J’ai ouvert les yeux un bon trente minutes avant mon réveil-matin. Trente minutes. Cinq, ça va, je peux survivre. Mais là, une demi heure, c’est beaucoup trop. Mais impossible de me rendormir, et j’ai dû me résoudre à me lever parce que Peter Quill était en mode playful et que, dès que je bougeais les pieds sous ma couette, il sautait dessus. Sauf que dès que j’ai posé les pieds par terre, il s’est empressé de descendre les escaliers pour m’attendre près de la cuisine. « J’arrive, j’arrive », je grommelle en descendant les escaliers à mon tour. Mais avant de penser à la nourriture, j’ai besoin de mon câlin matinal et je réussis à attraper mon chat dans mes bras pour le serrer contre moi et le couvrir de bisous. Son ventre crie famine, apparement, et il réussit à se libérer de mon étreinte pour atterrir sur le sol avec souplesse. Lorsque je me suis occupé de ce petit prince, je porte mon attention sur Rocket, à qui je donne à son tour des croquettes et une goutte de miel sur le bout. Puis, je me traîne à la salle de bain pour me laver le visage avec une serviette et de l’eau. Mes yeux fixent mon reflet dans le miroir au-dessus du lavabo lorsque je relève la tête, et je constate que des cernes ont trouvé leur place sous mes yeux. Faudra que je reprenne ce sommeil perdu cette nuit, surtout que j’ai eu du mal à me rendormir. Ce n’est pas faute d’avoir essayé toutes les manières que je connais, incluant la mélatonine ou même lire un livre. Rien n’y a fait, mes pensées forment une vraie tornade dans ma tête. Je me suis repassé encore et encore ma rencontre avec Ambre à la clinique, puis quand je l’ai suivie chez elle. Je ne sais pas encore quoi penser de tout ça. Ça s’est bien passé, mais… je ne sais pas trop. En tout cas, j’attends de ses nouvelles concernant Akela. Quoi que c’est peut-être Erin qui va me contacter avant, je ne sais pas; elle a dit hier qu’il va bien, qu’il va se remettre d’avoir avalé le ruban de la chaussure de ballet de sa maîtresse.
J’enfile ma tenue de sport, un jogging confo gris et un t-shirt marine, ma casquette, je place mes écouteurs dans mes oreilles et je m’apprête à sortir faire mon footing matinal lorsque mon téléphone vibre dans ma poche. Un sourire se pose sur mes lèvres lorsque je vois le nom de Tessa apparaître sur mon écran, même si mon estomac se noue. Les choses ne pourraient pas aller mieux entre nous, on se rapproche, mais ce n’est pas pour autant que je ne me pose pas de questions. Quelqu’un qui pourrait écouter mon cerveau ces temps-ci me dirait qu’au contraire, je m’en pose trop. Elle va bientôt ouvrir la clinique avec Erin et une part de moi ne manque pas de s’inquiéter… et si je veux repartir? Elle ne pourrait pas m’accompagner, je ne voudrais pas la forcer, et je la blesserais de nouveau. Et je ne veux pas m’empêcher de partir si l’envie me prend. Pour l’instant, je suis bien à Brisbane, je n’ai pas l’intention de partir de sitôt, mais je ne veux pas me sentir obligé de rester non plus. Je ne veux pas lui imposer ça. J’étouffe mes pensées en montant le son de ma musique, mets mon téléphone sur mode avion et je sors de l’appartement pour aller courir. Contrairement aux autres jours, je ne mets pas de chronomètre, je me concentre à évacuer le plus d’émotions possible en courant où bon me semble, en me concentrant sur ma respiration plutôt qu’un temps que je veux atteindre. Au bout d’une heure environ, avec quelques pauses ici et là durant lesquelles je marche, je retourne chez moi dans un rythme un peu plus lent, pour donner l’occasion à mon coeur de reprendre un rythme normal. Je passe une main sur mon front pour éponger un peu de sueur et, la gorge sèche, je prends une grande gorgée de la bouteille d’eau que je traîne sur moi. Devant mon bloc, mon regard est attiré vers une voiture rose bonbon; genre, c’est impossible de la manquer. Je ne l’ai jamais vue avant, peut-être ai-je un nouveau voisin ou une nouvelle voisine, qui sait. J’arrive enfin devant la porte de mon studio et insère la clé dans ma serrure, mais lorsque je la tourne, il n’y a pas le son distinctif de déverrouillage. Je fronce les sourcils. Ai-je oublié de barrer la porte quand je suis parti, tout à l’heure? J’enlève mes écouteurs pour être plus alerte aux bruits environnants, referme la porte derrière moi et retire mes espadrilles sur le bord du mur sans détacher les lacets. Prudemment, j’avance dans le couloir jusqu’à la cuisine et le salon, pour m’arrêter brusquement en voyant une tête blonde. Au premier coup d’oeil, mon cerveau me fait croire que c’est Erin, mais… pas tout à fait, non. « Ellie? » Toutes deux sont cousines et se ressemblent énormément. Si ce n’est la petite différence d’âge, elles auraient carrément pu passer pour des jumelles. En quelques pas, je la rejoins et passe mes bras autour de ses épaules, oubliant le fait que je reviens de courir. « Mais! J’ai failli ne pas te reconnaître », je dis en riant alors que je me détache. Il y a un bon moment que je ne l’ai pas vue. Depuis qu’elle a sa carrière en musique, elle passe rarement à Brisbane, et moi-même je n’étais pas en ville pendant près de quatre ans. Mon regard dérive sur la table basse du salon derrière elle et un grand sourire illumine mon visage. Croissants, pains au chocolat chocolatines (:D)… toutes sortes de pâtisseries, ainsi que deux verres à emporter du café du coin. « Woah, Ellie, tu sais mes babies ne sont pas encore assez vieux pour manger de tels trucs avec nous… » je plaisante en riant doucement, avant de la prendre par la main et de l’entraîner sur le canapé. Par mes babies, j’entends bien sûr mes deux animaux de compagnie. Bon, je peux vraiment manger énormément quand je m’y mets, quand je ne fais pas trop attention, mais on dirait qu’elle a prévu de la nourriture pour genre cinq personnes au moins. Parlant de babies, Peter Quill Chat Manders vient faire son tour, aillant probablement senti la bonne odeur des pâtisseries fraîchement faites. Je décide de le surveiller du coin de l’oeil, des fois qu’il décide de monter sur la table basse. L’Eleonor Sanders qui est assise à côté de moi est bien différente de celle que j’ai connue il y a des années de ça, au lycée. Côté look du moins. Cette robe noire lui fait absolument bien, mais ce n’est pas le genre de vêtement qu’elle portait, il me semble, plus jeune. Elle dégage quelque chose de différent, aussi, mais je suppose que c’est normal en vieillissant, elle pourrait peut-être dire la même chose de moi. Ça fait peut-être trop longtemps qu’on ne sait pas vus. Bien entendu, je la suis sur les réseaux sociaux, comment pourrais-je autrement? J’écoute régulièrement sa musique aussi, d’ailleurs. Mais les photos sur Internet ne sont qu’une image, la voir en personne c’est différent. « Je suis trop content de te revoir », je dis dans un sourire sincère. « Merci pour la bouffe… à moins que tu aies apporté ça ici en n’ayant pas l’intention de partager et de me faire envie », j’ajoute en riant. « Alors… t’es à Brisbane depuis combien de temps? » Je suis tellement surpris et ravis de la présence d’Ellie dans mon appartement que j’arrive à en oublier mon manque de sommeil, mes tourbillons de pensée. « Au fait… comment t’es entrée? » je demande en fronçant les sourcils, même s’il faut dire que la réponse est évidente.
La course me fait du bien. J’sais pas. En tout cas, je me sens un peu plus léger quand je reviens. Direct, ça me change totalement les idées quand je me rends compte que ma porte d’entrée n’est pas verrouillée. Bon, c’est peut-être de ma faute, aussi, ça ne serait pas la première fois que je pars en oubliant de fermer à clé, le cerveau trop engourdi par la fatigue. Ma mère me taperait les doigts si elle savait, me rappellerait tout ce que je pourrais me faire voler si quelqu’un s’en rendait compte. M’enfin. J’avance prudemment dans le couloir, des fois quoi, mais pas trop inquiet quand même. Je bug quelques instants en voyant de longs cheveux blonds, me demandant si ça pourrait être Erin; après tout, ce ne serait pas la première fois qu’elle s’infiltre chez moi pendant mon absence. Mais je réalise bien vite qu’il s’agit de sa cousine, que je ne m’attendais pas du tout de voir par ici, et mon sourire s’agrandit, après un grand sourire de soulagement de ma part. « La seule et unique » Je ris légèrement, c’est bien elle pour dire des trucs comme ça. Et, en effet, elle est unique; même si des gens de partout dans le monde tentent sûrement d’imiter son style, ses chansons, sa coiffure — peu importe —, elle restera toujours Eleonor que j’ai vue prendre confiance en elle au fil des années, Eleonor que j’ai rencontrée pour la première fois à un des anniversaires d’Erin, et qui s’est plus tard jointe à notre petit groupe d’amis. Je resserre mon étreinte alors qu’elle pose sa tête contre moi, puis je lui avoue que j’ai failli ne pas la reconnaître. Bon, c’est un peu sarcastique quand même, elle reste elle, même si on se voit peu depuis la fin du lycée. Mais en même temps, elle n’est définitivement pas la même. C’est ça, grandir, je suppose. Elle est toujours aussi jolie, par contre. « Je pourrais dire pareil de toi » Je souris en haussant les épaules. Je passe mes doigts sur mon menton; peut-être que la petite barbe de trois jours que je suis en train de me laisser pousser n’aide pas, non plus. Ça a pris du temps avant que j’ai du poil sur le visage, à l’adolescence. « Touché », je muse en souriant. C’est alors que je remarque tout ce qu’il y a à manger sur la table basse du salon et je m’exclame que mes babies ne sont pas encore assez vieux pour manger avec nous, ce qui la fait rire. « Ho tu sais, c'est mieux d'en avoir de trop que pas assez. Et je suis certaine que Peter Quill ne serait pas contre un morceau de croissant » Je hoche doucement la tête. « T’as vraiment pas tort, Elligator », je réplique, les yeux pétillants en ressortant ce surnom que je lui avais donné il y a bien longtemps. Tiens, ça fait un moment que je ne l’ai pas appelée comme ça. « Mais je suis pas certain que sa vétérinaire serait de ton avis pour le croissant… » je glisse. Sa vétérinaire n’étant nulle autre qu’Erin, bien sûr. Honnêtement, je ne me suis jamais posé la question si ça serait bon pour Peter Quill, du pain, mais pas sûr qu’il aime, de toute manière. Ellie m’entraîne sur le canapé et je l’imite lorsqu’elle s’y laisse tomber. Ça fait vraiment du bien de la revoir et je le lui dis. « De même, j'avais trop hâte de venir te voir », dit-elle en tapant dans ses mains. Depuis qu’elle est partie aux États-Unis, on ne se voit pas beaucoup, surtout que pendant longtemps j’étais moi-même en voyage. Et bon, souvent elle vient ici en coup de vent et elle profite avec sa famille. Elle m’a manqué, mais je ne lui en veux pas du tout. À mon hypothèse sur la bouffe, elle fait mine de réfléchir et je lui donne un petit coup de coude dans les hanches. « Hey! Fais attention à ce que tu dis, Sanders, c’est chez moi ici, je te rappelle », je dis, le regard espiègle. « C'est vrai que j'aurais pu mais non pas cette fois-ci, pas le jour de nos retrouvailles » Je plisse les yeux, me disant que ça aurait pu être bien son genre, en effet.
Je lui demande depuis combien de temps elle est à Brisbane, assumant que son temps ici est temporaire. Ellie prend le temps de prendre un croissant et d’en voler une bouchée avant de me répondre. « Hum j'suis arrivée depuis trois jours seulement » Je hausse un sourcil. Voir que ni Erin, ni Ellie ne m’ont prévenu? Bon, peut-être que ma meilleure amie voulait laisser sa cousine me faire la surprise. Mais quand je l’ai vue à la clinique avec Ambre pour Akela, elle ne m’a rien dit. Pfff. Elle prend le temps de boire avant de poursuivre. « Je reste quelques mois cette fois-ci par contre, des vraies vacances donc tu vas m'avoir sur le dos » J’écarquille les yeux. « POUR VRAI », je m’exclame, bien heureux de cette nouvelle. Je grimace. « Par contre, t’avoir sur le dos, je m’en passais très bien jusqu’à maintenant… » je dis, avant de rire pour lui montrer à quel point je suis peu sérieux. Curieux, je lui demande comment elle a fait pour entrer chez moi, même si la réponse est somme toutes évidente. La serrure n’a pas été forcée, non plus. « Erin m'a passé sa clé » Ahhhh, ben oui. Logique. « Ou tu lui as piqué, who knows », je la taquine. « T'en fais pas, je lui rendrais tout à l'heure » « Je peux aussi t’en faire une, si tu veux », je dis. Ce n’est vraiment pas un problème pour moi. ]« Allez sers toi, tu dois avoir faim en plus si tu viens de courir » « Si tu insistes », je réplique en prenant la première pâtisserie qui me tombe sous la main. Je croque dedans en prenant bien soin de regarder la blonde dans les yeux, la défiant de me l’enlever. « Mmmm, c’est bon », je fais en mâchant. Son regard me scrute. « A moins que tu veuilles prendre une douche avant ? Promis je mangerais pas tout en t'attendant » Je ris. Ah, bien sûr. « Moi qui croyais avoir l’air de sortir d’une pub pour Calvin Klein. » Tout beau, tout propre. Je soupire, me lève. « T’as bien raison. De toute manière, mon gel douche est aux cookies, c’est dans le thème. » Okay, il ne sent pas réellement les biscuits. Ce n’est qu’un détail. Je fixe mes yeux sur la blonde. « Promis, promis, tu ne manges pas tout? Je me transforme en monstre quand je suis affamé », je la préviens.
Le temps de prendre ma douche, je reviens près d’Ellie après avoir enfilé un sweat et un pantalon confo assortis. «Hey, on match », je dis dans un grand sourire en faisant un signe de menton en direction de sa tenue. Je me laisse de nouveau tomber à côté d’elle et observe la table basse. « Il reste encore des trésors, je te remercie », je dis en prenant un croissant. « Donc des vacances, uh? » À part les quelques jours qu’elle prenait pour venir rendre visite à sa famille, je ne me rappelle pas qu’elle ait pris des vacances depuis qu’elle est dans le milieu du show business. « T’as des trucs de prévus? Yoooo, faut tellement qu’on se planifie quelque chose. Un mini roadtrip, je sais pas. Tu viendras au Canvas avec Erin et moi pour les soirées open mic? » Bon, vu sa célébrité, je ne sais pas à quel point elle pourrait. Détail. En tout cas, sa présence déjà me fait beaucoup de bien.
Revoir Ellie après tout ce temps me fait bizarre. Elle est la même, mais en même temps elle a changé. C’est dur à expliquer. Elle me fait remarquer qu’elle pourrait dire pareil de moi et bon, je suis bien forcé d’admettre que ça doit être vrai. Veut, veut pas, on ne s’est pas vus depuis un moment et il est donc normal qu’on remarque plus les différences qu’il y a avec notre nous d’avant. Ses yeux se plissent alors que je caresse mon menton en songeant à ma barbe de trois jours. « Je rêve ou tu as du poil au menton ? » Je ris en levant les yeux au ciel. Ça a été long avant que mes premiers poils de visage ne poussent, du moins en toute uniformité. Pendant longtemps, j’arrivais à avoir un peu de barbe ici et là, mais il y avait des coins sur mon visage où ça ne poussait pas, alors bon, je préférais me raser. Maintenant que je suis plus vieux et que ça pousse uniformément, il m’arrive de me laisser aller un peu. Sauf quand je dois aller chez mes parents, parce que pour eux, il faut que ça soit tout clean, c’est plus respectable ou whatever. « Les temps ont changé, Ellie, les temps ont changé… », je rétorque en retour avec un petit sourire en coin.
Aucune idée si Peter Quill aime le pain — il n’a jamais essayé de me voler mes toasts jusqu’à maintenant —, mais je ne suis pas certain que ça l’intéresse. Toutefois, je suis bien forcé d’admettre qu’Eleonor n’a peut-être pas tout à fait tort, en ne manquant pas de l’appeler par ce vieux surnom que je lui ai donné. Ce qui, bien entendu, la fait ronchonner. « Nan mais je suis plus une enfant pour que tu m'appelles comme ça hein » L’observant de la tête aux pieds, je suis bien forcé de reconnaître que non, en effet, elle n’est plus une enfant. N’empêche, peu importe son âge, je vais toujours me faire un plaisir de l’appeler comme ça. « Tu vas avoir cinquante-cinq ans que je vais encore t’appeler comme ça, Elligator », je muse pour la taquiner encore plus. C’est affectueux, hein. J’ajoute que la vétérinaire de Peter Quill Manders — qui n’est nulle autre qu’Erin — ne sera sûrement pas d’accord avec ce choix d’alimentation, même si bon, je sais très bien qu’elle lui a déjà donné autre chose que de la bouffe pour chats. Une grimace se pose sur le visage de sa cousine. « Elle a pas besoin de le savoir », qu’elle répond en levant les yeux au ciel. Je ris. On est d’accord. « Peter Quill vient ici » Elle essaie d’attirer le Bengal et il ne tarde pas à arriver. Il se colle même sur elle en se frottant contre ses jambes et en ronronnant. Je tends la main pour le caresser, mais dès que mes doigts se posent sur son pelage, il se retourne pour me les mordiller. Je vais tenter de croire que c’est affectueux ou que c’est pour jouer. Ou peut-être parce qu’il sait ce que la blonde s’apprête à faire et qu’il veut que je le laisse tranquille. Celle-ci lui donne justement un petit bout de croissant et j’écarquille les yeux quand il le renifle, curieux, avant de l’attraper entre ses dents. « Eh bien… », je commence, ahuri qu’il aime les produits de boulangerie. Mais l’instant d’après, il se met à jouer avec et j’éclate de rire. « Il sait pas ce qu'il rate » Je la regarde en souriant, amusé de voir sa mine déçue. « Totalement! C’est lui le perdant dans tout ça. » Je la préviens de faire attention à ce qu’elle dit en lui donnant un petit coup de coude. Après tout, c’est chez moi, ici. « Peut-être mais c'est moi qui ai apporté la bouffe donc j'ai un droit de veto dessus je te signale » Je plisse les yeux. « Humph », je fais, à court d’arguments. Mais elle éclate de rire et me rassure qu’elle compte bien partager le festin avec moi.
Je suis ravi d’apprendre qu’Ellie sera à Brisbane pour au moins quelques temps. J’en suis vraiment ravi, oui, ça me manque de traîner avec elle de manière régulière. On se voyait souvent quand on était au lycée, puis elle est partie aux États-Unis et les rencontres se sont faites plus rares. N’empêche que je suis fier d’elle de s’être rendue jusque-là. Ma réaction la fait rire et j’ajoute que, par contre, je me passais très bien de l’avoir sur le dos, ce qui est totalement sarcastique, bien entendu. Je lève les deux bras pour parer le coussin avec lequel elle me tape dessus et j’éclate de rire. « Non mais tu vas voir toi » « Toujours aussi violente, Sanders! » je dis pour la taquiner. J’attrape un coussin et lui lance dessus. Il y a bel et bien eu un party d’anniversaire auquel on a assisté tous les deux — je ne me rappelle plus de qui — qui s’est terminé en batailles de coussins. Le bon vieux temps.
On se chamaille un petit moment et je finis par lui demander comment elle a réussi a entrer chez moi. La réponse est une évidence et elle ne me surprend pas au final. Erin, bien entendu. Ellie précise qu’elle la lui a prêté, mais je laisse sous-entendre que, dans le fond, elle la lui a peut-être piquée. « Tu veux qu'elle me tue toi » Je me mordille la lèvre, les yeux pétillants. C’est vrai que l’autre Sanders déteste qu’on touche à ses affaires sans sa permission. Je lui suggère alors de lui faire une clé également, je fais confiance à Eleonor à 1000%. Elle pince les lèvres pour réfléchir et je l’observe en me demandant ce à quoi elle peut bien penser. « Hum non. C'est votre truc avec Erin et puis si tu fais ça, je vais squatter ici dés qu'Elias me fera chier » Je fronce les sourcils. C’est notre truc avec Erin? Certes, elle et moi sommes très proches, mais je fais confiance à Ellie à 1000% aussi comme je disais et je ne sais pas trop ce qu’elle entend par là. Quant à Elias… « Justement, tu ne penses pas que ça pourrait être pratique? T’es toujours la bienvenue anyway, clé ou pas », je réponds avec un clin d’oeil, étouffant un rire. J’ai toujours su et vu que son cousin était assez protecteur avec les deux autre Sanders, mais cette soirée de novembre, je l’ai vraiment vécu en première place. J’ai eu peur pour ma vie, hein. (Okay, juste de me ramasser en cellule de dégrisement, mais détail.) Je me demande brièvement si Ellie est au courant de cette soirée-là, justement… « M’enfin, c’est toi qui voit. Dis-moi si tu changes d’idée », je termine avec un sourire.
Elle me somme de manger et je ne me fais pas prier. Ellie jette un coup d’oeil à mon chat. « Je t'en donne plus toi » Je ris en observant le Bengal à mon tour, qui a l’air de la bouder. « T’avais qu’à accepter tantôt, gros gourmand! » je m’y mets aussi. En réponse, il miaule et grimpe sur la table. Je l’attrape tout de suite avant qu’il ne se mette à tout lécher et je le dépose par terre. Mais il profite du fait qu’on est occupés à commencer à manger pour s’installer à côté de la blonde et lever la patte pour faire tomber sa pâtisserie. Il va rejoindre celle-ci au sol. Mais il n’en veut pas plus alors c’est du gros gaspille. Pff. Sanders me pousse à aller prendre une douche. « Où ça un beau mec ? » dit-elle avant de me tirer la langue. Je fais mine d’être offusqué. C’est constamment comme ça entre elle et moi, on se taquine sans relâche. Le premier qui arrête perd. Mais bon, mon gel douche est aux cookies, de toute manière, et il m’appelle. Je me sens un peu deg en ce moment, je dois l’avouer. « Ça existe vraiment ça ? » Je hoche la tête d’un air entendu. « Mais bien sûuuuur, duh. » Comme si c’était une évidence. Je lui fais promettre de ne pas tout manger avant que je ne revienne. « Tarde pas trop alors » Je soupire et m’éclipse à l’étage.
Je reviens peu de temps après, vêtu de mes survêtements noirs préférés. « Pas mal ton gel douche » Je souris en coin, les yeux qui lui disent clairement tu vois, je te l’avais dit. Je fais remarquer que nos tenues matchent ensemble. « Il manque un détail. Pour qu'on matche totalement, je te met au défi de porter des talons et là on en reparlera » J’éclate de rire. « Défi accepté! » Elle sait très bien que je ne peux pas résister un défi et elle en joue. « Mais pas tout suite, parce que je viens de courir, j’ai mal aux pieds, là. Et que y’a plein de bonnes choses à manger avant. » Okay, j’ai pas réellement mal aux pieds, depuis le temps que je vais courir. Mais il y a bel et bien tous ces délices à déguster avant que je ne pense à me mettre des talons. Et de toute manière, ceux d’Eleonor ne me feront jamais, elle et ses minuscules pieds. Je la remercie de ne pas avoir tout mangé et lui demande davantage de détails sur ses vacances. Elle hoche la tête. Je pars dans une lancée de lui proposer toutes sortes de trucs à faire durant lesdites vacances. « Wooow wooow wooow calme hein » Je la regarde de mon air le plus innocent en continuant de manger. « Alors j'ai rien de prévu sauf si mon manager se ramène » Je fronce les sourcils. « Hum… il sait que tu es ici? » je demande en essayant de comprendre pourquoi il se ramènerait si elle est en vacances. Et puis, elle grimace en disant ça. « Autrement bien sur qu'on peut se faire un roadtrip quelque part. Pour les scènes, ce serait super surtout qu'Erin a tellement de talent aussi » Je souris en grand. « Parfait! On s’organisera ça. » Mon sourire se fait tendre par la suite. « Et oui… remplie de talents. Et toi aussi, Sanders. » J’aurais aimé qu’Erin se donne une chance pour essayer de percer dans le milieu. Elle aurait tellement de fans, moi et Ellie les premiers. Je suis vraiment content toutefois de voir que ça a fonctionné pour sa cousine. « Mais faudrait aussi se faire une soirée tous ensemble avec Toi, Erin, Link et humm Ash même si Erin l'aime pas trop » C’est drôle de penser à quel point Ellie et Ash sont proches, alors que c’est pratiquement la guerre entre Erin et lui. « Manquerait plus qu’on invite Mina et Erin serait totalement ravie », je plaisante. Entre les deux filles, ça ne colle pas vraiment. Et pourtant, Link et l’héritière sont assez proches. « Mais oui, faudrait. Tu crois qu’Erin nous en voudrait à vie si on invite Ash sans lui dire? » Je sais déjà que la réponse est oui. Oups. « Mais sinon, est-ce que Lukas est à Brisbane? » Ça fait un moment que je ne lui ai pas parlé, il est peut-être encore aux États-Unis. Faudrait que je lui demande de ses nouvelles.