| | | (#)Mar 23 Mar 2021 - 12:47 | |
| J’avais bien fait de garder les clés de l’appartement, comme si finalement, ça devait arriver. Ca faisait déjà quatre jour que je piquais les fringues de Jane pour aller travailler parce que je n’avais pas envie de passer chez Greg. Oui, du coup, j’avais bien compris que j’étais pas chez moi la bas, j’avais bien compris que je n’y étais pas à ma place et que forcément, si ça va pas, c’est à moi de partir. Pour aller où du coup ? Parce qu’heureusement que j’ai des amis, de la famille et si j’étais toute seule ? J’aurai sans doute du faire comme il me l’avait généreusement conseillé : aller chez Leslie. Et sincèrement, j’étais à deux doigts de répondre favorablement à son souhait. Est-ce que quelqu’un sur cette terre serait capable de me dire pourquoi j’étais aussi accrochée à ce mec ? Est-ce que quelqu’un pouvait m’expliquer ce que je pouvais lui trouver ? Il représente un tas de choses qui m’agace, qui me met hors de moi. Le premier pressentiment est toujours le bon ? Ou plutôt le deuxième ? A croire que notre relation était conditionnée à être un ascenseur émotionnel depuis l’instant même où on s’était rencontrés. Ça avait commencé comme ça : un pseudo coup de foudre qui avait rapidement été une douche froide pour repartir de plus belle dans les hauteurs, prêt à toucher les nuages pour redescendre aussi vite et ainsi de suite. Les montagnes russes, sauf qu’à force, c’était l’overdose, les nausées et l’envie de vomir. Et au bout d’un moment, il faut savoir dire stop. C’est fini tout ça, pas pour moi ces histoires d’adolescents. Je m’étais promis, après Andy, de plus me prendre la tête comme ça, de plus m’accrocher alors que je savais que c’était perdu d’avance. Alors, au lieu de tourner en rond dans mon ancien appartement et d’aller piquer des affaires à Jane, il était temps d’aller reprendre mes affaires et de laisser la clé du loft de Greg derrière moi. De toutes façons, depuis notre dernière altercation, j’avais eu plus de nouvelles de Leslie que de lui. Pas un mot, rien – et j’avais décidé de me terrer dans un silence également. La stratégie pour ne pas croiser Greg était d’y aller entre midi et deux, sur une pause déjeuner en étant sûre qu’il ne serait pas chez lui. J’allais commencer par prendre au moins mes fringues et remplir de cabas tout ce que je pouvais déjà prendre à bout de bras. Le reste – la fameuse coiffeuse par exemple – je m’en occuperai plus tard. Doowap m’avait fait la fête à peine un pied à l’intérieur et me voilà déjà avec le cœur serré, les larmes aux yeux parce qu’il allait aussi me manquer cette boule de poils. C’était silencieux et sombre, comme si les volets et les rideaux n’avaient pas été ouverts depuis des semaines. Rien n’avait vraiment bougé depuis l’autre jour, comme si le temps s’était juste arrêté. J’en étais déjà à quatre sacs bien remplis et un aller-retour dans ma voiture. Il ne me restait plus que quelques affaires à récupérer et j’en aurai terminé. Et c’est quand je m’apprête à faire le dernier voyage dans l’ascenseur que Doowap semblait comprendre ce qu’il se passer. Le voilà qui se met presque à travers mon chemin alors que j’y vois pas grand-chose avec mes trois sacs dans les bras, tenant en équilibre contre ma poitrine, il me saute dessus et se met à pleurer. Manquant de me faire perdre pied, je me rattrape contre le mur de l’entrée et un sac me tombe des bras, s’écrasant par terre. Sans le voir venir, je m’effondre, tout en ramassant tant bien que mal ces vêtements au sol et le museau mouillé de Doowap qui se colle à ma joue. « Laisse-moi. » je le repousse pourtant pas physiquement et il me saute dessus, me forçant à m’assoir par terre pour profiter de ce câlin d’adieu.
@Gregory Morton |
| | | | (#)Mer 31 Mar 2021 - 12:48 | |
| Je remonte les marches sans grande conviction, trois paquets de clopes - fraîchement achetés au tabac d'en bas - dans la poche. Ça fera bien l'affaire jusqu'à demain. Oui parce que monsieur ne se nourrit que de cigarettes depuis 4 jours. De cigarettes et du seul saucisson qui reste du dernier apéro avec Amos. J'ai encore quelques heures avant de sortir faire un gros footing avec Dowwap, tout juste le temps de surfer sur le net (mais quelle expression de vieux boomer, oh mon dieu) et de finir la dernière saison de Game of thrones (t'as jamais été aussi rapide pour regarder une série que pendant ces 4 jours où t'es pas allé au boulot). J'arrive devant ma porte, ouverte. Noa ? Évidemment que c'est la possibilité que Noa soit rentrée qui te passe par la tête en premier, tu envisages même pas l'idée qu'un voleur ait pu venir te dérober. T'as tellement envie qu'elle revienne que t'espères depuis 4 jours qu'elle pointe le bout de son nez. T'as dit à tes collègues que t'avais la gastro alors que t'as juste aucune envie de retourner au boulot et que tu guettes l'apparition de Noa avec précaution. T'as fini par te résigner en te disant qu'elle avait peut-être besoin de temps au bout de 2 jours, puis le troisième jour est passé, et ton ego t'a empêché de lui envoyer un message. C'est con, elle risque vraiment de te filer entre les doigts pour une histoire de gosses. Putain Greg, réveilles-toi bordel, t'as plus 15 ans. J'entends Doowap qui s'agite un peu derrière la porte, et il finit par sortir pour m'accueillir. Je lui offre une tape distraite sur la tête, et m'empresse de franchir le pas de ma porte. Noa est au sol, des affaires complètement éparpillées autour d'elles, la mine déconfite et les yeux rouges. Pourquoi est-ce qu'il y a autant de sacs autour d'elle ? Pourquoi j'ai l'impression qu'elle vient récupérer ses affaires pour partir ? Pourquoi elle m'a rien dit ? Alors c'est fini ? C'est vraiment fini ? Eh oui Morton, tu peux pas t'attendre à ce qu'elle te pardonne à chaque fois. Surtout que t'en as fait des conneries depuis le début, et t'as plutôt l'air de te dire qu'elle est acquise, Noa, qu'elle finira toujours par retomber dans tes bras. Quand est-ce que tu vas comprendre qu'elle ne te doit rien ? Qu'elle mérite tellement mieux que ce que tu lui offres actuellement ? "Noa ?" T'avais pas prévu de la revoir comme ça, hein Greg, toi tu t'étais dit qu'elle allait revenir pour s'excuser, ou au moins pour te confronter. Mais jamais t'aurais imaginé qu'elle puisse partir sans un mot, qu'elle puisse te larguer sans jamais te reparler. "Qu'est-ce que tu fais ?" Elle se casse imbécile, essaie de rattraper tes conneries au lieu de poser des questions dont les réponses sont évidentes. Doowap me donne un coup de museau pour recevoir une caresse, mais face à mon immobilité, il se dirige à nouveau vers la brune pour s'appuyer de tout son corps sur elle. Il a beau être un chien, il a compris plus vite que toi quand même. "Tu me quittes ?" que je parviens finalement à demander, même si la question m'arrache la langue. Putain, ça pue. Ca pue très fort. S'il te plaît Noa, ne me laisse pas. |
| | | | (#)Ven 2 Avr 2021 - 17:58 | |
| Doowap se barre alors qu’il vient juste de me faire tomber et de me donner une lechouille sur tout le latéral droit de mon visage. Il sort de l’appartement, comme s’il avait flairé quelques chose et j’étais loin d’imaginer que c’était son maitre qui se pointait déjà. Mais bordel, c’est pas possible ? J’peux pas juste venir, prendre mes affaires et me barrer sans qu’il soit là ? Est-ce qu’il allait compliquer la tâche ou est-ce qu’il allait m’aider à ramasser mes fringues et les descendre lui-même à la voiture ? Ou est-ce que pire, il allait me virer aussitôt qu’il me verrait ? "Noa ?" Mon cœur explose alors qu’il a juste prononcé mon prénom. Mon cœur explose alors que j’le vois pas encore totalement. Mon cœur explose parce que j’m’attendais pas à le voir. Mon cœur explose tout court. J’relève les yeux, toujours le cul par terre. Il serait peut-être temps de me relever, histoire de pas être plus misérable que je le suis déjà. Faut que j’sois forte. J’ai qu’à ramasser tout ça, c’que j’suis en train de faire d’ailleurs et j’y vais, tête baisser ou tête haute ? … tête haute ! "Qu'est-ce que tu fais ?" je ramasse des fleurs Greg. J’ai même pas la foi de lui répondre, sincèrement. J’ai pas la foi de l’affronter maintenant. Doowap vient me percuter, comme s’il voulait que j’dise quelques chose, comme s’il voulait que j’lâche tout et que j’range mes affaires là où j’les ai prise, que j’revienne en arrière. Mais revenir où ? J’ai pas confiance en lui. J’ai plus confiance en lui et je suis même pas certaine d’avoir eu un confiance en lui un jour, alors pourquoi ? Greg est le petit ami que j’aurai toujours aimé avoir, celui que j’ai toujours voulu avoir. Il est parfait au quotidien, dans ses petites attentions, même quand il est ronchon, il reste l’homme avec qui j’ai envie d’être. Mais y a ces moments qui m’font douter plus que jamais. Ces moments où il blesse, où il appuie là où ça fait mal, avec cette impression d’y prendre du plaisir. Pour ça, j’peux plus. Je sais toujours pas ce qu’il a à me cacher, je sais toujours pas ce qu’ils ont a me cacher. Leslie me l’a dit, droit dans les yeux, ils ne couchent pas ensemble et parce que c’est elle, j’y crois et lui ? Lui, pourquoi il a pas été capable de me répondre non plus ? Pourquoi il se braque ? Pourquoi il a toujours l’impression d’être un agneau pris au piège dès que je le confronte ? Pourquoi il donne cette impression de toujours être coupable ? J’ai pas eu le temps d’expliquer comment j’étais tombée sur ces messages que j’étais la fautive. S’il n’avait rien à se reprocher, pourquoi ne pas juste me donner une explication ? Je reconnaissais mes tords, le confronter devant Leslie n’était pas la meilleure chose, si encore, il me l’avait reprocher en tant que tel, j’aurai compris, je culpabilisais déjà avant qu’il n’arrive, mais ce n’est pas ça qu’il m’a reproché. C’est de fouiner dans son téléphone, de fouiner dans sa vie. Je n’en faisans donc pas partie ? De sa vie ? "Tu me quittes ?" et merde, trois mots et je chiale à nouveau. L’ensemble de mes fringues sont enfin tassés dans ces sacs et plus rien ne traine par terre. « Oui. » que je lâche enfin. Je relève les yeux, puis, j’me reprends. « C’est pas moi qui te quitte Greg. » j’fais un pas en avant, il est dans la porte, sa carrure m’empêche de passer. « Tu m’as invité à plus venir chez toi. J’ai plus rien à faire ici… » alors laisse moi passer cette porte. « J’ai laissé les clés sur la table. »
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| | | | (#)Ven 2 Avr 2021 - 20:10 | |
| Elle s’empresse de ramasser ses affaires sans même me lancer un regard, sans même me répondre. C’était donc bien voulu, le fait qu’elle vienne entre midi et deux, qu’elle ait choisi cet horaire en sachant pertinemment qu’habituellement, je ne suis pas chez moi : elle ne voulait pas me parler, pas me voir, ne plus avoir à faire à moi. Ma gorge se serre quand je prends conscience que je suis vraiment en train de la perdre, et c’est dur de retenir ma colère et ma tristesse dans ma voix quand je lui demande si elle me largue. Je ne vois pas son faciès, elle s’enroule davantage sur elle-même alors qu’elle n’a même plus de fringues à ramasser au sol. J’attends sa réponse alors que je pense la connaître « Oui. » Putain. Sa tête se relève vers moi, et je vois alors ses yeux rougis par les larmes. Pourquoi, Noa ? Pourquoi tu me quittes ? Sérieusement Greg ? T’as pas une idée de la réponse ? Tu penses pas que t’as agi comme un immense connard la dernière fois ? C’était une demande de sa part, une demande d’honnêteté. Elle cherchait à être rassurée et t’as juste enfoncé le couteau un peu plus loin, tu l’as descendue au plus bas en cherchant à te protéger, tout ça parce que ton égo en avait pris un coup. C’est toujours une question d’ego avec toi ducon. T’avais réussi à le mettre un peu de côté avec Noa, mais c’est évident que t’es toujours guidé par ta fierté et la peur de te vautrer. Spoil alert : tu te vautres tout seul, et t’emportes toujours des gens avec toi. Ma gorge est serrée, mon ventre noué. Elle me quitte alors ? Pour de bon ? « C’est pas moi qui te quitte Greg. » Quoi ? Pourquoi elle vient chercher toutes ses affaires sans même daigner me parler dans ce cas ? Pourquoi est-ce qu’elle choisit l’option de fuite ? Il me semble ne pas lui avoir dit vouloir rompre pourtant. « Tu m’as invité à plus venir chez toi. J’ai plus rien à faire ici… J’ai laissé les clés sur la table. » Parce que pour elle, c’était donc une rupture officielle, ça ? Donc pour elle, ni elle ni moi ne méritons d’explications ? Donc pour elle, c’est fini fini ? Ma lèvre inférieure se met à trembler mais je l’empêche de trahir ma tristesse en resserrant davantage la mâchoire. Noa est debout, face à moi, elle cherche visiblement à passer la porte malgré les coups de museau incessants de Doowap. Je suis censé faire quoi ? La laisser partir ? Ne pas la confronter ? Tu te rends bien compte que si tu t’écartes, il n’y aura rien à faire, elle va partir pour toujours. T’es bien au courant de ça, Greg ? « Je sais pas quoi te dire, Noa… » MAIS C’EST TOUT CE QUE TU TROUVES À DIRE MORTON ???? MERDE, FAIS UN EFFORT BORDEL. Elle me fixe, et je ne parviens pas à sortir autre chose sans risquer de me mettre à chialer comme un gamin. C’est Doowap qui me fais sursauter en aboyant. Oui mon chien, tu veux de l’attention, tu veux pas qu’elle se barre, je sais, je sais, moi non plus figure-toi. Je lui ordonne de se taire et montre le salon pour qu’il s’y rende et nous laisse tranquille, mais visiblement, il n’a aucune envie de m’obéir. « DOOWAP FERME-LÀ. » Je gueule en plein milieu du couloir, et enfin, il arrête, sans oublier de prendre son air de chien battu et de se mettre à chouiner, lui aussi. « Est-ce que… Est-ce qu’on peut en parler à l’intérieur, s’il te plait ? Doowap va pas s’arrêter tant qu’on n’est pas tous les deux dans l’appartement » que je finis par dire à Noa, la colère et la lassitude ayant remplacé les pseudo-sanglots dans ma voix. Tu fais genre mais t'es bien content que Doowap soit là pour te guider. T'aurais vu Noa filer entre tes doigts, t'aurais vu Noa partir sans rien avoir dit, t'aurais rien fait. « S’il te plait… » Ma main se rapproche de la sienne sans la toucher, j’attends son approbation pour établir un contact physique. Je la supplie, presque, plongeant mon regard brillant dans le sien, dans l’espoir qu’elle accepte une dernière conversation avant que sa décision ne soit définitive. |
| | | | (#)Sam 3 Avr 2021 - 12:41 | |
| Il bouge pas et je sais pas si ça me réconforte ou si ça m’agace, ou si j’ai envie de le pousser avec ma force de crevette sachant qu’il bougera pas d’un millimètre. Il bouge pas et j’me sens complétement vidée en réalité et fatiguée de tous ces ascenseurs émotionnels depuis bientôt un an, enfin… un an, et le reste. Depuis cette foutue enquête y a deux ans, j’ai l’impression de pas avoir eu de répit, j’ai l’impression qu’il y aura toujours un truc pour me mettre dedans, pour me rappeler que j’suis pas la femme forte que j’voudrai être depuis toujours. Que j’suis pas cette nana sûre d’elle comme on pourrait le penser. J’ai cette impression de dépendance, de ne pouvait être heureuse qu’accrocher au bras de quelqu’un qui m’aime – soi-disant – comme si j’avais besoin de quelqu’un pour me sentir bien, mais mes deux dernières relations donnent l’impression de deux fiascos géants. J’ai été idiote de croire que ça aurait pu marcher avec Andy mais bien plus idiote de croire encore que c’était le cas avec Greg aussi. Au final, j’suis bonne à quoi ? J’suis faite pour qui ? « Je sais pas quoi te dire, Noa… » très bien Greg, t’as rien à me dire, tu me facilite la tâche alors. Nous sommes donc tous les deux sur la même longueur d’onde, aujourd’hui, c’est terminé. « Laisse moi passer dans ce cas. » mes mots sont à moitié retenus dans ma gorge, la voix fébrile et déraillante. Lui, il bouge toujours pas alors que Doowap est celui qui fait le plus de bruit et le plus de vagues ici. « DOOWAP FERME-LÀ. » je sursaute, je me braque, mes muscles tétanisent un instant. « Est-ce que… Est-ce qu’on peut en parler à l’intérieur, s’il te plait ? Doowap va pas s’arrêter tant qu’on n’est pas tous les deux dans l’appartement » donc c’est juste pour calmer Doowap qu’il m’invite à parler ? juste pour pas avoir à gérer son chien une fois que j’serai partie ? Je regarde cette boule de poil qui a été aussi surprise que moi de l’éclat de voix de Greg, qui l’a calmé direct d’ailleurs. « S’il te plait… » c’est exactement pour ça que j’voulais pas le croiser. Exactement pour pas voir son regard, celui qu’il a en ce moment, ses yeux qui brillent, parce que j’me doute bien que rien n’est facile pour lui aussi, que même si j’me dis que c’est sa décision, peut être qu’à un moment, tout lui a échappé, comme l’a dit Leslie, il ne le pense peut-être pas, il ne pense jamais ce qu’il dit d’ailleurs, mais il le dit quand même. Et j’suis fatiguée. Je lui donne pas l’occasion de me toucher, je glisse pas main à l’arrière de mon jean et fais un pas en arrière. Juste un pas pour lui laisser la place de rentrer chez lui sans être entre deux portes et de pouvoir fermer derrière lui sans que tout l’immeuble ne se rameute et n’entendent notre conversation. « Pas un appel. » moi non plus, ok. « Pas un message. » rien de ma part non plus, je sais. « J’ai l’impression qu’on est deux ados qui s’prennent la tête pour un oui ou pour un non et qui se ghostent à la première occasion. Et puis quoi ? Un nouveau clash et ça repart ? Combien de temps ? » c’est épuisant pour moi d’aligner autant de mots. C’est épuisant d’avoir besoin d’explication et d’être obligée de le forcer à s’exprimer. « J’ai pas envie de ça Greg. » putain, c’est dur. J’ai l’cœur en miette. « J’veux juste avoir une vie de couple tranquille, sans me poser milles questions sans arrêt. J’ai besoin de faire confiance… » et pas besoin d’être une psychopathe parano… « et aujourd’hui, j’ai pas confiance en toi. » et c’est dur à dire, dur à admettre, surement dur à entendre…
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| | | | (#)Dim 4 Avr 2021 - 11:06 | |
| Ma main reste pendue dans le vide, à la recherche de la sienne, sans jamais pouvoir la tenir. Elle la cache dans sa poche, s’éloigne de moi. Je suis en train de la perdre. Juste en train, t’es sûr ? Parce qu’elle a plutôt l’air décidée à te larguer là. J’ai l’impression d’étouffer, mes poumons brûlent et mon cœur bat la chamade. J’ai chaud, je sue comme un porc, j’ai mal au crâne et des crampes commencent à apparaître au niveau de ma mâchoire, mais je ne montre rien. Je m’avance, rentre dans mon appartement, et passe devant Noa sans oser la frôler. « Pas un appel. » Toi non plus, Noa. « Pas un message. » Toi non plus, Noa… Je m’assois sans délicatesse aucune sur le canapé, le souffle court avec une tension qui doit être plus haute que jamais. Bien une des premières fois que t’as autant la pression pour une nana Morton. C’est qu’elle est précieuse Noa, et t’arrives quand même à tout gâcher. « J’ai l’impression qu’on est deux ados qui s’prennent la tête pour un oui ou pour un non et qui se ghostent à la première occasion. Et puis quoi ? Un nouveau clash et ça repart ? Combien de temps ? » La voilà qui commence à m’incendier, et j’ai pas la force de rétorquer. J’ai merdé, je sais, et puis quoi ? Combien de fois je vais merder encore ? Combien de fois je vais devoir m’excuser ? C’est ça qui te questionne le plus, lieutenant ? Et ses sentiments à elle, tu les prends en compte ? C’est une personne, Greg, pas un jouet, pas un objet que tu peux laisser de côté quand ça devient trop dur. « J’ai pas envie de ça Greg. » Moi non plus, figure-toi. Je veux pas te faire souffrir, je veux pas que tu te mettes dans ces états à cause de moi, je veux pas être celui qui te blesse autant. Mais dis-le bordel, Greg, ouvre ta bouche putain. Parle ! Dis-lui que tu t’en veux, que tu veux faire mieux, que tu as besoin de temps parce que tu sais pas y faire dans les relations, mais dis-lui que tu vas donner le meilleur de toi-même pour vous. Dis-lui qu’elle compte pour toi, que tu l’aimes et que tu veux pas la perdre, que t’es prêt à t’engager à 100% avec elle et même lui faire des gosses si elle veut, dis-lui merde ! « J’veux juste avoir une vie de couple tranquille, sans me poser milles questions sans arrêt. J’ai besoin de faire confiance… » Je relève la tête alors qu’elle ne s’est toujours pas assise, je connais la suite. « et aujourd’hui, j’ai pas confiance en toi. » J’arrive pas à retenir le rire nerveux qui s’échappe de ma gorge. Putain, ça fait mal. Ca fait vraiment mal. En même temps, t’as pas fait grand-chose pour te rattraper : d’abord tu la trompes avec Sienna (t’as beau en dire ce que tu veux, tu lui avais donné de l’espoir à Noa avant de faire ROA. Vous étiez peut-être pas ensemble, mais c’était franchement pas correct de ta part), ensuite tu remets sa parole en question parce qu’elle te dit avoir été victime du système, tu l’envoies chier quand elle cherche à te pousser vers le haut et te soutiens dans ton rêve d’ouvrir un bar, et maintenant, tu lui caches le fait que tu connaisses bien Leslie (plus que connaître bien d’ailleurs), tu te braques, même, quand elle te demande quelle est la nature de votre relation. Comment tu penses construire quelque chose de solide de cette façon ? Tu trouves ça normal de lui faire ça ? T’as beau t’excuser à chaque fois, t’es au courant que t’es pas loin du connard manipulateur ? S’excuser c’est bien, c’est un bon début pour toi, mais éviter tes conneries, c’est mieux, non ? Je me frotte l’arrière du crâne alors que je cherche mes mots, alors que je sens que je perds de plus en plus mes moyens. Je déteste ça. Mes mains tremblent, ma mâchoire aussi, ma voix tremblera sans doute si je prenais la parole. Je tends mon bras vers la table basse pour choper le verre d’eau et lubrifier ma gorge trop sèche (surtout pour gagner du temps pour trouver comment formuler tes émotions non ?), mais même boire me demande un effort considérable. Elle attend des réponses et j’ai l’impression de n’en avoir aucune de convenable à lui offrir. Dis tout simplement ce que tu penses, Greg. Ouvre-toi, libère-toi, mais dépêche-toi. « Je veux pas qu’on se sépare, Noa », que je parviens finalement à sortir d’une voix rauque, presque stable. Je me râcle la gorge, prends une inspiration et me lance : « J’ai été blessé, au café, et j’ai agi comme un con, » comme d’habitude on a envie de dire, « Quand j’ai dit qu’il fallait pas que tu te sentes obligée de rentrer, c’était sous le coup de la colère. » J’ai pas arrêté d’attendre ton retour depuis 4 jours, et même si je me doutais de la raison de ta visite quand j’ai vu tous ces sacs, j’ai été plus qu’heureux de te revoir dans le couloir. « Je ne t’ai pas écrit, ni appelé, mais ça ne veut pas dire que je ne me suis pas remis en question. Je pensais simplement que tu avais besoin de temps pour digérer. » Je fais une pause, j’ai de plus en plus de mal à contenir mes émotions. Je me lève, projette mon regard vers l’extérieur pour éviter d’avoir à lui faire face, éviter de croiser son regard, sa peine, sa colère. « Je ne me doutais pas que tu voudrais partir sans rien dire par contre… » que je souffle, la fin de ma phrase brisée par un sanglot. Merde. Te mets pas à chialer putain. Ca me fait mal de voir que je suis finalement peut-être pas si important pour mériter une confrontation, une explication, des adieux. |
| | | | (#)Dim 4 Avr 2021 - 11:33 | |
| J’ai bien conscience que mes mots peuvent faire mal, que ça blesse aussi mais à la fois, c’est juste la réalité. J’appuie pas où ça fait mal pour le simple plaisir de faire mal, j’appuie ou ça fait mal pour qu’il comprenne. Pour qu’il se réveille ou je sais pas, qu’il arrête de répéter les mêmes erreurs. Peut être que ça rendra service à la prochaine, mais j’en suis même pas sûre. Je me demande s’il est même capable de se remettre en question, s’il est capable de comprendre ce qu’il va pas. Si au fond de moi, je sais qu’il en est capable. Mais je manque de patience, j’voudrai qu’il change, vite, qu’il soit mon idéal. Et j’avais pourtant juré avoir compris avec Andy : arrêter de vouloir façonner l’autre tel que je voudrai qu’il soit. C’est pas comme ça que ça marche, c’est à moi de m’adapter, pas à eux de changer. C’est pas à Greg de changer pour moi, peut être qu’il trouvera une femme avec qui ça marchera, avec qui ça matchera. Ça fait pourtant des mois que j’rêve de ça, que ça marche, vraiment. J’suis là, j’suis rentrée, j’suis posée, j’attends. Mais j’attends quoi ? Il a pas l’air décidé à répondre. J’vais perdre patience, j’commence à m’agiter, prête à récupérer mes sacs. « Je veux pas qu’on se sépare, Noa» J’veux pas non plus mais y a un gouffre entre ma volonté et ce qu’il faudrait réellement et là, je sais que c’est pas une bonne issue, ni pour lui ni pour moi. Trop facile de pas vouloir qu’on se sépare quand y a rien dans les faits qui me montre l’inverse. « J’ai été blessé, au café, et j’ai agi comme un con. Quand j’ai dit qu’il fallait pas que tu te sentes obligée de rentrer, c’était sous le coup de la colère. Je ne t’ai pas écrit, ni appelé, mais ça ne veut pas dire que je ne me suis pas remis en question. Je pensais simplement que tu avais besoin de temps pour digérer. » Alors c’est quoi, cette fameuse remise en question ? Et où est-ce que ça va nous mener ? Pour combien de temps ? Je relève les yeux quand il bouge et qu’il se dirige vers la fenêtre pour regarder dehors ou plutôt, pour ne pas avoir à me regarder. « Je ne me doutais pas que tu voudrais partir sans rien dire par contre… » le silence en réponse au silence. « T’aurai su m’trouver. » si tu l’avais voulu. « sous l’coup de la colère, tu dis beaucoup de choses. » le self contrôle et le reste… bon j’étais peut être mal placée pour parler de self contrôle quand ma main était partie se claquer contre sa joue sans que moi-même je ne le vois venir. « Je sais pas quelles sont tes motivations, qu’est-ce qui te pousses à rester avec moi. J’comprends pas c’que tu veux Greg. Notre rencontre est conditionnée à jouer au chat et à la souris. Depuis l’début, j’me dis que j’me serai évité pas mal de torture si j’étais pas revenu te voir après le speed dating. » je serai pas dans cette merde aujourd’hui, en tout cas. « Bref ca sert à rien d’revenir sur tout ça. » tout ça : la soit disant deuxième et dernière chance que j’lui avais laissé, passer l’éponge sur Sienna, passer l’éponge sur son mépris, passer l’éponge sur son caractère. C’est pourtant tout ce qui m’attire aussi chez lui. L’ambivalence de mes sentiments me font perdre la raison. J’ignore si c’est la colère qui parle pour moi, si je pense vraiment que c’est la bonne solution, mais j’y vois plus d’issu. « Je crois que Doowap est calmé. » autrement dit, mission accomplie, je reprends mes sacs et me dirige vers la porte. |
| | | | (#)Dim 4 Avr 2021 - 14:09 | |
| Elle ne répond à rien de ce que je lui dis, se terre dans son silence, alors que je sens pourtant son regard peser sur ma silhouette. Je ne sais pas comment lui dire de rester, comment la convaincre alors que son choix semble être fait, sans que je ne puisse rien ajouter. Alors je me contente de regarder dehors, de toujours fuir ses yeux accusateurs, sa mine déçue et sans doute dégoûtée par l’homme que je suis, jusqu’à ce qu’elle accepte de parler à nouveau pour m’accabler de plus belle. « …Depuis l’début, j’me dis que j’me serai évité pas mal de torture si j’étais pas revenu te voir après le speed dating. » Elle a beau me reprocher ne pas réussir à me contrôler sous le coup de la colère, elle en sort aussi beaucoup, des choses blessantes, sans compter l’immense baffe que j’ai reçue en pleine poire. "Immense", non mais n’abuses pas non plus. C’était une petite claque pour te remettre les idées en place, et ça a un peu marché quand même, non ? T’as compris qu’elle avait plus de patience, et t’as compris ce qu’elle attendait de toi. Tu l’as compris, oui, mais t’as pas l’air de vouloir vraiment le mettre en œuvre visiblement… La différence entre Noa et moi, c’est que la majorité des choses que je dis quand je suis blessé et en colère, je ne le pense pas. Là, ce ne sont que des vérités qui sortent de ses tripes : elle ne me fait pas confiance et elle regrette être revenue vers moi après notre premier rendez-vous. En conclusion, elle regrette la relation qu’on a essayé de construire. Et ça, ça fait plus mal que tout ce que j’ai pu lui dire. « Bref ca sert à rien d’revenir sur tout ça. Je crois que Doowap est calmé. » Elle récupère ses sacs au sol et je la vois, du coin de l’œil, s’éloigner pour atteindre la porte. « C’est pour ça que tu voulais pas me croiser aujourd’hui ? C’est parce que t’avais pas envie de me blesser, de me dire que tu regrettes tout depuis le début ? » Je me retourne vers elle, la rage prenant toute la place dans mes boyaux alors que mes yeux commencent maintenant à perler. Mon ton est dur, ma voix s’élève un peu plus dans l’air, dans l'espoir de la retenir. « Tu voulais m’éviter cette discussion ? Parce que t’es mieux que moi, c’est ça ? Tu voulais pas que je souffre de ces mots durs ? Ou est-ce que t’es juste en train de balancer toutes ces vérités pour te soulager ? Tu regrettes vraiment tout ce qu’on a vécu depuis février dernier ? Tu regrettes m’avoir rencontré ? Je suis si mauvais que ça pour toi ? » Les larmes coulent à flot sur mes joues et je les essuie avec énervement. Putain, t’es pas capable de te contenir Greg ou quoi ? Ca sert à rien de t’énerver contre toi-même Morton, tu peux te l’avouer à toi-même tu sais : Noa a pris beaucoup plus d’importance dans ta vie que ce que t’aurais voulu, et ça te fout en l’air de savoir qu’elle est en train de tirer un trait sur votre relation avec autant de facilité. « Pourquoi t’es restée avec moi dans ce cas ? Pourquoi t’es pas partie plus tôt ? Pourquoi t’as été celle qui a parsemé quelques gouttes d’espoir sur l’avenir pour nous deux si c’était si dur d’être avec moi ? Tu n’as jamais eu confiance en moi, en fait, alors pourquoi est-ce que tu t’es entêtée à rester ? Pourquoi t’as accepté d’emménager ici ? Pourquoi ? Dis-moi pourquoi Noa ? » Je me suis beaucoup trop ramolli depuis que je suis avec elle. Je le sais et je commençais à l’accepter, j’aurais pas dû, j’aurais clairement pas dû. Tout aurait été plus simple si j’avais pas eu l’espoir de pouvoir construire quelque chose avec elle, si je ne m’étais pas autant projeté avec elle. Oui, tout aurait été plus simple si je n’avais pas vu en elle la personne parfaite pour être la mère de mes futurs gosses. |
| | | | (#)Dim 4 Avr 2021 - 14:26 | |
| J’ai l’impression que la communication sera pas possible aujourd’hui, que ça sert à rien de perdre son temps, à quoi bon rester ? Si ce n’est pour faire durer la torture ? Ma main se pose sur la poignée de la porte, prête à l’ouvrir, je m’arrête quand il s’adresse à nouveau à moi. « C’est pour ça que tu voulais pas me croiser aujourd’hui ? C’est parce que t’avais pas envie de me blesser, de me dire que tu regrettes tout depuis le début ? » Je sais que mes paroles sont dures, ca me fait aussi mal de les dire. Aussi mal de me dire que j’suis capable de penser à tout ça. « Tu voulais m’éviter cette discussion ? Parce que t’es mieux que moi, c’est ça ? Tu voulais pas que je souffre de ces mots durs ? Ou est-ce que t’es juste en train de balancer toutes ces vérités pour te soulager ? Tu regrettes vraiment tout ce qu’on a vécu depuis février dernier ? Tu regrettes m’avoir rencontré ? Je suis si mauvais que ça pour toi ? » Je me retourne enfin pour l’affronter. Il craque, il pleure, ses yeux brillent, écarlates. Je ravale ma salive. J’suis pas mieux que lui, je me crois pas supérieure ou quoi. Pas du tout. « Pourquoi t’es restée avec moi dans ce cas ? Pourquoi t’es pas partie plus tôt ? Pourquoi t’as été celle qui a parsemé quelques gouttes d’espoir sur l’avenir pour nous deux si c’était si dur d’être avec moi ? Tu n’as jamais eu confiance en moi, en fait, alors pourquoi est-ce que tu t’es entêtée à rester ? Pourquoi t’as accepté d’emménager ici ? Pourquoi ? Dis-moi pourquoi Noa ? » J’ai envie de hurler, de lui dire d’arrêter, de pas écouter ce qu’il me dit. Pourquoi ? Je sens ma respiration s’accélérer, saccadée, j’étouffe. Je pose mes sacs au sol, incapable d’aligner deux mots. Pourquoi j’me suis entêtée à rester ? Pourquoi j’ai emménagé ici ? « Pourquoi, pourquoi, pourquoi et pourquoi… » les réponses me semblaient être évidentes. Je souffle, à nouveau, tentant de trouver un rythme de respiration, de calmer les pulsations. Je fais un pas de nouveau vers lui, la distance qui nous sépare reste encore trop grande. « Mais qu’est ce qui a de si grave Greg, pour que tu veuille me cacher des choses ? » je pointe son téléphone du doigt qui traine sur la table. « J’ai JAMAIS fouiné la dedans pour te traquer, pour te surveiller. JAMAIS ! » J’ressens le besoin de me justifier maintenant. « J’trouvais pas mon téléphone, j’ai voulu m’appeler pour l’entendre sonner ! Leslie t’as envoyé un message juste à ce moment-là ! » Ma voix est tremblante et mon ton monte puis baisse, rien de régulier. Juste la transcription de mes états d’âme totalement perdus. « J’t’ai parlé d’elle, tu l’as vu comme moi à l’enterrement, JAMAIS tu m’as dit que tu la connaissais. Et je vois vos messages, qu’est-ce que je suis censée penser Greg ? » Ma lèvre inferieur tremble, mes mains trembles, mon cœur explose encore, les larmes percent et nous voilà tous les deux à pleurer l’un devant l’autre. C’est joyeux. « Pourquoi ? Parce que j’ai TOUJOURS VOULU Y CROIRE ! » Je le pointe du doigt. « Je t’ai demandé des explications, j’ai besoin d’être rassurée, j’ai besoin de savoir que tout est ok. J’veux bien passer pour une folle, mais faut m’prouver que c’est le cas. » j’préfère me tromper que de rester dans le doute. « T’as rien fait de tout ça. Est-ce que c’est plus simple pour toi de me dire de me jeter dans les bras de Leslie ? Me renvoyer la balle ? Leslie m’a fait du mal Greg. » le ton hausse crescendo au fur et à mesure que je vomis mes paroles. « Tu sais tout, t’as eu tous les détails croustillants de mon histoire avec elle. Pas un mot de ta part, pas une allusion pour me faire comprendre que vous vous connaissiez ! » j’agrippe à nouveau mes sacs au sol. « Pourquoi j’suis restée Greg ? T’as vraiment besoin de la réponse ? Je triche pas avec les mots, je triche pas avec les gens, je suis pas une putain de mytho. Quand j'te regarde droit dans les yeux pour te dire que j't'aime, c'est la simple vérité! » |
| | | | (#)Dim 4 Avr 2021 - 16:08 | |
| « Pourquoi, pourquoi, pourquoi et pourquoi… » C’est tout ce que tu trouves à me répondre, Noa ? Je suis en complet craquage face à toi, j’ai peur que tu t’en ailles pour de bon, j’ai des tonnes d’interrogations qui me trottent en tête et tout ce que tu trouves à faire c’est le perroquet ? C’est quel niveau de foutage de gueule, ça ? « Mais qu’est ce qui a de si grave Greg, pour que tu veuille me cacher des choses ? » Pourquoi c’est ça qui revient ? Pourquoi c’est de ça qu’elle me parle alors que je la questionne sur toute notre relation entière ? « J’ai JAMAIS fouiné la dedans pour te traquer, pour te surveiller. JAMAIS ! J’trouvais pas mon téléphone, j’ai voulu m’appeler pour l’entendre sonner ! Leslie t’as envoyé un message juste à ce moment-là ! » Silence. Ah oui, tu te sens bien con là, Greg ! Toi qui étais persuadé que Noa te faisait pas confiance, qu’elle te surveillait et qu’elle cherchait à te contrôler. Et pourtant, elle n’aurait pas eu tort : vu tout ce que tu omets de dire, elle peut avoir peur Noa, elle peut ne pas t’accorder sa confiance, et c’est bien normal. « J’t’ai parlé d’elle, tu l’as vu comme moi à l’enterrement, JAMAIS tu m’as dit que tu la connaissais. Et je vois vos messages, qu’est-ce que je suis censée penser Greg ? » Silence, à nouveau. Je t’ai dit qu’il n’y a rien entre nous, Noa… S’il te plait, on peut pas en rester là ? Je peux pas t’expliquer que Leslie et moi, c’était qu’une histoire de cul parce que ça l’était pas. Leslie et moi, c’est une amitié avant tout, et si les quelques parties de jambe en l’air qu’on a eues étaient incroyables, elle reste mon amie et c’est tout. « Pourquoi ? Parce que j’ai TOUJOURS VOULU Y CROIRE ! Je t’ai demandé des explications, j’ai besoin d’être rassurée, j’ai besoin de savoir que tout est ok. J’veux bien passer pour une folle, mais faut m’prouver que c’est le cas. T’as rien fait de tout ça. Est-ce que c’est plus simple pour toi de me dire de me jeter dans les bras de Leslie ? Me renvoyer la balle ? Leslie m’a fait du mal Greg. » Elle se déchaîne, Noa, elle me gueule dessus comme si tout ça était évident. J’ai essayé de la rassurer, plus d’une fois, j’ai montré tellement de ma personne alors que je n’ai pas pour habitude de la faire, j’ai toujours été présent pour elle. Comment j’aurais pu deviner tout ça ? Comment j’aurais pu savoir qu’elle avait besoin que je la rassure quand tout ce que je voyais, c’étaient de vulgaires accusations qui m’ont mis au pied du mur, sans aucun échappatoire : c’est quel niveau de maturité de me confronter devant Leslie, dans un endroit public, avec mes conneries sous les yeux ? Pourquoi est-ce qu’elle n’a pas jugé bon de me demander tout ça quand on se retrouvait seuls, tous les deux ? Ca n’aurait pas été plus facile ? Oh que si, et pour tout le monde ! « Tu sais tout, t’as eu tous les détails croustillants de mon histoire avec elle. Pas un mot de ta part, pas une allusion pour me faire comprendre que vous vous connaissiez ! Pourquoi j’suis restée Greg ? T’as vraiment besoin de la réponse ? Je triche pas avec les mots, je triche pas avec les gens, je suis pas une putain de mytho. Quand j'te regarde droit dans les yeux pour te dire que j't'aime, c'est la simple vérité ! » Elle est à bout de souffle, et je le suis aussi. J’ai coupé ma respiration pendant toute sa litanie, je me la suis fermée alors que j’avais tant à lui balancer à la gueule. Elle reprend ses sacs en main en menaçant de partir à nouveau alors que j’ai l’impression qu’elle en attend toujours plus de moi ; elle attend des explications, et je devrais être capable de lui en fournir, mais je ne sais pas comment garder mon calme face à des mots si durs, des mots qui viennent me frapper aussi fort que des coups dans le bide. « Parce que tu crois que je te mens, quand je te dis que je t’aime ? Tu crois que rien de tout ça n’était sincère ? Tu crois que j’ai fait aucun effort depuis que je suis avec toi ? » Et tu veux une médaille, Greg, pour avoir daigné lui parler un peu de tes sentiments et de tes peurs ? Tu crois que t’as fait quelque chose de spécial en la rassurant alors que t’étais allé coucher avec Sienna ? Tu crois que t’es quelqu’un de bien, quand tu la descends au plus bas et que tu t’excuses quelques heures plus tard ? « Je te le répète : il n’y a R.I.E.N entre Leslie et moi. Ce que tu as vu sur les sms ? C’est de l’histoire ancienne. On se connaît depuis des années, on était plus en contact depuis des années aussi. Jusqu’à l’enterrement. Je m’attendais pas à la revoir, et je savais pas que c’était d’elle que tu me parlais. Tu sais, des Leslie, y’en a plein dans le monde. Elle a peut-être été spéciale à tes yeux, mais elle ne l’a pas été pour moi. » Pas de la même manière, en tous cas. Elle me tuerait si elle m’entendait dire ça d’ailleurs, mais elle me tuerait aussi si je laissais Noa me filer entre les doigts : mine de rien, elle sait qui je suis, Leslie, et elle saurait que Noa, c’est quelqu’un de très spécial pour moi. « C’est à cause de ça que tu me quittes alors ? A cause de Leslie ? A cause de cette petite histoire de merde ? Parce que tu me crois pas quand je te dis qu’on couche pas ensemble ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit, Les ? T’as besoin de combien de personnes qui te disent que y'a rien entre elle et moi pour y croire ? » Combien de temps encore est-ce que je vais essuyer ses insécurités ? Combien de temps encore je vais devoir me justifier et la rassurer quand elle pensera que je vais coucher à droite et à gauche alors que la seule femme que je regarde depuis près d’un an, c’est elle et seulement elle ? « Tu sais, si tu ne me fais pas confiance, je pense que ça sert à rien qu’on continue toi et moi J’ai merdé avec Sienna, j’en suis conscient, mais je pensais que tu m’avais pardonné depuis. Si à la moindre interrogation, tu sautes sur des conclusions hâtives en étant persuadée que je te trompe, je pense que tout est dit. Et je pense que je mérite mieux que ça. » Je conclue, résigné. Je me dirige vers la table pour y poser mon verre, avant de m’appuyer de tout mon poids dessus, tête basse, anéanti. « Je t’aime Noa, vraiment, vraiment, vraiment énormément, et je ne me suis jamais autant projeté avec une personne en si peu de temps depuis Nathalie. Je ne pensais pas que notre histoire se terminerait ainsi, mais j’ai l’impression que quoi que je dise, ça n’ira pas. Ca n’ira jamais. Alors si tu veux partir, vas-y. Tu l’as très bien dit toi-même : ça t’évitera bien des tortures de rester loin de moi. » |
| | | | (#)Dim 4 Avr 2021 - 17:19 | |
| « Parce que tu crois que je te mens, quand je te dis que je t’aime ? Tu crois que rien de tout ça n’était sincère ? Tu crois que j’ai fait aucun effort depuis que je suis avec toi ? » je secoue la tête, c’est pas c’que j’ai dis, à aucun moment j’ai remis en doute sa sincérité, j’le crois à chaque instant quand il me dit qu’il m’aime, quand il me parle à cœur ouvert. « Je te le répète : il n’y a R.I.E.N entre Leslie et moi. Ce que tu as vu sur les sms ? C’est de l’histoire ancienne. On se connaît depuis des années, on était plus en contact depuis des années aussi. Jusqu’à l’enterrement. Je m’attendais pas à la revoir, et je savais pas que c’était d’elle que tu me parlais. Tu sais, des Leslie, y’en a plein dans le monde. Elle a peut-être été spéciale à tes yeux, mais elle ne l’a pas été pour moi. » J’ai l’impression qu’il fait semblant de pas comprendre. Bien sûre que ça aurait pu être n’importe quelle Leslie sur cette terre, mais à partir du moment où il a su de qui il s’agissait vraiment, pas un mot. Au contraire, il a volontairement caché qu’il la connaissait. Je sais toujours pas pourquoi. Ca me reste à travers la gorge, je bloque sur ça, c’est fou, ça m’agace. « C’est à cause de ça que tu me quittes alors ? A cause de Leslie ? A cause de cette petite histoire de merde ? Parce que tu me crois pas quand je te dis qu’on couche pas ensemble ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit, Les ? T’as besoin de combien de personnes qui te disent que y'a rien entre elle et moi pour y croire ? » J’suis embrouillée, je sais même pas c’qu’il se passe, je sais pas pourquoi je bloque, pourquoi je reste focus sur ça alors que j’ai ma réponse : non, ils n’ont pas couché ensemble. Je l’ai cru à l’instant où Leslie me l’a dit pourtant. Soulagée pour autant ? Aucune idée. Visiblement, non. « Tu sais, si tu ne me fais pas confiance, je pense que ça sert à rien qu’on continue toi et moi J’ai merdé avec Sienna, j’en suis conscient, mais je pensais que tu m’avais pardonné depuis. Si à la moindre interrogation, tu sautes sur des conclusions hâtives en étant persuadée que je te trompe, je pense que tout est dit. Et je pense que je mérite mieux que ça. » qu’il mérite mieux que ça… mieux que moi. Ses paroles font juste écho aux miennes et pourtant, elles me brisent. « Je t’aime Noa, vraiment, vraiment, vraiment énormément, et je ne me suis jamais autant projeté avec une personne en si peu de temps depuis Nathalie. Je ne pensais pas que notre histoire se terminerait ainsi, mais j’ai l’impression que quoi que je dise, ça n’ira pas. Ça n’ira jamais. Alors si tu veux partir, vas-y. Tu l’as très bien dit toi-même : ça t’évitera bien des tortures de rester loin de moi. » n’importe qui prierai pour entendre ce genres de paroles, enfin, pas celles où il me confirme que je serai mieux sans lui, pas celles qui sceller notre relation. Celles où il me dit qu’il m’aime, qu’il m’aime vraiment et c’est pourtant aussi douloureux à entendre que cette fin entre nous. J’me contente d’un hochement de la tête, j’suis sonnée, comme anesthésiée, je regarde les clés posées sur la table puis mon regard devient vide, mon esprit se vide. J’dois partir. Maintenant. Cette fois, c'est une fois dans le couloir, la porte refermée derrière moi que j'explose. Les sacs contre moi, pas moyen d'essuyer les larmes qui coulent à flots sur mes joues. Pas moyen de retenir mes éclats de voix, j'fais tellement de bruit que j'pourrais attirer l'attention de tout l'immeuble. J'arrive pas à me contrôler. J'viens d'envoyer balader cette relation que j'attendais depuis si longtemps. J'viens de tirer un trait sur une histoire à laquelle j'croyais et parce que j'suis complètement bousillée de l’intérieure, parce que j'garde la tête haute tout l'temps et que j'me rends pas compte à quel point la vie est pas si facile que j'le prétends. Parce qu'il me manque une case ou j'sais pas, parce que j'ai une confiance envers la société toute entière qui s'est brisé le jour où on m'a mis les bracelets autour du poignet pour m'emmener en prison, j'ai confiance en personne, en rien, j'suis suspicieuse pour un oui ou pour un non et même si on me démontre par A + B que c'est débile, que j'me monte la tête toute seule. Dans ma voiture, j'balance les sacs que j'ai dans les bras, le coffre est rempli mais j'sais pas c'que j'fais, pourquoi j'fais ça? Pourquoi j'suis là à prendre la fuite, pourquoi je gâche tout? Assise derrière mon volant, j'ai pas envie de partir et si j'pars maintenant, j'vais déclencher trois accident parce que j'vois rien, parce que j'pleure toujours autant et que rien que là, y à la belle mère du fleuriste qui arrière pas de me regarder en se demandant surement ce qui m'arrive. Mais qu'est-ce que j'veux? Pourquoi j'm'inflige tout ça? Pourquoi je nous inflige tout ça? J'ai jamais voulu lui faire de mal, j'ai jamais voulu le blesser et c'est c'que j'fais, et j'm'en prends autant à moi? J'me venge de quoi? J'me venge sur qui? Reprendre un rendez-vous chez le psy et continuer à le voir régulièrement me ferait pas de mal, c'était peut être pas une bonne idée d'arrêter totalement les séances, il m'avait beaucoup de bien, m'avais aidé à me ressaisir après une période bien noir. C'est pas le moment de tout envoyer en l'air. J'me calme, après dix minutes assise à rien faire, quand mes larmes commencent seulement à sécher. Quand j'regarde à nouveau la porte de l'immeuble... je souffle, jette un œil dans le rétroviseur pour regarder l'étendu des dégâts sur mascara qui a coulé sur mes joues. J'allume le moteur et je rentre... où ? Retour à la maison... |
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