de meuble. “Crois-moi que si ça devait arriver, je te séquestre pour une durée indéterminée jusqu’à ce que tu retrouves tes esprits.” T’es sérieuse quand tu dis ça. La villa de Mason est assez grande pour trouver une pièce non utilisée pour lui trouver une fin utile. “Je vais pas te faire toute la liste de menaces parce que tu la connais par coeur.” Entre l’abattage de genoux, cramer chaque poil de nez, tirer ceux des oreilles, pincer chaque parcelle de peau, faire glisser les ongles sur le plus affreux des tableaux, le priver de tout jeu vidéo et détruire chaque pièce de sa collection de dinosaures. Liste non exclusive. “De toute façon, cette fois, je suis là pour veiller au grain. J’ai vu ce qu’il se passe quand je tourne le dos deux minutes - oui, deux minutes, deux ans, deux jours, c’est du pareil au même, non ? - mais je bouge pas là. Et ne songe même pas à faire une demande si elle te ramène une bière pendant ta partie, car je t’explose les yeux. Avoue qu’aveugle, ça sera plus compliqué pour jouer.” Et une menace de plus. Non vraiment, tu es dans la maîtrise totale, là. Tout va bien se passer.
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“Evidemment. Il fallait bien s’assurer que tu sois vraiment la dernière personne sur Terre qu’elle appellerait, hein.” Elle a toujours un truc à redire, Birdie. Elle est toujours dans l’extrême dans le too much, elle aurait très bien pu faire la gueule deux heures, m’engueuler, me faire la leçon et ensuite tout oublier. C’est ce que tout le monde aurait fait non ? Mais elle est pas comme tout le monde Birdie, et si la plupart du temps ça me plait, là, maintenant, tout de suite, ça m’énerve. Parce que moi j’aimerais bien passer à autre chose mais elle ne semble pas de mon avis. Elle lâche des pics, elle me lance des éclairs avec ses yeux. “Et ça va, tu le vis bien d’être le dernier recours alors que c’est déjà à cause d’elle si vous avez arrêté votre petite relation idyllique qui allait droit dans le mur ?” Et puis elle joue avec mes nerfs aussi, je peux vous assurer avec quelqu’un d’autre je n’aurais pas réussi à garder mon calme aussi longtemps. Et encore, dire que je reste calme c’est un euphémisme parce que moi aussi le ton de ma voix monte, mon regard commence aussi à lui lancer des éclairs. Mon histoire avec Sofia n’a jamais rien eu d’idyllique et encore moins à partir du moment où elle est allée voir ailleurs la première fois. Mes mains sur mes hanches je prends une grande inspiration. « Ferme-la. » Elle appuie là où ça fait mal et je pense qu’au fond d’elle, même si je ne lui ai jamais réellement dit, Birdie le sait que cette histoire d’amour et ce divorce m’ont fait beaucoup de mal. Mais elle prend un malin plaisir à toujours me rappeler encore et encore que mon ex-femme a préféré aller voir ailleurs, deux fois, comme si j’étais pas au courant, comme si j’avais oublié. Et ça m’énerve. Elle peut faire la petite rebelle avec qui elle veut Birdie mais pas avec moi, peut-être qu’elle réussit à impressionner les autres du haut de son mètre soixante trois mais encore une fois, ça ne marche pas avec moi. Elle soupire, elle s’avance vers moi et je commence à vraiment prier intérieurement pour que sa crise touche bientôt à sa fin, parce que sérieux, je commence à en avoir marre. “Crois-moi que si ça devait arriver, je te séquestre pour une durée indéterminée jusqu’à ce que tu retrouves tes esprits.” De toute façon tomber amoureux, me mettre en couple et tout le blabla ennuyant qui tourne autour des relations amoureuses moi, ça m’intéresse plus depuis un long moment. « Ça fait pas partie de mes plans. » Que ce soit retomber amoureux de Sofia ou de n’importe quelle autre femme d’ailleurs. Je tiens bien trop à ma liberté et à ma vie de célibataire qui n’a quasiment que des points positifs. J’ai essayé de me mettre en couple une fois et ça n’a pas fonctionné non plus alors pourquoi s’acharner ? “Je vais pas te faire toute la liste de menaces parce que tu la connais par coeur.” Oh oui, me briser les genoux, m’arracher les cheveux, m’attacher et me forcer à regarder cette abomination qu’est la trilogie Disney Star Wars, détruire en morceaux toutes mes consoles. C’est à des menaces de ce genre-là auxquelles tu penses, Birdie, non ? “De toute façon, cette fois, je suis là pour veiller au grain. J’ai vu ce qu’il se passe quand je tourne le dos deux minutes mais je bouge pas là. Et ne songe même pas à faire une demande si elle te ramène une bière pendant ta partie, car je t’explose les yeux. Avoue qu’aveugle, ça sera plus compliqué pour jouer.” Elle ne compte pas re-disparaître de la surface de la Terre pendant deux ans ? Cool, je suis à deux doigts de danser la macarena pour fêter ça. « Non mais oui c’est bon j’ai compris, j’ai été con une fois mais pas deux. » C’est pas comme si je me tuais à lui répéter ça depuis tout à l’heure. Pas du tout, non. « Bon c’est bon, maintenant on arrête ces conneries ? La guerre est finie ? » Je suis blasé, j’en ai marre et je crois que le ton de ma voix me trahi. « On fait la paix ? » Je tends ma main vers elle, lui donnant l’occasion de la serre pour signer un pacte. Allez c’est bon, la plaisanterie a vraiment assez durée.
« Ferme-la. » La tête qui recule brièvement avec les yeux qui ne sont surpris que pour le geste mais pas vraiment pour le fond - est-ce qu’il vient de dire ce que tu penses qu’il vient de dire ? T’es certaine que oui parce que ton doigt accusateur est déjà en train de se lever vers lui, prêt à s’enfoncer contre chacune de ses côtes pour qu’il se la ferme lui aussi. “Tu viens chez moi. Tu viens m’imposer cette conversation. Et maintenant, tu me dis de me la fermer ? Il me semble que t’as rappliqué ici justement parce que je me la fermais, non ?” Oh la douce ironie. Tu n’as pas pipé mot pendant des jours, tu n’as pas réagi à ses messages éventuels, à ses appels que t’as royalement ignorés, parce qu’il sait qu’il faut te laisser de l’espace quand t’es comme ça. Mais là, il vient ici, il sonne chez toi, il s’impose dans toute sa splendeur, dans toute sa foutue désinvolture et il te demande de te taire ? Je croyais que c’était son silence qui t’avais perturbé, Will. Qui t’a chagriné, qui t’a fait venir jusqu’ici. Alors note bien que lui demander de se taire parce qu’elle ne réagit pas de la façon dont tu aurais apprécié est plus qu’ironique et assez fâcheux.
« Ça fait pas partie de mes plans. » « Non mais oui c’est bon j’ai compris, j’ai été con une fois mais pas deux. »
T’as consciente d’être agaçante mais tu justifies simplement ça avec le fait que tu dois bien te mettre à sa hauteur à lui, non ? Lui démontrer qu’au-delà de son altruisme incroyable de preux chevalier des temps modernes se camoufle une faille sans fin dont t’espères vraiment qu’il ne va pas pas s’y refoutre une deuxième fois. Cette fois, il est clair que tu veilleras au grain. Tu serais presque prête à aller camper à la colocation toi-même mais tu te fais un mémo pour demander à sa charmante petite cousine d’être tes yeux sur place ; parce que déjà que Will est tout froid et tout agacé là - malgré son apparence de mec décontracté en toute circonstance - tu ne pourrais pas le supporter au quotidien car vous ne vous supporteriez pas dans ces conditions.
« Bon c’est bon, maintenant on arrête ces conneries ? La guerre est finie ? » « On fait la paix ? »
Quelqu’un rétorquerait que vous n’avez plus cinq ans. Qu’il n’y a pas de paix à sceller en un claquement d’enchaînements de gestes de mains, comme un vulgaire pacte enfantin. Et pourtant, comme il s’agit de vous deux, tu regardes la main tendue avec dédain, considérant l’idée de la lui foutre à son visage en lui citant précisément où il pouvait se la foutre, sa paix. Mais. Mais ça reste son foutu meilleur ami, que t’en as marre de la bague qui pèse une blinde sur ton doigts ces derniers jours, que ce con t’a manqué et que tant que c’est lui qui sort le drapeau blanc en premier, y a pas de raison à ne pas l’accepter. Alors tu soupires, tu relève le menton et tu frappes sa main tout en la serrant. “Je m’en fous de ce que tu dis, je t’ai à l'œil, Dunham.” T’auras même tes deux yeux mais Will te connaît ; il sait que t’as un radar autour de lui de toute façon. “Elle va rester longtemps ?” Tu lèves tes mains pour te dédouaner de remarques potentielles futures. “Juste pour savoir combien de temps je dois éviter de débarquer chez toi.” Parce qu’il est clair que tu n’as pas envie de la voir. Pas tout de suite. Bientôt mais il faut que t’y songes. Doucement mais sûrement. “Elle sait qu’on est mariés ?” Oh que t’aurais aimé être là, si c’est le cas. Ta fierté à toi, de lui avoir pris ce qui était à elle - à quelques différences près.
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Je cherche la merde je le sais, jamais j’aurais dû lui demander de la fermer, mais elle m’énerve et jamais je n’aurais cru que la simple idée d’aider mon ex-femme ne pourrait foutre une telle merde entre ma meilleure amie et moi. “Tu viens chez moi. Tu viens m’imposer cette conversation. Et maintenant, tu me dis de me la fermer ? Il me semble que t’as rappliqué ici justement parce que je me la fermais, non ?” Whatever. Certes. Soit. Peut-être. Fait chier. Je soupire. J’en ai marre. Oui elle a raison si je suis venu ici c’est parce qu’elle avait décidé de jouer au roi du silence – sans me prévenir, pas cool Cadburry. – Je ne dis rien, je ne lui réponds pas me contentant d’un petit geste de la main. Je ne suis par contre pas venu ici pour que tu me rappelles sans cesse que j’ai été cocu dans la seule relation que j’ai eue de ma vie. C’est logique, mais Birdie, elle a pas la même logique de tout le monde et si habituellement ça m’amuse aujourd’hui j’aimerais qu’elle réalise que ses mots commencent à me blesser. Certes, elle ne fait que relater des faits dont elle n’est même pas réellement responsable mais sérieux Birdie, c’est compris, je le sais, oui, elle s’est foutue de ma gueule, elle a préféré aller se faire sauter par d’autres mecs. On peut passer à autre chose.
Non ? Allez, si, on peut passer à autre chose là. On peut arrêter d’en parler parce que de toute façon il y a plus grand-chose à dire. Enfin du moins, moi je n’en ai plus rien à dire en tout cas. Pour une fois que moi, Will Dunham ne sait moi quoi dire, on devrait peut-être marquer cette journée d’une petite croix sur un calendrier tant c’est inhabituel. Je fais un dernier, premier pas pour enterrer la hache de guerre. Ma main tendue vers elle pour sceller un pacte de paix comme les deux enfants de cinq ans qu’on était, il fut un temps déjà assez lointain. Elle se fait désirer, Birdie, elle regarde ma main sans pour autant bouger d’un centimètre. Elle relève la tête vers moi, j’en fais de même, mes prunelles bleutées regardent les siennes avec insistance. Elle frappe dans ma main, miracle ! Thanks God. Je n’y croyais plus. “Je m’en fous de ce que tu dis, je t’ai à l'œil, Dunham.” J’ouvre la bouche d’un air offusqué alors que ma main vient se poser sur mon cœur. « Dunham ? On s’est mariés pour une raison, appelle-moi Cadburry ! » Peut-être qu’elle est pas encore prête pour mes blagues et mon humour de merdre, il y a des chances qu’elle me tue en me lançant un regard mortel – ou bien qu’elle me tue, littéralement. “Elle va rester longtemps ? Juste pour savoir combien de temps je dois éviter de débarquer chez toi.” C’est sûrement une question que j’aurais dû poser à Sofia, non ? Mais je ne l’ai pas fait. Oups. « J’sais pas. Quelques jours, quelques semaines, max. » Ouais, je l’avance pas beaucoup en lui répondant ça, je le sais. « Pas trop longtemps j’espère, mon lit me manque déjà. » Sauf que dans mon lit il y a mon ex-femme en ce moment qui le squatte pour dormir. Et si dormir avec Birdie ne me pose aucun problème – et zéro ambiguïté – avec Sofia je suis sûr que ce sera différent. Alors je préfère lui laisser mon lit. “Elle sait qu’on est mariés ?” je secoue la tête de droite à gauche avant de pouffer légèrement de rire – sûrement un peu nerveusement. – « Je t’avoue que je sais pas trop comment lui dire. » Un sujet un peu délicat à aborder avec son ex-femme. « Elle comprendra pas. D’autant plus que c’est avec toi. » Et que Sofia et Birdie, ça n’a jamais été le grand amour.
« Dunham ? On s’est mariés pour une raison, appelle-moi Cadburry ! » “Quand t’es con, t’es Dunham.”
Il est clair que tu n’es pas encore prête à recevoir son humour à la con, certainement pas concernant ton nom de famille dont tu l’a grâcié. T’as beau avoir tapé dans sa main et scellé le pacte que pour cette fois, t’es prête à baisser les armes, il n’empêche que tes gardes resteront et ça, rien ne pourra t’y empêcher. T’es comme ça avec tes proches, avec les gens qui ont de la valeur à tes yeux et Will, oh Will, il a une place sacrée qui justifie pleinement que sa meilleure amie soit sur ses côtes autant qu’elle le pourra. Les prunelles bleutées qui se plissent légèrement, tu pourrais être capable de l’étrangler ; il captera bien vite le message simple, que c’est encore trop tôt et qu’il ne va pas y arriver comme ça. Il sait comment tu es ; tu n’es pas si facile à amadouer et t’es encore pire quand t’as quelqu’un dans le viseur. Sofia est dans ledit viseur, elle l’a toujours été, dès leur première rencontre, dès le jour un. Il est clair que maintenant, le viseur est serré, que le gros plan est cadré et que non, tu ne la lâcheras pas.
« J’sais pas. Quelques jours, quelques semaines, max. Pas trop longtemps j’espère, mon lit me manque déjà. » Tu pinces les lèvres, tu croises les bras et tu montres physiquement ce que tu penses encore une fois de la situation ; mais le miracle se poursuit parce que tu gardes tes mots amers pour toi, bien condensés dans ton intérieur parce qu’il est certain que Will va monter sur ses grands dinosaures - quel sens du jeu de mots - et qu’il va te bouffer toute entière si tu n’essaies pas de faire preuve d’un peu d’indulgence. Comme si Sofia en a eu pour lui quelques années auparavant. « Je t’avoue que je sais pas trop comment lui dire. Elle comprendra pas. D’autant plus que c’est avec toi. » Donc Sofia ne sait pas. C’est absolument parfait. Là, tu ne caches pas le petit sourire de coin, satisfait au possible face à cette déclaration qui sonne comme la première bonne nouvelle depuis le début de toute cette situation. “C’est vrai que c’est incompréhensible pour beaucoup. Même Heather n’a rien compris.” Et Jordan non plus, d’ailleurs. Y a que Malachi qui n’a pas eu l’air de se poser trop de questions. Il vous connaît le mieux, il faut dire. “Ca serait bête qu’elle l’apprenne, alors.” Oh oui, vraiment bête. Est-ce que t’es déjà en train de planifier des retrouvailles avec Sofia ? Absolument.