do you remember (ft. @archie kwanteen )
 

C’est étrange de se tenir devant cette bâtisse. La dernière fois que tu es venue, ça remonte tout de même à quelques années et pourtant ça parait faire une éternité. Un vague sourire nostalgique s’étire sur ton visage tandis que tes doigts jouent distraitement avec les clés. Lorsqu’Esmée a évoqué la volonté de vendre la maison de Gold Coast, ça t’a forcément fait un pincement au cœur à l’idée de t’en séparer. Ce lieu est chargé de souvenirs avec ta famille et compte beaucoup pour toi. Ta mère voulait faire appel à une société de nettoyage pour s'occuper de remettre le lieu au propre avant de le faire expertiser et de le laisser entre les mains d'une agence immobilière qui se chargerait de la vente et de tous les détails ennuyeux que les usagers ne gèrent généralement jamais. Bien sûr, tu n’as pas vraiment ton mot à dire sur le sujet dans la mesure où l’endroit ne t’appartient pas, mais tu peux au moins proposer ton aide pour trier les quelques affaires que vous avez laissé là lors de votre dernier passage avant que de parfaits inconnus ne viennent complètement dénaturer l’endroit de ton enfance. Esmée n'a pas eu l'air surprise quand tu as formulé la demande et n'a eu aucune raison de s'y opposer. Sans trop réfléchir, tu as demandé à Archie et Saddie de t'accompagner un après-midi, histoire qu'ils te filent un coup de main. C'était aussi une bonne occasion pour passer un peu de temps en famille sans avoir les parents sur le dos. Finalement prise par son travail, ton aînée s’est décommandée en s’excusant, vous laissant le soin à ton frère et toi de vous occuper de tout ça. D’ordinaire, tu te serais peut-être montrée réticente à l’idée de passer du temps seule avec lui. La faute à tous les aprioris que tu as pu avoir à son sujet ces dernières années. Tu l’aime, ton frère, ce n’est pas le souci. En revanche, tu as toujours eu peur qu’il ne soit qu’un reflet de Charles, froid, distant et difficilement approchable. Et c’est assez étrange de constater que même si ce n’est pas tout à fait vrai, il y a tout de même une petite part de vérité là-dedans. C’est en tout cas le rôle qu’il se donne lorsque vous êtes tous ensemble, et ça ne te plaît pas vraiment. Ce qui en vérité est très hypocrite de ta part parce que dans le fond, tu es pareille que lui. Sauf que toi, tu imites ta mère. Effacée, ne se mêlant pas des conversations touchant aux affaires des hommes, tout juste bonne à participer à la vie du foyer. Et ça ne te plaît pas non plus. Mais lâche que tu es, tu te gardes bien de le dire et tu fais comme si ça te convenait. Un jour peut-être, tu trouveras la force de leur faire vraiment face. Et finalement, tu t’es rendue compte qu’Archie n’était pas encore l’exacte copie de votre père. Il est maladroit dans sa façon d’être, mais tu l’es tout autant que lui. Tu l’es même sûrement bien plus. Ces derniers temps, vous avez eu l’occasion de discuter un peu. Si il y a du mieux dans la façon dont tu le perçois, tu n’es pas encore au stade où tu lui confierais tes moindres secrets.

Ça fait si longtemps que tu n'as pas mis les pieds dans cette maison que tu n’es même pas vraiment sûre de ce que vous allez trouver. Des vieux jouets oubliés, d’anciens albums photos, sans doute beaucoup de souvenirs laissés à l’abandon. Des morceaux d’une autre vie pourtant pas si lointaine dans le temps. Lorsque tu entends les pas d’Archie qui te rejoint après avoir garé la voiture, tu lui adresses un regard par dessus ton épaule. Un bref sourire se dessine sur ton visage et tu vas enfin ouvrir la porte. Le grincement si familier de cette dernière te ramène déjà en arrière alors que tu entres. L’endroit est plongé dans la pénombre et dégage une légère odeur de poussière et de produits ménagers. Tranquillement, tu vas commencer par ouvrir les volets et les fenêtres, histoire que vous y voyez plus clair et d’aérer. Comme souvent dans les maisons inoccupées, les meubles sont couverts de draps pour les protéger de la poussière, tu as toujours trouvé que ça donnait une ambiance un peu bizarre. « Tu penses que je vais retrouver Beary Potter ici ? » tu demandes, regardant vers le couloir qui mène aux chambres. Beary Potter, c’était un ourson que Lola t’avait offert lorsque tu étais petite et que tu as un jour perdu. Véritable déchirement pour ton petit coeur d’enfant, il a fallu que l’aînée invente une histoire pour expliquer qu’il était tout simplement parti à l’école des peluches pour passer son diplôme et qu’il reviendrait un jour. Elle avait même été jusqu’à écrire des cartes postales en prétendant qu’elles venaient de lui. « Ou alors il s’est vraiment trouvé une nouvelle famille. » tu plaisantes en secouant la tête. T’y as vraiment cru, à cette histoire. Maintenant que tu y vois plus clair dans la pièce principale, tu t’approches d’un des murs où sont exposées plusieurs photos de l’époque où vous veniez encore en vacances ici. Tu en décroches une, à vue de nez tu ne dois pas avoir plus de cinq ans dessus. Charles et Esmée se tiennent derrière vous, bras-dessus bras-dessous. Bien évidemment, tu es collée à l’aînée pendant que les deux autres se tiennent autour de vous. Quand on demande à n’importe qui de décrire une famille parfaite, c’est sans doute ce genre d’image qu’il aura en tête. Tu souffles du nez en secouant doucement la tête. « Ca fait combien de temps qu’on a pas fait de photo comme ça ? » si tu commences à t’arrêter sur chaque détail que tu vois dans cette maison, vous allez passer la journée à faire le tri.

do you remember (ft.  @Madison Kwanteen  )
 

Cette journée-là, Archie n’avait rien de prévu. Ses parents avaient contacté les trois enfants dans un groupe Facebook pour leur parler de cette vieille maison dans laquelle ils n’ont pas mis les pieds depuis des années – plus personne n’a de longues vacances – qu’ils allaient finalement vendre. Même si Archie a senti un léger pincement dans son ventre, il n’a montré aucune opposition et s’est contenté de répondre un stupide pouce en l’air. Sa surprise avait cependant été visible lorsque Madison l’a contacté à peine quelques jours plus tard pour lui demander de l’accompagner là-bas pour récupérer quelques biens, ou pour les jeter à la poubelle. Il n’avait pas hésité une seconde, s’était assuré qu’il n’avait pris aucun rendez-vous avec des collaborateurs la journée où ils prendraient la route et avait été rassuré de constater qu’il n’avait besoin de rien reporter. Toute sa journée était donc réservée pour sa plus jeune sœur et ça lui faisait plaisir, comme toujours. Il est heureux de constater qu’elle se sent de moins en moins timide avec lui, même s’il n’a jamais été le meilleur frère pour elle, il en est conscient. Bien qu’il aurait adoré que Saddie soit présente elle aussi, c’est sans aucune surprise qu’il apprend qu’elle n’a pas pu se libérer pour les accompagner. Ce sera un plongeon dans les souvenirs qu’il vivra seulement avec la plus timide des deux.

La route se passe agréablement, la musique accompagne Madison et Archie sur toute la durée. Il la laisse choisir ses propres morceaux, liant la radio de la bagnole avec son téléphone, et il ne se gêne pas pour critiquer ses goûts musicaux quand l’occasion se présente à lui : il ne le fait jamais de façon méchante. C’est son rôle en tant que frère de se moquer un peu de ses préférences. Une fois arrivés à destination, après quelques heures de route, Archie arrête la voiture près de la maison et laisse Madison s’en extirper. « Vas-y, je te rejoins. Je vais aller garer la voiture. » Qu’il dit avant de la laisser sortir. Le parking à cet endroit n’a jamais été très invitant et il préfère éviter de se ridiculiser devant son propre sang en défonçant un buisson ou en perçant l’un de ses pneus dans un gros caillou pointu. Quelques minutes plus tard, il la rejoint au pas de la porte. Un sourire nostalgique étire ses lèvres quand ses yeux détaillent le moindre détail dans la toiture de la baraque. L’endroit semble avoir été figé dans le temps, bien que les intempéries et l’absence de réparation aient égratigné quelques vitres et arrachés quelques tuiles. « C’était plus grand dans mes souvenirs. » Il admet au moment où Madison ouvre la porte d’entrée. Tous les deux devaient faire quelques centimètres de moins la dernière fois qu’ils se sont retrouvés ici. Les murs sont plus petits, le plafond moins haut. Mais ça n’empêche pas Archie d’entrer  à l’intérieur et d’ouvrir les yeux grands comme des melons en constatant que rien n’a bougé – même si la totalité des meubles et couverte d’une bâche en plastique. Aussitôt qu’il remarque un vieux dessin de Madison posé contre le mur, il lâche une sorte de ricanement fier : ce dessin est terriblement laid. « Tu penses que je vais retrouver Beary Potter ici ? » Elle demande après avoir ouvert les volets fermés depuis l’éternité. La pièce est plongée dans le soleil et des milliers de particules de poussières flottent dans l’air. « Ou alors il s’est vraiment trouvé une nouvelle famille. » Le visage sérieux, il secoue la tête de droite à gauche. « Non. Il n’y a pas meilleure famille que la nôtre. S’il a fait ça, il l’a certainement regretté. » Il lance, sûr de lui, suivant sa sœur à travers les souvenirs de leur enfance. « J’ai essayé de trouver une réplique de cet ours mais sans succès. Il faut croire que tu avais reçu le dernier de son espèce à Noël. » Il hausse les épaules, avouant le travail qu’il a fait pour mettre les mains sur une peluche identique. Il ne pense pas lui avoir déjà dit, de peur de la décevoir en admettant avoir failli à sa quête. De façon lunatique, il soulève l’une des bâches qui couvre le canapé grugé par le temps et il glousse quand le même parfum d’humidité retrouve ses narines. L’endroit n’était pas aussi bien soigné que leur véritable maison, il s’agissait avant tout d’un endroit où profiter de la plage et de la nature quand l’école était terminée. « Ca fait combien de temps qu’on a pas fait de photo comme ça ? » Se tournant vers sa sœur, il s’approche d’elle et tend les doigts pour récupérer la photo qu’elle tient. Il sourit doucement en voyant Lola, sur laquelle il éternise son regard un peu plus longtemps. Ses cheveux sont courts : elle les avait fait couper avant de les perdre à cause de la chimio. Il baisse ensuite les yeux sur la minuscule silhouette de Madison, qui s’accroche à sa grande sœur comme si elle avait peur de la perdre ; et avec raison. « J’en sais rien. Mais ce n’est plus pareil. » Il relève la tête. « Je pense qu’on arrivera plus jamais à voler Saddie pour un repas de famille. » Et, en l’interrogeant du regard, il demande : « Tu la vois souvent, toi ? » Il s’attend déjà à ce que la réponse soit négative. Après tout, Saddie a toujours été plus proche d’Archie, et ils se retrouvent encore au moins trois fois par mois pour prendre un café ou pour taper dans des sacs de boxe.

Les pas d’Archie le mènent naturellement à la chambre qu’il partageait avec ses trois sœurs – un véritable enfer pour n’importe quel frère se plaignant de n’avoue que des sœurs. « Les lits sont minuscules ! » Il s’exclame en tapotant le matelas supérieur du lit interposé. Il avait la place du dessus et Saddie celle d’en dessous. Il se tourne ensuite vers le second lit et claque fièrement des mains, hilares, en trouvant instantanément tous les posters de X-Factor agrafés aux murs au-dessus du matelas qui appartenait à Madison. « Qu’est-ce que tu nous as tué les oreilles à parler d’elle vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! » Il s’exclame, amusé, en pointant Jo sur l’une des affiches. « Et à chanter ses chansons. » Il ajoute dans un murmure complice, les traits étirés en une grimace exagérée. « Heureusement que tu as choisi la photographie plutôt que le chant. » Il ajoute, seulement pour la taquiner, les yeux brillants de malice.          

do you remember (ft. @archie kwanteen )
 

D’une certaine façon, tu appréhendes tout ce que tu vas trouver dans cette maison. Tous les souvenirs liés à l’endroit. Pour la plupart, ils sont bons. Très bons, même. Tu as juste peur de te retrouver prise dans une spirale de nostalgie un peu trop envahissante. Parce que tu sais très bien comme tu es. Dans un premier temps, tu vas être heureuse de les avoir. Et après vont arriver les regrets, les “et si”, les pourquoi. Et tout ça, ça te frustre d’avance. Tu aimerais pouvoir simplement les chérir, rire du bon vieux temps comme toute personne le devrait. Mais tu es bien trop attachée au passé pour réussir à véritablement aller de l’avant. Tu fais de ton mieux pour ne pas le montrer, bien sûr. Derrière tes sourires discrets, tes affirmations qui ne convainquent que toi, tu as du mal à accepter certaines vérités pourtant évidentes. Et tu restes bloquée. Tu rêvasses durant le trajet, laissant passer ta playlist sans vraiment y prêter attention. Archie fait quelques remarques sur les morceaux qui passent, ce à quoi tu réponds que les années 80, c’était très bien. T’en sais rien, t’étais pas née. Même pas à l’état de projet. Lui non plus, même s’il en est plus proche que toi. Et pourtant la musique de cette époque là te fait vibrer. Bon Jovi, Bryan Adams, Bonnie Tyler, Modern Talking. Tu connais tous leurs tubes par cœur. Et bien sûr, tu ne manques pas de passer Don’t you (forget about me) de Simple Minds. Ta préférée, vraiment. Archie a beau râler, tu le vois balancer la tête en rythme et tu souris.

Tu t’assoupis quelques fois, bercée par la route et la musique. Et tu remercies le ciel que Saddie ne soit pas là pour te prendre en photo dans un moment pareil. Tout ça pour constituer un dossier de photos compromettantes à ressortir dans les grandes occasions. C’est un peu sa spécialité, ça. Et finalement, la voiture ralentit devant la destination. « Vas-y, je te rejoins. Je vais aller garer la voiture. » tu hoches la tête avant de t’étirer, puis tu descends pour aller ouvrir. Quelques minutes passent, et lorsqu’Archie te rejoint enfin, tu vas ouvrir la porte. Sans trop savoir pourquoi, tu t’étais imaginé qu’elle allait grincer. Un peu comme dans tous les films d’horreur lorsque les protagonistes visitent une maison à l’abandon depuis longtemps. (Un bon signe pour se dire que tout ira bien et qu’aucun tueur ne viendra vous faire la peau pendant votre séjour ici.) « C’était plus grand dans mes souvenirs. » lâche ton frère lors de votre entrée. Tu souris en levant le nez vers le plafond. Il a sans doute raison. « On était encore petits lorsqu’on venait ici. » Tu réponds simplement, évoquant l’évidence même. Et là forcément, tu attends une plaisanterie sur le fait que toi tu l’es toujours, petite. En taille comme en âge, d’ailleurs. Le genre de blague facile dont tu as l’habitude depuis toujours. Si par moments ça t’irrite un peu parce que c’est facile, tu as appris à passer outre. Une fois les fenêtres ouvertes, tu poses la question concernant ton ours. « Non. Il n’y a pas meilleure famille que la nôtre. S’il a fait ça, il l’a certainement regretté. » Tu ris un peu, soufflant du nez en secouant la tête. « Sans doute... » tu réponds en acquiesçant. « J’ai essayé de trouver une réplique de cet ours mais sans succès. Il faut croire que tu avais reçu le dernier de son espèce à Noël. » tu plisses légèrement les yeux face à cet aveux, ne lâchant pas ton frère du regard. « Tu me le dirais, si Saddie ou toi vous aviez quelque chose à voir avec sa disparition ? » ce n’est pas une vraie accusation, loin de là. Si quelqu’un l’a perdu c’est bien toi. On ne peut pas promener un ourson pareil partout et espérer le garder en un seul morceau. Tu l’as sans doute oublié chez une amie ou sur un parking. Le genre de chose qui arrive souvent. (Ou alors, ils ont vraiment quelque chose à voir là-dedans et tu vas découvrir cette trahison après tout ce temps.) Ca n’a plus vraiment d’importance aujourd’hui. Tu t’arrêtes devant les photos, forcément. Et tu demandes depuis quand ça n’est plus arrivé. Archie s’approche et tu lui tends le cadre, lui laissant le temps de l’observer. « J’en sais rien. Mais ce n’est plus pareil... Je pense qu’on arrivera plus jamais à voler Saddie pour un repas de famille. » tu plisses le nez en acquiesçant. S’il dit ça sur le ton de la plaisanterie, tu sais qu’il y a sans doute un fond de vérité derrière tout ça. « Tu la vois souvent, toi ? » Tu pinces les lèvres en repensant à la dernière fois que tu as vu ta soeur. Et tu te rends compte que ça date sans doute du dernier repas de famille auquel elle a assisté il y a plusieurs semaines de ça déjà. « Pas tant que ça... » tu admets en grimaçant, détournant un peu le regard. Il est sans doute plus que temps de lui envoyer un message ou de l’appeler. « Et puis comme elle est jamais là lorsqu’on mange tous ensemble.. » comme si c’était une excuse valable.

Une fois l’inspection préliminaire du séjour effectuée, Archie se dirige vers la chambre que vous avez tous partagés lorsque vous étiez jeunes. Là aussi, rien ne semble avoir bougé. « Les lits sont minuscules ! » Des lits d’enfants. Tu ris doucement, hochant la tête en allant ouvrir les volets ici aussi. « Au moins moi je peux toujours dormir là. » tu plaisantes. Bon, même si tu risques tout de même d’être un peu à l’écart, tu auras bien plus de facilités que lui en tout cas. « Qu’est-ce que tu nous as tué les oreilles à parler d’elle vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! » Le doigt pointé vers le mur, tu sais déjà de quoi il parle. « Et à chanter ses chansons. » L’air faussement outré que tu affiches est fortement exagéré. Main sur le coeur dans un geste théâtral, tu t’approches des posters en les observant quelques instants. « Ca vaaa, je suis sûre que c’était pas si terrible que ça ! » Sans doute que si. Entendre une gamine brailler toute la journée, ça ne doit pas être de tout repos pour les oreilles. « Heureusement que tu as choisi la photographie plutôt que le chant… » tu ricanes en levant les yeux au ciel. « Je suis presque sûre de t’avoir entendu les chanter aussi lorsque tu te croyais seul. » tu ajoutes en secouant la tête, un sourire mutin dessiné au coin des lèvres. Tu vas t'asseoir sur ton ancien lit, faisant grincer les lattes au passage, pour accéder à la malle de jouets qui se trouve à côté. Tu commences à fouiller sans trop savoir ce que tu vas y trouver. Des poupées barbies, ce que tu supposes être des Transformers en morceaux. Peut-être que ta mémoire te joue des tours mais tu es à peu près sûre que c’est Saddie qui les a cassés. Assez étrangement, il te semble l’avoir vue plus souvent avec ces figurines là entre les mains plutôt que ton frère. Mais c’est assez vague, toi tu préférais dessiner dans ton coin ou jouer à suivre Lola dans toutes ses aventures. « Dommage qu’ils soient cassés, on aurait pu en faire don. » tu soupires doucement en t’essuyant les mains de la poussière accumulée. « Tu sais ce qu’elle devient d’ailleurs ? » Tu demandes en regardant vers les posters. Cette question, Craig serait sans doute plus à même d’y répondre.

do you remember (ft.  @Madison Kwanteen  )
 

La maison de vacances semble minuscule mais c’est une remarque qu’Archie s’attendait à passer. Il n’est pas venu ici depuis que sa voix a terminé de muer parce que la famille semble avoir oublié l’endroit dès le jour où Lola est partie. Ils ont tenté de retourner là tous les étés mais ce n’était plus pareil, jusqu’à ce qu’Archie fasse part de son désir d’oublier ces quatre murs et ce toit. Ses parents l’ont écouté et, le dernier été, il est resté à Brisbane quand les autres sont partis, il s’est préparé ses propres repas, avait la télévision à lui-seul et n’a pas hésité une fois à rentrer trop tard à la maison, à des heures impossibles qui auraient inquiété Esmee si elle avait su. Alors, sans surprise, le jeune homme a l’impression que l’endroit est passé à la machine à laver et en est ressorti deux fois plus petites. Il pense pouvoir toucher le plafond s’il saute, mais il ne tentera pas de peur que les lattes  qui composent le sol en bois se cassent au retour de son poids. Ses inquiétudes n’ont certainement pas raison d’être mais on ne sait jamais : la maison est plus vieille que lui. « On était encore petits lorsqu’on venait ici. » Pas faux. À quoi bon alimenter le débat si Madison met directement le doigt sur l’évidence ? Cette dernière lui rappelle son ourson en peluche, celui qui avait disparu d’un jour à l’autre sans laisser de traces derrière lui. Il ne lui a jamais menti à son sujet, il n’aurait jamais fait subir un tel supplice à sa cadette, elle qui aimait énormément Beary Potter. C’est donc avec une moue faussement déçue qu’il répond, une expression de surprise exagérée sur le visage : « Jamais je n’aurais jamais fait ça. » Et, plus sérieusement, se doutant que son ton amusé puisse soulever les doutes, il conclue : « Non, en vrai, je n’y suis pour rien. Je ne peux toutefois pas parler pour Saddie. » Mais il doute qu’elle aurait élaboré un plan aussi machiavélique sans lui parler. Après tout, ils étaient Bonnie et Clyde, jamais un crime n’était commis sans la présence de l’autre. En parlant de celle-là, Archie est curieux. Est-ce que Madison aussi voit de moins en moins Saddie ? De son côté, les moments passés avec elle sont de moins en moins nombreux. Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer : elle est visiblement trop occupée, celle-là. Un jour, il se mettra à penser qu’elle fuit sa famille. « Pas tant que ça... Et puis comme elle est jamais là lorsqu’on mange tous ensemble.. » Lèvres pincées, il hoche la tête, sceptique. Il aura besoin de discuter avec elle dans les plus brefs délais avant qu’elle n’oublie sa fratrie.

Les yeux d’Archie se perdent bientôt à travers la petitesse des lits qu’ils ont jadis utilisés. C’est l’amusement qui étire ses traits alors qu’il découvre à nouveau cette chambre dans laquelle mille et un mauvais coups ont été planifiés par les quatre enfants. C’était leur taverne secrète, loin des parents. « Au moins moi je peux toujours dormir là. » Il observe sa sœur du coin de l’œil pour noter sa grandeur avant de finalement lâcher, faussement moqueur : « Tu ne devrais pas t’en vanter, je crois ! » Elle a toujours été la plus petite de la famille et les années ne l’ont pas aidée à gagner quelques centimètres. Elle doit se chausser de talons aiguilles pour espérer atteindre la hauteur des yeux de son ainé. Le visage de Jo, qu’il reconnait comme si elle faisait elle-même partie de sa famille, lui vaut la surprise. « Ca vaaa, je suis sûre que c’était pas si terrible que ça ! » En grimaçant, il se gratte l’oreille. « Oh, tu ne sais pas ce qu’on vécut nos tympans, tu ne sauras jamais. » Qu’il répond sur le ton d’un conteur qui s’apprête à raconter une histoire épique de capes et d’épées. « Je suis presque sûre de t’avoir entendu les chanter aussi lorsque tu te croyais seul. » Niant automatiquement d’un souffle du nez, il balaie l’air du revers de la main pour esquiver son attaque parce qu’elle a bien raison. Le pommeau de douche a lui aussi subit ses cordes vocales fausses. « Ce n’est pas important. » Et il suit Madison jusqu’à une boîte contenant quelques figurines robotiques qui ne l’ont jamais intéressé. Ce sont des jouets qu’il n’a jamais demandés mais qu’il a reçus à Noël. Pourtant, il prend l’un des robots dans ses mains et désarticule son bras, comme le ferait un gamin qui s’amuse à déformer tout ce qu’il trouve. Il esquisse un sourire nostalgique. « Qui voudrait de ces vieux trucs, de toute façon. » Il soupire en relaissant tomber le jouer dans la boîte. Il prend ensuite une poupée Barbie, plus doucement, et sa gorge se noue. Ses cheveux sont encore soyeux, il se rappelle les avoir brossés en cachette pour la dernière fois. Sans vraiment s’en rendre compte, il se met à chercher le petit peigne en plastique, comme pour s’assurer qu’il n’a jamais rêvé, qu’il existait réellement. « Tu sais ce qu’elle devient d’ailleurs ? » Il soulève la tête une seconde pour comprendre qu’elle désigne Jo sur le poster. « Quoi, j’ai oublié de te dire ? » Il s’exclame. « Je l’ai rencontrée il y a quelques semaines. Elle est pire que moi, carrément désagréable. Elle paraissait bien plus gentille à la télévision et dans la photo qu’on a prise. » Il sort son téléphone de sa poche et le tend à sa sœur. « C’est probablement dans les dernières photos. Fouine, tu trouveras. » Il dit, lunatique, oubliant complètement les quelques photos de robes qu’il a prises quand James les lui présentait pour la prochaine collection. Et, évidemment, il a toujours bien cadré le jeune homme dans les photos, comme s’il était aussi important que les vêtements qu’il montrait fièrement. « Selon-moi, sa carrière en chant n’a pas fait long feu. » Il marmonne en trouvant finalement le petit peigne de plastique qu’il cache entre ses doigts.  
     

do you remember (ft. @archie kwanteen )
 

T’essayes en vain de percer le secret entourant la disparition de Beary Potter. Après toutes ces années, tu sais très bien que le mystère ne sera sans doute jamais résolu et c’est bien dommage. Avec le recul, tu aurais apprécié récupérer l’ours, ne serait-ce que pour sa valeur affective. Et d’un autre côté, tu te dis qu’il faut que tu réussisses à te détacher de ce genre de chose. Rester accrochée aux souvenirs de ta soeur, ce n’est pas vraiment sain pour toi ou ton entourage. Tu le sais, tout le monde le sait. Mais c’est plus fort que toi. Tu lances une fausse accusation, juste histoire de le taquiner. Après tout, tu es parfaitement au courant de la place privilégiée que tu as toujours eue au sein de la famille. Petite dernière, gamine gentille au possible, ils ont toujours tout fait pour te rendre la vie plus facile. « Jamais je n’aurais jamais fait ça. » Tu plisses légèrement les yeux lorsqu’il adopte un air faussement innocent sur le visage. L’espace d’un instant, tu te surprends même à douter de sa sincérité sur le sujet. Tu es sur le point de demander une confirmation et apaiser ainsi ton petit coeur lorsqu’il ajoute : « Non, en vrai, je n’y suis pour rien. Je ne peux toutefois pas parler pour Saddie. » Tu souffles du nez en secouant la tête. « Elle n’aurait pas osé... » tu bougonnes en songeant à toutes les raisons qui auraient pu la pousser à séquestrer Beary toutes ces années. « Si ? » tu ajoutes un peu confuse avant de secouer une nouvelle fois la tête. Elle n’aurait pas fait ça. Comme tout le monde, elle était au courant de ce qu’il représentait pour toi. « Non. J’ai dû le perdre quelque part et il est resté seul et abandonné toutes ces années. » la conclusion la plus logique. Tu affiches un bref sourire nostalgique, haussant les épaules en prenant une note mentale pour essayer de passer plus de temps avec Saddie. Parce que, si elle est régulièrement absente, elle fait toujours partie de ta vie et tu te rends compte que tu n’as sans doute pas fait beaucoup d’efforts envers elle.

Tout dans cette chambre fait penser à vos jeunes années. Rien de plus normal vu tous les souvenirs présents ici. Ce que tu donnerais pour retrouver ça, ne serait-ce que le temps d’une journée… Consciente de ta petite taille, tu n’hésites pas à plaisanter dessus. « Tu ne devrais pas t’en vanter, je crois ! » Bien sûr qu’il ne manque pas une opportunité de rebondir dessus. Tu ricanes doucement avant d’hausser les épaules d’un air désinvolte. « Hé faut bien que j’ai au moins un avantage à toujours être petite ! » C’est un peu ta seule manière de te consoler sur ce sujet-là. Le nombre de fois où les vigiles te demandent ta carte d’identité en pensant que tu sors à peine du lycée, c’est plutôt affligeant… Il en profite pour se moquer sur ton talent concernant la chanson. Tu ne rates bien évidemment pas l’opportunité de lui rendre la pareille. C’est de bonne guerre après tout. « Ce n’est pas important. » tu ris en allant découvrir les trésors cachés dans le coffre. Des babioles sans grande valeur et en plusieurs morceaux pour la plupart. « Qui voudrait de ces vieux trucs, de toute façon. » « On peut peut-être les réparer... » tu essayes en vain de recoller un bras du robot pendant qu’Archie tient une barbie d’une main et fouille dans le coffre de l’autre. Sans doute cherche-t-il d’autres jouets lui ayant appartenu plutôt qu’une poupée de Saddie. Tu reposes ce que tu tiens, te concentrant cette fois sur les posters. Ton regard s’attarde un peu plus que de raison sur celui de Jo. « Quoi, j’ai oublié de te dire ? » décrochant les yeux, tu fixes ton frère en penchant la tête sur le côté. « Quoi ? » Tu ne sais pas trop pourquoi mais tu t’attends presque à une bêtise venant de sa part. « Je l’ai rencontrée il y a quelques semaines. Elle est pire que moi, carrément désagréable. Elle paraissait bien plus gentille à la télévision et dans la photo qu’on a prise. » Alors celle-là, tu t’y attendais pas vraiment. La bouche légèrement entre-ouverte face à la révélation, il te faut quelques secondes pour procéder. « Vraiment ? » et le poids de ce qu’il vient de dire semble soudainement atteindre ton cerveau. Tu fronces les sourcils en affichant une moue. « C’est probablement dans les dernières photos. Fouine, tu trouveras. » dit-il en tendant son portable. « C’est… Hm… Toujours décevant d’entendre ce genre de choses des gens qu’on admirait. » Une légère grimace se dessine sur ton visage alors que tu récupères le téléphone qu’il te tend. « Selon-moi, sa carrière en chant n’a pas fait long feu. » Il ne te faut pas longtemps pour accéder à la galerie et avoir un visuel sur les dernières photos prises. Entre deux photos un peu floues de Bucky, tu vois finalement le selfie de ton frère en compagnie de Carter. « C’est dommage, elle avait du potentiel... » effectivement sur la photo, elle a l’air plutôt gentille. Les médias sont plutôt forts pour vendre du rêve. « Et au final, c’est Craig qui lui a volé la vedette. » tu souffles en secouant la tête. Il l’a mérité, lui aussi. Il a travaillé dur pour en arriver là. Curieuse, tu cherches à regarder s’il a d’autres photos en compagnie de la jeune femme. Il y en a une où tu devines les formes des deux personnes, mais il a dû bouger avant que la mise au point ne soit faite et le résultat est illisible. Tu souris doucement en secouant la tête, continuant ta petite investigation. L’image suivante, tu reconnais James. Il expose fièrement une robe sur un mannequin de couture. Et il y en a plusieurs, des photos comme ça. « Il est vraiment doué... » tu souffles en observant les détails sur les vêtements. Archie est toujours occupé à fouiller dans le coffre, s’il n’a pas le contexte il va sûrement penser que tu parles encore de Craig. « Par contre ton cadrage laisse un peu à désirer, ses créations ne sont pas du tout mises en valeur. » tu ajoutes en zoomant sur une photo où la création est au bord de l’image, plutôt centrée sur le créateur. « J’espère que ce ne sont pas ces photos-là que vous comptiez utiliser pour présenter la collection... » tu commentes d’un point de vue complètement professionnel. Si tu n’es pas douée en chant, la photo en revanche c’est ton domaine. (Autre chose qui n’est pas ton domaine, c’est l’évidence qui se trouve devant ton nez, mais c’est une autre histoire.)

do you remember (ft.  @Madison Kwanteen  )
 

Beaucoup de choses ont disparu dans la famille Kwanteen. La sœur ainée, la complicité de la fratrie dès le moment ils sont tous devenus trop grands pour se raconter leurs exploits dans la cour d’école et leur détresse pendant un examen de chimie et, finalement, Beary Potter. La disparition de ce dernier restera la plus inexplicable. Saddie reste le suspect le plus évident mais Archie ne peut pas parler pour elle alors il hausse des épaules quand Madison lui demande si elle aurait eu le cran de lui voler son ours en peluche. « Tu pourrais lui demander en personne. Ça te donnerait l’occasion de la voir un peu. » Il propose en haussant les épaules maintenant qu’il sait que ses deux cadettes ne se voient plus aussi régulièrement. S’il peut libérer un avant-midi pour venir ici avec la plus jeune, cette dernière peut certainement faire un petit effort elle aussi pour renouer les liens avec Saddie. Il est conscient qu’elle n’a jamais été de nature à approcher des autres mais, à ses yeux, il n’y a rien de plus important que prendre des nouvelles de ses proches. Il l’aime, sa famille, même s’il n’a lui-même plus assez le temps de le montrer. La fortune ne se créer pas d’elle-même ; c’est ce qu’il dit toujours. Il ne se rend pas encore compte qu’il n’aura jamais assez d’argent s’il continue dans cette lancée. Il deviendra comme Charles. « Non. J’ai dû le perdre quelque part et il est resté seul et abandonné toutes ces années. » C’est la conclusion la plus raisonnable puisqu’Archie doute que quelqu’un ait pu se révéler assez méchant pour voler la peluche préférée à la plus jeune de la famille. Elle avait tellement pleuré sa disparition.

Ils sont comme des géants, dans cette minuscule chambre qui les abritait tous les quatre durant les grandes vacances scolaires. Le bois qui compose les murs renferme le même parfum et Archie reconnait certaines veines dans les planches. Elles dessinent les mêmes zigzags de bas en haut. Le garçon ne pourrait certainement pas s’installer dans son ancien lit sans qu’il ne craque sous son poids mais Madison ne peut pas en dire autant. Il est prêt à parier que ses pieds ne touchent même pas le mur si elle se couche sur le matelas couvert des mêmes draps devenus poussiéreux. « Hé faut bien que j’ai au moins un avantage à toujours être petite ! » Il ricane en balayant l’air du revers de la main avant d’explorer les boîtes remplies de jouets égratignés et usés par le passage de doigts d’enfants. Madison a l’idée d’offrir ces jouets à ceux qui sont dans le besoin mais le jeune homme affiche une moue. Il n’a pas le courage de se lancer dans la réparation de ces jouets ; il n’a pas le temps, après tout. « Répare-les si tu veux, mais moi je n’ai pas la patience de le faire. » Il marmonne sans grand intérêt, ses yeux se perdant dans le regard en plastique de la Barbie qu’il tient dans ses mains. Il repose finalement la figurine là où il l’a trouvée en chassant certains souvenirs qu’il n’aime pas – ou, plutôt, que son esprit conservateur n’aime pas. C’était tellement plus facile avant, quand il ne comprenait pas ce que tout cela signifiait. Quand il n’avait pas encore rencontré un homme qui lui ferait douter de son intérêt envers les femmes. À cette époque, James n’existait pas, et il n’avait besoin de rien ni personne. Il était bien plus fort. Comme si Madison avait deviné que son frère avait besoin d’arrêter de trop penser, elle relance la discussion autour de Jo, cette chanteuse qui était rapidement devenue son idole. Justement, Archie se souvient qu’il a oublié de parler de sa rencontre avec cette artiste alors il s’empresse de récupérer son téléphone dans sa poche pour le tendre à sa sœur. « Ouais, vraiment. Mais elle a de la répartie, je ne peux pas le nier. » Il admet en soufflant tout son air par ses narines, surprenant un sourire sur la commissure de ses lèvres. Il avait bien aimé son comportement, à vrai dire, même si elle avait utilisé toutes les secondes qu’elle possédait pour lui rappeler à quel point elle le méprisait, lui et sa gueule de frais chier, lui et son portefeuille gonflé et son costume luxueux. « C’est… Hm… Toujours décevant d’entendre ce genre de choses des gens qu’on admirait. » « On ne montre jamais nos défauts en public, encore moins quand on veut gagner une compétition de chant. » Il répond en haussant les épaules. Malheureusement pour Jo, elle n’a pas su décoller malgré cette belle image d’elle qu’elle offrait aux caméras. « C’est dommage, elle avait du potentiel...  Et au final, c’est Craig qui lui a volé la vedette. » Il hausse un sourcil, n’accordant pas d’attention aux images qu’elle regarde sur son téléphone. « Craig ? C’est qui Craig ? » Ce n’est pas un nom qu’il a l’impression de connaître, et, pourtant, il pensait être aussi informé qu’un fan puisque sa sœur ne faisait que parler de ce monde-là quelques années plus tôt. « Il est vraiment doué... » Il traverse la chambre pour explorer d’autres recoins. « Normal. » Il marmonne, lunatique, ne prenant pas la peine de savoir de quoi elle parle. Elle l’aurait averti si elle avait changé de sujet, pas vrai ? C’est normal que Craig soit doué s’il a volé la place de Jo, qui était très talentueuse elle aussi. « Par contre ton cadrage laisse un peu à désirer, ses créations ne sont pas du tout mises en valeur. » Complètement perdu, il sort enfin de sa bulle et pivote la tête vers sa sœur. « Quelles créations ? » Il fait quelques pas dans sa direction, le cou tendu par-dessus son téléphone pour mieux comprendre. Quand il voit la silhouette de James, il avale sa salive de travers. Il vire au blanc et prie pour que Madison ne relève pas la tête des photos (même s’il aurait préféré qu’elle ne fouine pas aussi profondément dans sa vie personnelle). « J’espère que ce ne sont pas ces photos-là que vous comptiez utiliser pour présenter la collection... » Il rit faussement en secouant la tête avant de lui prendre le téléphone des mains. « Je ne suis pas le photographe officiel. C’est pas moi qui ai hérité de ce talent dans la famille. » Il verrouille l’appareil et le glisse dans sa poche, comme si ça allait faire disparaitre les preuves – quelles preuves ? Il n’y a rien à prouver. « Ce sont des photos pour… Je voulais m’assurer que… Je faisais un bon investissement. » Il est meilleur menteur, habituellement. C’est différent avec celle qui l’a côtoyé depuis qu’il est haut comme trois pommes. « Faut pas fouiner dans le téléphone d’un homme d’affaire comme moi, tu aurais pu tomber sur des trucs confidentiels. » Qu’il dit ensuite sur un ton de réprimande. « Je ne voudrais pas être obligé de t’éliminer pour préserver un secret d'état… » Qu’il ajoute ensuite d’une voix amusée, cette fois, pour détendre un peu l’atmosphère – comment ça l’atmosphère n’était pas tendue ?    

     

do you remember (ft. @archie kwanteen )
 

« Tu pourrais lui demander en personne. Ça te donnerait l’occasion de la voir un peu. » un peu malgré toi, tu pinces les lèvres en réprimant une grimace. Dans le fond, tu sais qu’elle n’aurait jamais fait ça, c’est pas comme si ça lui apportait quoi que ce soit. Et puis, tes aînés ne se sont jamais montrés tyranniques envers toi, c’était même tout le contraire. Ils ont toujours été au petit soin. Parce que t’es la petite dernière, parce que t’as toujours été vue comme plus fragile et comme plus sensible à la moindre contrariété. C’est pas vraiment ta faute si tu prends les choses à coeur. Du coup, tu t’en veux un peu de ne pas être capable de t’ouvrir à eux. Ca devrait se faire naturellement, sans même avoir besoin de se poser trente-six questions. « Il faudra que je l’appelle pour lui demander. » ou juste pour prendre des nouvelles et être une bonne soeur. Il est sans doute plus que temps de faire une vraie place à Archie et Saddie et de laisser partir Lola. Ca fait des années qu’il est temps. « Répare-les si tu veux, mais moi je n’ai pas la patience de le faire. » tu hausses brièvement les épaules sans trop savoir comment t’y prendre. Un peu gauchement, tu essaies de visualiser un jouet cassé et la façon dont tu pourrais le réparer, mais tes compétences dans le domaine sont relativement limitées, il faut être honnête. « Je verrai si j’ai le temps. » encore une autre histoire, ça. Peut-être qu’Harry pourra te filer un coup de main. Qui sait, ça sera peut-être l’occasion pour vous de faire quelque chose ensemble pour une fois. Ou alors peut-être qu’il vaudrait mieux partager cette activité avec Saddie. Elle est un peu plus concernée que ton compagnon, après tout. Tu mets l’idée dans un coin de ta tête et tu te reconcentres sur la conversation actuelle. Le téléphone de ton frère à la main, tu observes les images avec attention, levant parfois distraitement les yeux vers Archie. « Ouais, vraiment. Mais elle a de la répartie, je ne peux pas le nier. » tu souris brièvement. Ca ne t’étonne pas vraiment. Elle a toujours eu l’image d’une femme forte qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. C’est sans doute une des raisons pour laquelle tu l'admires tant. Parce que toi, t’es juste pas capable d’agir de la sorte. T’es plus du genre à prendre sur toi et à ne pas vouloir vexer qui que ce soit. « On ne montre jamais nos défauts en public, encore moins quand on veut gagner une compétition de chant.  » tu souffles du nez, ne pouvant qu’imaginer toute cette pression apportée par des émissions de cette ampleur. « Sans doute pas. Je serai tellement incapable de participer à ce genre de chose. » un frisson d’horreur te parcoures l’échine lorsque tu t’imagines devoir te tenir là, face à un public et des caméras. Tu te vois déjà commencer à bégayer avant de tomber dans les pommes pour finalement devenir la risée du pays. Quelle angoisse. « Craig ? C’est qui Craig ? » tu doutes qu’il suive véritablement ce genre d’émission. Pas comme toi en tout cas. A la rigueur, si il connaît le concerné, ça sera uniquement de nom parce qu’il aura entendu une de ses chansons à la radio. « Silva ? Tu sais, celui qui a gagné l’émission à sa place. » tu clarifies sans trop entrer dans les détails. Comme par exemple le fait que ce soit ce même Craig avec qui tu avais eu des échanges épistolaires à l’école. Ou encore que c’est ce même Craig à qui tu arrives à parler plus facilement qu’à ton propre frère, quand bien même il est aujourd’hui au pic de sa carrière musicale. T’es même pas certaine qu’il te croirait si tu lui disais.

C’est alors que tu vois les photos des robes. Enfin plus exactement, de James et des robes. Ton âme de photographe ne peut s’empêcher de commenter nonchalamment ce que tu as sous les yeux. C’est dit de manière totalement innocente, après tout, tu n’as pas vraiment de raison de douter de t’imaginer quoi que ce soit d’autre. « Quelles créations ? » Concentrée sur les images, tu ne fais pas spécialement attention à la réaction d’Archie. Non pas que tu saurais la décrypter, de toute façon. « Celles de James ? » tu demandes, incertaine. T’as pas l’impression qu’il ait énormément de photos de mode dans son téléphone. Mais vu qu’il est devenu l’investisseur de la marque de Weatherton, ça ne paraît pas plus étrange que ça d’en avoir là-dedans. Pourtant, quelque chose dans sa façon de rire avant de reprendre son téléphone te fait un peu tiquer, sans que tu n’arrives à savoir quoi exactement. C’est sans doute rien. « Je ne suis pas le photographe officiel. C’est pas moi qui ai hérité de ce talent dans la famille. » tu lui adresses un petit sourire avant de secouer la tête d’un air amusé. C’est sûr que c’est pas avec des photos comme ça que tu aurais décroché un job dans un studio. « Ce sont des photos pour… Je voulais m’assurer que… Je faisais un bon investissement. » il se justifie sans que tu ne lui aies demandé. Fronçant légèrement les sourcils, tu ne peux que remarquer son attitude un peu plus tendue qu’il y a quelques secondes. Peut-être qu’il y avait certaines photos après que tu n’étais pas supposée voir. « Oh. Oui, normal. » Ca se tient, après tout. Tu n’as aucune raison de mettre en doute sa parole et ses raisons. Tu ne vois pas vraiment d’autre explication possible de toute manière. « Faut pas fouiner dans le téléphone d’un homme d’affaire comme moi, tu aurais pu tomber sur des trucs confidentiels. » Honteuse, tu baisses les yeux en pinçant les lèvres. Il a raison. Tu es la première à ne pas trop aimer lorsqu’on fouille dans tes affaires et c’est pourtant exactement ce que tu viens de faire. Tu aurais effectivement pu tomber sur des dossiers sensibles concernant ses affaires de boulot. « Pardon je- Je n’avais même pas pensé à ça… Je pensais qu’il y avait d’autres photos avec Jo... » que tu te justifies en affichant une grimace désolée. T’as merdé. Tout se passait bien jusque là et t’as merdé. « Je ne voudrais pas être obligé de t’éliminer pour préserver un secret d'état… » Son ton est plus détendu, la plaisanterie aidant un peu. Ca montre qu’au moins il ne doit pas t’en vouloir. Pas vrai ? Après tout, tu n’as rien vu d’autres qu’un créateur de mode exposant ses oeuvres à l’homme qui allait donner son argent pour aider à les créer. « Ah. Je savais que tu travaillais pour une branche secrète du gouvernement. » tu continues un peu gauchement, continuant la plaisanterie avant de te lever pour aller t’occuper les mains avec des babioles étalées sur une armoire un peu plus loin. « On ferait mieux de s’y mettre sérieusement, on va y passer la semaine sinon. » que tu dis, coupant un peu court à la conversation vu que le sujet semble être sensible.

do you remember (ft.  @Madison Kwanteen  )
 

Il aurait aimé pouvoir embellir l’image que se fait Madison de Jo, la vedette qui s’était fait sans le savoir une place dans la famille Kwanteen, mais Archie ne pouvait pas mentir sur ce coup-là. La chanteuse n’avait pas fait une bonne impression lorsque le garçon l’avait rencontrée, mais cette assurance dont elle avait fait preuve ne l’avait pas déçu, au contraire. Seulement, elle était différente lorsque des caméras ne la filmaient pas. Elle souriait, dévoilait une rangée de dents blanches, et battaient des cils pour paraître plus mignonne, plus innocente. « Sans doute pas. Je serai tellement incapable de participer à ce genre de chose. » Archie glousse en voyant l’inconfort dans le regard de sa sœur et il hausse les épaules. Tous les deux sont tellement différents même si le même sang coule dans leurs veines. Lui, il adorerait avoir un public et recevoir les applaudissements. Seulement, il n’a aucun talent artistique et il le sait depuis qu’il a tenté de faire un avion en papier quand il s’ennuyait en classe. L’appareil, doté d’une aile et demie, n’avait même pas franchi quelques centimètres dans les airs avant de se fracasser le nez sur le sol. Oh, et ne lui demandez pas de chanter sauf si vous avez envie d’ajouter « fracture des tympans » dans votre dossier médical. « Ce n’est pas pour tout le monde. » Il affirme finalement en détournant ses yeux du poster de Jo sur le mur. Le prénom d’un certain Craig amené dans la discussion mais ce dernier ne titille aucun souvenir à Archie. « Silva ? Tu sais, celui qui a gagné l’émission à sa place. » Il pouffe de rire et admet : « Oh, tu sais, je ne suivais pas vraiment l’émission. Je connais seulement Jo parce que tu la considérais comme une déesse. » Il ne connait pas les autres participants et n’a jamais cherché à s’informer un peu plus. Il en avait déjà assez d’entendre la musique du générique de l’émission tous les soirs à vingt heures.

Madison parcourt le téléphone de son frère alors que celui-ci détourne les yeux. Il aurait probablement été plus possessif envers celui-ci s’il s’était rappelé les photos de James qu’il avait prises lorsqu’il lui présentait ses nouvelles créations. « Celles de James ? » Il sent le sang lui monter aux joues mais, heureusement, il a toujours su gérer sa gêne et son visage ne vire pas au rouge. Même si la qualité de ses photos et de niveau amateur, il arrive à se sortir de la situation en utilisant les mots qu’il maîtrise : il voulait simplement s’assurer de faire un bon investissement, c’est tout. Il a certainement glissé quand il a pris la photo (les photos…), et James s’est retrouvé au milieu de l’image par hasard. Ça arrive. « Pardon je- Je n’avais même pas pensé à ça… Je pensais qu’il y avait d’autres photos avec Jo... » Archie entrouvre les lèvres en constatant que Madison se sent terriblement mal et il se reprend rapidement, jouant plutôt la carte de l’humour pour détendre l’atmosphère. Après tout, c’est sa faute à lui : il lui a laissé son téléphone entre les mains. Il a lui-même joué avec le feu. « Ah. Je savais que tu travaillais pour une branche secrète du gouvernement. » Il lui glisse un clin d’œil discret, entrant dans son petit jeu, glissant le téléphone dans sa poche à la manière d’un espion qui a récupéré l’objet de sa mission. Il pose ensuite son index sur sa propre bouche pour lui intimer le silence. « On ferait mieux de s’y mettre sérieusement, on va y passer la semaine sinon. » Proposition à laquelle il adhère, agrippant une boîte en carton vide en dessous d’un des lits. Il la pose sur le matelas et des dizaines de jouets s’accumulent bientôt à l’intérieur. « Je parie qu’on trouvera Beary Potter avant la fin de la journée. » Il relance, détachant le poster de Jo du mur afin de le rouler soigneusement.