We blocked the noise with the sound of, "I need you". Devant le miroir de la salle de bain à l’étage, je m’observe avec une grimace qui manque à tout moment de partir en éclat de rire. J’ai l’air absolument ridicule dans ce costume, je n’ai aucune idée de ce qui a bien pu me passer par la tête. Mon idée première était de me déguiser en Lord Mayers, si ce n’est que pour pouvoir accrocher un sourire sur les lèvres d’Erin au souvenir de cet été lointain où on s’est découverts sous un tout autre côté. Mais en googlant ce qu’un costume de Lord pourrait bien avoir l’air, je suis tombé sur Lord Faarquad. J’ose espérer qu’il est le contraire de ce que je suis, mais surtout, je me suis dis que ça ferait plus que bien la job de changer les idées à Riri. Du moins, j’ai espoir. J’ai quelques trucs de prévus pour m’assurer qu’elle passe un bon moment, qu’elle oublie ses soucis le temps d’une soirée. Les dernières semaines ont été assez éprouvantes pour elle, déjà avant-hier elle devait… devait se faire avorter, mais elle a avorté le projetokay c’est pas drôle parce qu’elle ne s’en sentait pas capable. Elle m’assure que c’est ce qu’elle veut, qu’elle ne veut surtout pas imposer un enfant à Nel alors qu’il n’est pas prêt à être père; je sais tout ça et je peux comprendre… et, pourtant, j’ai vivement l’impression qu’elle est prête à aller contre ses envies à elle pour ne pas le perdre, lui. Elle a déjà donné un nom à l’enfant qui grandit en elle; elle m’assure que ça l’aide, mais j’ai peur qu’elle se fasse plus de mal que d’autre chose, qu’elle s’y soit vraiment attachée à ce bébé, et qu’elle ne s’en remette pas de le perdre. Déjà, c’est comme si une partie de sa lumière avait disparu, elle rit moins, plaisante moins. J’espère que ce n’est que temporaire.
En tout cas. Ce soir, on oublie tout ça, on pensera à s’amuser et puis c’est tout. D’abord, ce sera le bal costumé, elle n’est d’ailleurs pas au courant de ce que je porterai — et moi, de ce qu’elle portera. Lorsque je sors de la salle de bain tout vêtu de rouge, la cape qui pendouille dans mon dos, le fameux chapeau du Lord dans ma main, Peter Quill me regarde fixement, les yeux ronds, voulant apparemment me faire comprendre que je ne devrais peut-être pas sortir ainsi. « Continue comme ça et je te déguise comme l’Âne » je le menace en pointant mon doigt sur lui, un sourire aux lèvres. En réponse, il se met à lécher sa patte, avant de se la passer sur la tête. « Ouais, bah moi j’ai déjà pris ma douche », que je le nargue avant de l’interrompre dans son lavage en lui déposant un bisou sur le crâne. Un bisou à Rocket aussi plus tard, je sors de mon bloc d’appartement pour rejoindre ma voiture, m’imaginant bien que si quelqu’un me voit dans une telle tenue sans connaître le contexte, je passerai pour un débile. Tant pis.
Je montre le ticket d’entrée sur mon téléphone au gars qui vérifie les invitations, qui heureusement ne semble pas me juger parce qu’il a dû en voir de toutes les couleurs. J’ai envoyé celle d’Erin par sms, elle m’a dit qu’elle me rejoindrait directement là-bas et qu’elle me trouverait. La salle est bien décorée, super colorée et festive à l’image du Carnaval de Rio, la musique donne vraiment envie de danser; je m’abstiens pour l’instant, pour le bien de tous *tousse tousse*. « Je suis arrivé », j’envoie à ma meilleure amie tout en scrutant les alentours, des fois que je la verrais en premier. J’hésite à ajouter la suite, de peur que ça lui rende la tâche de me trouver trop facile. « Signé — Lord Mayers. » Tant pis, c’est envoyé. En attendant qu’elle me trouve, je vais au bar nous commander quelque chose; par précaution, je lui choisis un cocktail sans alcool, bien entendu, et je fais de même pour moi par solidarité. Je scrute le menu, jusqu’à ce que je repère le mélange préféré de Riri, parce que de l’absinthe sans alcool, bah… ça n’existe pas vraiment, à ce que je sache. Alors deux virgin sex on the beach ce sera. Le nom me fait rire alors que je le dis au barman, ça ne pourrait pas être plus ironique. Les deux cocktails posés devant moi, sur le comptoir, j’attends ma meilleure amie en continuant de scruter les alentours. Je tente même une gorgée de mon cocktail, ça goûte le jus, c’est pas mal ça de toute manière sans alcool, et c’est vraiment bon. Je dois me retenir pour ne pas le terminer (et l’autre aussi) avant d’être accompagné de ma partenaire pour la soirée. Mon téléphone hors de la poche de mon pantalon, je tape un nouveau message à Erin. « Tu sais, on fait pas attendre un Lord, Milady », et j’envoie, tout sourire.
Samedi 27 mars -> Elle est sur son petit nuage la blonde. Ça fait quelques jours qu’elle a investi la garçonnière de son bien-aimé. Leur petit quotidien lui plaît beaucoup. Cette escapade de trois jours encore plus. Le couple se renforce un peu plus au fil de temps. Plus fort aussi pour surmonter cet ultime rendez-vous. Il est prévu le vingt-neuf mars, soit dans moins de quarante-huit heures. Mais Erin est plus sereine. Plus que la première fois. Elle a pu peser les pour et les contres. Elle deviendra maman, mais plus tard. Chaque chose en son temps. Pour le moment elle décide de se concentrer sur son couple. Un peu trop peut-être aux yeux du brun … Sanders est rarement resté aussi longtemps loin de Mayers. D’ailleurs ce soir elle consacre sa soirée pour lui. Une manière de se rattraper. Face au miroir de la penderie, elle essaye une tenue rappelant Marilyne Monreo. Sexy mais pas vulgaire. Le reflet de Nel apparaît derrière elle. Ils s’échangent un regard complice. « Celui-là je vais le garder pour toi. » Dit-elle en se retournant pour lui faire face. Ses bras s’enroulent à sa nuque pour ensuite venir l’embrasser avec tendresse. Elle ne voulait pas qu’il se sente en compétition avec qui que se soit. Son cœur battait pour lui. Finalement c’est un costume plus fantaisiste qu’elle décide de porter. Un personnage fictif aux couleurs prune. Une princesse méchante. Tout l’inverse de sa personnalité. Parfait. Mayers ne va pas la reconnaître avec ses cheveux violets. Erin est toute excitée de retrouver son meilleur ami mais elle a un sentiment de culpabilité de laisser Nel tout seul ce soir. Il a beau lui dire d’aller s’amuser sans se préoccuper de lui, elle est hésitante. Burton saute aussitôt sur le canapé pour se blottir contre celui qu’il considère comme son maître à présent « Okey j’ai compris, c’est une soirée entre hommes » Dit-elle avec amusement. C’est marrant de voir ces deux là aussi fusionnels en si peu de temps. Erin se rapproche vers le dossier du canapé où il est installé pour ensuite passer ses bras à son cou et caler sa tête contre la sienne. Finalement c’est elle qui a le plus de mal à lâcher le cordon. « Sois sage, je reviens vite » Elle dépose plusieurs bisous sur sa joue en se rapprochant malicieusement de ses lèvres. Encore un baiser. Cette fois c’est lui qui lui dit de partir avant qu’il ne change d’avis. Sanders affiche un sourire radieux. Il avait l’art et la manière de lui montrer son attachement. Ça devenait de plus en plus évident. Autant pour lui que pour elle. Elle franchit enfin la porte pour rejoindre sa coccinelle qui l’attend dans l’allée.
Sourire aux lèvres, elle regarde la maisonnette s’éloigner à travers son rétro central. Son regard s’arrête sur cet élastique rose qui est enroulé autour. Erin le récupère tout en restant prudente sur sa conduite. Personne ne peut faire le lien si ce n’est eux … Des souvenirs joyeux qu’elle ne souhaite pas oublier. Elle s’amuse à enrouler ses doigts autour. Pensive, elle fixe sa route en pensant à Adriel. Erin espère seulement qu’il ne lui en voudra pas de s’être un peu éloigner ses derniers jours. Ça lui semblait nécéssaire pour se concentrer sur son couple. Elle ne souhaite pas le mettre de côté. Disons que ses priorités ne sont plus tournées autour de lui maintenant que Nel a fait irruption dans sa vie. Il reste malgré tout son pilier sans qui elle ne pourrait avancer. Manders un jour, Manders toujours. C’est leur mantra. Il lui manque ce bougre. Sanders se demande bien comment il c’est déguisé. Un sourire s’étire sur ses lèvres en pensant à lui. La Volkswagen arrive à destination. Cette voiture est un déguisement à elle toute seule avec ses gros cinquante-trois. Impossible de passer inaperçu. A force les gens font le lien entre la blondinette et sa coccinelle si atypique. Les deux le sont en fin de compte. Sanders marche direction de l’établissement. Son portable émet un bip. Elle regarde le texto « Je suis arrivé. Signé — Lord Mayers. » Un petit rire lui échappe en voyant sa signature. Il avait osé ? Vraiment ? Il lui tarde de voir ça. En temps normal, Erin aime se faire désirer. Ce soir il n’aura pas à l’attendre trop longtemps, elle avait beaucoup trop hâte de le retrouver. On la fait patienter un petit peu à l’entrée. Une dizaine de personnes sont devant elle. Avec amusement elle regarde le déguisement des autres. Les gens jouent le jeu c’est cool. Vient enfin son tour, Elle dégaine son portable avec son invitation puis s’empresse d’entrer. Mais elle tout juste le temps de le ranger que déjà il vibre de nouveau. « Tu sais, on fait pas attendre un Lord, Milady » Erin roule des yeux. Quel goujat il fait. Ça sentait qu’il était aussi impatient qu’elle. La foule est déjà bien présente. Elle enclenche son radar de best best best (best) friend en scrutant la salle. Next la piste de danse, il n’aurait pas commencé à danser sans elle. Le bar ! Pas qu’il soit alcoolique comme son frère, mais c’est le meilleur endroit pour patienter. Erin plisse légèrement son regard en voyant une grande cape rouge. C’est lui, elle n’a pas de doutes là-dessus. Elle a le net avantage de l’avoir repéré la première. Discrètement elle s’avance pour s’asseoir sur le tabouret juste derrière lui. Elle se retient de lui sauter dessus. La tension est à son comble. Avec ses deux mains elle fait pivoter l’assise de son tabouret pour qu’il se retrouve face à elle. Ses lippes s’étirent aussitôt en croisant son regard « Bonsoir Lord. Vous avez oublié l’accessoire ultime … » Sa main vient chercher la sienne pour ensuite lui passer l’élastique rose autour de son poignet. « Là c’est parfait. » Le regard dans le sien, Erin lui sourit avec toute la tendresse qu’on lui connaît. Elle tend ses deux bras vers lui les yeux presque brillants « Tu m’as trop manqué, serre moi dans tes bras » Dit-elle en le suppliant presque. Le revoir ce soir ça l’a rendait émotive. Les hormones peut-être. Oui car elle n’est pas venue seule ce soir... Elle est bien consciente que cette complicité est unique. Que maintenant elle doit apprendre à jongler entre son meilleur ami et son compagnon. Mais le choix ne s’impose pas. Erin est déterminée à les aimer tous les deux, chacun à leur manière. C’est différent c’est tout.
We blocked the noise with the sound of, "I need you". Si j’avais été totalement honnête avec moi-même ce soir, je serais resté chez moi, dans le confort de mon studio, quitte à ce qu’Erin me rejoigne là-bas et qu’on passe la soirée à regarder des Disney ou des Marvel. Mais je lui ai promis de l’emmener au Carnaval pour lui changer les idées et lui remonter le moral, après qu’elle ait décidé de ne pas faire l’IVG tout de suite. Je sais que son rendez-vous est dans deux jours et je pense que d’être entourée de gens qui font la fête comme ici pourrait vraiment lui faire du bien. Alors pour elle, je veux bien mettre mon besoin d’être à la maison de côté, même s’il faut dire que ce n’est pas vraiment mon genre d’habitude. J’aime sortir, faire des activités, faire du sport, voir des nouveaux paysages. Mais ces jours-ci, mon canapé est mon meilleur allié. Le barman me tend les deux breuvages et je goûte à l’un d’eux. Erin a trop de goût, je peine à ne pas le terminer tout de suite. Je lui envoie un message sms pour lui dire qu’il ne faut pas faire attendre un Lord, mais, bien sûr, je ne suis pas sérieux. J’ai juste vraiment très, très hâte de la voir. J’ai à peine eu de ses nouvelles pendant qu’elle était partie avec Nel. Je peux comprendre qu’elle ait voulu mettre son téléphone de côté, je suis le premier à oublier le mien; mais elle me manque. Au moins, j’ai pu la voir il y a peu lorsqu’Ambre m’a appelé à cause d’Akela et du ruban de sa chaussure de ballet. Mais ce n’était pas assez, j’ai eu le droit à un câlin et c’est tout, puisqu’elle devait retourner travailler. Ensuite, je suis parti avec Ambre chez elle et… ça s’est bien passé, mais ce n’est pas pour autant que les émotions ne se bousculent pas en moi depuis. Je n’ai pas encore pu en parler à ma meilleure amie et, pour être franc, je ne sais pas comment aborder le sujet. Car peu après ces retrouvailles inattendues, j’ai dit à Tessa que je ne voulais pas continuer dans… dans peu importe la direction vers laquelle on se dirigeait. Pas que ça ait un lien avec Ambre, je pense, ça faisait un moment que l’idée me traversait l’esprit. Tess veut ouvrir la clinique avec Erin, et qui dit clinique dit emploi stable physiquement et… et si je veux repartir? Elle ne pourra pas me suivre. Et… et je n’ai pas envie de la blesser de nouveau. De me blesser à nouveau. Le pouce au-dessus de mon clavier, en attendant Erin, j’ai envie d’écrire à Tessa. Pour m’excuser, surtout, et pour lui souhaiter le meilleur. Faut dire qu’elle me manque, même si je suis assez décidé… Les doutes passent ici et là. Et si j’avais fait une gaffe? Faut dire que d’apprendre que mon ex petite amie et mon frère ont été en couple (alors qu’il était marié??) au dîner de famille ne m’a pas plu. Imaginer mon aîné voir Tessa de la même manière que moi je l’ai vue… hum. Bref. Comme pour me rassurer que j’ai pris la bonne décision, comme pour m’imaginer que je pourrais fuir les sentiments qui tourbillonnent en moi, j’ai commencé à regarder les billets d’avion en direction de mes destinations préférées. Même si je sais très bien que je ne partirai pas tout suite, pas maintenant, en tout cas. Max et moi avons recommencé à nous parler, je n’ai pas envie de m’éloigner alors que c’est en route pour redevenir comme avant entre nous deux. Et puis, je ne vois pas m’éloigner d’Erin alors qu’elle vit toutes sortes de trucs qui la chamboulent ces temps-ci… J’aime bien penser qu’elle a besoin de moi quand même, même si elle a Nel, maintenant. Il y a également cette cousine retrouvée, Lyla, et ma filleule, Rose, que je ne me vois pas quitter de sitôt. Mes pensées peuvent se montrer si contradictoires parfois — vouloir partir pour m’évader sans attaches et ne pas vouloir partir pour les gens qui restent à Brisbane —, mais c’est peut-être justement ce qui me fait peur. Trop d’émotions à la fois.
Perdu dans mes sombres pensées, mon virgin sex in the beach presque terminé, je sursaute lorsque mon tabouret se met à pivoter tout seul. Enfin, pas tout seul… Erin me regarde en souriant et, encore sous la surprise, je plonge mes yeux dans les siens en arrêtant de respirer un instant. Je relâche enfin mon souffle et mes lèvres s’étirent de nouveau. La voir devant moi, sa présence si familière… Et en plus, elle a les cheveux mauves, couleur surprenant, mais qui lui va très bien. J’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne l’ai pas vue. Même si, techniquement, c’était il y a moins d’une semaine. « Bonsoir Lord. » Mon sourire retombe, faut bien que je la boude un peu pour ne pas avoir eu le droit à ses nouvelles aussi régulièrement que d’habitude dans les derniers jours. « Milady, vous êtes vivante! » j’ironise en haussant un sourcil. « Vous avez oublié l’accessoire ultime … » Elle vole ma main pour lui passer le fameux élastique rose qui est, d’un certain sens, le déclencheur de notre histoire. Du moins, une partie de notre histoire, celle d’un Lord et d’une Lady. Ça a le don de me détendre un peu. « Là c’est parfait. » Mon regard se porte sur l’accessoire à mon poignet, il est en effet parfait pour mon costume de ce soir. « Lord Faarquad n’aime pas trop le rose, mais il va faire une exception pour ce soir… »[/color] je muse avec un tout léger sourire en coin que je tente de cacher. « Tu m’as trop manqué, serre moi dans tes bras » Mes bras se croisent sur mon torse et j’affiche mon air le plus boudeur. « Hum, pas sûr que je t’aie manqué tant que ça… » Vu le peu de nouvelles que j’ai eues. Mais elle tend les bras dans ma direction et je n’en peux plus, ayant besoin de la sentir près de moi. En un mouvement, je repose les pieds au sol et passe mes bras sous ses épaules tout en la soulevant de son tabouret, la serrant fort contre moi. « Tu m’as tellement manquée, toi, en tout cas… tu le sais, ça? » Je la repose là où elle était, avant de m’installer de nouveau au comptoir. Je pousse son cocktail dans sa direction, avant de boire ce qui reste du mien. J’aurais bien pris un peu d’alcool ce soir, pour être franc, mais ce ne serait pas très solidaire de ma part… non? Mon regard se perd sur les bouteilles dans le fond un tout petit instant, puis je tourne la tête de nouveau en direction de ma meilleure amie, forçant mon visage à reprendre des traits un peu plus joyeux. « Alors, Riri, comment tu vas? Pour vrai? » Je baisse les yeux furtivement sur son ventre, avant de les plonger dans ses émeraudes. J’ai eu du mal à me faire à l’idée qu’elle était enceinte à la base, puisque c’était une nouvelle à laquelle j’étais loin de m’attendre, mais maintenant je dois avouer que j’ai du mal à m’imaginer qu’elle ne le sera plus dans deux jours. « Je veux tout savoir sur ton séjour avec Nel… m’enfin, pas tout, là. Please. » Je plisse le nez, il y a bel et bien des détails que je ne veux pas connaître. « Au fait, le mauve te va vraiment bien », je la complimente en tentant de résister pour ne pas lui ébouriffer les cheveux. « T’es déguisée en qui? C’est pas genre… une princesse sur Disney +? » Parfois, quand je babysit Rose, on regarde la télé et il me semble qu’il y a une émission qu’elle adore dans laquelle il y a un personnage qui porte les mêmes fringues et la même couleur de cheveux qu’Erin présentement.
Samedi 27 mars ->Impatiente, comme un gosse qui attend ses cadeaux le jour de Noel. Son cadeau à elle, il a deux jambes, deux bras, et un coeur tellement énorme que ses petits bras seraient trop court pour le porter. Plus elle marche en direction cette grande salle, plus son sourire s’élargit. Son cœur tambourine tellement fort qu’il pourrait s’échapper de sa poitrine. Zen, ce n’est que Mayers. Mais elle a l’impression que ça fait une éternité. En vrai, ça ne fait que cinq jours. Ils se sont vu à la clinique avec Ambre. D’ailleurs, elle avait bien senti quelque chose d’étrange dans cette salle d’attente … Un sixième sens. Son flair l'a trompe rarement. Toujours est-il qu’elle n’avait pas eu sa dose de best friend. C’était trop court, trop rapide. Cette soirée carnaval est plus que nécessaire. Erin a mit un peu de côté Adriel pour se rapprocher de Nel. Disons que les circonstances étaient un peu particulières … Il lui semblait juste d’accorder un peu plus de temps à son couple pour traverser ce moment délicat. Mayers aurait pu prendre soin d’elle. Il aurait pu l’accompagner à cette IVG. Il aurait pu lui tenir la main et lui donner la force d’aller jusqu’au bout des choses. Mais c’était à Nel que revenait la tâche. Enfin, c’est ce qui lui semble le mieux. Erin n’y connait pas grand chose en relation amoureuse. C’est tout nouveau. Et c'est déjà un vrai méli-mélo. On lui avait dit que l’amour c’était compliqué mais là c’est un vrai casse-tête. Ce soir elle veut se vider la tête avec son meilleur ami. Erin laisse alors soigneusement ses interrogations de côté pour sacrifier ces quelques heures rien que pour lui. Elle passe l’entrée sans encombres. Les textos d’Adriel l’amuse. En scrutant la salle du regard, elle l’aperçoit assit au bar - Alcoolique - Petit sourire en coin, la petite Sanders se camoufle dans la foule pour arriver en toute discrétion derrière le brun. Elle prend place sur le tabouret juste à coté du sien et sans attendre elle fait pivoter celui d’Adriel dans sa direction. Large sourire, Erin s’annonce joyeusement. Mais le sourire d’Adriel s’efface aussi sec pour afficher une mine boudeuse. « Milady, vous êtes vivante! » Elle grimace en lui tirant la langue. « Ça va, commence pas à bouder sinon je m’en vais » Avec ses deux mains elle étire la commissure de ses lèvres pour le forcer à sourire. En souriant à son tour pour lui montrer la marche à suivre. Sait-on jamais. Puis elle lui glisse le fameux élastique à son poignet en souvenir d’une époque où ils étaient plus que des amis. « Lord Faarquad n’aime pas trop le rose, mais il va faire une exception pour ce soir… » Elle perçoit un tout petit sourire sur ses lèvres. Aurait-elle gagné ? Elle réclame un câlin, toute émotive. Mais il croise ses bras en reprenant aussitôt sa mine boudeuse. Quand il s’y met celui là … Mais Erin parvient toujours à ses fins avec lui. Ce n’est pas ce soir que ça changera. « Hum, pas sûr que je t’aie manqué tant que ça… » « Parles pas sans savoir espèce de grincheux » Jaloux … D’un geste de la main elle lui fait signe de s’approcher et de lui offrir cette étreinte qu’elle réclame. Il en a autant envie qu’elle. Ça se voit qu’il résiste. 4….3….2 Voilà qui est mieux ! Adriel s’approche. Les bras grand ouvert, il la serre tout contre lui pour un câlin dans les règles. Erin vient enfouir sa tête dans le creux de ses bras en fermant les yeux. Une petite larme file le long de sa joue. Ça lui fait tellement de bien de sentir sa présence après tout ce temps d’absence. « Tu m’as tellement manquée, toi, en tout cas… tu le sais, ça? » Elle remue la tête positivement tout en restant caler contre lui. Comme une huître à son poteau, Sanders n’a pas l’air de vouloir le lâcher. D’ailleurs, elle résiste un peu quand il cherche à se détacher. « Hmmm encore un peu » Ses bras se serrent encore plus. Erin absorbe une bonne dose de Mayers puis elle reprend place sur son tabouret. « Alors, Riri, comment tu vas ? Pour vrai? » Elle tend le bras pour récupérer son verre et poser ses lèvres sur la paille. Elle boit une première gorgée mais boude un peu en sentant zéro alcool dans sa boisson. Bébé oblige … Plus que quarante huit heures avant de pouvoir se prendre une murge et oublier tout ça. « Ça va, encore mieux maintenant t’es là » Elle lui lance volontairement des fleurs pour l’amadouer. « Et toi mon Dydy ? Quoi de 9 depuis cette entrevue avec …Ambreeeee. Raconte » Top chrono ! Le regard de tueuse. Il ne manque plus que la lampe pour lui foutre dans les yeux (Film policier oblige) et l’interrogatoire peu commencer. Ses doigts pianotent sur le comptoir du bar. Ses yeux ne quittent pas les siens. Son détecteur de mensonges est enclenché. « Je veux tout savoir sur ton séjour avec Nel… m’enfin, pas tout, là. Please. » Elle agite son doigt négativement en reprenant une gorgée de son verre. - Finalement ça fait bien l’affaire. - « Non non, TOI d’abord. Me fait pas croire qu’il s’est rien passer. » Elle prêche le faux pour avoir le vrai. De toute façon elle sent bien que la rupture avec Lehmann n’est pas très clair. Son regard est attiré par une corbeille de fruits derrière le bar. Discrètement (Enfin… à la Sanders quoi) elle décolle légèrement ses fesses de son tabouret pour tendre la main et attraper une belle pomme rouge. Sans se faire prier elle croque dedans tout en fixant son meilleur ami. « Au fait, le mauve te va vraiment bien » Ses petites fossettes se dessinent sur ses joues. Il aurait autant aimé Maryline. Mais ça aurait pu créer un malaise. « Merci, le rouge te va bien aussi Lord. Ton cheval est sur le parking ? » S’il répond oui, elle court dehors comme une hystérique en poussant tout le monde sur son passage. Mais il ne lui semble pas avoir vu de beau destrier malheureusement. « T’es déguisée en qui? C’est pas genre… une princesse sur Disney +? » Elle croque dans sa pomme encore une fois avant d’écarter les bras pour bien montrer son costume. « En Mal, la fille de Maléfique. Je suis le mal incarné tu sais bien. » Elle tend une perche, voir s’il mord à l’hameçon. Elle l’attend au tournant. « Je t’ai connu plus joyeux, allez viens, je veux voir si tu danses toujours aussi mal » Encore une fois, Erin le cherche. Elle rit avant de sauter de son tabouret en laissant son trognon de pomme là sur le comptoir. Elle passe sa main sur sa bouche puis elle attrape celle de Mayers pour le tirer avec elle sur la piste. La musique du célèbre Michel Jackson retentit. Le sourire de blonde s’étire d’avantage. Erin commence se trémousser face à lui en riant. Elle tente même un moonwalk sous le regard méduser du brun. « Allez bougeeeee espèce de gros patapouf » Elle lui donne un coup de fesse pour le provoquer. Sans se prendre au sérieux, elle commence à reproduire la chorégraphie du clip. Ça amuse tout le monde d’ailleurs. Certains se prennent au jeu avec elle. Commence alors un spectacle improvisé. « Hawouuhhhh » Qu’elle s’exclame en rythme avec la chanson en bougeant son bassin comme le chanteur le faisait si bien. La chanson se termine sous un tonnerre d’applaudissement et une franche rigolade. Elle lui fait une petite tape sur l’épaule en se tordant de rire. « Tu te serais vu. » Sans filtres, elle se moque de lui avant de lui voler un bref bisou sur la joue. Une autre chanson s’enchaîne tout de suite derrière. Erin se redresse aussitôt en reconnaissant la mélodie. « Hooo ! Celle là tu l’as connais bien » Elle lui fait un petit coup de coude dans les côtes en souriant en coin. Ses paupières papillonnent à la vitesse de la lumière tandis qu'elle lui fait un regard charmeur pour le mettre mal à l'aise. Evidemment elle faisait référence à Ambre.
We blocked the noise with the sound of, "I need you". L’attente que ma meilleure amie arrive est longue. M’enfin, elle m’apparait sans doute plus longue qu’elle ne l’est déjà. Quelques textos plus tard, je l’attends au bar avec nos deux boissons sans alcool, des pensées beaucoup trop drainantes tourbillonnant dans ma tête, dans un costume si ridicule que même mon chat me regardait bizarre. Mais je m’en fous, je vais revoir Erin après ce qui me semble être une éternité. Au bout de quelques minutes, elle fait tourner mon tabouret vers le sien et je la découvre avec les cheveux violets, un sourire sur son beau visage. Mais je décide de jouer la carte du boudin parce que j’aurais vraiment aimé qu’elle m’envoie un peu plus de messages quand même, qu’elle m’appelle, je sais pas. Sarcastique, je m’exclame qu’elle est vivante et, tout de suite, la blonde me tire la langue. « Ça va, commence pas à bouder sinon je m’en vais » Une remarque qui me fait encore plus bouder, justement. C’est plus fort que moi. Je croise les bras sur mon torse et la regarde d’un air plutôt sérieux, mais c’est difficile quand elle pose les doigts aux commissures de mes lèvres pour me forcer à sourire. J’attrape un de ses doigts entre mes dents et fais mine de la mordre. « Je ferais attention si j’étais toi, Sanders », je muse, incapable de réprimer un sourire en coin plus longtemps. L’instant d’après, elle agrippe mon poignet et y passe le fameux élastique rose qui a sa place spéciale non seulement dans l’histoire de notre amitié, mais également au rétroviseur de Choupette, qui a été témoin de notre première nuit ensemble. Bon, bien que je me sente me détendre un peu et que je sais que je ne pourrai pas la bouder longtemps (pour faire changement), je râle quand même que Lord Faarquad n’aime pas trop le rose, mais qu’il fera une exception pour ce soir. Lorsqu’Erin me réclame un câlin, je croise de nouveau mes bras sur mon torse, dernière tentative de lui montrer indirectement à quel point elle m’a manquée. Je lâche que je ne suis pas certain que je lui aie tant manqué vu que j’ai à peine eu de ses nouvelles pendant les trois jours — et un peu avant et après également — qu’on ne s’est pas vus. Trois jours. « Parles pas sans savoir espèce de grincheux » Je lève les yeux au ciel. Grincheux, moi? Naaaaan, pff. Pas du tout. Réaction bien normale. Dans un geste, elle insiste pour le câlin et, n’en pouvant plus, je mets les pieds à terre pour la soulever de son banc et la serrer fort dans mes bras. Elle pose son visage sur mon torse et je pose mon menton sur le dessus de sa tête, resserrant mon étreinte. Je la nargue un peu en mentionnant qu’à moi, elle m’a manquée, et elle résiste lorsque je fais mine de me détacher. « Hmmm encore un peu » « Okay », je souffle, voulant bien ces quelques secondes de plus de câlin. J’en oublie un peu qu’on est au carnaval, la musique qui retentit à nos oreilles, le brouhaha des gens autour de nous. Pendant cette étreinte, il n’y a qu’elle et moi, j’en oublie même mes problèmes et mon coeur à l’envers. Puis, c’est elle qui se détache et elle reprend place sur le tabouret. Je fais de même, tendant la main pour essuyer la petite trace de mouillé sur sa joue. Une petite grimace apparait sur son visage lorsqu’elle goûte à son virgin sex on the beach alors que je lui demande comment elle va vraiment. Elle a son IVG dans deux jours, mais il est hors de question que je la laisse prendre de l’alcool. Des fois que… Je ne me contenterai pas d’un oui oui ça va, je sais que toute cette situation la chamboule, c’est normal. Je veux juste qu’elle sache que je suis là pour elle. Peu importe quoi. « Ça va, encore mieux maintenant t’es là » Sa réponse me fait soupirer. « Tu vas vraiment bien? » je ne peux m’empêcher de demander, inquiet. C’est tentant de lui dire quelque chose comme si ça allait mieux parce que je suis là, t’avais juste à m’écrire, pff, mais je me retiens, parce que ça serait trop pousser le boudage, aussi. Rationnellement parlant, je sais qu’elle avait besoin de se focuser sur Nel, même si, on ne se le cachera pas, ça me fait quelque chose. « Et toi mon Dydy ? Quoi de 9 depuis cette entrevue avec… Ambreeeee. Raconte » Oh la la, le regard qu’elle me lance. Je détourne le mien de nouveau sur les bouteilles dans le fond, mais cette fois-ci c’est pour tenter qu’elle ne voit pas dans mes yeux que je suis bien heureux d’avoir vu Ambre. La connaissant, je sais qu’elle ne lâchera pas l’affaire tant qu’elle n’aura pas de réponse, mais ça vaut la peine d’essayer de détourner l’attention quand même. Alors j’insiste, je lui dis vouloir savoir tout sur son séjour avec Nel. Bon, pas tout, mais genre, la destination, ça serait un bon début. Elle agite son doigt devant moi et je soupire. « Non non, TOI d’abord. Me fait pas croire qu’il s’est rien passer. » Je me mords la lèvre, les yeux rivés cette fois-ci sur mes genoux, un début de sourire sur le visage. Sourire que je ne peux réprimer, argh. Et le pire là-dedans, c’est que je ne peux pas faire comme si rien ne s’était passé, comme si la revoir, Ambre, ça ne m’avait rien fait. Erin me connaît trop pour que je puisse passer un mensonge facilement. J’attrape son verre de ses mains pour en prendre une longue gorgée, puisqu’il n’en reste plus du mien, comme si c’était en réalité de l’alcool — ça donne un côté un peu plus dramatique à mes possibles futures révélations. « J’en ai bien besoin », je m’explique en prévoyance qu’elle va râler, les yeux pétillants. Il en reste de son cocktail, hein. « Eh bien… elle m’a invitée chez elle. M’a offert une bière. On a discuté. » Et dansé, aussi, mais je garde cette information pour moi, redoutant la réaction de ma meilleure amie. Vu qu’elle est amie avec Tessa, j’ai l’impression qu’elle me ferait une remarque à son sujet, et je ne lui ai pas encore dit que j’ai mis un terme à notre relation… ou plutôt à ce que notre relation devenait. Mon estomac se tord et j’observe silencieusement Erin attraper une pomme comme si rien n’était dans la corbeille de fruits un peu plus loin, me gardant bien de tout commentaire comme je n’aurais pas pu m’empêcher de faire d’habitude.
Je la complimente sur ses cheveux, ce qui la fait sourire. « Merci, le rouge te va bien aussi Lord. Ton cheval est sur le parking ? » Je ris en levant les yeux au ciel. « Si tu parles de ma voiture, alors oui », je commence, amusé. Bah quoi… elle est vraiment belle, ma voiture. On peut voler avec et avoir les cheveux dans le vent, ou c’est tout comme. « Sinon… un jour, qui sait », je lance en haussant un sourcil, jouant l’innocent, une petite idée s’étant frayée dans mon esprit il y a quelques temps. Un de ses plus grands rêves est d’avoir son propre cheval, et qu’est-ce que je ne ferais pas pour voir l’excitation sur son visage. Je reconnais un peu le costume d’Erin à cause des fois où j’ai gardé Rose et je lui demande plus d’informations. Elle écarte les bras pour que je puisse l’observer davantage. « En Mal, la fille de Maléfique. Je suis le mal incarné tu sais bien. » Une lueur malicieuse apparaît dans mon regard. « Bien sûr que je le sais bien… surtout après l’anniversaire des jumeaux », je réponds en riant doucement. Gosh, cette soirée était épique. Ou, du moins, de ce que je m’en rappelle. « Ma filleule t’aimerait beaucoup, en tout cas, à te voir déguisée comme ça. » Ma filleule, qui est aussi celle d’Ambre… Ambre avec qui j’ai dansé, quelques jours avant de dire à Tessa que c’était terminé. Toute une avalanche de culpabilité me prend, parce que je ne peux m’empêcher de me demander si cette rencontre avec Ambre n’aurait pas un lien avec ma “rupture” avec Tessa. Non, pas du tout, je tente de me convaincre. Mais mon subconscient et ma culpabilité semblent convaincus par le contraire. « Je t’ai connu plus joyeux, allez viens, je veux voir si tu danses toujours aussi mal » Avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit, ma soi-disant meilleure amie attrape ma main et m’entraîne vers la piste de danse en laissant son trognon de pomme sur le comptoir. « Erin… » Je regarde en direction du bar. « Ramasse ta pomme, là, sérieux. » Tout pour différer le moment où je devrai danser. Le coeur n’y est pas, ce soir. Elle nous arrête au milieu de la piste et se met à danser au rythme de Thriller de Michael Jackson, elle se tente même pour le moonwalk et je l’observe, impressionné. « Je suis peut-être pas capable de faire ça, Riri, mais je sais danser », je réplique mille ans plus tard en levant les yeux au ciel. « Allez bougeeeee espèce de gros patapouf » « Moi qui croyais avoir perdu du poids avec le Pilates », je marmonne. Erin me donne même un coup de fesses, qui a le don de me faire sourire, mais je commence à me trémousser sans grand entrain. De toute manière, je préfère mille fois mieux regarder alors qu’elle reproduit la chorégraphie du clip. Même quelques curieux s’arrêtent pour regarder et l’encourager et je ne peux qu’en faire de même. « Hawouuhhhh » Je sors mon téléphone pour la filmer, pour en garder un souvenir surtout. Je clappe des mains avec le reste des gens lorsque la chanson se termine. Une petite tape sur mon épaule plus tard, elle rigole en essayant de retrouver son souffle. « Tu te serais vu. » J’esquisse un petit sourire lorsqu’elle se met sur la pointe des pieds pour déposer un bisou sur ma joue, enfouissant mon téléphone dans mes poches et gardant ma main là après. « J’ai l’air de quoi, mmm? D’un best best BEST — sans parenthèses, merci — best friend qui supporte sa meilleure amie, c’est ça? » je tente en roulant des yeux. Mais je me fige soudainement lorsqu’une chanson que je connais très bien — trop bien — résonne ensuite. Fallait vraiment qu’ils la mettent, celle-là? Et pourtant, elle est parfaite pour l’événement. Erin aussi ne manque pas de la reconnaître, Ambre et moi avons fait notre petite danse devant elle à quelques reprises — c’était moins gênant que chez mes parents, il faut l’avouer —, et elle a même fini par se joindre à nous. « Hooo ! Celle là tu l’as connais bien » J’ai le droit à un coup de coude dans les côtes et je lâche un petit « aïe » en grimaçant. Elle en rajoute même en papillonnant des yeux à une vitesse folle, je vois toute la malice du monde dans son regard. Malgré le peu de détails que je lui ai donnés, elle sait qu’il s’est passé “quelque chose” chez Ambre. Ça doit être son sixième sens de best friend, je ne peux rien lui cacher.
J’avale ma salive, la regarde cette fois-ci directement dans les yeux pour lui faire comprendre que je suis sérieux. « Est-ce qu’on rentre? » je fais dans une voix basse, pratiquement inaudible dans tout se bruit et la chanson qui ne manque pas de me faire penser à Lehmann. De nouveau, mon estomac se tord alors que la culpabilité m’envahit. J’étais tellement bien à danser avec Ambre dans son salon, c’était un peu comme si on était projetés quelques mois en arrière, quand tout allait bien, avant qu’elle ne me laisse. Durant cette rencontre, on a retrouvé ce moment de complicité qu’on partageait avant. En retournant chez moi, j’ai repassé notre voyage à Hawaï dans ma tête, je me suis même tenté à regarder quelques photos. On était tellement… bien. Libres, mais ensemble. Et je n’ai pas pu m’empêcher de penser au fait que ce n’était pas le genre de trucs que je me voyais faire avec Tessa. Certes, malgré ses obligations à Brisbane, ça ne l’empêcherait pas de faire des voyages avec moi, mais… je ne nous voyais juste pas en faire ensemble. Un feeling. Mais bon, les doutes sur notre relation à Tess et moi sont apparus avant mes retrouvailles avec Ambre. Mais il y a quelques jours, je me suis levé un matin en sachant très bien que je n’avais pas envie que les choses reprennent comme avant avec elle. Peut-être était-ce la peur de repasser par les mêmes sentiments douloureux si jamais l’envie de faire du monde me reprenait.
Soudain, l’ambiance carnivalesque de l’endroit me pèse, je me sens dépassé par tout ça, principalement par cette chanson qui me ramène toutes sortes d’émotions en même temps et, offrant un regard d’excuses à Erin, je me dirige vers la sortie pour aller prendre l’air. Une fois dehors, je prends une grande inspiration pour emplir mes poumons d’oxygène frais, faire descendre mon rythme cardiaque. L’ambiance plus calme de l’extérieur m’apaise un peu et je m’appuie contre le mur de la bâtisse.
Samedi 27 mars -> Elle a passé quelques jours loin de son Mayers. Ce n’est pas dans ses habitudes. En général les deux ne restent pas plus de quarante-huit heures loin l’un de l’autre. D’ailleurs, elle se demande comment elle pu supporter ses voyages à l’autre bout du monde. Ha oui ! Elle ne l’a pas supporter. Elle n’était pas bien du tout. Mais elle lui affichait toujours un sourire radieux à travers la webcam pour ne pas l’inquiéter. Car Erin fera toujours passer le bien-être des autres avant le sien. Peu importe si ça fait mal. Du moment que lui est heureux, c’est tout ce qui compte à ses yeux. Alors le voir bouder là, pour trois/quatre malheureux jours, nan ça passe pas. Et elle le met en garde Sanders. S’il continue de faire son boudin elle s’en va. Oui bon … elle fera trois mètres pour faire demi-tour dans la seconde. Il lui faut sa dose de best friend. Avec ses deux mains, Erin le force à sourire. Et elle sourit à son tour pour lui montrer l’exemple. Adriel fait mine de lui mordiller son doigt. Le regard de Sanders se fait plus joueur. « Je ferais attention si j’étais toi, Sanders » Elle plisse ses yeux en affichant un sourire au coin de ses lèvres. Doucement son visage se rapproche du sien. « Sinon quoi ? » Elle retire son doigt de sa bouche et lui vole un bisou imaginaire en miment le geste avec ses lèvres. Elle sait que c’est elle qui le mène la baguette, et non l’inverse. Discrètement, elle lui glisse l’élastique rose au poignet avec amusement. Ça allait parfaitement avec son costume. Ça affirme même sa virilité ! Ou pas. Magnifique. Il ose prétendre qu’il ne lui a pas manqué. Sanders s’indigne. Et il boude encoreeeee. Elle insiste pour recevoir son câlin. De toute façon elle ne bougera pas d’ici tant qu’elle ne l’aura pas eu. Ça peut durer longtemps l'histoire … Finalement il cède. Erin vient se fondre dans ses bras. Elle est bien là. Son étreinte, cette odeur qui l’apaise tant, ça lui avait beaucoup manquer mine de rien. Elle ferme ses yeux en prenant une grande inspiration. Adriel se détache un peu trop vite à son goût. Alors elle l’agrippe comme un bébé koala en lui disant de lui accorder encore quelques minutes. « Okay » Ils restent un moment-là, à s’étreindre tendrement en oubliant tout ce qui peut se passer autour. Tout ce qui compte là, c’est lui et rien d’autre. Elle regrette de s’être montré distante durant trois jours. Mais ça lui semblait nécessaire pour le bien de son couple. Erin se perd un peu dans cette nouvelle relation. C’est tout nouveau pour elle. Pas simple de conjuguer son amitié à l’amour. Ou l’amour, à l’amitié. Impossible de faire passer l’un avant l’autre. Elle se perd Erin. Une larme file le long de sa joue malgré elle. L’émotion sans doute. Au bout de quelques minutes, les deux se détachent pour retrouver leurs tabourets respectifs. Elle se fait surprendre par la main d’Adriel qui vient lui sécher sa larme. Spontanément elle lui sourit en penchant sa tête sur sa paume. Il s’est toujours montré intentionné envers elle. Il a toujours était là … tout le temps … Elle ne le remerciera jamais assez pour ça. Son regard se porte sur ce verre qui n’attend qu'elle pour être bu. Son contenu ne porte pas cette couleur verte qu’elle aime tant mais elle devra apparemment s’en contenter. Dommage. Inquiet, il lui demande comment elle va. Erin répond mécaniquement pour le rassurer. En vérité elle est pleine de stress. Entre ce bébé et cette relation avec Nel, tout ça la perturbe au plus haut point. Elle a l’impression qu’on a mit avance rapide sur sa vie. Elle n’a rien vu venir. L’amour ça fait peur. Ça l’a toujours effrayé. « Tu vas vraiment bien? » Comment a t-elle pu croire qu’il passerait à côté. Adriel est sûrement LA personne qui la connait le mieux sur cette terre. Même son frère ne la cerne pas aussi bien. Elle laisse échapper un soupire en fixant son doigt qui glisse sur le contour de son verre. Le regard perdu sur ce point sans importance. « Je me dis que quand ça sera passé ça ira mieux » C’est la suite logique des choses non ? Elle tente de changer de conversation en s’intéressant à lui et à …Ambre ! La blonde qui a fait chavirer le coeur de Mayers. Haha … hm… mouais… ça va, elle à l’air sympa. Jalouse ? Heu… pasdutout. Elle aussi elle serait partie à Hawaï si elle en avait les moyens hein ! Okey elle est jalouse, possessive de son Mayers. Stupide ! NON, réaliste ! (Oui je me parle à moi c'est étrange) Elle suit son regard pour s’apercevoir qu’il fixe les bouteilles d’alcool. Etrange. Sanders le questionne du regard. Elle ajoute même qu’il a dû se passer quelque chose après leur visite à la clinique. Elle veut savoir surtout. En prêchant le faux du vrai, ça fonctionne parfois. Il se mord la lèvre. Son coeur s’emballe. Est-ce que ? Complètement stoïque, Erin le regarde piquer son verre et boire une longue gorgée. La bouche à moitié ouverte, aucun son de ne sort d’entre ses lèvres. « J’en ai bien besoin » Toujours muette, la blonde reste figée en s’imaginant tout un tas de choses dans sa tête. C’est très perturbant. Vraiment. « Eh bien… elle m’a invitée chez elle. M’a offert une bière. On a discuté. » De suite elle se penche sur lui en mettant sa main devant sa bouche. « Shutt, ne dit rien. Je veux pas savoir en fait » Ni même les détails croustillants. Bizarrement ça la dérange de le savoir possiblement intime et proche d’une autre femme. Moins elle en sait, mieux ça sera.
Histoire de caché son malaise, elle demande avec humour si un cheval l’attend sagement sur le parking. Ça serait si classe. « Si tu parles de ma voiture, alors oui » Déception. Okay sa voiture est plus que canon. Mais ça ne vaut pas un poney. « Nul » Souffle t-elle en évitant son regard. « Sinon… un jour, qui sait » Ça devient tout de suite plus intéressant. Ses deux pupilles se dilatent alors qu’elle le fixe avec ses deux émeraudes. « Un jour ???? QUOI QUOI !!! Tu ne peux pas me balancer des spoilers comme ça sans m'en dire plus Mayers !!! » Elle se fâche la petite. Ça la rend presque mignonne avec son petit air de chaton qui feule. Il s'intéresse à son costume. Erin lui explique son personnage. Elle insiste bien sur le côté maléfique. « Bien sûr que je le sais bien… surtout après l’anniversaire des jumeaux » Un petit sourire malicieux se dessine au coin de ses lèvres. Cet anniversaire restera graver dans les annales. « Ce qui c’est passé ce soir-là doit rester secret. Motus et bouge cousue » Dit-elle en mimant la fermeture sur ses lèvres. « Ma filleule t’aimerait beaucoup, en tout cas, à te voir déguisée comme ça. » Erin prend la pose en se mettant de profil. « Les enfants m’adorent !!!! Tu me l’a présentera ?! Elle s’appelle comment ? T’as une photo ? » Elle s’emballe en s’imaginant déjà faire copine/copine avec la petite. Et voilà qu’elle le perd. Elle le sent partir loin dans ses pensées. Allo je suis là. Erin tente de capter son regard. Elle a l’impression qu’il est sur une autre planète. Avec sa main elle balaye l’air devant ses yeux pour le faire atterrir. Elle croque dans sa pomme en soupirant. Bon ça suffit. Motivée plus que jamais à le sortir de sa léthargie, Sanders l’embarque sur la piste sans lui demander son reste. « Erin… » Elle s’arrête et se retourne, pour le regarder. « Quoi ? Allez viens » Sa main est toujours dans la sienne, elle le tire dans sa direction mais elle ne fait pas le poids face à la corpulence du brun. « Ramasse ta pomme, là, sérieux. » Nan mais il est sérieux là ? Il a l’air en tout cas. « Rahhh !!! Espèce de rabat-joie » Qu’elle râle en allant jeter son trognon de pomme par-dessus le bar. Hannn, elle aperçoit une bouteille d’absinthe juste là…Elle relève la tête discrètement pour cibler le barman. C’est bon, il est occupé ailleurs. Mais elle sent le regard d’Adriel la fusiller. Son expression la rend plus raisonnable … Elle repose la bouteille sagement en tirant la tronche.
Assez perdue de temps. Erin l’embarque au beau milieu de la piste cette fois. Pas le temps tergiversé. Le son très entraînant de thriller résonne dans la salle. Sanders se met à danser énergiquement en entraînant la moitié de la salle avec elle. « Je suis peut-être pas capable de faire ça, Riri, mais je sais danser » Elle le bouscule en lui donnant un coup de popotin. Tout ça en riant gaiment. « Moi qui croyais avoir perdu du poids avec le Pilates » Erin pouffe de rire. « Depuis quand tu fais du Pilates ? » Il ne lui semple pas avoir entendu parler de ça avant. De la course à pied ouais, mais ça nan. La chorégraphie prend de l’ampleur. Adriel commence à se lâcher un peu et la rend plus joyeuse Erin. Elle préfère le voir souriant plutôt qu’anxieux comme tout à l’heure. Le brun dégaine son téléphone. Sanders s’en donne à coeur joie. Elle forme un coeur avec ses deux mains et s’approche de l’objectif. « I love you » qu’elle murmure rien que pour lui. Puis elle se dresse sur la pointe de ses pieds pour lui voler un bisou sur la joue tout mignon. « J’ai l’air de quoi, mmm? D’un best best BEST — sans parenthèses, merci — best friend qui supporte sa meilleure amie, c’est ça? » Elle roule ses bras autour de son cou pour un câlin. « Pour ce soir on retire les parenthèses » Car elle sent bien qu’il n’est pas dans son assiette. Alors si ça peut le faire sourire ne serait-ce que pour la soirée, elle veut bien faire une exception. Soudain, la chanson de Lilo et Stitch retentit. Le visage d’Erin s’illumine. C’était SA chanson. Avec elle …. Oui mais bon, il avait l’air d’être heureux avec Lehmann, nan ? Elle s’excite toute seule. Elle le bouscule. « aïe » « Chochotte ! Ça va pas ? » Son regard devient inquiet. Elle n’a pas l’habitude de le voir dans cet état. D’habitude il sourit, d’habitude il est celui qui rassure, celui qui a les mots qui consolent. Mais là c’est lui qui a besoin d’elle. « Est-ce qu’on rentre? » Erin le regarde un instant, sans voix. Elle est un peu sur le cul. Quelque chose lui échappe. Il se passe quoi dans sa tête là ? La connexion à dû mal à ce faire. Elle feel pas. Sanders commence à serrer les dents en repensant à Ambre. Qu’est-ce qu’elle a fait à son best celle là !!!!! Elle pourrait être violente la blonde. Mais Adriel ne lui laisse pas le temps de répondre que déjà il tourne les talons pour quitter la salle. Erin lui emboîte aussitôt le pas. Il est là, adosser à un mur. Doucement elle s’approche. Sa main glisse dans la sienne. Ses doigts s’entremêlent. « Viens, on rentre » Qu’elle murmure. Ça serait mentir de dire qu’ils ont goût à la fête. Elle a bien essayé pour lui remonter le moral. Mais même elle ruminait de l’intérieur. Lundi va arriver vite … trop vite. « Ça va aller pour conduire ? Je te suis avec Choupette. Fais pas le con » Elle pointe ses yeux avec deux de ses doigts (Le gif haha) en regardant avec autorité. Erin rejoint sa coccinelle en accélérant le pas. Elle trottine même. Mauvais pressentiment. Il a le pied lourd Mayers. « Rah putain chou qu’est-ce qui te prend » Elle s’énerve derrière son volant et peine à le suivre avec sa vieille Volkswagen. Une fois sur place elle râle après lui en claquant sa portière. « Hoo ! Ça va pas la tête ! Je t’ai dis de rouler tranquille. » Elle lui jette un regard menaçant en grognant. Puis ils rejoignent le studio. Erin déverrouille elle même la porte avec ses clés en prenant les devants. Son meilleur ami et là physiquement mais sa tête est ailleurs. A peine la porte fermée, elle se place devant lui en posant ses deux mains sur ses bras pour l’obliger à la regarder. « Je ne sais pas ce qu’il y a Adriel. Encore moins ce qui c’est passé avec Ambre ou même Tessa. Tu me répondra peut-être que ça ne me concerne pas. Et t’auras peut-être raison … Mais je refuse ! JE REFUSE de te voir mal comme ça. » Ses mains remontent sur ses bras pour ensuite encadrer son visage. Si faut décrocher la lune pour qu'il aille mieux elle le fera sans la moindre hésitation. Même si techniquement c'est pas possible. Pour lui tout est possible. « Ce soir c’est moi qui prends soin de toi. Pose-toi, je vais te faire un chocolat » Elle lui fait un bisou et s’éloigne dans cette cuisine qu’elle connaît par coeur. Pour apaiser son meilleur ami, Erin se met à fredonner une petite chanson. Trois cuillères de chocolat en poudre pour lui, quatre et demi (Le demi est important) pour elle. Elle préfère quand c’est plus chocolaté. C’est la tasse du génie qu’elle choisit. Peter Quill Manders chat saute sur le comptoir en poussant un petit miaulement. Erin penche sa tête dans sa direction pour un frottage de joue dans les règles tout en continuant de fredonner sa mélodie. Le micro-ondes annonce la fin du timer. Sanders récupère les deux tasses et vient s’asseoir sur le canapé aux côtés d’Adriel. Les deux chocolats terminent sur la table basse. Un simple regard, un sourire, elle pose sa tête sur son épaule puis se balance doucement en continuant de chanter. Ses mains rejoignent les siennes qu’elle porte à ses lèvres pour les embrasser. « Je serais toujours là pour toi » Dit-elle dans un murmure à peine audible. Erin était inquiète pour lui. Pour eux… pour tout ce qui se passait dans leur vie. Etaient-ils seulement heureux ?…
We blocked the noise with the sound of, "I need you". Erin m’a manqué durant les quelques petits jours qu’elle ne m’écrivait pas. Je la sens s’éloigner depuis qu’elle est avec Nel, et une part de moi sait que je n’ai pas le droit de taper du pied parce que tout ce que je veux, c’est qu’elle soit heureuse. Elle le mérite. Et puis ils vivent un moment difficile ensemble et je dois les laisser volontairement dans leur cocon, sans trop chercher à m’immiscer. Je ne me gêne toutefois pas pour la bouder un peu, au moins un petit peu. Qui serais-je sans toute cette dose de boudin? Pas Adriel Mayers, en tout cas. Lorsqu’elle pose les deux doigts aux commissures de mes lèvres pour me forcer à sourire, je réplique en posant mes dents sur l’un d’entre eux, joueur, et je la préviens de faire attention. Une lueur espiègle prend place dans son regard. « Sinon quoi? » demande-t-elle alors que son visage se rapproche du mien. Je me contente de sourire, plongeant mon regard dans le sien, un sourire malicieux sur les lèvres. Elle mime un bisou, cette charmeuse, et je roule des yeux. « Tu verras », je réponds finalement. Elle me passe l’élastique rose autour du poignet et ça a le don de me calmer un peu, de m’attendrir. Cet été-là avec elle était absolument magique; bien que ça m’ait fait quelque chose qu’elle y mette fin un peu plus tard, je ne regrette absolument rien. Ça nous a certainement rapprochés, et je ne parle pas seulement du côté physique. Quoi que oui, de ce côté-là aussi, on ne se le cachera pas. Ce n’est pas pour rien qu’on est aussi tactiles l’un avec l’autre. Je finis par céder pour un câlin, ça m’a trop manqué pour que je puisse laisser l’occasion passer. Le nez dans ses cheveux, je la serre un peu plus fort à chaque seconde qui passe, je me laisse aller dans cette bulle Manders qu’on connaît si bien. Lorsque je commence à me détacher, Erin resserre son étreinte un peu plus fort en réclamant un moment de plus et je ne bronche pas. J’en ai besoin aussi, et même si ce n’était pas le cas (c’est impossible par contre), je le ferais pareil juste parce qu’elle me le réclame. On finit par se rassoir sur nos tabourets respectifs et je tends la main pour essuyer une trace de larme qui s’est faufilée sur sa joue. Elle penche la tête et sa joue vient se caler dans ma paume. Je passe celle-ci sur sa peau, laisse tomber ma main sur ma cuisse, un petit sourire inquiet sur le visage — un sourire parce que ça me fait un bien fou de la revoir, mais inquiet parce ses yeux se sont mouillés, même brièvement. C’est pourquoi lorsqu’elle me répond que ça va maintenant que je suis là, je ne peux faire autrement que de lui demander si ça va vraiment, réprimant une pique de boudage de sortir de ma bouche. J’ai l’impression que ma meilleure amie cherche à me préserver de l’inquiétude en répondant que ça va, mais je la connais trop bien pour savoir que ce n’est pas tout à fait le cas. Et puis, elle regarde son verre de biais et j’ai la drôle d’impression qu’elle aimerait qu’il y ait au moins une goutte d’alcool dedans. Je te connais Sanders.Oh oh, c’est pas bon signe ça. Ça pourrait être les hormones, je ne sais pas, mais je sais qu’elle ne l’a pas facile ces jours-ci non plus. « Je me dis que quand ça sera passé ça ira mieux », lâche-t-elle finalement. Le regard triste, je hoche doucement la tête en prenant un petit temps de silence. J’espère que son hypothèse est bonne, en tout cas, n’empêche je n’ai pas l’impression qu’elle se sentira miraculeusement bien du jour au lendemain. « Je suis là si tu as besoin », je lui rappelle en posant ma main sur son bras. Je sais déjà que je ne lâcherai pas mon téléphone de toute la journée le vingt-neuf, juste au cas où elle ait besoin de moi. « Et même si tu n’as pas besoin de moi, je ne manquerai pas de t’écrire… après-demain, tu sais », j’ajoute dans un souffle. Bah ou tous les jours, s’entend. Tu es sûre que tu n’as pas besoin de moi, après-demain? que j’ai envie de lui demander. Mais je me tais. Autant j’ai envie d’être là pour elle, autant cette place ne m’est pas réservée, surtout concernant l’IVG.
Puis, Erin veut savoir comment se sont passées mes retrouvailles avec Ambre et je détourne le regard — vers les bouteilles, qui plus est — en me perdant dans mes pensées. D’un côté, je suis vraiment heureux de l’avoir revue, ça c’est bien passé, toutefois… cette rencontre précède ce qui s’est passé avec Tessa. Je tente de retourner la conversation sur ma meilleure amie, mais elle ne me laisse pas le choix d’élaborer un peu plus sur cette rencontre à la clinique. Lorsqu’elle sous-entend qu’il s’est passé quelque chose, je me mords la lèvre en pensant que oui, c’est le cas. Danser avec elle, ce n’est pas rien, si? Je remarque le regard surpris d’Erin en buvant une longue gorgée de son verre — et je ne suis pas certaine que ce soit à cause que je lui pique sa boisson, justement. Je reste vague lorsque j’admets qu’Ambre m’a invitée chez elle, qu’on a discuté en sirotant une boisson. Erin pose sa main sur ma bouche pour m’éviter d’en dire plus et je fronce les sourcils en réalisant qu’elle s’imagine qu’il s’est sans doute passer des choses d’ordre intime avec l’autre blonde. «Shutt, ne dis rien. Je veux pas savoir en fait. » Ohhhh. Donc évidemment, j’emprisonne le côté de sa main entre mes dents, imitant mon geste d’un peu plus tôt, relâchant au final pour l’attraper entre les deux miennes. Je viens pour répondre que non, il ne s’est rien passé d’intime, lorsqu’elle me devance en me parlant de mon fameux destrier qu’elle attend toujours. D’ici quelques mois, peut-être, elle l’aura, mais pour l’instant je lui parle de ma voiture et ça ne semble pas lui convenir. « Nul », râle-t-elle. Là, c’est elle qui boude — elle évite mon regard, en plus — et je l’imite en posant mes deux index aux commissures de sa bouche pour la forcer à sourire en lui montrant l’exemple — même si mon propre sourire a du mal à atteindre mes yeux, ce soir. Mystérieux, je laisse tomber que, un jour, ne sait-on jamais… Il y a d’ailleurs un plan qui se forme tranquillement dans ma tête, même s’il faut encore que je passe des appels et que quelques mois au moins sans doute nous séparent de ce fameux jour. Mais au lieu de voir apparaître un joli sourire sur son visage comme je l’escomptais, elle se fâche. Bon, elle est mignonne même quand elle se fâche, s’entend, même que parfois, juste peut-être, je fais exprès de l’énerver. « Un jour ???? QUOI QUOI !!! Tu ne peux pas me balancer des spoilers comme ça sans m'en dire plus Mayers !!! » « Du caaaaalme, Sanders, j’ai pas dit que c’était un spoiler », je tente. « Mais ouais, me faudrait bien un destrier un jour, tu trouves pas? » Je détourne l’attention sur son costume, qui se révèle être un personnage de Disney comme je m’y attendais. Thanks Rose. Elle muse sur son côté maléfique et, repensant à l’anniversaire des jumeaux — même si bon, Tess est repartie avec ses parents bien tôt —, je lui dis que je le sais très bien. Erin sait très bien à quoi je fais référence vu le petit sourire malicieux qui se dessine sur ses lèvres. « Ce qui s’est passé ce soir-là doit rester secret. Motus et bouche cousue », déclare-t-elle en mimant une fermeture éclair sur ses lèvres. « C’était le deal », je dis en soupirant dramatiquement, même si on fond, je suis bien content que ce soit le cas. Je n’ai pas envie que mes nuits avec Erin parviennent aux oreilles de Tessa, même si… même si j’ai mis fin au développement de notre relation amoureuse. Elle ne mérite pas ça, ça lui ferait du mal je crois. J’ajoute que ma filleule aimerait beaucoup ma meilleure amie costumée comme ça. Déjà qu’elle l’aime vraiment beaucoup, Erin a vraiment une facilité avec les enfants. Peut-être parce qu’elle en est une à ses heures. « Les enfants m’adorent !!!! Tu me l’a présentera ?! Elle s’appelle comment ? T’as une photo ? » Je ris légèrement, conscient qu’elle plaisante, parce qu’elle la connaît très bien la petite. Mais penser à Rosie me fait penser bien sûr à Ambre, qui est sa marraine et qui est la meilleure amie de Lyla, et penser à Ambre me fait penser à Tessa, que j’ai “laissée” quelques jours après avoir revu la blonde, et penser à ça fait monter la culpabilité en moi… Je suis tiré de mes pensées par la voix d’Erin et sa main qui tente de capter mon attention. Je secoue doucement la tête, comme pour chasser toutes ces pensées, et elle me saisit le bras pour m’entraîner sur la piste de danse. Mais le trognon de sa pomme sur le comptoir me dérange, ou plutôt je vois en lui une excuse pour retarder le moment d’aller danser. Le coeur n’est pas là. J’interpelle ma bff aux cheveux violets. « Quoi? Allez viens », dit-elle en insistant sur ma main. Je résiste et la somme de ramasser sa pomme. Tout de suite, elle râle. « Rahhh!!! Espèce de rabat-joie. » J’insiste en passant mon regard sur le trognon de pomme à ses émeraudes. Elle le prend et le jette par-dessus le comptoir. « C’est mieux », je dis dans un petit sourire, mais la foudroie du regard quand elle empoigne une bouteille d’absinthe à portée de main. « Non mais? Tu fais quoi là? » je chuchote alors qu’elle la repose. Non mais, elle ne peut même pas prendre d’alcool à cause de sa grossesse; et non mais, ça se fait pas prendre des bouteilles comme ça. Qu’est-ce qu’il lui prend? Elle a tant envie de boire que ça? Ça lui manque à ce point-là? En tout cas, ça ne manque pas de m’inquiéter.
Erin commence avec un moonwalk, rien que ça. Je la regarde, amusé, impressionné surtout, avant de lui assurer que je sais danser. Elle me répond en me donnant un coup de fesses et j’ai le droit à une petite insulte bien gentille qui me fait parler de Pilates. « Depuis quand tu fais du Pilates? » Un petit sourire nostalgique se pose sur mes lèvres parce que qui dit Pilates, dit Ambre. Mais Erin ne le sait pas et je n’ai pas envie de ramener le passé là, maintenant. Peut-être plus tard. « Tu crois vraiment que je fais du Pilates? » je demande en forçant un petit rire, amusé. Michael Jackson inspire ma meilleure amie et, bien vite, les autres danseurs se mettent à l’observer. Je dégaine bien vite mon téléphone pour capturer ce moment qui me met beaucoup de baume sur le coeur. Puis, elle s’approche de la caméra et ses deux mains forment un coeur. « I love you », que je lis sur ses lèvres, et mon rythme cardiaque s’accélère. Du calme, Adriel. C’est pas la première fois qu’elle te le dit. J’y ai droit souvent, d’ailleurs, à mon plus grand bonheur. Je l’aime tellement, elle. « I love you too », je dis silencieusement à mon tour, incapable de détacher mes yeux d’elle et de ses mouvements énergiques. La chanson terminée, j’ai le droit à une remarque de sa part et un bisou en bonus sur la joue. Je dis que j’ai l’air du best best BEST best friend qui supporte sa meilleure amie, c’est tout, et elle enroule ses bras autour de mon cou. « Pour ce soir on retire les parenthèses », murmure-t-elle et je plonge mon regard dans le sien, un petit sourire triste sur les lèvres, me perdant dans ses yeux un instant sans gêne comme j’ai l’habitude de le faire. Je me demande ce qui me vaut ce traitement de faveur pour ce soir, car d’habitude c’est indiscutable, les parenthèses. Elle les veut absolument et ne manque pas d’insister, comme avec Byron à la fête des juemaux. « Tu ramollis, Sanders », je muse contre son oreille en la serrant un peu plus fort dans mes bras. Ça fait un bien de fou.
Je me détache rapidement lorsque j’entends la chanson de Lilo et Stitch — la fameuse — se mettre à jouer. Je fige, la culpabilité faisant encore surface — parce que j’ai adoré danser avec Ambre sur cette chanson et que j’ai l’impression que c’est mal par rapport à Tess. Erin me bouscule et je me plains, bien trop perdu dans mes pensées déjà pour en rire. « Chochotte! Ça va pas? » Je n’ai même pas l’énergie de répondre à ce chochotte, ce que je n’aurais pas manqué de faire en temps normal. Je plante mon regard dans le sien qui, je le vois, se fait un peu inquiet. Je déteste qu’elle s’inquiète pour moi, mais je n’ai pas l’énergie non plus ce soir pour faire comme si tout allait bien. Je suis épuisé. Déjà que je n’avais pas envie de sortir, ce soir; mais je pensais que ça passerait. Alors je lui demande d’une petite voix si on peut rentrer. Par rentrer, bien sûr, je l’inclus elle; chez moi. C’est un peu chez elle aussi, et puis je n’ai pas envie qu’on parte chacun de notre côté. Mais j’ai envie d’être dans mes affaires, sur le canapé par exemple. Le regard de ma meilleure amie me fixe et je détourne le regard. J’ai besoin d’air. Ça me prend comme ça. J’étouffe, entouré de tous ces gens. J’ai besoin d’être seul. Ben… avec Erin, s’entend, si elle veut m’accompagner. Mais je n’ai pas envie de rester parmi ces danseurs et de prétendre que tout va bien. Alors sans un mot de plus, n’en pouvant plus, je tourne les talons pour me retrouver à l’air frais de cette soirée de fin d’été. Appuyé contre un mur, je respire. Erin ne tarde pas à arriver, entremêle ses doigts avec la miens. Je porte sa main à mon coeur, force un petit sourire sur mes lèvres en levant le regard vers elle. J’aime pas montrer ce côté-là de moi, j’aime pas qu’elle me voit comme ça. Qu’elle s’inquiète pour moi, surtout qu’elle en a déjà beaucoup sur les épaules. Mais sa seule présence me fait du bien, je ne peux me le cacher et je ne peux m’en passer. « Viens, on rentre », murmure-t-elle et je hoche doucement la tête, soulagé par sa réponse. « Ça va aller pour conduire? Je te suis avec Choupette. Fais pas le con. » Elle m’offre un regard à la Sanders, deux de ses doigts traçant les lignes imaginaires entre ses yeux et les miens. Je roule des yeux. « J’ai autant bu que toi, Riri », je réplique alors qu’on se dirige vers nos voitures respectives. Mais avant de nous séparer, je m’arrête, la regarde, lui adresse un petit sourire tout minuscule, mais rempli de reconnaissance pour elle, pour sa présence, son amitié. Elle ne m’a pas posé un million de questions sur place sur le pourquoi du comment, elle a juste agréé qu’on s’en aille. Une fois dans la voiture, je laisse libre cours à mes pensées même si je n’arrive pas à les suivre. Je suis tellement dans ma tête que je pèse peut-être sur l’accélérateur un peu plus que nécessaire, parfois juste pour être certain de ne pas manquer une lumière verte, n’y réfléchissant pas plus. Dans le temps d’un battement de cils, je suis arrivé devant mon immeuble, mais la coccinelle d’Erin n’est pas encore là. Je sors de la voiture pour l’attendre, et elle ne tarde pas à arriver… ma meilleure amie claque la portière et je sursaute. « Hoo! Ça va pas la tête! Je t’ai dit de rouler tranquille. » Son regard se fait menaçant et je la fixe sans répondre d’abord, attrape sa main. « T’as raison. Je m’excuse. » Je ne tente pas de me justifier, de plaisanter, de lui dire que je ne m’en étais pas rendu compte. Pas l’énergie. Je tente de l’apaiser plutôt.
On rejoint mon studio en silence, Erin se charge même de déverrouiller la porte elle-même. Je suis bien content qu’elle ait un double de mes clés. Une fois la porte fermée, elle me bloque le chemin en se postant devant moi et pose ses deux mains sur mes bras. Je plonge mon regard dans le sien en silence, attendant qu’elle parle d’abord. « Je ne sais pas ce qu’il y a Adriel. Encore moins ce qui c’est passé avec Ambre ou même Tessa. Tu me répondra peut-être que ça ne me concerne pas. Et t’auras peut-être raison … Mais je refuse ! JE REFUSE de te voir mal comme ça. » Je lève la main pour caresser sa joue, mon regard qui la supplie de ne pas s’inquiéter. Ça va passer. Du moins, je l’espère. Et si j’en parle, si j’arrive à dire tout haut ce que je ressens, elle sera la première à entendre. Ses mains encadrent à présent mon visage, me forçant à confronter ses yeux pleins de points d’interrogation. Elle a touché une corde sensible, LA corde. C’est lié à Tessa et à Ambre. « Ce soir c’est moi qui prends soin de toi. Pose-toi, je vais te faire un chocolat. » Un petit sourire naît sur mes lèvres. « T’es parfaite, toi », je murmure, touché par son geste. Qu’ai-je fait pour mériter la meilleure des meilleures amies comme ça? Et puis elle n’a même pas de demander où sont les trucs et tout, elle connaît la cuisine par coeur. Ça a quelque chose de rassurant. J’ai le droit à un bisou et elle s’éloigne. Je vais sortir Rocket de sa cage pour l’amener sur le divan avec moi pendant que Peter Quill fait son curieux dans la cuisine avec Erin. Ça fait du bien d’être à la maison. Le repaire des Manders. J’observe mon hérisson faire son petit footing nocturne sur le canapé au rythme de la jolie chanson de ma meilleure amie, et je relève les yeux juste quand Erin mets les cuillères de chocolat dans les tasses. Sa voix familière me fait déjà du bien. « Mets une cuillère de plus, Riri », je muse lorsqu’elle fait la deuxième tasse avec au moins une cuillère de plus. Je rattrape Rocket alors qu’il essaie de se faufiler dans une craque du divan; ce qui l’attire de l’inconnu de l’intérieur du canapé, je n’en ai aucune idée, mais on va le perdre, là. Je le pose sur le dos et commence à lui caresser le ventre. Je vais finalement porter Rocket dans sa cage alors que le timer du micro-ondes retentit et reviens sur le divan en L alors que ma meilleure amie sors les tasses. Sa chanson se poursuit alors qu’elle vient s’installer à côté de moi en posant les deux breuvages sur la table basse, je ferme les yeux, voulant profiter de sa voix jusqu’au bout. Je sens la tête d’Erin se poser sur mon épaule et je pose la mienne sur le dessus, me laissant balancer à son rythme. Je rouvre les yeux en sentant ses mains toutes chaudes dans les miennes, elle les porte à ses lèvres et les embrasse. « Je serais toujours là pour toi », murmure-t-elle, et je tourne la tête pour poser mon front contre le sien. « Et moi pour toi. Toujours. Tu le sais, ça? » Un petit message subtile pour lui faire comprendre que même si je ne suis pas au meilleur de ma forme, que je ne la négligerai jamais. Je dégage une main pour la passer dans ses cheveux violets en me reculant légèrement. « C’est une perruque, si? C’est pas tes vrais cheveux? » je demande, voulant m’en assurer. Des fois, elle aurait pu les couper et les teindre, même si j’en doute.
Je passe à présent la main dans mes cheveux à moi — le merveilleux chapeau de Lord Faarquad est resté dans ma voiture — et je pousse un énorme soupir. « J’ai dit à Tess que je ne veux pas qu’on aille plus loin, elle et moi », je lâche soudainement. Peter Quill monte sur le divan et se pose sur les genoux d’Erin, réclamant des caresses. « Qu’on soit un couple… » Parce que ça se dirigeait bien évidemment dans cette direction, faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Et même là. C’est plus facile de parler de faits que de sentiments, en tout cas. « Il ne s’est rien passé avec Ambre », j’ajoute précipitamment avant qu’elle ne s’imagine que j’ai trompé Tessa. M’enfin, ce n’est pas comme si on était ensembles à la base non plus, quand même, mais bon. « Rien d’intime, en tout cas… on a juste dansé. C’était bien. Très bien même… », j’ajoute dans un murmure. Et revoilà la culpabilité. C’est pas supposé être très bien quand on est supposé avoir une autre fille en vue, si? Je secoue la tête, me lève. « Je vais prendre une douche si ça te fait rien. Enlever ce costume, surtout… il est un peu trop petit, je t’avoue. » Je me penche pour la serrer dans mes bras. « Je t’aime », je lui dis près de l’oreille, avant de lui donner un bisou sur la joue. « Je reviens », je fais en m’éloignant à l’étage.
Samedi 27 mars -> Sous son costume violet et son sourire radieux, Erin tente de laisser croire que tout va bien. On la connaît pour sa bonté, sa joie de vivre permanente. Elle semble toujours croquer la vie à pleines dents. Quand on voit Sanders arriver, on a le sourire parce qu’on sait qu’avec elle les prochaines heures seront rayonnantes. Mais ce petit bout de femme n’est si solide qu’elle veut bien le laisser croire. Lundi arrive à grand pas … Lundi, son petit ange ne sera plus … Ils ont décidés que ça serait comme ça. Parce que c’est mieux apparemment…. Erin acceptait ses choix, elle si pliait sans broncher. Laissant les siens enfouis au plus profond d’elle. Non tu n’élèvera pas cet enfant seule … Non tu peux ne pas lui imposer cela … C’est pas bien, pas maintenant… Il avait préciser qu’il voulait bien fonder une famille avec elle, mais plus tard. Gabi ne doit pas rester. Avec nonchalance, Sanders laisse sous-entendre que le jour suivant l’IVG tout ira mieux. La question ne se posera plus. Elle pourra passer à autre chose et boire pour oublier. « Je suis là si tu as besoin » Elle sort de ses pensées lorsqu’elle sent la chaleur de sa main sur son bras. Son regard se porte sur lui. Il a toujours était là. Dans n’importe qu’elle circonstance il se montre présent pour elle. Et ça depuis des années …C’est presque devenu normal pour Erin. « Je sais que tu sera là » Ses lèvres s’étirent doucement pour laisser apparaître un sourire timide. Un sourire qui veut dire merci. S’il n’y avait qu’elle, il l’accompagnerait pour cette épreuve. Mais une petite voix dans sa tête lui souffle que ce n’est pas sa place. « Et même si tu n’as pas besoin de moi, je ne manquerai pas de t’écrire… Après-demain, tu sais » Sa gorge se noue. Elle a pas les mots. « Je… »Ça lui pique le coeur, les yeux… Dans un geste d’affection, Erin enroule ses bras à sa nuque et vient se blottir dans le creux de ses bras pour venir chercher le réconfort dont elle a besoin. Elle se force à fermer ses paupières très fort pour retenir cette vague de larmes qui veut venir noyer ses yeux. Non, il est pas question de faire un mélodrame ce soir. Ils sont là pour s’amuser. Elle n’avait pas le droit gâcher la soirée pour des problèmes qui sont censés ne plus en être.
Elle tente de changer de sujet. Parce que celui-là est guère joyeux. Instinctivement elle parle d'Ambre. Elle les a vu ensemble à la clinique et repartir à deux aussi … Curieuse, Sanders tente de venir à la pêche aux informations. Est-ce qu’il est supposé se passer quelque chose entre ces deux-là ? Sachant que monsieur fricote avec Tessa. Ce n’est pas le genre de Mayers de jouer sur deux tableaux. Et il n’a pas intérêt sinon elle va s’en mêler. C’est pas ce qu’elle fait déjà ? Hum…. Le brun commence à l’ouvrir, mais plus les informations tombent plus elle ressent quelque chose de désagréable. Elle le voit mordre sa lèvre, ça la rend nerveuse. Est-ce qu’elle doit en déduire qu’ils ont ….? Ses mains viennent aussitôt lui sceller les lèvres pour ne pas que ça sortent. Finalement elle ne veut pas/plus savoir quoi que se soit entre Lehmann et lui. Adriel lui attrape les mains en faisant mine de les lui manger. « Non mais ça suffit. T’as pas manger ce soir ou quoi ? » Erin récupère ses mains et les balade sur le torse de son ami pour le chatouiller vivement et lui extirper un rire ou deux. Un sourire aussi. Avec son costume, Mayers a tout l’air d’un chevalier. Mais que serait un chevalier sans sa monture ? Elle lui demande sans sérieux s’il est venu à dos de cheval. Mais son sourire s’efface bien vite lorsqu’il évoque sa voiture. Tu t’attendais à quoi ? Un miracle peut-être. Elle prend sa mine boudeuse qu’on lui connaît bien. Mais Adriel reproduit ses gestes en venant lui étirer la commissure de ses lèvres. Elle fronce les yeux en le fixant comme une proie. Prête à bondir. Finalement elle lui tire ouvertement la langue pour l’embêter. Il ose la spoiler avec des sous-entendus. Erin s’insurge aussi sec. « Du caaaaalme, Sanders, j’ai pas dit que c’était un spoiler » Elle prend son air blasé en croisant ses bras. « Sinon… un jour, qui sait ? » Dit-elle d’une voix mielleuse pour reprendre ses mots. « T’appelles ça comment toi ??? Qui sait quoi ? Nan je sais pas justement. Pfff….tu m’agace » Erin lui tourne le dos en continuant son caprice d’enfant. Bien décider à le bouder encore un peu. Mais elle préfère ne pas croiser son regard sinon elle ne tiendra pas deux secondes. « Mais ouais, me faudrait bien un destrier un jour, tu trouves pas? »Aussitôt ses lèvres s’étirent. Elle a envie de pousser un cri de joie. Il laisse sous-entendre qu’il aura peut-être un cheval un jour. Ça la laisse rêveuse Sanders. Pas question qu’il la voit sourire. Reprends toi. Erin tourne d’abord sa tête en prenant un air interrogateur. « Tu comptes vraiment t’acheter un cheval ? » Elle se retourne au complet en souriant d’un air moqueur. « Mais tu ne sais pas monter » Un rire lui échappe. Mais elle non plus en fait … « T’es sérieux où tu te fous de moi ? » Elle sait plus avec lui. L'anniversaire des jumeaux vient s’immiscer dans la conversion ne ne sait pas comment. Mais Erin scelle ses lèvres en mimant un zip sur ses lèvres. Ce qui c’est passé ce soir-là doit rester secret. Ils avaient tous conclu ce pacte. De toute manière ils étaient tellement bourrés qu’ils ne restent que des lambeaux de souvenirs. « C’était le deal » « Ça l’est toujours » Erin affiche un petit sourire malicieux tout en le fixant avec amusement. Ils se sont bien amusé ça c’est certain … Elle pique une pomme dans une corbeille de fruits et croque dedans à pleines dents. Un petit creux ? N’oublions pas qu’elle est encore enceinte… Elle mange tout en continuant de converser avec lui au sujet de la petite Rose. Mais Adriel s’évade je ne sais où dans des pensées que seul lui peut percevoir. Erin remarque tout de suite son air absent. Avec sa main elle tente de capter son intention. Hé ho du bateau. Il faut vraiment qu’ils bougent s’amuser sinon la soirée s’annonce mortellement ennuyeuse. Le restant de sa pomme finit sur le comptoir du bar, elle lui agrippe la main et l’attire avec elle vers la piste de danse. Mais il râle car ça lui plaît pas de voir le trognon de pomme joncher le comptoir. Dans un soupir, Sanders s’en va le jeter à la poubelle. « Satisfait ? » « C’est mieux » Encore penchée par-dessus le comptoir, elle remarque une bouteille d’Absinthe planqué derrière. Elle donnerait cher pour en boire quelques gorgées. Persuadée que ça l’aiderait à passer une soirée encore meilleure. Noyer son chagrin aussi. Mais il vieille toujours sur elle … « Non mais? Tu fais quoi là? » Qu’il chuchote un poil agacé. Elle se mord la lèvre nerveusement puis repose la bouteille malgré elle. Est-ce qu’il fallait s’en inquiéter ? Où est-ce seulement un besoin passager de vouloir décompresser ? Elle le rejoint sans rien dire...
Commence alors une danse au beau milieu d’une foule déguisée. Blanche neige danse avec le gros Balloo. Normal. Mowgli lui veut se taper Jasmine. Elle, elle veut son Lord et rien d’autre. Les princes et rois peuvent bien passer leur chemin. Son héros c’est lui ce soir. Erin lui donne un petit coup de fesses pour le motiver. Il feinte avoir mal aux muscles à cause d’une séance de pilates. Elle y croit pas trop Erin. Depuis quand il fait ce genre de trucs ? « Tu crois vraiment que je fais du Pilates? » Son sourire s’élargit « Hmm…. J’en doute » Il court, il fait de la musculation. Il est bien foutu. Mais faire du pilates, elle sait pas trop. C’est plus les filles qui font ça ? Prise dans le rythme de la musique, Erin se défoule sur la piste avec les autres danseurs. L’espace de quelques minutes, elle oublie ses soucis et s’amuse. Adriel dégaine son téléphone pour la filmer. Spontanément, la blonde se rapproche de l’objectif en formant un coeur avec ses deux mains tout un murmurant un I love you à son égard. Le sourire tendre, les yeux doux. Elle l’aime sincèrement son Mayers. « I love you too » Qu’il répond à son tour. Erin se sent transporter, légère. Elle danse en tournoyant sur elle-même, les deux mains sur le cœur. Comme pour l’empêcher de bondir hors de sa poitrine. La chanson se termine. Elle s’approche de lui pour lui faire un bisou sur la joue tout en enroulant ses bras à son cou. Erin sent bien qu’il n’est pas dans son assiette. Alors qu’elle propose de retirer les fameuses parenthèses de son quatrième best pour ce soir. « Tu ramollis, Sanders » qu’il vient murmurer à son oreille en la serrant un peu plus fort contre lui. Large sourire aux lèvres, elle ferme les yeux pour mieux apprécier cette étreinte. « Pour te rendre heureux je ferais n’importe quoi tu sais bien » Elle avait tendance à le passer prio pour beaucoup de choses. D’ailleurs, ça posait un peu soucis maintenant qu’un homme fait partie de sa vie.
Alors que la chanson de Lilo et Stitch retentit, Erin s’affole car elle reconnaît cette mélodie qui faisait tant sourire son ami autrefois. Joyeuse, elle commence à vouloir l’entraîner dans une danse hawaïenne. Voyant qu’il reste planter là comme un pantin sans ficelles, Sanders tente la provoque pour le faire réagir. Mais rien… il ne réagit même pas ce surnom qui aurait dû le faire tiquer. Il demande même à partir d’ici … Surprise, Erin prend le temps de réaliser qu’il y a vraiment anguille sous roche. Ça ne lui ressemble pas. Adriel tourne les talons, s’éloigne vers la sortie. Comme si l’oxygène venait à lui manquer. Il étouffe dans se brouhaha trop joyeux pour lui. Sans tarder, Erin le rejoint à l’extérieur. Elle est venue ici pour lui. S’il veut partir, ils partiront, c’est pas un souci. Il est là, adosser au mur. Il semble complètement paumé. Elle s’approche et entremêle ses doigts aux siens pour ne pas le laisser sombrer plus longtemps. Adriel porte sa main sur son coeur. Les deux s’échangent un sourire. Comme s’ils pouvaient communiquer d’un simple regard. Je suis là. Puis elle lui souffle qu’ils devraient partir dans leur cocon. Chez lui, qui est aussi un peu son chez elle. Elle s'inquiète de savoir s’il est en état de conduire. « J’ai autant bu que toi, Riri » Erin roule des yeux. « Ce n’est pas ton taux d’alcool qui m’inquiète Adriel. » Ce qui la turlupine c’est ce qui se passe dans sa tête. « Soit prudent d’accord » Ses doigts se détachent des siens. Ils semblent apprécier le moindre petit centimètre de peau. La main encore tendu vers lui, elle la laisse retomber en continuant de s’éloigner vers sa Volkswagen. Elle sent son regard se poser sur elle. Instinct best friend. Sanders se retourne pour croiser ses yeux et lui rendre son sourire. C’est une autre histoire quand ils prennent la route. Mayers à le pied lourd sur la pédale. Choupette à dû mal à suivre. Son petit moteur s’essouffle contrairement à la Maserati qui respire à plein poumon ses quatre cent chevaux. La petite coccinelle n’a pas dit son dernier mot. Non sans mal, elle parvient à arriver à bon port en faisant rugir son flat-4. Sa conductrice peste aussitôt auprès du brun. « T’as raison. Je m’excuse. » Bon… là c’est clair que ça cloche vraiment. Depuis quand il baisse les armes si vite ? Elle le guide vers l’appartement sans en ajouter. Il semble avoir compris sa faute. Pas besoin de remuer la lame. A peine la porte fermée, Erin vient encadrer son visage entre ses mains pour lui dire droit dans les yeux qu’elle s’acharnera jusqu’à ce qu’il aille mieux. Parce qu'indirectement, son mal-être se reflète sur elle. Il est un peu sa poupée vaudou. Elle ne peut pas aller bien si lui ne l’est pas. Le brun vient poser sa main sur sa joue. Elle le regarde, inquiète. Il a ses yeux qui tentent de la rassurer. Mais elle se pose un million de questions. Pour le réconforter, Erin lui propose un chocolat chaud. Quoi de mieux qu’un chocolat pour aller mieux ? On sait tous que le cacao a des effets bénéfiques. Encore plus quand il est servi par une best friend. Si ? « T’es parfaite, toi » Un sourire naît enfin sur le visage d’Adriel. Elle gonfle ses poumons et le regarde avec la plus grande des tendresses. « C’est toi qui me rends si unique tu sais. Si je le suis, tu l’es encore plus » Elle agrémente ses paroles avec un bisou puis s’éloigne vers la cuisine pour aller lui préparer une tasse. Erin fait comme chez elle. Elle sait que les tasses se trouvent dans le placard du haut. Sa préférée c’est celle des supers-héros. Pour elle c’est le génie d’Aladin. Best friend oblige. Et puis Aladdin quoi … leur premier duo. Magique. Ça lui donne envie de fredonner une chanson. Douce, est pleine d’amour. Ça apaisera peut-être mieux son meilleur ami. Le paquet de Benco sur le comptoir, elle distribue les cuillères de chocolat dans chacune des tasses en dosant bien un quatre et demi pour elle. « Mets une cuillère de plus, Riri » Erin relève les yeux en souriant puis elle lui verse finalement la même quantité que pour elle. En n’oubliant pas le et demi. Elle patiente que le cycle du micro ondes se termine. En attendant elle continue de fredonner sa chanson tout en regardant affectueusement Adriel avec Rocket sur le sofa. Sa main vient glisser sur le pelage de Peter qui fait un petit bon sous sa paume. Elle finit par rejoindre le canapé avec les deux tasses dans les mains. Fait pas tombé Riri. Elle les pose sur la table basse puis s’attarde sur son ami en laissant sa tête s’appuyer sur son épaule. Le poids de la sienne se fait sentir. Doucement ses lippes s’étirent alors qu’un petit balancement vient les bercer. Elle cherche ses mains pour les porter à ses lèvres. Dans un murmure, elle lui promet d’être toujours à ses côtés. Contre vent et marée, elle s’accrochera à lui. « Et moi pour toi. Toujours. Tu le sais, ça? » Son front vient se caler contre le sien. Ses émeraudes se perdent dans ses yeux. Évidemment qu’elle le sait. Elle n’en a jamais douté. Il suffit qu’elle lève le petit doigt pour qu’il rapplique. « J’y compte bien » Dit-elle en lui souriant affectueusement. La main du brun passe dans ses cheveux violets. Une couleur qui semble l’intriguer. « C’est une perruque, si? C’est pas tes vrais cheveux? » Il a presque l’air inquiet. C’est mignon. « Tu n’aimes pas le violet ? » Erin le sonde du regard en souriant avec malice. Mais elle met fin à ses inquiétudes en retirant sa perruque pour libérer ses cheveux d’ange. « Te voilà rassuré ? »
Erin récupère sa tasse pour la tenir entre ses deux mains et souffler sur le lait encore chaud. Adriel semble préoccupé. Sa main passe machinalement dans ses cheveux. On dirait qu’il tente de se lancer dans des explications. Elle observe sans rien dire. Il faut que ça vienne de lui. « J’ai dit à Tess que je ne veux pas qu’on aille plus loin, elle et moi » Ses lèvres se pincent … Elle n’a jamais vu Adriel très longtemps en couple. A chaque fois ça capote. Comme s’il n’arrivait pas réellement à tenir dans le temps ses sentiments. Où dans le sens inverse on l’abandonnait. Comme elle … Elle baisse les yeux en repensant à cette idylle. Erin c’était promit d’être toujours à ses côtés. Et c’est parce qu’elle avait peur de le perdre que justement elle avait décider de se contenter de son amitié. L’amour ne perdure pas toujours, l’amitié si. « Qu’on soit un couple… » Elle relève les yeux en hochement doucement la tête. « Je comprends. C’est peut-être mieux comme ça nan ? Ça ne vous empêche pas de vous apprécier. Les sentiments ça ne se contrôle pas » Ils se sont réellement aimé dans le passé. La page restera fermée s’il juge que c’est mieux ainsi. « Il ne s’est rien passé avec Ambre » Pourquoi ça la soulage tout ça ? Elle porte la tasse à ses lèvres pour boire une gorgée de son lait chocolatée. Erin commence à comprendre les raisons de son mal-être. Tessa, Ambre … son coeur est amoché. « Rien d’intime, en tout cas… on a juste dansé. C’était bien. Très bien même… », Le fameux hula qui prenaient plaisir à partager tous les deux. D’où son comportement étrange tout à l’heure. « Tu aurais voulu qu’il se passe quelque chose entre vous ? Tu ressent encore quelque chose pour elle ? » Qu’elle demande en redoutant presque la réponse. Ils se regardent dans le blanc des yeux. Un silence s’installe. « Je vais prendre une douche si ça te fait rien. Enlever ce costume, surtout… il est un peu trop petit, je t’avoue. » « Oui pas de soucis, vas-y. Ça te fera du bien » Elle se mettrait bien à l’aise elle aussi. Mais elle n’a pas pensé à prendre un change. Le cuir l’étrique un peu. En parlant d’étriqué, Adriel vient la serrer dans ses bras pour prendre sa dose de câlin. Tout naturellement ses bras s’enroulent autour de lui. Elle sourit en fermant les yeux. Erin ne se lassera jamais des étreintes venant de lui. Elles avaient un goût particulier un goût de .. « Je t’aime » Ses yeux s’ouvrent brusquement. Son coeur manque un bond. Il ne voit pas l’expression de son visage. Mais Erin semble toute chamboulée. Ce n’est pourtant la première fois qu’il lui dit. Mais là ça résonnait de façon étrange. Surtout après ses confessions. Peut-être que ce n’était que le fruit de son imagination. Elle referme les yeux puis dépose un baiser sur sa joue « Me too » souffle t-elle tout bas. Ils se détachent. Adriel se lève pour monter à l’étage. Erin le suit du regard comme si elle avait peur qu’il disparaisse. « Je reviens » Dit-il d’une voix rassurante. « Je ne bouge pas » Qu’elle précise à son tour en lui souriant avec affection.
La voilà seule dans le salon. Enfin, pas totalement seule. Peter Quill Manders chat vient se coucher à côté d’elle. Erin le caresse tout en lui souriant tendrement. Ce chat c’est aussi un peu le sien. C’est d’ailleurs à cause d’elle qui a débarqué ici. Son regard se porte sur l’ordinateur portable d’Adriel. Elle se penche pour l’attraper. Le temps qu’il revienne, elle a bien envie de surfer sur le net à la recherche de mobilier pour la clinique. Où d’une nouvelle robe, un chandail pour l’hiver. Elle ouvre l’écran et pose le pc sur ses cuisses en s’installant confortablement sur le canapé. Le mot de passe n’est pas un problème. La page internet s’ouvre. Google chrome a gardé enregistrer les pages précédentes du brun. Erin n’est pas du genre à fouiller dans ses affaires. Mais un onglet attire son intention. Lorsque la page s’ouvre, elle fronce légèrement les sourcils en ramenant ses genoux sur elle pour rapprocher l’écran. Une sensation désagréable l’envahit. Son coeur lui fait mal. Tout un tas de destinations aux quatre coins du monde s’affiche sous ses yeux. Il voulait partir … loin … trop loin. Non, elle ne peut pas s’imaginer le voir repartir. Ça fait trop mal. Elle l’a supporter une fois, pas deux … ça va l’achever … Ses mains se mettent à trembler. Moscou, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne … Non, elle ne peut pas s’imaginer une vie sans lui à ses côtés. Pas maintenant. Une douleur dans le ventre l’angoisse encore plus. Son palpitant s’emballe. Elle se sent mal. Crise d'angoisse. Brusquement elle ferme l’ordinateur et le pose sur le canapé. Calme toi calme toi … Il n’est pas encore partie. Le bruit de la douche la rassure. Peter Quill la regarde, inquiet. Il pousse un petit miaulement. Erin se tient le ventre d’une main et serre l’autre si fort que s’en est douloureux. Elle a la sensation que tout lui échappe. Ce bébé, son couple encore fragile, maintenant son meilleur ami qui veut fuir Brisbane, et elle par la même occasion. Les larmes lui montent aux yeux. Elle tente de les retenir mais ça l’étouffe. Adriel réapparaît en haut des escaliers. Erin le regarde, les yeux brouillés. « TU COMPTAIS ME LE DIRE QUAND ? » La tristesse fait place à la colère. Elle se lève du canapé pour se rapprocher de lui alors qu’il descend les quelques marches qui les séparent. « Je te jure que si tu grimpe dans cet avion Addie tu peux faire un trait sur moi. Je ne déconne pas hein » Les mots lui font mal. Son index vient se planter à plusieurs reprises sur le torse du brun pour appuyer ses mots qui la transpercent. « T’as pas le droit de te barrer comme ça et me laisser là. » Son poing vient taper sur son torse. Les larmes la submergent. Elle renifle en tentant de ne pas se noyer dans son océan de tristesse. Épuisé, elle se laisse aller contre lui en pleurant toutes les larmes de son corps. « Emmène-moi avec toi … S’il te plaît. Je veux partir avec toi. » Ses bras viennent s’enrouler autour d’Adriel. Erin était prête à tout quitter pour lui. Sa vie ne rimerait à rien s’il partait. Doucement, sa tête vient se nicher dans son cou. « Ne m’abonne pas… » Dit-elle dans un murmure à peine audible. Ses yeux se ferment pour laisser échapper une unième larme. Elle ne compte pas lâcher prise. Toujours lové dans ses bras, la blonde reste à cette place qu’elle estime être la sienne.
We blocked the noise with the sound of, "I need you". Je ne suis pas au top de ma forme, mais je tente de ne pas le laisser paraître, Erin a déjà assez de soucis de son côté pour se préoccuper de moi. Et je sais qu’elle ne manquera pas de se préoccuper de moi, même au détriment de ses sentiments à elle, je la connais. Le jour de son IVG approche, et j’aimerais tellement pouvoir être plus là pour elle, l’accompagner, mais je sais que ce rôle ne m’appartient pas… Ça me fait vraiment quelque chose de réaliser ça. Alors tout ce que je peux faire pour le moment, c’est lui rappeler que je suis là si elle a besoin de moi. Elle n’a qu’à m’écrire, m’appeler, m’envoyer un message télépathique, j’accourrai. « Je sais que tu sera là » Son sourire se fait tout petit, mais il me rassure. Elle n’est pas seule. J’ajoute quand même que je lui écrirai, même si elle n’a pas besoin de moi. « Je… » Tu… quoi? Elle se coupe d’elle même, j’attends la suite, mais elle enroule ses bras autour de mon cou. Je la sens au bord des larmes, j’ai un feeling. Alors je la serre fort contre moi, pose une main sur sa tête, dans ses cheveux. Elle me dira si elle veut. On reste comme ça un moment, une promesse silencieuse d’être là l’un pour l’autre pour toujours, quoi qu’il arrive.
Le sujet dérive sur Ambre et je ne sais que répondre exactement. Il ne s’est rien passé, mais tant de choses en même temps. On a retrouvé notre complicité un certain moment, on a ri, effacé un petit malaise le temps de jouer au chat et à la souris avec de la crème glacée. On en avait partout sur nos visages. Mais Erin s’imagine sans doute des trucs plus intimes parce qu’elle plaque une main sur ma bouche, m’empêchant d’en dire plus. Sa main finit entre mes dents, je me sens joueur, particulièrement tactile, c’est un réflexe, quoi. « Non mais ça suffit. T’as pas manger ce soir ou quoi ? » Je souris en attrapant sa main entre les deux miennes. « Maintenant que tu le mentionnes… » C’est vrai que je prendrais un truc à manger. Mon appétit n’a pas été au rendez-vous aujourd’hui. Mais Erin récupère sa main et la passe partout sur mon torse dans des chatouilles qui me font me contorsionner dans tous les sens en riant. « Arrêêêêêêête », je dis en réussissant à emprisonner ses deux mains dans les miennes. Je les lâche finalement, lançant un regard d’avertissement à la blonde, la défiant de me chatouiller de nouveau. Au moins, cette petite séance de chatouilles (à mon égard) n’a pas manqué d’illuminer son visage un petit peu. La revoilà qui parle de cheval parce que je suis un Lord de nouveau, ce soir. Mais je n’ai que ma Maserati avec moi, ce qui est un pas pire destrier, non? Tout de suite, elle en perd son sourire. Je tente alors de le lui redonner en lui faisant exactement ce qu’elle m’a fait un peu plus tôt, mais elle me fait les gros yeux auxquels j’ai le droit une fois de temps à autre. La blonde me tire finalement la langue. Je roule des yeux, tente de me justifier en affirmant que ce ne sont pas nécessairement des spoilers. Ma réponse ne la satisfait pas le moins du monde et elle croise les bras sur sa poitrine. Remonte le regard, Mayers. Hop hop. « Sinon… un jour, qui sait ? » Elle m’imite, là? « T’appelles ça comment toi ??? Qui sait quoi ? Nan je sais pas justement. Pfff….tu m’agace » Elle me tourne le dos et je roule des yeux de nouveau, franchement amusé. Je sais qu’elle ne tiendra pas son boudage bien longtemps, je suis pareil. Lorsque j’ajoute qu’il me faudrait bien un destrier un jour, elle tourne la tête. Je le vois, son petit sourire qui tente de prendre vie sur ses lèvres. Elle ne résistera pas longtemps, je le sens. « Tu comptes vraiment t’acheter un cheval ? » Je ne réponds rien en l’observant, les yeux pétillants. Elle croit vraiment que je vais m’acheter un cheval avant qu’elle n’en ait un? Quoique bon, elle pourrait monter dessus quand elle voudrait. Puis, Erin se tourne au complet, grand sourire sur les lèvres. « Mais tu ne sais pas monter » Elle rit. Dois-je te rappeler que toi non plus, Sanders? « Mouais, t’as raison. Je suis peut-être mieux de ne pas m’acheter de cheval, finalement », je réponds immédiatement. Elle me cherche, elle se moque de moi, alors je ne me gêne pas moi non plus. « T’es sérieux où tu te fous de moi ? » Je hausse les épaules. « Qui sait, honnêtement. » Je prends son visage entre mes mains et lui donne un bisou sur le front. « Curieuse », je muse en reculant et en riant légèrement.
On parle de l’anniversaire des jumeaux, soirée qui restera décidément gravée dans nos mémoires. Du moins, en partie, de ce qu’on se rappelle. Duh. Oui, c’était le deal, de garder les événements de cette soirée secrets, et une chance. « Ça l’est toujours » Son sourire se fait malicieux, le mien l’imite. Shut. Costume et cheveux violets, Disney, Rose, Ambre… un sujet mène à un autre et je me perds dans une spirale de pensées aux émotions conflictuelles. Je reviens à nous deux quand elle passe sa main devant mon visage et qu’elle essaie de m’entraîner sur la piste de danse en ne manquant pas de laisser son trognon de pomme sur le comptoir. Je ne suis satisfait que lorsqu’elle le jette enfin et je suis finalement forcé de la suivre sur la piste. Néanmoins, juste avant, elle tente de prendre en douce une bouteille d’absinthe qu’elle ne peut techniquement pas boire. Elle finit par la reposer lorsque je lui demande ce qu’elle fait, elle se mord la lèvre et je la suis finalement, me demandant s’il y a lieu de m’inquiéter pour elle. Plus que ce que je ne fais présentement, s’entend. Regarder Erin danser est bien plus intéressant que de danser moi-même, elle tente de me motiver avec un coup de fesses et je râle avoir mal aux muscles à cause du Pilates. Petit clin d’oeil silencieux à Ambre avec qui j’en ai beaucoup parlé — et essayé —, mais Erin n’est pas au courant des massages que l’autre blonde me donnait quand j’avais réellement mal aux muscles. C’est mieux comme ça, j’ai toujours évité de lui parler de ce genre de choses plus… intimes, surtout vu notre passé à nous deux. Je lui demande si elle croit réellement que je fais du Pilates, genre sur une base régulière, et son sourire s’agrandit. « Hmm…. J’en doute » Je me contente moi-même d’un sourire, un regard qui veut dire ah ben voilà, tu vois.
Sanders se met à danser, je décide de la filmer pour garder ça comme un bon souvenir de cette soirée au Carnaval. Je ne regarde même pas mon écran tellement je suis hypnotisé par les mouvements souples et gracieux et sexy de ma meilleure amie. Elle s’approche de l’objectif pour un I love you qui me fait manquer un battement de coeur, et je ne tarde pas à lui répondre la pareille. Ce que je ressens pour elle est indescriptible. Je suis presque déçu lorsque la chanson se termine, mais Erin s’approche pour me donner un bisou et un câlin qui ne me font rien regretter. Ce soir, c’est la première fois qu’elle laisse tomber les parenthèses, ce qui me laisse assez perplexe puisque, d’habitude, elle ferait n’importe quoi pour les garder. On va dire. Là, au milieu de la piste de danse, je la serre un peu plus fort contre moi pour la garder là un moment de plus, et je plaisante en lui affirmant qu’elle ramollis. « Pour te rendre heureux je ferais n’importe quoi tu sais bien » Touché par ses mots, je me tais un petit moment, incapable de parler. Puis… « Tu ne devrais jamais les mettre, alors », je plaisante doucement dans un petit rire.
On est coupés par la chanson de Lilo et Stitch qui résonne dans toute la salle. Ça me fige sur place. Erin s’emballe, et mon coeur en fait de même. En ce moment, je n’ai pas envie de danser au rythme de la chanson hawaiienne, ça rappelle beaucoup trop d’émotions à moi que je n’arrive pas à gérer. Je demande à ma meilleure amie si on peut partir, mais, n’en pouvant plus, je sors avant même qu’elle ne me réponde. J’ai besoin d’air frais pour me rafraîchir les idées. Ma tête. Mon coeur. Erin ne tarde pas à me rejoindre. Ses doigts qui s’entremêlent aux miens me font du bien et je les amène à mon coeur. On se regarde avec tendresse, un petit sourire sur les lèvres. Une chance que je l’ai, elle. Juste avant de rejoindre chacun nos voitures, elle veut s’assurer que je peux conduire. Je rétorque que, tout comme elle, je n’ai pas bu; mon cocktail était virgin aussi, hein. Même si j’aurais préféré le contraire. Mais la blonde roule des yeux. Okay, peut-être que je savais que ce n’était pas exactement ce qu’elle voulait dire. Mais je ne vois pas pourquoi je ne serais pas en état de conduire, là. Déni. « Ce n’est pas ton taux d’alcool qui m’inquiète Adriel. » Je penche la tête, quelques points d’interrogation dans mes yeux. Je suis triste, confus, mais je ne vois pas pourquoi ça pourrait m’affecter. « Soit prudent d’accord » « Promis », je lui dis dans un petit sourire qui ne monte pas à mes yeux. « Toi aussi. Pas trop brusques, les virages » Ça m’amuse et me change les idées de penser à notre première date ensemble, quand elle nous a conduits jusqu’en haut d’une colline en ne manquant pas de me plaquer contre la portière. Pas sexuellement parlant. Bon, sur le coup, ça ne m’amusait pas du tout. Lentement, elle détache ses doigts des miens. J’aurais voulu qu’elle les laisse là plus longtemps… Elle laisse finalement tomber sa main sur sa cuisse et je me retourne, me dirige vers ma voiture en secouant la tête pour moi-même, comme pour me dire que je n’ai pas le droit d’avoir ce genre de pensées-là. Mon corps entier se tourne vers ma meilleure amie. J’ai hâte de la retrouver à l’appart. Elle se retourne quasi en même temps, on se sourit, se regarde dans les yeux. Elle met du baume sur mon coeur et elle ne le sait peut-être pas. Une fois dans ma voiture, seul, c’est tout autre chose. Les événements des derniers jours me reviennent en mémoire, la chanson de Lilo et Stitch passe en boucle dans ma tête. Je monte le volume de la radio, qui passe un vieux tube qu’Erin reconnaîtrait sans doute. C’est à peine si je remarque que mon pied pèse un peu plus que nécessaire sur la pédale. Erin, elle, n’a pas manqué de le remarquer. Elle m’engueule presque en sortant de sa Volkswagen, tout en claquant la porte. Je n’ai même pas l’énergie de faire comme si elle avait mal vu. J’avais hâte d’être rendu à la maison, comme si je pouvais laisser la fameuse chanson et les sentiments des derniers jours derrière moi, au Carnaval. Alors je me contente de m’excuser, et je lis la surprise dans le regard de la blonde. Elle ne rajoute rien et je la suis vers mon appartement. Elle s’occupe de déverrouiller la porte et elle me bloque le chemin une fois à l’intérieur. Ses mains qui encadrent mon visage nous enferment dans cette petite bulle Manders que j’aime tant. Elle cherche à comprendre, mais les mots ne viennent pas encore pour expliquer. Je ne sais pas comment organiser mes pensées encore, ce que je ressens, je ne veux pas lui rajouter une charge sur les épaules. Elle en a déjà bien assez et je veux être là pour elle. Je ne sais pas quoi dire, mais je tente de lui répondre avec les gestes, posant une main sur sa joue dans une caresse que je veux rassurante. Ne t’en fais pas pour moi. Erin ne me forcera jamais à lui dire quelque chose dont je n’ai pas envie de lui partager. Elle me connaît beaucoup trop pour savoir que ça ne ferait que l’effet contraire. Me renfermer. Et ce n’est pas que je n’ai pas envie d’en parler, mais c’est bien parce que je ne sais pas encore par où commencer. Ce ne sont pas des paroles dans le vide quand je lui dis qu’elle est parfaite lorsqu’elle me propose de me faire du chocolat chaud. Elle l’est réellement, chocolat ou pas. Ou justement parce qu’elle pense à ce genre de petites attentions. Elle prend une grande inspiration, son sourire se joint au mien. J’adore quand elle me regarde comme ça. « C’est toi qui me rends si unique tu sais. Si je le suis, tu l’es encore plus » Elle pose un bisou sur ma joue et je secoue la tête. « T’es unique, c’est vrai… mais je suis loin d’être parfait », je dis en la suivant dans l’appartement. Si j’étais parfait, je ne me serais pas aventuré dans une relation avec Tessa avant de lui dire que c’était fini, avant même que ça ait commencé. Au risque de la blesser. Encore. Si j’étais parfait, je n’aurais pas abandonné Maxence il y a dix ans alors qu’il avait clairement besoin de sa famille.
Je joue avec Rocket alors que la blonde nous prépare des breuvages chauds réconfortants. Je lève la tête sur elle, enveloppé par sa jolie voix, alors qu’elle distribue la poudre dans les tasses. Je remarque qu’elle met une cuillère de plus dans la deuxième tasse et je lui dis d’en mettre un autre. Non mais, moi aussi je veux plus de chocolat. J’ai le droit à un sourire et elle s’exécute. Les boissons réchauffées, mon hérisson de nouveau dans sa cage, Erin s’amène au salon avec les deux tasses qu’elle pose sur la table basse. L’une est celle d’Aladdin, l’autre de Marvel. Elle est vraiment la plus parfaite, je songe dans un petit sourire. Erin, pas la tasse. Ben la tasse aussi, mais pas au même niveau. Parce qu’elle a soigneusement choisi mes préférées, dont une qui ne manque pas de nous rappeler notre première date ensemble, notre premier duo sur scène. Riri vient prendre appui sur moi, elle porte mes mains à ses lèvres. Elle me dit être là pour moi, et j’en fais de même. J’espère qu’elle le sait. Je ferais n’importe quoi pour elle. Front contre front, on se regarde dans les yeux. Cette proximité entre nous est si naturelle, si familière. « J’y compte bien » Je hoche la tête doucement, me recule juste assez pour passer une main dans ses cheveux violets. Ça lui fait bien, elle est toujours aussi belle, mais ses cheveux blonds vont toujours avoir une place de premier choix pour moi. « Tu n’aimes pas le violet ? » « Non, c’est pas ça, je… » Je m’interromps en l’observant retirer la perruque, une petit lueur illuminant mes yeux alors que sa cascade de cheveux blonds retombe sur ses épaules. « Te voilà rassuré ? » Je souris, amusé, et hoche la tête.
Erin se penche vers la table basse pour attraper son chocolat chaud et je rabats ma main dans mes cheveux à moi, me disant que c’est le moment de lui dire, de lui raconter les derniers jours. J’en ai envie. J’admets finalement que j’ai mis un frein à ma relation grandissante avec Tess, les yeux rivés sur mes genoux. Je les relève pour observer la réaction de Riri, qui pince les lèvres. Si elle s’y attendait ou pas, je n’en ai aucune idée. Il faut dire que j’avais un peu peur de le lui avouer; Tessa et elle sont de bonnes amies depuis longtemps, c’est aussi une femme que j’ai aimée pendant longtemps, à l’uni. Et je l’aime toujours, mais plus… de cette manière. Je crois. Je suis surtout confus. Erin baisse les yeux et j’essaie de m’imaginer à quoi elle peut bien penser. Je précise que je n’ai pas envie que Mulligan et moi soyons un couple. Je l’aime beaucoup, comme amie seulement. Je crois. C’est tout. Elle aura toujours une place spéciale dans mon coeur, mais je ne veux pas revivre ce que nous avons vécu si je décide de partir de nouveau. Et je ne peux pas mettre un frein définitif à mon plaisir de voyager. Erin relève le regard sur moi et hoche la tête. « Je comprends. C’est peut-être mieux comme ça nan ? Ça ne vous empêche pas de vous apprécier. Les sentiments ça ne se contrôle pas » Je ravale ma salive, pensif, hochant finalement la tête à mon tour. « Je crois… oui. Mais elle ne veut plus me parler. » J’espère que ça changera, je supporterais mal qu’elle ne me parle plus pour toujours. J’ajoute qu’il ne s’est “rien” passé avec Ambre, dans le sens de rien d’intime. Je tends la main pour frôler le bord de ma tasse du bout des doigts distraitement alors qu’Erin en prend une gorgée de la sienne. Je préfère boire mon chocolat quand il est plus tiède, de toute manière. « Tu aurais voulu qu’il se passe quelque chose entre vous ? Tu ressent encore quelque chose pour elle ? » J’ouvre la bouche, ne sachant que trop répondre. Le chaud me monte aux joues en réalisant que peut-être, oui, que j’ai bel et bien pensé à l’embrasser quand on se chamaillait dans la salle de bain. Il y avait un goût d’avant notre rupture, une certaine complicité retrouvée, j’en avais oublié qu’elle m’avait laissé il y a quelques mois. Mais justement… c’était avant. Avant de la revoir à la clinique, je commençais tranquillement à m’en remettre. Mais pas assez pour continuer avec une autre. Un bon moment s’écoule alors qu’on se regarde droit dans les yeux, Erin et moi. « Je… », je commence, toujours à court de mots. J’ai comme un certain malaise à lui avouer ce genre de trucs, à elle qui a fait battre mon coeur plus d’une fois. Qui le fait toujours. « Je sais pas », j’avoue finalement dans un soupir. « C’est pas… c’est pas à cause d’Ambre que j’ai dit à Tessa que je… que… » Je soupire. Les mots sont difficiles, ils sont coincés dans ma gorge. « C’est pas à cause d’Ambre. J’y pensais avant. » Je veux être bien certain qu’Erin le sache. Peut-être que ça m’aidera à apaiser cette culpabilité qui me tient prisonnier. Mais peut-être que de la revoir, ça a accéléré les choses avec Mulligan. Ça m’a remis mes émotions en pleine figure, je suppose…
J’ai une soudaine envie d’aller prendre une douche; comme si me rincer sous l’eau pouvait aider à faire disparaître cette tempête d’émotions qui s’est jetée sur moi. « Oui pas de soucis, vas-y. Ça te fera du bien » Je hoche la tête. « Oublie pas de faire comme chez toi, sers-toi si tu as besoin de quoi que ce soit », je lui rappelle, bien que je sais très bien qu’elle ne se gêne pas d’ordinaire. C’est un peu comme chez elle, ici. Je m’approche d’elle pour un nouveau câlin bien étroit. Un je t’aime s’échappe de mes lèvres et je la serre un peu plus fort. Elle met un temps à répondre, ses bras immobiles autour de ma taille. « Me too », dit-elle dans un souffle après un petit bisou sur ma joue. Presqu’à contre-coeur, je me détache. Mais j’ai envie d’avoir un petit moment seul pour remettre mes pensées en place et revenir la retrouver après. On pourra se changer les idées ensemble. En regardant un film, s’entend. Ou quelque chose du genre. Je n’ai pas oublié qu’elle aussi, ça lui ferait du bien. Sans doute. Je compte même lui laisser choisir le film vu qu’elle m’a préparé du chocolat. Je m’éloigne vers les escaliers en lui disant que je reviens. « Je ne bouge pas » J’y compte bien, je pense en montant les marches.
Je laisse couler l’eau chaude dans mes cheveux, sur mes épaules. Je ferme les yeux pour bloquer la luminosité autour de moi. Je n’ai aucune idée je passe combien de temps comme ça, mais je finis par me laver, cheveux et corps, avant de sortir de la douche et d’attraper une serviette. Est-ce que je me sens totalement mieux, non, mais je me sens déjà plus léger. J’ai hâte de retrouver Erin, de boire mon chocolat, de regarder un film, peut-être. J’enfile des survêtements que j’ai apportés directement dans la salle de bain, j’accroche ma serviette et je sors. Lorsque j’arrive en haut des escaliers, je m’arrête en entendant la voix d’Erin. « TU COMPTAIS ME LE DIRE QUAND ? » Son visage trahit une douleur que je ne comprend pas. Ses yeux verts sont particulièrement brillants, et bon, son ton me prend par surprise, Je fige, l’observe en me demandant de quoi elle parle, alors qu’elle s’approche des escaliers. « Te… te dire quoi? » je balbutie, perdu. Je descends quelques marches, prudent, me demandant ce que j’ai bien pu faire, ce qui a pu provoquer une telle colère pendant que j’étais sous l’eau. Lui dire quoi, exactement? « Je te jure que si tu grimpe dans cet avion Addie tu peux faire un trait sur moi. Je ne déconne pas hein » Je fronce les sourcils alors que j’arrive à sa hauteur. Mais de quoi elle parle? Quel avion? Mon coeur se serre en réalisant ce qu’elle vient de me dire. Je… je pourrais faire un trait sur elle? Si je repars? Ses mots me font mal et je ne sais même pas de quoi elle parle. Je serre les poings, un mélange de colère et de panique surgissant sur mes traits. Si je partais, elle ne voudrait plus me revoir, me parler? Notre amitié serait juste terminée — pouf, comme ça? J’étouffe à penser que quelqu’un ou quelque chose pourrait me retenir à Brisbane. Et pourtant… pourtant, c’est Erin. Je ne peux pas me passer d’elle. Ma vie sans ma meilleure amie — même pas en visio, régulièrement — ne serait pas la même. Mon regard dérive sur le canapé, où elle était il y a un instant, et je pince les lèvres en constatant que mon ordinateur est ouvert. Ah. J’ai dû oublier de fermer mes onglets… Je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit pour me défendre que la blonde plante son index à de multiples reprises sur mon torse. « T’as pas le droit de te barrer comme ça et me laisser là. » Son poing tape sur mon torse. J’en oublie un instant qu’elle se trompe totalement, que je n’ai pas envie de partir pour l’instant. M’enfin, envie, oui, mais je ne le ferai pas. Pour elle, pour Maxence, pour Lyla et Rose, pour Link aussi. Les paysages exotiques des autres pays me tentent, oui, beaucoup même, mais j’aimerais pouvoir m’échapper un moment, comme j’ai fait en décembre dernier. Mais je ne peux pas partir en sachant tout ce que ma meilleure amie vit présentement. Et parce que, oui, moi aussi j’ai besoin d’elle. Comme ce soir. Mais j’oublie tout ça le temps d’un instant en accrochant peut-être un peu trop sur ses mots. Je déteste me faire dire ce dont j’ai le droit ou pas. Ça me pèse. C’est exactement pour ça que, lors de mon premier voyage, je ne l’ai dit à mes parents qu’une semaine avant mon départ. Je ne voulais pas qu’ils m’en empêchent — et ils auraient très bien pu. Et Erin sait très bien à quel point voyager est important pour moi… « Si, j’ai le droit », je dis plus sèchement que je ne l’aurais voulu, guidé par la colère. Pas que je veux la laisser là, au contraire… j’ai envie qu’on fasse le tour du monde ensemble. Mais elle ne peut pas, et ce n’est pas une question de finances. Enfin, un peu, mais je serais prêt à lui payer tout s’il le faut… mais son coeur est pris. Il ne m’est pas réservé. « J’ai personne qui me retient à Brisbane, j’ai totalement le droit de partir », je continue, les mots tranchants sortant de ma bouche avant que je n’aie pu y penser deux fois. C’est faux. Ils sont faux. Elle me retient à Brisbane. Et Max, et Leila, et Rose, et Link aussi. Mais je voulais dire amoureusement parlant… j’ai personne. Ambre m’a laissé. Erin aussi, il y a bien longtemps… Tessa… je ne l’aime plus comme ça. Je l’aime énormément, mais pas comme avant. Je suis célibataire. Et seul. Et je peux partir quand je veux. Techniquement…
Les émeraudes d’Erin se remplissent d’eau. Les larmes coulent, elle renifle, je m’en veux d’avoir dit ça. Elle franchit le peu de distance qu’il y avait entre nous pour enrouler ses bras à ma taille et pleurer, me serrer bien fort. « Emmène-moi avec toi … S’il te plaît. Je veux partir avec toi. » Mon coeur manque un battement, juste avant de se mettre à battre très, très vite. Elle veut partir avec moi? Mais… elle est en couple… elle est enceinte du gars, quoi. Je ne sais pas quoi faire de mes bras. De mes pensées, de mes émotions, Son visage vient se loger dans mon cou. C’est mouillé. La colère redescend un peu pour laisser sa place à la confusion, à la tristesse et à l’impuissance de la voir dans un tel état. Je referme finalement mes bras sur elle, la serrant très fort contre moi. « Ne m’abonne pas… », murmure-t-elle contre mon cou. « Erin… », je commence dans un souffle contre ses cheveux. « Erin, j’avais pas… j’avais pas l’intention de partir. » Je laisse glisser mes mains jusqu’à son visage. « Regarde-moi », je dis doucement en nous forçant à nous détacher un peu. Mes mains encadrant son visage, je la regarde droit dans les yeux. « Je… je voulais juste regarder. Par curiosité. » Pour me prouver que je peux toujours partir. Mais je ne peux pas. Pas maintenant. « C’est vraiment pas le moment… » j’ajoute d’une voix faible. « Je ne t’abandonnerai pas, Riri. Jamais. Manders un jour, Manders toujours — tu te rappelles? » Même si je repars en voyage… Je laisse aller un petit sourire sur mes lèvres. « Tu partirais vraiment avec moi? » je demande timidement.
Samedi 27 mars ->Sa tasse à la main, elle l’écoute attentivement en buvant chacun de ses mots. Adriel se confie à elle sans qu’elle n’ait à lui réclamer. Une relation de confiance, des années de confidences, les ont rendu plus proche que proche. Ils se disaient tout ou presque. Ce soir c’est lui qui vide son sac. Le sien peut bien attendre. C’est non sans mal qu’il explique ses querelles amoureuses. Son cœur saigne … encore. Indirectement, Erin se sent coupable de toute cette déchéance. Car elle aussi, elle a participé aux fêlures de son âme. C’est un homme brisé qui mérite d’être aimé à sa juste valeur. Pourquoi tant d’acharnement alors qu’il est si bon, si honnête… Elle baisse les yeux sur son chocolat un bref instant. Le temps de se dire qu’elle n’avait peut-être pas fait les bons choix à l’époque. Finalement elle lui confie que sa relation avec Tessa sera peut-être plus appréciée amicalement parlant plutôt que s’acharner à vouloir retisser un lien effiloché. « Je crois… oui. Mais elle ne veut plus me parler. » Elle se pince les lèvres avant de poser une main sur son épaule. Le visage légèrement penché sur lui, elle tente de le réconforter avec un bref sourire. « Laisse-lui le temps. Une rupture ce n’est jamais facile. » Il en sait quelque chose hélas. Mulligan à la tête sur les épaules. Ça lui passera. Au pire des cas, elle ira lui parler. Ça l’embêterait que les deux se fassent la gueule sur le long terme. Et il n’est pas question de choisir entre l’un ou l’autre. La balance penchera toujours un peu plus d’un côté… Vient le sujet Ambre. Son ex. L’autre blonde qui a fait chavirer le cœur du brun. Leur relation n’a duré qu’un an, mais ils semblaient vraiment épris l’un de l’autre. Elle n’a d’ailleurs pas trop comprit cette rupture brutale. A croire que personne n’était digne de lui. Erin s’interroge alors sur les envies d’Adriel au sujet de Lehmann. Attendez t-il un revirement de situation ? Un retour aux sources ? « Je… » Son regard se fixe dans le sien. Figée par ce je qui laisse présager beaucoup de choses. Ses yeux naviguent dans les siens. Un gauche droite qui laisse entrevoir une certaine crainte chez Sanders. « Je sais pas » Elle en déduit que oui … Pensive et pleine d’interrogation, Erin fuit son regard. Comme si elle n’acceptait pas l’évidence, là, sous ses yeux. Son regard se porte sur une photo d’eux. C’était à la fête des lumières. Ils avaient fait chacun un voeux en lâchant leurs lanternes. Le sien était toujours dans sa tête et il semblait rester purement imaginaire. Surréaliste. « N’est pas honte d’éprouver toujours quelque chose pour elle… » Elle se tourne vers lui pour poser ses émeraudes sur lui. « Laisse parler ton coeur. Lui seul à les réponses. A trop te poser de questions, tu le regrettera … » Souffle t-elle le coeur bien lourd. « C’est pas… c’est pas à cause d’Ambre que j’ai dit à Tessa que je… que… » Il tente de se justifier par tous les moyens. Il la regarde avec cet air coupable. Comme s'il avait des comptes à lui rendre. « C’est pas à cause d’Ambre. J’y pensais avant. » Elle tente de le faire déculpabiliser en lui adressant un sourire sincère. Un hochement de tête qui se traduisait par un : Je comprend. « T’as pas à te justifier Addie. Si tu pense que c’est la meilleure décision alors soit. » Tessa, Ambre, peut importe. Si y en a bien une qui restera sur l’échiquier c’est bien elle. Bien décider à ne pas céder sa place.
Adriel prétexte une douche pour s’isoler. Erin ne le retient pas. Elle aurait sûrement agit de la même manière. Ils ne sont pas si différents. « Oublie pas de faire comme chez toi, sers-toi si tu as besoin de quoi que ce soit » Un petit rire s’échappe de ses lèvres alors qu’elle le regarde affectueusement. « Je suis chez moi nan ? » Elle hausse les épaules. Ça sonne comme une évidence. Ce studio c’est presque ça résidence principale. Ce cocon dans lequel elle se sent bien avec lui. Sa brosse à dents n’a pas atterri là par hasard hein. Mayers lui offre une dernière étreinte en lui glissant un je t’aime un peu particulier. Du moins, il sonne étrange dans ses oreilles. Erin met un petit temps à répondre. Un peu troublée par ses mots. Son petit ventre papillonne. Le bébé ? A son tour elle lui glisse un : moi aussi. Car oui, elle l’aime. Elle l’a toujours aimé. C’est un secret pour personne. Si ? Il s’en va l’étage sous le regard bienveillant de sa meilleure amie. Erin profite de se laps de temps pour faire comme chez elle. C’est ce qui lui avait suggéré non ? Elle se saisit de son ordinateur portable pour surfer sur le net. Elle ouvre l’écran. Tape le mot de passe sans difficulté. Trop facile. Sourire aux lèvres, elle pense déjà très fort à ses emplettes. Des achats pour son cabinet ! Peut-être des fringues aussi. Une paire de chaussures ? Elle ne sait même pas par quoi commencer. Mais son enthousiasme retombe vite lorsqu’elle tombe sur un onglet non fermé. Une page qui va changer la donne. En effet, ça parle de voyage aux quatre coins du globe. Évidemment que ça l'a fait flipper. Elle craint toujours le voir partir et se languir inlassablement de son retour. Surtout en ce moment. Avec tout ce qui lui arrive, elle ressent le besoin de l’avoir à ses côtés. Égoïste peut-être. Mais pourtant si vrai. Alors quand il se pointe en haut des marches, elle fulmine. « Te… te dire quoi? » Qu’il bégaye sans rien comprendre à ses accusations. Elle continue de crier sa colère. Son angoisse se lit sur son visage. Difficilement, elle renifle ses larmes tout en apportant du poids à ses mots en venant lui taper le torse avec le poing. « Si, j’ai le droit » Le regard tout brillant, elle lève les yeux sur lui. Son cœur vient de recevoir un coup de poignard. Ça fait mal. Il était donc prêt à s’envoler. Sans elle… La bouche semi-ouverte, elle recule en le fixant droit dans les yeux. « J’ai personne qui me retient à Brisbane, j’ai totalement le droit de partir » « Personne ? Vraiment ? » Elle ressentait le besoin de reprendre ses mots pour réaliser. La sensation désagréable de ne pas être "aussi" importante à ses yeux. Dans un dernier cri de désespoir, elle le supplie de ne pas l’abandonner. Quitte à mettre les voiles avec lui. Ça n’a pas de sens. Pourtant elle le dit explicitement. « Erin… » Incapable de répondre, elle continue d’éponger ses larmes dans son cou. « Erin, j’avais pas… j’avais pas l’intention de partir. » Ça la rassure mais pourtant la douleur est toujours présente. Il venait de dire que personne le retenait à Brisbane et ça résonne dans sa tête comme un vieux refrain qu’on se passerait bien. « Regarde-moi » Elle ne relève cependant pas la tête. Mais il la force en encadrant son visage avec ses mains. Le vert de ses yeux et rougit par une profonde tristesse. Elle peine à le voir sans troubles tellement ses yeux sont submergés par les larmes. « Je… je voulais juste regarder. Par curiosité. » Par curiosité ouais. Pfff… Elle sait pertinemment qu’il a ça dans le sang. Un jour ou l’autre elle retrouvera l’appartement vide. Pas de Peter Quill, par de Rocket, pas de Mayers. Juste des meubles qui prennent la poussière. « C’est vraiment pas le moment… » De suite elle pense à lundi. Son palpitant s’emballe. Le bébé … Une vague de larme vient la noyer un peu plus. Son bébé … « Je ne t’abandonnerai pas, Riri. Jamais. Manders un jour, Manders toujours — tu te rappelles? » « Je…j… sais » Quelle peine à articuler avec ses hoquets. « Tu partirais vraiment avec moi? » Un silence s’installe. Seuls ses reniflements restent audibles dans la pièce. Contrairement à lui, quelque chose la retient ici. Erin ne sait plus trop où se trouve sa place. Ici ou bien à Bayside dans cette maison avec lui ? Le choix est impossible. Son coeur se déchire en deux puis s’émiettent en fines particules en pensant à cette IVG qui la pèse plus qu’elle ne le laisse croire. Plus les jours passent, plus elle a l’impression que jamais elle ne se le pardonnera. « J’aimerai oui. Si je pouvais tout plaquer et me barrer avant lundi. Je le ferais. Mais c’est pas possible … » Elle échapperait à l’IVG. Elle élèverait cet enfant seul en lui offrant doublement d’amour. Ils auraient un petit chalet perché sur le haut d’une colline avec un cheval qui brouterait la plaine. Burton garderait la maison. Ha c’est beau de rêver. La triste réalité est là. Dans moins de quarante-heures son petit coeur cessera de battre. On lui demandera de garder la tête haute. C’est rien Riri … t'auras un autre bébé plus tard … peut-être même deux ou trois. Mais ça ne sera jamais Gabriel … non. Tous les bébés du monde ne remplaceront jamais son petit ange. Jamais. « Je dois y aller. Je pense que c’est mieux pour ce soir » Demain… après demain. Erin n’en sait rien. Mais elle a besoin de s’éloigner pour mieux revenir. Hors de question qui la retienne. Elle sent qu’elle pourrait le regretter. « On se voit plus tard » Sur. Impossible de faire une croix sur lui. Elle récupère sa veste et commence à se diriger vers la porte en essayant de retenir ses larmes. Pleure pas, c’est pas le moment. D’un pas rapide elle se dirige vers la porte et la verrouille derrière elle, grâce à sa clé pour gagner un peu d’avance sur lui. Sa main sur la poignée elle souffle « désolée… » Rapidement elle descend les marches en pleurant pour rejoindre sa Volkswagen. Elle n’est pas en état conduire, qu’importe, le besoin de prendre un peu de distance est trop grand. Ce n’est pas la route de Bayside mais de Logan qu’elle emprunte. Lorsqu’elle arrive au niveau de la plage, elle marche jusqu’a la mer pour s’assoir dans le sable. Les yeux rivés sur l’océan, elle pose son menton sur ses genoux. Ses jambes contre son ventre, elle tente de protéger son enfant aussi longtemps qu’elle le peut. Le clapotis des vagues vient la bercer. Une solitude pesante, mais elle voulait s’accorder un moment avec ce petit être qui l’habite depuis quelques mois. Son regard se lève sur le ciel particulièrement étoilé ce soir. Elle fredonne une chanson, un au revoir … Parce que chanter a toujours était libérateur pour Erin.
You're just a small bump unborn, in three months you're brought to life, Tu es juste une petite bosse pas née, en trois mois tu as pris vie,
You might be left with my hair, but you'll have your mother's eyes, Tu pourrais avoir mes cheveux, mais tu auras les yeux de ta mère,
I'll hold your body in my hands, be as gentle as I can, but for now your scan of my unmade plans, Je tiendrais ton corps dans mes mains, serai aussi doux que je le peux, mais pour l'instant tu es l'echographie de mes projets irréalisés,
A small bump in three months, you're brought to life Une petite bosse en trois mois, tu as pris vie I'll whisper quietly, I'll give you nothing but truth, Je chuchoterai doucement, je ne te donnerai rien que la vérité, If you're not inside me, I'll put my future in you Si tu n'es pas en moi, je mettrai mon futur en toi
You are my one and only. Tu es mon seul et unique You can wrap your fingers round my thumb and hold me tight. Tu peux enrouler tes doigts autour de mon pouce et serrer fort Oh, you are my one and only. Oh, tu es mon seul et unique You can wrap your fingers round my thumb and hold me tight. Tu peux enrouler tes doigts autour de mon pouce et serrer fort And you'll be alright. Et tu seras bien
You're just a small bump unknown, you'll grow into your skin. Tu es une petite bosse inconnue, tu grandiras dans ta peau With a smile like hers and a dimple beneath your chin. Avec un sourire comme le sien et une fossette sur ton menton Finger nails the size of a half grain of rice, Des ongles de la taille d'un demi grain de riz And eyelids closed to be soon opened wide Et des paupières closes qui seront bientôt grandes ouvertes A small bump, in three four you'll open your eyes. Une petite bosse, dans quatre mois tu ouvriras les yeux
And I'll hold you tightly, I'll give you nothing but truth, Et je te tiendrais fermement, je ne te donnerai rien que la vérité, If you're not inside me, I'll put my future in you Si tu n'es pas en moi, je mettrai mon futur en toi You are my one and only Tu es mon seul et unique You can wrap your fingers round my thumb and hold me tight. Tu peux enrouler tes doigts autour de mon pouce et serrer fort Oh, you are my one and only. Oh, tu es mon seul et unique You can wrap your fingers round my thumb and hold me tight. Tu peux enrouler tes doigts autour de mon pouce et serrer fort And you'll be alright. Et tu seras bien You can lie with me, Tu peux t'allonger avec moi, With your tiny feet Avec tes pieds minuscules When you're half asleep, Quand tu es à moitié endormi, I'll leave you be. Je te laisserai Right in front of me Juste devant moi For a couple weeks Pour quelques semaines So I can keep you safe. Afin que je puisse te garder en sécurité. You are my one and only. Tu es mon seul et unique You can wrap your fingers round my thumb and hold me tight. Tu peux enrouler tes doigts autour de mon pouce et serrer fort Oh, you are my one and only. Oh, tu es mon seul et unique You can wrap your fingers round my thumb and hold me tight. Tu peux enrouler tes doigts autour de mon pouce et serrer fort And you'll be alright. Et tu seras bien You were just a small bump unborn for three months then torn from life. Tu étais juste une petite bosse pas née trois mois seulement puis arraché à la vie. Maybe you were needed up there but we're still unaware as why. Peut-être avait-on besoin de toi là haut mais nous ne saurons jamais pourquoi.
Elle ravale. Ses yeux se ferment pour laisser échapper une unième larme. Elle se persuade que c’est mieux comme ça … Pour eux … leur couple sera plus solide hein ? Ce qui nous tue pas nous rend plus fort ? Elle a pourtant l’impression que lundi sa vie ne sera plus qu’une vaste blague … D’un revers de bras, elle sèche ses larmes. Finalement elle l’avait vidé son sac. Mais seule. Sanders remonte la plage et reprend le volant sa petite auto. Cette fois c’est pour rejoindre Nel. Le papa … Après une bonne demi-heure de route, la Volkswagen s’engage dans l’allée de la maisonnette. Burton vient aussitôt à sa rencontre. Erin tente d’être la plus discrète possible. Tout semble être en sommeil ici. Elle fait un détour vers la salle de bain. Son visage est tout défait … Avec un coton entreprends de se démaquiller. Nue face au miroir, elle prend le temps d’observer son ventre en passant délicatement sa main dessus. Un mince sourire tente de dessiner sur ses lèvres. En vain. Elle se glisse dans une nuisette de soie, puis rejoint Nel dans la chambre. Doucement son corps se faufile dans le creux de ses bras. Il dormait à point fermer. Mais l’odeur de son parfum, certainement, l’éveille. Elle se retourne légèrement pour déposer ses lèvres sur les siennes. Puis elle tente de trouver le sommeil, blottit contre lui.
We blocked the noise with the sound of, "I need you". Les confidences sortent l’une après l’autre. Je n’entre pas dans les détails, mais c’est bien parce que je ne les connais pas vraiment. Je les cherche toujours, d’ailleurs. Je sais juste que j’ai l’impression qu’il y a un gros noeud qui pèse sur mon coeur et je ne sais pas comment le défaire. Erin m’écoute sans jugement du tout, elle m’écoute avec attention et, déjà, de lui avouer tout ça tout haut, ça me fait du bien. Je la vois baisser les yeux sur sa tasse et je ne peux m’empêcher de me demander si elle m’en veut d’avoir “laissé” Tessa; parce que Mulligan est son amie, qu’Erin sait sans doute que je l’ai blessée, encore. Mais ma meilleure amie semble approuver mon choix — du moins, aller dans le même sens que moi. Comment ai-je pu croire qu’elle ferait autre chose que de m’appuyer dans mes décisions? Peut-être parce que j’avais peur d’avoir fait quelque chose de mal… C’est toujours le cas par contre. Elle a toujours été là pour moi, pour me supporter. Je lui avoue que oui, je crois que cette tournure amicale de ma relation avec Tess est une bonne option, mais elle ne veut plus me parler. Et une part de moi a peur que ça reste ainsi pour toujours; une part de moi a peur de perdre mon best bro pour avoir encore blessé sa soeur jumelle. Erin se pince les lèvres et pose une main sur mon épaule. « Laisse-lui le temps. Une rupture ce n’est jamais facile. » Je hoche la tête doucement. Elle a raison, je le sais. J’espère que Tessa reviendra vers moi, qu’on pourra continuer à être de bons amis. Comme on est depuis le début, dans le fond. Le temps. J’espère que ça ne sera pas trop long. Je peux imaginer ce qu’elle ressent, vu sa réaction. Je peux imaginer ce qu’elle ressent parce que j’ai déjà été dans sa position. Et oui, le temps aide. Le chocolat aussi.
On en vient à parler d’Ambre. Je ne sais pas pourquoi je ressens le besoin de lui préciser qu’on a pas été intimes, Lehmann et moi. Proches, complices, mais toujours habillés. Erin me demande alors si je ressens toujours des trucs pour elle. Je fige, me repassant ce moment que nous avons passé ensemble dans sa petite maison de Bayside. L’envie de l’embrasser était bel et bien là, mais était-ce le fantôme de ce que nous étions avant, ou un désir de reprendre les choses là où elles étaient? Je ne saurais dire. Alors je réponds que je ne sais pas après une certaine hésitation, alors que les émeraudes d’Erin fixent mes yeux à moi. Elle attend patiemment, que je tranche, peut-être. Puis, son regard fuit le mien. J’aimerais savoir ce qu’elle pense. Pourtant, elle aime bien Ambre, non? Peut-être qu’elles ont parlé quand Lehmann est allée chercher Akela… peut-être qu’Erin sait des choses que je ne sais pas. Un c’est totalement fini entre nous, peut-être, qui pousserait ma meilleure amie à détourner le regard. « N’est pas honte d’éprouver toujours quelque chose pour elle… » Ou peut-être pas… « J’ai… pas honte », je souffle immédiatement sans trop réfléchir. Elle repose enfin ses yeux dans les miens. « Laisse parler ton coeur. Lui seul à les réponses. A trop te poser de questions, tu le regrettera … » Je me mords la lèvre, ne sachant trop quoi répondre aux sages paroles de ma meilleure amie. Enfin… « Je ne sais juste pas, Riri », je murmure, à peine audible. Suivre mon coeur ne m’a pas particulièrement aidé, dans le passé, je crois. Et même si, admettons, je suivais mon coeur et qu’il me menait à Ambre; ça ne voudrait pas dire qu’elle voudrait m’offrir le sien. Je tiens quand même à lui faire comprendre que ce n’est pas à cause de mon ex que j’ai arrêté la montagne russe avec Tessa. Mon souffle se relâche en voyant le petit sourire sur les lèvres de Sanders. Elle me comprend. Je n’ai pas besoin de lui expliquer pendant dix minutes, elle sait exactement ce que je veux dire. Je le sens. « T’as pas à te justifier Addie. Si tu pense que c’est la meilleure décision alors soit. » Prenant une grande inspiration, soulagé, je hoche faiblement la tête. Soulagé de l’avoir toujours à mes côtés, elle, peu importe ce que je déciderai.
La douche m’attend, l’envie est forte. Je rappelle à la blonde qu’elle ne doit pas oublier de faire comme chez elle. « Je suis chez moi nan ? » répond-elle dans un petit rire. Ça m’arrache un sourire. « C’est exact », je réponds. Ça me fait sentir beaucoup moins seul de partager ma casa avec ceux que j’aime. Ce n’est pas pour rien que je lui ai donné la clé. J’aime qu’elle fasse exactement comme chez elle, qu’elle laisse certains de ses trucs ici et qu’elle sache où sont les trucs. Ça fait un moment qu’elle n’a pas dormi ici et ça me manque, si je suis bien honnête. Commencer ma journée directement avec elle à mes côtés. Après une étreinte et un je t’aime qui m’échappe, je monte à l’étage et saute dans la douche. L’eau chaude me soulage d’un poids sur les épaules, tout comme les paroles réconfortantes de ma meilleure amie. Bien séché, mes survêtements enfilés, je m’apprête à rejoindre Erin dans le salon quand elle me surprend avec des accusations qui me semblent sortir de nulle part et que je ne comprends pas. Je bégaie des explications en descendant doucement les marches, avec beaucoup de prudence, ne sachant à quoi m’attendre. Son poing frappe mon torse et je bug sur ses mots, même si au-travers de ça je réalise pourquoi elle est en colère contre moi. Mais elle me dit que je n’ai pas le droit et je déteste qu’on me dise quoi faire. Surtout quand on parle de… ma liberté de voyager, de faire ce que je veux de ma vie. J’en oublie que je ne compte pas réellement partir pour l’instant, justement parce qu’elle a besoin de moi. Que j’ai besoin d’elle. Que je suis bien, ici. Je détecte la douleur dans son regard à mes mots, quand mon ton se fait un peu plus sec, quand je fais le contraire de ce que je devrais faire en ce moment: la rassurer. Je continue quand même, malgré moi, et mes mots se font un peu plus tranchants avant même que je ne puisse les peser. « Personne ? Vraiment ? » Mon coeur s’arrête, pour repartir, au ralenti. Je bug. Solide. Parce que c’est juste mal sorti. C’est pas ce que je voulais dire. Mais le mal est fait. « Je — hum — je… » Je ne trouve pas les mots. Erin me supplie de ne pas l’abandonner, elle déclare même qu’elle veut que je l’amène avec moi. C’est alors que je réalise à quel point un nouveau départ l’affecterait. Il y a quelques années, quand j’ai annoncé que je partais faire le tour du monde, elle m’a encouragé. Elle savait que c’était un de mes rêves les plus chers — non, LE rêve le plus cher. Mais là… là, c’est différent. Elle est en larmes à cause de moi. Ou plutôt parce que ces onglets ouverts sur mon ordi l’ont convaincue que je voulais m’en aller. Ou plutôt que j’allais le faire, parce que bon, ce n’est pas l’envie qui manque… Réalisant tout ça, je me calme aussitôt. Je veux la faire sentir mieux, après mes paroles tranchantes, après qu’elle ait découvert la possibilité de billets d’avion. Je déteste la voir dans un tel état. Doucement, je dis son prénom une première fois, pour qu’elle porte son attention sur moi, qu’elle voit à mon ton que je veux tenter d’arranger les choses. Mon chandail va être tout mouillé, elle continue de pleurer… Avec un peu d’hésitation, je passe une main dans son dos. La vérité sort enfin; je n’avais pas l’intention de partir. Ses sanglots se calment, pour m’écouter sans doute, mais je ne peux pas me contenter de ça. Va falloir que tu fasses mieux pour te rattraper sur ce que tu lui as dit, Mayers. Je lui demande d’une voix douce de me regarder. J’ai besoin de poursuivre mes explications en plongeant mon regard dans le sien. Je veux qu’elle voit dans mes yeux que je tiens à elle, qu’elle est réellement une des personnes les plus importantes de ma vie… que j’ai besoin d’elle. Sauf que son visage reste dans mon cou, ses restants de sanglots me brisant le coeur. Alors je glisse mes mains jusqu’à ses joues pour qu’elle relève le regard dans le mien. J’ai besoin de ça pour sentir que je ne la perds pas. J’ajoute que je voulais seulement regarder par curiosité. Chose que je ne dis pas, mais je voulais seulement me prouver que je pouvais partir. Rêver de destinations exotiques me fait du bien. Et puis… c’est pas le moment. Je ne pourrais plus me regarder dans le miroir si je partais en laissant ma meilleure amie traverser des moments aussi difficiles à Brisbane. C’est elle qui a trouvé ce nom de famille réinventé qui réunit les deux nôtres et je ne me gêne pas à l’utiliser contre elle. Ou plutôt pour elle. Pour lui prouver que je tiens à nous deux, à elle, que je ne la laisserai pas tomber. Manders un jour, Manders toujours, non? Je ne l’abandonnerai pas. « Je…j… sais » Je passe un pouce sur sa joue pour essuyer une larme qui semble s’échapper du lot. Mais son visage est tout mouillé.
Lorsque je lui demande si elle partirait vraiment avec moi, comme elle l’a laissé sous-entendre, Erin ne répond pas tout suite. Je me mords la lèvre, regrettant d’avoir posé cette question. Non, bien sûr que non… elle a quelqu’un dans sa vie. Ils ont un bébé ensemble. Même s’ils ne l’auront plus à partir de lundi… Je sais que c’est exactement ce à quoi elle pense à voir l’expression sur son visage et ce qu’elle dit ensuite. « J’aimerai oui. Si je pouvais tout plaquer et me barrer avant lundi. Je le ferais. Mais c’est pas possible … » Mon coeur se serre. Un élan de colère me prend en pensant qu’elle s’apprête peut-être à faire quelque chose qu’elle ne veut pas faire au final. Parce qu’elle mentionne vouloir ne pas être lundi, vouloir s’en aller avant même que ce jour n’arrive. Ou peut-être que ça serait pour prétendre qu’elle n’est pas enceinte du tout. Mais dans tous les cas, elle n’est pas bien. Et j’aimerais tellement l’emmener en voyage, n’importe où, un endroit soigneusement choisir pour elle, pour qu’elle puisse s’évader et se changer les idées. Oublier tout ça. Mais je me tais, parce que je sais ce qu’elle va me répondre; qu’elle ne veut pas imposer ça à Nel. Et je peux comprendre. Mais j’ai peur qu’elle regrette sa décision.
Erin se détache soudainement, s’éloigne de quelques pas. Assez pour que je ne puisse pas la retenir. « Je dois y aller. Je pense que c’est mieux pour ce soir » « Quoi? » Je n’arrive pas à réaliser qu’elle veut s’en aller. Elle m’échappe, elle s’éloigne, et j’ai juste envie de la supplier de rester. Je n’ai pas envie qu’elle parte de son côté sans qu’on ait réglé ça, entre nous. Je ne veux pas qu’elle parte tout court, qu’elle conduise dans l’état qu’elle est. « On se voit plus tard » « Erin… non… reste… S’il te plaît. Je… » Je m’excuse. Je suis désolé. Pardonne-moi. Je tends le bras et mes doigts frôlent le sien. Mais elle s’éloigne déjà, elle empoigne sa veste et se dirige rapidement vers la porte d’entrée. Lorsque j’arrive enfin à bouger, elle est déjà sortie et l’a refermée derrière elle. Je cours pour l’attendre, essaie de l’ouvrir, mais elle l’a verrouillée. Mes yeux se remplissent d’eau, je peine à croire ce qui est en train d’arriver. J’ai mal au ventre. Ma respiration se fait plus courte. J’ai envie de me réveiller et de me rendre compte que ce n’était qu’un cauchemar. J’ai envie de déverrouiller la porte, de courir jusqu’à Erin pour la supplier de nouveau de rester. Mais je sais que ça ne servira à rien. Elle a besoin d’être seule. Et même si l’idée de la perdre me fait paniquer, je dois la respecter de vouloir prendre ses distances. J’accours alors à la fenêtre qui donne sur le stationnement et je la vois grimper dans sa voiture. Je ne vois pas son visage, mais ses épaules sont secouées de sanglots. Une main sur la vitre glacée, je reste ainsi même une fois qu’elle et Choupette sont parties. Mon rythme cardiaque s’accélère en pensant qu’elle ne pourrait pas être en état de conduire, que ses larmes pourraient l’empêcher de voir une lumière rouge ou lui faire oublier un stop. Relax, Adriel. Relax. Je me laisse tomber sur le plancher, sors mon cellulaire de ma poche alors qu’une larme s’évade sur ma joue. Je la balaie et envoie un texto à ma meilleure amie. « Je m’excuse, Riri. Pour tout. Je voulais pas dire ça… S’il te plaît… sois prudente. Texte-moi quand tu es rentrée, d’accord? » Envoyé. J’attends. De longues minutes. Ou du moins, ce qui me paraît comme de longues minutes. N’en pouvant plus, je jette mon téléphone plus loin sans trop regarder où et j’enfouie mon visage dans mes mains. D’autres longues minutes passent. Je me lève pour aller récupérer mon téléphone et vérifier si Erin est bien rentrée. L’écran est craqué. J’men fous. Erin ne m’a pas répondu. Je me mets à imaginer les pires scénarios du monde, scénarios dans lesquels… non. « Erin, je comprends si tu as besoin de temps. Mais peux-tu juste me confirmer que tu es bien rentrée? T’as pas besoin de me répondre grand chose. Juste un émoji, une lettre, un chiffre. » J’aurais dû aller la reconduire, ou demander à quelqu’un qu’il vienne la chercher. Link, peut-être. Byron, son chauffeur. Ou même Elias, ou même Nel. (Je n’ai pas leurs numéros.) Je m’allonge sur le canapé et je fixe le plafond, mon téléphone contre mon torse en attendant qu’il vibre. Peter Quill vient se blottir contre ma tête et j’enfouis mon visage contre son pelage. Épuisé, je finis par m’endormir ainsi.